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  • Procès en sorcellerie

    13 mai 2024 à 21:02 • Review vers le futur •

    Dans cet immeuble de bureaux cossu, la journée, travaillent des personnes très importantes. La nuit, le personnel d’entretien se fait en revanche invisible, à un tel point que la compagnie à qui le ménage est sous-traité dans ces locaux s’appelle « Discrètes » ! Mais, s’il n’est plus à prouver que les gens les plus puissants ont le pouvoir de détruire autrui, peut-être faudrait-il aussi se méfier du pouvoir de nuisance de ces travailleuses de l’ombre…
    C’est, en partie, la thèse de Discrètes, une série québécoise de la plateforme ICI TOUT.TV qui commence par l’aggression sexuelle d’une employée de ménage par un avocat.

    Discrètes est le genre de série devant laquelle il faut absolument faire des pauses, et qu’on a pourtant envie de dévorer d’un trait. Ses épisodes sont courts (environ un quart d’heure chacun), et la saison n’est pas bien longue non plus, ne faisant qu’ajouter à la tentation de regarder l’intégralité en une soirée seulement. Si c’est le cas, autant vous prévenir : ce sera une soirée éprouvante.

    Trigger warning : aggression sexuelle et viol, pornographie sans consentement, auto-mutilation, suicide.

    Je suis la seule à avoir l’impression que 90% de mes reviews ces derniers temps impliquent des trigger warnings ?! Recommandez-moi des trucs légers, par pitié.

    Tout commence pendant un pot dans les bureaux du cabinet Fichaud, un soir. Macha et Gaby, les deux agentes d’entretien de Discrètes, ont une attitude radicalement différente pendant cette soirée : Macha s’occupe, loin du tumulte, du ménage dans les bureaux à un autre étage, tandis que Gaby s’incruste à la soirée, et boit même quelques fonds de verre tout en gardant un oeil sur un séduisant avocat, Jarvis. Par la stagiaire Brittany, qu’elle connaît depuis le lycée, Gaby apprend que le cabinet fête l’obtention d’un nouveau client : le chef Colin Brault, qui est poursuivi pour aggression sexuelle par une jeune star de Big Brother, Océanne Germain. Jarvis va seconder Benoît Fichaud sur ce dossier, une opportunité de carrière inouïe vu la notoriété des deux personnalités. Gaby est clairement plus préoccupée par les potins que par son boulot, ce qui excède visiblement Macha. Celle-ci n’est pourtant pas entièrement accaparée par son travail : lorsqu’elle était à l’étage, elle a déposé un livre, ainsi qu’un mot signé de rouge à lèvres, sur un bureau…

    Ces faits innocents vont prendre beaucoup d’importance lorsque l’on comprend que l’occupant du bureau dans lequel Macha a laissé quelques mots taquins et la trace de ses lèvres appartient à Manuel, un avocat moins séduisant et moins en vue, avec lequel elle procède à des échanges littéraires depuis plusieurs mois. Lorsque celui-ci arrive dans son bureau en milieu de soirée, toutefois, elle n’ose pas le confronter et se cache sous un bureau… conduisant à une atroce méprise. Manuel pense que c’est Gaby qui secrètement lui laisse des notes ; il commence à lui faire des avances, dont elle ne comprend, évidemment, pas tout de suite l’origine ni l’ampleur. Hélas, quand elle réalise ce qu’il a en tête, il est déjà trop tard : il n’écoute pas ses protestations et tente de la violer sur le bureau de la réception. Initialement pétrifiée, Macha intervient au dernier moment et poursuit Manuel hors des bureaux, ce qui donne à l’avocat l’opportunité de l’identifier.
    A partir de là, que faire ?

    Ne vous laissez pas duper par la brièveté de cette saison : Discrètes a beaucoup de choses à dire, et au moins autant de nuances délicates à explorer. Cela tient notamment aux tempéraments opposés de ses deux héroïnes : Macha, qui est une féministe pure et dure (quand elle n’est pas au boulot, elle prépare un mémoire sur le sujet), est immédiatement outrée ; Gaby, elle, un peu plus jeune ou en tout cas un peu moins mature et politisée, veut surtout tourner la page. Si, dans les heures qui suivent les événements, elles prennent au départ le parti de se bourrer la gueule et concevoir un plan de vengeance qui leur fait du bien à imaginer, une fois sobres il n’est cependant pas question de passer à l’action.
    Discrètes, qui s’inscrit dans la lignée de séries comme l’américaine Sweet/Vicious ou l’espagnole Yrreal, questionne plus ou moins directement ce qu’il est réellement possible de faire après une aggression sexuelle. Il y a ce que l’on souhaite d’une part, et il y a ce qui est faisable d’autre part… Que peuvent réellement faire les femmes quand dés le départ, l’origine du problème tient dans le fait que c’est un déséquilibre de pouvoir qui a conduit à être victimisée ? Si l’on est réaliste, il n’y a pas grand’chose à faire, surtout quand le salaire et donc la survie dépendent de notre réaction. Pourtant, impossible d’oublier, bien-sûr, ce qui s’est passé.
    C’est d’autant plus vrai que pendant ce temps, en toile de fond, le dossier Colin Brault/Océanne Germain se poursuit, comme faisant écho à ce qui préoccupe Macha et Gaby. L’affaire, qui fait grand bruit dans les médias, préoccupe tout naturellement le cabinet Fichaud qui représente l’une des parties… Par la force des événements, c’est en effet Manuel qui finalement va assister l’avocat principal Benoît Fichaud sur ce dossier. Et en même temps, cela ne tombe-t-il pas sous le sens qu’un type comme lui représente un homme accusé de violences sexuelles ? Macha et Gaby peuvent ainsi constater par elles-mêmes les effets d’une révélation au grand jour d’accusations contre un homme puissant… ce qui n’a pour effet, bien-sûr, que de créer des conflits supplémentaires.
    Au fil des jours, celles qui n’étaient que des collègues (même pas vraiment proches) vont donc se souder autour de l’aggression. Mais si leur amitié, elle, est bien née ce jour-là, par solidarité dans la peur et l’effroi, en revanche les deux jeunes femmes, elles, ont déjà une longue histoire individuelle, qui se mêle à tout cela. Comment obtenir justice face à un aggresseur ? Plus encore lorsqu’il est avocat ? Macha et Gaby sont-elles vouées à être impuissantes, de par leur condition de femmes mais aussi leur condition sociale ? Discrètes présente tout cela par le prisme d’une aventure un peu chaotique, parfois légèrement absurde, mais qu’on ne se trompe pas sur la portée de son constat.

    Discrètes met un point d’honneur à montrer des protagonistes complexes, tiraillées, meurtries par bien plus que les événements d’une seule soirée. Toutes sortes de ramifications expliquent leurs réactions et leur décisions, ainsi que de nombreuses références à la littérature féministe (Discrètes a éminemment été influencée par Mona Chollet, notamment ; d’ailleurs le générique est un double-hommage vraiment bien pensé !). Je ne veux certainement pas tout vous révéler, mais il y a des choses très fines que parvient à saisir Discrètes sur la sororité, le continuum de violences, l’état de la société post-#MeToo, le backlash anti-féministe et bien plus. C’est vraiment impressionnant pour une série aussi courte, et aussi capable, dans le même temps, de s’arrêter sur la psychologie de ses héroïnes ainsi que leurs émotions. A ce niveau-là, c’est la… sorcellerie.
    A la fin de ces quelques épisodes, j’avais envie de pleurer, de hurler, de serrer Juliette Gosselin (co-créatrice, co-réalisatrice, et interprète de Macha, et déjà au générique de Désobéïr l’an dernier) dans mes bras… et, surtout, d’enfiler mon chapeau le plus pointu.


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  • Et les gens vont écouter ça ?

    11 mai 2024 à 11:17 • Review vers le futur •

    Est-ce que les podcasts true crime sont toujours aussi populaires ? Je n’en ai jamais vraiment écouté, donc j’en sais rien ; c’est juste que je commence à avoir l’impression qu’il y a plus de séries prétendant que c’est une industrie significative, que de véritables podcasts de ce genre trouvant un succès mainstream. Je peux me tromper, hein, mais des phénomènes de l’ampleur de The Case Against Adnan Syed, par exemple, il ne me semble plus y en avoir beaucoup.
    En tout cas, c’est assez bon pour offrir un cadre narratif à une dramédie. Et si le côté new-yorkais d’Only Murders in the Building n’est pas pour vous, Netflix a trouvé la solution avec Bodkin, une série qui vient de démarrer et qui suit une journaliste, un podcasteur et leur assistante, se lançant sur la piste d’un mystère et surtout d’un sujet d’émission dans les vallées irlandaises.

    Trigger warning : suicide.

    La journaliste Dove est contrainte de quitter Londres dans l’urgence : son implication dans une affaire d’envergure qui a conduit au suicide d’un lanceur d’alerte (lequel lui servait de source, et c’est d’ailleurs elle qui a découvert le corps) embarrasse la rédaction de son journal. Lui est alors intimé l’ordre de partir pour l’Irlande avec Gilbert, un podcasteur américain, et Emmy, leur assistante de recherche anglaise, pour aller enquêter sur une disparition vieille de plus de deux décennies dans un petit village de la côte. Village qui s’appelle Bodkin, donc.
    Officiellement, le rôle de Dove est d’assurer la caution journalistique du podcast, et d’enquêter de façon indépendante sur l’affaire. Officieusement, par contre, c’est autre chose.

    Dove, qui est d’origine irlandaise, n’a aucune envie de retourner sur sa terre natale. Mais plus encore, elle méprise le genre du podcast, et se considère (pas franchement à tort !) mise au placard. Les conditions sont donc parfaitement réunies pour qu’elle accompagne cette aventure dans la joie et la bonne humeur…
    Après la délicieuse mais morbide Obituary, l’actrice Siobhán Cullen revient à ce qu’elle maîtrise clairement : le journalisme, et l’antipathie. Toutefois, le premier épisode de Bodkin est aussi intéressé par sa connaissance de l’âme humaine, sa capacité d’observation, son don de recoupement ; autant de qualités qui séparent bien ce personnage du précédent. Dés le départ, Dove n’est pas du tout intéressée par l’enquête au coeur du podcast. D’ailleurs, elle a le sentiment de servir plus souvent de conseillère culturelle que de journaliste à ses deux collègues.
    Sauf qu’à sa plus grande surprise, Dove est là contre sa volonté, mais sa curiosité va rapidement être piquée…

    …Sauf que ce n’est pas du tout par le mystère qui concerne le podcast. En fait, Bodkin est particulièrement taquine : elle affiche un manque d’intérêt patent pour l’affaire au centre de son podcast fictif. Elle mettra même ces paroles dans la bouche d’une protagoniste : « Are you doing that thing where you say it’s about one thing, but it’s actually about something else ?« . Et il me semble très clair que c’est tout justement ce qu’amorce cette introduction.
    De l’affaire sur laquelle porte le podcast de Gilbert, personne n’a rien à dire. Il y a vingt cinq ans, à l’occasion du festival de Samhain, une femme, un homme, et un enfant ont disparu. On sait très peu de choses sur la femme, quasiment rien sur l’homme, et moins que ça sur l’enfant ; tout ce qui est certain, c’est qu’il n’y avait pas de lien familial entre ces personnes. Le problème c’est que ces trois disparues ne semblent manquer à personne, surtout un quart de siècle plus tard. Et que les rares habitantes qui se souviennent de l’affaire soit ont chacune une théorie farfelue à son sujet, soit n’ont pas envie d’en parler. D’ailleurs, unanimement, chaque personne irlandaise à qui Gilbert parle du podcast a pour réaction initiale : « And people will listen to that, will they ?« . A prononcer avec un accent… ainsi qu’une forme d’incrédulité flirtant avec le sarcasme.
    Il est très vite clair que l’enquête du podcast va pas mal piétiner, à plus forte raison parce que Dove a trouvé une piste pour une autre affaire, et qu’elle se met rapidement à enquêter sur celle-ci en se basant sur son intuition.

    Bodkin traverse donc ce petit village de campagne, s’installe dans ses pubs, s’assied dans ses vieilles maisons, sans vraiment à nous tenir en haleine quant à ce mystère qui n’intéresse, en somme, que Gilbert, et dans une moindre mesure Emmy.
    Gilbert est tout un poème. Il carbure à la positivité forcenée ; ce qui bien-sûr, ne signifie pas que sa vie est toute rose (ni qu’il ne connaît pas son boulot, d’ailleurs), mais si vous avez vu des gens le comparer au héros de Ted Lasso, ce n’est pas que parce que Sudeikis est un ancien collègue de Forte. Gilbert est émerveillé par tout, à condition que cela rentre dans ses idées préconçues de ce à quoi doit ressembler l’Irlande (il est par exemple surpris d’apprendre qu’il existe des fermes de serveurs dans la campagne irlandaise, comme si la présence d’internet était déplacée), se fait prendre à tous les pièges à touristes, insiste pour sympathiser avec tout le monde. Sa jovialité forcée est irritante et ne trompe personne : ce mec a forcément eu plusieurs ulcères avant ses 20 ans. En plus de ça, Gilbert se dit « irlandais » (par son arrière grand-père ou quelque chose comme ça), passe son temps à essayer de collectionner les souvenirs, veut se créer des liens avec quiconque porte le même nom de famille que lui (… »Power », pas exactement un nom rare). Ah, et le fait que la disparition sur laquelle il enquête se soit déroulée le soir d’un festival folklorique le galvanise ; il veut absolument en faire quelque chose de mythique et fantastique. Soit dit plus simplement : il est épuisant. Mais il a ses raisons. Au passage j’adore Will Forte dans ce type de rôles doux-amers, comme dans sa brève apparition dans Sweet Tooth ; je l’y trouve plus brillant que dans des MacGruber.
    Emmy est quant à elle une novice. C’est la première fois qu’elle sort des bureaux de la rédaction du journal pour aller sur le terrain. Pour ce qui est de l’organisation et la préparation, elle est plutôt au taquet, mais elle est aussi d’une naïveté à faire peur. Elle ne connaît pas grand’chose aux podcasts, par exemple, et prend donc comme argent comptant tout ce que lui raconte Gilbert. Emmy doit avoir un peu conscience de son innocence, d’ailleurs, parce qu’elle admire avec de grands yeux à peu près tout le monde et n’importe qui, et absorbe comme un buvard tout ce qu’on lui dit.
    Gilbert comme Emmy ne sont pas sans surprises, mais en tout cas, elles forment un tandem qui fonctionne de façon assez prévisible pendant ce premier épisode. Ce qui forcément insupporte Dove, troisième roue du carosse.

