ladyteruki
  • Twitter
  • Facebook
MENU
  • ladytelephagy
  • ladymnistration
  • ladytelegraphy
  • ladyterukiparadise
  • ladytherapy
  • Accueil
  • A propos
  • Ko-fi, publicité et autres contes
  • Secret Diary of a Cinephile
  • Tags
  • Contact
  • 29 juin 2024

    Regarder les gens

  • 27 juin 2024

    De l’espoir

  • 16 juin 2024

    This is a fine TV show

  • 8 juin 2024

    C’est pas l’homme qui prend la mer

  • 1 juin 2024

    Take Five + Cinq

  • 1 juin 2024

    Call me by your deadname

  • 31 mai 2024

    Internalisation

  • 29 juin 2024

    Regarder les gens

  • 27 juin 2024

    De l’espoir

  • 16 juin 2024

    This is a fine TV show

  • 8 juin 2024

    C’est pas l’homme qui prend la mer

  • 7 juin 2024

    Comedy crumbs

  • 1 juin 2024

    Take Five + Cinq

  • 1 juin 2024

    Call me by your deadname

  • 31 mai 2024

    Internalisation

  • 30 mai 2024

    I’m about to do it XXL

  • 29 mai 2024

    Le bon plaisir du Prince

  • 26 mai 2024

    Passe décisive

  • 25 mai 2024

    Enjoy the suffering

  • Le vendredi c’est permis

    10 novembre 2023 à 18:47 • Telephage-o-thèque •

    Il se dégage une douleur sourde du début de Fe Koul Osboua Youm Gomaa, une série égyptienne dont les circonstances sont brumeuses. On y découvre une famille en pleurs qui fait ses adieux au corps d’une défunte… avant que l’on ne réalise que la jeune femme, en réalité, est toujours en vie. Ce décès était un subterfuge pour disparaître, et c’est dans une demeure très loin de chez elle, sous une nouvelle identité, que la défunte commence une nouvelle vie.
    Pour Fe Koul Osboua Youm Gomaa, l’actrice Menna Shalaby, qui joue cette jeune femme, a reçu la toute première nomination d’une interprète égyptienne aux International Emmy Awards. Ça valait bien la peine de passer trois quarts d’heure étouffants.

    De tout ce premier épisode, pas une seule fois on n’obtiendra le moindre indice tangible sur ce que Nour cherche à fuir. Mais l’essentiel n’est pas là. Et de toute façon, elle ne s’appelle plus Nour.

    Devenue Leila, elle semble avoir passé un accord avec une mystérieuse femme riche, Madame Sawsan. De prime abord, cette dame distinguée pourrait passer pour une alliée (n’est-ce pas elle qui l’a aidée à décolorer ses cheveux ?), mais son aide n’est pas sans contrepartie : Leila a promis d’épouser son fils Imad, un homme que la série dépeint clairement comme autistique, même si (pour le moment ?) le terme n’est pas prononcé. C’est un mariage arrangé, donc, mais dont la composante principale est de s’assurer que le jeune homme a quelqu’un qui veille sur lui, s’occupe de lui, s’assure qu’il mange et reste de propre, ce genre de choses. A priori, rien de sexuel ne devrait se produire, mais ça n’empêche pas Leila d’être inquiète.
    Ne seriez-vous pas terrifiée, dans le fond ? Après avoir dû faire vos adieux à votre famille pour toujours, après vous être faite passer pour morte auprès de tout votre quartier, après avoir reçu les ultimes rites… débarquer dans une maison loin de tout, dont vous ne savez rien, enfermée 24 heures sur 24 avec un inconnu ? Et plus encore, avec un inconnu imprévisible ?
    Car Imad semble avoir des accès de colère, à un tel point que le premier soir, après lui avoir donné en cachette des médicaments pour dormir, Leila l’enferme dans la maison… et le retrouve le lendemain, couvert de sang dans une maison comme ravagée par une tornade. Et dans tout cela, Leila ne peut compter que sur Hassan, l’employé de Madame Sawsan qui est là 6 jours par semaine (le vendredi est son jour de repos), puisque sa bienveillante bienfaitrice ne vit pas sur place. Cependant, celle-ci ainsi que son mari peuvent guetter le moindre fait et geste qui se produit dans la maison, grâce à un système de surveillance dans chaque pièce (ainsi, probablement, que la loyauté de Hassan, bien que celui-ci ne rentre jamais dans la maison).

    Il y a donc de quoi être bouleversée. Fe Koul Osboua Youm Gomaa nous plonge dans les premiers jours déroutants de Nour/Leila au sein de cette demeure vieillotte, mal éclairée, jonchée d’objets, et où la jeune femme ne sait pas à qui se fier. Car très vite, il apparaît que Madame Sawsan n’éprouve aucun remords à lui lancer des menaces implicites si jamais Leila voulait revenir sur leur accord (c’est que, elle fuit quelque chose, non ? alors il n’est pas dans son intérêt de retourner d’où elle vient, pas vrai ?). Lors de ses visites, la grande dame n’hésite pas non plus à lui faire savoir, qu’aucun de ses actes n’est, jamais, un secret.
    Avec sa voix éteinte, son regard bas, et son teint blafard, Leila n’en mène pas large dans ce premier épisode. Et c’est, honnêtement, un point fort de cette mise en place. La jeune femme est à la fois terrifiée par ce qu’elle a laissé derrière elle, ébranlée par le changement de vie radical auquel elle a donné son accord mais pas de gaité de cœur, et effrayée à l’idée de ce qui l’attend. Elle a aussi très peur qu’Imad soit encore plus difficile à vivre qu’attendu. On lit dans ses yeux (avant même que la série ne lui donne un cauchemar à ce sujet) la façon dont elle guette le moindre mouvement de son « mari », dont elle redoute son regard, dont elle craint de l’approcher, de peur de déclencher en lui une pulsion qu’elle ne pourrait repousser. C’est que, voyez-vous, Imad n’a pas oublié d’être grand et large.

    Fe Koul Osboua Youm Gomaa jongle avec tout cela… mais je soupçonne que cette introduction cache un peu de son jeu. Son but n’est pas exactement de raconter ce huis clos horrifique et de guetter le moment où tout va basculer pour la jeune femme ; à la place, son synopsis indique (pardon pour le spoiler) que Leila se retrouve dans cette maison… où un meurtre a lieu chaque vendredi. D’où le titre international de la série : Every Week Has a Friday. Leila n’est pas nécessairement vouée, dans ce contexte, à devenir une victime (surtout alors qu’on ignore tant de sa backstory). J’avoue que ça m’a un peu soulagée de garder ça à l’esprit pendant cet épisode extrêmement bien réalisé, formidablement bien interprété, mais indubitablement stressant. Et, selon où Fe Koul Osboua Youm Gomaa aura décidé d’aller (…une réplique d’Imad, en particulier, me laisse penser que ce n’est pas vraiment là où Leila semble pour le moment le croire), la série pourrait d’ailleurs n’être pas aussi problématique qu’elle peut le sembler de prime abord.
    Il y a un thriller nerveux, mais résolument intelligent, qui se cache derrière cette introduction. C’est juste qu’il vaut mieux ne pas être une couarde comme moi pour l’affronter, quoi.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Cruel Summer

    9 novembre 2023 à 21:26 • Review vers le futur •

    Chez nous, les jours raccourcissent, mais dans l’hémisphère Sud, l’été approche. Alors il n’y rien de plus normal pour ST☆R+ que de lancer un thriller estival en ce mois de novembre, comme l’est la série brésilienne Últimas Férias.
    Tout commence sur une plage paradisiaque alors que… non, attendez, tout commence pendant la dernière compétition sportive de la saison et que… non, en fait, tout commence quand l’héroïne de la série meurt.

    Voilà, vous l’aurez deviné, Últimas Férias est le genre de série dont le premier épisode essaie de construire artificiellement du suspense et de l’intérêt, en proposant dans sa première scène un avant-goût de son cliffhanger, ce qui ne pourrait pas être plus lassant pour moi à ce stade. D’autant que c’est, naturellement, pour mieux consacrer le reste de l’épisode à tout sauf à la mort de Malu.
    Malu (pour Maria Luíza) est la jeune femme à lunettes sur le matériel promotionnel, et elle a tout de la gentille fille à laquelle il ne devrait en théorie jamais rien arriver de mal. En plus de réciter des poèmes, elle fait partie d’une équipe féminine handball, dont elle est l’une des gardiennes. Pour la grande finale de la saison sportive, elle apprend au dernier moment qu’elle n’est pas sur la touche, et se précipite donc pour rejoindre ses équipières… mais hélas, n’arrive pas à arrêter l’équipe adverse, qui remporte la victoire. Bon, ça fait quand même de l’équipe de Malu les vice-championnes de je-ne-sais-quelle poule ou compétition, donc bon. De son côté, Bruno (le type avec la chemise à zébrures grande ouverte sur son poitrail imberbe) est le capitaine de l’équipe de water-polo, et le même jour, il motive ses joueurs avant le dernier match de la saison sportive… et miracle ! Bruno marque un but décisif, qui permet à son équipe de décrocher la victoire. Ce que ses coéquipiers ignorent, c’est que Bruno se dope avec de l’oxycodone, et cela s’apprête malheureusement à apparaître au grand jour lorsque les tests aléatoires tombent sur lui.
    Néanmoins, l’équipe masculine de water-polo et l’équipe féminine de handball célèbrent la victoire des garçons, la euh, pas victoire mais pas mal quand même des filles, et surtout la fin de cette fichue saison sportive, lors d’une gigantesque fête. La soirée n’est qu’un prélude à des vacances bien méritées pendant lesquelles tout le monde a bien l’intention de se mettre minable à longueur de journée, et ne s’arrêter de boire que pour danser et/ou baiser.
    Au dernier moment, Malu vient même sauver ces vacances tant attendues, lorsque la réservation Airbnb tombe à l’eau, et qu’elle suggère de chaparder les clés de la maison de plage de son père. Décidément l’héroïne de son groupe, cette Malu, elle a garanti au groupe d’amies ce moment de détente avant la prochaine saison, et potentiellement que les chemins de chacune se séparent.

    Voilà, en gros, de quoi il retourne dans ce premier épisode, qui n’est donc pas tellement intéressé par le mystère qui pourtant ouvre l’intrigue. Últimas Férias préfère, et de loin, se fasciner pour la consommation de différentes substances, qui couche avec qui, qui veut coucher avec qui (Malu et Bruno réussissent presque à s’embrasser pendant la première soirée de célébration), et qui devrait absolument consulter un psychiatre (…la mère d’un des personnages se masturbe quand il ramène sa copine à la maison ?! Je.), entre autres choses captivantes.
    Bref, Últimas Férias, c’est un putain de soap. Avec un twist vaguement thriller, mais pour l’essentiel, ce que nous dit ce premier épisode, c’est que tout le monde a des secrets, des vices, des torts, et que le sort de Malu va permettre de faire remonter tout cela à la surface, si vous me pardonnez le jeu de mot.
    Car, ah oui, j’allais oublier, donc : quelques jours après leur arrivée à la maison sur la plage, en allant faire quelques brasses, Bruno découvre Malu au fond de la mer… et elle est impossible à réanimer.

    Bon. C’est vraiment la série estivale par excellence (si vous voulez un truc plus ou moins équivalent, mais hivernal, vous n’avez qu’à tenter Lost Days, tiens).
    Manque de chance, avec mon plaid sur les épaules, ma tasse de thé chaude, et ma quarantaine d’années, je suis définitivement en décalage horaire avec les protagonistes d’Últimas Férias. Mais si vous, c’est votre truc, profitez-en… d’autant que les épisodes d’une demi-heure seront sûrement faciles à digérer.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Le jour de chance est arrivé

    8 novembre 2023 à 23:59 • Telephage-o-thèque •

    Héctor Lavoe est la plus grande star de salsa du monde. Du monde ! Et il a daigné faire un passage par le Pérou, où en 1986 il donne une poignée de concerts inespérés. Et le Pérou, en 1986, a bien besoin d’espoir.
    Toño aussi. Comme beaucoup de citoyennes péruviennes, il vit dans le dénuement, le rationnement, et un peu de peur, aussi, vu la militarisation progressive du pays, officiellement en réponse au terrorisme (vous m’arrêtez si vous la connaissez). Le jour, il donne quelques cours privés à une poignée d’étudiantes fauchées… mais le reste du temps, il accepte des jobs miteux comme sosie de Héctor Lavoe, son idole. Alors forcément, lorsque le chanteur séjourne brièvement à Lima, Toño le prend comme un signe du Destin que la chance a tourné. Et se met en tête de rencontrer son héros.

    Trigger warning : tentativeS de suicide.

    Proposée cet été par arte, El día de mi suerte (nommée d’après le titre d’une chanson de Lavoe) n’est cependant pas qu’une histoire d’adoration musicale. En fait, cette dramédie est beaucoup plus subtile qu’elle n’en a l’air.

    Cela se sent au portrait de Toño. Au départ il nous est présenté comme une sorte de loser, en particulier parce que nous le découvrons à travers les yeux de sa sœur, qui s’inquiète beaucoup pour lui depuis sa chambre en hôpital psychiatrique. Et puis, Toño a tous les attributs du pauvre type : c’est un sosie (rarement le genre de métier qui est très considéré !), il a un rêve artistique futile et une idole lointaine pour personnifier ce rêve, sauf qu’il a quelque chose comme la quarantaine. Or, avoir des rêves à vingt ans, c’est perçu comme charmant ; mais avoir des rêves qui n’ont pas été réalisés quand on a atteint la moitié de sa vie, c’est vu comme pathétique. Nous apprenons en outre que Toño manque de vue à long terme, lorsqu’une brève scène avec une ex nous fait comprendre qu’il a été plaqué pour son manque d’ambition. Sans ambition, dans un pays en crise, on ne va pas bien loin, sous-entend son ancienne compagne…
    Pourtant, il apparaît progressivement que Toño est un homme qui est plus que ce qu’il paraît au premier regard. Il est éduqué et donne des cours pointus dans plusieurs matières ; c’est un ancien professeur universitaire, mais avec l’influence de l’organisation Sendero Luminoso dans les universités, les choses sont compliquées pour lui. Et puis, contrairement aux apparences, Toño n’est pas non plus un doux rêveur : outre les cours qu’il dispense, il fait très attention à son budget et court la capitale d’un petit job à un autre, souvent secondé par un groupe musical qui l’accompagne quand il imite les chansons de Héctor Lavoe.
    Notre protagoniste n’est pas un pauvre type ; c’est juste un gars qui n’est pas mort à l’intérieur alors même qu’il vit dans un monde qui n’y est pas propice.

    Alors, quand on a vu tout ça, on a envie que sa chance tourne, nous aussi. On est heureuses à l’idée que, grâce à sa sœur (dont l’ex, Genaro, est aujourd’hui le manager de Lavoe le temps de son séjour au Pérou), il ait peut-être une chance de rencontrer son héros. On a envie que cela soit le changement qu’il attend, le signe que les choses, enfin, vont dans son sens. On en a besoin autant que lui.

    Même si El día de mi suerte prend un tour absurde, et que ses événements sont absolument incroyables (ne laissant aucun doute sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un biopic, ni d’une série historique à proprement parler), la série utilise le sort de Toño pour parler de choses très justes sur le Pérou alors que le pays est en pleine crise. Le besoin irrépressible de la population péruvienne d’accueillir Lavoe comme un Dieu, de chanter, de danser, est dû aux conditions déplorables dans lesquelles s’enfonce le pays. Quand les choses vont au plus mal, on a besoin d’espérer et de rêver. Peut-être d’une fuite vers l’étranger, peut-être d’un retour à « avant », peut-être d’une révolution ; rêver d’un changement, en tout cas. Et c’est ce besoin qu’interroge El día de mi suerte.
    Pour ce qui le concerne, Toño s’est convaincu (aidé par une « prédiction » de sa sœur) que s’il parvenait à rencontrer son idole, sa vie allait changer. Cela semble illusoire, et un peu naïf. C’est donner beaucoup de pouvoir à une poignée de mains ou à un autographe. Mais comme il a besoin d’y croire, il commence à tout faire pour croiser Lavoe dans son hôtel de la capitale. Et c’est là que les choses s’emballent : lorsqu’il arrive enfin à rencontrer son héros. Au fil des épisodes suivants (j’utilise un pluriel pour la forme, mais la mini-série n’en compte que 4 au total), El día de mi suerte donne d’une main l’espoir qu’elle reprend de l’autre, puis vice-versa. Toño passe par des moments où il pense qu’il a une chance que quelque chose, n’importe quoi, se produise… et d’autres pendant lesquels son rêve d’un ailleurs, d’un autre, d’un meilleur, s’effondre. Il se retrouve alors face à face avec l’odieuse réalité : celle de vivre dans la pauvreté au sein d’un pays qui n’en manque pas, où l’avenir est bouché.

    En un sens je comprends qu’arte ait décidé de diffuser la série sous le titre Le chanteur et le dictateur ; ça a une sorte de sens, même si en réalité on ne voit le Président que très brièvement dans la série et qu’il n’y joue qu’un rôle de fond, en tant qu’artisan des mesures qui entravent le bonheur des Péruviennes. Ce sont ces oscillations entre l’espoir et la désespérance qui sont au cœur de ce qu’interroge la série. Et ça donne une fiction très fine, même si elle ne le paraît pas forcément, sur ce qu’il signifie de vivre dans un pays dont le climat empire de jour en jour.
    C’est cela, un pays qui bascule : continuer de devoir exister alors que c’est chaque jour plus difficile, se raccrocher aux plus petites miettes d’optimisme et de bonheur, tout en assistant aux morts, à la violence, et à la pauvreté qui empire sans rien pouvoir y faire. Il vaut mieux être pathétique que réaliste dans un monde comme celui-là ; en tout cas, psychologiquement, c’est la seule façon de tenir. Comme Toño, les gens ont besoin de croire, dit El día de mi suerte, surtout quand il n’y a plus aucune de raison de le faire.
    Après tout, quand plus rien ne fait sens et qu’on désespère de tout, il ne reste plus que l’absurde.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Un homme important

    7 novembre 2023 à 20:59 • Review vers le futur •

    L’automne est plutôt actif du côté de SkyShowtime, la plateforme ayant lancé plusieurs séries en l’espace de quelques semaines. Il y aura donc eu Kodnamn: Annika dans les pays scandinaves (la review du premier épisode est ici), Mentiras pasajeras en Espagne (c’est la série des frères Almodóvar présentée à Series Mania un peu plus tôt cette année), et la comédie slovaque Víťaz. Vu qu’il y a environ une vingtaine de fictions originales dans les tuyaux pour les mois à venir, rien que pour l’Europe (car c’est sans compter sur les titres étasuniens de Showtime et/ou Paramount !), ne perdons pas de temps et parlons donc de cette dernière.

    Son concept ne pourrait être plus simple : il s’agit d’une série centrée sur un homme imbu de lui-même et parfaitement insupportable, que sa famille est obligée de voir un peu plus souvent. Sauf que cet homme est un ancien Premier ministre, et qu’au moins dans le premier épisode, il n’a pas encore réalisé que sa carrière politique était finie !

    Voilà 10 ans maintenant que Viktor Hudák occupe son bureau de Premier ministre, et, après quelques scandales sur lesquels la série ne s’étend pas, il a fini par donner une occasion au pays de le foutre à la porte. Il s’est toutefois convaincu non seulement qu’il avait fait un boulot admirable pendant toutes ces années, mais qu’en plus, dans quelques mois, la Présidente allait le supplier de reprendre son poste. Il n’éprouve que du mépris pour elle, mais en même temps il éprouve du mépris pour absolument tout le monde, donc bon… Par exemple il méprise son remplaçant, le Premier ministre Michal Mráz, un jeune progressiste de son propre parti dont Viktor est certain qu’il va se planter en beauté. Il méprise son staff, dont au bout du décennie il ne connaît toujours pas les noms ; à part son chauffeur, qui est peut-être même la seule relation sincère (mais quand même subalterne) qu’il ait entretenue au fil des ans. Bref, qu’on parle des citoyennes slovaques ou juste de son entourage proche, tout le monde a Hudák en horreur.
    Et pour que ce soit drôle, naturellement, il faut qu’il y soit totalement aveugle ! Il est en effet absolument incapable de comprendre qu’il n’est pas le héros, ni de l’Histoire, ni de sa propre vie. Les cameras ne s’intéressent pas à lui, le monde politique se fait un plaisir de l’ignorer, et même sa famille…

    Le premier épisode de Víťaz prend bien le temps d’aborder cet angle, car, maintenant qu’il est à la retraite, naturellement, c’est sa famille qui va le subir. Ou du moins, qui va le subir si vraiment elle ne parvient pas à échapper à sa présence, et vous pouvez parier qu’elle va essayer !
    Viktor Hudák est marié de longue date à Saška, une chirurgienne obstétrique très occupée par sa carrière. Naturellement, quand Viktor consacrait tout son temps à sa carrière, l’emploi du temps serré de sa femme lui importait peu, du moment qu’elle puisse se rendre disponible pour les voyages diplomatiques ; mais maintenant qu’il est à la maison, il constate qu’elle ne s’y trouve quasiment jamais. Or, en plus de toooooooutes les qualités par lesquelles il brille, Viktor est aussi un gros macho qui trouve que la place d’une femme est dans son foyer, à mitonner des petits plats pour son mari, d’autant que celui-ci est habitué aux mets les plus fins de par sa fonction. Pas de chance, Saška est plutôt du genre à ramener des pizzas achetées en sortant de l’hôpital.
    Le coupe a eu trois filles, et les rapports de Viktor avec elles ne sont pas meilleurs, même s’il est naturellement convaincu du contraire. Hanka est la plus jeune, et à 14 ans, elle passe ses journées à regarder la télé à la maison pour éviter d’aller au collège (on apprendra pourquoi au cours de cet épisode, et ses parents l’ignoraient aussi). Elle a finement compris que pour obtenir ce qu’elle veut de son père, il lui suffit de lui tendre un miroir qui le fasse se sentir important ; elle le brosse donc diplomatiquement dans le sens du poil, ce qui pour l’essentiel marche bien. Adela est celle du milieu, elle est en pleine adolescence et ne s’intéresse qu’aux garçons (dans ce premier épisode, elle a un béguin sur un musicien d’un groupe de rock), mais ses notes au lycée sont parfaitement catastrophiques. Elle est plus dans la confrontation que sa petite sœur, et les accrochages semblent par conséquent plus fréquents avec Viktor. Et puis, il y a l’aînée, Barbora, une femme moderne mais qui tient aussi un peu de son père. Comme lui, elle s’est embarquée dans le monde politique, et a récemment été élue au Parlement… même si Viktor la traite souvent comme une simple assistante. Barbora ne vit plus avec sa famille : elle est mariée à Tomas, un homme au foyer qui élève leurs jumeaux (Viktor considère Tomas avec dédain, naturellement, qu’il considère comme un soy boy). Elle est le dernier lien que Viktor entretient avec le monde politique, mais c’est, de toute évidence, parce qu’elle n’a pas le choix…
    Víťaz (ou The Winner de son titre international) mène son petit épisode rondement. Il y a pas mal de choses à y introduire, de la situation politique à la situation familiale, en passant par un nombre assez étendu de personnages même si tout le monde, naturellement, ne va pas avoir la même importance maintenant que la vie de Viktor a changé.
    Mais a-t-elle changé ? Notre homme si important s’est convaincu que le pays ne pouvait vivre sans lui, et fait tout son possible pour essayer de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement. Personne sauf lui n’est vraiment dupe, et c’est en gros ce sur quoi repose l’humour de la comédie. Cela lui permet en outre de distiller des références politiques (Viktor Hudák est certain d’avoir transformé le pays « d’ancienne colonie russe en un pays normal », mais il est en réalité un néolibéral qui a rendu la vie des Slovaques plus difficile) sans trop avoir à se soucier d’intrigues politiques en propre.

    Le fait qu’on puisse regarder Víťaz en cet automne 2023 relève d’un petit miracle. A l’origine, la série avait été commandée par la concurrence, et faisait partie des séries commandées par HBO et HBO Max en Europe centrale… sauf que, comme vous le savez, HBO a pas mal resserré les cordons de sa bourse. Parmi les séries annulées par la branche européenne, on trouvait donc Víťaz, dont pourtant 6 épisodes avaient déjà été tournés et étaient en post-production au moment de l’annonce en 2022. Comme c’est le sort de pas mal de séries ces derniers temps, la série a donc été proposée à d’autres diffuseurs… et SkyShowtime, qui préparait son lancement pour l’automne 2022, s’est donc saisie de l’opportunité d’acquérir une comédie slovaque clé en main. Toutes les fictions abandonnées pendant cette période de sortie de l’ère Peak TV n’ont pas la même chance…
    Même si Víťaz n’est pas révolutionnaire dans son sujet (en même temps, l’originalité est rarement ce qui importe le plus dans une comédie), elle accomplit très bien son objectif grâce à une grande acuité. Elle a parfaitement compris ce qui fait de Viktor Hudák un homme insupportable, et combien c’est précisément son ignorance de ce fait qui le rend drôle. La série est donc dénuée d’embarras de seconde main, parce que lui-même ne se sent jamais inconfortable, ou jamais longtemps ! L’avantage quand on a un ego de cette taille, c’est qu’on est toujours convaincu que ce sont les autres qui devraient être gênées… Et ça, c’est typiquement quelque chose que seule une scénariste qui a vraiment fréquenté ce genre de personne pouvait écrire.
    La comédie a été co-créée par Zuzana Dzurindová… fille de l’ex-Premier ministre Mikuláš Dzurinda. Sûrement un hasard.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Don’t make a move till I say « action »

    5 novembre 2023 à 15:33 • Telephage-o-thèque •

    Yeşilçam, c’est le nom d’une rue du quartier de Beyoğlu à Istanbul, mais parce que nombre de société de production, de salles de cinéma et de personnalités du show business s’y étaient installées dans l’Après-Guerre, c’est aussi devenu le surnom de l’industrie turque du 7e art dans son ensemble. Voilà qui explique de façon transparente d’où la série Yeşilçam tire son nom !

    Lancée en 2021 par la plateforme turque BluTV, Yeşilçam se penche sur l’âge d’or du cinéma turc, plus spécifiquement sur les années 60, au travers d’un personnage de producteur. Toutefois, si le cinéma turc vit sa meilleure vie à ce moment-là, ce n’est pas du tout le cas de Semih Ateş, le héros.

    Producteur de cinéma dans un quartier qui n’en manque pas, Semih peut se vanter d’avoir monté un chef d’œuvre, quelques années plus tôt, avec Kirlangiç Mevsimi, une romance tragique dénuée de happy ending. Ce film, toutefois, est un vestige de sa gloire passée. L’actrice principale du film, Mine Cansu, est aujourd’hui une star à l’affiche des plus grandes productions turques, mais elle est aussi depuis devenue l’ex-femme de Semih. Le frère de Mine, Hakkan, un coureur de jupons invétéré, travaille toujours auprès de Semih et continue de le traiter comme son beau-frère, malgré les réticences de notre producteur. Mais si encore il ne s’agissait que de cela… non, il y a pire. Semih a également perdu les droits de la société de production à laquelle il avait donné son nom, Ateş Film, qu’un ancien partenaire à réussi à lui soutirer légalement (épongeant les dettes de Semih), mais pas moralement.

    Même s’il est un peu abattu par ces échecs récents, Semih Ateş ne se laisse pas décourager. Il ouvre immédiatement une nouvelle société de production, Büyük Ateş Film (les « GRANDS films Ateş ») dans des bureaux un peu excentrés, et repart de zéro avec seulement trois employées : le chien fou Hakkan, le vieux Mümtaz, et la secrétaire Nebahat. Et donc, maintenant, il lui faut un film.
    Un mystérieux script délivré devant sa porte va lui offrir un peu d’espoir : İki Kızkardeş, qui pour une fois n’est pas une romance mais, comme son titre l’indique, l’histoire de deux sœurs. Immédiatement séduit par le scénario, Semih se met en tête de le produire avec Mine dans l’un des deux rôles principaux. Et si encore c’était tout ce dont il a besoin, mais il lui manque aussi le financement, le réalisateur, une deuxième star féminine… Semih traverse tout Yeşilçam, frénétique, en essayant d’organiser son projet de la dernière chance. Il n’a pas encore réalisé que non seulement il serait très difficile d’y parvenir, mais que certains, comme le puissant producteur Reha Esmer, n’avaient aucune intention de lui rendre les choses faciles.

    L’épisode inaugural de Yeşilçam est plutôt classique, dans sa forme comme dans son fond. Pour une série historique, plus encore attachée aux films classiques (auquel elle emprunte un peu de son style), ce n’est pas très surprenant, mais le résultat manque quelque peu d’aspérités. La série peine pour le moment à se mouiller, à créer des choses complexes, à explorer la personnalité des personnages qui apparaissent comme assez simplistes.
    Semih Ateş, en particulier, manque de relief, ce qui vu son omniprésence à l’écran rend les choses un peu amères. Ses échecs, et c’est bien normal, lui plombent le moral. Son dernier film a fait un flop, et le pire c’est qu’il savait en le produisant que ce n’était même pas un bon film. Il vit dans une nostalgie de l’époque à laquelle il a sorti Kirlangiç Mevsimi, en grande partie parce qu’il est toujours épris de son ex-femme. Mais justement, il n’y a aucune surprise. Le premier épisode nous montre un homme qui veut recréer pour lui-même ce succès amoureux, financier et artistique qu’il a perdu, et dont il sait combien il est aujourd’hui hors de portée. Pour autant, est-il prêt à tout ? Non, nous dit Yeşilçam : il a aussi un sens moral inaltérable, et ça le rend certes noble (et pas très éloigné des héros du cinéma de l’époque), mais aussi très peu intéressant. Alors, je ne dis pas que tout producteur de cinéma doit nécessairement être Peter Dragon d’Action!, mais enfin… J’espère que les épisodes suivants ont un peu autre chose en réserve pour lui, parce qu’à ce stade même Don Draper était plus captivant.
    Yeşilçam fait grand cas de la passion de son protagoniste pour le cinéma. On en aura un très bref aperçu lorsqu’il lit le script d’İki Kızkardeş, et qu’il visualise d’ores et déjà une scène-clé du film. C’est hélas l’un des rares aperçus que l’on a du cinéma de l’époque (l’autre exception étant la scène de fin de Kirlangiç Mevsimi, que Semih se repasse en boucle chez lui le soir, et dans laquelle le personnage joué par Mine prononce des adieux touchants… d’accord, ce ne peut être que sain !). J’ignore si c’est par manque de temps dans cette exposition, ou par manque de moyens, même si Yeşilçam est l’une des productions les plus onéreuses de sa plateforme ; en tout cas ça sent le trop peu. Les co-créateurs de la série clament qu’ils ont vu quasiment tous les films sortis pendant l’ère Yeşilçam (et à raison de plusieurs centaines de films par année pendant l’âge d’or, c’est pas rien), mais il n’en transparait pas grand’chose si ce n’est par l’omniprésence de posters de films dans les décors. C’est vraiment difficile de ressentir cette passion, et j’espère qu’à mesure que le projet de Semih progressera (…s’il progresse), on en ressentira un peu plus.

