Women’s rights are human rights

8 mai 2020 à 23:05

Les dernières semaines ne se sont pas vraiment prêtées aux coups de cœur téléphagiques ; parfois, quand le moral est bas, on n’arrive tout simplement pas à se lier à une série, les ressorts affectifs fonctionnant un peu moins lorsque l’esprit est ailleurs. Pour dire vrai, mon seul véritable marathon s’est limité à un rewatch des 6 premières saisons de Bob’s Burgers, et une boulimie des saisons 7 à 9 que j’avais jusque là mises de côté. Et. C’est. Tout.
En-dehors de ça ? Ma consommation s’est limitée à des pilotes ce qui, mon Dieu ne vous méprenez surtout pas, est toujours un plaisir, mais relève d’un engagement moindre.

La roue est en train de tourner, cependant. Je me suis assise pour un visionnage de pilote grâce à Heder, un legal drama suédois proposé par la plateforme Viaplay l’été dernier. Pourtant, rien dans Heder n’est très joyeux.

Trigger warning : viol sur mineure et potentiellement prostitution forcée.

Au juste je ne sais pas trop qui j’essaie d’allécher avec des reviews comme celle-là, mais bon, tentons.

Heder est un legal drama qui se déroule dans un cabinet spécialisé dans les crimes sexuels ; on apprend très tôt que son but n’est pas d’être rentable, et qu’en fait le financement du cabinet est dû à des investissements et des dons, plutôt que grâce aux cas eux-mêmes. Si j’ai bien compris, beaucoup de ceux-ci sont traités pro bono, donc on est moins dans un univers corporate que la plupart des séries du genre.
La question n’est pas de faire des gros sous, mais juste de maintenir l’activité pour pouvoir venir en aide à des victimes. L’existence de ce cabinet est donc hautement politique, et les 4 avocates principales ont des idées qui reflètent cet engagement.

Parlons-en, de ces avocates, parce que c’est l’un des gros points forts de ce premier épisode ! Il y a quelque chose de radical dans leur mise en place ; dans leur existence-même.
Toutes les quatre sont en effet des femmes ayant la quarantaine environ, et leurs histoires personnelles, qui tiennent une large place dans l’intrigue, renforce ce fait. Je ne sais pas comment le décrire autrement que : il est clair que ce ne sont pas des femmes de vingt ans. Leurs intrigues ne sont pas spécifiques nécessairement, en revanche leur attitude l’est ; ces héroïnes ont accompli beaucoup de choses dans leur vie, elles arrivent devant nous avec un passé, des choix, des erreurs, et ça se sent. Elles ne pourraient pas être des femmes de vingt ans. C’est vraiment évident à voir la série, un peu de la même façon je suppose que The Good Wife ne serait pas la série qu’elle est avec une héroïne plus jeune.
Chacune arrive donc avec une backstory conséquente, et détaillée : Elin est une mère de famille et une alcoolique en rémission ; Janni est dans une relation relativement neuve après des années compliquées avec un ex, et entreprend d’essayer de faire un enfant ; Nour est une activiste féministe plutôt connue et très probablement une victime elle-même (et une musulmane pratiquante, ce qui est encore plutôt rare dans une série occidentale) ; Eva est la fille de l’investisseuse principale du cabinet et vient de commencer une nouvelle relation… Toutes sont complexes, imparfaites, et vraiment bien écrites. Bien interprétées, aussi (même si j’ai failli ne pas reconnaître Eva Röse sans sa perruque noire d’Äkta Människor !), d’autant qu’aux intrigues individuelles s’ajoutent des interactions fluides, aussi bien professionnelles qu’amicales, qui terminent de donner une fantastique dynamique à la série.

Mais on n’a pas ici affaire à une version suédoise de Sex & the City, et l’affaire qui occupe ce premier épisode (promettant de s’étendre aux épisodes suivants : Heder est feuilletonnante) est là pour nous rappeler qu’avant toute chose, ces femmes très différentes sont rassemblées par une même cause. L’affaire sur laquelle elles planchent dans cet épisode inaugural concerne une adolescente de 15 ans qui accuse un homme trois fois plus âgé qu’elle de l’avoir violée plusieurs fois. Malheureusement, une fois entendue, l’affaire est close en faveur de la défense, les preuves ne suffisant pas à prouver que les rapports sexuels (pourtant extrêmement violents) n’étaient pas consentis.
En voulant faire appel, nos avocates vont se tourner vers un journaliste (l’ex de Janni…), qui s’avère lui-même mener une enquête pouvant étayer le dossier de la jeune fille. Il semblerait toutefois que ledit dossier soit bien plus sensible qu’il ne pouvait le sembler de prime abord, et que plus encore qu’une question de viol individuel, il s’agisse d’un réseau de prostitution de mineures…

Ces éléments (ainsi que la terrifiante conclusion de l’épisode) nous rappellent donc que même si les héroïnes de Heder nous paraissent pleines d’assurance, compétentes, engagées et tout ce qu’on veut, elles s’apprêtent à être confrontées à quelque chose de plus intense que jamais. Même alors que leur cabinet célèbre 10 ans d’existence, rien ne les a préparées aux développements de cette affaire.
Pourtant, ce n’est pas vraiment l’aspect juridique ou criminel de ce dossier qui me préoccupe. D’une façon étrange, à l’issue du premier épisode de Heder, je suis vraiment inquiète pour les héroïnes elles-mêmes. En moins d’une heure, je les aime déjà intensément, et s’il y a bien une chose que je ne m’attendais pas à ressentir pour des personnages de série en ce moment, c’est bien ce soucis quant à leur bien-être, leur sécurité, leur moral. S’il arrive quelque chose à l’une d’entre elles, je ne réponds plus de rien.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

3 commentaires

  1. tiadeets dit :

    Tu me donnes envie d’aller regarder cette série. Je n’ai pas Viaplay (et iels ont choucrer Outlander à Netflix cette saison et ça m’énerve), je vais essayer de voir si je ne connais pas quelqu’un qui pourrait le prêter une connexion. Peut-être pas pour tout de suite, mais tu m’as donné plus envie de regarder la série que les affiches sur les abribus pendant un mois.

  2. Mila ♥ dit :

    J’avoue que, là tout de suite, je ne me sens pas de taille à « affronter » les thèmes de cette série, mais je rejoins malgré tout tiadeets pour dire que la review, en soi, est vendeuse (par rapport aux abribus, par contre, je sais pas vu que je sors trop peu de chez moi pour avoir vu des pubs o.o). Et du coup j’espère qu’il n’arrivera rien aux héroïnes o.o

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