    Ce sont donc souvent les différences entre ces protagonistes, et dans une certaine mesure leurs conflits, qui guident majoritairement l’intrigue. Bodkin assume de n’avoir que peu d’intérêt pour la triple disparition de Samhain, et préférer étudier les réactions humaines à la situation qui se met en place. Est-ce que se préoccuper, vingt cinq ans plus tard, de ces disparitions, ce n’est pas de l’évitement ? C’est, je pense, sa thèse principale, qui se matérialise différemment selon la personnalité et les circonstances de ses trois protagonistes principales (une femme, un homme, et une jeune novice…).
    « Gilbert, it’s not literal. Noone actually believes there are tricksy little people running around causing mischief. It’s just… a way of not having to think about the things you don’t want to think about« . Gageons qu’il faudra tôt ou tard y penser.


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  • Searchin’ my soul

    10 mai 2024 à 19:42 • Review vers le futur •

    Comme quoi, un résumé, ça fait parfois toute la différence. A propos de la dernière série turque en date de Netflix, Kimler Geldi Kimler Geçti (ou Thank You, Next de son titre international un peu raccoleur), j’avais remarqué celui d’IMDb, parce que je ne suis pas abonnée à Netflix donc par défaut c’est le site où je finis généralement par me retrouver à un moment où à un autre de ma journée. Et de Kimler Geldi Kimler Geçti, voici ce que dit IMDb :

    Fort bien. Je me suis donc lancée dans le visionnage du premier épisode en partant du principe qu’il s’agissait d’une sorte de legal drama, sûrement avec des intrigues personnelles et peut-être éventuellement romantiques en second plan. Qu’on soit claires, pour moi qui ai tendance à regarder un peu tout ce qui passe (dans la mesure du possible en tout cas, et certes à l’exception des séries policières), de toute façon il était plus ou moins acquis que je testerais la série à un moment ou à une autre, c’était juste une question de la regarder au bon moment. Chercher l’adéquation entre le genre de série qu’elle semble être et mon humeur, en somme.
    Sauf que si j’avais regardé du côté de Netflix dés le départ, j’aurais réalisé que son résumé donnait un aperçu bien différent de ce dans quoi je m’aventurais :

    …Ah oui tout de suite c’est pas la même. Et effectivement, ayant fini à présent le premier épisode de cette série lancée cette semaine, je vous confirme que Kimler Geldi Kimler Geçti est à 712% une romcom.
    Que ça vous serve d’avertissement : je vais parler romcom. On sait toutes à quoi ressemblent mes reviews sur les romcoms !

    Leyla Taylan est une avocate, certes ; mais elle s’intéresse à son job encore moins qu’Ally McBeal ! Il faut dire que lorsque commence Kimler Geldi Kimler Geçti (qui apparemment se traduit grosso-modo par « ça va et ça vient », amies turcophones, corrigez-moi !), Leyla vient de rompre avec son petit ami Ömer après que celui-ci l’ait trompée.
    Enfin, lui, il prétend qu’il ne l’a pas trompée, et qu’il a simplement couché avec quelqu’un d’autre pendant que leur couple faisait une pause. Really ?! La défense Ross Geller, en 2024 ? Trente années d’articles et de takes pétées sur le fameux « we were on a break », et on en est toujours là ? Aucune excuse, Ömer. Aucune. Et pourtant ce saligaud va quand même tenter de se rabibocher avec Leyla une semaine après leur rupture, en grande partie parce qu’elle lui manque, mais aussi un peu pour n’avoir pas à déménager ses affaires. Il lui fera une crise de jalousie plus tard dans l’épisode, aussi. Parfaitement, le gars qui a couché avec une autre en voudra à Leyla pour avoir osé tourner la page. Fabuleux ce Ömer, il n’en loupe pas une.
    Comme la séparation date seulement de la semaine dernière, forcément Leyla est un peu à vif ; c’est la raison pour laquelle, vendredi dernier, elle et ses potes sont parties pour un weekend de débauche, histoire de se changer les idées à Çeşme.
    Et côté débauche, Leyla n’a pas chômé : elle a rencontré un charmant jeune homme avec lequel elle s’est trémoussée bien comme il faut ; il s’appelle Feyyaz, mais elle le surnomme Şeyyaz. S’il y a un jeu de mots là-dessous, les sous-titres sont bien incapables de s’en faire correctement l’écho, mais ne me relancez pas sur les sous-titres de Netflix. A son retour à Istanbul, elle va donc au travail encore grisée par cette rencontre, ainsi que par l’alcool imbibé pendant son weekend. C’est alors que son patron, qui est également son oncle, lui confie un nouveau dossier : un divorce entre Tuba Tepelioğlu, une riche jeune femme, et son futur-ex-mari, le riche entrepreneur Cem Murathan. Qui l’air de rien en est à son troisième divorce, lui.
    Sauf qu’évidemment, Leyla n’a pas trop l’esprit à un divorce, happée qu’elle est par sa romance naissante avec Şeyyaz, à qui elle a laissé son numéro de téléphone et qui la recontacte dans les jours suivants…

    Tout n’est pas à jeter dans Kimler Geldi Kimler Geçti. Pour commencer, j’aime bien la dynamique avec la bande de potes de Leyla. Leyla elle-même, je ne sais pas si je l’aime bien, mais quelqu’un qui sait s’entourer comme ça ne peut pas être foncièrement mauvaise, je suppose.
    En fait, ce groupe est sûrement ce que j’ai le plus apprécié au cours de cet épisode inaugural. La série ne donne pas vraiment d’intrigues individuelles à son entourage (ou en tout cas pas au stade du premier épisode), et Leyla elle-même semble systématiquement oublier de leur demander ne serait-ce que comment elles vont ; mais on se retrouve avec des scènes collectives très réjouissantes, surtout que toute la bande travaille dans le même cabinet juridique que Leyla. Ah ça je vous garantis que des réunions comme ça, vous n’en avez pas tous les jours à votre boulot. Certaines des amies ont des circonstances un peu différentes (il y a un couple, Esra et Murat, qui attendent un enfant ; Funda est la copine toujours joyeuse ; Sarp est le mec qui se croit plus cool que tout le monde), mais la série n’est pas trop intéressée par ce qui fait d’elles des personnes, et elles sont surtout là pour réagir à ce qui arrive à Leyla. C’est tellement assumé que je trouve le choix parfaitement acceptable dans le choix présent.
    D’ailleurs, tonton est un patron bien relax, parce qu’à part faire une remarquer sur le risque d’incendie quand tout le monde revient de weekend encore saoûl au dernier degré, ce joyeux chaos ne lui pose pas du tout de problème ! T’empestes encore la tequila à 8h le lundi matin ? Pas de souci, tiens au fait voilà notre dernier dossier en date le plus lucratif possible, va visiter la cliente dans sa villa dans les fringues que tu portais dans l’avion, bisou.

    Malgré cela, Kimler Geldi Kimler Geçti n’est pas aussi légère que j’ai l’air de l’insinuer.
    Cela tient en grande partie au cadre narratif de ce premier épisode, qui nous montre ce qui ressemble à un fast forward dans lequel Leyla est sur le point de se marier (et on peut présumer avec qui à mesure que l’épisode progresse, en reconnaissant certains décors…), mais qu’elle ne fait montre d’aucun enthousiasme pour ces noces, et semble même avoir envisagé de s’échapper le jour de la cérémonie. Comment en est-elle arrivée là ? De qui est-elle réellement amoureuse ? Avec lequel de ses trois prétendants fera-t-elle sa vie ? Kimler Geldi Kimler Geçti ne veut pas nous river à notre siège avec le suspense, clairement, sinon elle prendrait plus de précautions. Mais sa façon un peu désabusée de poser une ambiance pas si amusée que ça quant à la (supposée) conclusion des tribulations amoureuses de son héroïne est, à défaut d’autre chose, un angle plutôt intéressant. Surtout avec ce soundtrack jazzy qui ajoute une touche mélancolique à notre affaire, laissant imaginer qu’il se trame quelque chose de quasiment tragique derrière tout cela. Pas facile d’être une avocate célibataire.

    …Ou du moins je veux bien prétendre , même si je me doute qu’un happy ending est quand même prévu pour Leyla. C’est ça mon problème avec la romcom, en fait (bon d’accord : un de mes problèmes). J’ai toujours l’impression de savoir comment ça se finit. Et cette fin ne m’intéresse en aucune façon. Au moins, Kimler Geldi Kimler Geçti joue le jeu, et cherche à nous divertir plus ou moins honnêtement. Ce n’est pas exagérément joyeux ou suranné, ya une bonne ambiance, et euh, bon, je suis un peu à court d’arguments. Aidez-moi un peu, vous, aussi. Vous savez bien que je suis pas dans mon élément là…
    En tout cas, j’espère que mon résumé aura, à défaut d’autre chose, réussi à vous faire une idée de ce à quoi ressemble réellement la série !


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  • Some teenagers just want to watch the world burn

    9 mai 2024 à 21:19 • Dorama Chick •

    A la base j’avais prévu de vous parler de Messou mo Nai, dont je vous disais il y a quelques jours à peine que le poster m’avait intriguée tout le mois d’avril. Mais euh… après visionnage du premier épisode, je crois qu’on va attendre la traduction de toute la saison pour en discuter à tête reposée, parce que wow ! C’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Et en même temps, ya que des bonnes surprises. Ne me laissez pas oublier de vous faire une bafouille une fois tous les épisodes vus, surtout.
    Dans l’intervalle, souffrez je vous parle d’une autre série japonaise, déjà finie celle-là, et diffusée l’an dernier par DMM TV, une plateforme mobile de SVOD dont je crois bien n’avoir jamais vu de fiction originale avant EVOL (puisque c’est d’elle qu’il s’agit). Cependant, avant d’entrer dans le vif du sujet, désolée hein, mais un avertissement s’impose :

    Trigger warning : tentativeS de suicide, suicide, violences (dont sexuelles) sur mineures.

    Et franchement, prenez-le au sérieux, cet avertissement, parce que punaise. C’est parfois gratiné.

    C’est d’ailleurs en grande partie la raison pour laquelle je suis venue un peu tard à EVOL ; l’an dernier j’avais commencé la série high concept Da Capo Shimasen ka?, qui partait de personnages suicidaires, et j’avoue que ç’avait été un peu au-dessus de mes forces que de poursuivre. 2023 était assez difficile comme ça… Alors commencer une deuxième série dont les protagonistes auraient des idées suicidaires semblait, forcément, hors de question pendant un long moment.
    Malgré tout, je sentais qu’il me faudrait voir EVOL à un moment ou à un autre, non pas parce que je connaissais le manga (je n’en lis plus depuis bien longtemps), mais parce que les séries de superhéroïnes sont hyper rares au Japon. Du moins, si l’on omet le genre entier du tokusatsu.

    Or, précisément, les superhéroïnes d’EVOL sont des superhéroïnes « à l’américaine » ! Et ça, la télévision japonaise n’en est vraiment pas friande, au contraire par exemple des Philippines. Alors ça m’a rendue curieuse.
    Ce que j’ignorais, c’est qu’EVOL allait être une série très punk… et donc très politique. Pour vous en faire la démonstration, il va cependant me falloir inclure dans la review qui suit quelques spoilers… sans tout révéler, promis !

    Sauf qu’avant d’aller sur ce terrain et de parler du fond, la première chose que je me dois de dire sur EVOL est qu’elle a vraiment décidé d’y mettre les formes.

    On n’a peut-être pas le budget d’une superproduction étasunienne ici (DMM TV est une petite app de SVOD, au regard des grandes plateformes de streaming internationales), ou même d’une grande production nippone, mais on a su utiliser ce budget savamment, et plus encore, on a de la créativité à revendre. Il y a des plans superbes dans EVOL, et une volonté de ne pas fourguer une bête série mainstream, mais bien de rendre hommage au manga (et à travers lui les comics qui l’ont inspiré) avec plein de petits détails visuels bien sentis.
    Cette saison est loin d’être parfaite (la direction d’actrices aurait mérité un peu plus de rigueur par exemple), mais il y a nettement un effort produit pour réaliser une série unique, et la photographie est vraiment solide. Et, je dois dire, elle rend EVOL potentiellement bien exportable, si quelque diffuseur occidental venait à s’intéresser à elle.
    Par exemple, le premier épisode démarre sur une scène d’une beauté morbide, alors qu’au ralenti la camera s’attarde sur les corps de trois adolescentes dont on réalise progressivement qu’elles viennent d’essayer, une fraction de secondes auparavant, de se donner la mort chacune dans son coin. La musique suave au piano, l’image sombre mais élégante, les effets spéciaux légers, la lenteur du moment, tout est fait pour passer de la beauté à l’effroi lorsqu’on réalise ce que ces trois jeunes ont fait.

    Quelques minutes plus tard, on les retrouve dans un même hôpital psychiatrique, où « pour leur bien » on les enferme dans des cellules d’isolation dénuées de tout. Leur mal-être n’est pas pris au sérieux (la réaction de la psychiatre le montre bien), par contre elles sont traitées comme des prisonnières, donc comme des coupables. Les choses prennent un tournant lorsqu’on les force à participer à des groupes de parole avec des personnes à la santé mentale très variable. Unies par leur âge (et la réalisation que toutes les trois sont inscrites dans le même lycée, même si elles ne s’y sont jamais aperçues), Nozomi, Akari et Sakura commencent, un peu malgré elles, à se lier. Un plan impossible s’impose bientôt : s’évader d’Arkh-… de l’hôpital psychiatrique.
    C’est alors qu’elles découvrent que depuis leurs tentatives de suicide respectives, elles ont développé des superpouvoirs… très mineurs. Nozomi peut créer un trou de 1cm sur 3cm ; Akari peut générer une toute petite flamme dans sa paume ; Sakura peut voler à 5cm au-dessus du sol. C’est pas grand’chose, mais c’est juste assez pour se faire la malle, et retrouver leur liberté.