    Après, peut-être qu’une des raisons pour lesquelles ce premier épisode m’a semblé un peu léger est tout simplement que Yeşilçam dispose d’épisodes extrêmement courts…
    …pour une série turque.

    BluTV s’est en effet fait une spécialité de commander uniquement des séries dont les épisodes durent moins d’une heure, ce qui équivaut à quasiment un tiers d’épisode pour une chaîne de la télévision linéaire ! Sa première série originale Masum, le crime drama fantastique Yaşamayanlar, l’anthologie sociale 7YÜZ, la série policière Alef, la série d’action/anticipation Börü 2039, jusqu’à cette année la comédie historique Prens ou le drama Magarsus… tous les genres sont concernés par cette uniformisation.
    Alors, pourquoi pas, ça pourrait fonctionner dans le cas présent… si le rythme de la narration dans Yeşilçam avait été adapté à ce format. Or, ce n’est pas franchement l’impression que ça donne. Les scènes un peu longues, les moments de silence, les discussions qui s’étirent pour avoir au final très peu de signifiant, ça marche très bien dans la fiction turque traditionnelle, et beaucoup de séries produites dans ce pays tirent très avantageusement parti des durées moyennes dans leur industrie. Pour une télévision qui aime explore les émotions et les sentiments, les longueurs, c’est très bien. On prend le temps de l’introspection et de l’empathie. C’est très rare que je me fasse la réflexion qu’une série turque a des épisodes trop longs : le rythme est adapté à la durée (une leçon que la télévision étasunienne n’a pas nécessairement apprise, au passage). Mais là…
    D’un point de vue strictement commercial, ce choix a pourtant beaucoup de sens pour BluTV. Cette plateforme, exclusivement disponible en Turquie et dans quelques pays de langue arabe, s’assure ainsi de pouvoir vendre ses fictions internationalement à des diffuseurs ou plateformes qui ne se conforment pas aux standards de production turcs. Je vous parle souvent de la façon dont Netflix, notamment, a joué un rôle massif dans le lissage des formats télévisuels ces dix dernières années environ, et fait regarder à la planète des séries en grande partie standardisées, calquées sur le modèle de la fiction US, et imposant à tout le monde des formats inexistants ou rares dans certains pays. Dans le cas de BluTV, ce lissage se fait pour des raisons un peu différentes : il s’appuie au contraire sur des espoirs de voir les séries adoptées dans des pays qui sont déjà familiers d’un format différent de ce que les spectatrices turques considèrent comme habituel. Hélas, même si les motivations varient, le résultat est le même ! On se retrouve avec une série dramatique de moins d’une heure sans que cela ait nécessairement du sens pour son écriture.

    Vous l’aurez compris, je n’ai pas été super enthousiasmée, sur la forme comme sur le fond, par ce premier épisode de Yeşilçam. En un sens, c’est ironique de parler de l’âge d’or du cinéma turc en plein âge d’or de la télévision turque… sur une plateforme de streaming. En tout cas, je trouve la symbolique amusante.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • L’école de la vie

    4 novembre 2023 à 17:39 • Review vers le futur •

    Erik Ponti a 16 ans, et pas vraiment de self-control. Après un incident violent, il est expulsé de son lycée, et aucun établissement de Stockholm n’accepte de le recevoir. Ses parents l’envoient alors dans le seul endroit qui veuille bien de lui : le pensionnat privé Stjernsberg, situé loin de la ville. Là-bas, non seulement il va pouvoir repartir de zéro, mais il aura en plus de nouvelles opportunités, vu l’enseignement exigeant qui y est donné.
    Ce qu’Erik n’avait pas envisagé, c’est que derrière les uniformes parfaitement repassés et les couloirs austères se cache une violence familière.

    Trigger warning : violences domestiques (y compris sur mineur), violences scolaires/bizutage.

    Ondskan, série suédoise lancée cette semaine par la nouvelle version de la plateforme TV4 Play (depuis qu’elle a fusionné avec C More cet été), n’est pas pour les petites natures. Son titre, qui signifie « le Mal », est d’abord et avant tout celui du roman autobiographique dont elle est tirée, paru dans les années 80 (notamment en France sous le titre La fabrique de violence), ainsi que d’un film qui a été l’adaptation précédente de cet ouvrage. Sorti en 2003, le long-métrage a même été nommés aux Oscars ; personnellement je ne l’ai pas vu.
    Aucun regret : Ondskan est dure à digérer, surtout si cela réveille des choses en vous. Et, devinez quoi, ça me l’a fait.

    Ondskan démarre, sans explication, alors qu’Erik arrive un matin dans son bahut, serre les dents, et entreprend de frapper un autre élève. L’épisode ne tient pas pour nécessaire de nous offrir du contexte à cette violence, si barbare que le sang gicle sous les yeux ébahis des élèves incapables de l’arrêter, comme fascinés autant qu’effrayés. Les joues d’Erik sont encore rougies par ce sang quand sa mère vient le récupérer la tête basse. Elle lui annonce qu’en l’absence d’une autre option viable, il va partir suivre le reste de sa scolarité à Stjernsberg, à la campagne. Ce n’est pas une punition, insiste-t-elle : c’est un nouveau départ.
    Erik n’est pas plus enjoué que ça, mais la situation ne manque pas d’avantages, dans le fond. L’un des gros atouts est que dans le train, il rencontre une très jolie blonde, pour s’apercevoir quelques heures plus tard qu’elle travaille à la cantine de son bahut ! Plutôt bonne nouvelle. Et puis, il semble sincèrement vouloir se reprendre.

    Toutefois, l’adolescent va vite déchanter. A Stjernsberg, le proviseur se vante de l’organisation de son établissement : c’est le conseil des élèves qui administre un nombre non-négligeables d’aspects de la vie scolaire, les tâches et corvées variées, ainsi que les problèmes disciplinaires. Les élèves, en somme, sont éduqués par leurs pairs pour tout ce qui ne relève pas du scolaire. Le conseil est tenu exclusivement par des élèves de 4e année, qui logent dans un bâtiment à part surnommé « Olympen ». Sitôt qu’il met le pied dans le royaume des Dieux, toutefois, Erik comprend que ses camarades ne sont pas franchement là pour l’aider ou même l’encadrer. Il rencontre ainsi Otto Silverhielm, l’un des membres du conseil, qui se montre immédiatement hostile ; quant au président du conseil, Bernard von Schantz, un type courtois mais passif-agressif, il méprise Erik immédiatement. Les rires mauvais des autres élèves de 4e année ne laissent aucun doute sur l’ambiance qui règne dans le lycée. Dans ce nouveau décor, seul le garçon avec lequel il partage sa chambre, le raffiné et réfléchi Pierre Tanguy, lui paraît un peu amical.
    A partir de ce point de départ, c’est un peu la descente aux Enfers. Chaque heure passée au sein de Stjernsberg dévoile à Erik de nouvelles règles de vie, qui sont généralement faciles à résumer : fait ce qu’on te dit, ou subis les conséquences. Erik, qui n’est pas du genre à prendre des coups à l’ego sans broncher et, on l’a dit, n’a aucune once de self-control, doit apprendre à ronger son frein pour ne pas se faire remarquer. Pas de chance : quand sa chambre est fouillée dés la première nuit, et une cigarette trouvée cachée dans son matelas (…alors qu’il n’a même pas encore défait son sac…), il devient clair que les règles seront toujours un peu mouvantes. Il tente de se rebiffer, ce qui a pour effet d’amuser et agacer Silverhielm en même temps. Bientôt, Erik et Pierre sont convoqués à un conseil de discipline…

    Je n’ai vu que le premier épisode d’Ondskan, mais ça suffit amplement pour comprendre ce qu’il se joue. La série se déroule dans les années 50, mais reste attentive à minimiser l’aspect historique, comme pour rappeler que son sujet est intemporel. C’est le portrait d’une violence d’autant plus insidieuse qu’elle se passe sous couvert d’éducation, et avec l’ignorance volontaire voire l’aval de l’institution. La série dépeint un système qui ne fait pas que reproduire de la richesse, mais aussi de la souffrance ; d’une façon perverse, les deux sont ici liées. Dans le cadre si plaisant de Stjernsberg (un établissement logé dans les bois, avec des équipements sportifs, des chevaux, etc.), tous les lycéens sont a minima complices, se délectant souvent de la violence… tant qu’elle est infligée à autrui. Pierre est la notable exception à ce portrait, mais honnêtement j’ai eu du mal à le croire jusqu’au bout de l’épisode.
    Naturellement, Ondskan a pris ses précautions, et énumère dans cet épisode introductif toutes les raisons pour lesquelles Erik est bien-sûr bloqué à Stjernsberg. Il y a certes la violence dont il a fait preuve dans son lycée de la capitale, et qui garantit que tous les proviseurs de la région se sont passé le mot. Mais il y a, et ce n’est évidemment pas une coïncidence, la violence de son père, aussi. Ce qui explique d’ailleurs plutôt bien pourquoi, au départ, Erik avait tellement envie de faire de son arrivée au pensionnat un succès…

    Ondskan envoie plein de signaux assez subtils de la violence du père d’Erik pendant ce premier épisode, et qui montent graduellement en violence. Il y a les échanges entre la mère et le fils (qui parlent d’un « il », et là d’où je viens ce « il » sonne toujours d’une façon très précise, je le reconnais dans toutes les langues), les regards que l’on échange à table au dîner, la façon dont on passe des appels sans les passer, le culte du secret et des non-dits, les coups d’œil qu’on jette derrière son épaule lorsqu’on fait quelque chose qu’on sait anodin pour tout le monde sauf « lui »… Si Ondskan n’avait jamais explicité, je l’aurais comprise tout pareil.
    Oh, mais elle l’explicite. Ne doutez pas un instant qu’Ondskan garde la moindre violence tue. Et vraiment, même quand on a l’habitude, c’est dur à regarder.

    Dans Ondskan, la violence est de toute évidence un continuum. Un héritage qu’on se passe d’homme en homme. N’est-ce pas cet héritage qu’Erik a apporté au lycée, le matin de cet « incident violent » dont on n’est même pas certaine que l’autre élève ait réchappé ?
    Toute la question, c’est de savoir ce qu’Erik fera de cet héritage à l’avenir, et Ondskan pose la question ouvertement. Ses chances de briser le cycle de la violence sont assez minces, pour tout dire : il n’a jamais rien connu d’autre que la violence entre hommes. Finira-t-il par s’acclimater, voire peut-être même reprendre les rênes de cette violence ? Il semble tout qualifié pour entrer au conseil d’ici quelques années, surtout s’il apprend les modes de violence plus insidieux pratiqués par les élèves plus raffinés que lui. Sera-t-il impossible à mater ? Après tout, Erik est déjà habitué au pire, peut-être est-il uniquement qualifié pour se lever contre ces injustices. Se conformera-t-il à un nouvel ensemble de règles arbitraires, en espérant échapper au plus dur ? Ça n’a pas marché chez lui, pas de raison que ça marche ici, mais pour le moment il semble révulsé à l’idée, en tout cas.

    Aucune concession ne sera faite dans Ondskan, ni à Erik, ni aux spectatrices. Le message a été bien reçu : j’ai été prise de flashbacks toute la soirée après avoir regardé cet épisode ; de la violence chez moi, de la violence au collège… Et pour la première fois depuis environ 20 ans, je me suis souvenue que moi aussi, j’ai failli être envoyée en pensionnat (qu’on me présentait comme une menace : « si tu ne te conformes pas, tu seras envoyée là-bas et ce qu’on t’y fera subir sera bien pire qu’ici »). Ça n’aurait pas été un pensionnat pour garçons dans les années 50, mais la violence n’est pas exclusive à cet univers. Qui sait ?
    Le fait qu’Ondskan sonne toujours comme étant d’actualité est bien la preuve qu’à ce jour, on n’a toujours pas brisé le cycle.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Casual Friday

    3 novembre 2023 à 17:35 • Telephage-o-thèque •

    Une fois de temps en temps, une série qui n’avait pourtant aucune chance de le faire trouve un second souffle à l’international, des années après sa diffusion originale. Son apparition sur une chaîne ou une plateforme anglophone lui permet alors de biper sur mon radar. Des années plus tard, j’ai enfin l’occasion de voir ce qu’elle a dans le ventre.
    C’était récemment le cas de la série belge Callboys, initialement lancée en 2016. Il s’agit de l’une des quelques séries s’intéressant au travail du sexe à travers des protagonistes masculins, pour changer. Pas la seule, vu l’existence de séries comme Hung, Johnny Ve Abirey Hagalil, ou plus récemment Diario de un Gigoló et American Gigolo (d’ailleurs sorties à peu près en même temps l’an passé), mais il faut tout de même admettre que la prostitution féminine a les faveurs des exécutifs de chaînes. Masculin très volontaire ; on se sait.

    « Callboys » est le nom de l’agence co-gérée par Wes, Devin et Jay, qui quelques mois avant le début de la série ont engagé comme assistant Randy. L’agence a son bureau dans ce qui ressemble plutôt à un appartement tiré tout droit des années 80, situé au-dessus d’une petite boîte de consulting. Les clientes n’y sont jamais reçues directement de toute façon : les trois escorts se déplacent plutôt dans des hôtels et autres lieux privés. Randy est chargé de gérer leurs agendas, de les conduire à des rendez-vous, ainsi que de les aider à prendre plus généralement généralement soin de leur corps.

    Dans cet épisode inaugural, une grande partie de l’intrigue est dédiée à montrer comment chacun des trois gérants de la boîte conduisent leurs affaires face à des clientes. Et vous savez ce que j’entends par « affaires ».

    Devon, le plus jeune et le plus conventionnellement séduisant, est ravi de nous démontrer ses astuces qui marchent à tous les coups, quand bien même il ne semble pas totalement conscient que sa plus grande astuce est d’être jeune et beau (il faut dire qu’il n’est pas une lumière). Wes est plus cérébral, il a une haute opinion de lui-même et de son charme, il a aussi plus d’assurance ; au lieu de se reposer sur des gimmicks, il se repose sur ses talents d’observation pour comprendre la situation, et mettre les gens à l’aise avec psychologie sans garder son calme. Jay, qui semble être le plus âgé de la bande (pardon si je me trompe), s’imagine être un charmeur un peu rebelle, et cela peut plaire ; il a de l’expérience et il est attentif à délivrer un service de qualité, toutefois il est aussi extrêmement colérique et émotif, et ce manque de self-control semble commencer à lui faire perdre des clientes.
    En montrant les méthodes de travail de chacun (tout en déroulant l’intrigue, faut-il noter), Callboys insiste sur leurs différences, mais démontre aussi en filigrane qu’il s’agit de trois hommes qui n’ignorent rien des nuances de leur métier, et que celui-ci consiste à un peu plus que « juste » échanger du sexe pour de l’argent. Le premier épisode de Callboys se repaît de notre réaction amusée devant la situation initiale, les situations rencontrées, les « trucs » de charmeur professionnel qui mettent (ou pas) les clientes à l’aise.

    Malgré ces approches différentes, l’agence Callboys tourne bien, et c’est donc ce qui a vraisemblablement conduit à l’embauche de Randy 6 mois plus tôt. Randy est un grand gaillard avec une coupe mulet et des grosses lunettes, qui jusque là a fait un travail épatant et qui en plus a l’air de faire des smoothie à la rhubarbe à tomber. Ce qu’il va révéler pendant ce premier épisode, cependant, c’est qu’un jour, une cliente du nom de Mieke a demandé non pas l’un des trois escorts de l’agence, mais ses services à lui… et il a accepté. Il est rongé par la culpabilité, quand bien même ce soir-là il n’a fait que parler avec la cliente, mais voilà, elle a demandé à le revoir, alors, la queue entre les pattes, il vient demander à la fois pardon et une autorisation.
    Cela chamboule pas mal l’équilibre de l’agence…

    Callboys ne se prend pas trop au sérieux, et les situations sont volontairement un peu barges. Parmi les meilleurs moments de cette introduction, mentionnons par exemple le couple qui fait appel à Wes (alors que seule la femme est vraiment partante), la façon dont Jay est convaincu de devoir remonter les bretelles à Miguel (un compétiteur dont les tarifs ne sont pas très éthiques), ou comment se déroulent les aveux de Randy (un type de 2m de haut qui a toujours l’air au bord des larmes). Devon, qui n’a pas inventé le string à couper le beurre, a aussi quelques réactions sympas, même s’il n’a pas vraiment d’intrigue digne de ce nom pour le moment. La série a aussi la bonne idée de mettre en place une ambiance fraternelle qui fonctionne bien. Les personnages sont tous émotionnellement honnêtes les uns avec les autres, n’ont pas de tabous entre eux, et globalement, même si ce n’est pas à 100%, ils ont une meilleure communication que la plupart des amitiés masculines de fiction.
    Pas sûr que ça puisse durer, naturellement. Callboys ne laisse pas oublier qu’il ne s’agit pas d’une série sur une bande de potes, mais sur une entreprise. C’est juste qu’on n’y conduit pas exactement le business as usual !

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Procédure expéditive

    2 novembre 2023 à 21:13 • Review vers le futur •

    – J’espère que vous comprenez de quel genre d’affaire il s’agit. C’est pas comme quand un hooligan a été tué, qu’il a été poignardé. Un membre du Parlement a été assassiné. Merde, c’est pas la même chose.
    – Eh bien, ça devrait être la même chose.
    – Ouais. Ça devrait.

    Grosse ambiance ce soir, alors que je vous propose de parler de Deca zla, une série serbe qui démarre alors que Radovan Kovač, un homme politique respecté (pour un homme politique, en tout cas), chef du principal parti d’opposition, et candidat à une élection qui se déroule dans moins d’un mois, est retrouvé mort à son domicile.
    Le crime est atroce. Le premier épisode de la série nous autorise à y assister, ce qui est fort urbain mais on aurait pu s’en passer : une personne masquée s’est introduite, de nuit, chez Kovač, l’a attaché à son lit en caleçon, puis lui a asséné de nombreux coups de hache. On retrouvera dans la main de la victime un ducat dont le sens est mystérieux.
    Toutefois, Deca zla n’est pas une enquête policière : c’est avant tout un legal drama, et plus largement un thriller politique. Ce mélange de genres en dit long sur l’intention de la série.

    Nikola Bobić est un jeune avocat dont la carrière à Belgrade semble promise à un brillant avenir. Le soir du crime, il donne une conférence devant des élèves de la fac de Droit, une opportunité dont s’est saisie Bojana, une journaliste, pour l’approcher. Tout cela paraît pourtant vite sans importance quand le corps de Radovan Kovač est retrouvé. C’est sa veuve, Mira Kovač, qui a découvert le corps et appelé la police ; c’est une femme un peu âgée qui n’a pas l’air très solide, mais vu les circonstances ça n’a rien de surprenant. Elle apprend à la police une information qui n’était jusque là pas publique : elle était en pleine procédure de divorce avec son mari, et n’habitait déjà plus sur les lieux. Mais, plus important encore, elle explique avoir vu le garde du corps de Kovač, un certain Dragan Pažin, s’enfuir hors de la maison en pleine nuit. Immédiatement, la police ainsi que le bureau de la procureure orientent leur enquête vers Pažin, qui est arrêté quelques heures plus tard.
    Tout le pays prend rapidement conscience de l’ampleur de ce qui se joue ici, et des parallèles malheureux avec une affaire encore fraîche dans les esprits, l’assassinat de Zoran Đinđić. Personne ne veut rouvrir ce genre de plaies, surtout pas à un mois d’une élection importante, et ça n’a pas échappé à la procureure Gordana Ivić. Elle a reçu des instructions claires, y compris du Premier ministre lui-même, pour qu’une inculpation soit prononcée dans les meilleurs délais, et que l’affaire soit jugée dans moins d’un mois, afin d’en limiter l’impact sur l’élection. Ivić a nommé son adjointe Ana Basta, dont c’est le premier dossier de pareille envergure, pour veiller à la tenue rapide de la procédure. La police, principalement personnifiée par l’inspecteur Drobnjak, coopère pleinement pour essayer de rendre l’enquête aussi effective que possible. Chacune a bien conscience de la pression politique et populaire de cette affaire, et le sentiment d’être assise sur une poudrière.

