Gardens of Good and Evil

6 août 2023 à 21:47

Après plus de 6712 articles, j’ai un peu de difficulté à me souvenir de tout, mais je suis à peu près certaine que ce que je vais faire aujourd’hui est une première dans ces colonnes : une review d’anime.
En règle générale, je n’ai plus le temps (et plus vraiment l’envie) de m’intéresser à l’animation. Quand j’étais ado, l’animation japonaise m’intéressait, et j’avais commencé à collectionner quelques manga, mais je trouvais quand même plus facile de ressentir des émotions sincères devant des séries en live action. Alors, à mesure que je m’investissais dans ma passion pour ces dernières, il a fallu faire des choix… ils n’étaient pas si cornéliens, dans le fond.

Cette semaine pourtant, je suis tombée par hasard sur un extrait de Tengoku Daimakyou (ou Heavenly Delusion de son titre anglophone, utilisé par son distributeur international Disney), une série qui apparemment a fait un peu de buzz au printemps. L’extrait en question était saisissant, à la fois beau et cruel. Étant toujours un peu à la recherche d’une série de science-fiction intéressante, j’ai commencé à ouvrir mon moteur de recherche préféré, dans l’espoir à la fois d’en savoir plus et d’évacuer l’idée de regarder la série (j’avais prévu d’autres choses !).
Naturellement, si je suis devant vous ce soir, c’est parce que même la lecture assidue du wiki de la série (et du manga qui lui a donné naissance) n’a pas réussi à étancher ma soif. J’ai donc regardé le premier épisode, et suis bien partie pour regarder le reste de la saison. Même en m’étant spoilée !
Comment en suis-je arrivée là ? Eh bien il faut dire que…

Tengoku Daimakyou est vraiment, vraiment bien fichue. Visuellement, on est devant quelque chose qui très souvent évoque le détail des films Ghibli, notamment avec des arrière-plans très détaillés. L’emphase placée sur la nature (notamment la différence entre une nature manucurée et domestiquée d’une part , et une nature sauvage et envahissante d’autre part) fait vraiment plaisir à l’œil, et souligne les intrigues ainsi que les grands thèmes de la série. Toutefois, ce n’est pas qu’une question d’esthétique.

Lorsqu’elle démarre, Tengoku Daimakyou a deux intrigues principales.
D’une part, elle suit le quotidien des élèves de la Takahara Academy, une institution construite comme une utopie. Les élèves (dont les âges vont vraisemblablement de l’enfance au début de l’adolescence) reçoivent la meilleure éducation possible dans des classes à petits effectifs où les enseignants sont des robots, bénéficient d’un large espace vert sous une coupole artificielle, et ont accès aux meilleurs soins. Il ne semble pas être un hasard que plusieurs (potentiellement toutes) les élèves disposent de capacités spécifiques et surhumaines ; on verra par exemple que Mimihime possède un don de prescience, ou que Taka est un athlète avec des réflexes et une capacité musculaire hors du commun. Ces dons, toutefois, ne sont pas l’objet de leur éducation, qui laisse beaucoup de place aux loisirs et la vie en communauté. Cette intrigue est vécue principalement du point de vue de Tokio, également élève à Takahara. Dans le premier épisode, Tokio reçoit un message secret lui parlant du « dehors du dehors ». Or, Tokio ne semble avoir jusque là jamais imaginé que le dehors (soit le jardin verdoyant sous la coupole) pouvoir avoir un dehors…
D’autre part, et c’est le plus gros morceau de ce premier épisode, nous suivons deux autres personnages, en apparence sans connexion avec la Takahara Academy. Dans un monde post-apocalyptique, deux ados ou jeunes adultes tentent de survivre. Maru, encore jeune mais capable de se battre, s’est apparemment offert les services de Kiruko, qui lui sert de garde du corps dans leur périple. Qu’il s’agisse de campagnes où la nature a repris ses droits, ou de villes désaffectées, la vie au Japon semble avoir été impactée par une catastrophe terrible, mais suffisamment ancienne pour ne pas poser de risque immédiat aujourd’hui. Non, les dangers viennent (comme presque toujours dans un monde post-apocalyptique) des autres humaines, comme en témoigne la rencontre de notre duo avec des sortes de brigands.

