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  • Vos désirs sont des ordres

    9 avril 2024 à 22:58 • Review vers le futur •

    C’est avec plaisir que je vous annonce que si vous avez aimé les thèmes de séries comme The Booth at the End ou Plan B, vous allez absolument vouloir jeter un oeil à la série brésilienne Desejos S.A., lancée fin mars par ST★R+ et qui traite d’un sujet similaire. On est ici dans du high concept, sans aucun doute possible, avec une mystérieuse organisation qui permet à quiconque la contacte par téléphone de réaliser les rêves les plus fous. Et qui dit high concept, dit qu’il fallait absolument que j’y jette oeil ; vous avez donc sous les yeux une critique de toute la saison (avec les risques de spoilers que cela implique).

    Desejos S.A. (« Désirs SARL », si vous préférez) est donc à la fois le titre de la série et le nom de cette curieuse companie, dont les protagonistes n’apprennent l’existence qu’au moment où elles en ont le plus besoin. Le principe est simple : si vous trouvez son numéro de téléphone, il suffi de le composer. On vous demande alors de donner votre nom complet, d’énoncer votre désir le plus ardent, et de verser 9,99 reais. C’est l’équivalent de même pas 2€ ! Tout le reste est géré pour vous, il n’y a plus qu’à attendre que les choses se passent, ou que l’on vous contacte pour vous dire quand et où obtenir ce que vous désirez.
    …Bon. Vous vous doutez bien qu’il n’y aurait pas de série si les choses étaient si simples, cependant !

    Desejos S.A. fonctionne sur le principe d’une semi-anthologie, proposant de suivre dans chaque épisode une cliente différente, même s’il apparaît rapidement que des ramificaitions existent.
    Comme beaucoup de séries high concept anthologiques, elle répète donc sensiblement la même formule d’épisode en épisode. La protagoniste de l’épisode, dans un moment de désespoir, compose le numéro de Desejos S.A. ; puis l’épisode pratique un retour en arrière de plusieurs jours, regarde à quoi sa vie ressemblait jusque là et surtout ce qui lui manquait, conduit à la découverte du flyer (parfois autocollant) de Desejos S.A., revient au moment de passer l’appel, puis observe les conséquences. Je vous avoue d’emblée que cette prétention de commencer l’intrigue in media res puis d’opérer un retour en arrière est très superflue ; il est très rare que cette scène délivre une information ou une interprétation différente la seconde fois qu’on la voit. Mais bon. Soit.
    Une chose est claire : les épisodes se suivent et les désirs ne se ressemblent pas. Les 6 épisodes qui composent cette (première ?) saison touchent à des choses comme le désir sexuel, la jalousie ou encore l’exténuation. Les protagonistes, elles non plus, ne se ressemblent pas ; d’ailleurs j’ai trouvé intéressant que l’un des épisodes porte sur une enfant ! Si Desejos S.A. est résolument une série pour les adultes, le fait qu’elle s’interroge sur ce que peut vouloir une gamine de 8 ans, sur sa compréhension des enjeux dans le cadre du recours à Desejos S.A., ou sur sa capacité à faire face aux conséquences, est assez miraculeuse, et un angle de réflexion que je vois très rarement préoccuper les fictions de ce type.

    Quelque chose à bien comprendre de Desejos S.A. est qu’il ne s’agit à aucun moment d’une série fantastique ou de science-fiction.
    Il y a des aspects qui sont peu voire pas expliqués, comme dans toute bonne série high concept qui se respecte. A l’instar de la québecoise Plan B par exemple, on ne nous dira rien de la façon dont fonctionne l’entreprise dont la série porte le nom ; oubliez tout espoir d’apprendre qui est derrière. En fait, Desejos S.A. est aussi désincarnée que possible, la seule preuve de son existence tenant dans les numéros de téléphone que l’on trouve toujours au moment le plus opportun, mais qui cessent de fonctionner si on les rappelle (intéressant, donc, qu’il ne semble pas possible de formuler plusieurs désirs à la suite). Il n’y a pas d’interlocutrice la plupart du temps : un répondeur automatique répond aux gens, puis des personnes extérieures prennent le relai (j’y reviens dans un instant).
    Par contre, une chose est sûre : il ne s’agit pas de tour de magie. Et les conséquences auxquelles se soumettent les protagonistes ne constitutent pas du tout une forme de pacte avec une entité surnaturelle, ou une rétribution cosmique.

    Alors justement, quelles sont ces conséquences ? Eh bien, c’est quasiment le point le plus important de la série : dans Desejos S.A., si faire un voeu ne coûte presque rien, c’est parce qu’une fois le désir réalisé, la compagnie vous demande une faveur. Donnant-donnant ! Sauf qu’à contrario de l’excellente The Booth at the End, cette faveur n’est pas explicitée au préalable : c’est un chèque en blanc. Vous appelez, vous dites oui, et on vous recontacte quelques jours plus tard pour vous dire en quoi consiste votre dette. Ainsi, Desejos S.A. ne pose pas tellement la question de savoir : « jusqu’où seriez-vous prête à aller pour réaliser votre désir le plus ardent ? ». Il est en fait sous-entendu à quelques reprises que certaines de ses protagonistes ne tenteraient pas de réaliser leur désir si cela ne coûtait pas aussi peu cher, ou si elles n’étaient pas sous l’emprise d’une substance quelconque au moment de composer le numéro et donner leur accord verbal. On peut même légitimement se demander dans un cas ou deux si les protagonistes sont vraiment conscientes d’avoir accepté la contrepartie qui est attendue d’elle lorsqu’elles ont donné leur consentement par téléphone (le premier épisode, qui détaille le plus ce que l’on entend lorsque quelqu’un appelle Desejos S.A., rend la chose évidente, mais pour d’autres, il n’est pas certain que l’appel se déroule de la même façon). Bref, il y a un flou, qui signifie que le prix à payer n’est pas vraiment l’objet de Desejos S.A., ne serait-ce que parce qu’il n’est pas un préalable à la réalisation du désir : toujours une conséquence.
    A la place, c’est de cette contrepartie qu’émanent les ramifications entre les différents épisodes : on réalise bientôt que personne, jamais, ne réalise ces désirs au nom de Desejos S.A. pour les clientes ; mais plutôt que les clientes sont coordonnées par Desejos S.A. pour concrétiser les désirs des unes des autres. Ce sont donc les clientes qui appellent d’autres clientes, leur fournissent un objet, une information, une aide, et ainsi de suite. Voilà donc la ville quadriée par une armée de personnes qui s’entraident mutuellement… bien que par la contrainte, puisqu’elles s’y sont engagées au préalable et reçoivent des ordres précis. Et l’occasion, l’entreprise n’hésite pas à avoir recours à des deadlines voire à des menaces pour que ces ordres soient exécutés, et la cliente suivante exaucée.
    C’est une dynamique assez étonnante parce que le propos de Desejos S.A. n’est, malgré les apparences, pas du tout que la réalisation des désirs des unes conduit à la réalisation des désirs des autres. Il ne s’agit absolument pas d’entamer un cycle vertueux.

    En fait, le ton de la série est, pour l’essentiel, à la mise en garde. Le seul personnage à apparaître dans la totalité des épisodes est un sans-abri armé d’un regard sévère et de panneaux en carton où l’on peut lire que « le désir est un piège ». Et qui se lamente que personne ne prenne son avertissement au sérieux…
    On ne saurait lui donner tort. Des 6 protagonistes de cette première saison, pas une seule ne va finir l’épisode satisfaite. Notez bien que ça ne signifie pas que les désirs exprimés n’auront pas été réalisés ! En fait, à chaque fois, Desejos S.A. va parfaitement remplir la mission qui lui incombe, et réaliser le voeu pour lequel la compagnie a été commissionnée. Mais souvent, ce dont s’aperçoivent ses clientes (hélas trop tard), c’est que l’opportunité de la matérialisation d’un désir ne rend pas nécessairement heureuse. Parfois au contraire. Les voilà très souvent empêtrées dans un Enfer de leur propre création, dans lequel réaliser un désir obsédant ne signifie pas nécessairement trouver une issue satisfaisante à ce qui les trouble réellement. On n’a pas toujours toutes les informations nécessaires, ou le recul, pour former les désirs qui nous rendraient réellement la vie plus agréable ! Ou bien on sait très bien ce qui nous rendrait heureuse et ça ne marche pas pour autant, parce que, encore une fois, il n’y a pas de magie à l’oeuvre ici, et rien n’est jamais aussi évident.
    Cela prend plusieurs formes au fil des épisodes, et Desejos S.A. traite ces échecs répétitifs sur divers tons (tantôt la tragédie, tantôt la cruelle ironie…), mais sans jamais suggérer que la faute repose sur le système de voeu lui-même. Sur qui, alors ?

    Les conclusions semblent légèrement varier, si bien que le propos de Desejos S.A. n’est pas toujours aussi évident que pour d’autres séries équivalentes (The Booth at the End, FACE MAKER, etc.) dans lesquelles la condamnation morale est plus accablante, ou l’observation philosophique plus marquée. Par moments, il semblerait presque que ce soit l’existence du désir elle-même que la série réprouve ; le message du personnage sans-abri semble le confirmer. Mais à l’occasion j’ai aussi eu le sentiment que ce n’était pas tant la nature humaine que la série voulait questionner, que plutôt la nature de la vie elle-même.
    Malgré la mécanique bien huilée de Desejos S.A., et son armée de clientes en ordre de bataille… il est des choses que l’on ne peut tout simplement pas contrôler. Et si ce n’est pas forcément une conclusion très satisfaisante, parfois, c’est la seule conclusion que l’on ait.

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  • The evolution theory

    6 avril 2024 à 16:11 • Review vers le futur •

    Vous pouvez imaginer mon excitation à découvrir qu’une série du nom de Dinosaur venait de démarrer. Quelle incroyable idée ! Quelle joie ! Quelle anticipation ! Personne ne pouvait avoir plus hâte que moi de découvrir à quoi elle ressemblait.
    …Et ensuite j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une comédie écossaise sur des humaines. Bon.

    Tout n’est pas perdu : Dinosaur suit Nina, qui travaille au service paléontologie du Natural History Museum de Glasgow. L’intrigue démarre lorsque sa soeur Evie, avec laquelle elle vit et partage de façon fusionnelle à quasiment chaque moment de son existence, lui apprend au retour d’un weekend à Londres qu’elle est fiancée à un type rencontré à peine six semaines plus tôt, Ranesh. Or, s’il y a quelque chose à savoir sur Nina, c’est bien qu’elle est allergique au changement, et celui-ci n’est vraiment pas des moindres.

    Mais les dinosaures évoluent. Ou plutôt, notre compréhension des dinosaures évolue. A une époque ont pensait qu’ils étaient tous couverts de peau écailleuse, et aujourd’hui, on sait que de nombreuses espèces portaient en effet des plumes sous une forme ou une autre. Tout est une question d’accepter de nouvelles informations, et de s’y adapter. Tout l’objet de Dinosaur est précisément celui-là : accompagner Nina face au changement, pour observer quand et comment elle s’y adapte.
    Le plus surprenant dans ce premier épisode est précisément que cette acclimatation ne se fait pas seulement sous la contrainte. Dinosaur présente une protagoniste qui certes est plus à l’aise avec la routine et le familier, mais qui est parfaitement équipée de l’intelligence à la fois cérébrale et émotionnelle pour intégrer la nécessité du changement, et prendre les mesures nécessaire si elle le choisit. C’est d’autant plus intéressant dans le cas du portrait de Nina que celle-ci est explicitement présentée et revendiquée comme une personne autiste, et que cela casse donc largement le stéréotype.
    Certes, elle a une zone de confort. Mais elle n’est pas incapable d’en sortir. C’est juste que cela lui coûte plus qu’à d’autres.

    Ainsi, si le premier réflexe de Nina est d’être atterrée face aux changements induits par les noces imminentes de sa soeur (et une partie de leur implication en matière de codes sociaux, genre le fait que le mariage d’Evie soit une cause de célébration mais pas ses 3 diplômes), elle fait la rencontre vers la moitié de l’épisode de Lee, qui tient le coffee truck stationné devant le musée, et qui lui fait remarquer quelques petites choses importantes. Certes, six semaines, c’est court… mais elle n’a jamais rencontré Ranesh, alors comment est-elle si sûre que ce mariage soit une mauvaise idée ? Il ne faudra pas autant d’argumentation que prévu pour que Nina accepte la pertinence de cette remarque, et propose à Evie de rencontrer Ranesh au dîner (sous conditions, bien-sûr). Beaucoup d’autres passages de ce premier épisode sont à l’avenant, et montrent que Dinosaur ne veut pas forcer la main à son héroïne, mais plutôt l’accompagner. Que ce soit face à une démonstration convaincante, par colère, ou parce qu’elle refuse de se laisser abattre par l’adversité, Nina se montre à de nombreuses reprises parfaitement capable d’accepter le changement. Il reste vrai que c’est plus facile quand le changement en question est mineur et/ou qu’elle dispose d’outils pour se prémunir de certains effets négatifs. Il n’en est pas moins évident que l’évolution est possible, et que cela confère à Dinosaur les airs d’une comédie bienveillante plutôt qu’humiliante.

    Et puis, outre Nina qui est vraiment une protagoniste passionnante, Dinosaur possède aussi une galerie de personnages secondaires attachants, et le masculin est ici volontaire. Les meilleurs conseillers de Nina sont en effet trois hommes de sa vie : son frère Bo, qui la connaît par coeur bien que n’ayant pas une relation aussi intense qu’Evie ; son collègue plus âgé Declan, dont la complicité repose sur un mode de pensée similaire mais sur lequel il a plus d’expérience ; et, nouvellement, donc, le fameux Lee, qu’elle rencontre dans le premier épisode et qui déjà arrive à élargir ses horizons (bon, pas au point qu’elle mange une biscotte, quand même !). Ces différentes interactions démontrent bien que si l’héroïne n’est pas intéressée (…pour le moment ?) par les relations romantiques, elle n’est pas aussi co-dépendante qu’elle le croît de sa soeur. Voilà qui laisse bon espoir pour la suite de sa vie une fois Evie mariée.
    Alors bien-sûr, ce n’est que le premier épisode et rien n’est simple. Pour Nina, jusque là, les choses étaient confortables : rester à l’intérieur des frontières proprement tracées du monde connu, c’est un choix qu’on n’a à faire qu’une seule fois. Or, on ne peut pas s’adapter au changement une fois pour toutes, car les choses continuent d’évoluer. C’est le propre du changement ! D’autres obstacles attendent Nina, à n’en pas douter. Et il faudra donc bien continuer à se mettre à jour, avec tous les défis que cela représente.
    Mais on a beau aimer les dinosaures, rien ne nous oblige à en être un.


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  • Si lo crees, lo creas

    3 avril 2024 à 23:26 • Review vers le futur •

    L’ufologie est-elle la tendance télévisuelle de ce début d’année ? On pourrait le penser, surtout en ayant vu La Mesías et, en avant-première, Société distincte, quelques jours avant le démarrage de Fabricante de ovnis. Et une autre série que je ne cite pas parce que ça me semble spoiler.
    La série argentine a en effet démarré… eh bah euh, aujourd’hui en fait, sur ST★R+, constituant ainsi l’une des dernières séries originales de la plateforme sud-américaine avant qu’elle ne soit fusionnée à Disney+ cet été. Cette fois on est plutôt dans la comédie, donc c’est beaucoup plus léger que les séries que je viens de citer. Le changement fait plutôt du bien dans un panorama se prenant souvent au sérieux.

    Dalí Montero est un influenceur qui poste des videos de type mindset ; vous savez, « le vouloir c’est le faire », « le succès appelle le succès », « investir financièrement c’est investir en soi-même »… ce genre de conneries. Si vous êtes déjà allée sur internet en 2024, vous avez difficilement évité ce genre de type. Ce qui est moins apparent que ses videos auto-suffissantes sur fond de voiture de luxe et de vin haut de gamme dans lesquelles il se présente comme le Président de sa propre compagnie, c’est qu’en fait Dalí est fauché comme les blés. Il travaille dans un restaurant où son ami Chuchín est également serveur (quand il le lui sert pas, bien-sûr, de cameraman), et même là c’est très généreux de parler de travail, parce que Dalí n’en fout pas une. La seule raison pour laquelle il a un boulot là, c’est pour empocher les pourboies, notamment des « Pleiadians », une organisation sectaire qui se réunit régulièrement pour annoncer l’arrivée imminente d’extra-terrestres (…et lever des fonds). Alors, les voitures de luxe dans lesquelles Dalí se montre volontiers ? Eh bah en fait ce sont les voitures de la clientèle, qu’il emprunte au voiturier.
    Le problème c’est que Dalí n’est pas sans responsabilités. Il a un fils, Marvin, qui vit avec sa mère et son beau-père. Dalí tente en permanence d’impressionner Marvin, auquel il raconte mensonge sur mensonge afin de lui apparaître, à lui aussi, riche et plein de succès… mais ne voyant pas qu’il n’a jamais vraiment réussi à forger une relation sincère avec lui. D’ailleurs, Marvin est plutôt intéressé par la science et l’écologie, et s’en contrefout, en fait, du pognon…

    Le premier épisode de Fabricante de ovnis parle en fait assez peu d’extraterrestres, à part dans la scène d’ouverture (sur laquelle je reviens dans un instant). C’est surtout l’occasion de planter le personnage central, hautement faillible, et les dynamiques qui le poussent à se lancer dans un nouveau plan foireux plutôt que mettre sa vie en ordre. Au cours de l’épisode, Dalí va se faire virer du restaurant, apprendre que son ex et Marvin partent emménager en Allemagne avec le beau-père, et… ah, attendez ! Il semblerait que la troisième nouvelle soit une BONNE nouvelle : Dalí aurait hérité d’un manoir familial cossu à Ogarrio del Cobre, la bourgade minière où ont vécu son père et son grand-père. L’opportunité lui semblant inespérée, il se met en chemin afin de toucher son héritage, vendre le manoir, et changer de vie pour obtenir la garde de Martin. La fin du premier épisode nous prépare à quelques désillusions…
    Pour le moment, cet épisode introductif n’en dit pas plus de la bourgade où Dalí revient après des décennies d’absence, ne sachant à quoi s’attendre. Mais les spectatrices détiennent une information capitale.

    C’est que, dans la première scène de la série se déroulant en 1989 à Ogarrio del Cobre, on a pu voir le grand’père de Dalí s’isoler au milieu de la cambrousse avec son chien, prendre des substances hallucinatoires, et assister à l’enlèvement dudit chien par un ovni. Etait-ce réel ? Ou papy a-t-il imaginé cet enlèvement ? Une chose est sûre, il a parlé de cet événement à son entourage pendant le reste de sa vie, au point que Dalí en porte un tatouage.
    Et vous admettrez que ce ne saurait être une coincidence que la même série qui nous a présenté cet enlèvement soit aussi la série qui introduit la communauté des « Pleiadians »…

    En cherchant le poster de la série, j’ai lu quelques résumés qui indiquent où se dirige l’intrigue de Fabricante de ovnis ; il ne faut clairement pas en attendre un traitement sérieux des extraterrestres. Mais j’aime bien son discours sur les croyances ridicules ; de la même façon que Dalí se moque des « Pleiadians », la série nous invite en effet à nous moquer des idées de Dalí en matière de succès. A plus forte raison parce que c’est si facile de faire semblant que ces croyances se concrétisent… Comme cette satire est nécessaire, par les temps qui courent !


