Haute infidélité

18 septembre 2012 à 17:38

Aujourd’hui, pour changer, je vous propose de parler non pas de pilotes récents ou prochains, mais d’une série légèrement plus ancienne, plus précisément diffusée à la rentrée 2011 aux Pays-Bas. Cette série, c’est Overspel (« trahison »), qu’on a eu l’occasion de brièvement évoquer dans le cadre du Festival de la Fiction TV de La Rochelle, et dont j’avais découvert l’existence à cette occasion. J’avais au départ prévu une review du pilote en VOSTM, mais Livia a attiré mon attention sur la présence de sous-titres anglais sur le DVD et… bon, bah, vous devinez la suite.
Au passage, je suis extrêmement déçue que les séries néerlandaises dont je connaissais l’existence (comme vous le savez, je suis pas encore très au point sur le sujet) et qui m’intéressaient, parmi lesquelles Feuten, Dubbelleven, Lijn 32 (qui d’ailleurs semble nommée pour le Prix Europa) ou encore Penoza que je n’ai vue qu’en VOSTM, ne comportent pas de sous-titres.
L’accès aux séries néerlandaises pour les non-néerlandophones est donc pour le moment un peu compliqué, mais le succès de Penoza (via notamment son adaptation Red Widow) et d’Overspel vont peut-être donner un coup de pied dans la fourmilière…

Mais je m’égare : revenons donc à notre pilote d’Overspel, premier épisode sur douze d’une série oscillant entre le thriller et… la romance. Et, oui, pour répondre par anticipation à votre question, j’ai quand même tenu tout le long de l’épisode. Installez-vous, que je vous explique.

Overspel s’ouvre, comme beaucoup de thrillers, avec une scène mystérieuse correspondant visiblement à la surveillance, via tables d’écoute, d’appels téléphoniques, par le bureau du procureur (non, « openbaar ministerie » ne signifie absolument pas ministère en open bar). Et là-dessus, sans avoir entendu une seule parole clairement, ni sur l’enregistrement, ni de la part de l’enquêteur qui n’ouvrira pas la bouche pendant cette scène, débute le générique (ne me lancez pas sur le générique, je l’abhorre). Voilà qui a de quoi laisser le spectateur sur sa faim.
Oh, il a des soupçons, évidemment : quel genre d’enquête peut bien nécessiter des tables d’écoutes ? Il n’y a pas 712 possibilités, en réalité : la mafia ou des cols blancs sont au centre de l’enquête du bureau du procureur. Mais si le spectateur veut se piquer d’intérêt pour cet angle de la série, il sera pendant le pilote abandonné à ses propres conjectures. L’épisode mettra pas mal de temps, en fait, avant de simplement concrétiser cette partie de son intrigue : la série ne veut pas poser un grand scandale puis noyer son héroïne dedans, mais en fait procéder dans l’autre sens, à savoir nous présenter d’abord l’héroïne, et ensuite seulement approfondir la question du scandale. Une idée qui en vaut un autre, et qui permet en tous cas d’éviter les clichés. Toujours est-il que pour l’exposition de ce scandale, il faudra être patient, alors ne parlons même pas encore de faire avancer cette trame : le pilote ne s’en chargera pas.

