ladyteruki
  • Twitter
  • Facebook
MENU
  • ladytelephagy
  • ladymnistration
  • ladytelegraphy
  • ladyterukiparadise
  • ladytherapy
  • Accueil
  • A propos
  • Ko-fi, publicité et autres contes
  • Secret Diary of a Cinephile
  • Tags
  • Contact
  • 29 juin 2024

    Regarder les gens

  • 27 juin 2024

    De l’espoir

  • 16 juin 2024

    This is a fine TV show

  • 8 juin 2024

    C’est pas l’homme qui prend la mer

  • 1 juin 2024

    Take Five + Cinq

  • 1 juin 2024

    Call me by your deadname

  • 31 mai 2024

    Internalisation

  • 29 juin 2024

    Regarder les gens

  • 27 juin 2024

    De l’espoir

  • 16 juin 2024

    This is a fine TV show

  • 8 juin 2024

    C’est pas l’homme qui prend la mer

  • 7 juin 2024

    Comedy crumbs

  • 1 juin 2024

    Take Five + Cinq

  • 1 juin 2024

    Call me by your deadname

  • 31 mai 2024

    Internalisation

  • 30 mai 2024

    I’m about to do it XXL

  • 29 mai 2024

    Le bon plaisir du Prince

  • 26 mai 2024

    Passe décisive

  • 25 mai 2024

    Enjoy the suffering

  • Instinct paternel

    6 mai 2023 à 16:00 • Review vers le futur •

    Avant de quitter Shahid, je n’ai pas oublié de me remplir les poches… ou plutôt les yeux, histoire de vous fournir quelques reviews supplémentaires de séries de la plateforme.
    Parce que, entre vous et moi, il était inimaginable de ne pas parler d’une série du Ramadan avec Mohamed Ramadan au générique ! Le golden boy de la télévision égyptienne figurait cette année dans Gaafar El Omda, une série dramatique portant le nom et le titre de son héros. La série se déroule en effet dans un microcosme dont il est devenu le maire de facto ; un rôle jadis endossé par son père avant lui, et apparemment quelques générations précédentes aussi.

    Le premier épisode, toutefois, ne s’intéresse que modérément à ce rôle… Mélangeant primetime soap mélodramatique et dramédie familiale (et à l’occasion d’autres choses !), Gaafar El Omda est une série un peu étrange où des intrigues très différentes coexistent, et avec elles, des tons variant grandement. Et pourtant… ce premier épisode, bien qu’inégal, n’est pas sans intérêt.

    Lorsque la série commence, Gaafar est un homme dans la quarantaine, mariée à trois épouses qui ont leur propres appartements dans l’immeuble où il vit ; c’est également vrai de sa mère Wasifa, une veuve.
    Les trois épouses sont Thuraya, la plus âgée, qui semble souffrir de boulimie et de cleptomanie ; Dalal, d’une grande beauté mais issue d’une famille avec laquelle Gaafar est en mauvais termes ; et Narjes, la plus frivole mais aussi la plus insupportable, encore jeune, et influençable par sa propre mère. Autour de ce noyau familial, toute une galerie de personnages gravitent, comme Sayed, le frère aîné de Gaafar, en lequel personne n’a confiance ce qui explique qu’il n’occupe pas le rôle de chef de la famille… mais on fait mine poliment de le respecter quand même. Il y a aussi un oncle, un bras droit, les épouses de tous ces hommes, des voisines, et même quelques ennemies (la famille de Dalal, principalement), bref, tout un écosystème.
    Le nombre de visages défilant dans ce premier épisode est grand, mais n’en doutez pas : Gaafar est l’homme le plus important de la série. Il est, en fait, l’homme le plus important de tout son quartier. Tout le monde reconnaît son autorité, y compris lorsqu’il est appelé à poser des jugements (n’ayant aucune valeur légale, mais respectés par toutes les habitantes du quartier) sur les affaires privées des unes et des autres. Si le ton de cette intrigue secondaire est très solennel, il offre au protagoniste éponyme de Gaafar El Omda la possibilité de trancher sur des affaires brèves, quasiment à valeur anthologique. Ce legal drama informel, donc, n’est pas sans évoquer la tradition du conte moral, qui s’inscrit bien dans un visionnage du Ramadan en cela que le jugement rendu est moins une question de loi que de probité.
    Enfin, Gaafar est également un homme d’affaires, qui n’hésite pas à prêter une partie de sa large fortune, certes avec des intérêts, aux personnes qu’il juge dignes de sa confiance. Bref, c’est un peu un parrain local… mais comme c’est aussi un homme pieux et avec des principes, désireux de bien faire, et que ses affaires ont l’air légales, il n’y pas matière à se plaindre et ça explique le respect que tout le monde lui porte.