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  • Sans le dire

    2 avril 2024 à 21:22 • Review vers le futur •

    Ce que j’aime le plus dans la découverte d’une série qui m’est nouvelle, c’est d’y venir totalement neutre. Ne regarder aucun trailer, ne lire aucun résumé, n’entendre aucun feedback. C’est un plaisir de fin gourmet que de la laisser me dire qui elle est, elle-même.
    Prendre le risque de la surprise, c’est ne pas savoir non seulement ce à quoi la série ressemble, mais ce qu’elle va m’évoquer. Vais-je rire ? Pleurer ? Réfléchir ? Un peu de tout cela à la fois, si j’ai de la chance ? Personne ne peut me retirer ce sentiment grisant de n’avoir aucune idée où je mets les pieds, et de m’en remettre complètement au premier épisode.

    …Mais la raison pour laquelle c’est exaltant est également la raison pour laquelle, si je tombe sur un premier épisode saisissant, il devient compliqué de vous en parler.
    Entre en scène la dramédie britannique Big Mood.

    Maggie est une artiste exubérante, Eddie est sa pote un peu plus mesurée qui gère le bar dont elle a co-hérité avec son frère. Leur amitié remonte à plusieurs années, et elles ont fait les quatre cent coups ensemble. Aussi, lorsque Maggie annonce à Eddie qu’elle va donner un discours dans son lycée de jadis, son amie accepte-t-elle facilement de la suivre et de se faire passer pour son attachée de presse, juste pour déconner. Et aussi parce que Maggie a besoin de quelqu’un pour la conduire.
    Nicola Coughlan (Bridgerton) et Lydia West (Years and Years) campent deux amies à la fin de la vingtaine dont la vie continue d’être chaotique comme elle l’était dix ans plus tôt ; on sent bien dans ce premier épisode qu’elles ne sont pas très matures, mais enfin, elles s’amusent, et c’est pas comme si elles avaient des responsabilités de toute façon. Elles échangent leurs répliques à la vitesse de la lumière, avec la complicité de deux jeunes femmes qui se connaissent sur le bout des doigts, sans aucun tabou ni faux semblant. Le début de Big Mood m’a rappelé Can’t Cope Won’t Cope, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt pourquoi vu que les deux héroïnes, bien que très complices, n’avaient pas vraiment la même dynamique. Pour commencer, Maggie et Eddie ne passent pas tout l’épisode à se murger. Et puis, je n’arrivais à prédire aucune cassure, rien qui indique qu’il y ait de l’orage dans l’air au sein de cette amitié déjantée. Bon, ok. Je peux me tromper. Ça arrive tout le temps d’ailleurs.

    Maggie, toutefois, n’a pas demandé à Eddie de la conduire au lycée pour une présentation : elle a d’autres intentions, en particulier vis-à-vis de M. Wilson, son prof d’Histoire à l’époque et aujourd’hui le proviseur. Elle a toujours eu un faible pour lui, et elle veut avant tout concrétiser, même si ça fait plus de dix ans qu’elle ne l’a pas vu.
    Le moment venu, évidemment, rien ne va. Pour commencer, devant l’importance de Maggie (qui s’est inventé un CV plus glorieux que dans la réalité…), le proviseur Wilson a décidé qu’elle parlerait devant une centaine d’élèves au lieu d’une petite classe, et bien-sûr, Maggie n’a rien préparé. Pire encore, ce voyage dans le temps a complètement refroidi Maggie, pendant qu’Eddie reçoit un appel suspect de son frère…

    Et c’est donc là que je bute. Je bute parce que, si je vous en dis plus, je vous gâche la surprise qui précisément me fait courir ici ventre à terre pour vous recommander Big Mood. Ce qui ne se fait pas… pas vrai ? Pas vrai ??? Non, non bien-sûr. …Même pas un peu ? Ok non mais j’entends bien, c’est juste que ça valait la peine de poser la question.
    Donc à partir de là, que vous dire ?
    Que l’épisode introductif de Big Mood réussit très habilement à poser à la fois les jalons de son intrigue, à établir une relation et ses mécanismes, et à dire quelque chose de très fin sur l’une de ses protagonistes ? Que lorsqu’on comprend ce qu’elle nous a communiqué au fil de l’épisode, il est déjà trop tard et que c’est là que se joue tout le noeud dramatique de l’épisode ? Que la dernière scène est absolument impeccable et m’a extirpé un « oh » viscéral aussi surement que si on m’avait frappée en plein ventre ? Un peu de tout cela à la fois. Mais surtout rien de plus.
    Ah, et aussi que ça y est. Je vois la ressemblance avec Can’t Cope Won’t Cope. Intéressant d’ailleurs qu’il y en ait bien une et que je l’ai saisie quasi-instinctivement. Mais comme vous n’avez pas vu la série irlandaise, et probablement même pas cliqué sur le lien ci-dessus, je pense pas que ça vous spoile des masses. Alors du coup, tout va bien, il ne vous reste qu’à tenter Big Mood, puis venir me remercier de vous y avoir poussée.


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  • Take Five + Trois

    1 avril 2024 à 23:49 • Take Five •

    Après un mois de pause, c’est le retour ! En dépit d’un copieux article hier, souffrez que je vous parle de 5 séries supplémentaires dans des mini-reviews parfaites pour un nouveau volet de Take Five ! Et bien-sûr, dans la version améliorée de cette année, il y a quelques extras…

    Bag enhver mand (2023)
    Drama

    Je vois que certains sites parlent de dramédie, mais personnellement, je ne vois pas en quoi. A moins de considérer que le format d’une demi-heure ajoute de facto de l’humour et de la légèreté à la série, euh, non, désolée.
    Bag enhver mand se déroule dans les cuisines du Værk, un petit restaurant avec un grand standing, dirigé par Michael Ravnshøj. Ce chef ombrageux, prompt aux cris et aux insultes, se voit imposé quasiment du jour au lendemain une nouvelle sous-cheffe, Naja Rasmussen, qui est bien évidemment tout son contraire. La mise en place de Bag enhver mand met l’accent sur l’ambiance au sein du Værk, pleine d’hostilité, de ressentiment, et de cachotteries (oui, d’ailleurs, qui Naja remplace-t-elle, et pourquoi ? en voilà une bonne question que je ne m’étais pas posée assez vite). Michael est l’un de ces chefs insupportables ; il est convaincu de sa propre excellence autant que de la médiocrité des autres, il est raciste, vraisemblablement sexiste… Il est également fâché avec la notion de plat végétarien (inexcusable pour un chef au 21e siècle, quand même). Bref il a tout pour plaire et c’est bien la raison pour laquelle la gérante du restaurant, Vibeke, lui impose quelqu’un comme Naja. Laquelle passe tout le premier épisode à se faire houspiller et/ou moquer par son supérieur… A part la plaindre, cependant, on n’a pas trop le temps de s’intéresser à qui elle est ou ce qu’elle veut, tant sa présentation aux spectatrices est dénuée d’aspérité (et son charabia sur le branding d’un restaurant ne joue pas tellement en sa faveur). Est-on supposée espérer que, en dépit de sa propre santé mentale (et potentiellement de l’équilibre de son couple, vu que le partenaire de Naja semble avoir des espoirs de paternité), elle change magiquement le caractère de Michael ? Elle est sous-chef, pas psy…
    Bon, j’ai un peu du mal à m’attacher à Bag enhver mand, pour être sincère ; ses enjeux paraissent un peu simplistes, et la comparaison avec d’autres séries s’étant attelées à la toxicité des grandes cuisines (la délicieuse Replacing Chef Chico en tête, bien plus recommandable) n’aide pas beaucoup. Sûrement qu’une demi-heure, c’est trop peu pour apprécier ce que la série ambitionne réellement de faire.

    Big Girls Don’t Cry (2024)
    Teen drama

    Ludo, Pluggy, Noor, Roohi et JC comptent parmi les centaines de jeunes filles inscrites à la Vandana Valley Girls School, un internat plutôt sélectif, mais traditionnel. Ici, pas de téléphones (pas de technologie !), pas de garçons, et pas de liberté… mais des amies pour la vie. Et quand on a une bande comme celle-là, tout semble possible malgré les interdits conservateurs.
    Big Girls Don’t Cry n’a aucun droit d’être la chronique adolescente pleine de vie et de charme qu’elle est ; ce qu’elle fait ne peut en aucun cas être légal. Fascinée par les personnalités et les parcours de ses jeunes héroïnes, la série les suit dans leurs bêtises, leur messes basses, mais surtout dans la construction des adultes qu’elles seront demain, lorsque les règles strictes du pensionnat seront levées. Chacune avec sa personnalité, son histoire, ses envies, se construit à l’ombre d’une amitié solide. C’est une belle série initiatique, créée par une équipe féminine et portée par l’interprétation solide d’un cast presque totalement féminin et vraiment talentueux (même si j’avoue que j’ai trouvé l’interprète de Pluggy absolument phénoménale), avec des histoires sur l’adolescence qu’on ne racontait pas jusque récemment aux et sur les jeunes filles indiennes. Je veux pas spoiler, alors je vais juste vous dire d’y jeter un oeil, ce qui devrait se révéler plus facile que la moyenne considérant que Big Girls Don’t Cry est une des nombreuses séries indiennes d’Amazon Prime Video.

    Ewusu (2024)
    Drama

    La psychologie, un « truc de blanc » ? C’est le cliché que s’efforce de combattre Soye, dont c’est la profession… et à travers elle, cette série de Canal+ Afrique lancée en mars. Le problème c’est que le cliché est à deux tranchants : quand ses techniques marchent, alors on préfère expliquer cela par la sorcellerie. Dans les deux cas, c’est difficile de faire adhérer les gens à ce qu’elle fait… Ne se décourageant pas pour si peu, Soye a tout de même ouvert un cabinet flambant neuf, et attend de donner sa première consultation ; à un moment ou à un autre, une patiente finira bien par pousser la porte.
    Et c’est ce qui se produit dans ce premier épisode, même si c’est un peu par hasard. Une jeune étudiante, poursuivie par plusieurs de ses camarades, se réfugie, paniquée, auprès de Soye. Maria a poussé la porte sans vraiment savoir où elle entrait, juste pour demander de l’aide : cinq autres élèves l’accusent de les voler depuis qu’elle est arrivée à l’internat. Pourtant, la jeune femme jure être innocente. Bon, tenter une hypnose n’est pas exactement le meilleur moyen de prouver que Soye ne pratique pas le maraboutisme. Mais elle parvient tout de même, en se penchant sur le cas de Maria, à prouver aux autres élèves que la jeune femme n’y est pour rien, la suspectant de faire du somnambulisme, ce qui révèle potentiellement un dédoublement de la personnalité…
    L’intrigue de ce premier épisode me laissait un peu circonspecte, mais le fait qu’elle ne trouve pas une conclusion en moins d’une demi-heure (Maria a pour mission de revenir au cabinet pour d’autres sessions lorsqu’elle se sentira prête) aide. Il faudra donc aller par-delà le premier épisode pour voir si Ewusu parvient à prouver ce qu’elle prétend. En tout cas, les clichés ont la vie dure… Dans le même temps, Soye se débat aussi avec une famille envahissante (sa mère tient un restaurant où elle la force à aider, et surtout à écouter ses conseils) et un mariage compliqué (avec notamment des problèmes de fertilité que son mari ne veut pas trop affronter). Comme beaucoup de psys, Soye est la première à avoir besoin d’une oreille compatissante !

    Helgoland 513 (2024)
    Drama, Science-fiction

    Trigger warning : viols.

    Je sais qu’on a déjà pas mal parlé de télévision allemande ce mois-ci (Series Mania ne manquait pas de séries de notre voisine), mais Helgoland 513 est intéressante justement parce qu’à mon sens, elle aurait trouvé sa place au sein de la sélection. Mais n’y était pas. La série d’anticipation se penche en effet sur une petite communauté vivant en autarcie sur une île minuscule, vivant dans un univers post-apocalyptique : les habitantes de l’île représentent le dernier espoir de l’humanité. Et leurs ressources sont limitées… si bien que la population est volontairement maintenue à 513 personnes, nombre au-delà duquel la communauté n’a plus assez de ressources à partager. Ainsi, lorsqu’un nouvel enfant paraît, quelqu’un doit se porter volontaire (généralement une personne âgée et/ou malade), ou bien doit être choisi pour se sacrifier à sa place. Le système est en place depuis un certain temps, mais lorsque commence Helgoland 513, il prend un sens nouveau : une femme accouche de jumelles, ce qui n’était pas prévu. Si bien que pour maintenir l’équilibre de l’île, ce n’est pas une personne qui doit décéder, mais deux. Se pose alors la question de savoir qui, parmi les citoyennes de la communauté, est utile et productive… et qui ne l’est pas et doit donc se jeter de la plus haute falaise de l’île.
    Ah, tout d’un coup l’euthanasie c’est moins cool, hein ? Ouais, et c’est clairement le propos que j’avais besoin d’entendre après Truelove et dans une moindre mesure Bouchon. Difficile de camoufler le malaise que suscite le calcul soi-disant raisonné qui préside aux décisions. Car oui : un algorithme permet de classer les personnes les moins utiles à la société, et les 3 qui forment le plus bas du classement sont ensuite soumises au vote de la communauté. Suite à la naissance des jumelles, se trouvent donc dans cette situation peu enviable Etienne, un homme qui a volé des médicaments rationnés pour son épouse malade, Elise, une femme âgée dont le potager ne nourrit plus grand’monde, et Christian, un jeune militien qui a eu un accident de voiture détruisant l’un des rares véhicules de l’île. De toute façon c’est soit l’une d’entre elles… soit le bébé « de trop », donc il faudra choisir.
    Helgoland 513 met en place les tenants et les aboutissants de son intrigue, ses personnages et leurs dynamiques, quelques secrets enfouis, la réalité du « dehors » loin de l’île (si COVID vous donne de l’anxiété, évitez peut-être le visionnage)… tout en introduisant dans une moindre mesure l’idée de crédit social. L’algorithme qui détermine le bas du classement est en effet influencé par un système à points qui, lui, est plus arbitraire qu’il n’y paraît (on verra la maire distribuer des points suite à un incident, de façon totalement unilattérale). Le sujet de Helgoland 513 est bien-sûr glaçant, ainsi que son traitement. Mais plusieurs intrigues introduites dans ce premier épisode viennent se superposer à cela encore… Le résultat représente un peu moins d’une heure de questions inconfortables. Bref, tout ce que j’aime en matière de télévision.

    Palm Royale (2024)
    Dramédie, Historique

    Je ne m’attendais pas à grand’chose de la part de Palm Royale, en grande partie parce que je crois que, dans le fond, je ne prends jamais les projets de Kristen Wiig au sérieux. Dés qu’elle est à l’affiche de quelque chose, je sais qu’au mieux je serai gentillement amusée ; le type d’humour dont se délecte l’actrice n’est pas nécessairement ma tasse de thé. Palm Royale est un peu mieux que la moyenne de ses rôles ; mais la série repose, une fois de plus, sur un personnage embarrassant, le genre que je n’affectionne pas particulièrement de trouver sur mon écran. Maxine Simmons s’est mise en tête de se faire une place parmi le gratin de Palm Beach, dans la Floride de 1969, où dés ce premier épisode elle manigance avec toute la subtilité non-subtile dont les protagonistes incarnées par Wiig sont généralement capables. Tout le monde voit dans son petit jeu sans problème, grinçant des dents devant l’inélégance avec laquelle elle essaie de mettre son pied dans la porte, et pourtant, dans le même temps, cela marche. Parce qu’elle est l’héroïne, sûrement. L’intrigue arriviste de Palm Royale n’est pas des plus originales, et elle a, en outre, l’immense tort d’éclipser plusieurs figures d’une distribution pourtant aux petits oignons (mais dont on peut espérer que les épisodes ultérieurs tireront meilleur avantage). Si vous êtes prompte à l’overdose de Kristen Wiig, inutile de préciser que vous prenez des risques avec cette série.
    Je crois que ce qui m’ennuie le plus est la façon dont ce premier épisode, introduit ses figures et son propos féministes. Entre le personnage de Laura Dern qui se fait fermer le clapet et le premier épisode qui traite en partie d’avortement (je répète : la série se produit en Floride), il y a un tel sentiment de banalité… En l’an de grâce 2024, n’y avait-il pas quelque chose à dire que de parler en trois petites répliques des réseaux souterrains permettant aux femmes (…et auxquelles) d’accéder à ce moyen de contraception ? Palm Royale est-elle si obnubilée par sa légèreté colorée (enfin, pas trop côté cast) qu’elle ne parvient pas à extirper un discours de tout cela ? Alors on peut espérer que la suite de l’intrigue soit un peu plus élaborée, ou décider que ce n’est pas l’objet de Palm Royale. Mais, une fois de plus, je me dois d’insister : scénaristes, si vous n’avez rien à dire sur quelque chose, vous pouvez aussi… ne pas l’aborder.

    On en parlait dans la rétrospective de Series Mania juste hier (et d’ailleurs vous y trouverez une review du premier épisode), mais je voulais revenir sur le poster de La Mesías parce que, punaise, des comme ça, on n’en voit pas tous les jours.

    Pour une série dont la tagline est « tu honoreras ta mère », on peut difficilement rêver mieux ! Tout y est.
    Les dessins d’enfants se superposant aux visages de la mère des deux protagonistes centrales sont saisissants, et la composition religieuse termine d’achever un tableau inoubliable, et unique. Et puis ces chants/cris… Impossible de résister à tout ce qui se dégage de ce visuel en apparence pourtant simple.

    C’est sûrement un peu une référence obscure pour quiconque n’a pas regardé la série pendant qu’elle était mise à disposition par Series Mania Plus (je m’en excuse), et il faut donc espérer que la série des Javis nous parvienne dans sa totalité à un moment.

    Je suis la première à avouer que je n’ai pas été très active en ce début d’année. L’impression que rien que je puisse dire n’intéresse qui que ce soit, hélas, persiste ; sûrement sans que ce soit la faute de personne.
    Mais du coup c’est vrai que peu d’articles se prêtaient à peu de commentaires, et comme les gens éprouvent souvent de la réticence à ne commenter des articles anciens (rapport à ce dont on parlait dans le premier Take Five de l’année), forcément, tout devient obsolète très vite. Alors ça donne l’impression, parfois, que ce que j’écris n’intéresse que moi. Et si ça n’intéresse que moi eh bah, je sais déjà ce que je pense, donc à quoi bon écrire. Ce qui fait que je tourne en rond et qu’on se retrouve avec peu d’articles, dont peu de commentaires.
    Vous voyez le genre.

    Soyez sûre toutefois que je lis les rares commentaires qui apparaissent, et notamment le très long commentaire de Kiddo ici. Comme mon intention est plus particulièrement de répondre à un passage dans le Take Five du jour, je me suis permis de relever surtout un extrait :

    Je ne pourrais être plus d’accord. On n’a pas toutes besoin de parler sempiternellement des mêmes séries. D’autres le font, et parfois même très bien.

    C’est même assez paradoxal ce qui s’est passé depuis environ une décennie : on a eu la fameuse ère « Peak TV » (dont on revient), un accès inégalé à la télévision du monde entier, la possibilité de choisir ce que l’on regarde plus que jamais… et dans le même temps, c’est devenu, me semble-t-il, encore plus difficile d’échapper aux injonctions. Entre les plateformes qui jouent sur une notion d’urgence artificielle et erronnée pour donner l’illusion de séries « évènement » (qui en fait sont plutôt des séries dont l’éphémérité s’est accrue), le journalisme série qui a un besoin infernal de clics pour survivre et donc s’autorise très peu la prise de risque, et une culture de la liste (« 10 séries qu’il faudra regarder en 2024 », « les 5 séries qu’il fallait voir en février », « 15 séries comme Succession si vous avez fini Succession mais que vous voulez plus de Succession avons-nous mentionné Succession ? »)… C’est comme si sortir des sentiers battus demandait plus d’effort, alors que techniquement toutes les conditions sont réunies.
    Pendant ce temps-là, il y a des perles auxquelles tout le monde ou presque a accès, mais que le public ne cherche à voir. En grande partie parce que ces séries sont mal promues par leur diffuseur/plateforme, mais aussi parce qu’il est rare d’en entendre parler de façon mainstream. Donc oui, effectivement, c’est bon qu’il y ait quelqu’un pour en parler (encore faut-il que les gens savent où trouver cette personne, ce qui est encore un autre débat). Ces séries ont besoin de la promotion qu’on peut leur donner, à notre échelle.