Notre héroïne, donc, est une jeune femme du nom d’Iris, jolie, mariée, un enfant, photographe dont la carrière décolle, bref tout pour plaire. Mais très vite, on découvre que si sur le papier, la vie d’Iris est parfaite, en revanche, dans les faits, on a affaire à une femme très mal assurée ; en fait, Iris semble au bord de la crise de nerfs.
Là encore c’est quelque chose qu’Overspel ne va pas tout de suite définir clairement, bien qu’on ressente la sensation de nervosité dés la première apparition d’Iris à l’écran. A ce moment-là, elle est en train de prendre une douche avec son mari pendant que leur fils attend l’arrivée de la nounou qui doit le garder pendant que ses parents seront sortis, et déjà, on sent qu’Iris n’est pas à son aise ; mais est-ce parce que justement son fils est dans la pièce d’à côté pendant que son mari la prend sous la douche ? Est-ce parce que la relation sexuelle avec son époux ne la satisfait pas ? Est-ce parce qu’elle anticipe l’évènement de la soirée ? Ce sera laissé à votre appréciation. Ca se trouve, toutes les réponses sont exactes. Iris passera le reste de la soirée dans un état de tension intense, alors que c’est « sa » soirée : ses photos sont exposées, et elle est couverte de louanges. Mais visiblement il y a quelque chose qui ne passe pas.
A première vue, sachant qu’on va avoir affaire à un thriller, ce personnage névrosé, qui semble tout vivre comme une aggression, pourrait vriller les nerfs au spectateurs, à plus forte raison parce que l’intrigue n’a pas encore réellement commencé. Mais l’exposition d’Overspel est si bien articulée qu’au lieu d’être déjà sous tension « pour rien », comme on pourrait le craindre, en nous mettant au diapason avec l’héroïne, l’épisode nous invite plutôt à découvrir un personnage dont la fébrilité est un trait de caractère. La vie d’Iris est pour l’instant très simple, mais on sait déjà une chose sur elle : elle ne gère pas très bien un certain nombre de choses, sur un plan émotionnel. C’est finalement très important, et cela évite l’impression de suivre encore et toujours la même histoire dans laquelle une femme à la vie parfaite voit un jour son monde se troubler parce qu’elle est plongée dans une affaire louche. La vie d’Iris n’est pas parfaite. Non parce que quelque chose manque, en apparence, à son bonheur, mais parce tout simplement, le personnage est un peu névrosé, et cela rejaillira, finalement, sur tout ce qu’elle fera par la suite.
Dans une excellente scène plus tard, bien plus tard dans l’épisode, Iris finira par poser des mots sur ce qui la trouble, et ces mots disent tout simplement qu’elle l’ignore. Elle sait qu’elle est nerveuse, elle devine qu’elle est agoraphobe, mais quel est, dans le fond, son problème ? Elle l’ignore. Je suis d’ailleurs assez contente d’avoir vu cette scène, entre autres, avec des sous-titres, car sans connaissance du néerlandais, elle m’était apparue comme un peu brumeuse la première fois que je l’avais vue ; j’ai eu la sensation de mieux saisir le personnage, et j’ai apprécié qu’on nous délivre ainsi une héroïne qui, sans avoir un grand drame dans sa vie, n’est pas lisse. Bien joué de ce côté-là pour Overspel.

Mais bien-sûr, les choses vont encore se corser quand Iris rencontre un avocat à l’occasion de ce vernissage ; Willem, c’est son nom, est séduisant, a une présence calme et rassurante, et surtout il la dévore des yeux. Accessoirement, il est lui aussi marié (nous le savons, mais Iris l’ignore pour le moment), et même si elle se sent vraisemblablement attirée par lui, elle semble prendre très rapidement conscience du problème que cela va poser. En mettant à plat, très rapidement, les problématiques sur la liaison potentielle entre Iris et Willem, Overspel fait là encore preuve de beaucoup de tact. En fait, ce sera l’objet principal de ce premier épisode : la rencontre, bien-sûr, je l’ai dit, mais aussi l’attente, sont au coeur du pilote. On a l’impression de sentir Iris se consummer dés que son téléphone sonne, parce qu’elle sait que cet homme qui l’attire tant a son numéro ; on peut la voir être rongée par l’hésitation et le remords, et quand même attendre avec impatience qu’il l’appelle. C’est très fort, ce que nous communique Iris, et c’est totalement intégré dans son personnage nerveux et anxieux, ce qui là encore, est brillant.
Iris et Willem concrétiseront-ils ? J’aimerais faire durer le suspense, mais le titre-même de la série vous a déjà spoilés, et en fait c’est son pitch-même : oui, Iris va se laisser séduire, et même si l’épisode ne les verra pas conclure, on sent bien que le point de non-retour a été atteint par Iris du moment où elle a accepté que son numéro de téléphone soit transmis à cet homme.

Le problème, c’est donc que Willem est, outre marié, un peu avocat. Et que, oh oui, petit détail, le mari d’Iris travaille au bureau du procureur sur une grosse affaire.
Ce qui nous conduit donc à notre fameux scandale. Car dans le pilote d’Overspel, nous faisons aussi la connaissance de personnages qui, techniquement, ne sont pas liés à Iris ou Willem, mais dont on sent bien que leurs problèmes sont en lien direct avec ce qui se trame. Ces personnages sont Huub Couwenberg, un industriel puissant, son fils Björn, un peu servile, et Louis Karelse, un partenaire de longue date de Huub qui vient de rouler ce dernier dans la farine, à hauteur de 1,5 million d’euros, excusez du peu, en créant une société-fantôme qui a facturé à Huub des services purement imaginaires. Furieux de le découvrir, Huub décide de confronter Louis à la vérité, mais celui-ci s’obstine à lui mentir, ce qui humilie Huub. Son fils Björn décide donc d’aller parler entre quatre z’yeux à Louis…
Pendant ce temps, le bureau du procureur, on a eu vent d’écoutes téléphoniques laissant penser que, dans le cadre d’une affaire en cours, une société-fantôme aurait facuté des services purement imaginaires… mais on n’en sait guère plus. Par contre on en sait suffisamment pour sentir que les choses vont vraiment devenir compliquées, tant sur le plan légal qu’émotionnel. Bon mais alors, au fait, en quoi ça la regarde, la petite Iris ? Eh bien, une petite allusion dans l’épisode nous permet de comprendre que l’épouse de son cher Willem… est la fille de Huub.

Au milieu des questions sur la trahison (« vais-je coucher avec Willem ? »… oui, Iris se pose des questions idiotes, mais elle ne sait pas, elle, que la série s’appelle Overspel !), se trame donc une affaire financière et juridique qui va exploser à la tronche de ses protagonistes, mêlant leur vie privée et leur vie publique, de toute évidence.
C’est le pari d’Overspel, mais c’est un pari que la série, au terme de ce pilote, semble en mesure de remporter avec finesse et élégance, parce qu’elle a su éviter plusieurs clichés, et qu’elle a décidé de s’intéresser presque totalement aux répercussions de cette affaire sur la psyché de ses personnages, et notamment de son héroïne. Le but du jeu n’est pas de suivre un thriller sur les affaires financières douteuses des puissants, ou de s’intéresser à l’enquête du bureau du procureur, mais d’utiliser au contraire ces éléments pour aboutir à un drama sur une femme dans la tourmente, prise dans quelque chose qui lui échappe parce qu’elle a cédé à une pulsion, un désir. Et de voir ensuite comment elle va réagir sur un plan moral, quand elle va découvrir que non seulement son infidélité est un problème en soi, mais qu’elle a de graves répercussions sur la vie professionnelle de son mari…
On est donc un pied dans le thriller, deux pieds dans le drama (oui, j’ai téléphagiquement trois pieds), et la proportion a le mérite d’une certaine originalité. On verra bien où le concept nous mènera…

L’aventure d’Overspel n’est d’ailleurs pas finie. Outre la possibilité d’un remake aux USA, la série a apparemment un sequel en préparation, comptant cette fois 10 épisodes, qui a été tourné au printemps dernier ; j’ai trouvé peu de détails pour le moment sur l’intrigue à proprement parler : s’agira-t-il d’une seconde saison à part entière, ou d’un projet plus indépendant ? L’avenir le dira.
En attendant, la première saison d’Overspel s’annonce passionnante…