    L’épisode met en place tout cela avec une certaine efficacité, d’autant plus nécessaire qu’il y a vraiment beaucoup de personnages à installer, et au moins autant de dynamiques. Les échanges entre ses épouses et sa mère, naturellement, prennent une place conséquente dans tout cela (il y a une excellente scène de dîner de famille)… surtout que dans le premier épisode, Gaafar tombe sous le charme d’une quatrième femme. Cela n’augure évidemment que de remous familiaux supplémentaires. Mais n’allez pas croire que la série se limite à ses déboires domestiques à la Big Love !

    En réalité, l’intrigue de Gaafar El Omda a démarré non pas en 2023, mais en 2004, quand Gaafar était encore jeune et plein d’espoir. La même nuit, il a vécu deux pertes terribles : le nouveau-né de Thuraya a été kidnappé à la maternité, et Dalal a été attaquée et a fait une fausse-couche en pleine rue. Dans les heures, les jours, les mois qui ont suivi, Gaafar s’est lancé sur la piste de l’homme qui, selon toute vraisemblance (il y a une video de surveillance et il l’a identifié), a enlevé son fils, mais sans succès. Afin d’offrir un deuil à ses proches, il a finalement prétendu avoir retrouvé le bébé mort, et lui a donc fait ériger une tombe… sauf que celle-ci est vide. Il est le seul à le savoir.
    Gaafar garde à l’esprit que son fils est quelque part dans le monde, et cela continue de le hanter. A tel point que depuis cette nuit tragique, il a interdit à ses femmes tomber enceintes ; si l’une d’elle venait à désobéir, il en divorcerait immédiatement. La douleur s’est donc étendue à toute la famille, qui vit sans le moindre enfant sous son toit en 2023, ayant plus ou moins de bonne grâce (Narjes est prête à recourir aux services de guérisseurs dans l’espoir de le faire changer d’avis…) accepté qu’il n’y aurait plus jamais de descendant.

    Cet angle de Gaafar El Omda est déchirant ; il offre aussi un contraste étonnant avec les bisbilles des unes et des autres.
    J’avoue avoir tendance à regarder d’un œil clément toute fiction parlant de la paternité, tant le sujet de la parentalité a si souvent tendance à être l’apanage des personnages féminins. D’autant plus qu’ici, on ne trouve pas une quête de paternité comme cela peut être le cas assez régulièrement ailleurs (je reprends souvent l’exemple de Kaamelott parce qu’à peu près tout le monde a la référence), en cela qu’il ne s’agit pas de quelque chose que le protagoniste vit comme un besoin de quelque postérité. Il n’est pas question d’avoir des enfants pour avoir des enfants, mais de la valeur de l’enfant existant aux yeux de son père. D’ailleurs de façon assez intéressante (quoique pas explicitement interrogée dans le premier épisode), cette absence de succession met potentiellement en péril la tradition familiale consistant à se passer le statut de maire de père en fils. Et pourtant, malgré l’importance à la fois de sa famille et de ses principes, sans parler du désarroi qu’il cause à ses épouses, rien à faire, Gaafar continue de se considérer père d’un seul fils, et tant qu’il ne l’aura pas retrouvé, celui-ci n’est pas remplaçable. C’est quelque chose que je vois assez rarement dans les séries traitant de paternité ; j’ai été sincèrement touchée par cette approche.

    …Naturellement, ce premier épisode ne saurait se conclure sans commencer à nous donner des coups de coude plus ou moins subtils pour nous indiquer où se trouve ledit fils de Gaafar. Il est en effet probable qu’il ne soit pas bien loin, surtout qu’environ deux décennies ont passé et que beaucoup de choses ont pu arriver dans l’intervalle.
    Gaafar El Omda a une idée assez nette (son générique est clair à ce sujet) sur ce qu’elle veut explorer. Son seul problème c’est que… ma foi, elle ne peut pas faire que ça, et du coup ça conduit à un épisode en dents de scie. La série pourrait évidemment faire le choix de ne parler que de cette blessure de père, mais le ton de la série serait instantanément très sombre, et les possibilités d’intrigues seraient plus restreintes : c’est certainement ce qui explique sa distribution pléthorique et toutes ses intrigues, certaines traitées très légèrement (le personnage de Thuraya est tellement pris à la légère alors qu’il est touchant, et représente l’autre facette de cet enlèvement), d’autres sans rapport apparent (Wasifa qui va réclamer son héritage à son propre frère ?!).
    Aérée par tous ces ingrédients, qui ne sont pas sans valeur mais font parfois perdre de vue ce par quoi la série brille (comme cette longue scène dans laquelle le héros arbitre les affaires de ses « citoyennes »), Gaafar El Omda est clairement une fiction qui se veut grand public, mais qui, du coup, ne plaira pas forcément aux téléphages les plus exigeantes. Ou pas tout du long… ce qui en soi peut aussi être un avantage, quand on y pense.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • No one told you life was gonna be this way

    5 mai 2023 à 8:34 • Review vers le futur •

    Être adulte, ce n’est pas une partie de plaisir. Pardon d’enfoncer des portes ouvertes, hein ! C’est pourtant le thème que courageusement, la série sud-africaine Adulting s’est de toute évidence choisi, en suivant quatre potes dans la vingtaine, vivant à Johannesburg.