    Et en même temps, oui, avoir l’impression de « pousser » pour des petites séries, ou des genres/sujets mal aimés, c’est épuisant. Souvent je me demande à quoi ça rime de m’échiner comme ça. Est-ce utile de mentionner une série dont j’espère vraiment qu’elle touchera une personne, même pas sept cent douze personnes, juste une, qui aura failli passer à côté alors qu’elle l’aurait sans doute ravie ? C’est parfois dur de garder la foi. C’est même, en ce moment, assez dur de déterminer si cette foi a une raison d’être ; après tout, moi je mange pas mieux demain soir parce que quelqu’un a regardé Rencana Besar. Ce serait sûrement plus simple si je me prenais de passion pour House of the Dragon ou chais pas quoi. C’est chiant, parfois, d’être passionnée par ce qui nous passionne…
    Et en même temps, on est d’accord que je ne sais pas faire autrement !!!

    …Voilà, c’est vraiment tout ce que j’avais en tête pour mars. Maintenant, je vous laisse la parole : qu’avez-vous pendant le mois écoulé ? Et, allez, si vous me parlez aussi de février, ce ne sera absolument pas retenu contre vous.


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  • Les 45 tours de Lille

    31 mars 2024 à 23:54 • Love Actuality •

    Je sais bien que je vous dis ça chaque année, mais bénie soit la plateforme Series Mania Plus, née dans la tourmente de l’ère COVID et s’avérant être un bienfait infini pour les personnes ne pouvant pas se déplacer à Series Mania. Voilà qui me ferait presque oublier que je suis encore fâchée que le festival ait déménagé à Lille, tiens ! J’ai dit presque.
    Cette année le festival a été l’occasion de voir du pays : 45 séries vues au total, jolie moisson.

    Comme toujours, afin de faire de la place à toutes les séries, je n’ai regardé que le premier épisode de chacune d’entre elles. Il y a quelques cas dans lesquels ça m’a coûté, croyez-moi !

     

    Apples Never Fall
    Thriller, Drama
    Vous et moi, on se fréquente depuis suffisamment longtemps maintenant, alors on peut se permettre la franchise : j’ai perdu ma capacité à m’intéresser aux séries comme Apples Never Fall. Si je l’ai jamais eue. Pour moi c’est la même expérience que regarder Big Little Lies : une grande impression de vide et d’inadéquation. Je sens bien que je suis supposée être ravie de la distribution en or, de l’image impeccable, et de l’ambiguité ménagée par l’intrigue. Apples Never Fall se prend très au sérieux, et invite à ce que l’on en fasse autant ; à ce que l’on fronce les sourcils devant le suspense, les flashbacks, les contradictions ; à ce qu’on s’émeuve de cette famille si parfaite et bien-sûr si dysfonctionnelle, derrière les sourires et les maisons avec court de tennis privatif.
    Sauf que c’est précisément pour les mêmes raisons que je me fais chier. J’ai l’impression que tout a été créé presqu’en suivant une checklist, pour créer un appeau à récompenses qui caresse la critique dans le sens du poil. Alors que franchement, qu’est-ce qu’on nous dit ? De quoi on parle ? Quel est le signifié derrière toute cette opulence de moyens ? Tout me paraît vain, ou au mieux redit. Et un peu paresseux.
    Il y a encore quelques années, je me demandais si ne pas voir de brio dans la formule de ces séries signifiait que j’étais une has been imperméable à la grande télévision. Aujourd’hui, j’assume totalement que ce que j’attends de la télévision soit totalement ailleurs.

    Boarders
    Dramédie, Teen drama
    Bien que dotée d’humour, Boarders ne plaisante pas et propose déjà, dans son premier épisode, quelque chose de très abouti. La série s’intéresse à 5 jeunes d’un quartier populaire de Londres, qui se voient offrir l’opportunité de décrocher une bourse pour rejoindre un prestigieux pensionnat privé, St Gilbert. Ce qui serait absolument formidable si l’on vivait dans un conte de fées, mais dans la réalité, Jaheim, Leah, Omar, Toby et Femi savent bien qu’on leur tend plus de pièges qu’on ne leur offre un pont. Conscientes d’être non seulement les cinq élèves les moins riches, mais aussi de compter parmi une très petite minorité visible, nos camarades se préparent à la rentrée comme un boxeur au match de sa vie. C’est que les enjeux sont énormes : pour leur futur, celui de leur famille, et au sens large, pour cle quartier qu’elles incarnent avec une certaine fierté.
    Le premier épisode de Boarders dure 45 minutes, mais exécute un travail scrupuleux sur ses personnages, ses situations, ses dynamiques, comme s’il disposait du double. Il y a de quoi faire rougir d’embarras certains pilotes beaucoup plus longs et beaucoup moins maîtrisés (à la fois dans cette sélection et au-dehors), tant les nuances sont détaillées à l’envi. Boarders n’a pas peur de montrer la violence sous tous ses aspects de l’arrivée des étudiantes, alors qu’elles sont attendues au tournant, surveillées de près, et méprisées dés leur premier jour, simplement pour exister dans un lieu dont tout le monde, à un degré ou à un autre, pense qu’elles n’y ont pas naturellement leur place. Des ados en chaleur fétichisant les corps noirs, des alliées voulant prouver leur dédication, des salopards qui se sentent menacés… rien ne va leur être épargné, et il va leur falloir, hélas, car il n’existe pas d’autre choix, apprendre à passer outre, à contourner les obstacles, et parfois, à encaisser. Mais jamais trop longtemps.

    Dans l’Ombre
    Politique
    Dans l’Ombre se rêve en série politique d’anticipation ; elle imagine la primaire de droite de 2024, en vue de l’élection présidentielle de 2025 (…je, bon, ok, on n’a pas le même calendrier). Le premier épisode démarre sur la dernière ligne droite, alors que les résultats s’apprêtent à consacrer Marie-France Trémeau, la favorite de la primaire… mais élèvent finalement Paul Francoeur au rang de candidat du parti. César Casalonga, son conseiller le plus proche, se retrouve pris dans le tourbillon de la campagne présidentielle, entre tractations au sein du parti et compétition avec la concurrence ; la série se place de son point de vue, dans l’ombre, donc, du présidentiable.
    Dans l’Ombre est peut-être une série politique intéressante. Dans un épisode ultérieur. Pour le moment c’est écrit de façon très raide, interprété comme on peut (les dialogues trop littéraires et rigides n’aidant pas), et pas franchement enthousiasmant. Comme souvent dans les séries politiques, il n’est évidemment pas question d’idées (il est en revanche intéressant que la série parle d’un Président sortant « eco-socialiste », de la droite, et de l’extrême-droite), mais de politique politicienne la plus crasse. On compte les points et on se fout sur la gueule ; tout ce qui compte au final, c’est de sortir de la mêlée avec un air de victoire, mais on n’a d’intérêt pour absolument rien hors du microcosme politique. Les points du programme sont plus une monnaie qu’un objectif. On se soucie des votes et pas des gens. L’épisode initial tente d’introduire un peu de suspense (peut-être même ce qui pourrait devenir une conspiration) quant au logiciel qui a compté les votes de la primaire ; on a du mal à se prendre d’intérêt pour le sujet tant il reste, lui aussi, au niveau du nombril de ce monde politique.
    C’était un pari un peu fou que de tenter Dans l’Ombre juste après Doktrinen (voir plus bas), parce que les deux séries ont une façon diamétralement opposée de considérer en quoi la fiction politique a de l’intérêt pour le public non-politicien. Je sais à laquelle je promets mon vote.

    Herrhausen
    Thriller, Politique, Historique
    « Un débiteur mort ne remboursera jamais rien ». C’est cette philosophie qui dans les années 80 conduit Alfred Herrhausen à proposer à la communauté internationale de pardonner la dette des pays en voie de développement, comme la dette de l’Allemagne de l’Ouest l’a été après la Seconde Guerre mondiale, lui permettant de se hisser parmi les grandes économies mondiales. Pas franchement une suggestion populaire. Le voilà bientôt à la fois sur les radars des USA (les renseignements ayant à coeur de protéger les banques américaines), de la Rote Armee Fraktion (et en particulier d’une cellule s’organisant pour commanditer des assassinats, dont celui, un an plus tôt, de Beckurts), des membres du comité de direction de sa propre compagnie (la Deutsche Bank)… et, bientôt, des Soviétiques, qui l’approchent pour négotier un prêt secret pour le gouvernement de Gorbachev.
    Si ma review commence à ressembler à une liste de liens Wikipedia, ce n’est pas par hasard : l’histoire de Herrhausen est assez peu connue aujourd’hui, et la raconter exige énormement d’éléments de contexte. Lequel, à mon sens, est insuffisamment délivré pendant ce premier épisode pourtant introductif, qui n’a aucune intention de tenir la main à ses spectatrices et préfère un peu trop la suggestion à mon goût. Faire des lectures pour mieux comprendre le sujet d’une série, ça ne m’arrête absolument pas. Je crains que ce ne soit hélas pas le cas de tout le monde, et que l’aspect peu engageant de la série n’aide pas à s’impliquer avec son sujet. Les séquences rêvées (et leur réalisation volontairement peu claire sur ce fait) n’aident en outre pas vraiment à saisir ce qu’il se passe immédiatement à certains passages de cet épisode.
    Et pourtant, Herrhausen est un rare exemple de série s’intéressant à la politique internationale par l’angle de son financement. Quel est le pouvoir des banques dans le sort d’un pays ? Beaucoup de séries préfèrent adopter une lecture purement diplomatique de la question, et Herrhausen, certes par le biais de l’Histoire, nous rappelle qu’il n’y a pas que les politiques qui fassent de la politique internationale : il y a les créanciers aussi. Ce genre de propos mérite bien de faire l’effort attendu par Herrhausen pour en comprendre les enjeux.

    Hotel Cocaine
     Crime drama, Historique
    « Tout plaisir a un prix », annonce fièrement le début du premier épisode. Du coup ça explique que j’aie pu le voir gratuitement.
    Hotel Cocaine est un défilé de clichés dénué de toute subtilité, paresseuse derrière sa réalisation impeccable. Tout est prévisible de bout en bout dans cet épisode qui ressemble à un patchwork de toutes les séries sur la drogue ayant précédé, du moins si l’on gratte le vernis des années 70 (qu’en plus Disko 76 a appliqué avec plus de conviction ; la critique est plus bas). Je ne sais même pas où commencer la liste de ce qui cloche. La voix-off assomante du début ? La distribution qui ne s’est pas accordée pour jouer le même registre ? Les femmes strictement décoratives, bloquées entre les options si enrichissantes de mère ou putain ? Ou alors, peut-être le fait d’ignorer complètement le principe de show, don’t tell, l’épisode introductif de Hotel Cocaine insistant pour faire dire à ses protagonistes toutes les platitudes imaginables, probablement trop occupée que la série est à montrer comment elle a investi son budget dans les costumes, les décors et les droits musicaux. Tout ça pour se fader une énième série sur le narcotrafic et un homme qui devient plus violent qu’il ne le voudrait, mais il a une excuse. Au nom de l’escapisme (de qui ?), tout est permis je suppose. Quelle purge.

    House of Gods
    Drama
    J’avoue que je suis un peu circonspecte devant les comparaisons de certaines entre House of Gods et Succession. Enfin bon, vous savez ce que je pense d’utiliser la réputation d’une série pour essayer d’en « vendre » une autre : c’est presque toujours stupide, et ça ne marche quasiment jamais. Lancée quelques semaines avant Series Mania… et le Ramadan, House of Gods est une série australienne s’intéressant à deux générations des Al Hamedi, une famille musulmane d’origine iraquienne. Lorsque le premier épisode démarre, le patriarche, Sheikh Mohammed Al Hamedi, est en lice pour devenir dans quelques heures, si les autorités religieuses l’y autorisent, une figure éminente de la mosquée de Sydney que sa famille fréquente. Sa jeune fille Hind le soutient, son fils adoptif Isa anticipe les retombées positives pour son entreprises, et sa fille aînée Batul, qui est mariée, revient tout spécialement d’Irak pour l’occasion, dans l’espoir d’avoir quelque chose à célébrer. Les choses se corsent toutefois lorsqu’un geste en apparence innocent prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux et au sein de la congrégation, menaçant la réussite paternelle et donc le salut de toute la famille.
    House of Gods est une fiction qui effectivement traite de famille et d’ambition, mais aussi de principes et de moralité. Quelles concessions faire pour soi ? Pour nos proches ? Par soucis de modernité ? Dans cet épisode introductif, deux personnages, déjà, entrent en négotiation avec leur conscience… et parviennent à des conclusions très différentes. La série est en partie inspirée des expériences d’Osamah Sami, co-créateur de la série et interprète d’Isa, dont le père s’était investi dans la hiérarchie de sa mosquée de Melbourne, et témoigne de plus d’une tendresse réaliste pour la vie d’une famille, et plus largement d’une communauté, qu’aucun épisode de Succession aura jamais suscité.

    Rematch
    Drama, Historique
    Il y a eu une fenêtre d’environ 6 mois, en 2020, pendant lesquelles une autre série sur les échecs aurait absolument cartonné. On verra bien ce qu’il en est maintenant. Rematch est une adaptation volontairement libre des rencontres entre Garry Kasparov, champion d’échecs, et le super-ordinateur Deep Blue. Le premier match, en février 1996, est couvert rapidement pendant ce premier épisode, dont Kasparov se sort victorieux. Mais IBM insiste pour un « rematch » (match retour) au printemps 1997, face à une machine améliorée.
    Je constate que toutes les séries en compétition insistant pour parler d’IA sont françaises cette année (Dans l’Ombre, Le monde n’existe pas, et Rematch, l’emploient toutes sous une forme ou une autre). Rematch est probablement celle qui produit cet effort non pas comme une arrière-pensée, mais comme son objet central, et cela signifie qu’une partie de sa réflexion porte sur la question, particulièrement d’actualité en ce moment, de la compétition entre le cerveau humain et celui de la machine. Ce premier épisode n’en fait aucun mystère, et à vrai dire c’est assez étonnant que ce ne soit pas sa seule interrogation, tant les intrigues satellitaires (à propos de sa fille, par exemple) semblent là pour étoffer dramatiquement les épisodes comme de façon… artificielle.
    Non que ces compétitions entre Kasparov et Deep Blue, contrairement à ce que tout le monde répète, soient nécessairement indicatives du remplacement imminent de l’homme par l’ordinateur. En fait, Rematch se fait un malin plaisir d’insister sur la façon dont ces rencontres, et en particulier la seconde, sont traitées comme un spectacle et/ou une opportunité par la plupart de ses personnages ; la série semble insérer là une critique de cette façon de voir assez simpliste. Le premier épisode insiste au contraire sur le caractère psychologique des échecs, sur l’état de stress dans lequel Kasparov, mais aussi « PC » (l’ingénieur qui a créé Deep Blue), se mettent en amont des compétitions. Naturellement, un ordinateur n’a pas de psychologie ; mais Rematch, précisément, semble rappeler à l’ordre les spectatrices. Peut-être pour leur signifier que gagner une compétition d’échecs n’est que la partie émergée de l’intelligence humaine ? Il faudra voir les épisodes suivants pour s’assurer de ce qui intéresse vraiment la série dans cette partie spécifique de l’Histoire humaine.

    So Long, Marianne
    Historique, Romance
    Ce pourrait être une jolie histoire, mais So Long, Marianne, est avant tout une histoire vraie. DES histoires vraies. Celles de deux personnes nées à deux bouts opposés de la planète, qui cherchent leur voie et trouvent le chemin d’une île grecque où elles se rencontrent et… Et, ma foi, pour le moment, pas grand’chose, car ce n’est que le premier épisode. Mais on nous promet une romance inoubliable.
    Dotée d’un grand romantisme vis-à-vis de l’art (et plus encore des artistes), ainsi que d’une grande nostalgie vis-à-vis d’une époque, So Long, Marianne s’est donné un sujet et un décor (une histoire d’amour et une île) idéaux pour achever son dépaysement. Se mélangent des destins anonymes et surtout célèbres dans ce voyage dans le temps et l’espace, où l’on nous promet que ce jeune homme et cette jeune femme vont se trouver, à la fois individuellement et mutuellement. En fait, c’est tellement l’angle choisi que plein de choses sont gommées de la biographie des deux personnes célèbres, parce que la série les considère tellement destinées l’une à l’autre qu’elle s’est sentie autorisée à trancher dans ce qui lui apparaît être du gras. Cette simplification en devient un peu triste. Mais pour les mêmes raisons, cela fait de So Long, Marianne une histoire facile à raconter, au moins pour le moment.
    Bon de toute façon, on savait bien qu’elle ne serait pas pour moi, cette série.

    Homejacking
    Thriller
    Rien ne me faisait aussi peu envie que le pitch de Homejacking : un couple bourgeois est un jour attaqué dans sa magnifique demeure par un homme masqué. Eh bien preuve en est, une fois de plus, qu’un pitch n’a absolument aucun rapport avec l’intérêt d’une série. Homejacking arrive à inclure dés ce premier épisode d’une demi-heure une exposition futée, une mise en place de la prise d’otages, et… un énorme twist (ainsi qu’un autre moins surprenant en fin d’épisode). Bien joué.
    Pour ne pas vous gâcher la surprise, je n’en dirai pas plus, mais force est de constater que les secrets cachés dans la maison de Isabelle et Richard Deloye me semblent soudain beaucoup plus intéressants que je ne l’aurais gagé une demi-heure plus tôt. La série démarre début avril sur OCS, et a outre le mérite de l’originalité, celui de l’efficacité, avec seulement 6 épisodes. Bonne chance pour m’empêcher de voir la suite.

    Le monde n’existe pas
     Drama, Policier
    Ah, tiens. Il y a des gens qui ont vu Twin Peaks. Je vous rassure, on n’est pas dans la pâle copie ici, loin de là. Mais les influences sont difficiles à ignorer.
    Une adolescente, Lola Montès, a été tuée dans la petite ville de Guerches-sur-Isoire, dans le Nord. Le suspect principal, le seul suspect en fait, est un joueur de tennis qui passe pour une star locale (bien que sa carrière n’ait finalement jamais décollé), un certain Axel Challe, qui a disparu dans la forêt proche. En découvrant cette information, le journaliste Adam Vollmann supplie son directeur de la rédaction de l’autoriser à quitter son bureau de Paris pour aller enquêter sur place. C’est que, Adam a grandi à Guerches (il s’appelait alors Corentin), et même s’il n’y a plus posé les pieds depuis 20 ans, il y a encore quelques attaches, au moins émotionnelles…
    Revenir dans la ville de son adolescence réveille toutes sortes de souvenirs traumatiques pour Adam, qui pensait pourtant avoir tout laissé derrière lui mais se retrouve animé par le désir de revenir en arrière sitôt qu’il a vu le nom de son premier amour, Axel, s’afficher en gros titres. Sauf que plus il interroge de gens, moins les choses sont claires. Les témoignages sont contradictoires. Les gens ont des réactions imprévisibles. Les souvenirs s’entrechoquent : souvent, il se souvient de choses qui semblent avoir été effacées des souvenirs d’autrui. Est-ce Adam qui est perdu ? Est-il incapable de comprendre ce qui se trame en toile de fond du meurtre de Lola ? Ou était-il si insignifiant à l’adolescence que personne n’a vu l’intérêt de le mémoriser ? Partant de là, comment mener une enquête journalistique visant à découvrir la vérité, s’il est même impossible de déterminer ce qui est réel…? Le monde n’existe pas s’explique difficilement. Ce premier épisode désoriente. Le passé, le présent, et même quelques espoirs de futur, se confondent. Le montage insiste sur l’impression flottante de ne rien comprendre à ce qui se déroule sous nos yeux. Les personnages s’expriment à l’occasion de façon sibylline, changent de visage, cultivent les références obscures. La petite ville figée dans le temps n’est pas aussi facile à cerner qu’on l’aimerait, ne rentre pas dans les cases, effraie même (et le trailer d’arte ne lui rend aucune justice, au passage).
    Peut-être que c’est juste ça, le meurtre d’une adolescente : quelque chose qui n’a pas de sens.