    Pendant une bonne partie de l’épisode, Nikola Bobić se tient à distance du dossier. Comme le reste de la population, il n’en sait que ce que la presse en dit, ce que les conférences de presse en disent, ce que la télévision en dit. Ce que les employées de son cabinet en disent, informellement. Quand le père de Dragan Pažin vient lui demander de représenter son fils, il refuse, même. Quand Ana, qui s’avère être son ex, vient chercher quelques affaires qu’elle avait laissées dans leur appartement, il ne fait montre d’aucun intérêt pour le dossier. Finalement c’est l’annonce du suicide du père de Pažin qui finit par lui faire accepter l’affaire.
    Ce délai de réaction aura permis à Deca zla de nous distiller toutes sortes d’informations, et de prouver son côté ensemble drama en suivant diverses protagonistes dans le mécanisme qui s’est mis en branle.

    Deca zla est l’adaptation pour HBO Max (…parce qu’apparemment ça s’appelle toujours HBO Max en Europe centrale, j’avoue que ça m’avait échappé) d’un roman éponyme de Miodrag Majić. Outre son amour pour la fiction, Majić est d’abord et avant tout un juge à la Cour d’Appel de Belgrade depuis 2010, et un juriste ayant publié plusieurs textes sur le système judiciaire serbe. Il est à peu près certain que Deca zla est, au moins en partie, inspiré par l’affaire Đinđić, non seulement de par la profession de la victime mais aussi parce que cette histoire de ducat semble un peu plus ésotérique que la moyenne. Il est aussi évident que ce que la série (et, je présume sans l’avoir lu, le roman aussi) veulent raconter est au moins autant l’affaire elle-même que son traitement.
    Dans ce premier épisode, la police, le bureau de la procureure, et, hors camera, la sphère politique, s’entendent pour inculper le jeune Pažin aussi vite que possible, quand bien même il n’existe pas grand’chose pour l’accabler. Le témoignage de Mira Kovač, qui dit l’avoir vu courir dans la nuit, est remis en question par une scène ultérieure dans laquelle sa fille, venue depuis l’étranger pour les funérailles, refuse de déjeuner avec elle après la cérémonie parce qu’elle ne veut pas passer du temps avec une « droguée ». Le fait qu’elle soit en pleine procédure de divorce pourrait aussi apporter un peu de doutes, quand bien même elle semble trop fragile pour avoir commis les coups de hache elle-même. On peut aussi légitimement se demander pourquoi Pažin, garde du corps, aurait tué son patron. C’est d’autant plus absurde qu’une semaine plus tôt, il a protégé la vie de Kovač devant des cameras et s’est blessé lui-même en le faisant. Si plusieurs voix notent qu’effectivement, cela semble paradoxal de tuer de façon préméditée quelqu’un qu’on a sauvé quelques jours plus tôt… absolument personne dans cet épisode ne semble relever que ça doit vouloir dire que quelqu’un a attenté à la vie de Kovač, devant cameras, et qu’il a donc d’autres ennemis !

    Mais précisément, plus l’épisode avance, et plus Deca zla démontre que l’enquête, au nom de son importance politique majeure, est baclée quasiment à dessein. De là à dire que Pažin est jeté dans la fosse aux lions pour clore le dossier plus vite, il n’y a pas loin… mais une fois qu’on a posé cette question, jusqu’où aller ? A quel moment les soupçons de procédure expéditive mènent-ils vers une conspiration plus grave ?
    Ce sont ces mécanismes, plus que l’identité du tueur à la hache, que Deca zla veut révéler au grand jour. Le dévoiement des institutions judiciaires pour préserver une paix politique (certes relative) est clairement ce qui intéresse la série, mais elle se méfie, aussi, de sa propre méfiance. Plusieurs protagonistes y avouent dés le premier épisode, en tout cas en privé, être inquiètes des retombées auprès du public. Rien n’indique qu’il faille y voir la main invisible de commanditaires mal intentionnées.
    C’est cette motivation que le premier épisode interroge : on peut dévoyer le système en voulant bien faire, au moins autant qu’on peut le faire avec de mauvaises intentions. De l’un à l’autre, en définitive, il n’y a pas loin.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • I would love nothing more than to be wrong

    1 novembre 2023 à 18:59 • Review vers le futur •

    Il n’est rien de pire que de ne pas avoir de certitude sur quelque chose d’atroce. Est-il possible de l’avoir imaginé ? Est-il possible de l’avoir mal interprété ? Mais dans ce cas, pourquoi est-ce si difficile à oublier ? Pourquoi l’esprit semble-t-il trouver toujours plus de prétextes pour revivre l’insupportable ? Et que faire de tout ce qui nous dit, tout ce qui nous hurle que ça s’est produit ? Se pourrait-il que ces souvenirs soient faussés ? Ne serait-il pas plus confortable d’être de l’avis de tout le monde et de mettre ça de côté ? Si seulement c’était possible…
    Voilà 5 ans que Penny se torture avec ces questions. Des années passées à ressasser quelque chose qu’elle a vu, ou… ou peut-être qu’elle a cru le voir. Il y a, cependant, quelque chose dont elle peut être certaine : en parlant de ce qu’elle a sincèrement cru être arrivé, elle a complètement saccagé sa propre vie. Avec un prix pareil déjà payé de longue date, pas étonnant que Penny campe sur ses positions. Elle a trop investi dans cette vérité.

    Trigger warning : agression sexuelle sur mineur (point d’interrogation ?), PTSD.

    After the Party est une saisissante série néo-zélandaise qui a démarré fin octobre, et qui mérite d’être vue. Mais qui est difficile à regarder. Plus qu’une série sur un crime sordide, c’est une série sur les certitudes, les incertitudes, et combien la ligne peut être fine entre les deux. Et c’est aussi un magnifique portrait d’une femme dans la cinquantaine, au passage.

    C’est sûrement la raison pour laquelle, comme son titre l’indique, After the Party n’est que modérément intéressée par les faits. Certes, les souvenirs (ou plutôt les flashbacks) de Penny nous sont relatés dans quelques scènes de cet épisode inaugural, retraçant lentement la soirée d’anniversaire de Phil, le mari de Penny, 5 années plus tôt. Ce soir-là, toutes leurs connaissances étaient réunies dans leur grande maison, avec Grace, leur fille unique alors âgée de 15 ans, et Joy, la mère de Penny. La musique était forte, les convives joyeuses, et l’alcool abondant. Une fête d’anniversaire comme beaucoup d’autres… au moins au début. After the Party ne veut pas vous révéler, ni même vous faire deviner, ce qu’il s’y est réellement passé. Il n’y aura pas d’enquête même informelle, pas de révélation incroyable ; on n’est pas dans Doctor Foster ou je ne sais pas quoi. A la place, le doute subsiste. Il persiste, même, obstinément.
    Et pourtant, Penny était sûre d’elle quand elle a accusé Phil du pire. Il fallait bien ; on n’énonce pas pareils propos sans en être convaincue. Avec le temps, toutefois, les choses se sont compliquées.

    Cela fait donc 5 ans et toute la communauté a repris le cours de sa vie. Beaucoup de gens, dans l’entourage amical de Phil, mais aussi professionnel, n’ont jamais cru Penny, et il est devenu encore plus facile de l’ignorer à mesure que le temps a passé. Elle s’est retrouvée, à son tour, accusée d’avoir tenté de ruiner la vie de cet homme. Comme chacune sait, les fausses accusations ruinent des vies, et voilà précisément que Phil revient en ville au bout de 5 ans, et que tout le monde ou presque se rallie autour de lui pour lui souhaiter la bienvenue. Penny, elle, est horrifiée. D’autant plus que même sa fille Grace ne l’a pas prévenue de ce retour, et en semble même ravie. Il faut dire qu’en 5 ans, la relation entre la mère et la fille s’est largement détériorée ; Grace et son très jeune fils Walt vivent maintenant avec Joy, dans une toute petite maison en ville… ou plutôt vivaient, car dans ce premier épisode, Joy entre en maison de retraite, ce qui les oblige à déménager. Cela n’arrange rien.
    Isolée, avec seulement une poignée de personnes pour se ranger encore à ses côtés, Penny est accablée. After the Party se focalise sur sa réaction vis-à-vis du retour de Phil, de la distance qui s’ajoute entre elle et Grace, de son lien avec Walt qui semble menacé… Toute sa vie a été déchiquetée voilà 5 ans et pourtant elle semble sur le point de perdre plus encore. Et, surtout, elle y perd sa santé mentale. Si elle parvient (pour le moment ?) toujours à assurer ses cours de sciences au lycée, une fois qu’elle n’est plus devant ses élèves, elle flanche complètement. Est-elle encore capable de se ressaisir, ou la descente aux Enfers est-elle inexorable ?

    Dans la vraie vie, on ne sait pas toujours ce qu’il en est. L’ambiguïté est parfaitement intenable. La solution d’ignorer des choses que pourtant on a vécues n’en est pas une, mais comment gérer ce que l’on n’est pas tout-à-fait sûre d’avoir vécu ? C’est une autre paire de manche. Il faut, parfois, décider de la nature de ce qu’on a vu, consciemment décider d’écarter une partie des informations pour pouvoir sortir de l’ambiguïté et enfin être en paix avec soi-même. Dans quelque direction qu’il se fasse, ce choix a des conséquences. Car si elle avait décidé d’adhérer à la même version des faits que la plupart des gens qu’elle connait, peut-être Penny serait-elle encore en couple avec Phil, peut-être que Grace lui adresserait encore la parole, peut-être, peut-être, peut-être… mais il est aussi très probable qu’elle se rongerait autant les sangs à essayer de vivre en paix avec elle-même, surtout quand on sait son sens de la Justice si aiguisé. En fait, à partir du moment où elle a poussé la porte de sa chambre d’amis, il n’y avait probablement aucune issue positive aux événements.
    Penny est une femme intelligente, passionnée, engagée, et… pourtant tellement vulnérable, parce qu’elle est à la fois certaine d’avoir pris la bonne décision, et qu’elle peut en même temps constater chaque jour à quel point les retombées lui sont douloureuses. Il n’y aura probablement jamais de réponse et c’est avec cela qu’il faut vivre : la réponse qu’on a décidé de croire. Envers et contre tout.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Take Five Dix

    31 octobre 2023 à 21:29 • Take Five •

    On ne peut pas dire que vous avez manqué de lecture, ces dernières semaines ! J’ai fait mon possible pour vous parler de plein de séries d’horizons différents et… devinez quoi ? Il m’en reste. Je vous le mets ? Bah écoutez, ça tombe bien, c’est ce à quoi servent les articles Take Five !
    Voici donc 5 séries que j’ai vues ce mois-ci et qui n’ont pas eu droit à leur propre review de « pilote« . Pour certains, vous allez vite découvrir que ce n’est pas passé loin : j’ai eu des choses à en dire, c’est simplement que j’ai manqué de temps (ou parfois, d’énergie) pour les aborder. L’une de ces séries peut aussi, si le reste de sa saison est à la hauteur, potentiellement décrocher une review plus longue d’ici quelques temps. Bref, il y a toujours plein de raisons pour lesquelles le Take Five est salvateur. Je vous laisse faire votre marché dans les reviews d’octobre, vous y trouverez peut-être une perle à découvrir vous-même… ou pour laquelle faire du lobby dans l’espoir que je lui consacre un peu plus que quelques paragraphes.

    66-5 (2023)

    L’autre série de Canal+ cet automne, c’était 66-5, qui a moins fait parler d’elle… et à mon sens c’est une erreur. Pour grossir le trait, 66-5 c’est The Good Wife si The Good Wife avait eu l’ombre d’une conscience de classe. Le premier épisode est déjà plein à craquer d’enjeux, et laisse plus qu’entendre quelque chose d’encore plus complexe pour les suivants. L’héroïne de la série est Roxane Bauer, une jeune avocate encore verte, qui exerce au sein d’un prestigieux cabinet parisien. Le cabinet Bauer, cependant, est celui de son beau-père, et elle y travaille aux côtés de son mari, Samuel ; ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas compétente, mais elle n’y est, en tout cas, pas juste à cause de ses qualités professionnelles. Lorsque Samuel est accusé de viol par une ancienne stagiaire, tout s’écroule… et les Bauer ont tôt fait de l’écarter afin de minimiser autant que possible les dégâts en matière d’image publique. Coïncidence scénaristique, Roxane est alors appelée dans sa ville natale de Bobigny pour des affaires familiales, mais ce faisant, croise la route de son amie d’enfance qui lui demande d’aider son compagnon ; celui-ci, en prison, voit son cas aggravé suite à une bête histoire de parloir. N’ayant pas grand’chose à faire, et se sentant obligée de rendre service à cette amie, voilà donc Roxane qui se retrouve, pour la première fois, à plaider… bien loin des procès auxquels elle se destinait initialement dans son cabinet parisien.
    66-5 n’en a pas fini. La série veut aussi établir d’autres choses, comme les relations tendues de Roxane avec non seulement sa belle-famille mais aussi sa propre famille. Par petites touches, l’épisode met en lumière, en tout cas en partie, les raisons pour lesquelles la jeune femme a fait son possible pour prendre de la distance. Mais en filigrane, et c’est probablement ce qui sera le plus instrumental dans les développements ultérieurs de l’intrigue, 66-5 veut aussi raconter les toutes premières interactions de Roxane avec la Justice… lorsqu’elle était adolescente. Il y a un mille-feuilles de choses qui se trament ici, et tout cela est délivré sans lourdeur (hors celles inhérentes à un épisode d’exposition qui a besoin de faire tout ça de façon pédagogique tout en délivrant une intrigue judiciaire). Le portrait se dessine lentement de Roxane, une femme pétrie de contradictions et pourtant relativement cohérente avec elle-même, qui, comme le veut l’expression de circonstance, « n’a pas oublié d’où elle vient » mais déterminée à ne pas revenir en arrière. Pas de chance pour elle, elle va quand même le faire, réexaminer le passé, et peut-être même se confronter à son premier amour sous un jour nouveau. Les tourments qui entourent Samuel ne plaident pas pour autre chose. 66-5 est solide, son aspect legal drama tient la route parce qu’il repose sur une exploration des recoins les moins flatteurs du monde judiciaire plutôt que sur des effets rhétoriques, et le portrait qui s’annonce de son héroïne tient pour le moment plutôt bien la route. Le genre de série qui ne peut que bénéficier de se voir allouer un peu de temps pour prendre en maturité ; ce que France2 n’a pas fait pour Le Code (ni oubli, ni pardon), j’espère que Canal+ le fera pour 66-5. Ah, ça, on fait moins le buzz qu’une enquête à la David Simon, mais c’est pas une raison.

    Inspirez Expirez (2023)

    Deux connaissances qui ne s’apprécient pas énormément l’une l’autre se retrouvent embarquées de force par leurs amies communes dans une retraite de yoga au fond des bois. Inspirez Expirez n’est, cependant, pas qu’une comédie sur ce tandem que tout sépare (quoique notez bien, elle l’est aussi), mais avant tout un thriller se déroulant dans un huis clos atypique. Car dans la retraite exclusivement féminine où les deux héroïnes se retrouvent, à peu près toutes les femmes ont une raison de se tenir à distance des hommes… et justement, l’épisode démarre alors que le cadavre d’un homme a été retrouvé !
    La police interroge donc tout le monde, et c’est l’occasion pour Inspirez Expirez de nous expliquer un peu mieux le contexte. Rien de révolutionnaire dans cette structure, mais ça fonctionne, parce que déjà c’est une comédie, et surtout parce qu’on a tout de suite la sensation de pénétrer dans un Agatha Christie ayurvédique. Personnellement, je ne suis pas captivée par ce genre de série, mais il faut admettre que ça change des cozy mysteries qui à ce stade se ressemblent tous (de par leur nombre, principalement). Je ne sais pas trop pourquoi, mais ça m’a aussi un peu rappelé Série noire. Peut-être plus par association d’idées que parce qu’il y a réellement une parenté… En tout cas, si vous avez épuisé votre réserve d’épisodes d’Only Murders in the Building, c’est clairement par ici qu’il vous faut recentrer votre attention.

    Jiu Yi Ren (2023)

    Ce qui avait commencé comme un banal test d’un premier épisode de série parmi tant d’autres pourrait bien se transformer en l’un de mes visionnages automnaux. Et pour une fois, c’est même pas la faute du poster. Jiu Yu Ren (ou Faithful de son titre international) est une série qui commence humblement en s’intéressant à Lin Ru Lan, une jeune fille qui a rejoint le palais impérial en tant qu’apprentie brodeuse. Avec son amie Meng Wan, un peu plus âgée qu’elle, elle vit un quotidien rempli de fils de soie au sein de l’atelier mené par un certain Wu Lian, Maître-brodeur employé par la puissante Madame Ning, l’une des concubines de l’Empereur. Même si sa vie n’est pas très excitante au regard des activités de la cour impériale, Ru Lan est relativement heureuse ; elle admire, en outre, le talent et la douceur du Maître Wu, un homme au tempérament calme que toutes les brodeuses adorent de loin. Tout bascule cependant lorsqu’une autre apprentie brodeuse décède dans des circonstances suspectes, qui intriguent toutes les apprenties, mais surtout Ru Lan. Jusque là rien d’incroyable, c’est même assez similaire au démarrage de l’intrigue de Yanxi Gonglue.
    Ru Lan commence ce qui ne peut qu’être qualifié d’enquête informelle, ce que la série a le bon sens de ne pas traiter comme un ersatz de série policière, et dépeint au contraire comme une réaction naturelle pour une jeune fille sensible et menant une vie autrement très banale. De nature naïve et ingénue, mais curieuse et têtue, Ru Lan commence à se poser des questions, à défaut d’être dans une position qui lui autorise à en poser. Wan l’avertit de ne pas s’en mêler, mais c’est trop tard ! Ru Lan a commencé à entendre des « témoins », recouper des « données », relever des « preuves »… Jiu Yu Ren ne les présente pas explicitement comme telles, mais sans aucun doute possible, l’investigation bat son plein. Sauf que, là où ce premier épisode de Jiu Yu Ren fait vraiment un travail épatant, c’est dans sa chronique d’une innocence perdue. Cette enquête n’a pas pour but de simplement comprendre comme une brodeuse est tombée en pleine nuit au fond d’un puits. Cette enquête révèle une toute autre question, plus pertinente, plus complexe, plus intime aussi. Et vu les liens entre l’atelier de broderie et le reste de la cour impériale, ainsi que la rapidité avec laquelle certaines révélations sont faites dans ce premier épisode, on imagine aisément comment les implications pourraient nous mener très loin dans une série de deux douzaines d’épisodes. Jiu Yi Ren marque ici un très bon début qui augure d’excellentes choses pour la suite de son intrigue, grâce à une capacité à élargir son focus avec tact et les apparences de la légèreté. Non, vraiment, vraie bonne surprise de ce mois écoulé.

    Trigger warning : tentative de suicide.

