La course à la l’atone

19 avril 2016 à 21:00

Parfois je me demande si je ne devrais pas intensifier mes efforts pour regarder plus de séries britanniques. Je crois que chaque année je me fais la réflexion que je ne regarde pas la moitié des épisodes inauguraux de séries britanniques que je me procure, notamment. Alors quand vient Séries Mania, je fais un effort : je vois quelques unes des séries britanniques proposées…
…Jusqu’à ce qu’un gros ratage arrive devant mes yeux et que je me dise que, finalement, je vais me remettre à la chasse aux séries sud-africaines, si c’est comme ça. Si donc, dans les prochains jours, je vous parle de série d’Afrique du Sud, considérez que c’est à cause (ou grâce à, selon le point de vue) cette saloperie de Close to the Enemy.

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Bon alors, relativisons : Close to the Enemy est plutôt bien produite, et son sujet de départ est intéressant. Concrètement, l’échec est simplement dans tout le reste !

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la T-Force est chargée de faire main basse sur les technologies et personnels scientifiques capables de faire progresser les Alliés, et leur faire prendre de l’avance sur l’ennemi. A ce titre, de nombreux intellectuels allemands sont expédiés en Allemagne avec leur famille afin de leur proposer de passer à l’ennemi ; à charge pour les agents de la T-Force de convaincre, par tous les moyens à leur disposition, de l’utilité de cette, hm, collaboration.
Callum « Cal » Ferguson est l’un de ces agents pour quelques semaines encore, et il vient d’être assigné au recrutement de Dieter Koehler, un ingénieur allemand spécialisé dans l’aéronautique, en particulier les jets. Celui-ci a été tiré de son lit en pleine nuit, ainsi que sa petite fille, et amené de force à Londres, comme c’est le protocole. Le problème c’est qu’il refuse obstinément de travailler pour les Alliés. Cal a 6 jours, pas un de plus, pour le convaincre en douceur ; tous les trois sont logés au sein du vieil hôtel Connington, qui largement perdu de sa superbe mais fait office d’option luxueuse à côté du traitement qui est réservé à Koehler s’il n’a pas coopéré au bout des 6 jours…

Vous le voyez, on a déjà vu bien pire en matière de sujet de série. Le problème c’est que Close to the Enemy n’a qu’un intérêt très relatif pour son intrigue. Elle transforme cette histoire complexe de recrutement, de défection et de course scientifique, en un spectacle léger et inconséquent. L’essentiel de l’intrigue peut se résumer ainsi : Dieter Koehler refuse de coopérer, sa fille fait une crise d’angoisse due aux circonstances, Cal Ferguson tente d’acheter un peu de calme avec une opération séduction (laquelle passe, bien souvent, par de la bouffe ; pas très original en temps de guerre), et vaque par ailleurs à ses occupations personnelles. Oui, absolument : ce qui aurait pu être un passionnant face à face est totalement relégué au second plan par les ballades que Ferguson s’offre avec un vieil ami, ou son jeune frère, et qui n’ont strictement rien à voir avec l’histoire, nous éloignant thématiquement mais aussi, bien souvent, géographiquement, de ce qui se passe au Connington. Close to the Enemy ajoute une autre distraction en la personne de Mrs Griffiths, une femme qui travaille pour l’unité de lutte contre les crimes de guerre (elle tente désespérément d’obtenir de l’aide de la T-Force pour connaître les noms de criminels de guerre « anonymes », par opposition aux dignitaires célèbres du Reich ; elle se voit pour le moment opposer une fin de non-recevoir systématique malgré ses efforts, ce qui ne rend que plus agaçant cette diversion narrative.
Il me faut aussi spécifier que, histoire de ne vraiment pas parler de son sujet, Close to the Enemy inclut de nombreuses scènes de divertissement vécues par certains protagonistes (un déjeuner entre amis, la réouverture de la salle de bal de l’hôtel…), ce qui finit par donner le sentiment de meubler plutôt qu’autre chose. Oh, bien-sûr, by all means, passons dix minutes à faire discuter Cal avec la chanteuse incarnée par Angela Bassett à propos de tout et rien !

Mais tout cela serait encore tolérable si par-dessus le marché Cal Ferguson n’était pas le personnage le plus mal incarné de la Création. C’est à un tel point que je croyais dur comme fer que Jim Sturgess n’était pas vraiment britannique et que son accent n’était pas tout-à-fait au point (or, il est bel et bien né à Londres !). La raideur vocale, mais aussi le surjeu constant, font de Ferguson un personnage plus ridicule qu’autre chose. Et d’ailleurs le surjeu semble encouragé dans Close to the Enemy vu les performances de plusieurs autres membres de la distribution…
Qu’encore Close to the Enemy ait décidé de prendre son sujet à la légère, à la limite, passe encore. Mais que son acteur central, celui qui occupe l’écran 90% du temps, ait toute la subtilité de jeu d’un lycéen inscrit au cours de théâtre de sa MJC, ça, c’est très ulcérant. En mon âme et conscience, je ne peux donc pas recommander le visionnage de Close to the Enemy. Bien au contraire.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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