Tandis que Tokio s’interroge (et, à sa grande surprise, obtient de la directrice de Takahara la confirmation qu’il existe effectivement un dehors au dehors), le premier épisode suit donc Maru et Kiruko dans leur parcours à travers le pays. A la recherche de quoi ? Du « paradis », apparemment, bien que le tandem ne sache pas vraiment ce que ce nom pourrait désigner précisément. Dans la foulée, Kiruko en profite pour chercher deux hommes dont elle a gardé la photo (mais ne connaît le nom d’un seul), qui semblent importants.
Plus intéressant, ce monde post-apocalyptique semble compter à l’occasion quelques monstres, les « hiruko ». Ces dévoreurs de chair humaine sont dangereux, mais Maru et Kiruko semblent en capacité de les tuer.

Sûrement qu’en savoir un peu plus sur l’univers de Tengoku Daimakyou avant de regarder ce premier épisode a un peu aidé à l’apprécier, pour être honnête. Savoir ce que certaines choses réservent a du bon, et je l’oublie parfois tant il est rare (voir quasiment impossible) que je sois spoilée sur ce que je regarde.
J’ai été un peu surprise de voir que la série se ménageait des moments de calme, voir des pauses humoristiques, vu ses thèmes et ce que je savais de l’orientation de son intrigue. Il y a un peu de nudité, aussi. Mais dans l’ensemble, l’essentiel est ailleurs. Dans cette opposition entre une existence protégée mais limitée, et une autre dangereuse mais libre. Dans cette opposition entre ce qui est perçu comme artificiel et naturel. Dans cette opposition entre une société joyeuse et une autre sans foi ni loi. L’exploration de ces thèmes n’est pour l’instant que superficielle, bien-sûr, étant donné que la tâche de ce premier épisode est de toute évidence de faire les présentations. Mais c’est envoûtant de se laisser prendre dans toutes les formes que prend ce conflit pour le moment.
L’épisode, hélas, s’interrompt sur un cliffhanger qui n’en est qu’à moitié un, vu qu’il augure plus d’une scène d’action à venir que d’autre chose. Ce qu’il y a d’étrange à avoir lu sur Tengoku Daimakyou avant de l’avoir regardée, c’est qu’au lieu d’avoir le sentiment de connaître la réponse à de nombreuses questions, j’ai au contraire hâte de voir comment elles seront posées… et ce n’est pas exactement ce que cette fin d’épisode promet. Cela dit, en un sens, elle remplit son office, parce que j’ai quand même envie d’avancer dans la série pour aller au-delà de cette inévitable scène d’action…

Souvent je me morfonds que les séries asiatiques de science-fiction, et en particulier japonaises (puisque c’est un pays dont je consomme beaucoup de séries), osent si peu les sujets post-apocalyptiques. On a eu l’occasion de le dire, dans leur grande majorité, les séries de genre nippones sont plutôt des high concepts (bien que la tendance se soit estompée depuis mon article sur le sujet). Une part de cela est, sans conteste, d’origine industrielle : quand on produit quatre saisons télévisuelles par an, et des séries qui ne sont diffusées que pendant trois mois, on n’investit pas le même degré  d’effort de production, en particulier côté effets spéciaux.
…Une autre, dans le fond, est peut-être tout simplement due au fait qu’il existe une autre industrie que le live action pour porter ces projets : l’animation japonaise est, de toute évidence, un secteur en constante ébullition. Adapter un manga comme celui, éponyme, à l’origine de Tengoku Daimakyou, n’a pas vraiment de sens ailleurs que dans le domaine de l’animation. Il y a des choses qui sont visuellement plus difficiles à faire porter à une distribution humaine. Pour être honnête, ce n’est pas juste logique : c’est aussi souvent préférable. Pour avoir essayé de regarder le premier épisode de la série de science-fiction coréenne Taegbaegisa ce weekend, et avoir eu envie de me suicider à la petite cuiller, je peux comprendre que le live action ne soit pas toujours la réponse adaptée… à une adaptation.
…Ce qui, une fois combiné, fait que j’ai pas mal questionné mes choix ce weekend, au bout du compte ! Peut-être que je pourrais remettre en question un peu plus souvent ma règle du « live action ou animation, il faut choisir » que je ne le fais. En tout cas pour le moment, j’ai mis ce principe dans ma poche avec un mouchoir au-dessus, et je vais attaquer le reste de la première saison de Tengoku Daimakyou. Pour le reste, on verra.

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2 commentaires

  1. Iris dit :

    Tu m’as donné envie, et pourtant l’animation c’est vraiment pas mon truc.

  2. Mila dit :

    Je ne pensais pas un jour voir un anime sur ce site !!! Mais pour le coup, oui, le post apo en anime, il y en a pas mal il me semble… (je suis pas experte) je suis contente que celui-ci te soit resté bloqué dans la tête au point que tu nous en parles ! J’espère que le reste de la saison sera à la hauteur !

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