    Machine
    Action

    Trigger warning : agression sexuelle.

    Ce premier épisode me laisse un peu sur ma faim ; j’ai l’impression qu’il met en place des personnages et une ambiance, mais j’ai plus de mal à voir quelle histoire il m’annonce vouloir raconter. Ou peut-être que je comprends l’histoire mais que je la trouve trop simpliste pour le moment ? Voire peut-être une autre raison ?
    « Machine », c’est le surnom donné à la nouvelle mécanicienne intérimaire lorsqu’elle débarque dans une usine où d’ordinaire les mécaniciens sont des hommes. C’est, toutefois, un environnement auquel elle est habituée, ayant fait ses classes à l’armée. Mais tout justement, l’armée, Machine la fuit maintenant. La question se pose d’autant plus de comprendre pourquoi que la série nous indique qu’elle est recherchée. Il est vrai que sa capacité à infliger de la souffrance physique est inégalée… Prise en affection par un vieil ouvrier, et qui aime citer des auteurs de gauche, Machine va progressivement mettre sa violence au service des employées de l’usine, menacée de fermeture depuis son acquisition par un groupe étranger.
    Le discours anti-capitaliste de Machine n’est pas très poussé ni très subtil. Mais il est rare, très rare, dans un monde télévisuel où les classes ouvrières sont rarement montrées à la télévision (…il vous souviendra que c’était un problème que j’avais l’an dernier avec une autre série d’arte). Il est donc compréhensible qu’il faille reprendre par le début les idées, si peu portées à la télévision, qui sont les siennes et qui vont à l’encontre des lois du marché tenues comme évidentes par d’autres fictions. Et du coup, peut-être que c’est ça, le soucis : d’attendre de Machine un discours fin, ou original, quand le simple fait qu’elle le tienne est déjà important en soi. On ne peut quand même pas demander à la série de compenser à elle seule des décennies de discours capitaliste ; on peut juste prier pour que d’autres émergent après elle. Espérer de Machine une histoire complexe apparaît alors d’autant plus injuste que la série ne se cache absolument pas, ne serait-ce que de par ses références, d’être avant tout une série d’action. Pas de dissertation.

    Murder Club
    Policier
    Ce n’est évidemment pas à moi qu’il faut demander de regarder une série policière sans bâiller et/ou froncer les sourcils (ça va, l’usage excessif de la force, on dérange pas ?), et Murder Club ne fait pas exception. La formule est usée jusqu’à la corde : deux personnes qui n’ont rien en commun, mais qui précisément se complètent, font équipe un peu malgré elles pour résoudre une affaire. Au moins, on sait qu’on vient pas pour l’originalité.
    Murder Club produit ce que j’appellerais un boulot propre. C’est efficace, avec un peu de comédie pour meubler les temps morts, et puis voilà, emballez c’est pesé. Le capital sympathie n’est pas inopérant, mais après un quart de siècle environ pendant lequel ces ingrédients ont été suremployés dans les séries policières, ce n’est pas exactement ce qui va faire grimper qui que ce soit aux rideaux. Tant mieux, parce que je soupçonne que ce soit la démarche : M6, qu’on ne peut pas accuser de nous submerger de séries originales, a des tonnes de flic-tion à rattraper sur la concurrence et veut s’insérer dans le panorama national comme un caméléon. Si c’est le cas, l’exercice est réussi.

    Ourika
    Crime drama

    Trigger warning : Booba.

    Quand on considère que l’art est politique, du coup il semble plutôt logique de considérer que reviewer cet art l’est tout autant. Les artistes à qui l’on donne du crédit en décortiquant leur production gagnent, si ce n’est directement de l’argent, au moins indirectement, par la légitimité qui leur est ainsi accordée. Le monde actuel et en particulier celui d’internet fonctionnent, après tout, sur la base d’une économie de l’attention. Donner de l’attention, du temps, de la critique élaborée, en bien comme en mal, de personnes peu recommandables, c’est tout de même parler d’elles. Aussi j’ai fait le choix, au fil des années, de ne pas critiquer les séries créées, produites et/ou interprétées par des individus auxquels je ne voulais pas donner de mon attention, et pas aider à fournir l’attention de mon maigre lectorat. Ce n’est pas grand’chose mais au moins je dors avec ma conscience pour moi. Chacune verra midi à sa porte.
    Series Mania est l’occasion, année après année, de tester des séries sur lesquelles on n’aurait pas posé les yeux autrement. Par exemple un teen drama grec, un thriller finlandais, ou encore une série d’anticipation colombienne. Cette fois c’est une série imaginée par le rappeur Booba, par exemple.
    Cette année, par soucis d’exhaustivité, j’ai quand même tenté Ourika. Voilà.
    Ecoutez, je me trouve déjà bien gentille d’avoir parlé de Dans l’Ombre.

    Une amitié dangereuse
    Drama, Historique

    Trigger warning : pédophilie, un peu, quand même. Bah si.

    On m’a appris que quand on n’a rien de gentil à dire, on devrait se taire. Mais c’est difficilement compatible avec l’exercice consistant à reviewer toutes les séries proposées lors d’un festival, n’est-ce pas ? Non, non, allez, j’exagère, ce n’est évidemment pas tout-à-fait vrai. Elle a de bons côtés, cette série. Les décors sont jolis par exemple. Les costumes m’apparaissent comme de qualité. J’aime beaucoup la police d’écriture du titre. Mvoyez, tout n’est pas négatif.
    Cependant force est de constater qu’Une amitié dangereuse est une série barbante, et dont la qualité de la production est employée quasiment en pure perte. Peut-être que dans les années 90, les dialogues surécrits puis débités comme au théâtre, ça passait encore dans une série historique ; mais désolée, c’était il y a au moins 30 ans, ça. Pire, la série n’a pas plus de personnalité que ses personnages, qui sont là pour jouer le drame de l’invention tardive du Viagra comme si c’était du Shakespeare. Une amitié dangereuse est écrite comme une mini-série à faire étudier aux collégiens en cours de français, alors que son sujet, c’est un roi qui n’arrive pas à avoir une érection suffisamment longtemps pour baiser la reine son épouse, et qu’une courtisane tente d’intervenir pour que le couple royal puisse enfin niquer, au nom de la pérennité de la lignée. Voilà, eh bah désolée, mais un pitch comme celui-là ne devrait pas aboutir à une série du dernier ennui. Comment on peut faire tourner toute une intrigue autour du sexe sans une seule fois arriver à être intéressante ? Pire, quand un roi demande « Vous plairait-il de venir voir mes faucons ? », moi, je suis désolée, mais je m’attends à ce qu’une série de 2024 ironise sur le double-sens, ou qu’elle s’amuse que le roi trop maladroit n’en perçoive pas la portée, voire qu’elle espère que la tentative échoue.
    Oui parce que, petit aparté, si vous me permettez. Il me semble que les rois, techniquement, dans une démocratie, c’est pas trop notre truc collectivement. Surtout un roi qui a clamsé au 17e siècle. Est-ce que les spectatrices d’aujourd’hui ressentent vraiment le besoin de se placer du point de vue de la cour (et notamment du duc de Luynes, inquiet pour la succession du roi qu’il sert) lorsqu’il s’agit d’assurer la longévité de la dynastie royale ? Ne serions-nous pas autorisées, avec le recul que nous accordent le temps, l’Histoire et nos valeurs, à nous dire que tout cela est absurde ? Que ce trafic d’enfants (trois des quatre protagonistes centrales de la série ont été mariées avant leurs 18 ans) à des fins de reproduction sociale et de diplomatie relevait du sordide, voire du barbare ? Mais sur cela comme sur le reste, la série refuse d’y porter un regard d’aujourd’hui (c’était déjà le cas de Bardot l’an dernier, à un moment faudrait voir à se poser les bonnes questions chez France Télévisions). A la place, Une amitié dangereuse esquive prestemment la problématique d’un pas sur le côté (alors ok Marie a été mariée à 17 ans… mais elle est frappée du syndrome Angélique marquise des anges qui la rend « faite pour l’amour » ; alors ça va), et à la place nous raconte une histoire de… c’est supposé être quoi, ça, de l’amour galant qui n’arrive pas à se concrétiser ? Oh là là, regardez comment l’héroïne arrive à faire monter le désir entre deux personnes que l’on a forcées gamines à se marier pour le bien d’un royaume !
    Une amitié dangereuse, avec la même histoire, pourrait porter un propos plus moderne. Mais elle semble convaincue que le plus grand des dangers serait de remettre en question les traditions royales. Le faire de la façon la plus soporifique possible n’est qu’un affront supplémentaire, mais certainement pas le plus coupable.

    Pour le Panorama International, c’est la série suédo-danoise Allt och Eva qui manquait à l’appel. Ce qui est cruel parce que j’aime bien Tuva Novotny, donc quelqu’un va devoir se dévouer pour la diffuser.

    30 Tage Lust
    Romance, Dramédie
    Non mais, si ça peut vous rassurer, même moi je sais que ça sert à rien de me lire mon opinion sur cette série. Je veux dire, quelles étaient les chances qu’une série qui parle de sexe soit vue positivement par moi, qui baille devant la moindre interaction romantique ? Voilà. On est d’accord.
    Quoiqu’il en soit, 30 Tage Lust (projetée sous le titre 30 Days of Lust) s’intéresse à Freddy et Zeno, un couple jeune et amoureux dont aucune des deux partenaires n’a eu de rapports sexuels avec qui que ce soit avant cette relation. Freddy, la pharmacienne, est particulièrement travaillée par cette absence d’expérience et propose donc à Zeno, le restaurateur d’oeuvres d’art, de se donner 30 jours pour explorer le sexe sous toutes les coutures, chaque jour devant mener à de nouvelles partenaires. Enfin, c’est moins une proposition qu’une décision prise sur un coup de tête (et mettant un peu Zeno devant le fait accompli), mais bon, le principe subsiste. Dés la première soirée de cette expérimentation, déjà, les choses semblent échapper au contrôle du couple. Chacune dans son coin réalise qu’il n’est, pour commencer, pas si facile d’approcher quelqu’un de nouveau ! Pour son premier épisode au moins, 30 Tage Lust est une ode moins à la découverte sexuelle et l’esprit d’aventure, qu’à la maladresse et l’inconfort que peut représenter l’inconnu. Toutefois les choses devraient probablement évoluer au fil de ces trente jours. Ce sera sans moi, mais ça ne veut pas dire que c’est une mauvaise série pour autant.

    After the Party
    Drama

    Trigger warning : agression sexuelle sur mineur (point d’interrogation ?), PTSD.

    On va la faire courte : j’ai déjà reviewé le premier épisode d’After the Party, peu après son lancement. Je conçois tout-à-fait qu’elle ait trouvé sa place au sein de la sélection cette année : c’est le genre de série dramatique complexe qui gagne à être vue… et a tendance à faire le bonheur des festivals.

    Catch Me A Killer
    Policier, Historique

    Trigger warning : viol de mineurs.

    1994. En Afrique du Sud, la démocratie est encore jeune. C’est également vrai du métier de profiler, dont les services de police ont entendu parler mais auquel personne n’a jamais eu recours dans le pays. Toutefois, l’enlèvement d’un petit garçon (qui s’avère être un meurtre) pousse les détectives de Cape Town à accepter de nouvelles méthodes, craignant qu’un tueur en série que l’on pensait inopérant soit de nouveau en activité. Entre alors en scène Micki Pistorius, une criminologiste qui va tenter de travailler sur l’affaire, devenant ainsi la toute première profileuse sud-africaine.
    Production propre, efficace et solide (comme tant d’autres productions de Showmax), Catch Me A Killer opte pour un point de vue à hauteur humaine d’une affaire sordide. Elle évite les clichés sur le sexisme, quand bien même son héroïne est la seule femme non seulement de l’équipe travaillant sur le dossier, mais aussi de toute la distribution principale, et s’intéresse plutôt à la façon dont est ressentie l’enquête. La façon dont les choses pataugent, les victimes se succèdent, les pistes n’aboutissent à rien… dans ce premier épisode, plutôt que les considérer strictement sous l’angle cérébral ou du mystère, la série se fait forte d’en expliquer l’impact sur Pistorius, ou son collègue Eksteen. Que cela signifie-t-il de travailler sur les atrocités d’un violeur et tueur de petits garçons ?
    Cela signifie hélas que pour les mêmes raisons, Catch Me A Killer fait en grande partie abstraction de quelque chose que pourtant le premier épisode met en place, mais juste comme un élément de décor. Les meurtres qui depuis des années secouent des familles du township de Mitchells Plain ont, au moins en partie, un composant racial. Le fait que la police blanche et afrikaanophone traite de disparitions d’enfants noirs sans aboutir nulle part pendant des années ne peut que réveiller les plaies pas encore cicatrisées d’une Afrique du Sud encore sous le coups de l’Apartheid. Mais comme Catch Me A Killer a pour parti pris de s’intéresser à Pistorius et ses collègues uniquement, la colère, la douleur, l’incompréhension des habitantes du township fait de la figuration. Et je dois l’avouer, c’est plus qu’un peu dommage.

    Dates In Real Life
    Romance, Dramédie
    Ida voit s’effondrer une relation amoureuse qui a duré trois ans. Trois années pendant lesquelles elle a entièrement vécu sa relation à Marvin, un Américain, à travers son ordinateur, et notamment via un espace numérique (genre Second Life ou VR Chat) où le couple avait construit son nid. Alors, lorsqu’elle apprend qu’il a commencé à fréquenter quelqu’un IRL, forcément, tout s’écroule. Pire, en suivant les conseils de ses amies (également en ligne) pour essayer de le rendre jaloux, elle empire les choses. Il faut se rendre à l’évidence, Ida est désormais célibataire ; et son introversion ne va pas l’aider à rebondir.
    Le premier épisode de Dates In Real Life manque d’expliquer en quoi la situation d’Ida est unique. Par moments, la série le voudrait, soulignant combien les pratiques amoureuses ou sexuelles d’Ida avec Marvin sont spécifiques, mais par bien d’autres, en fait la majorité à bien y regarder, il n’y a pas de différence majeure entre ce qu’Ida expérimente et d’autres relations… pas plus pour les fins de relations ! Est-ce que le fait que son expérience amoureuse se soit jusque là entièrement produite par internet fait une quelconque différence ? Pas vraiment. Sa relation avec Marvin a été loin d’être superficielle, et la série nous la montre avec beaucoup de tendresse, loin de plusieurs clichés. Puis, dés ce premier épisode, malgré de la nervosité et le besoin d’être coachée par ses trois potes (Burger, Teen, et Cat ; évidemment les noms, bien que peu inspirés, de leurs avatars), Ida se montre finalement entreprenante rapidement, et trouve le moyen d’aller à un rendez-vous avec un inconnu, ce qui globalement se passe plutôt bien.
    En fait je crois que je peine à comprendre quel est l’objet de la série en adoptant cet angle. Ce qui, je suppose, est une bonne chose (le cliché des geeks incapables de s’épanouir IRL a plus que vécu). Mais pose quand même des questions quant au propos que la série veut porter.

    Déjate Ver
    Dramédie, Fantastique
    Ana est l’assistante du célèbre artiste Bassil, quelqu’un de mystérieux qui refuse de dévoiler son identité ou son visage, mais vend ses oeuvres conceptuelles dans le monde entier. Pendant qu’elle l’aide à préparer sa dernière exposition au Japon, Ana découvre qu’elle est en train de disparaître ; une condition qui d’ordinaire touche plutôt les personnes âgées. Par chance, pour le moment elle a juste un orteil qui s’efface, et peut cacher qu’elle disparaît. Son médecin est cependant formel : à long terme, si elle ne change pas tout dans sa vie, elle va disparaître pour de bon. Mais comment on change toute sa vie quand on en a si peu ?
    Voilà une série qui a tout pour me plaire. Elle a tout d’une nouvelle de Yasutaka Tsutsui. Le thème mêlant oubli, solitude et autodétermination est vraiment engageant à la base ; mais l’aspect fantastique et absurde par lequel la série traite son sujet termine d’en faire une oeuvre intrigante et touchante. En particulier, il y a un long monologue dans ce premier épisode (reposant, par ailleurs, plutôt sur des choses courtes voire cinglantes) sur le besoin de connexion qui ne peut absolument pas laisser quiconque insensible. J’ai hâte de voir comment Déjate Ver poursuivra son intrigue.

    Doktrinen
    Politique, Thriller
    Projeté sous le titre international de 8 Months, ce thriller politique coche toutes les cases avec brio. Le premier épisode commence son focus sur Nina Wedén, une journaliste approchant la quarantaine qui a été plus ou moins mise au rebut de sa rédaction quelques années plus tôt, et couvre désormais (à grand’peine) des sujets sans intérêt. Du moins, jusqu’à ce qu’elle se retrouve en possession d’un scoop qui lui permet de découvrir un scandale impliquant le ministre des Affaires étrangères, lequel devient une affaire nationale. Mieux encore, Nina, qui venait de réemménager avec sa mère (une journaliste de la vieille école, versant désormais dans les théories conspirationnistes et racistes), était fauchée, et profondément insatisfaite de tous les aspects de sa vie… est embauchée pour devenir la Conseillère presse du nouveau ministre des Affaires étrangères, le jeune et séduisant Jakob Weiss. Et d’un coup, un simple scoop change toute sa vie pour le meilleur…
    …Mais Doktrinen n’est pas l’histoire d’une Millennial qui trouve enfin le bonheur, et ce n’est certainement pas une romcom. La série est très attentive à ce que ce conte de fées soit remis dans son contexte ; ce contexte, entre autres, c’est le monde politique suédois dans son ensemble, la réaction au scandale, le choix d’un remplaçant à la tête du ministère des Affaires étrangères, la façon dont son background est passé au peigne fin, toutes choses que Nina ne perçoit pas alors qu’elle tente de s’adapter au monde merveilleux des cabinets ministériels (au passage, la directrice de cabinet est parfaite, j’adore comment elle est écrite, ça sent l’expérience). Nous, en revanche, commençons à comprendre qu’il y a une raison pour laquelle toutes ces choses se présentent à nous dans le premier épisode d’un thriller, et pas en guise de happy ending d’un drama. Ni même une fiction politique sur le mode fish out of water.
    Devant les éléments qui se mettent en place, et dont pour beaucoup on pourrait penser qu’ils n’ont pas grand’chose à voir les uns avec les autres, mon cerveau partait déjà dans des théories. Ce rapport de la CIA, son timing, la facilité avec laquelle Nina a effectivement eu accès à une information capitale à un moment où elle était vulnérable… je crois deviner où la série se dirige. Si mes supputations sont correctes, Doktrinen se prépare à être une incroyable série politique, avec des ramifications nationales comme internationales. Et au pire, si je me trompe, bah c’est juste une bonne série politique, ce qui est déjà pas mal (avec deux des interprètes de 30° i Februari, en plus).
    Première série vue lors du festival (et déjà des regrets de ne pas avoir le temps de regarder le second épisode proposé), Doktrinen m’a mise dans les starting blocks pour cette édition. Et j’avais bien besoin d’être motivée quand on voit certaines autres séries de la sélection…

    La Mesías
    Drama

    Trigger warning : tentative de viol.