    Le problème c’est que dans l’univers d’EVOL, les superpouvoirs se transmettent génétiquement, ils ne se déclarent pas. Il n’est donc pas logique qu’ils apparaissent aussi tardivement chez trois personnes à la fois. Bon, en fait c’est l’un des problèmes. Car évidemment, maintenant, Nozomi, Akari et Sakura sont en fuite.

    La série, bien-sûr, va parler des raisons qui ont poussé les trois adolescentes à vouloir mettre fin à leur vie. L’origin story, ce n’est pas que pour les superhéroïnes : c’est aussi pour les villains. Mais pas tout de suite. Avant cela, EVOL dédie quelques épisodes à leur cavale, à leurs interactions, à ce qu’elles se procurent les unes aux autres. L’évasion leur a fourni une excuse pour sortir de la solitude inhérente à la dépression, mais elles partagent encore un désespoir commun, celui-là même qui les a fait considérer la mort comme seule option.
    Emplies de colère et d’écoeurement, ne voyant aucune autre issue à leurs problèmes, les trois adolescentes errent en se cachant de la police, mais cela ne va pas durer. Leurs pas les guident bientôt vers l’ancien supermarché que possédait le père de Sakura, et qui va non seulement commencer (commencer seulement !) à lever le voile sur ce qui hante l’adolescente, mais surtout leur fait prendre conscience de leur pouvoir de destruction. Or cette même destruction leur fournit une bouffée d’euphorie qui les conduit à multiplier les actes de dégradation et de vol à travers toute la ville, usant de leurs petits pouvoirs pour faire ce qu’il leur traverse l’esprit, et taggant chaque mur du mot « EVOL » (parce que Nozomi ne savait pas que ça s’orthographiait evil). Si bien que rapidement, les autorités commencent à les considérer comme dangereuses pour de nouvelles raisons.

    Ce qui n’aide pas, c’est que pendant ce temps-là, la ville de Hiiragi connaît une crise de sécurité sans précédent : un pont s’est effondré, et a failli coûter la vie aux passagères d’un bus. Le véhicule a été sauvé in extremis par le héros Lightning Volt et sa soeur Thunder Girl ; pour leur bravoure, les deux superhéroïnes reçoivent une récompense des mains du maire Tajiri peu de temps après.
    Aparté : certaines traductions parlent de Lightning Bolt, mais plusieurs éléments in universe, dont la capture ci-dessus, font clairement référence à Lightning Volt lorsque romanisé. Ecoutez, connaissant le Japonais, ce pourrait aussi bien être l’un que l’autre, on va pas se lancer dans un débat linguistique sur la translittération idéale de « ボ », moi je pars du principe que c’est Volt parce que j’estime que si le département des accessoires a mis un V sur un prop créé spécialement pour la série, il est courant de ce qu’il fait, et que de toute façon, c’est de facto canon. Vous faites bien comme vous voulez.

    Tajiri confiera plus tard à Lightning Volt que l’accident du pont n’en était pas un : quelqu’un a, de toute évidence, commis un acte de terrorisme visant sur le long terme à empêcher Utopia, le projet d’aménagement de la ville, d’être mis en oeuvre. En effet, deux îles artificielles doivent être prochainement construites : l’une incluant un casino, un hôtel, et un parc d’attraction ; l’autre supportant une centrale nucléaire. Pour cette petite ville portuaire vieillissante, ces infrastructures devraient amener des emplois et du tourisme, et donc un renouveau économique.
    Rien ni personne, précise le maire, ne doit entraver ce projet. Lightning Volt promet héroïquement de protéger les intérêts de la ville.

    On comprend bientôt que Lightning Volt est… comment dire ? High on his own supply. Il se gargarise en permanence d’affirmations grandiloquentes sur son rôle de protecteur de la ville, et plus largement de héros chargé de lutter contre le Mal. Avec une majuscule et tout. Régulièrement, il passe du temps dans le bureau du maire Tajiri qui lui explique ses projets pour la ville. A l’inverse, Thunder Girl est complètement mutique. Elle suit son frère aîné dans toutes les missions désignées par le maire, et ne proteste jamais, ni même ne socialise jamais. Les deux adelphes gardent un visage illisible derrière leur large masque noir qui cache non seulement leurs traits mais aussi leur regard ; cela rend Lightning Volt comme Thunder Girl parfaitement indéchiffrables (et cela ne rend la soeur que plus énigmatique puisqu’elle ne s’exprime pas).
    Il est assez clair à les regarder que les deux adelphes sont supposées évoquer des choses très précises. Toutes les deux sont d’une blondeur aberrante parmi le grand public japonais. Ces boucles platines forment la seule touche de couleur dans leur uniforme noir qui se fond dans la nuit. Sauf que ces mèches blondes renvoient non seulement à leur nature surnaturelle, mais aussi à des repères étrangers : les boucles impeccablement gominées de Lightning Volt rappellent sans ambiguité celles de Superman, le mushroom bob de Thunder Girl (tiré tout droit de la mode des années 60) fait référence à euh, un certain champignon… il y a quelque chose de profondément inconfortable dans leur existence dans le Japon présent, renvoyant à l’occupation américaine du Japon. Couplé au langage de Lightning Volt, qui se place en guerrier supérieur arbitrant de ce qu’est ou n’est pas la Justice, c’est difficile de ne pas voir dans ces deux personnages un commentaire sur l’attitude de « gendarme de la planète » des USA, en particulier au Japon. Surtout que le seul autre superhéros qu’évoque la série est Atomic Power, dont on apprendra dans une B-roll qu’il a récemment signé un contrat d’exclusivité avec l’armée américaine…
    Enfin je sais pas, peut-être que je surinterprète (ou qu’au contraire j’ai loupé des références), mais à moi tout ça semblait assez évident. Vous regarderez, et me direz ce que vous en pensez.

    En tout cas, Tajiri a bien compris que faire de Lightning Volt son bras armé allait être une simple formalité : il suffit de caresser ses rêves abstraits de Justice simpliste dans le sens du poil, et de lui répéter que le sort de la ville ne dépend que de lui. Voltinou s’occupe bravement du reste, et sa soeur le suit quoiqu’il arrive. C’est presque trop facile ! Aussi, quand le maire commence à suggérer qu’un journaliste pose trop de questions, ou qu’un militant écologiste devient trop encombrant, il n’est pas bien difficile de convaincre le duo de procéder radicalement… au mépris de ce qu’est, réellement, la Justice. Mais en son nom.
    Quelles que soient les histoires de sauveur du monde, ou en tout cas sauveur de Hiiragi, que se raconte Lightning Volt, l’utilisation de sa force se fait en fin de compte uniquement à des fins politiques. Pire, il n’est pas très surprenant de constater que les opposants au projet Utopia ont des raisons parfaitement légitimes d’objecter, et que le superhéros fier de sa rigueur morale est en fait corrompu malgré lui. Il n’est très peu question de Justice, ici, mais l’ego surdimensionné de Lightning Volt (ou si l’on veut le formuler de façon plus généreuse : sa foi inébranlable en une mission d’intérêt supérieur) l’empêche de voir les actions du maire Tajiri pour ce qu’elles sont : une façon de gagner du pouvoir et de l’argent. Comme son père l’avait fait avant lui, d’ailleurs, car le maire Tajiri a plus ou moins hérité de son poste.
    Pour Lightning Volt aussi, c’est une histoire d’héritage : son rôle de gardien de Hiiragi lui a été transmis par son père, qui endossait le costume de Lightning Volt avant lui. Les superpouvoirs se transmettant de façon génétique, ce n’est d’ailleurs pas qu’un rôle, mais une fierté inscrite dans sa chair que Lightning Volt trimbale, et là encore le voir aussi satisfait de son hérédité avec ses cheveux blonds ne peut que convoquer des associations d’idées inquiétantes. Il n’a d’ailleurs aucun mal à parler aux habitantes de la ville comme à des sous-personnes médiocres… qui ont parfaitement accepté cette hiérarchie sociale.

    Il ne fait aucun doute dans mon esprit que DMM TV n’aurait sans doute pas commandé une adaptation du manga d’Atsushi Kaneko si la série étasunienne The Boys n’avait pas existé, et cela se sent dans la façon dont la série japonaise s’autorise à plus de violence explicite que la plupart des autres séries produites sur son sol.
    Toutefois, il ne s’agit pas d’une pâle copie du tout. EVOL a ses propres sujets, quand bien même il y a par moments une proximité thématique.

    Dans EVOL, certes les superhéroïnes sont encensées par le grand public, et sont entrées dans la popculture… mais la série n’est pas réellement intéressée par leur popularité en tant que telle, et certainement pas par l’aspect divertissement de leur image publique. Hiiragi est une ville dont les citoyennes sont quasi-absentes du déroulé des événements de la série, ne s’exprimant généralement que par les réseaux sociaux comme une masse indistincte. Elles ne sont pas réellement investies dans ce que font le maire, Lightning Volt ou Thunder Girl, qui peuvent ainsi mener leurs affaires sans jamais être inquiétées. Tout au plus convoque-t-on la presse de temps à autres pour quelques jolies photos et déclaration verticales à la population, ou vend-on des produits dérivés. Pour le reste, il n’est pas attendu que le public s’intéresse à ce qu’il se passe, et encore moins qu’il s’implique. Au contraire. Le silence passif des habitantes, leur désengagement de la vie politique, leur persistance à s’occuper chacune de sa petite vie, leur attente que des personnes hors du commun prennent en charge la solution à leurs problèmes, est un chèque en blanc pour le maire Tajiri… Et je vous prie de croire qu’il l’encaisse !
    Toute la question de l’héroïsme dans EVOL est mise au tapis par le fait que le seul « vrai » héros (ou en tout cas, convaincu de l’être) est utilisé à des fins odieuses par un politicien corrompu. Il y a alors lieu de se demander à quoi ressemble la Justice dans ces circonstances ? A quoi ressemble une société qui accepte cette Justice, d’ailleurs…? Nozomi, Sakura et Akari sont la manifestation cinglante que ce désintérêt pour la chose publique conduit à une société non seulement injuste, mais même violente. La violence des adolescentes est donc une réaction logique à cette violence sociale reçue en pleine poire, par une population désintéressée par ce que font les autorités.

    Les adolescentes le disent elles-mêmes : le monde est pourri. Alors autant le détruire. D’ailleurs, un plan se forme progressivement…

    Oui, EVOL assume parfaitement de prendre le parti de celles qui, la plupart du temps, seraient dépeintes comme des « méchantes ». Mais elle enracine cela dans un propos plus large, et pioche dans leurs expériences personnelles pour montrer que la violence qu’elles ont reçue avant leur suicide n’est pas le fait de Lightning Volt, ou même de Tajiri. Toutefois, dans un monde où l’on peut tant, qu’ont fait les puissantes pour celles qui souffrent, demande EVOL… Quelle bonne raison avons-nous à donner à la jeunesse et/ou à des personnes opprimées de ne pas foutre le bordel ? Pourquoi sauver ce monde, plutôt que le détruire ? Donnez-nous UNE bonne raison de suivre les règles de votre société !

    On ne peut pas ne proposer que de la violence aux jeunes, et en attendre qu’elles deviennent des adultes parfaitement ajustées. Et encore moins qu’elles désirent le devenir. A bon entendeur…

    Si peu de séries (surtout japonaises) vont là où EVOL va. Qu’il s’agisse de son parti-pris antisocial, de sa violence sous toutes ses formes, de sa mise à plat du sort de populations opprimées… Plus encore, EVOL cumule tout ça, dresse un constat sans appel. Dans le déroulé de cette saison, la série s’attaque à des choses comme le racisme et l’homophobie des Japonaises, le capitalisme, la corruption des élites, la dépolitisation des citoyennes, ou encore, dans une certaine mesure, une critique de la psychiatrie. Tout cela à grand renfort de sang qui gicle… et de corps calcinés. Bah oui, vous pensiez que ça ressemblait à quoi, des pouvoirs basés sur l’électricité ?

    Ce déroulé peut même un peu décontenancer, tant structurellement il est atypique pour une série nippone.
    La saison s’interrompt en effet brutalement à mi-parcours pour proposer à ses héroïnes de revenir à leur vie « d’avant », comme pour mieux les forcer à rentrer dans le rang. On leur promet qu’il n’y aura pas de poursuites (pour des raisons que je vous laisse découvrir).
    L’ardoise semble effacée… jusqu’à ce qu’EVOL décide que c’est le moment parfait pour procéder à des flashbacks cinglants sur les raisons qui ont poussé Nozomi, Sakura et Akari à tenter de s’ôter la vie. Ces flashbacks ponctuent donc la seconde partie de la saison plutôt que la première, tandis que les anti-superhéroïnes sont confrontées à un choix : accepter le statu quo et essayer d’en tirer ce qu’elles peuvent… ou persister à se rebeller ? C’est par exemple très intéressant de voir comment Nozomi, revenu auprès de sa mère, et Sakura, envoyée dans un foyer pour mineurs, composent très différemment avec cet après, et en tirent des conclusions radicalement opposées. Mais personnellement, c’est le sort d’Akari qui m’a le plus fascinée ; sa souffrance, qui a lieu à l’abri des regards, a fait écho à des choses qui m’étaient familières… je vous laisse découvrir Kurosaki, également. Toute sa storyline est absolument saisissant d’acuité quant à la réalité émotionnelle de ce qu’elle traverse.