Finissons sur la traditionnelle « review de fournisseur » que je vous propose quand j’ai acheté un DVD dans un pays étranger.
C’est Livia qui m’avait recommandé bol, et je ne regrette rien. Déjà, il faut noter qu’actuellement, la première saison d’Overspel est en promotion : 16,99€ au lieu de 29,99€ ; vu que ça représente une économie de 43%, ce n’est pas négligeable. Donc si vous voulez faire l’acquisition de la série, c’est plutôt le bon moment. En comptant les frais de port, l’envoi de ce DVD m’a coûté au total 31,34€ ce qui, d’après mes critères, est une excellente opération. Et puis, il y a les délais, et ce n’est pas négligeable ; j’ai commandé mon DVD le dimanche 9 au soir, le 10 j’avais un message m’indiquant qu’il était dans l’avion, résultat, samedi 15 septembre, le paquet était dans ma boîte aux lettres. Vous allez dire que je suis médisante, mais même Amazon ne me garantit pas forcément ce genre de délais ! Livia vous le confirmera, puisqu’elle a effectué sa commande à quelques minutes d’intervalle avec la mienne : ça a pris juste un peu plus de temps pour elle (paquet arrivé hier, si je ne m’abuse), mais l’envoi a tout de même été très rapide et on reste quand même dans de très bons délais.
Deux avertissements cependant : d’une part, les adresses. Au moment du remplissage, bol impose que l’adresse soit rédigée à la néerlandaise (soit « rue principale 25 » au lieu de « 25, rue principale ») ce qui peut être un peu déstabilisant pour votre facteur ; si vous avez une adresse un peu compliquée (genre avec un lieu-dit, mettons) et que le QI de votre facteur habituel vous inquiète, je recommande par mesure de sécurité de vous le faire envoyer ailleurs, ça vous évitera de vous ronger les sangs. Et puis la seconde chose c’est que, même si le paquet m’est arrivé en bon état, l’emballage m’a semblé vraiment minimal : une enveloppe en carton, sans bulles, de format A4 donc trop grande, bref, j’ai trouvé que j’avais eu du… bol qu’il n’y ait pas eu de dégâts.
Reste que pour ce prix-là, l’acquisition de la première saison d’Overspel sur le site de bol a été une expérience positive, que je vous recommande donc si le coeur vous en dit… Après, évidemment, vous en faites ce que vous voulez, mais au moins, vous savez comment procéder !

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1 commentaire

  1. UglyFrenchBoy dit :

    Après visionnage du pilote (enfin !), j’ai relu ta review (ainsi que celle de Livia). Vos avis se regroupent et il est vrai que l’on retient avant tout un pilote qui prend son temps pour poser ses enjeux, qu’ils soient d’ordre relationnel ou professionnel.

    En revanche, ma démarche a été très différente. Je l’ai surtout regardé dans l’optique de me demander comment ABC va pouvoir l’adapter. Après Red Widow (dont le script est assez indigent), j’ai assez peur du résultat de « Betrayal », même si les crédits des producteurs et le choix de Patty Jenkins ont de quoi nous rassurer, du moins sur le papier.

    Bien sûr, tout au long du pilote, je me suis demandé qui pourrait être la parfaite Iris. La partition confiée à Sylvia Hoeks est complexe et, à mon sens, elle relève parfaitement le défi, à l’exception peut-être de sa quinte de toux mal simulée lors de la rencontre avec Willem. Le défi est donc de taille pour trouver son homologue US. Surtout, comment les Américains vont-ils arriver à présenter les enjeux et tous les protagonistes en un ou deux acte(s), comme il est coutume pour une série de network, quand la version originale met plus de 40 minutes pour le faire. C’est un des défauts de Red Widow (j’insiste sur le « un des ») et je crains que Betrayal ne suive le même chemin…

    Il ne nous reste donc plus qu’à lire le scénario US et attendre les annonces de casting pour se faire une première idée.

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