    Trigger warning : violences domestiques.

    Sur le papier, je n’étais pas plus impressionnée que ça. Toutefois, en jetant un oeil à son premier épisode, j’ai bien dû reconnaître que la série a un petit quelque chose en plus. La façon dont elle conduit son exposition est très intéressante, voire même courageuse en un certain sens, et il se dit des choses qui ne manquent pas d’intérêt. Alors direction l’Afrique du Sud aujourd’hui, avec une review en bonne et due forme.

    En fait, je réalise qu’il est un peu difficile de vous résumer ce premier épisode sans vous gâcher un peu de l’effet de surprise de sa structure : Adulting commence comme un conte de fée moderne, une folle journée placée sous le signe de l’escapisme. Mais comme je vous connais, je me doute que vous ne verrez jamais cet épisode, donc je me permets.

    Le point de départ, c’est la nouvelle incroyable que Bonga reçoit de bon matin, quand un appel l’informe qu’il a remporté un contrat juteux de 80 millions de rands (presque 4 millions d’euros). Alors certes, ça l’a interrompu dans ses ébats avec son plan cul régulier, mais ça lui a aussi donné une énergie de folie ; porté par la joie d’avoir réussi, il se précipite chez un concessionnaire Brabus pour y acheter une nouvelle bagnole, et dans la foulée invite ses potes Vuyani, Eric, et Mpho accompagné de sa petite amie Palesa, à aller s’éclater au prestigieux club KONKA (déjà vu dans la saison 3 de How to Ruin Christmas, personne ne bosse aussi dur que l’attachée de presse de ce club !). Section VIP, ça va de soi.
    Le champagne hors de prix coule à flots, les femmes sont belles, la musique est forte. C’est un vrai bon moment, victorieux et insouciant. Nos quatre amis se chambrent gentillement, tout en profitant des largesses de Bonga dont la réussite fait envie.

    …Sauf que ce moment au KONKA marque aussi le moment où Adulting opère un pivot, à la fois dans sa journée et dans sa présentation des protagonistes.
    Tout bascule quand Natasha, l’ex d’Eric, arrive au club au bras de son nouveau petit ami. Bon, déjà, sur le principe, ça irrite Eric ; mais le pire c’est qu’elle lui avait dit qu’elle serait à Durban ce jour-là, et que c’était la raison pour laquelle il ne pourrait pas voir sa fille, Ncumisa, alors que c’était son tour de passer du temps avec elle. Eric n’est pas d’un tempérament calme, surtout lorsqu’il s’agit de sa fille ; il devient immédiatement violent, tout le club est de gré ou de force emporté par la bagarre (ses potes, évidemment, rejoignent la mêlée pour l’aider), et finalement les choses prennent un tour encore plus grave lorsqu’il dégaine une arme que tout le monde ignorait qu’il portait. Après qu’il ait tiré un coup de feu en l’air, heureusement ne blessant personne, ses amis parviennent à le convaincre d’arrêter les frais, et tout ce petit monde s’échappe dans la Brabus.
    Well, that escalated quickly.
    A partir de là, finie l’insouciance, qui n’aura duré que 10 minutes de cet épisode. Adulting force un retour progressif de chaque protagoniste à la réalité, tandis que Bonga raccompagne ses potes un à un dans sa voiture neuve. Le premier arrêt est dans le township où vit Natasha, histoire de récupérer Ncumisa, une adolescente surprise mais ravie de voir son père. Le second arrêt est chez Eric, qui vit avec sa mère dans une petite maison d’un township également. Le troisième arrêt est l’occasion de ramener Mpho chez lui, où l’attendent ses deux jeunes fils et surtout sa femme, Zithulele ; tout le monde en profite pour prétendre que Palesa est la petite amie de quelqu’un d’autre que Mpho. Le dernier arrêt rend Vuyani au fabuleux manoir où il vit… qui appartient en fait à la riche femme qui l’entretient, et qui s’avère même violente quand il ne lui obéit pas. Finalement, sa voiture vide, Bonga prend la route de la campagne pour aller rendre visite à sa mère et son frère alcoolique dans la toute petite maison qu’elles occupent en zone rurale.

    Le lent détricotage de la grande vie mise en place dans les premières minutes n’est rien moins que brillant. L’effet est terrible, et en même temps efficace en diable, soulignant à la fois que la série a plus à offrir qu’une vision fantasmée de la vie adulte. C’est quasiment une métaphore du passage à l’âge adulte qui se joue même sous nos yeux, alors que la fête est bel et bien finie. La réalité, c’est que non seulement la réussite de Bonga est relative (en réalité on apprendra qu’il n’a pas gagné 80 millions, mais que son contrat vaut la construction d’un bâtiment d’une valeur de 80 millions, et la nuance n’est pas un détail), mais que tout le monde n’a pas forcément réussi sa vie.

    Quatre types de virilité : « