Carrie Bradshaw n’a qu’a bien se tenir

11 juin 2009 à 10:07

…A moins que ce ne soit le contraire et qu’il faille la décoincer.
Darren Star a beau gloser sur Sex & the City, on ne m’ôtera pas de l’idée, depuis quelques temps, qu’il n’a rien inventé avec cette série, voire qu’il l’a honteusement copiée sur une autre. Sauf que l’autre, elle est méconnue. Donc on va en parler.

Mais avant de débuter ce post La preuve par trois, on va faire un petit retour en arrière, histoire de resituer le contexte. C’est toujours intéressant, le contexte. Après des années passées à regarder Sex & the City (bien aidée par les multiples rediffusions de M6), et à lire les divers articles sur le sujet (« oh comme c’est courageux, oh comme c’est original »), je pensais avoir fait le tour du sujet de la nana qui écrit sur sa vie sexuelle et dont on porte ensuite les publications sur le petit écran. Laissez-moi donc vous présenter Zane, une femme qui écrit sur le sexe et dont on a ensuite porté les publications sur le petit écran… en 1997  (plusieurs mois avant que ne naisse Sex & the City… on ne pourra donc guère taxer la série d’opportunisme). En 2007, Zane’s Sex Chronicles est mise en chantier et d’ailleurs c’est fou ce qu’on apprend sur une série en lisant les annonces de casting qui s’y rapportent, sur le principe de décrire la vie sexuelle de femmes de couleur. Pas forcément riches et new-yorkaises soit dit en passant. Diffusée sur une chaîne moins prestigieuse que HBO (en l’occurrence CineMax), la série ne compte que 12 épisodes.
Les présentations étant faites, on est lancés.

Ah, non, avant que je n’oublie :


Ah oui, l’avertissement est nécessaire. Bon, à la rigueur, je pourrais mettre -12 mais je suis de la vieille école. Car il faut bien le dire : Zane’s Sex Chronicles est plus une série érotique qu’autre chose. Non que ce soit un mal mais il faut quand même bien admettre que niveau scénario, on reste assez limités. Et comme la réalisation n’est pas non plus tip-top (j’aime bien cette expression, pourquoi je ne l’utilise pas plus souvent ?), on a l’impression d’assister à quelque chose d’assez bas de gamme. Il faut dire que les scènes au lit se succèdent avec une rapidité déconcertante, et dans des situations un peu trop rocambolesques pour être prises au sérieux. « Oh tiens, je suis dans une laverie, si je m’envoyais en l’air sur le sèche-linge ? », « une fliquette me soupçonne de transporter de la drogue et me fait une fouille au corps », et autre commodités. Et on ne s’amuse pas à garder le soutien-gorge ici : ça reste relativement explicite. Bon, c’est pas hardcore non plus, mais on est quand même déjà un cran au-dessus.


Arrivée à une vingtaine de minutes, la série a fini de juste… hm, introduire ses personnages, et commence à parler histoires. Un peu. Enfin disons qu’on a droit aux éternels bavardages de poulettes, et très franchement, comme Miranda, j’ai envie de dire « on est des femmes adultes intelligentes, on travaille… on ne peut pas parler d’autre chose pour une fois ? ». D’accord ce n’est pas le propos de la série, mais de toute évidence on n’ira pas tellement plus loin dans l’analyse des relations hommes/femmes que Sex & the City. Plutôt le contraire. Pourtant, en s’appuyant d’une part sur les écrits de la mystérieuse Zane (lus à l’écran par les différentes héroïnes), et d’autre part sur les répliques à peu près humoristiques du personnage de Anna Marie sur scène, la série aurait les instruments pour aller plus loin.


Mais finalement, peut-être que ce n’est pas le but du jeu. Peut-être que le but du jeu, c’est juste de faire part d’expériences de femmes. Et ici, l’expérience est finalement typiquement féminine : il s’agit de parler de fantasmes plus que de passages à l’acte. Je trouve ça assez féminin d’utiliser le concept des histoires qu’on écrit (ou qu’on dit, dans le cas d’Anna Marie), pour se faire rêver, mais sans nécessairement chercher à les faire devenir réalité (ou pour se consoler parce que ce n’est pas le cas). D’ailleurs Zane’s Sex Chronicles, à travers ses situations un peu téléphonées, est finalement le portrait d’un groupe de femmes assez frustrées dans leur vie émotionnelle et/ou sexuelle, à l’instar de Maricruz qui s’envoie en l’air avec son ex-mari, et qui donc est plutôt satisfaite sexuellement, mais culpabilise à mort sur cette relation d’autant qu’elle sait que si ça s’est fini avec l’ex étalon en question, c’est parce qu’il l’a trompée (et n’y voit pas grand mal). Ces portraits sont finalement moins outranciers que ceux de Sex & the City. Ils parlent autant d’envie, de désir, que de sexe.

La question se posera surtout, à mes yeux, de savoir en quoi les chroniques de Zane sont spécifiquement adaptées aux femmes de couleur. Autant Sex & the City défend de toute évidence un style de vie qui n’est pas celui de la première trentenaire venue (mais comment le saurais-je après tout, je n’ai que 27 ans ?), autant ici on a affaire à des parcours plus réalistes qui ne jouent sur aucune particularité sociale. Je peux comprendre qu’une série comme The DL Chronicles, ou à l’extrême rigueur Noah’s Arc, dont le parti-pris est également de se pencher sur la vie sexuelle d’une communauté en particulier (et où d’ailleurs le style et les moyens sont assez similaires… hm, on va croire que je cherche à concurrencer sexactu, maintenant…), aient opté pour une étiquette « black », mais rien ne le justifie, du moins dans le pilote. Ce n’est pas gravissime, mais ça demande quand même réflexion…

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4 commentaires

  1. freescully dit :

    Euh, tu veux dire 1997 la date de la création de la série parce que sinon, euh, y’à comme un problème dans ton intro…

  2. ladyteruki dit :

    En fait je me suis emmêlée les pinceaux, les écrits sont pré-Sex & the city, la série post. Au temps pour moi.

  3. Maxx dit :

    cadeau, http://zane-s-sex-chronicles.serieslive.com/

    par contre je suis nul en description, donc tu peux toujours me donner une meilleure description ^^

    sinon un peu dans le même genre y a forbidden science (érotisme et science fiction)

  4. ladyteruki dit :

    T’es un amour, merci Maxx ! (et je suis sûre que là où il est, en train de crouler sous le boulot, Eske te remercie aussi)

    Hop, liens ajoutés !

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