    Le pied de nez ultime d’EVOL tient cependant à la conclusion de la saison… car c’est la première fois que je vois un cliffhanger dans un season finale japonais ! Je suis certaine que ça a dû se produire avant, mais pas dans des séries que je regarde. Le renouvellement n’étant pas une pratique tombant sous le sens à la télévision japonaise (et d’ailleurs, pour autant que je sache, le renouvellement d’EVOL n’est même pas encore officialisé), je l’interprète comme une preuve de plus de ses inspirations occidentales… et de son atypisme. Il n’y a donc pas de fin satisfaisante à cette première saison ; mais en même temps, la satisfaction n’a pas vraiment l’air de faire partie intégrante de l’univers de la série.
    Le monde d’EVOL est cruel, et la série se montre très à la hauteur de cette cruauté en nous faisant poireauter pour voir la suite.
    Pourvu qu’elle arrive vite : EVOL est une oeuvre unique en son genre dont on espère qu’elle participe, à son échelle, au réveil des consciences.


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  • Tête d’ours

    8 mai 2024 à 21:41 • Review vers le futur •

    Ecoutez, je ne veux inquiéter personne, mais c’est la deuxième fois cette année que j’ai l’opportunité de vous dire : « Je reviewe aujourd’hui ma toute première série produite [insérer un pays africain ici] !!! »… je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un rêve devenu réalité, mais je vous avoue que ma curiosité téléphagique est comblée en ce moment. Et on n’a même pas atteint la moitié de l’année !
    Après une série somalienne, c’est donc d’une série du Malawi qu’on parle aujourd’hui, intitulée Mushroom Shade.

    Ne connaissant strictement rien à la télévision du Malawi, je suis partie en excursion dans les tréfonds inconnus (pour moi) d’internet, et ai découvert que Mushroom Shade est une série produite par Chaz, qui est l’alias du producteur Chawezi Munthali. Et s’il y a UNE chose à savoir sur Chaz, c’est qu’il est basé aux USA : 95% des articles à son propos en font mention ! Il est d’origine malawite mais il a un bureau à Atlanta ; je soupçonne que ce soit une façon de se créer une aura d’importance, parce que pour autant que je sache, toutes ses productions ont été tournées au Malawi avec des actrices malawites… mais bon, que ne ferait-on pas pour un peu de personal branding ? Plus rarement, certains articles mentionnent qu’il a produit précédemment deux films pour Showmax (vous savez, ma plateforme préférée de tout l’univers mais à laquelle l’Europe n’a plus accès…), puis, à la fin de son contrat d’exclusivité avec la plateforme, qu’il est parti poser ses valises sur Youtube. Et c’est donc là qu’on trouve depuis fin avril Mushroom Shade, un drama sur les relations amoureuses à différents stades de la vie.
    Apparemment Chaz veut mettre ses deux films gratuitement sur Youtube maintenant que son contrat avec Showmax est arrivé à son terme… ça sent le dramaaa! mais j’ai pas les détails du thé.

    …Eeeeet c’est le moment où je vous mets en garde, au risque de vous gâcher la surprise, car la fin du premier épisode de Mushroom Shade contient, euh…

    Trigger warning : violences domestiques, viol.

    Voilà. Donc en fait, Mushroom Shade semble avoir une approche plutôt honnête des relations amoureuses, en un sens.

    Comme un grand nombre de séries d’Afrique noire, la série explore ce thème amoureux en suivant un groupe de plusieurs femmes adultes, chacune dans une situation différente. Le nombre de séries africaines que Sex & the City a plus ou moins directement inspirées, c’est assez incroyable honnêtement, il faudrait en reparler un de ces jours.

    La narratrice est Yakosa, une célibataire qui cherche activement à se fixer ; sa dernière relation amoureuse commence à dater, et sa vie sexuelle n’est pas tellement plus florissante. Dans ce premier épisode, elle va tenter plusieurs premiers rendez-vous, dont on sent qu’ils ne sont pas pour elle une nouveauté : elle est clairement en quête d’une relation stable et est prête à vérifier sa compatibilité avec tous les hommes célibataires un par un s’il le faut. Le dîner romantique avec lequel elle ouvre la série, par exemple, est un blind date organisé par une connaissance commune ; Mushroom Shade déroule la soirée tout en permettant à Yakosa d’interjecter en voix-off, afin de nous expliciter sa réaction (souvent sarcastique, signe de sa désillusion) à certains des faits et gestes qui se produisent. Yakosa sait ce qu’elle veut ; elle a de l’estime de soi à renvendre, et refuse de transiger sur ce qu’elle attend d’un partenaire… aussi, lorsque Fred passe l’essentiel du dîner sur son téléphone, elle est prête à partir. Il l’arrête au dernier moment pour lui dire qu’il vient d’apprendre par texto que sa mère est morte, et qu’il était en train de transmettre la nouvelle à d’autres membres de sa famille. Alors bien-sûr, Yakosa se sent mal… jusqu’à ce qu’il tente de l’embrasser. Et même si elle est attirée par la vulnérabilité de Fred, la jeune femme commence à se demander si c’est un comportement très logique de la part de quelqu’un qui vient de perdre sa mère ?
    Je ne vous spoile pas la suite de la soirée, mais vous serez assez peu surprise d’apprendre que ça finit par ne pas marcher avec Fred. Bah oui, sinon ya pas de série. Il faut bien que Yakosa reste célibataire.

    De toute façon, il y a déjà une femme mariée dans la série : sa grande soeur Angela. Celle-ci a dépassé la lune de miel avec son époux Philip (dont Yakosa nous dit d’emblée qu’elle ne l’aime pas, mais qu’elle nous laisse découvrir pourquoi par nous-même), et désormais le couple essaie de procréer. Problème : ça ne marche pas.
    Mushroom Shade nous présente la situation, et à travers elle les personnages, au détour d’un repas qui dégénère rapidement à ce sujet. C’est que, voyez-vous, Philip insiste pour qu’Angela prenne rendez-vous avez une spécialiste en fertilité… or, elle a déjà vu trois professionnelles de santé qui lui ont garanti que tout était fonctionnel de son côté. Elle suggère donc que, ma foi, si ce n’est pas elle le problème, peut-être que c’est Philip qui devrait prendre un rendez-vous… mais la simple évocation de cette possibilité met Philip hors de lui. Sans élever la voix, il saute immédiatement à la jugulaire de sa femme pour qu’elle retire ce qu’elle a osé dire. Pire, il lui apprend avec froideur que, je te ferais dire, quand j’étais à l’université ma petite amie est tombée enceinte de moi et a fait une fausse couche, alors je suis SUPER FERTILE je te signale. Et toc. Comme décidémment ya de la bonne ambiance chez Angela et Philip, celle-ci lui répond du tac au tac que tout le monde à la fac savait que sa petite amie couchait à gauche et à droite, et que ça ne prouve pas qu’il était le père ! Et elle a aussi une révélation pour lui…
    Clairement le couple d’Angela et Philip a plus besoin d’aide matrimoniale que d’aide à la procréation. Avoir un enfant devrait être le cadet de leur soucis ! L’animosité mesquine de Philip tend à indiquer, en outre, qu’il est coutumier de ce genre de propos blessants et dégradants, et je m’attendais honnêtement à ce qu’Angela utilise sa fourchette pour autre chose que son plat. Et je l’aurais applaudie, si ç’avait été le cas. Quel connard.

    La troisième femme de la série est Lissy, la cousine de Yakosa et Angela, mais qui est si proche d’elles qu’elle est traitée comme une petite soeur. Au début de la vingtaine, Lissy est une jeune femme peu intéressée par les affaires de coeur ; son angle, c’est celui d’un célibat qu’elle ne cherche pas à faire cesser.
    Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas sexuellement active ! En fait, dans le premier épisode de Mushroom Shade et en guise d’introduction, elle est lancée dans un grand débat avec Yakosa. Lissy fréquente en effet un homme riche qui l’appelle régulièrement pour des booty calls d’une brièveté digne d’être homologuée par Guinness World Records, en échange de quoi il lui laisse de l’argent. Yakosa estime que ce n’est pas différent de la prostitution, et trouve donc cette « relation » de mauvais goût ; mais Lissy a plein d’arguments à lui opposer. Dans un monde où une femme est encouragée à chercher un bon parti, que fait-elle de différent ? Sa cousine a fréquenté des hommes riches pour des rendez-vous amoureux supposément plus sérieux, mais au final, n’a-t-elle pas couché avec ? N’a-t-elle pas obtenu des contreparties financières directes ou indirectes ? Ces relations n’en ont-elles pas moins été soldées par un échec ? Lissy se voit comme une pragmatique : son homme riche lui offre ce qu’elle souhaite, et ce sans qu’elle ait besoin de jouer la comédie des sentiments avec lui. Ce n’est pas un couple, mais chacune sait à quoi s’en tenir, et pour Lissy c’est plus honnête.
    Toutefois, Mushroom Shade introduit une perturbation dans la mécanique bien huilée qu’est la vie de Lissy. Elle se lie en effet d’amitié avec un chauffeur de taxi, Walezi. Intelligent et plein d’humour, mais « seulement » chauffeur, Walezi devient son conducteur chaque fois que son homme riche convoque Lissy pour tirer son coup. La série est bien consciente de ce qu’elle fait (et potentiellement Walezi aussi), mais il n’est pas question de bousculer les personnages dans une relation précipitée. A la place, cette amitié naissante conduit à une jolie discussion à coeur ouvert ; Lissy n’ayant (pour autant qu’elle sache) aucun investissement émotionnel dans cette relation, elle se permet de parler avec franchise de ce qui la turlupine. Et en effet, ce n’est pas parce qu’elle pragmatique qu’elle n’est jamais en proie au doute ou même au regret… la voilà donc en train de se livrer à ce quasi-inconnu, qu’elle ne connaît que pour avoir loué ses services plusieurs fois.

    Ce sont de beaux portraits féminins que propose Mushroom Shade, du genre à ne pas réinventer l’eau chaude mais suffisamment sincères pour qu’on se laisse porter par cette introduction. Yakosa, Angela et Lissy savent ce qu’elles veulent. Le problème, c’est de l’obtenir.
    Bien que la narration soit exclusivement le fait de Yakosa, toutes les trois parviennent à se révéler comme complexes (même si à mon grand regret, Angela joue un rôle minime par rapport aux deux autres héroïnes, pour le moment) et à nous donner une idée de leur processus de pensée. Leur approche des relations varie, mais elles ont en commun d’avoir du caractère et des idées bien arrêtées sur ce qu’elles sont prêtes à accepter des hommes. Aussi la fin de l’épisode est-elle choquante, lorsque l’une de ces femmes se trouve soudain violamment agressée par son compagnon, puis violée. Je ne l’avais absolument pas vu arriver, et je m’excuse une fois encore de vous ruiner la surprise, mais je dois avouer que…

    …Eh bien, une fois l’effroi passé, je trouve ça intéressant. Beaucoup de séries sur les relations amoureuses omettent totalement ce genre de comportements. Les échecs y sont souvent traités soit avec légèreté de la comédie romantique, soit avec le tragique que mérite une histoire d’amour qui finit mal. Or, les statistiques étant ce qu’elles sont (vous avez, les ours, tout ça…), d’un certain point de vue cette façon de dépeindre les raisons pour qu’une relation s’arrête est un peu irréaliste. Mushroom Shade n’a aucun mal à admettre cela, et nous permet d’ailleurs de comprendre très bien le point de vue de la victime, sans ambages. Parce qu’elle ne se fait aucune illusion sur ce qui se déroule, l’épisode se finit de façon glaciale, mais cohérente.

    Ce qui me laisse très impressionnée. Et ravie, paradoxalement. Pour ma première série produite au Malawi [par un producteur basé aux USA…], c’est une bonne pioche.


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  • Dinner for schmucks

    4 mai 2024 à 21:54 • Review vers le futur •

    Rien n’est plus cliché que de se plaindre d’un remake ; cependant, vous admettrez que c’est rarement dans mes habitudes. Dans ces colonnes, on aime bien comparer, mais on s’efforce de le faire en gardant à l’esprit que, allez toutes en choeur : adapter, c’est choisir. Et ces choix sont intéressants en soi, ainsi que porteurs de qualités. L’essentiel est généralement de ne pas attendre les mêmes qualités d’un remake que de l’original.
    C’est donc le moment où je commence ma phrase suivante par : « mais ». Mais, ce n’est pas toujours possible. Parfois il y a des remakes réellement décevants. Chose qu’il est possible de dire sans une once de nostalgie pour la série d’origine.

    Preuve par l’exemple aujourd’hui : je me suis enfin botté le train pour regarder Dinner with the Parents, l’adaptation étasunienne de la comédie britannique Friday Night Dinner. J’avais d’ailleurs des souvenirs si flous du premier épisode de cette dernière que je l’ai du coup revu (et je suis à peu près certaine que je n’avais pas regardé les épisodes suivants, de toute façon). C’est vous dire si ce n’est pas un attachement particulier qui guide mes mots lorsque je vous dis que Dinner with the Parents est un remake vraiment peu inspiré, dans tous les sens du terme.

    Je vous rassure, le principe est le même : chaque semaine, deux fils adultes doivent dîner avec leurs parents dans la maison familiale. Les parents forment un couple hétérosexuel aux abords de la cinquantaine ; les fils sont quant à eux lancés dans une rivalité ancienne qui les pousse à se charrier régulièrement, ou se tendre divers pièges. Il y a également un voisin qui s’invite régulièrement pendant ces dîners, générant de l’embarras. Sur cela, au moins, les deux séries se retrouvent.
    Sur le reste, en revanche, c’est plus compliqué.

    Dans Friday Night Dinner, la série britannique de 2011 donc, les Goodman sont une famille de la classe moyenne habitant dans une petite maison qui est désormais un nid vide : les deux fils, Adam et Jonny, ont grandi et mènent leur propre vie à présent. Les dîners du vendredi soir sont donc une façon d’entretenir un lien plus ou moins organique, mais bien-sûr, en forçant tout le monde sous le même toit comme jadis, certaines habitudes familiales rejaillissent. Le premier épisode ne l’explique pas, mais le met en scène : les fils arrivent ensemble, s’envoient des vannes, tandis que la mère Jackie essaie de donner les apparences de la normalité à ce qui est pour elle quelque chose d’important (tout en se réjouissant de regarder une émission de télé réalité après le dîner, comme une récompense). Vous savez, ce stress qu’ont les parents (et ce sont généralement les mères, à cause des tâches qui souvent leur incombent) de faire en sorte que tout soit parfait, et en même temps tout soit comme avant, alors que ces deux choses s’excluent mutuellement en matière de vie de famille ? Eh bien Jackie en est l’incarnation, et au cours de la soirée, ses tentatives pour que le dîner se passe normalement-mais-sans-accroc vont régulièrement être interrompues. Pas que par les fils : son mari Martin, qui vit ces dîners de façon beaucoup plus cavalière et ne leur prête pas d’enjeu émotionnel particulier, a également le don de compliquer les choses. Surtout que dans le premier épisode, il fait des messes basses à ses fils : Jackie tente de le convaincre de jeter de vieux magazines, et il souhaite que ses fils l’aident à les planquer, et même hébergent pour lui un nouvel arrivage de magazines « de collection » qu’il a commandés sur internet. Là-dessus se greffent les allées et venues de Jim, le voisin ; souvent accompagné de son berger allemand Wilson (dont il semble terrifié), il utilise les toilettes des Goodman car les siennes sont, dit-il, « cassées ». Comment et pourquoi, ça, ça reste un mytère. Jim se présente toutefois comme si c’était la chose la plus naturelle au monde, interrompant le dîner du vendredi à plusieurs reprises, et bloquant l’étroit couloir de l’entrée avec son chien en sus.
    De Friday Night Dinner on tire une impression de justesse sincère, quand bien même les situations sont souvent drôles ou inconfortables. Les Goodman sont une famille qui pourraient être la nôtre (enfin, pas la mienne ; disons plutôt la vôtre), vivant dans une maison qui pourrait être la nôtre (voir note précédente). Les arrivées de Jim, les secrets de Martin, les blagues de Jonny et Adam, l’arrivée impromptu d’un acheteur pour le canapé-lit… bref, tout ce qui se produit pendant le dîner, est drôle parce que relativement probable. Pas exactement possible, surtout le même soir ; mais raisonnablement probable. Ce qui se joue dans ce premier épisode de Friday Night Dinner, c’est que les situations même les plus étranges sont accueillies avec des réactions normales : Jackie qui continue ses va-et-vient en cuisine, Martin qui a l’esprit à ses magazines, Jonny et Adam qui retournent à leur rivalité puérile… Leurs préoccupations restent émotionnellement logiques. C’est en fait précisément de là que provient le rire : de cette famille si normale dont le vendredi dégénère de façon comique, mais en même temps, pas complètement détachée de la réalité.

    …Vous devinez sûrement où je veux en venir. Car dans Dinner with the Parents, rien de tout cela ne se produit.
    Pour commencer, ce dîner n’est pas n’importe quel dîner : c’est la première fois depuis des années que le fils aîné participer à ces dîners du vendredi, et ce retour le conduit à être accueilli comme le Messie par sa mère Jane, et dans une certaine mesure par son père Harvey. Pourtant, David vivait simplement dans un autre Etat pendant qu’il faisait ses études… à croire qu’il n’est même pas venu pour les fêtes pendant tout ce temps. Mais aujourd’hui, diplômé et doté d’une petite amie, il a l’impression de pouvoir prendre sa revanche sur son jeune frère Gregg, qui a moins de raisons de lui mener la vie dure ; du moins l’espère-t-il. Pour lui, ce dîner du vendredi est un grand moment, d’autant qu’il doit présenter à sa famille la petite amie en question, Kristen. Hélas, juste avant qu’il n’entre dans la large maison cossue de ses parents, Kristen lui annonce par téléphone que finalement elle ne va pas venir. Et, qu’en fait, elle rompt avec lui. Désespéré, David décide de proposer à une livreuse de pizzas qui passait par là pour une commande chez un voisin… de jouer le rôle de Kristen. Ainsi, il ne va pas perdre la face. Juste quelques centaines de dollars.
    Le reste de la soirée se poursuit donc à travers le prisme de : la supercherie sera-t-elle découverte ? David sue à grosses gouttes en essayant de maintenir les apparences pour la soirée. Pendant que Jane s’échine à essayer de faire passer à tout le monde une soirée parfaite, et s’accroche au passage avec sa mère surnommée Nana (une vieille femme avec un épais accent russe et une personnalité étouffante), Gregg est convaincu qu’il y a anguille sous roche mais n’arrive pas à trouver quoi. De son côté, Harvey a décidé de faire rire « Kristen », et n’y parvenant pas, multiplie les tentatives lamentables. A un moment du dîner, le voisin Donnie cherche sa pizza et fait rire « Kristen », ce qui empire les choses. Mais moins que quand David se sent obligé de demander en mariage « Kristen » devant sa famille avec la bague familiale… tout le monde s’en réjouit (sauf Gregg qui trouve que résolument quelque chose cloche), jusqu’à ce qu’il soit découvert que « Kristen » est enceinte ! Hélas, un appel accidentellement entendu par Harvey lui fait comprendre que David n’en est pas le père. La catastrophe semble à son comble, mais ce n’est rien encore : la véritable Kristen a finalement décidé de faire une apparition.
    Je ne sais même pas quoi vous dire. Dinner with the Parents a-t-elle pioché cette intrigue dans l’un des épisodes ultérieurs de la série britannique ? C’est une pratique répandue (on en était encore les témoins pas plus tard que dans cette review du mois dernier), mais ici j’en doute. Tout dans ce fichu épisode sonne tout simplement faux. Les personnages n’existent pas : tout n’est que situation. Et situation roccambolesque, qui plus est. Les quiproquos s’empilent ; il faut absolument un retournement de situation toutes les 7,12 secondes, sinon tout s’effondre. Mais surtout, dans Dinner with the Parents, rien ne peut jamais être simple : il faut tout expliquer. Expliquer pourquoi David a longtemps évité ces dîners, expliquer pourquoi il est stressé, expliquer pourquoi son frère Gregg le vanne régulièrement, expliquer pourquoi Jane place de l’importance dans ce dîner, expliquer pourquoi Donnie vient sonner, expliquer pourquoi Harvey est drôle même. Rien ne va jamais de soi, il faut toujours une backstory à tout. Mais du coup dés qu’on explique, c’est moins drôle ; alors pour s’assurer que l’épisode reste supposément comique, la série multiplie les gags, genre Nana qui se retrouve coincée dans son fauteuil massant ou la famille qui a une catchphrase… Tout ça n’a RIEN à voir avec la choucroute. Et en parlant de choucroute, ce n’est même pas vraiment un dîner : la majeure partie de l’épisode se déroule dans les canapés du salon ! Même pour suivre les indications du titre, Dinner with the Parents a complètement lâché la rampe.

    Dinner with the Parents est rien moins que la quatrième tentative d’adaptation de Friday Night Dinner aux Etats-Unis ; ça fait plus d’une décennie que plusieurs networks s’y sont essayés. Après NBC et CBS (ce dernier pouvant se vanter de deux tentatives), c’est… Amazon Freevee qui a finalement fait aboutir le projet. En le dénaturant complètement. Je ne suis d’ailleurs pas la seule à trouver le résultat nul ; la critique US est quasi-unanime quant à Dinner with the Parents.
    De l’impression de proximité absurde de la série britannique, Dinner with the Parents n’a rien retenu, et a transformé tout ce qui comptait en une farce grossière (se déroulant, qui plus est, dans cette « classe moyenne » fantasmée où l’on vit nécessairement dans une McMansion, qui obsède les productions étasuniennes). Rien de ce premier épisode n’est réellement drôle parce que Dinner with the Parents n’a pas vraiment d’idée claire sur qui sont ses personnages, ni d’approche, ni de projet. Elle veut juste « être drôle », peu importe comment ce résultat est obtenu ; et elle présume que plus ce sera gros, plus la mesure d’humour sera forte. Car bien-sûr, plus elle essaie, moins elle réussit : c’est ça la comédie.
    Et ce n’est que le premier épisode ! J’ose à peine imaginer ce à quoi la surenchère doit ressembler dans les épisodes suivants.

    Heureusement, je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une déception… parce que personne n’avait vraiment d’attentes vis-à-vis de ce remake (si ce n’est le Youtubeur qui y a décroché un rôle). Et puis, quand une adaptation se plante, après tout, ça n’efface pas l’existence de la série originale… si vous voulez vous marrer, il y a 6 saisons de Friday Night Dinner à dégoter.
    Une chose dont vous pouvez être certaine, c’est qu’il n’y en aura pas autant pour son adaptation US, qui sera vite annulée et oubliée.


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  • Masculinité chaotique

    3 mai 2024 à 21:21 • Review vers le futur •

    Au fil des ans j’ai eu largement l’opportunité de vous dire combien j’avais du mal à trouver dans la fiction française des séries qui me parlent. Déjà, sitôt qu’on met de côté le genre policier (et vous l’aurez remarqué, c’est désormais ce que je fais la plupart du temps), il ne reste pas grand’chose. Or, il s’avère en plus que j’aime le human drama (ce n’est pas sale), genre que la télévision française a très souvent tendance à considérer comme absolument indigne de financement. Le petit écran français, dans son immense majorité, ne pense pas vraiment que les spectatrices françaises sont capables de saisir beaucoup de nuances émotionnelles, et peut-être même, qu’elles n’ont pas du tout de vie intérieure, ce qui nécessite donc de les amuser avec des fictions pas trop compliquées. Ou, pardon, pas trop « anxiogènes ». La catharsis est un gros mot.

    …Ou en tout cas, c’est la règle. Mais elle a, fort heureusement, des exceptions. Et cette liste d’exceptions continue de s’allonger, donc je râle de moins en moins souvent ! Mille hourras ! Me voici justement devant vous prête à reviewer la saison d’Enterrement de vie de garçon (à ma connaissance aucun rapport avec Enterrement de vie de jeune fille, également diffusée jadis par Canal+, bien que je ne l’aie pas vue), une mini-série de Canal+ en 4 petits épisodes pleins d’énergie et d’émotions. Canal+ est super en forme ce printemps, d’ailleurs, mais on en reparlera dans un contexte très différent.
    Si vous n’avez pas encore jeté un oeil à Enterrement de vie de garçon, mais que vous envisagez de le faire : NE LISEZ PAS CETTE REVIEW. Tournez métaphoriquement les talons et allez immédiatement remédier à cela. J’ai dit immédiatement. Une fois ceci fait, vous pourrez aller au-delà de l’image. C’est pas tant un problème de spoiler qu’une question de ne pas se gâcher le plaisir de la découverte… mais c’est quand même un peu ça aussi.

    Cinq potes se présentent dans un club de strip tease, mais l’humeur n’y est pas. En fait, aucun d’entre eux n’est vraiment intéressé par les danseuses ; au contraire, leur présence dans l’établissement pousse les amis à se lancer dans un débat sur l’attraction sexuelle et l’amour. Pour Paul, Adib, Noah, Zach et Oscar, un débat est même un euphémisme, puisque la plupart des interactions finissent en vannes ou en dispute !
    Pourquoi l’ambiance est-elle si pesante ? Eh bien, c’est la nuit que le groupe passe ensemble juste avant de se rendre aux funérailles de Daniel, leur pote (et le frère de Paul). Le décès de Daniel est donc encore frais, et il perturbe tout le monde… malgré les tentatives de Paul, à l’initiative de cette nuit étrange, et également à l’origine de blagues pas très appréciées par les autres (c’est lui qui, à une strip teaseuse demandant à quelle occasion ils sont venus, rétorque que c’est pour un « enterrement de vie de garçon »).

    Enterrement de vie de garçon est bruyante. Ses personnages se parlent les uns sur les autres, les discussions se mélangent, les émotions entrent en collision. Mais si elle est résolument chaotique, ce qu’elle n’est pas, c’est bordélique. Avec une précision chirurgicale, elle étudie ses personnages à la fois à travers ce qu’ils disent, et surtout à travers ce qu’ils ne se disent pas.
    Le chaos, lui, provient des personnalités très différentes en présence. Si différentes, en fait, qu’on se demande par moments comment ces cinq gars sont devenus amis. Paul qui n’est clairement pas dans son état normal mais qui garde très souvent un silence énigmatique, entrecoupé de petites phrases et même de vannes ; Adib est, comme apparemment tout le temps, très verbeux, et surexplique la moindre de ses actions ou paroles ; Noah est le premier à s’en plaindre, et bien que maussade il essaie de préserver une attitude qu’il considère pragmatique et réaliste ; Zach, qui a découvert par inadvertance que la danseuse qui lui donne une séance privée (il a été forcé) avait un fils, se sent soudainement pousser un instinct de paternité tout neuf ; quant à Oscar, il tente désespérément de se faire défoncer la gueule par un inconnu.
    Bref : personne ne gère ses émotions de façon bien saine. Dans le bruit à la fois du club, et celui des conversations agitées de la bande, en tout cas chacun a une excuse pour ne pas faire face à l’horrible réalité : c’est une soirée sans Daniel. Il n’y aura plus jamais de soirée avec Daniel.

    Chaque épisode de la mini-série (il n’y en a que quatre) va ainsi transposer le groupe d’un décor à un autre : club de strip-tease, hôpital, maison des parents de Paul et Daniel, et… cimetierre. Chaque épisode a ainsi une ambiance unique, et malgré le format d’Enterrement de vie de garçon, on n’est clairement pas ici dans un « film de 4 épisodes » mais bien une fiction tirant pleinement partie du modèle épisodique. Et par-dessus le marché, cette nuit à mille facettes (ou au moins à quatre ambiances) va permettre à plusieurs de ces personnages d’évoluer. Un peu.