    Motel Valkirias (2023)

    Trois femmes se trouvent à la frontière entre le Portugal et la Galicie, au même moment, dans la même chambre d’un motel pourri. Trois femmes dont la vie semblait sans espoir, sans personne sur qui compter. Trois femmes qui ne se connaissaient même pas quelques jours plus tôt. Trois femmes qui se trouvent soudainement au-dessus du cadavre d’un homme. L’exposition de Motel Valkirias est lente, et ça lui va bien. La série se dit ouvertement inspirée par les westerns, et ce sera peut-être vrai par la suite, mais elle m’a pour le moment plutôt évoqué une approche Southern gothic. Dans tous les cas, l’ambiance est impeccable, rien à redire. L’intrigue est, par conséquent, un peu moins intéressante pour le moment, et pour en arriver au cadavre, il faudra trois quarts d’heure de patience.
    L’épisode a en plus l’intention d’introduire ces protagonistes très progressivement, commençant par Lucía, la chanteuse qui travaille dans un club de strip tease tout en élevant sa fille. Son ex, profondément jaloux, essaie de lui en retirer la garde, mais pas spécialement par affection pour la petite, juste à des fins de contrôle. Alors Lucía s’enfuit en pleine nuit, sa gamine sur la banquette arrière, et échoue dans cet hôtel quasiment désaffecté, le sus-mentionné Motel Valkirias. Celui-ci est tenu par Carolina, une vieille femme sur la paille qui est à deux doigts de perdre l’établissement, lequel est couvert de dettes. On comprend grâce à un échange qu’elle a perdu sa fille, qui a disparu il y a longtemps maintenant et dont elle continue d’espérer qu’elle réapparaîtra un jour. Le motel est son phare, et elle veut le garder à tout prix. Absolument tout prix. Quant à Eva, l’actrice dont la carrière est en train de flancher, elle est ce jour-là convoquée par son maître-chanteur dans une des chambres ; il lui réclame, une nouvelle fois, de l’argent qu’elle n’a pas. Désespérée, elle ne semble avoir plus rien à quoi s’accrocher…
    Quel rôle vient cet homme jouer, pour qu’il devienne bientôt un cadavre ? Je m’en voudrais de trahir le suspense, mais cette histoire dépasse, en tout cas, et de loin, les murs de ce motel. Et augure d’une dramédie un peu folle qui va sûrement créer encore plus de problèmes à ces trois femmes avant qu’elles n’aient le moindre espoir de régler ceux qu’elles avaient déjà ! Co-production entre le Portugal et la Galacie, Motel Valkirias n’est pas la série la plus originale qu’il m’ait été donné de voir, mais ses intentions sont ailleurs, et ça fonctionne plutôt bien.

    Red Dwarf (1988)

    Je suis bien consciente que ça n’en a pas toujours l’air, mais je regarde aussi des séries plus anciennes, pour ma culture. En l’occurrence, je n’avais jamais jeté un œil à Red Dwarf, alors qu’il s’agit d’une série de science-fiction qui, bon an mal an, existe au total depuis 35 années. C’est pas Doctor Who, mais ce n’est quand même pas rien. Étant en outre peu versée en comédies britanniques (dont je partage rarement le style humoristique), Red Dwarf constituait pour moi un gros angle mort. Et donc, voilà comment on en est arrivées là ce mois-ci.
    Le premier épisode (non sans ironie nommé « The End ») est celui plutôt d’un sitcom se déroulant dans un milieu professionnel que d’une série de SF pur jus ; on y suit Dave Lister, un tir-au-flanc jovial qui a de grands rêves et une petite motivation à les réaliser. Il travaille sur un navire minier appelé le Red Dwarf, et j’emploie vraiment le terme « travaille » de façon très généreuse ici. Naturellement, il partage sa chambre avec un employé qui est tout son contraire : Arnold Judas Rimmer, un technicien ambitieux mais qui hélas, malgré tous ses efforts et son attitude de premier de la classe, n’arrive jamais à s’élever. Cela s’illustre dans ce premier épisode lorsque Rimmer tente de passer le concours d’ingénieur, et qu’en plus d’être un piètre tricheur, il s’évanouit dans la salle d’examen. Bref, ils sont tous les deux aussi nuls l’un que l’autre. A la suite d’une énième bévue, puisque Lister cache un chat domestique sur le vaisseau mais qu’il est suffisamment con pour se prendre en photo et la faire développer au labo du Red Dwarf, notre héros est envoyé en stase punitive pour 18 mois sans paie… et se réveille environ 3 millions d’années plus tard. C’est que, pendant son sommeil, la totalité de l’équipage a péri. Totalité ? Non, pas exactement : Rimmer a été ressuscité sous la forme d’un hologramme.
    Le premier épisode de Red Dwarf m’a semblé un peu lent, probablement en grande partie parce que je connaissais déjà l’incident initiateur qui allait conduire au funeste destin de l’équipage du navire, et que ceci ne se produit que vers la toute fin de l’épisode. Le reste est, comme je vous le disais, plutôt une workplace comedy, insistant sur les attitudes opposées des deux personnages centraux. La dynamique fonctionne relativement bien (et Lister, faute d’être intelligent, et au moins grandement sympathique). Si vous répondez bien aux petites piques que s’envoient deux protagonistes parfaitement stupides, mais chacun à sa façon, ce pourrait bien être votre genre d’humour. Je suis en revanche un peu surprise que des personnages que je tenais pour acquis à force de voir des photos de la série… ne figurent pas du tout dans cette introduction ; mais vous voyez, c’est typiquement le genre de raisons pour lesquelles il fallait quand même que je jette un oeil à cet épisode un jour où l’autre.
    Il importe finalement assez peu que Red Dwarf soit de la science-fiction. Cela semble relever plus du prétexte que d’autre chose, et je ne suis pas absolument convaincue de la « nécessité » de ce cadre pour raconter ce que ce premier épisode laisse entrevoir de la série. Mais eh, qui suis-je pour discuter la recette d’une série qui est presque aussi vieille que moi ?

    Un panorama plutôt hétéroclite ce mois-ci, comme vous le voyez ! Mais assez parlé de moi : j’ai envie de savoir ce que VOUS avez regardé au mois d’octobre…

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
« 1 … 8 9 10 11 12 … 684 »

Fun facts

  • Fun fact final du dimanche 23 septembre 2018 - 2018-09-23

  • Fun fact du samedi 22 septembre 2018 - 2018-09-22

  • Fun fact du vendredi 21 septembre 2018 - 2018-09-21

  • Fun fact du jeudi 20 septembre 2018 - 2018-09-20

  • Fun fact du mercredi 19 septembre 2018 - 2018-09-19

  • Fun fact du mardi 18 septembre 2018 - 2018-09-18

  • Emmy fun fact du lundi 17 septembre 2018 - 2018-09-17

  • Emmy fun fact du dimanche 16 septembre 2018 - 2018-09-16

  • Emmy fun fact du samedi 15 septembre 2018 - 2018-09-15

  • Emmy fun fact du vendredi 14 septembre 2018 - 2018-09-14

  • Emmy fun fact du jeudi 13 septembre 2018 - 2018-09-13

  • Emmy fun fact du mercredi 12 septembre 2018 - 2018-09-12

  • Emmy fun fact du mardi 11 septembre 2018 - 2018-09-11

  • Emmy fun fact du lundi 10 septembre 2018 - 2018-09-10

  • Fun fact du dimanche 9 septembre 2018 - 2018-09-09

  • Fun fact du samedi 8 septembre 2018 - 2018-09-08

  • Fun fact du vendredi 7 septembre 2018 - 2018-09-07

  • Fun fact du jeudi 6 septembre 2018 - 2018-09-06

Voir plus d'articles +

ladytherapy

  • 4 juillet 2018 à 2:04 • par ladyteruki •

    Silence

    Peut-être avez-vous remarqué que mon compte Twitter a été désactivé pendant la nuit. Cela vous a peut-être alarmé,...

  • 24 octobre 2016 à 23:02 • par ladyteruki •

    Say you’ll be there

    Maltraitée lorsqu’elle était jeune, frappée plusieurs fois par la maladie, anxieuse au point de se faire du mal…...

  • 16 mai 2016 à 14:17 • par ladyteruki •

    The flesh-eating monster

    En janvier dernier, ma généraliste n’était pas disponible ; je suis donc allée voir sa collègue, dans le bureau...

Voir plus d'articles +

Dirty Sexy Money

Kofi-Banner-650 Plus de 6800 articles publiés, plus de 9500 séries abordées, plus de 120 pays différents explorés, et 17 ans de bons et loyaux services... si vous aimez ce que vous lisez, pourquoi ne pas envisager un petit don ? Surtout que ladyteruki.com est une expérience libre de toute publicité.

Note : ladyteruki.com emploie depuis 2021 le féminin générique.

Episodes précédents

  • Non.
  • [Day 16] C’est malin, maintenant j’ai faim
  • C’est pas que je ne veux point, c’est que je ne peux point
  • What’s up down under ?
  • Pépite

Suivez-moi

Retrouvez-moi sur Mastodon.

Écrans d’Asie

PaypalButton-300 Le répertoire Écrans d'Asie recense toutes les reviews de séries et films asiatiques francophones, courez-y !

Articles par jour

mai 2025
L M M J V S D
 1234
567891011
12131415161718
19202122232425
262728293031  
« Juin    

Articles par mois

Tags les plus populaires

Oz Pushing Daisies [Année] 2012 [Année] 2015 [Année] 2016 [Année] 2021 [Pays] Afrique du Sud [Pays] Allemagne [Pays] Australie [Pays] Brésil [Pays] Canada [Pays] Canada (Québec) [Pays] Corée du Sud [Pays] Danemark [Pays] Espagne [Pays] France [Pays] Japon [Pays] Norvège [Pays] Royaume-Uni [Pays] Suède [Pays] USA [Various] Review - Pilote [Various] Review - Saison [Various] Review - Série complète [Various] Tivistory
Accéder à tous les tags

Tell me a Tivistory…

Tivistory-300 Les séries du monde entier piquent votre curiosité ? Tant mieux, à moi aussi ! Alors rendez-vous dans le tag Tivistory. Où je vous donne plein de dates, et de repères, et de titres de vieilles séries... pour vous expliquer, en substance, que la télévision a toujours été passionnante, partout.

Dirty Sexy Money

Kofi-Banner-650 Plus de 6800 articles publiés, plus de 9500 séries abordées, plus de 120 pays différents explorés, et 17 ans de bons et loyaux services... si vous aimez ce que vous lisez, pourquoi ne pas envisager un petit don ? Surtout que ladyteruki.com est une expérience libre de toute publicité.

Retrouvez-moi aussi sur Mastodon.


Pour en savoir plus sur ce site et les univers à découvrir, rendez-vous sur la page
A propos !

Bienvenue sur ladyteruki.com ! …Mais qu’est-ce que c’est ?

Depuis 2004, j’écris sur la télévision, la musique notamment asiatique, les coulisses des cabinets ministériels, l'actualité, et mille autres choses encore. Désormais tous mes articles sont disponibles sur un seul site.

A vous de voir dans quel univers vous voulez entrer, il vous suffit de choisir le thème qui vous intéresse ! Le plus alimenté et fréquenté est ladytelephagy, dédié à la télévision du monde entier, son histoire et ses découvertes...

ladyteruki © 2025

Design Alex Arzuman | Site développé par Florian Perrier