    La Mesías est une catharsis peuplée de souvenirs incomplets mais tout de même trop vicaces, qui raconte comment les deux enfants d’une mère pour le moins complexe ont grandi avec des traumatismes qui les poursuivent jusque dans leur vie adulte. L’ambition de la série est de retracer pas moins de trois décennies de leur vie, même si ce premier épisode se concentre principalement sur leur enfance. Enric et Irene sont encore petites lorsque leur mère décide de plaquer leur père et partir s’installer ailleurs ; livrées à elles-mêmes la plupart du temps, témoins des extravagances, des coups de tête et des fêtes de leur mère encore très jeune (et très sexuellement active), les deux enfants tentent de composer avec leur nouvelle réalité. Tout cela remonte à la surface pour Enric une fois adulte, qui suite à un concours de circonstances se prend en pleine gueule une série de flashbacks de moments qu’il avait pourtant pris grand soin de mettre de côté. Poussé par l’instinct typique de ces flashbacks traumatiques (entre besoin de vider la plaie et pulsion d’appuyer dessus pour vérifier à quel point ça fait mal), il réexamine sa vie jusque là. Quitte à repasser du temps à nouveau, quand bien même ce n’est que par la mémoire, auprès de sa mère…
    You can take the child out of the home, but you can’t get the home out of the child. Bien que gardant encore quelques aspects cryptiques dans ce premier épisode, La Mesías se prépare à arpenter des choses dures, on vous aura prévenue. Le mélange de religion, d’ufologie (quoique dans un registre différent de Société dinctincte également au programme de cette édition), de symbolique et de trauma, et les voyages d’une décennie à l’autre, peuvent un peu sembler étranges. Mais l’intention est nette de vider tout le pus une fois pour toute, quoi qu’il en coûte.
    Vous savez, chaque année Movistar+ envoie à Series Mania une série dont je tombe follement amoureuse (l’an dernier c’était Apagón), et chaque année je fais chou blanc pour voir la suite ; à un moment il va falloir se concerter et trouver une solution plus durable que ça. Faut arrêter de me laisser sur ma faim.

    Padomju džinsi
    Romance, Espionnage, Historique
    1979. A Riga, on vit dans l’illusion de la normalité dans une ville truffée d’oreilles et de micros. C’est en particulier vrai au théâtre, nid bien connu d’anti-conformistes que plusieurs agents du KGB, dont l’agent Maris, surveillent sous toutes les coutures. La moindre opinion contraire, le moindre rire déplacé, la moindre amitié suspecte, tout est catalogué, à l’aide notamment d’un réseau d’information savamment entretenu. Le costumier Renars Rubenis est l’un des informateurs de ce réseau, bien malgré lui ; il participe en effet au marché noir des objets occidentaux de contrebande, comme certaines marques de cigarette, de la musique importée, ou encore, ô horreur anti-communiste, des jeans. Il s’est fait prendre par le passé et a réussi à éviter les conséquences en devenant indic, mais n’y met pas beaucoup de bonne grâce et refile à Maris uniquement des informations sans importance, qui ne font de mal à personne. Tout va changer lorsque Tina, une metteuse en scène finlandaise, arrive au théâtre ; Renars tombe immédiatement sous son charme, et c’est là que les ennuis commencent.
    Derrière l’apparente légèreté de son pitch, consistant à décrire un jeune homme épris d’une liberté qui n’existe pas dans son pays, l’ambiance de Padomju džinsi (ou Soviet Jeans de son titre international) est étouffante, et a bientôt fait de se communiquer à Tina. On se sent surveillée à tout moment, on se surveille soi-même, on en finit par douter de tout et de tout le monde (en cela l’ambiance n’est pas tellement différente de celle de Herec, dont on parlait l’an dernier et également intéressée par le théâtre). Si les relations amoureuses reposent sur la confiance, comment peut-on espérer vivre un amour épanoui dans une société de méfiance ? Toutefois, s’il en est effectivement question, la série ne parle pas que d’amour et d’espionnage ; elle tente de cultiver un peu de liberté volée ; les épisodes suivants, si j’en crois la fin du premier épisode couplée au synopsis de Series Mania Plus, devraient d’ailleurs faire évoluer les choses. Ce n’est pas un visionnage facile, mais il me paraît en valoir la peine. La surveillance prenant aujourd’hui de nouveaux visages, je ne suis pas convaincue que ses problématiques soient complètement obsolètes.

    Ting Hai Yong
    Guerre, Historique
    Series Mania ne sélectionne pas beaucoup de séries asiatiques (euphémisme), mais quand l’une d’entre elles passe entre les mailles du filet, la qualité est au rendez-vous. Ting Hai Yong (ou Three Tears in Borneo de son titre anglophone) se déroule dans la jungle moite de Malaisie. Trois frères ont, ensemble, été circonscrits par l’armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale, comme tant d’autres de leur génération pendant l’occupation japonaise de Taiwan. Si techniquement ils ne sont pas considérés comme soldats (ni considérés comme Japonais bien que parlant la langue), ils combattent bel et bien au service de l’Empereur. Leur relative chance a été d’être affectés ensemble à un camp pour prisonniers, la plupart américains, un boulot un peu moins périlleux que la moyenne. Prenant pour cadre narratif la reddition japonaise en 1945, et donc le moment du jugement des crimes de guerre, Ting Hai Yong revient sur l’expérience particulière de ces trois frères, soudés par leurs racines ainsi que par le peu d’humanité qu’ils entretiennent au sein du camp.
    La question se pose dans ce premier épisode de déterminer qui exactement est prisonnier de qui. Les frères ont a priori le dessus sur les prisonniers de guerre ; mais ils sont, aussi, assujettis à un occupant japonais. C’est cette dynamique que la série ambitionne d’explorer, notamment parce qu’elle est tournée en trois langues (anglais, japonais, taiwanais) dont l’usage est précis, et hautement significatif. L’intrigue a en outre pour cadre narratif l’arrivée des troupes australiennes, qui découvrent un charnier à l’arrière du camp de prisonniers abandonné (vraisemblablement inspiré par Sandakan). Que s’est-il passé ? Et surtout, qui exactement est responsable ? Je suspecte cette dernière question de devenir plus importante, mais aussi plus complexe, à mesure que la mini-série progresse.
    Ce n’est certainement pas le genre de série à mettre devant toutes les paires d’yeux. Mais son intérêt pour la nuance, sa capacité à parler d’impérialisme, et son regard humain mais sans concession, en font dans le même temps une excellente série à mettre devant les vôtres.

    Société distincte
    Drama, Science-fiction
    Dans ce premier épisode plus drama que science-fiction (mais rien n’est gravé dans le marbre pour la suite), Société distincte part de la disparition d’un petit garçon, Gabriel, survenu 15 années plus tôt. Convaincues que cette disparition est le fait d’extraterrestres, son frère aîné Marc et sa mère Micheline se sont spécialisées dans l’ufologie ainsi que la recherche de témoignages d’enlèvements. Le deuil n’a jamais été fait, car aucune trace de Gabriel n’a jamais été trouvée ; il y a certainement quelque chose de rassurant dans cette quête pour cette famille éclatée (le père est parti). Ladite quête, bien-sûr, semble absurde vue de l’extérieur, mais il n’y a pas que ses personnages principaux pour la prendre la coeur… La série révèle progressivement qu’elle a l’intention de donner du crédit à leurs thèses, même quand la mère et le fils parlent de « petits gris » qui savent se téléporter comme d’une évidence.
    Parée d’une réalisation sans faute, Société distincte fait le choix d’exposer la vulnérabilité de ses personnages, leur douleur, leur conviction, avec une forme d’ouverture d’esprit qui, paradoxalement, est perturbante. Devant cet épisode, je n’arrêtais pas de penser à The X-Files ; à combien la planète adorait se faire peur à croire, l’espace de 11 saisons, aux conspirations surnaturelles les plus folles… tandis qu’aujourd’hui, les conspirations ne me semblent plus aussi inoffensives. Ce qui me fait peur en 2024, c’est de savoir jusqu’où peuvent aller les personnes qui pensent que tout le monde ment et qu’il y a des vérités cachées qu’elles seules soient capables de découvrir et de rectifier. Mon inconfort devant Société distincte était réel, et paradoxalement, presque de mauvais goût devant l’élégance de certaines scènes, insistant sur les origines douloureuses des thèses de Micheline et Marc. Qui suis-je pour prétendre mieux gérer la perte d’un être cher, au juste ?
    Il y a encore des choses qui me posent question dans l’équilibre trouvé par Société distincte entre le drama et la science-fiction. Il y a aussi tout un angle politique, à peine effleuré (une scène seulement, au lycée où enseigne dorénavant Julien, l’ancien ami d’enfance de Marc) mais qui, comme le titre, pose des questions supplémentaires sur le propos de Société distincte. C’était peut-être un peu complexe à décrypter, surtout pour la Française que je suis, en plein festival. Il faudra résolument que je prenne le temps de décortiquer tout ça quand la série sera diffusée pour m’en faire une opinion définitive.

    Truelove
    Drama, Romance

    Trigger warning : tentative de suicide, suicide assisté.

    Vous me connaissez, je trouve toujours qu’on n’a jamais assez de séries s’intéressant à des personnages ayant dépassé la midlife crisis. Truelove démarre sur un enterrement, celui d’un membre d’une bande de potes remontant à des décennies. Aux funérailles de Dennis, les amies Phil, Ken, David, Marion et Tom se font la promesse solennelle de s’aider à mourir avant de devenir rongées par la maladie ; ce n’est peut-être pas légal, mais entre le savoir-faire des unes et des autres, peut-être arrivera-t-on à ne pas se faire prendre. L’inspiration leur vient du pub où elles se sont retrouvées après l’enterrement, qui, dit-on, doit son nom à un amour impossible qui a conduit à un suicide. Un amour véritable. Truelove. Bien que prise sous le coup de l’alcool, la promesse a été faite.
    Phil et Ken reçoivent bientôt une carte postale de Tom, avec pour seule indication la photo d’une jetée, une date de rendez-vous, et le mot « truelove« .
    Peut-on tuer nos amies de toujours, même si elles nous le demandent ? Même si elles nous supplient ? C’est une grande partie de l’interrogation qui sous-tend la tragédie se jouant dans Truelove, une série qui s’interroge sur la fin de vie du point de vue de personnes qui ont tout eu (ou presque), et qui voient l’âge leur dérober leur statut et leur confort. De leur point de vue, effectivement, il n’y a pas grand’chose à perdre en appelant de ses voeux la mort en remplacement de la déchéance…
    Truelove a cependant du mal à s’atteler uniquement à cette question ; la série ne peut, en particulier, pas s’empêcher d’introduire une policière (Phil, même si elle est maintenant à la retraite) et un agent des services secrets (Ken, bien qu’il prétendre n’avoir été qu’ingénieur), et s’interroge aussi sur la possibilité de se faire prendre. L’ami qui part n’a rien à craindre ; les amies qui restent doivent composer avec la douleur du deuil, l’appréhension d’être prochaine sur la liste, la culpabilité d’aider, et maintenant la peur de se faire prendre. Je ne doute pas vraiment que Truelove poursuive sur cette voie dans les épisodes suivants tant est rabâchée la problématique de « bien plannifier », ce qui a moins à voir avec le confort des adieux qu’avec l’esquive des répercussions. En cela, à mon sens, Truelove manque un peu de courage, ce qui est tragique parce que si elle s’était moins intéressée à cet angle peu original (et peu dérangeant) de son intrigue, elle serait plus proche du sans-faute.

    Chameleon
    Dramédie
    Avec ses épisodes d’une demi-heure où pas une seconde ne laisse de répit, Chameleon se penche sur le quotidien de Chris, un jeune homme entré dans la vingtaine mais resté bloqué dans sa cité de naissance. Il a encore des rêves (il veut devenir acteur), mais ils commencent à s’élimer au contact de la réalité. Celle-ci, en dépit d’un entourage chaleureux (ses potes, sa famille, sa petite-amie…), n’est en effet pas glorieuse, et les problèmes d’argent s’empilent ; comme dans Tetris, nous précise-t-il en voix-off.
    Si le rythme et la réalisation de la série sont d’une efficacité redoutable, Chameleon ne se voit pas vraiment comme une comédie. C’est plutôt qu’elle essaie de raconter les choses en essayant de ne pas semer son public. La pauvreté, la violence, le racisme ; l’impasse dans laquelle Chris et les gens qu’il aime sont nés ; ça n’est pas bien drôle. Derrière les effets de style (qui ne sont ni le coeur de la série, ni son attrait principal), il y a un constat désillusionné. Est-ce que ça veut dire pour autant qu’il faut abandonner ? Pas nécessairement, et dans ce premier épisode, Chris tente encore des choses malgré le regard désabusé qu’il porte sur son existence ; mais le sentiment d’être défait ne tient pas à grand’chose.

    Extra
    Comédie, Romance
    Ne vous laissez pas abuser par le matériel promotionnel : Extra ne s’intéresse que modérément au handicap. La série a pour protagoniste centrale Catherine, une femme valide dont la seule activité hors de son foyer consiste à diriger la chorale d’un groupe de personnes handicapées. Sa vie est autrement bien terne (déjà que), entre son mari très cadre sup’, et son fils qui s’apprête à passer le Bac pour la 4 année consécutive, lesquels la traitent tous les deux comme un élément du décor. La seule personne qui lui prête un peu d’attention, c’est son frère, Xavier, en fauteuil roulant. Il l’enjoint à se décoincer un peu, et c’est ainsi que Catherine obtient les coordonnées d’une assistante sexuelle basée en Suisse, qui travaille avec des clientes handicapées. La frustration d’une vie sans saveur, et les exhortations de Xavier, font prendre conscience à Catherine que quelque chose doit changer. La voilà qui considère, à la fin de l’épisode introductif, de peut-être devenir assistante sexuelle elle-même (le peut-être n’est évidemment que temporaire). Comme ça, les besoins sexuels d’autrui la satisferont, elle !
    Boooon. Le premier épisode d’Extra adopte uniquement la perspective de Catherine, et finalement, les personnes handicapées sont un peu des éléments du décor pour elle. Ironiquement ! Le contraste avec la comédie australienne Latecomers (présentée l’an dernier) est un peu rude au premier abord. Catherine, qui pourtant a un frère handicapé et se pense ouverte d’esprit, tombe de l’armoire lorsqu’elle découvre que l’une de ses protégées a une vie sexuelle ; et qu’en fait son frère aussi. Punaise la révélation à quarante balais, quoi. Voilà qui donne lieu à des scènes embarrassantes et comiques, parce qu’il ne s’agirait pas de prendre trop au sérieux la sexualité des personnes handicapées surtout. Je ne suis pas vache : je reconnais que les performances tiennent pour le moment plutôt bien la route et que c’est, potentiellement, un beau rôle pour Anne Girouard. Mais j’avoue qu’entre le point de vue valide (on devine quel est le public supposé de la série), et le propos pour l’instant assez banal sur la sexualité, je ne me suis strictement pas sentie concernée, et encore moins amusée.

    Les Oubliettes
    Comédie
    Faute d’un emploi, de revenus, et/ou d’une autorisation de découvert, Emma se retrouve contrainte à accepter un boulot dans un restaurant thématique sur l’ère médiévale. Sauf que plus qu’un restaurant, c’est surtout un repaire de rôlistes grandeur nature, qui prennent très au sérieux leurs costumes, leurs termes, et leur Histoire (qui est une Histoire tout-à-fait fictive). Les Oubliettes ne prend rien ni personne au sérieux, et surtout pas ses personnages qui en prennent systématiquement pour leur grade, y compris Emma. Le premier épisode a sans aucun doute été écrit sous l’emprise de substances à la légalité élastique, et le montage n’est pas moins allumé.
    Malgré les petits gags qui se succèdent, cette introduction met aussi en place une histoire en fil rouge, histoire de s’assurer de ne pas s’enliser dans les mêmes ressorts comiques sans but. Emma l’ignore, mais nous supposons assez rapidement qu’elle pourrait être l’incarnation d’une Elue annoncée par une Prophétie ! Avec majuscules et tout. C’est absolument ridicule au dernier degré, et Les Oubliettes, de bout en bout, en a bien conscience. Mais une fois que tout le monde est d’accord sur la mission au coeur de l’existence de la série, on passe un moment sympathique.

    Smothered
    Romance, Comédie
    Sammy et Tom vivent une nuit surprenante ensemble, puis (sous l’impulsion de Sammy, plus exubérante et surtout plus sujette à des idées lumineuses comme celle-là), décident d’entretenir une liaison de 3 semaines. Et pas un jour de plus. Refusant de se dire quoi que ce soit l’une sur l’autre, elles vivent cette idylle à durée déterminée avant d’effacer l’une le numéro de l’autre, avant de partir chacune de son côté. Pourquoi ? Parce que les histoires d’amour finissent mal (en général), alors que les liaisons finissent, apparemment, dans la joie et la bonne humeur. Il paraît. Et puis, il n’est certainement pas question de se lancer dans une histoire d’amour, vu la gueule des rencontres que les gens font en 2024.
    Comme chacune le sait, le meilleur moyen de commencer une histoire d’amour est de se répéter qu’on ne commence pas une histoire d’amour. Smothered n’y croît évidemment pas elle-même. Dés ce premier épisode plein à craquer d’interactions adorables et de violons émus, on sent bien que l’intention derrière est de pousser Sammy et Tom hors de leurs zones de confort respectives pour atterrir dans la même romance. De toute évidence, ce n’est pas une série pour moi ; mais avec des séries comme Smothered (ou Starstruck, ou Colin From Accounts, ou même The Lovers en compétition l’an dernier), il semblerait que les romcoms tentent de faire leur retour à la télévision anglophone après plusieurs années de disette, et ça, ça fera forcément des heureuses.

    Player of Ibiza
    Comédie
    Même en se chatouillant sous les bras, c’est compliqué.
    Player of Ibiza tente la parodie d’émission de télé-réalité, tout en nous en montrant les coulisses. Le point de départ n’est pas très différent de celui d’UnREAL : après 10 années à produire Player of Ibiza, une émission de dating, cinq candidats sont sélectionnés pour une nouvelle saison. Sauf que le producteur décide de changer le concept pour en faire quelque chose de féministe. Pardon : de « féministe« . Sont donc recrutés les 5 pires clichés de masculinité toxique possibles, qui sont envoyés non pas à Ibiza comme dans les saisons précédentes, mais à Buchholz, un petit patelin à la campagne. Et, plot twist ultime dont ils n’ont pas été avertis : les candidats ne vont pas devoir charmer une jeune femme comme ils l’anticipaient tous frétillants, mais devoir se transformer en féministes eux-mêmes.
    Le concept de la série consiste à suivre à la fois l’émission elle-même, nous montrant les images filmées, les confessions et tout le toutim, mais aussi les coulisses de Player of Ibiza, principalement par le biais d’Amelie, l’assistante de production qui vit un Enfer. Elle y est entourée d’une camerawoman et d’une présentatrice, qui chacune pour leurs raisons, n’en ont rien mais alors que dalle à péter de l’émission.
    Le premier épisode de Player of Ibiza est… ah oui non, pardon, j’allais dire d’une durée de 3h, mais seulement 26mn en fait ! Au temps pour moi. Franchement, à la moitié j’étais déjà totalement blasée.
    Sur le fond, ce premier épisode ne fait pas de promesse très intéressante : on a bien compris que l’exercice consistant à tourner ces 5 connards en féministes était voué à l’échec (le producteur lui-même est un bonhomme sexiste, même s’il n’en a pas conscience). Les déconvenues qui les attendent ne vont pas les rendre très coopératifs pour Amelie, en plus. Laquelle en a, de toute façon, déjà sa claque dés le premier jour, et ne nourrit aucune forme d’espoir quant au déroulé à venir des événements.
    Sur la forme, c’est épuisant : la série est tellement investie dans ses portraits que les personnages masculins sont insupportables, mais occupent tout l’écran. Comme, un peu par définition, ils n’ont aucune forme de recul sur leurs propres actes, Player of Ibiza n’arrive pas à nous convaincre dans cet épisode introductif qu’elle va produire une critique de quelque ordre que ce soit. Quelle différence entre regarder Player of Ibiza et Player of Ibiza, franchement ?

