Going underground

13 août 2017 à 21:10

Ce soir les Britanniques découvrent Valkyrien, une série norvégienne acquise par Channel4, et intéressante à la fois de par les sujets qu’elle explore, mais aussi à ceux de ceux qu’elle a choisi de laisser de côté. On est en effet ici à mille lieues de ce qui a fait la popularité des séries scandinaves par le passé : ici, point de meurtre, aucune enquête. A la place, Valkyrien suit le parcours de Ravn, un chirurgien qui a tout plaqué pour poursuivre les recherches médicales de sa compagne, et qui pour pouvoir progresser dans la mission qu’il s’est fixée, va devoir accepter de fréquenter les communautés les plus underground d’Oslo. Et ce, littéralement : il s’est installé en secret dans une ancienne station de métro aujourd’hui désaffectée, l’arrêt Valkyrie Plass.

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C’est sur ce dernier point que je trouve la série osée, à défaut d’être forcément brillante. L’autre personnage central de Valkyrien, au moins au stade du premier épisode (c’est le seul épisode dont je vais parler dans la review ci-dessous), est un personnage opaque et un peu inquiétant, Leif. Non seulement il travail pour la Sécurité civile, mais c’est d’abord et avant tout un conspirationniste doublé d’un doomsday prepper, paranoïaque au dernier degré. Tout le génie du principe de Valkyrien est de forcer Ravn à composer avec les obsessions de Leif, sans jamais totalement les faire passer pour dérangées, mais en rappelant que ce n’est pas ce en quoi croit le héros de la série.

En fait, Ravn ne croit pas en grand’chose si ce n’est en ses recherches, mais il va être forcé de s’enliser toujours plus dans un monde insoupçonné, parce que Leif le tient métaphoriquement en joue (c’est lui qui lui a obtenu les locaux de Valkyrie Plass grâce à son contrôle des sous-sols de la ville, ainsi que son matériel médical à l’aide d’un réseau de contacts semble-t-il tentaculaire). Cela commence dés ce premier épisode, alors que Leif met Ravn devant le fait accompli en lui amenant un jeune homme dont le foie a été percé par une balle… lors d’un braquage qui fait la une des journaux. Malgré ses protestations, Ravn va devoir opérer leur jeune homme ; il y a un côté The Mob Doctor, bien-sûr, dans ce premier épisode ; mais le fait que le jeune braqueur partage avec Leif des opinions sur la fin du monde (il a participé au cambriolage « pour être prêt ») permet de ne pas partir dans tous les sens pour le moment. L’opération sur le jeune homme n’est pas exactement un succès, surtout vu les conditions dans lesquelles Ravn se trouve contraint à prendre soin de son patient, mais Leif, qui a de la suite dans les idées, propose d’ores et déjà que la station de Valkyrie Plass devienne une clinique souterraine, pun intended.

Pendant que c’est la panique la station de métro abandonnée, en surface, personne ne sait ce que Ravn fait. Tous le prennent pour un veuf éploré qui ne se remet pas de la disparition de sa compagne Vilma, laquelle aurait pris la mer voilà 6 mois pour ne pas avoir à mourir devant ses proches. La vérité n’est évidemment pas si simple, comme le prouvera à la fois la scène des funérailles (où tout le monde sait que le cercueil est vide, mais il faut bien avancer) comme la conclusion, un rien prévisible mais quand même assez forte, de l’épisode introductif.

Valkyrien s’étendu sur ses théories de fin du monde, mais ne leur donne pas exactement de valeur. La véritable valeur de Leif, en tous cas à ce stade, n’est pas dans ses idées mais dans la façon dont il a mis en place un réseau en apparence légal mais en fait largement fantôme, qui lui permet d’être en permanence sur le qui-vive, de tout savoir sur tout, d’avoir des ressources en apparence inépuisables (…disons, moyennant finances). Ce personnage ambigu est un calculateur, mais pas un calculateur sociopathe comme on en rencontre dans beaucoup de séries ; non, il se dégage de lui, malgré tout, quelque chose de sincère.
C’est l’un des deux axes que je veux voir Valkyrien développer, d’autant que la série marche vraiment sur le fil du rasoir avec ce personnage, puisqu’elle ne peut pas totalement accréditer ses thèses, mais qu’elle a besoin (et elle le fait pendant ce premier épisode, notamment en passant un long moment sur une note de blog que Leif écrit sur les raisons qui peuvent conduire l’humanité à son extinction) qu’il ne passe pas totalement pour un allumé.

L’autre chose qui m’intéresse, c’est qu’à travers cette intrigue, Valkyrien se donne une opportunité rare pour une série, en particulier scandinave : explorer les communautés les plus obscures de la société. Si la clinique de la station Valkyrie Plass se monte (et c’est bien parti pour), les profils de ceux qui la fréquenteront ont de grandes chances d’être uniques. Et vu que dans leurs séries, on ne voit des sociétés scandinaves presque que la surface propre et clinquante, Valkyrien promet d’être vraiment unique.
Est-ce qu’elle sera aussi fine que requis, ça, c’est un autre challenge, et cela se jugera sur la longueur. Mais si on ne regarde pas une série pour la voir relever les défis qui se posent à elle, on passe à côté d’une bonne partie de ce que la téléphagie a à nous apporter !

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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