    Un peu seulement, car Enterrement de vie de garçon a bien l’intention d’étudier l’étrange amitié (et pourtant si banale) de ces mecs. Ils trouvent qu’Adib et son sentimentalisme psychologisant sont ridicules, et ne manquent pas une occasion de lui intimer de fermer sa gueule ; mais ils sont aussi préoccupés par les non-dits, notamment ceux de Paul qui a quelque chose à l’esprit qui ne sort pas avant plusieurs épisodes. Le décès de Daniel a remué leurs idées préconçues sur la vie, comme Zach qui réalise soudainement que les efforts qu’il a produit pour réussir professionnellement et financièrement n’ont finalement que peu d’importance face à son désir de créer la vie, qui le submerge par surprise. Plus touchant encore est Zach, le tombeur du groupe qui est en train de prendre la mesure de ses sentiments pour Mona, l’infirmière qu’il fréquente depuis quelques mois. Le seul qui vraiment s’obstiner à du sur-place est Oscar, lequel refuse de parler de ses sentiments, se complaisant (probablement plus encore que d’habitude) dans ses blagues vaseuses, ses conneries et son envie de rester dans l’action plutôt que dans l’émotion.
    Dans Enterrement de vie de garçon, on est des « bonhommes » : on ne parle pas de ce qui nous perturbe. Alors, on parle de… tout le reste.

    La série étudie donc comment fonctionne cette amitié, et comment fonctionnent ces jeunes hommes, dans une situation qui leur interdit de se livrer les uns aux autres, même voire surtout quand ils en ont le plus besoin. Enterrement de vie de garçon ne cherche pas nécessairement à remettre en compte cet aspect de la masculinité toxique, du moins pas au point de s’en débarrasser miraculeusement en une nuit. Mais son emprise indéniable sur les esprits et sur les conversations se fait sentir de bout en bout, et témoigne de la difficulté à traverser une crise quand on n’a pas appris à dire, et même pas vraiment à penser, le domaine émotionnel. Et du coup, forcément, tout parait absurde un soir comme celui-là…
    Derrière les blagues et les conflits (Enterrement de vie de garçon est une série faisant la part belle aux comédiens de stand-up, et ça se sent dans les one-liners balancés au détour du script), il y a un soucis d’authenticité, mais une authenticité qu’on ne sait pas comment aborder. L’authenticité face à soi-même, face à ceux que l’on aime, s’impose  presque brutalement. Parce qu’on peut échapper à beaucoup de choses quand on est un homme, mais pas au deuil.

    Pardon si je me répète, hein, mais Enterrement de vie de garçon est le genre de série comme je les aime, qui parie sur notre faculté à apprécier le rire, mais sans le laisser masquer totalement le drame qui se joue dans l’âme de ses personnages. C’est une fiction empruntant à l’humour pour mieux nous chavirer (sans jeu de mots avec la barque, promis), et qui revendique les subtilités des discours et des interactions. Ce que ses personnages n’expriment pas, la série le transmet tout de même, malgré eux, et c’est juste putain de beau. Trainant leur misère de lieu en lieu, Paul, Adib, Noah, Zach et Oscar vont devoir trouver le moyen de partager ce qui, pendant quelques heures, fait faussement mine de les diviser : l’intime. Et, finalement, ils vont trouver ce qui s’approche pour eux de mots justes (dans une scène magistrale !) pour dire adieu à leur copain.
    Des séries françaises comme celle-là, j’en regarderais tous les jours. Easy. D’ailleurs si les 5 potes revenaient pour une seconde saison, ce serait encore mieux. L’appel est lancé.

    L’avantage c’est que, étant une femme, il m’est très facile de dire à quel point Enterrement de vie de garçon m’a bouleversée. J’aurais très envie d’entendre ce que des spectateurs masculins ont à en dire, cependant.


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  • Take Five + Quatre

    1 mai 2024 à 19:18 • Take Five •

    Il est l’heure du Take Five mensuel… et mois d’avril oblige, derrière les 5 séries-mystère du mois se cache une petite thématique ! Toutes les fictions reviewées du jour proviennent en effet du monde musulman, et ont été diffusées à l’occasion du Ramadan. Bon, presque toutes, en fait, mais vous allez voir que j’ai des circonstances atténuantes. Cela étant, un peu par accident, j’ai eu l’impression qu’un second thème se dégageait de plusieurs de ces visionnages… vous me direz si ça vous fait cet effet-là aussi.
    D’ailleurs, n’oubliez pas de rester après les 5 reviews, car évidemment, il y a quelques petites choses en plus dans les Take Five de cette année !

    Aa Amal (2024)
    Drama

    Trigger warning : violences de genre.

    Voilà une série qui aurait presque trouvé sa place dans la rubrique dédiée aux posters promotionnels, vu la force de sa symbolique. Cette femme transformée en poupée, ballotée par les hommes… On ne s’arrête pas à la symbolique, d’ailleurs, avec cette série qui a convaincu des élues libanaises de travailler à une nouvelle loi de lutte contre les violences faites aux femmes. On s’excuse du peu.
    La série suit Yassar, qui a trouvé le succès devant les caméras ; elle est à la tête d’un talk show en direct qui prône l’autonomie des femmes, au cours duquel elle donne des conseils mais aussi reçoit des invitées pour parler de sujets touchants aux Droits des femmes. Et précisément, le jour où démarre la série, elle attend une invitée, Hanan, qui ne semble pas venir…
    Mais le premier épisode de Aa Amal ne s’intéresse pas qu’à Yassar. En fait, bien qu’elle soit résolument l’héroïne de la série, on y trouve toute une collection de protagonistes féminines ayant leurs préoccupations. Comme on ne nous dit pas exactement (ou pas encore) comment ces intrigues sont liées les unes aux autres, cela crée un ensemble de vignettes saisissantes sur la condition féminine au Liban. Des vignettes qui incluent aussi bien des « souvenirs » de la naissance de Yassar (qui a faill être étouffée à la naissance, pour n’avoir pas été un garçon) ; des instants du quotidien de Farah (la meilleure amie de Yassar), une étudiante en médecine qui est également la chanteuse d’un petit groupe de musique féministe (et qui est, je suis navrée de vous le dire, d’ores et déjà ma protagoniste préférée) ; Yara, une jeune femme qui épouse Haroun parce qu’elle est l’aînée de la famille, mais n’a en réalité aucune intention de rester mariée avec lui ; Hadeel, la jeune soeur de Yara, éprise de Haroun mais qui n’a pas pu se marier avant sa soeur, et qui pleure pendant tout le mariage bien que sa soeur l’ait rassurée sur la non-consommation de celui-ci ; ou encore, bien que hors-camera, le sort de Hanan, qui devait témoigner sur le thème des violences domestiques et qui en réalité a été tuée avant l’interview avec Yassar.
    Il n’y a pas de concession possible dans Aa Amal, et la série est très intentionnelle dans ce qu’elle dépeint de la réalité des femmes modernes. Une réalité encore faite de sexisme, d’attentes brutales de la société, de violences (haha, quel pays arriéré le Liban, ça n’arriverait pas en France ça, hein ?). Aa Amal est une série puissamment en colère, quand bien même elle s’apprête à confronter son héroïne à plus de violence encore lorsqu’un nouveau voisin s’installe dans l’immeuble de Yassar. Il prétend ne pas savoir qui elle est, alors que la série nous révèle qu’il est obsédé par elle, suggérant que cet emménagement n’est pas une coïncidence… Sommes-nous condamnées à ne jamais être maîtresses de nos destinées ? Quel pouvoir nos mantras personnels sur le développement de notre autonomie ont-ils face à la brutalité du patriarcat ? Ce sont quelques unes des questions qui pointent leur nez dés cette exposition de Aa Amal.

    Dhaxal (2024)
    Drama

    Si jamais vous vous posiez la question : oui, c’est la toute première fois que je reviewe une série somalienne ! J’ai même dû créer le tag du pays pour l’occasion, je sais pas si vous vous rendez compte, ça n’était pas arrivé depuis des lustres. Dhaxal est un drama qui a été lancé à la mi-avril, et à ce titre la série ne compte pas comme une série du Ramadan, mais enfin, vous conviendrez que pour ce coup-là on va s’octroyer un peu de latitude…
    Dhaxal (qui apparemment signifie « l’héritage ») s’intéresse au quotidien de plusieurs protagonistes, et notamment à leur rapport à l’argent. Galad (à votre gauche sur l’image promotionnelle ci-contre) est un jeune diplômé qui tente d’entrer dans la vie active, mais ne parvient pas à trouver un emploi ; il caresse des rêves pour son futur, mais il est coincé dans la chambre qu’il partage avec son frère dans la petite maison familiale. Paradoxalement, il refuse de prendre un emploi à temps partiel comme enseignant dans une école, job que son père, instituteur, pourrait lui obtenir ; Galad craint de finir coincé dans un emploi sans avenir et avec un salaire qui ne permette pas à toute une famille de subsister, et préfère passer ses journées à quadriller la ville CV à la main. Bon, ça ne veut pas dire qu’il ne fait rien : il a tout de même un emploi dans un fast food le soir ; c’est de l’ambition, pas des illusions de grandeur. A l’opposé du quotidien de Galad, il y a Hani, une jeune femme née dans une riche famille, et qui tient un poste important dans une banque. Tous les matins, le chauffeur de sa famille l’emmène au travail, et le soir, elle a de l’argent à dépenser pour aller prendre un verre avec des amies. Le premier épisode de Dhaxal offre un commentaire intéressant pendant cette scène, d’ailleurs : l’une de ses amies est mariée, et a cessé le salariat, tandis que l’autre a lancé son entreprise et est donc sa propre patronne. Toutes les trois discutent des avantages que procure, pour une femme, la vie active, et Hani, si elle n’est pas opposée à une vie de famille, en profite pour indiquer qu’elle n’a aucune envie d’abandonner de son indépendance si jamais elle se marie. Je serais curieuse de voir ce que la série veut faire de ce sujet par la suite.
    Pour le moment, dans cet épisode introductif, qui introduit une foule de personnages secondaires avec leurs préoccupations (par exemple le jeune frère de Galad, Buhran, est amoureux d’une camarade d’université ; il vient aussi de quitter son job à mi-temps), on prend le temps d’observer les gens comme dans leur milieu naturel. Les scènes sont plutôt longues, calmes, avec des dialogues cherchant l’authenticité. Dhaxal adopte un ton quasiment documentaire qui souligne bien son ambition de refléter la réalité de ses spectatrices. Toutefois on peut déjà voir poindre son propos de fond par petites touches ; le père de Galad, par exemple, donne un cours à ses élèves sur l’indépendance de la Somalie. Pour lui qui a connu les années 60, explique-t-il, il n’a plus les mêmes idées qu’il avait alors ; cette indépendance n’était pas une fin en soi, aussi, de la même façon que le pays doit continuer à progresser, les élèves, individuellement, doivent être ouvertes au changement, et s’autoriser à continuer d’évoluer toute leur vie. J’ai été très impressionnée par le propos comme par la démonstration, qui donne de la dimension à l’intrigue pourtant en apparence simpliste de ce premier épisode. Ce monologue inspirant recourt non seulement à des figures historiques africaines, mais cite, aussi, des passages de l’oeuvre de Timocade.
    Il y a sûrement d’autres références qui m’ont échappé, mais j’avoue avoir été intriguée par le mélange de chronique tranquille et de manifeste sur le sort économique de la jeunesse somalienne que propose Dhaxal. De quoi, en effet, cette génération a-t-elle hérité ? Que peut-elle en faire ? Je suis toujours fascinée par ces séries aux apparences humbles qui arrivent à en dire tant. Et au passage, dans un registre plus superficiel : mon Dieu que le somali est une jolie langue.

    Jak Al Elm (2024)
    Comédie

    Un sitcom sans prétention sur une famille bédouine, qui commence (c’est de circonstance) le premier jour du mois de Ramadan. C’est le jour qu’a opportunément choisi Mary, l’employée étrangère de la famille Samel, pour tenter de négotier une augmentation de salaire. Lorsque celle-ci lui est refusée, elle décide carrément de faire sa valise et partir ! Voilà donc les Samel bien marries, d’autant qu’Abu Samel venait de discuter avec son voisin de samosas et que maintenant, eh bah, il a faim de samosas à la viande. Alors que faire ? L’intrigue comme la mise en scène ne semblaient au départ pas franchement casser trois pattes à un canard. Jak Al Elm s’enorgueillit de son format familial, dans lequel il y a rarement des tonnes de choses à analyser. Et pourtant, ce premier épisode prend un tournant amusant lorsqu’Um Samel, qui n’est pas la dernière des imbéciles, a l’échange suivant avec son époux, que je vous retranscrit ici parce que je l’ai juste trouvé délicieux :
    – Je suis pas ta bonne, Abu Samel ! Pendant le Ramadan, les hommes trouvent la nourriture toute prête sans se fatiguer, et les femmes ne font que cuisiner.
    – Les femmes ne font que cuisiner depuis la nuit des temps ! Pas les hommes.
    – Ah mais je sais que les hommes cuisinent aussi quand ils sont dans le désert.
    – Oui, ils cuisinent, et coopèrent, et préparent les meilleurs mets. Mais pas des samosas et des beignets !
    – Je vais te montrer comment faire des samosas, sinon ya pas de petit-déjeuner. Tu vas apprendre ! Si tu veux des samosas tu les feras toi-même. Sinon, tu n’as qu’à les commander dans un restaurant ou demander de l’aide à tes amis.
    – Oh mais j’ai peur de les faire carrés.
    – Qu’ils soient carrés ou ronds, si tu veux en manger, tu vas m’aider.
    Allez, pan dans les dents. Pas d’excuse sexiste, pas d’incompétence stratégique : malgré les tentatives d’Abu Samel (haha, quel pays arriéré l’Arabie saoudite, ça n’arriverait pas en France ça, hein ?), il ne lui est laissé aucun choix. Acculé, Abu Samel se retrouve donc à préparer ses fichus samosas à la viande, et le pire c’est que de l’aveu même de sa femme qui pendant ce temps est au téléphone avec sa meilleure amie, ses samosas sont meilleurs que ceux qu’elle prépare elle-même. Or, la meilleure amie d’Um Samel est bavarde, et à son mari qui ne l’aide pas assez en cuisine, elle a lancé le fameux « tu vois, Abu Samel lui il cuisine des samosas à sa femme, pourquoi tu me fais jamais des samosas toi ? ». Vous-même vous savez. Il n’en fallait pas plus pour que la rumeur courre parmi le cercle amical d’Abu Samel que celui-ci cuisine des samosas, alors que c’est un homme ! Preuve que le monde marche sur la tête. Abu Samel fera-t-il marche arrière après être humilié par ses copains sur son groupe WhatsApp ? Et si oui, que mangera-t-on pendant le mois saint ?!
    Bon, j’avais prévenu, c’est pas de la grande télévision ; Jak Al Elm est une gentille comédie domestique, avec des gags un peu basiques et des protagonistes stéréotypées. Mais ça m’a plu, ce renversement des rôles et cette exploration des rôles genrés ; malgré quelques peurs (il y a un moment où l’humiliation fait dire à notre homme qu’il ne cuisinera plus jamais, et j’ai bien cru qu’on allait faire marche arrière), finalement l’épisode se conclut sur un ultime retournement de situation. Ainsi, non seulement le digne Abu Samel fait maintenant ses samosas lui-même, mais en plus il va apprendre sa technique à son fils ! Qui n’aime pas un bon happy ending ?
    …Par contre regarder cet épisode m’a donné une de ces envies de samosas, à moi !

    Taj (2024)
    Drama, Historique

    L’histoire coloniale de la France, c’est encore les autres pays qui en parlent le mieux.
    Taj est le nom d’un ancien boxeur qui en 1936 occupe plusieurs rôles : celui de père, de mari, d’entraîneur… et de révolutionnaire. Le premier épisode nous replonge en effet dans la période du mandat français. Taj est en première ligne pour organiser des manifestations, des grèves, et même une tentative d’assassinat envers le colonel Jules, l’un des officiers français les plus violents. La tentative, hélas, échoue in extremis, et Taj prend la fuite avec deux de ses camarades ; forcément, Jules décide de le rechercher activement (sous le nom de code « Ciseaux »), et obtient une information quant à la maison que le groupe utilise pour s’organiser, et comme cache d’armes. Sauf que le jour du raid subséquemment organisé par le colonel, Taj n’est pas là : il a été arrêté quelques heures plus tôt pour un motif plus bénin. Il n’en faut pas plus à son entourage pour l’accuser de trahison, et lui reprocher le massacre de ses camarades. Commence alors une lente descente aux Enfers qui lui fait perdre un à un tous ses rôles : révolutionnaire, entraîneur et mari. Fort heureusement, il conserve la garde de sa fille (…après que son épouse l’ait quitté).
    Cinq ans plus tard, Taj est à la dérive… Toutefois, en 1941, la situation géopolitique a changé. Taj parviendra-t-il à retrouver son honneur ? Une question indémêlable de l’honneur et l’indépendance de la Syrie, bien-sûr.
    Taj (évidemment à ne pas confondre avec la série indienne du même nom) est impressionnante par son ambiance étonnamment feutrée. La plupart des scènes se déroulent de nuit ou au moins dans des pièces sombres ; on y trouve de beaux tableaux contemplatifs ; les personnages s’expriment presque toujours d’une voix calme, presqu’à voix basse ; des chansons d’amour tristes occupent le fond sonore de nombreuses scènes… Le résultat est mélancolique avant même que les choses ne tournent au vinaigre pour le héros. Je n’ai même pas trouvé l’acteur particulièrement bon, mais même comme ça, la série réalise un sans-faute avec cette introduction.

    Umm-e-Ayesha (2024)
    Drama, Romance, Religion

    Ayesha a 23 ans (c’est même son anniversaire dans le premier épisode), et c’est une jeune femme épanouie et pleine d’énergie. Elle jongle entre ses études, sa dévotion à sa famille, et sa dévotion religieuse. C’est un peu la fille idéale ! Mais justement, jongler avec tout cela ne manque pas de défis, et ce sont ces tiraillements qui sont au coeur de la série Umm-e-Ayesha, diffusée pendant le Ramadan cette année et également mise en ligne sur Youtube. Tournée dans les conditions du soap opera mais évidemment avec des références musulmanes (un mélange dont je ne me lasse jamais !), la série nous montre cette héroïne qui aspire à une pratique moderne de l’Islam. Elle a, par exemple, choisi de porter le hijab (nombre des autres protagonistes féminines de la série ne le portent pas), mais elle circule aussi en scooter à travers la ville (ce que plusieurs personnes réprouvent, y compris au sein de sa propre famille), et suit des cours à l’université qui d’ailleurs touchent à leur fin. Quel avenir pour elle ? Sa mère commence progressivement à parler mariage… mais est-ce ce que veut Ayesha ? Et si oui, sous quelle forme ?
    Pour l’instant il est un peu tôt pour le dire, ce premier épisode exposant les personnages, leurs dynamiques et leur dilemmes moraux sans trop s’avancer encore quant à la suite de l’intrigue. Il faut dire que des personnages, il y en a vraiment beaucoup ! Outre Ayesha, son père (qui l’encourage), sa mère (plus conservatrice), sa tante, ses deux soeurs et son cousin, Umm-e-Ayesha nous présente une autre famille, celle d’Aswad, un jeune homme qui travaille avec son père et qui dans le même temps sort régulièrement avec ses potes, ainsi que sa cousine à laquelle sa tante permet tout. Leur existence plus moderne désespère la mère d’Aswad, qui est elle aussi plutôt conservatrice et préfèrerait un peu plus de convenance dans le style de vie de sa maison. Elle espère secrètement qu’Aswad va se marier à une bonne musulmane qui le fera rentrer dans le rang.
    Ayant vu une ou deux séries dans ma vie, je pense que je ne m’avance pas trop en présumant qu’une romance (plus ou moins arrangée ?) se profile pour Ayesha et Aswad. Toutefois, ce n’est vraiment pas ce sur quoi la série insiste, mais plutôt sur l’état d’esprit de la jeunesse, et ses valeurs. Ayesha, bien-sûr, personnifie un idéal : sa toute première apparition dans la série consiste à venir en aide à deux femmes victimes d’un vol de sac à main, engueuler le voleur pour avoir présumé de la faiblesse de deux femmes… et engueuler les deux femmes pour se comporter comme des victimes (elles ont refusé de gifler le voleur pour lui donner une leçon). Plus tard, Ayesha, qui évidemment a d’excellents résultats universitaires, tancera sévèrement l’une de ses amies qui se réjouissait qu’une étudiante antagoniste ait raté quelque chose ; selon Ayesha, il ne faut évidemment pas se réjouir de l’échec d’autrui, et surtout pas si cette personne est « mauvaise » car c’est alors se lancer dans une course à la médiocrité. Le propos est ici clair, et Ayesha a plusieurs fois l’occasion de démontrer que sa foi ne s’arrête pas à la prière, mais qu’elle en fait la démonstration dans tout ce qu’elle fait et dit. Ecoutez, c’est une série du Ramadan, je ne sais pas à quoi vous vous attendiez.
    Cependant, la série ne s’arrête pas là, et donne aussi beaucoup d’importance au point de vue des parents, recentrant le débat sur l’éducation. Car une jeune femme comme Ayesha, ça ne tombe pas du ciel ; Umm-e-Ayesha se fait l’écho de la meilleure façon d’élever de jeunes adultes musulmanes dans le Pakistan d’aujourd’hui. Faut-il s’adapter à un monde qui change, et si oui, à quel point ? Où est la nuance entre permissivité et ouverture d’esprit ? Entre préservation des convenances qui importent et rigidité superflue ? Plus que d’offrir un role model en la personne d’Ayesha, la série s’interroge sur la façon dont la société dans son ensemble a son rôle à jouer dans ce que sont et font les adultes de demain. J’ai vu passer de très intéressants articles félicitant Umm-e-Ayesha pour parler de la discrimination envers les jeunes femmes portant le hijab (haha, quel pays arriéré le Pakistan, ça n’arriverait pas en France ça, hein ?), de références à des figures historiques/religieuses féminines (Ayesha mentionne par exemple Khawla et Zaynab bint Ali), de l’importance du soutien de la figure paternelle à l’autonomie des filles (dans le respect de leur personnalité), ou encore de la nécessité d’encourager l’indépendance des Pakistanaises (ce qui se matérialise ici par le scooter d’Ayesha).
    Et apparemment, Umm-e-Ayesha est l’un des plus grands succès pakistanais de ce début d’année ! Je trouve que ça réchauffe le coeur.

    Je.

    Non mais franchement. Qu’est-ce que le fuck ? Le poster de la série japonaise Messou mo Nai m’a laissée bouche bée. Pourtant j’en ai vu quelques uns, des posters hallucinés (y compris au Japon), mais alors celui-là est juste… je sais pas quoi vous dire. Il casse mon cerveau. C’est profondément perturbant et en même temps il émane quelque chose de calme, presque serein de ce tableau, malgré son côté quasiment horrifique. Tout cela colle plutôt bien au synopsis, qui mélange apparemment surnaturel et spirituel, en même temps. Reste que ce poster m’a obsédée tout ce mois d’avril.
    Ne me laissez pas oublier de reviewer le premier épisode, d’ailleurs, vu que j’ai réussi à mettre la main sur des sous-titres.

    Je n’ai pas toujours le temps ou la capacité à répondre à chaque commentaire, mais croyez-moi ils sont lus et appréciés ! Ce mois-ci on revient, au travers de ce commentaire de Mila, sur la culture téléphagique.

    Ben écoute, l’expérience te prouve peut-être que tu as plus de culture télévisuelle française que tu penses, mais c’est le contraire pour moi: j’avais jamais entendu parler d’aucune de ces séries. Enfin… Objectif Nul, je connaissais le nom parce qu’il y en avait des bouts sur un DVD best-off des Nuls que j’ai, mais j’avais même pas capté que ça faisait partie d’une série, alors que subitement, ça me semble évident. Donc même sur ce que je « connaissais », j’apprends des choses :’D

    C’est compliqué d’acquérir de la culture télévisuelle de nos jours, j’ai l’impression. Entre la vague de la « Peak TV » qui nous a submergées de séries neuves semaine après semaine pendant des années, et le désintérêt patent des plateformes de streaming pour les séries de plus de 10 ou 15 ans (à l’exception de quelques titres déjà connus de « tout le monde »), il est pour commencer assez difficile d’avoir accès à pas mal de séries anciennes. Et donc d’avoir ne serait-ce que connaissance de leur existence.
    Et puis surtout, cette culture de l’immédiateté s’est accompagnée de tout un discours ambiant sur « la série à voir ce mois-ci » et « le nouvel âge d’or de la télévision », laissant assez peu de place à des retours en arrière. Avec en plus la crise de la presse internet spécialisée, ça ne s’est pas arrangé. Celle-ci s’est trouvée réduite à du clickbait pour survivre, donc bien souvent forcée de se limiter à la mise en lumière de séries populaires au détriment des autres. L’un des effets secondaires de cette pression s’est matérialisé par une tendance à rabâcher régulièrement les mêmes titres de séries pour faire de l’audience (genre trouver une excuse pour parler de Friends ou Buffy bien que les séries n’aient évidemment pas d’actualité, sortir 712 articles sur Game of Thrones, etc.). Du coup, on s’est collectivement retrouvées pendant un long moment dans un couloir faisant abstraction de toute histoire télévisuelle… et, potentiellement, pas très propice à construire l’histoire télévisuelle de demain.
    A quoi bon ? On ne fera jamais autant d’audience/de vues avec de vieux épisodes qu’avec une série dont personne ne sait rien, qui vient d’être balancée sur Netflix en milieu de semaine, et que tout d’un coup il faut absolument avoir vue.

    Devrait-on compter sur les spectatrices pour combler leurs « lacunes » ? C’est beaucoup leur demander quand rien n’est fait pour le leur faciliter. C’est un peu ce qui m’a fait perdre la foi dans les articles historiques, d’ailleurs : à quoi bon citer des noms de séries qui sont aujourd’hui impossibles à trouver ? Qui ça aide, au juste ?
    …Surtout quand le téléchargement n’est plus dans les habitudes de la plupart des spectatrices, et que les options pour voir d’anciennes séries légalement se comptent sur les doigts de la main d’un manchot. Dans le cas de ma rétrospective de comédies françaises des années 80, à part Madelen, il n’y a PERSONNE sur ce terrain. Personne. Je sais bien combien d’heures j’ai passé à enquêter sur les épisodes que j’ai reviewés ; je ne vous parle même pas de ceux que j’ai cherchés et sur lesquels j’ai fait chou blanc (Vivement Lundi, ma grosse déception téléphagique de 2024, ironiquement).
    Qui, aujourd’hui, a la capacité à dépenser autant de temps et d’énergie à des fouilles archéologiques ?

    Donc quand je vois des commentaires comme celui de Mila, des « eh bien après avoir lu tout ça, je m’aperçois que je connaissais pas », je ne suis pas surprise. C’est complètement normal. On est dans un système télévisuel où à l’heure actuelle, il n’y a aucun moyen ne serait-ce que de savoir qu’on ignore des pans entiers d’histoire. Encore aujourd’hui j’ai vu quelqu’un dire : « j’ai trouvé [un film] formidable. J’avais vu des critiques en mode rien ne le distingue d’un téléfilm. Ben le jour où Hitchock fait des téléfilms, avec des acteurs tous excellents, prévenez-moi ». Bah mon ami, voilà, je te préviens. Deux fois, même. Tu pouvais pas savoir que tu ne savais pas, honnêtement.
    Tout ça pour dire : contente d’avoir pu contribuer un tout petit peu à améliorer les choses pour la vaillante poignée de personnes qui me lisent. Et d’ailleurs, contente de lire que ça aide un peu ; c’est le genre de choses qui me fait retrouver la foi dans les articles portant sur les choses plus anciennes. Même si j’admets bien volontiers que le Take Five d’avril ne reflète pas trop ce sentiment !

    …Bon allez, je m’arrête là. Assez causé de moi. Et vous, qu’avez-vous vu ce mois-ci ?


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  • La guerre des tulipes

    28 avril 2024 à 20:24 • Telephage-o-thèque •

    Le 12 mai 2000, le tracteur de Luuk Vonk a percuté la voiture de Anja et Gerard Kester, qui transportait également leurs deux enfants, sur une petite route au milieu des champs de tulipes. Les parents sont morts sur le coup. Henk Kester, frère de Gerard, a assisté à l’accident. Il est depuis convaincu que Vonk a provoqué l’accident exprès, et a passé les années suivantes à le traiter de meurtrier.

    L’intrigue de Zwarte Tulp, une série néerlandaise de la plateforme Videoland dont le titre signifie « tulipe noire » (rien à voirs avec Dumas), démarre précisément le 12 mai 2015, au moment du funeste anniversaire de la tragédie. En une décennie et demie, les Vonk et les Kester ont prospéré, chaque famille étant à la tête d’une entreprise d’horticulture qui, bien-sûr, sont concurrentes l’une à l’autre. Toutefois, il s’avère que le 12 mai 2015 est également le jour où, dans une de ses serres, Luuk Vonk découvre que l’un des bulbes sur lequel il travaillait vient de donner une tulipe d’une couleur noire intense (plus foncée encore que la Queen of the Night). Une grande première qui va, enfin, lui donner l’avantage sur les Kester.
    …Si tout va bien.

    Tout, évidemment, ne va pas aller bien. Zwarte Tulp dédie son premier épisode à la fois à un travail d’exposition classique, et à la fois à la délivrance d’une prophétie macabre. Il va y avoir une mort dans cet épisode, ne cessent de subliminalement nous indiquer la série.

    Bon, ok, c’est pas aussi subtil que semble le penser le scénario, mais en tout cas cela confère à Zwarte Tulp, qui a tout du primetime drama (si les plateformes de streaming avaient un primetime, en tout cas), une aura à la limite du fantastique. Deux membres de la famille Vonk, en particulier, semblent capables de pressentir ce qui va se dérouler pendant cette fameuse journée du 12 mai : la mère de Luuk, une vieille femme qui semble parfois un peu perdre la boule mais qui a aussi une capacité d’observation de son entourage que plus personne ne suspecte ; et la petite-fille de Luuk, la petite Jisanne (d’ailleurs présente sur le matériel promotionnel), qui nourrit une obsession sinistre pour les fleurs… mais aussi le sang.
    Alors toute la question, bien-sûr, n’est pas tant de savoir s’il va effectivement y avoir un décès au cours de cet épisode introductif, mais plutôt qui est comment. Et pour cela, il n’est pas superflu de revenir sur les forces en présence.

    Les Kester sont clairement la famille qui a le mieux réussi financièrement. Malgré le décès de son frère et sa belle-soeur, Henk Kester a réussi à mener son entreprise vers le succès, et possède également une magnifique demeure moderne où, avec son épouse, il a élevé son neveu Martijn et sa nièce Lynn, rescapées de l’accident de voiture/tracteur. Chaque année pour le 12 mai, il se rend à l’emplacement de la collision où a été érigé un mémorial, et y dépose des fleurs ; et chaque année, il maudit un peu plus l’homme qui lui a ravi deux membres de sa famille. Au détour d’un dialogue (lors de l’unique et bref échange entre Henk et Luuk à avoir lieu dans cet épisode), on apprendra même qu’il y a eu des suites judiciaires à l’accident, mais vraisemblablement Luuk a été mis hors de cause, ce qui n’a fait que renforcer l’amertume de Henk.
    De leur côté, les Vonk vivent dans une plus petite maison, occupée par pas moins de 4 générations : la grand’mère que j’évoquais plus haut (qui apparemment s’appelle Roos mais que tout le monde appelle par son titre, donc « Oma »), Luuk et son épouse Marieke (…également appelée « Oma » à l’occasion, c’est d’un pratique), leur fille Emma qui travaille également à la serre, et leur petite-fille Jisanne, donc. On ne sait pas qui est son père, mais vu qu’Emma fait régulièrement les yeux doux, bien qu’à distance, au fils aîné des Kester, Felix (qui apparemment vit au loin), donc il est possible qu’il y ait un Romeo et Juliette sous roche. Les Vonk ont également un autre rejeton, Ben, qui ne travaille pas dans les serres et est considéré comme le mouton noir de la famille, et qui emprunte très régulièrement de l’argent pour toutes sortes de choses. La série nous le présentera dans son mobil home avec sa compagne Kat, une esthéticienne un peu plus raisonnable que lui mais qui n’essaie jamais très longtemps de lui donner le sens des responsabilités.

    Le décor étant planté, et les personnages introduits, Zwarte Tulp peut donc progressivement nous amener aux événements du 12 mai 2015, dans la serre de Luuk Vonk. Ce n’est qu’une fois que nous avons compris les dynamiques que nous sommes en mesure de comprendre l’ampleur de ce qui s’y déroule.
    En effect, le 12 mai est également le jour de la parade de fleurs locale, à laquelle les Vonk et les Kester participent (et qui est l’une des nombreuses façons qu’ont les deux familles de rivaliser). Toutefois, après la découverte du bulbe de tulipe noire, Luuk a décidé de rester dans le laboratoire de sa serre, pour enregistrer légalement l’existence de cette tulipe miraculeuse dont il ne parvient pas à détacher les yeux. Le reste de sa famille est allé assister à la parade, où se trouvent également toutes les Kester, donc.
    Toutes ? Non ! Car Martijn a entendu parler de la fameuse tulipe noire, et a décidé de profiter que tout le monde aurait le dos tourné pour s’introduire dans la serre des Vonk et détruire le bulbe. Pas de chance, il n’avait pas imaginé que Luuk serait là, et un affrontement a lieu entre eux… à quelques pas de Ben, qui s’est secrètement introduit dans la serre pendant que tout le monde a le dos tourné, dans l’espoir de voler à son père l’argent dont le prêt lui a été refusé ! Ah, et, ai-je pensé à signaler que très discrètement, Zwarte Tulp nous a indiqué que Luuk Vonk avait le coeur un peu fragile ?

    La prophétie se réalise donc, et notre homme fait une crise cardiaque dans sa serre. Qui a tué Luuk Vonk ? Le voilà le vrai point de départ de l’intrigue de Zwarte Tulp ! On y mélangera dans les épisodes suivants, de toute évidence, des questions sur la culpabilité (d’autant qu’un employé a vu Ben sortir de la serre…) à des dynamiques plus soapesques, dont Zwarte Tulp ne se cache pas.
    Au total, Zwarte Tulp a connu deux saisons, même si apparemment les audiences de la seconde se sont effondrées. En tout cas, je n’ai trouvé que les épisodes de la première saison pour le moment, et ça m’a pris neuf ans, donc bon.


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  • La vie en grand

    27 avril 2024 à 23:54 • Review vers le futur •

    « Here we go again« . Louise est assise, une fois de plus, devant son oncologiste, un bourdonnement terrifié dans les oreilles, attendant les résultats de ses dernières analyses. Elle n’est pas très optimiste, et qui le serait ? Après ces derniers mois passés à l’hôpital… Et pourtant, c’est la surprise : une bonne nouvelle. Elle est en rémission ! Et la vie peut enfin recommencer.
    …Ou plutôt commencer parce que Louise, l’héroïne de Louise Lives Large, est encore une collégienne.

    Rien ne me fait plus plaisir que de voir des séries pour la jeunesse s’essayer au réalisme plutôt que de parler à leurs spectatrices comme à des idiotes incapables de saisir des nuances. Louise Lives Large est à mettre au même plan que des séries comme la méconnue websérie américaine Zoe Valentine ou l’excellente série australienne First Day : on y présume que les adolescentes ont une vie intérieure, et que la complexité du monde ne leur est pas étrangère.
    Les adolescentes sont des personnes ; les histoires qu’on leur raconte doivent se montrer à la hauteur de ce qui pourtant devrait être une évidence.

    Louise apprend donc dans le premier épisode que tous ses tests sont bons, et qu’après une année chaotique, elle peut enfin retourner à l’école, retourner à sa vie.
    Mais quelle vie, justement ? Les choses ne sont pas aussi simples une fois venue la rentrée. Pendant une année scolaire (plus les vacances d’été qui viennent de s’achever !), le monde a continuer de tourner sans elle. Sa meilleure amie Faith, par exemple, est devenu extrêmement populaire, et ne se déplace plus sans Hannah, sa groupie qui la suit partout ; elle n’a plus vraiment besoin de Louise, d’autant que pendant ces derniers mois elles ne se sont plus tellement parlé. Et puis, il y a pire : désormais, tout le monde traite Louise comme « celle qui a eu le cancer », et c’est une identité lourde à porter tout en étant déshumanisante. Tout ce qu’elle fait est vue à l’aune de sa supposée fragilité ou au contraire de son courage… quand ce n’est pas l’idée qui apparaît chez certaines que Louise utilise son histoire médicale pour se donner de l’importance.
    Le retour à la vie normale n’en a donc que les apparences. La normalité a changé, et Louise doit s’adapter.

    Par le plus grand des hasards, elle se rapproche lentement de Jess, la soeur jumelle de Rob, un garçon qui était un ami de Louise à l’école primaire, mais avec lequel elle avait perdu le contact avant même le cancer.
    Jess a un peu une mauvaise réputation, et c’est vrai qu’elle n’a pas un caractère évident, toutefois elle a aussi encore un peu d’affection pour Louise. Mais surtout, Jess et Rob ont perdu leur mère (qui d’ailleurs était une amie proche de la mère de Louise) d’un cancer quelques années plus tôt, et sont au fait des réalités moins stéréotypées de la maladie. Progressivement, Louise et Jess partagent des rires et des confidences. C’est elle qui donne à Louise l’idée de se lancer dans une « anti-bucket list » : une liste de choses à faire non pas avant de mourir, mais parce qu’elle est en vie.
    Louise Lives Large se donne pour cadre narratif cette fameuse liste, qu’épisode après épisode Louise imagine puis essaie de faire devenir réalité. Cela la pousse non seulement à dessiner les buts qu’elle se fixe (une opportunité d’être créative), mais aussi à se poser les bonnes questions. Qu’attend-elle de la vie, maintenant ? Dans le premier épisode, par exemple, Louise décide de sécher des cours… juste pour voir ! C’est le moment de faire des expériences, non ?

    La façon dont Louise Lives Large emploie son sujet de départ pour raconter des histoires d’adolescence relativement universelles est vraiment brillante. Louise a, de toute évidence, un parcours bien spécifique ; mais comme Hannah de First Day, ses apprentissages bénéficient à toutes sortes de spectatrices.
    Qui plus est, et c’est vraiment la grande force de la série, Louise Lives Large a l’excellente idée d’élargir ses intrigues à toute une galerie de personnages du même âge, mais aux préoccupations différentes. Ainsi, Jess et dans une moindre mesure Rob sont confrontées à la nouvelle petite-amie de leur père, et à la place qu’elle prend dans leur foyer et donc dans leurs vies. Jess est également en conflit avec Faith, et apparemment quelque chose a eu lieu pendant l’été qui donne une excuse à Faith pour harceler Jess. Une nouvelle élève, Daisy (mais que Jess surnomme « Tulip » !) débarque dans la classe, avec un secret : elle vit dans la partie de la ville où sont établies des familles voyageuses. Oísin découvre qu’il est un garçon qui plait, mais craint de n’être vu que comme un himbo alors que dans le même temps, il se prend de passion pour de nouvelles choses que personne ne prend au sérieux. Spud commence à penser aux filles, même si dans le même temps il a encore envie de faire le pitre. Hannah est prise dans l’ombre de Faith, qu’elle pensait admirer mais dont de plus en plus elle constate qu’elle peut être méchante. Rob a un faible pour Louise, mais n’ose trop rien dire. Pendant ce temps, Fiachra craque pour Rob, mais il a bien compris qu’il n’a aucune chance avec lui…
    Les héroïnes de Louise Lives Large ont autour de 13 ou 14 ans, un moment de transitions s’il en est. Elles commencent à définir qui elles sont, mais le défi consiste à assumer d’être ces personnes face à des paires. Plus difficile encore que se construire : voir notre image se construire dans le regard des autres…

    Louise Lives Large a vraiment bien cerné tout cela, et les intrigues se saisissent avec énergie de toutes les opportunités de dépeindre des moments maladroits, heureux, tristes, angoissants…
    …Et elle le fait avec une intrigue feuilletonnante ! Je ne m’y attendais pas du tout, vu la formule de départ, mais force est de constater que Louise Lives Large ne se contente pas de faire du formulaïque. D’ailleurs, certains épisodes ne vont même pas vraiment s’intéresser à la fameuse « anti-bucket list« , préférant prendre au sérieux ce que traversent les protagonistes plutôt que d’insister sur des gimmicks. La série ne s’apesantit pas sur certaines choses, les intrigues vont vite, se résolvent parfois un peu simplement, mais l’essentiel est que les choses soient dites, et que l’opportunité soit donnée aux spectatrices de voir à l’écran des choses qui les touchent de près. Ce n’est pas superficiel, mais on n’est pas là pour faire dans la tragédie non plus !
    Louise Lives Large imbrique tous ses ingrédients sans perdre un instant (n’est-ce pas, après tout, la leçon apprise par Louise !), en profitant pour toucher à toutes sortes de sujets et même, parfois, en gardant un oeil sur les adultes de son intrigue, qui ont également des préoccupations. Que ce soient deux profs qui se tournent autour, ou des parents dont les disputes deviennent de plus en plus inquiétantes, tout le monde traverse quelque chose qui mérite un peu d’attention scénaristique.

    Des séries comme Louise Lives Large font vraiment plaisir à voir. Ce sont des fictions dont l’humour n’est pas absent, mais qui remplissent leur mission avec sérieux. Il faut dire qu’ils se sont mis à trois pays pour produire ces 8 épisodes : l’Irlande (où le tournage a eu lieu et dont la plupart des membres de la distribution sont originaires), le Canada et la Belgique ! Un trio qu’on trouve rarement à la tête de co-productions communes, mais qui a réussi à créer une petite perle méritant d’être vue. Et, très franchement, ça me fait chaud au coeur de penser que des ados de ces trois pays ont ou vont avoir accès à la saison 1 de Louise Lives Large… que j’espère ne pas être la dernière.


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