Upcycling

9 juillet 2023 à 15:37

Il est probable que cela vous ait échappé, mais Amazon Prime semble avoir développé un petit intérêt pour les Philippines. Ainsi, le lancement ce mois-ci de Fit Check marque sa 3e série originale venue de l’archipel en l’espace de moins d’un an ! Pour comparaison, Netflix n’a produit qu’une série d’animation, il y a deux ans, et n’y a plus jamais repensé.
Je n’avais pas réussi à mettre la main sur les deux séries précédentes, la mini-série One Good Day et le thriller Cattleya Killer. Fort heureusement cette fois-ci, les vents des internets ont amené le premier épisode de Fit Check jusqu’à moi.

Ce qui me rend curieuse, c’est qu’à la base, j’ai beaucoup d’affection pour la fiction philippine. Avec ses maigres (très maigres !) moyens, elle tente de proposer des productions populaires de qualité… alors que la compétition des dramas d’autres pays d’Asie est écrasante. Mais vaillamment, elle essaie des trucs, à son niveau. C’est une télévision qui a des préférences marquées par rapport au reste de la région (pour les superhéros, par exemple), qui a ses traditions (une forme de telenovela ressemblant plus à une parenté sud-américaine qu’aux formats asiatiques dominants), qui a sa propre industrie (essentiellement bâtie autour de deux networks hégémoniques, ABS-CBN et GMA). La télévision philippine a une identité forte, c’est juste l’argent qui manque ; elle me donne de l’espoir et de l’optimisme, dans un monde où les particularité télévisuelles sont si facilement gommées.
Il me fallait absolument voir Fit Check. Et honnêtement… vous ne vous porteriez pas plus mal à la regarder aussi.

…Ne serait-ce que pour la bonne raison qu’elle constitue une excellente série pour accompagner votre bingewatch de Glamorous, par exemple (dont on parlait il y a quelques jours). Se déroulant elle aussi dans l’univers de la beauté, elle s’intéresse en revanche plutôt aux vêtements qu’au maquillage.
L’histoire est celle de Melanie, une jeune femme volontaire et positive qui travaille d’arrache-pied pour devenir styliste, quand bien même ses origines humbles en ont pour le moment décidé autrement. Quand la série commence, elle a pris le relai de son défunt père à la tête de la petite boutique ukay-ukay (le terme local pour friperie, d’où la tagline de la série d’ailleurs, « Confessions of a Ukay Queen »), et reconditionne les vêtements de seconde main qu’elle achète pour en faire des pièces uniques à portée de toutes les bourses. Située dans un quartier populaire, la boutique « Ukay King » connaît un petit succès qui permet à Melanie et sa grand’mère Dulce de survivre.
Hélas, le bâtiment voisin prend un jour feu, et au grand désespoir de Mélanie, la boutique Ukay King disparaît dans les flammes. La jeune femme n’a eu le temps de sauver que quelques unes de ses créations, et elle n’a désormais plus de source de revenus.

Ne voulant pas inquiéter Dulce, et atteinte d’un optimisme ahurissant (ah, ça, c’est pas la peste de Girlboss), Melanie se met donc en quête d’un nouveau job… et voilà que se présente l’opportunité de sa vie. Chris Blanco, directeur de la marque de prêt-à-porter SFX, cherche activement à donner un nouveau souffle créatif à sa compagnie, et espère recruter une designer avec laquelle collaborer, qui saura lui apporter une énergie unique. Unique… et approuvée par son père, car Chris Blanco est fils du milliardaire Michael Blanco. Il a des choses à prouver, car Michael Blanco est un homme exigeant. Bien qu’étant entré dans une phase de pré-retraite qui lui permet de se détacher du quotidien de son entreprise, il continue d’avoir le dernier mot dans les décisions prises pour son empire de la mode ; les contingences, en revanche, il les laisse à ses fils.
…C’est que, l’autre fils, Steve Blanco, a été placé à la tête de TandT (prononcer « T&T »), une marque de prêt-à-porter du même groupe. Steve forme avec sa fiancée, la directrice créative Georgina Da Silva, un power couple imbattable, menant TandT d’une main de fer et ayant tout juste annoncé un partenariat prestigieux avec Michael Leyva. Il y a donc de la concurrence dans dans l’air (même si, dans ce premier épisode, les deux frères ne se calculent pas une seule fois), et du soucis à se faire pour Chris.

Bon, alors déjà, Melanie, elle a beaucoup d’énergie et apparemment de bonnes idées, mais elle n’a pas les codes. Et donc forcément, dans l’univers de la mode bon chic bon genre, elle ne donne pas l’impression d’avoir sa place. Mais surtout, ce qu’elle ignore, c’est qu’elle a mis les pieds dans un nid de serpents. Elle n’a pas du tout capté qu’il y a une rivalité entre SFX et TandT… qui partagent les mêmes bureaux. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Georgina, elle, n’en a pas loupé une miette, en revanche. Dés le premier épisode, elle va tenter de saboter le travail de Melanie…

Je vous accorde que, niveau originalité, effectivement on repassera. A part la surprenante séquence musicale vers la fin de ce premier épisode (…aucune idée si elle est vouée à se reproduire, en plus), Fit Check coche toutes les cases habituelles de la success story partie de rien. Dans la foulée, elle prépare aussi de toute évidence une romance assez convenue, même si pour le moment ça n’est pas une préoccupation des principales intéressées du tout. L’histoire de Melanie est mélodramatique à souhait, mais elle fait montre d’une disposition positive que la série a la bonne idée de montrer comme un choix conscient ; cette nuance, toutefois, ne changera pas l’air de déjà vu.
Rien n’y fait. Je suis contente de ce premier épisode. Je le trouve charmant et plein d’énergie. L’héroïne est solidement incarnée. La galerie de personnages promet des scènes un peu loufoques qui vont bien avec le contexte absurde de la mode. Quiconque aime les romcoms et/ou les séries sur cet univers devrait être ravie.
Et surtout, cette co-production (de façon incontournable vu le système philippin, ABS-CBN a en effet participé à la production, même si la diffusion est une exclusivité Amazon Prime) se tient plutôt bien d’un point de vue technique… quand bien même le budget est équivalent à un quart du tiers de la facture traiteur de The Rings of Power. Mais ça, on s’en fiche. La fiction philippine est résolue à défendre sa place dans le panorama international… Et pour une fois (ou plutôt pour la troisième fois), les téléphages du monde entier y ont accès. Pour le moment, ça me suffit.

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2 commentaires

  1. Mila dit :

    Une séquence musicale **
    Je confirme que je n’avais pas du tout entendu parler de la série (à part par toi, c’est-à-dire). J’ai aussi une forme d’affection pour les fictions philippines. Pas que j’en aie vu beaucoup, mais chaque fois ça m’a laissé l’impression qu’ils essayaient mais que y avait pas le budget, et pour le coup je trouvais ça plus attachant qu’autre chose. Comme tu dis, la série n’a pas l’air d’être révolutionnaire, mais si c’est bien fait et que l’héroïne a du charme…

  2. Dandelion dit :

    Ça rend curieux tiens.
    (faut croire que je cherche à contrebalancer mon doom mood, de l’optimisme et de la légèreté ça me vend un peu du rêve 😀 )

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