    Videoland
    Comédie, Romance, Historique
    Parfois, un épisode est trop court, le temps manque pour regarder les suivants, et le monde semble cruellement injuste. Je sais que par temps de festival, il faut faire des choix, mais là c’était surhumain. Il s’avère en effet que Videoland est absolument adorable !
    Hayley, comme beaucoup d’ados, passe par une phase un peu maladroite et embarrassante. Elle bosse à mi-temps à Videoland, une boutique de location de VHS, ce qui lui donne l’opportunité de faire des recherches. C’est que, voyez-vous, Hayley est lesbienne, mais elle ne sait pas trop à quoi ça ressemble, une lesbienne ! La voilà donc (aidée de sa meilleure amie Tanya) bien décidée à écumer toutes les cassettes du magasin en quête de personnages lesbiens dans les films. Entre savoir qui l’on est et trouver son identité, il y a parfois une différence ! Hayley a en plus la révélation foudroyante, dans ce premier épisode, d’avoir trouvé une fille pour laquelle elle a un béguin, même si évidemment il n’est pour le moment pas question de faire quoi que ce soit. Et puis, même si elle le voulait, Hayley en est pour le moment incapable !
    Videoland est enlevée et tendre, et ne prend pas au ridicule son héroïne gauche. Evidemment, il est question ici de représentations, mais la série n’est pas là pour disserter. Il faut lire entre les lignes, dans ses allusions (au male gaze porté sur les interactions entre femmes dans Showgirls, par exemple) comme dans ses références cinématographiques. C’est enlevé mais jamais superficiel, et bien-sûr, Videoland ne s’applique pas qu’aux années 90, même si clairement ça sent le vécu.
    Je n’ai pas trouvé de chaîne de diffusion prévue pour Videoland, je vous préviens, vous vous arrangez comme vous le voulez, mais il faut que ça se fasse.


     #annaismissing
    Thriller
    C’est vraiment appréciable quand une série s’autorise un angle inédit pour son objet. Sur le papier, #annaismissing est un thriller sur la disparition d’Anna, une influenceuse ; mais dans les faits, le premier épisode se concentre sur le point de vue de Nina, une adolescente qui ne connaît même pas la chaîne Youtube d’Anna. Comment l’une et l’autre se retrouvent-elles dans la même intrigue ? Eh bien c’est justement à cet épisode inaugural qu’il revient de connecter les points entre eux, et de dessiner pourquoi Nina, progressivement, en vient à s’interroger sur l’existence d’Anna. Même pas encore vraiment son sort.
    Contrairement à # who am I, qui en dépit d’un point de départ similaire s’interrogeait sur l’hypocrisie inhérente au monde des influencers (il y a une différence entre la vie vécue et la vie présentée), #annaismissing s’interroge vraisemblablement sur notre pratique des portables ainsi que des réseaux sociaux, notamment dans le cadre de la sexualité. Nina, 15 ans, se confronte ainsi directement à la consommation de son père, et c’est de cette façon qu’elle en vient à s’interroger sur Anna. Je ne sais pas si les épisodes continueront à interroger cet aspect, il est fort probable que ce soit moins le cas à mesure que le sort d’Anna nous préoccupera, mais je trouve l’initiative intéressante, et riche d’un propos plutôt rare sur une forme d’éveil.

    Bouchon
    Dramédie

    Trigger warning : suicide assisté.

    Comparée à d’autres pays, la France a finalement assez peu de dramédies sur des personnages féminins dysfonctionnels ; Bouchon vient rétablir un peu de l’équilibre. La série doit son titre au surnom que sa famille donne à « Lolo », une actrice dont la carrière semble enfin décoller, et qui en profite pour essayer d’améliorer tous les autres aspects de sa vie dans le même temps (elle arrête de fumer, elle arrête les antidépresseurs, elle essaie de faire de la relaxation…). Une quête de bien-être qui entre brutalement en collision avec la réalité : le jour de son anniversaire, son père annonce qu’un cancer du colon lui a été diagnostiqué. Et, surtout, qu’il se refuse à passer par une chimio, et envisage déjà l’euthanasie. Deuxième série cette année à Series Mania à parler de fin de vie, au passage, après Truelove. Bon.
    Le premier épisode est rempli de chaos jusqu’à la gueule. Ça hurle presqu’en permanence, ce qui souvent dans les séries françaises a le don de m’ulcérer ; les décibels ici portent un propos, au moins : lorsqu’on a grandi dans une famille aussi foutraque que celle-ci, quelle chance a-t-on de trouver la sérénité ?! Bouchon ne manque pas de charme, précisément parce que dans le bordel ambient, la série arrive à saisir des choses assez fines et tendres, en faisant un pas de côté hors de la cohue pour saisir des fragments de vulnérabilité. Je n’ai pas encore décidé de ma capacité à encaisser les cris et le tumulte pour en extirper les perles d’humanité pendant toute une saison, mais je n’en ai pas moins trouvé le premier épisode solide et intéressant.

    Ça prend pas la tchas à Papineau
    Drama
    « Ça prend pas la tchas à Papineau » : expression canadienne francophone (en référence à Louis-Joseph Papineau, politicien réputé intelligent) pour signifier que quelque chose est particulièrement facile à comprendre ou évident ; la « tchas » désignant en effet la tête… mais c’est apparemment aussi un terme créole pour désigner une coupe de cheveux. Jojo travaille en effet dans un barbershop, où ses journées sont remplies de musique et de blagues avec les collègues ; pourtant ce quotidien joyeux n’efface pas la douleur d’avoir perdu sa femme quelques mois plus tôt, non plus que la difficulté à élever deux adolescents seul désormais.
    Les épisodes très courts de Ça prend pas la tchas à Papineau rappellent qu’un genre peut s’accommoder d’absolument n’importe quel format, sans que ça ne nuise à son émotion, sa justesse, et même pas à son élégance. Peut-être même au contraire. Capable de suggérer autant que de dire, ce premier épisode pose des bases touchantes d’un drame aussi réaliste que possible.

    Ceux qui rougissent
    Teen drama
    Mais quelle jolie série ! Ah, combien j’ai regretté ne pas avoir le temps d’en voir plus (alors que 5 épisodes sur 8 étaient proposés), et n’y ai consenti que parce qu’arte me les rendra faciles prochainement. Quoique, apparemment elle est également au programme de Canneseries le mois prochain, pour patienter.
    Ceux qui rougissent est une fiction en semi-improvisation ; là où j’éprouvais des doutes sur l’intérêt de cette méthode l’an dernier pour Innermost, ici ça fonctionne à plusieurs égards. D’abord parce que Ceux qui rougissent est une série sur le théâtre, et en particulier sur l’apprentissage du théâtre, la forme venant servir le fond. Ensuite parce que la série a un côté éminement meta : les jeunes comédiennes jouant les lycéennes de la série sont réellement des adolescentes (et pour autant que je puisse en juger, novices également), ce qui ajoute à l’authenticité de l’effort comme du résultat. Et puis aussi, par nostalgie, ayant moi-même passé de nombreuses heures en cours puis conservatoire de théâtre à l’adolescence, et ayant fait quelques uns des apprentissages dont (si j’en crois les inévitables trailers d’arte pendant Series Mania) la série veut se faire l’écho ici. Apprendre le théâtre, c’est s’apprendre soi en même temps qu’on apprend les autres. Il n’est guère de meilleure métaphore pour l’adolescence si vous voulez mon avis.
    Mon seul reproche à adresser à Ceux qui rougissent, c’est la honteuse durée de ses épisodes : le premier s’achève au bout de dix minutes, quand j’aurais signé pour une heure. Au moins.

    Epätila
    Drama
    Il y a une différence entre compter sur le couch surfing et être sans-abris… du moins est-ce ce qu’Eevi, 21 ans, pensait jusque récemment. La jeune femme cherche un boulot tout en restant chez son pote Ilja, qui partage, outre son toit, ses joints avec elle. C’est plutôt confortable, mais c’est éphémère, et bientôt l’arrivée de la petite-amie d’Ilja vient rappeler à Eevi qu’elle n’est pas supposée passer une nuit de plus sur ce sofa. Après avoir procrastiné jusqu’à la dernière minute, Eevi se résout donc à aller prendre le métro… et commence à démarcher le reste de ses contacts en quête d’un endroit où dormir ce soir-là.
    Le premier épisode d’Epätila (qui apparemment signifie « état d’urgence », mais le titre international est Limbo Zone) ne s’intéresse pas vraiment à la façon dont Eevi en est arrivée à cette situation, et je ne suis à ce stade pas convaincue que les suivants se captivent plus pour l’origin story de la jeune femme. Ce que la série paraît vouloir aborder, c’est plutôt la façon dont, imperceptiblement, son héroïne tombe un peu plus dans une situation dont il va devenir encore plus difficile de se dépêtrer. Tant qu’elle cherchait « juste » un job, la jeune femme pouvait encore se dire qu’elle n’était pas à la marge ; mais là, elle s’aperçoit qu’elle n’a nulle part où dormir, personne sur qui compter, et que même passer la nuit dans le train est impossible.
    Ce ne sont pas tant les causes qui sont intéressantes à mes yeux que cette cassure, ce moment où Eevi découvre que les choses sont déjà désespérées, mais qu’elle s’était raccrochée à sa dernière illusion de confort et de sécurité, pourtant déjà fragile. Sans jugement (mais sans ignorer que la jeune femme est imparfaite), la série fait le pari de suivre ce qui semble voué à être une descente aux Enfers. Et c’est d’ailleurs un rappel salutaire que même dans le pays supposément réputé pour avoir mieux résolu le problème que la moyenne, celui-ci n’a pas totalement disparu.

    Kampen for tilværelsen
    Comédie
    A ne pas confondre, bien-sûr, avec la série norvégienne du même nom.
    Deux potes. Assis. Côte à côte. Echangeant quant à leurs expériences les plus intimes. C’est toujours plus facile quand on n’est pas obligés de se regarder.
    Les épisodes-vignettes de Kampen for tilværelsen abordent une question, et une seule. Il faut dire que la brièveté oblige la série à ne pas s’embarrasser de préoccupations satellites. Il n’y a pas d’intrigue, juste cette conversation, comme extirpée du quotidien, une fenêtre brève sur ce qui préoccupe les deux hommes et qu’ils n’ont, semble-t-il, jamais eu l’occasion d’exprimer à autrui jusqu’à ce moment précis qu’ils s’accordent pour être sincères l’un avec l’autre.
    Le premier épisode de Kampen for tilværelsen, « bien-sûr », parle de cul (écoutez, l’an dernier 67% des séries présentées à Series Mania parlaient de fertilité, cette année le pourcentage s’applique au sexe ; pourquoi pas), mais on sent bien que ce qui se trame ici n’est pas simplement l’échange de blagues graveleuses ou l’envie de choquer le public. La sincérité de la démarche est évidente, et pousse à écouter ce qui turlupine ces deux amis. L’équilibre fragile entre être capables de parler de ce qui les préoccupe, et hésiter à en parler dans le même temps, est vraiment le point fort du ton de la série. Kampen for tilværelsen était projetée dans son intégralité pendant Series Mania ; je n’ai eu le temps d’en voir que le premier épisode (c’est l’jeu ma pov’ Laurence) mais je suis un peu curieuse de voir d’autres épisodes. Ce n’est pas exactement le genre de série qui m’attire le plus, mais j’aurais bien voulu voir quels autres thèmes les deux amis veulent discuter sur le même ton.

    Slava, der Hund
    Drama
    Une bombe s’est abattue sur la maison. Les affaires brûlent et partent au ciel. On s’en va à Hambourg, en Allemagne. On prend le train. Mais pas toute la famille, parce que Papa n’a pas le droit de quitter l’Ukraine. Heureusement que malgré tout ça, il y a Slava, le chien.
    Slava, der Hund essaie de raconter la guerre en Ukraine à travers les yeux des enfants. Décidément, la créatrice de Sunshine Eyes aime travailler avec les enfants. Elle connaît la définition du mot « zeitgeist« , aussi. Le premier épisode mise sur l’évocation indirecte de choses douloureuses, qui tente tant bien que mal de préserver le regard innocent des enfants, et le propos, d’adulte à adulte, sur ce que l’on fait subir aux enfants pendant une guerre. C’est un exercice compliqué, surtout quand on essaie de ménager des silences et de la contemplation (qui ne sont pas exactement le fort des enfants). Il y a de la peur, de l’espoir, de l’abattement, qui se mêlent aux histoires que se racontent les deux enfants de cette famille qui a tout perdu, sauf son chien… pour le moment. Le synopsis de la série promet que ça ne durera pas. Je ne sais pas trop si j’ai envie d’en voir plus. L’avantage c’est qu’avec le rythme du festival, la question est réglée, au moins temporairement.

    Space Rats
    Drama, Science-fiction
    Je m’attendais un peu à ce que Space Rats, avec son pitch un peu ridicule, soit aux séries de science-fiction des années 60 ce que Danger 5 était aux séries d’espionnage des années 60. Mais on est ici beaucoup moins dans le pastiche, car Space Rats, derrière son absurdité, s’intéresse sincèrement à l’aventure de ses personnages. Qui, certes, sont quatre hybrides humain/rat envoyées dans l’espace par un stagiaire, mais dont la mission est prise très au sérieux, si ce n’est par autrui, au moins par elles-mêmes. Les protaginistes Hector, June, Hazel et Oliver sont, là encore contre toute attente, moins caricaturales qu’attendu. Ou disons qu’en tout cas, elles ne sont pas tellement utilisées à des fins comiques ou ridicules.
    Leur mission ? Explorer trois planètes proches de Jupiter : Altum (une planète-océan), Viridia (une planète-jungle), et Mondo (une planète-désert). Selon toute vraisemblance, elles sont probablement habitables… voire même habitées. Le stagiaire qui a créé ce programme, et avec lui, l’équipage d’hybrides, décide en dépit de sa propre hiérarchie de les envoyer dans l’espace ; les ratronautes ont tôt fait d’atteindre Altum dans ce premier épisode. Il ne se déroule rien de fondamentalement révolutionnaire dans Space Rats, soyons claires. Les moyens humbles de la série, son point de départ absurde, ou les développements de la mission une fois sur Altum, ne permettent pas réellement de considérer Space Rats comme étant au niveau, disons, de The Expense. Mais à l’impossible nulle n’est tenue ! Ce que produit Space Rats est tonalement un peu le cul entre deux chaises, mais ça fonctionne, et on se prend d’affection pour ces tout petits rongeurs (sauf Hector, qui est un boulet) plongés dans un très grand univers.

    Ces titres n’étaient pas en compétition, mais vous me connaissez, c’est pas ça qui m’arrête.
    …L’ironie voulant que la série manquante au tableau est Il Camorrista, une production des années 80 dont la diffusion a été bloquée pendant plusieurs décennies. Et en même temps, qu’est-ce que quelques mois de plus…?

    3 Body Problem
    Science-fiction

    Trigger warning : suicides.

    A ce stade, je ne suis pas super enthousiaste quant à 3 Body Problem ; je ne l’étais pas non plus sur San Ti donc bon, faites-en ce que vous voulez. Le premier épisode de la première a, au moins, l’avantage de l’efficacité : le rythme est bon, c’est esthétiquement plutôt bien gaulé, je n’ai pas de reproche majeur à adresser… si ce n’est que j’ai eu l’impression qu’on me parlait comme si j’étais stupide.
    Les articulations de ce premier épisode sont prévisibles de bout en bout. Les plot twists arrivent à heure tellement régulière que ce pourraient être des trains japonais. On épelle tout pour les spectatrices pour leur éviter de s’investir intellectuellement. 3 Body Problem est parfaitement calibrée, il n’y a pas un poil qui dépasse, chaque chose est là où on l’attend. Il n’y a ni surprise, ni émotion. Très clinique. En un sens, c’est l’inverse du problème que j’avais ressenti devant le premier épisode de San Ti, que j’avais trouvé exagérément cryptique et bavard. Mais finalement, ptet que je vais lui donner une seconde chance parce qu’à choisir…

    Disko 76
    Drama, Musical, Historique
    Bien que sa réalisation soit plus malicieuse et créative, Disko 76 est la digne héritière de la trilogie Ku’damm. Sa recette est strictement la même : utiliser un genre musical (ici le disco, au lieu du rock’n’roll) pour parler du destin d’une jeune femme qui est le reflet de son époque. Dorothee dite « Doro » est une jeune femme mariée, qui dans l’Allemagne de l’Ouest des années 70 étouffe sous le poids d’une société patriarcale qui ne lui donne pas autant de liberté qu’elle le voudrait. La preuve en est : dans ce premier épisode, son mari décide qu’elle ne doit plus travailler, donc l’école maternelle qui l’employait la vire ! Pleine de ressentiment, mais plus encore, terrifiée à l’idée de devoir se consacrer à mettre un bébé en route, Doro ment à son époux et prétend être déjà enceinte.
    Les choses ne s’arrangent pas à partir de là, à une exception près : dans le chaos grandissant qu’est sa vie, Doro tombe profondément amoureuse du disco, un genre qu’elle découvre à la base militaire américaine voisine. S’entrecroisent avec le sort de Doro celui de son frère Georg (qui a déserté le service militaire, et qui vient de promettre à sa meilleure amie de l’aider à élever l’enfant qu’elle attend), de sa soeur Johanna (qui ne rêve que de devenir pilote d’avion, et qui fréquente un Américain noir), et de sa famille au sens large (et notamment son père, un homme très conservateur et évidemment hostile à tout ce qui vient des USA, on sent arriver certains conflits). Et puis, il y a aussi de Robert, le séduisant danseur…
    Disko 76 est une photographie bon enfant, ni trop chiante ni trop ambitieuse. On connaît la discographie par coeur, et franchement le scénario un peu aussi, mais enfin, la série remplit bien son office, et ce premier épisode, à défaut d’être une révélation sur le fond ou sur la forme, a au moins le mérite du divertissement honnête.

    Galerie Désastre
    Comédie
    Petit oups de cette année : je voulais regarder un seul épisode, et finalement j’ai vu les cinq. Pour ma défense, sur Series Mania Plus, les épisodes sont d’ordinaire mis à disposition de façon séparée, alors que dans le cas de Galerie Désastre ils étaient proposés à l’enfilade. Bon, on a vu pire que se taper une intégrale d’une série en vingt minutes montre en main, vous me direz.
    Galerie Désastre oscille entre la comédie absurde et la fiction de type heist, ce qui est loin d’être la pire combinaison de genres au monde. Les moyens de la série sont vraisemblablement humbles, mais l’humour permet généralement de passer outre. La série se déroule en effet dans une galerie où sont exposées des pièces d’art contemporain n’ayant ni queue ni tête. Léa, qui ne rêve que de parler d’art et travaille pour le moment comme agente de sécurité, se sent frustrée d’être bridée par le patron de la galerie, qui est également son beau-père Martin. Bouffi de suffisance et totalement insensible aux espoirs de Léa, Martin se prépare de son côté à apporter aux enchères une pièce de renom : Waves, un trésor qui devrait être mis à prix à 70K€. C’est à une semaine de l’enchère que se présente à la galerie une mystérieuse visiteuse qui approche bientôt Léa…
    Il y a quelques problèmes de direction d’actrices, et des gags qui tombent un peu à plat. Mais dans l’ensemble, Galerie Désastre essaie avec les moyens du bord d’offrir quelque chose qui sorte un peu des sentiers battus. Vu son format, ce serait injuste de lui en demander plus.

    Mary & George
     Drama, Historique

    Trigger warning : violence domestique, tentatives de suicide.

    Il y a des choses très intéressantes dans l’approche de cette série, en particulier concernant Mary, que toute autre fiction aurait dépeinte comme une arriviste, une intrigante, une courtisane sans honte. Mary & George met un point d’honneur à replacer l’église au centre du village : son ambition est une question de survie vu ses origines modestes, et n’est que renforcée par son expérience de la violence domestique. Au 17e siècle, si une femme ne plannifie pas son futur avec ingéniosité, quelqu’un d’autre le fera pour elle… Il n’est pas question pour la série d’excuser son comportement, mais de le contextualiser. Cela offre un éclairage à l’autre personnage central, son second fils George, qui là encore, n’a pas vraiment d’avenir en propre puisque son aîné (hélas déficient mental, donc moins fiable qu’espéré pour soutenir Mary) est voué à hériter de tout. Le jeune homme a mis du temps à comprendre le pourquoi des manigances de sa mère, les percevant essentiellement sous l’angle de l’étouffement, mais il fera des apprentissages majeurs au cours de ce premier épisode (l’occasion de retrouver Khalil Gharbia, je vous avais bien dit qu’il y avait des noms à retenir dans Les 7 Vies de Léa !) qui le feront changer d’avis.
    La lecture de ce duo improbable est remarquablement moderne, même si un peu inconfortable par moments. Si la prod d’Une amitié dangereuse veut s’asseoir et prendre des notes, je ne l’empêche pas. Pourvu que Mary & George persiste dans son étonnante dynamique et son décryptage de cette mobilité sociale contrainte, je suis prête à tolérer toutes les manigances de palais les plus banales de sa part.

    Pyramid Game
    Teen drama, Thriller

    Trigger warning : harcèlement scolaire, idées suicidaires.

    Seong Su Ji vient d’arriver au lycée pour filles Baekyeon, mais ce n’est pas son premier rodéo : habituée à déménager fréquemment pour suivre son père militaire de carrière, elle a déjà vécu de nombreuses fois ce passage si inconfortable qu’est l’arrivée au sein d’une classe inconnue. Au fil des mois, des années, Su Ji s’est créé un mode opératoire lui garantissant de s’insérer aussi rapidement que possible auprès de ses nouvelles camarades… du moins, jusqu’à ce qu’elle débarque dans la classe 2-5 de Baekyeon. Elle réalise bientôt que ses réflexes sociaux, qui ont marché partout ailleurs, sont en effet inopérants.
    Ce n’est pas sa faute. Les élèves de sa classe ont en effet un système bien particulier pour ordonner la hiérarchie de popularité interne, et participe mensuellement à un jeu dit « Pyramid Game » via une application qui permet à chacune de voter pour cinq autres camarades. Mais au-delà du jeu, et de la classification qui s’en suit, se joue tout autre chose pour les lycéennes se retrouvant, sans vote, au bas de la pyramide… Pyramid Game, donc, doit son nom à ce jeu sinistre qui consiste à s’accorder sur quelle victime la classe pourra se passer les nerfs sans se sentir coupable. Su Ji, qui pensait s’être fait des amies lors de son arrivée, découvre ainsi qu’elle n’est que du plancton dans la chaîne alimentaire de sa classe, laquelle a déjà fait une autre victime ce qui lui permet de constater l’ampleur des dégâts. Bleus, brûlures, et autres tortures physiques mais aussi mentales…
    Pyramid Game se délecte de son exercice de pensée. La série flirte avec le high concept, en s’offrant outre un app dédiée au bizutage, également le contexte d’une classe traitée à part par le lycée, qui a apparemment préféré lui octroyer son propre bâtiment séparé des autres classes plutôt que d’intervenir. Laxisme ? Vision darwinienne de l’éducation ? Jeux d’influence ? Peut-être un mélange de tout cela. Le premier épisode, bien-sûr, n’a pas le temps d’approfondir la symbolique de son propos, et à la place préfère une mise en place attentive des dynamiques, et des personnages. En particulier de Su Ji, qui est une fine observatrice et qui arrive dans cette classe en étant déjà une stratège, et qui va devoir relever un nouveau défi si elle veut sauver sa peau ! Mais ne sauver qu’elle-même sera-t-il suffisant pour survivre au Pyramid Game ?

    Starsky & Hutch
    Policier, Action
    Cela faisait depuis les années 90 et sa diffusion acharnée sur TFHein que je n’avais pas touché à Starsky & Hutch, et même à l’époque, je ne pense pas que j’en avais vu le tout premier épisode. Il remonte à une époque où les séries de network s’offraient couramment des pilotes de 70 minutes, mais à ma grande surprise, je n’ai pas vu le temps passer.
    Starsky & Hutch tente de mélanger un aspect comique avec un autre plus « brut de décoffrage » (mais moins que d’autres séries policières parmi ses contemporaires). Les échanges entre les deux héros éponymes sont truffés de petites piques, de blagues, de bons mots ; n’empêche que pendant ce temps on quadrille la ville avec méfiance, on n’hésite pas à rudoyer un peu les mecs qui ont un casier, et on cause meurtre. Et bien-sûr, on se lance à toute allure dans les rues. La violence de Starsky & Hutch est mesurée (la série évite consciencieusement la moindre goutte de sang), mais indubitable. Le monde est hostile, et il l’est d’autant plus que dans ce premier épisode, le tandem suspecte que la tête de Starsky a été mise à prix. Mais qui donc peut bien en vouloir à un flic qui a l’habitude de maltraiter les suspects ? Surprenant. L’épisode finit par trouver un twist intéressant à cette intrigue (que je n’avais sincèrement pas vu venir), et finit sur une énième blague. La formule n’était pas originale alors, elle l’est forcément encore moins aujourd’hui, mais cet épisode a de l’énergie, c’est indéniable.
    De ce premier épisode de Starsky & Hutch, il ressort une impression de « seuls contre tous » un peu dérangeante, toutefois. Surtout couplée à l’impression qu’on peut débouler dans n’importe quelle rue à toute allure, tirer sans sommation au milieu d’un hôtel, ou aller secouer un « habitué » du poste de police. Répété à la fois pour ancrer la relation de confiance entre les deux héros, et à cause de l’intrigue pendant laquelle une menace pourrait venir de quelqu’un qu’ils connaissent, ce mantra consistant à dire que la seule règle à respecter est celle de tenir son partenaire en vie est un peu effrayante. Mais évidemment, très courante chez les flics (et les séries sur/par des flics). Peut-être la chose la plus réaliste dans tout cet épisode.

    Eh bien, ma foi, c’est tout. Je n’ai rien d’autre à reviewer. Cela n’aura pas été une mauvaise année, ma foi. Je remarque au passage que, pour la première fois de son histoire je crois, Series Mania n’a proposé aucune série israélienne dans aucune compétition (les choses étaient un peu moins manichéennes côté pro du festival), mais aussi, plus surprenant, absolument aucune série sud-américaine. J’ai raté quelque chose ?
    En tout cas, si vous avez vu tout ou partie de cette sélection, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé… Je sais que je peux être un peu brutale dans ces reviews (l’effet de comparaison n’aidant souvent pas les séries les moins engageantes), mais je reste ouverte à la discussion !


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  • ARK: Survival Explained – 1×06

    22 mars 2024 à 23:15 • Review vers le futur •

    Les choses sont au plus mal lorsque démarre le dernier épisode de la première partie de la saison 1 d’ARK: The Animated Series. Maintenant essayez de le dire plus vite et cinq fois.
    Outre la communauté des redwoods, qui n’a plus accès aux redwoods du tout, et qui a été contrainte de se réfugier dans une cave, Mei Yin a été capturée par le général Nerva et par Sir Edmund Rockwell, et semble promise à une exécution imminente. Elle et Nerva ont un dernier face-à-face, tandis que la résistance décide de comment s’organiser…

    Alors qu’elle est torturée par les hommes de Nerva, on obtient un peu plus de contexte historique sur le passé de Mei Yin : de nouveaux flashbacks nous informent en effet qu’une fois adultes, elle et son frère Han (…enfin, officiellement, surtout son frère) étaient à la tête de la Rébellion des Turbans jaunes. Ce mouvement de colère face à l’injustice à laquelle les classes les plus pauvres de la société étaient confrontées s’inscrit décidément bien dans le discours ambiant d’ARK: The Animated Series. Dans ces aperçus supplémentaires de sa vie d’avant, Mei Yin se montre intraitable quant à la façon de procéder : « Cela finira quand le dernier aristocrate corrompu, et le dernier chef de guerre assoiffé de sang, aura été purgé ». Et ce, quand bien même son frère essaie de la convaincre en vain d’une voie diplomatique. Finalement, un dernier assaut contre le palais impérial la confronte au choix ultime : venir au secours de son frère, ou tenter de prendre le palais. Elle décide de poursuivre la révolution, quitte à sacrifier Han. Hélas pour elle, cela conduira Mei Yin non seulement à la perte de son frère, mais aussi à la sienne, quoique dans un ultime effort elle fasse tomber le général impérial avec elle.
    Ce choix cornélien, Mei Yin y avait déjà fait allusion par le passé ; on sait depuis le deuxième épisode de la série qu’il pèse sur sa conscience, mais on a aussi appris, à son contact, qu’elle ne saurait en faire un autre. Pour Mei Yin, la résistance à l’oppression a un prix.

    Cela confirme aussi, plus qu’aucun autre flashback jusque là, que toutes les personnes présentes sur l’ARK sont mortes, chacune dans des circonstances différentes. C’est l’épisode qui discute le plus explicitement de ce fait pour une autre raison : John y trouve finalement la mort, non sans avoir laissé à Alasie un message dans lequel il évoque sa conviction que l’ARK n’est pas un au-delà, mais que tout le monde y est déjà mort une fois. Si la série rechigne à faire avancer les choses pour le moment, en se concentrant sur l’opposition à Nerva, au moins arrive-t-elle à remettre la question sur le tapis. C’est, à mon sens, l’interrogation la plus capitale d’ARK: Survival Evolved, et je suis confuse que la série fasse montre d’aussi peu de curiosité. Peut-être est-ce de savoir qu’une seconde partie de saison arrive, qui l’autorise à ne pas se sentir obligée de faire avancer les choses dés maintenant ? Il y a eu, c’est vrai, un air d’exposition dans la plupart des flashbacks montrés jusqu’à présent, qui tend à laisser penser que la priorité de ces 6 premiers épisodes aura été de présenter la nature des personnages, plutôt que le mystère de l’ARK.
    Ce sixième épisode opère ainsi comme un « midseason finale« , se concluant par l’assaut de la forteresse de Nerva, et le sauvetage de Mei Yin alors qu’elle était convaincue que personne ne viendrait pour elle, de la même façon qu’elle n’était pas venue pour Han. Helena est forcée de tuer quelqu’un (et pas n’importe qui) pendant cette opération, et si la scène est probablement plus atroce que la moyenne, elle trouve parfaitement son sens ici vu l’évolution de son rapport à la survie et à la mort dans les épisodes précédents.

    Côté bestiaire, j’ai relevé un Dung Beetle vaquant à ses affaires ; un GIGA !!! (impossible de ne pas prononcer les points d’exclamation) ; et un Argentavis. C’est un peu léger, mais pour sa défense, cet épisode se déroule pour l’essentiel avec des personnages et des créatures déjà connues, eût égard à sa condition de semi-conclusion.
    Dans le long aperçu des enjeux de la deuxième partie de saison (mise à disposition le mois prochain par Paramount+), on peut également voir des Titanoboas ; ce qui ressemble fortement à de jeunes Spinos ; des Vultures ; un Jerboa ; des Ichthyornis (…utiles ?! quelle est cette sorcellerie ?) ; des Ichthyosaurus aussi ; un Carnotaurus ; le Megapithecus ; un Tusoteuthis ; partiellement un Tapejara ; un Mosasaurus ; un Allosaurus ; un Mammoth bien vénère ; et un Bulbdog.
    …Wow. Okay.  Oh wooow. Je vois le genre. Tout ça et pas un seul Chalicotherium ? C’est nécessairement une attaque personnelle.

    Je crois cependant que ma plus grande perplexité vient de certains choix de cet épisode n’ayant rien à voir avec ma créature préhistorique préférée.

    Certains de ces choix sont naturels : ils découlent des changements opérés pour les besoins d’une narration linéaire, quand les Explorer Notes d’ARK: Survival Evolved délivrent des bribes d’histoire, sous la forme de journeaux intimes de divers personnages non-joueurs, découvrables dans n’importe quel ordre. Une série ne peut évidemment pas procéder de cette façon (quoique je maintiens que ce serait un concept intéressant vu la diffusion en streaming, mais je pense que l’expérience Kaleidoscope a refroidi les maigres ardeurs des plateformes en matière de non-linéarité). Donc ok, admettons, certaines choses devaient être changées. Je ne suis que compréhension face aux défis d’une adaptation, des dizaines de mes reviews passées le prouvent.
    D’autres choix pouvaient être compréhensibles, et je conçois totalement qu’on ne répète pas les mêmes choses à l’identique par rapport au jeu. Introduire John plus tôt ? Pourquoi pas. Inventer de nouvelles protagonistes (Victoria, Alasie, Domina…), admettons. Même le fait que depuis le début de la série, Rockwell soit immédiatement présenté comme un antagoniste, quand dans le jeu il commence au départ comme un mentor pour Helena sur The Island (avec une lente montée en laideur), pourrait se justifier.
    Par contre, pour certains choix, j’ai vraiment du mal. Tuer John avant même d’arriver sur Scorched Earth m’interroge beaucoup. C’est d’autant plus confondant que l’aperçu de la seconde moitié de la saison confirme qu’une partie de l’intrigue va bel et bien se dérouler dans le désert, donc pourquoi avoir entièrement supprimé l’intrigue de John ? Pourquoi même avoir fait de lui un allié de Mei Yin puis Helena sur The Island, plutôt que, disons, le personnage de Henry par exemple, qui ne portait aucune conséquence sur les intrigues à venir ? Pire encore, l’opération de sauvetage de Mei Yin concrétise mes peurs évoquées dans la review du deuxième épisode… ARK: The Animated Series a bel et bien décidé de mettre Helena et Mei Yin dans une situation romantique. Cela revient vraisemblablement à supprimer Diana, un personnage CAPITAL de la suite de l’histoire ! Et une intrigue à laquelle j’étais attachée, qui plus est. What the Ferox ?!

    Je n’ai pas que du négatif à dire sur ce qui se passe dans cet épisode final. Loin de là. Je trouve même intéressant que Nerva apparaisse moins comme un psychopathe que Rockwell (qu’il méprise de façon évidente depuis le début).
    La série lui donne l’occasion de parler un peu de ce qui l’anime, lors de l’échange avec Mei Yin : c’est, un peu comme Domina, quelqu’un qui voit le monde sous l’angle des rapports de force. Il a droit à un monologue révélateur : « Vois-tu, je n’ai jamais compris pourquoi nous sommes ennemies. Te souviens-tu, Mei Yin, quand tu es arrivée ici ? Quand je t’ai tirée des eaux, tremblante, et que je t’ai montré la façon dont ce monde sauvage fonctionne ? Ensemble, nous étions les plus fortes, les plus fières, les plus puissantes ! La consule que tu aurais pu être à Rome et ce que nous aurions pu y bâtir… nous aurions pu sucer cet endroit jusqu’à la moëlle, et revenir à la maison avec une armée digne de faire trembler de peur les Dieux eux-mêmes ». Car, oui, Nerva n’est pas hostile, pas exactement ; sa quête des artéfacts est uniquement nourrie par la croyance que leur utilisation lui permettra de revenir d’où il vient. Encore une fois, pour lui, tout est moyen. Il ne tire pas de joie à torturer (ce sont d’ailleurs ses soldats qui le font, une fois qu’il a le dos tourné) ou tuer, contrairement à Domina ; il le voit juste comme une nécessité pour obtenir ce qu’il veut. La domination non comme objet de jouissance, mais comme ticket pour le bonheur.
    C’est un discours qui, en un sens, vient aussi compléter les interrogations de l’épisode sur ce qu’est l’ARK. Pour Nerva, l’ARK est temporaire ; il ne le voit pas comme un au-delà. Eventrer The Island permet d’obtenir la clé d’un retour au monde qu’il connaît, car vivre dans l’ARK n’est pas une fin en soi. Nerva ne se pose pas de questions métaphysiques sur le pourquoi de sa présence ici ; pour lui, c’est un problème à régler, et la force est le seul moyen qu’il connaisse pour régler ses problèmes. Quelque part cela développe Nerva presque mieux que les Explorer Notes du jeu ne l’ont jamais fait. Comme quoi, il n’y a vraiment pas que du mauvais dans les choix opérés par ARK: The Animated Series.

    La saison étant en pause pour quelques semaines, j’ai besoin d’y réfléchir. De voir si c’est quelque chose que je peux concevoir, ou qui me fâche, que la série ait fait des choix qui font assez peu sens pour moi pour le moment, quand à d’autres je peux m’adapter. Peut-être aussi verra-t-on des articles, interviews ou autre, expliquant ces choix. D’ailleurs, tous les vendredis soirs (heure locale), le studio WildCard a pour tradition de sortir son traditionnel « Community Crunch » sur le site officiel. Peut-être trouvera-t-on dans le Crunch de ce soir une piste quelconque… Je ne compte pas dessus toutefois, le studio a jusqu’à présent été d’une compétence très relative lorsqu’il s’agissait d’offrir un aperçu de la façon dont les décisions créatives sont prises. Et a, en plus, des annonces à faire que la communauté du jeu attend au tournant.
    On reparlera donc d’ARK: The Animated Series quand j’aurai plus de cartes en main.


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  • ARK: Survival Explained – 1×05

    22 mars 2024 à 23:00 • Review vers le futur •

    Après avoir libéré la mine, Helena, Mei Yin, Alasie, et John reviennent à la communauté des redwoods. La victoire est dans l’air, mais de courte durée : il faut s’organiser pour nourrir de nouvelles bouches, et surtout, pour l’étape d’après. Les divergences stratégiques sont au coeur de la première moitié du cinquième épisode d’ARK: The Animated Series, qui est également l’avant-dernier épisode de la salve proposée depuis hier par Paramount+.
    La seconde moitié de l’épisode, elle, a décidé de frapper fort…

    Les protagonistes sont encore un peu secouées de la libération de la mine dans l’épisode précédent ; Helena et Mei Yin, en particulier, semblent au faîte de leur incompréhension mutuelle, Helena prônant une violence mesurée et Mei Yin étant plutôt adepte de la technique de la terre brûlée vis-à-vis de ses ennemis. Il est désormais plus que clair que la guerrière a une dent contre Nerva, même si ses origines ne sont pas aussi claires que le sens de la justice de Helena. Dans tous les cas, cette fureur préside à ses décisions ; cela inquiète plusieurs personnes à la communauté des redwoods, qui envisagent de relever Mei Yin de ses fonctions de commandement (…elle avait des fonctions de commandement ? non non mais, okay, admettons).
    Pour la première fois de la saison, et afin d’éclairer ses motivations, ARK: The Animated Series propose de nous donner un meilleur aperçu de qui elle est réellement : c’est enfin l’heure des flashbacks pour Mei Yin ! On apprend qu’avec son jeune frère, elle a été éduquée dés son enfance à devenir l’héritière de la tradition guerrière de sa famille, et en particulier, de la tradition révolutionnaire de sa famille, après que ses parents aient été assassinées (avec une petite pointe de Mulan, car son grand’père regrette qu’en tant que femme elle ne puisse hériter alors qu’elle présente toutes les qualités nécessaires). Au passage, même si les détails historiques ou politiques sont plus brumeux que précédemment, on retrouve une fois de plus la notion de résistance à l’oppression dans la backstory de Mei Yin.
    A mesure que les flashbacks progressent, on découvre que, adolescente, elle a dû assister au meurtre de son grand’père, et s’est trouvée la seule personne capable de défendre son frère dans un terrible bain de sang. On comprend qu’avec tout ça, Mei Yin ne soit pas seulement violente, mais surtout inflexible face à ce qu’elle perçoit comme une menace.

    Ces retours en arrière sont complétés par des scènes au présent, dans lesquels Helena décide de dépasser son conflit avec Mei Yin… et lui demande de l’entraîner à devenir une meilleure guerrière. Cette partie de l’intrigue, même si elle m’a prise par surprise, est en fait logique dans l’évolution d’Helena, dont ARK: The Animated Series continue d’explorer l’éveil à la survie. Elle ne veut pas tuer, mais il est clair à un moment que si elle veut surmonter le danger que représentent Nerva et Rockwell, elle doit à tout le moins en être capable.
    Il s’avère que c’est aussi une excellente décision pour renforcer la relation entre Helena et Mei Yin, qui, à travers cet entraînement, commencent à se comprendre beaucoup mieux, et se respectent mutuellement mieux que jamais. L’épisode réussit plutôt bien cet aspect, et en profite pour éviter d’un pas preste le trope des femmes qui s’entredéchirent auquel il aurait été facile de recourir vu le démarrage de l’épisode, et leurs différences idéologiques. L’intelligence émotionnelle de Helena lui permet donc de s’adapter toujours plus aux circonstances ; Mei Yin, quant à elle, a encore un peu de mal à mettre de l’eau dans son vin, mais apparaît moins comme l’alter ego de Domina que précédemment (vu que c’était un peu le cas dans l’épisode de la mine). En nous offrant un peu de sa vulnérabilité à travers les flashbacks, elle inspire l’empathie.

    Hélas, l’entraînement s’avère rapidement nécessaire. Nerva, Rockwell et leurs hommes chargent rapidement de la communauté des redwoods pour se réapproprier l’artéfact que Helena a volé dans le premier épisode (et qui a ouvert l’accès à la cave de l’obélisque verte dans le deuxième épisode). Le village suspendu a tôt fait d’être submergé par les flammes, et la communauté prend la fuite tandis que Helena, Mei Yin, John et dans une certaine mesure Alasie tentent de faire reculer les troupes du général romain.
    Ce sera un échec cuisant (sans jeu de mot), d’autant que le tek rifle est finalement récupéré par Rockwell (les images du générique de fin suggèrent même qu’il a caché l’arme à Nerva, et je crois que c’est la première fois qu’un élément de l’intrigue nous est dévoilé de cette façon). La communauté des redwoods, qui n’est donc plus dans les redwoods, commence un exode dans les marais de The Island…

    Cet épisode confirme qu’ARK: The Animated Series maîtrise vraiment bien ses scènes d’action. En particulier, j’aime l’effet de flou appliqué à certains gestes (savamment choisis) pour amplifier la vitesse et la confusion, sans faire perdre de lisibilité à la scène dans son ensemble. L’action de la série n’est pas chorégraphiée de façon très savante, mais elle est réussie. Il en ressort aussi, de façon constante, une impression de violence qui n’est pas euphémisée (le sang y coule largement), mais pas gore (par exemple ARK: The Animated Series ne montre pas une violence aussi détaillée que The Legend of Vox Machina dont on parlait en janvier). C’est un choix qui convient bien à la fois à l’identité du jeu d’origine, où l’on voit du sang mais sans plus, et qui, en même temps, ne cherche pas la surenchère. En outre cela cultive un aspect de violence « réaliste » et sensée, confirmant que la série ne tire aucun plaisir de la violence, et ne veut pas en inspirer. On pourrait associer cette décision au refus de la sexualisation des personnages féminins, d’ailleurs. ARK: The Animated Series fait vraiment son possible pour éviter le plus petit dénominateur commun, quand bien même ses moyens ne sont pas ceux d’une superproduction. Je lui en suis reconnaissante.
    Oh, et ne me laissez pas vous abandonner sans avoir mentionné que cet épisode met également en scène Pegomastax (chopez-le, il a volé une hache !) ; des Daeodons de guerre ; un Megalania ne respectant pas le Code de la Santé publique ; un troupeau de Gallimimus ; des Lystrosaurus ; un Dimetrodon et un Beelzebufo vite fait ; une saloperie de Leech ; un Baryonyx ; et pour couronner le tout, des Piranhas. Ah oui, on sens qu’on est dans les marais, là.
    Quasiment toutes les créatures hantant ce biome dans le jeu sont à l’appel… quasiment.


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  • ARK: Survival Explained – 1×04

    22 mars 2024 à 22:45 • Review vers le futur •

    Le quatrième épisode d’ARK: The Animated Series s’embarrasse de nuances philosophiques qui n’existaient pas dans les épisodes précédents, et se débarrasse des flashbacks. C’est une évolution (ha !) surprenante, mais pas inintéressante, et fait de cet épisode une aventure qui semble un peu moins aléatoire que la précédente, tout en construisant dessus. On retourne donc sur The Island !

    A la fin de l’épisode précédent, Helena a brièvement été réunie avec l’une des prisonnières du camp de Nerva… qui est décédée dans ses bras. Parlant uniquement le Finlandais (elle est codée comme une Viking), la jeune femme n’a même jamais pu avoir une conversation avec l’héroïne, mais elle avait eu pour elle un geste chaleureux pendant leur emprisonnement commun, aussi voilà Helena animée d’une envie d’en découdre avec Nerva. Mei Yin n’attendait que cette étincelle pour souffler sur les braises : elle l’encourage à attaquer la mine voisine, apparemment possédée par Nerva et dont on suppose que l’inconnue avait réussi à s’échapper.
    Si John Dahkeya fait acte de présence dans l’épisode, ce dernier préfère mettre en avant un trio féminin : Helena, Mei Yin, et la jeune Alasie. Après tout, pour quiconque paie attention, l’histoire d’ARK est pleine de girl power, et ce sont les femmes qui en tiennent les rôles les plus décisifs. Du coup, même si Alasie est une protagoniste créée tout spécialement pour la série, elle s’insère bien dans l’esprit originel du jeu, qui met en valeur des femmes prêtes à se surpasser pour survivre, et faire ce qui est juste.

    La libération de la mine tombe également sous le sens, mais pour une raison différente : clairement, l’Equus de bataille d’ARK: The Animated Series est l’oppression sous toutes ses formes.
    Cette fois on s’attaque à l’esclavage ; Domina, un personnage nouveau qui dirige la mine au nom de Nerva son supérieur, est elle-même une ancienne esclave de Rome. Contrairement aux idées reçues, au lieu de vouloir éviter ce sort à autrui, elle veut simplement être celle qui en tire avantage. Helena, Alasie, et dans une certaine mesure Mei Yin, interviennent donc pour libérer les esclaves. Il est intéressant de noter que, hors certaines créatures dont le nom implique un genre féminin (Broodmother, Moeder, Crystal Wyvern Queen…), ARK: Survival Evolved est un jeu dont l’antagoniste principal, Sir Edmund Rockwell, est un homme, contre lequel se dressent des femmes (Helena, Mei Yin, plus tard Diana). Domina est à ce titre la seule antagoniste féminine de la franchise à l’heure actuelle si l’on ne compte que les protagonistes humaines et donc dotées de motivations.
    Son discours n’est toutefois pas seulement celui d’une esclavagiste. A l’entendre, Domina est cruelle parce que le monde l’est… et elle choisit la cruauté parce qu’elle lui permet de gagner. C’est un peu le discours du capitalisme forcené au sens plus large : puisqu’il n’y a d’autre choix que l’existence d’une domination, alors il est nécessaire voire justifié de vouloir dominer autrui. C’est un peu un cercle vicieux, mais comme les conséquences ne sont pas pour elle, forcément, Domina s’en moque. Animée d’un désir de dominer (c’est subtilement mentionné dans l’un de ses noms ; deux autres seront brièvement mentionnés mais peu employés), elle aime la compétition, puis se délecte du désespoir des perdantes : à cette fin, elle a même aménagé une arène où de petits dinosaures, voire des humaines, doivent se battre pour survivre. Elle est en plus convaincue que tout le monde ferait la même chose à sa place, comme si c’était dans l’ordre des choses : « chacune [des esclaves] me couperait la gorge pour s’asseoir à ma place, et prendre ce que j’ai ». Domina a le mindset, vous voyez ! Ironiquement, une réplique d’un de ses soldats laisse penser que même Nerva n’aime pas trop son attitude sadique, a minima parce qu’elle lui coûte beaucoup d’esclaves.
    Cette jouissance dans l’oppression, ARK: The Animated Series trouve ça débectant. Il n’y a absolument aucune ambiguité à ce sujet.

    Pourtant, la série accorde un peu plus de crédit à une autre partie de son discours : puisque tout le monde, nécessairement, est aussi cruel que Domina (dans son esprit au moins), alors ce doit forcément être le cas d’Helena. Les confrontations qui se produisent dans cet épisode conduisent Domina à accuser Helena de non pas être dans la survie, mais dans la domination. C’est juste qu’Helena se refuse à tuer elle-même, et laisse cette tâche à autrui (comme lorsqu’elle a libéré les Raptors affamés du camps de Nerva pour tuer les gardes, et ainsi s’échapper). Si Helena n’est pas instant convaincue par l’attitude dominatrice de Domina, elle est par contre touchée par le doute que son interlocutrice sème dans son esprit.
    L’épisode tourne donc autour de cette problématique : le comportement d’Helena est-il éthique ? Et dans le même temps, comment peut-on se libérer de l’oppression sans violence ?
    Helena et Alasie, infiltrées dans la mine, vont devoir trouver la bonne mesure (en dépit de Mei Yin qui présente, y compris visuellement, de confondants points communs avec Domina). La libération des esclaves ne se fera pas sans violence, mais si Helena n’est pas totalement pacifiste, en revanche elle se refuse jusqu’au bout à tuer de ses propres mains un soldat de Nerva sans arme. Toutefois, elle démontre, à la fois à Domina et à elle-même, qu’elle n’est pas intéressée par la prise de pouvoir ; c’est ce qui reste essentiel. Helena ne s’oppose pas à la violence, mais ne la pratique que quand elle a du sens, et qu’elle est justifiée par les circonstances.
    ARK said it’s morally right to slap Nazis. En tout cas moi c’est ce que j’ai entendu !

    Je ne vous laisse pas sans le désormais traditionnel récapitulatif des créatures apparaissant pour la première fois dans cet épisode : des Ankylosaurus mis au travail forcé ; des Stegosaurus, enfin (et une jolie référence aux mécanismes de domestication du jeu au passage) ; des Compys, un Microraptor et des Dilophosaurs gladiateurs (ainsi qu’un dinosaure dans une cage sombre que j’ai eu du mal à identifier) ; des Doedicurus ; et un imposant Yutyrannus. Entre parenthèses, les Ankys et les Doeds travaillant à la mine, c’était parfait thématiquement.
    ARK: The Animated Series a vraiment un don pour capturer plein de détails qui ont du sens comme celui-là. Couplé à la précision avec laquelle les assets du jeu sont représentés dans la série, les thèmes musicaux repris et amplifiés, les cris et sons de la plupart des créatures, les variations de couleur au sein d’une même espèce, et bien plus encore, ça donne vraiment une immersion poussée, pleine de repères bien réemployés. Rien que les magnifiques croquis défilant pendant le générique de fin me ravissent, d’autant qu’ils changent à chaque épisode ! Reprenant l’esthétique des Explorer Notes du jeu, ces croquis en noir et blanc proposant des vignettes revenant sur des détails de l’intrigue qui n’ont pas eu le temps d’être montrés pendant l’épisode, comme Alasie essayant son uniforme de garde pour s’infiltrer dans la mine. Presque des scènes coupées ! Que cette série est bien fichue, quand même.
    Il y a aussi plein de détails dans l’animation qui sont bien pensés, comme Helena enroulant sa chaîne brisée autour de sa main comme pour en faire un point américain, et envoyer une bonne droite à Domina ; ça a duré une fraction de seconde mais ça a donné tant de caractère et de sens à l’action ! Il faudra d’ailleurs qu’on reparle des scènes d’action.

    A mon sens, cet épisode marque plus de points positifs que le précédent, tout en continuant à interroger Helena sur la survie et son coût… Mais sûrement que ça n’aura pas de répercussion plus tard, pas vrai ? Pas vrai ?!


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  • ARK: Survival Explained – 1×03

    22 mars 2024 à 22:30 • Review vers le futur •

    Troisième épisode d’ARK: The Animated Series, dans lequel l’intrigue semble prendre un léger détour. Ce n’est pas grave, on nous a assurées que deux saisons déjà étaient dans la boîte, donc on peut absolument se permettre quelque chose d’un peu plus standalone.
    Après avoir parlementé avec John Dahkeya, Helena et Mei Yin sont invitées (bon, un peu malgré lui) à venir au camp qu’il gère avec tout un groupe dans les redwoods. L’occasion de changer de décor, ce qui fait du bien après deux épisodes passés dans un environnement tropical ; et surtout, l’opportunité de changer de point de vue. Parce que, oui, tiens, parlons-en, de John.

    Les personnes qui n’ont pas joué à ARK: Survival Evolved, ou qui y ont joué sans avoir prêté attention à l’histoire des Explorer Notes (et yen a plein), ignorent ainsi très probablement qui est John Dahkeya ; la série le nomme juste John, mais il n’y a aucun doute possible, c’est lui.
    Il ne devrait, techniquement, pas se trouver dans une série se déroulant sur The Island : il n’apparaît dans la mythologie de la série que lorsque l’intrigue se déplace sur Scorched Earth. Je me demande ce que ça signifie pour la poursuite de l’intrigue dans l’adaptation animée. Pour l’instant en tout cas, John, un Lakota, est ici le père adoptif d’une protagoniste inédite, Alasie (Devery Jacobs, pré-Reservoir Dogs), qui a accompli le plus gros des discussions entre Mei Yin et John. Celles-ci ont en effet, par le passé, formé une alliance qui a été évoquée dans le deuxième épisode, mais qui pour des raisons obscures a été rompue. On n’apprendra pas grand’chose si ce n’est qu’une bataille a vraisemblablement été perdue face à Nerva, et a convaincu John de se replier dans la forêt pour protéger les plus vulnérables de son clan ; voilà qui ne nous dit pas vraiment les raisons de l’hostilité de John envers Mei Yin, mais ce sera peut-être pour plus tard.
    En tout cas, cela n’a ABSOLUMENT rien à voir avec le John que nous connaissons dans le jeu, et son histoire personnelle se trouve également changée du tout au tout. Pour le démontrer, ARK: The Animated Series décide pour la toute première fois d’explorer les souvenirs non pas d’Helena, mais de John.
    Les flashbacks, douloureux, racontent en effet comment celui-ci a perdu sa femme et son fils dans un massacre perpétré par les colons. Bon à ce stade il est clair qu’on a complètement perdu les racistes de la communauté ARK, en même temps bon vent ; laissez la porte behemoth vous cogner en sortant. Voilà qui vous apprendra à jouer à un jeu sans vous intéresser à ce qu’il raconte ; comme je m’éverture à le dire depuis des années : ARK has always been woke. Ce traumatisme le pousse à être très mesuré dans ses choix pour lutter contre Nerva, et son attitude protectrice vis-à-vis d’Alasie et plus largement de la communauté des redwoods le pousse à éviter de s’impliquer dans la quête de Mei Yin désormais.

    L’enjeu de l’épisode, toutefois, consiste au moins autant à le convaincre de reprendre la lutte, qu’à aller voler un oeuf bleu dans un nid au sommet de la montagne, au prétexte de soigner des membres de la communauté des redwoods ayant contracté la fièvre des marais. Si le jeu ARK: Survival Evolved avait des sidequests, l’objet de cet épisode en ferait résolument partie.
    Pendant ces tribulations, on aura l’occasion de rencontrer : un groupe de Diplodocus mieux domestiqués que la moyenne ; des Dimorphodons aggressifs ; un Meganeura (mais je crois qu’on en avait brièvement vu dans le premier épisode) ; un Quetzal ; un Purlovia monté (si le jeu veut rendre ça canon maintenant que c’est dans la série, faut surtout pas hésiter), et c’est tout ce que j’ai remarqué.
    Additionnellement, les Pteranodons, entraperçus dans un tableau du premier épisode, connaissent ici leur heure de gloire. On trouve aussi quelques Rex, cette fois domestiqués par quelqu’un d’autre que Nerva ; pour l’instant la série n’explicite pas beaucoup leur relation à Mei Yin, bien que celle-ci soit clairement complice et que le nom de Beast Queen soit brièvement mentionné.

    Je crois que le mélange de changements autour de John Dahkeya, et l’aspect standalone de l’épisode, m’ont un peu interloquée ; toutefois l’épisode n’est pas mauvais pour autant. Il introduit la notion de survie collective, de bienveillance, de maturité. Plus important encore, il marque une nouvelle étape dans l’introduction d’Helena à la survie, puisque cette fois elle apprend à tirer à l’arc. J’aime vraiment beaucoup qu’à ce stade elle ait encore des choses à apprendre sur la survie au sens pratique, et pas juste philosophiquement.
    Pendant l’épisode, et notamment la conversation entre Helena et Alesie sur leur rapport au temps depuis leur arrivée sur The Island, je me suis aussi demandé, pour la première fois, si des spectatrices n’étant pas familières avec le jeu trouveraient satisfaction dans ce qui se produit dans la série. Est-ce que quelqu’un pour qui la série animée serait une introduction à l’univers ne serait pas frustrée d’en savoir si peu sur l’ARK ? Très peu de personnages, finalement, s’interrogent beaucoup sur la nature de ce qu’il leur arrive ; et dans cet épisode plus reposé, mais situé, aussi, juste après un épisode ayant pas mal pioché dans la mythologie (artéfacts, obéliques et autres ayant été pas mal abordés), les protagonistes paraissent dépourvues d’intérêt pour les questions les plus essentielles, et déjà tenir pour acquis que les choses sont telles qu’elles sont. Helena ne devrait-elle pas s’inquiéter de la présence d’une enfant ? Ne devrait-elle pas s’interroger sur l’existence-même des obélisques flottantes ? L’existence du tek rifle trouvé dans l’épisode précédent ne soulève-t-elle pas quelques lièvres, quand pour le moment tous les personnages viennent d’époques antérieures au 21e siècle ?

    ARK: The Animated Series relâche un peu la tension qui sous-tend la problématique du mystère de The Island. C’est, ma foi, pas super déroutant pour quelqu’un qui connaît les réponses. Mais que se passerait-il si une spectatrice ne les connaissait pas ? Vous me raconterez, puisque de toute évidence vous allez regarder la série.


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