All aboard the crazy train

24 juin 2015 à 12:00

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Le western mène à tout ! Il est donc l’heure pour nous cette semaine de parler d’une série western d’espionnage : c’est évidemment The Wild Wild West qui nous occupe aujourd’hui.
Parce qu’à la base c’est bien de ça qu’il s’agit : du souhait de CBS de commander une série d’espionnage, et pas n’importe laquelle. Depuis les années 50, le network américain veut adapter James Bond pour la télévision. Mais rien à faire, les négociations n’avancent pas ; de leur côté, Michael Garrison et Gregory Ratoff, deux producteurs qui ont fait l’acquisition des droits du roman Casino Royale, veulent porter ce volet des aventures de James Bond au cinéma, mais ne trouvent aucun studio pour les appuyer. Hélas, à la mort de Gregory Ratoff, la veuve de celui-ci et son partenaire décident de revendre les droits cinématographiques. Aussi, lorsque Michael Garrison et CBS commencent à travailler ensemble autour de leur ambition d’amener James Bond à la télévision, ils cherchent le moyen de le faire à moindre frais (comprendre : sans être accusés de plagiat). D’où l’idée d’un western.

Il n’est donc pas très étonnant que dans ce pilote, on découvre un héros du nom de James (West), et qu’il se montre à la fois être un homme d’action, un amateur de petites phrases bien senties, un expert en armes et gadgets, et, ça va de soi, un homme à femmes. Mais contrairement à l’espion britannique, West ne travaille pas seul : il a un partenaire, Artemus Gordon, maître en déguisements et bras droit loyal, bien que moins aventureux.

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Dans les années 60, la majorité des séries fonctionnent en partant du principe qu’elles ne sont pas vouées à être feuilletonnantes, et bien souvent, on les voit écarter rapidement l’idée d’un pilote introductif ; ce n’est pas le cas de The Wild Wild West, où la série sait que c’est la première et dernière fois qu’elle pourra induire le spectateur en erreur quant à son héros. Nous sommes donc immédiatement plongés dans une sombre nuit pendant laquelle un déserteur est amené à Washington par le train en vue d’être pendu ; sous la pluie battante, nous faisons connaissance avec James T. West, un homme qui se défend de ses geôliers mais dont le sort est scellé… jusqu’à ce qu’il soit amené face à Ulysses Grant lui-même.
Eh oui, West n’a jamais été déserteur : c’est l’excuse que le Président a trouvé pour le faire venir sans éveiller les soupçons. Ce, afin de pouvoir lui confier une mission : défaire le terrible Juan Manolo qui met à feu et à sang toute une région et décime ses habitants.

Pour arriver rapidement sur les lieux des méfaits de Manolo, West se voit prêter (« à long terme », lui spécifie-t-on) un train cossu qui lui servira de couverture, puisque l’agent secret doit en effet se faire passer pour un homme riche désirant faire affaire avec Manolo. Le train est en outre équipé de toutes sortes de gadgets et d’armes cachées.
Sur place, James T. West fait la rencontre des deux seules personnes dont la demeure n’a pas été détruite par Manolo : Wing Fat, un Chinois, et la belle Lydia, qui tient un casino plus ou moins illégal. Or James a déjà eu affaire à Lydia par le passé, ils ont vraisemblablement été amants jadis… et il lui a aussi coûté une fortune dans une affaire qui n’a pas marché (on n’en saura pas beaucoup plus).

Holy yellowface, Batman ! A partir de la rencontre avec Wing Fat, le premier épisode The Wild Wild West prend un tour plus que bizarre, déjà parce que l’apparence de celui-ci est plus que curieuse, et je ne parle pas que des énormes ongles qu’il arbore (observez si vous le voulez bien l’étrange paupière de droite pendant toute la scène de sa rencontre avec West). Mais ce n’est pas tout. James découvre ainsi que l’énorme manoir de Lydia sert de couverture à un trafic d’armes et notamment de poudre ; mais il s’avère que Lydia n’est pas au courant, bien qu’elle ait des liens avec Juan Manolo. Avec Artemus et James, tous trois se trouvent face à Manolo lorsque celui-ci leur tombe dessus dans la cache d’armes qu’ils ont mise à jour.
Finalement James capture Manolo et le ramène à son train, lorsque Manolo est sauvé in extremis par… Wing Fat ! Qui ne s’appelle pas Wing Fat, car il est en fait le vrai « Juan Manolo », qui est la prononciation hispanique de Wan Man Lo, le vrai nom de notre vilain méchant. Quand finalement James parvient à le défaire (notamment en tirant avantage de l’obsession du Chinois pour les paris), il s’avère que Wan Man Lo est un Mexicain du nom de Juan Manolo qui se grimait en Asiatique depuis le début, avec des fausses paupières en plastique et du maquillage sur tout le visage. Yellowfaception.
A ce stade je ne savais plus dire si The Wild Wild West détournait le procédé raciste du yellowface, ou s’il s’y vautrait comme dans de la fange. Le bordel est total.

En-dehors du scénario abracadabrantesque, ce premier épisode est fort en petites scènes d’action : on y trouve des serpents à sonnette, des soldats mexicains qui préparent une révolution et qui se font démonter par James West, et même un manoir qui explose. Artemus n’est pas en reste, et sera vainqueur d’une fusillade aux abords du train vers la fin de l’épisode.
Ce series premiere ne connaît donc pas de temps mort, même si finalement cela veut aussi dire qu’en matière d’espionnage, West est avant tout un gros bourrin et fait assez peu usage de sa matière grise. Hors un deus ex machina, on ne sait pas trop comment James T. West a réussi à deviner que le Manolo qu’il avait capturé n’était pas le vrai Manolo (oh ça y est, mon mal de crâne qui reprend), tant l’enquête qu’il a menée, et c’est un bien grand mot, n’a délivré aucun indice à cet effet. Mais c’est aussi de cette façon que The Wild Wild West justifie son emprunt à l’époque de la ruée vers l’Ouest : un passage de l’Histoire où dans l’imaginaire collectif, les armes parlaient d’abord et les hommes (peut-être) ensuite. The Wild Wild West correspond totalement à cette vision du western.

The Wild Wild West, avec ses idées farfelues, ses gadgets à la limite de l’anachronique (un sous-genre surnommé « Weird West »), son humour, et son personnage central charmeur, allait d’ailleurs, trois décennies plus tard, être l’inspiration d’une autre série de western… mais on en reparle lors de notre second rendez-vous western de la journée, à 18h.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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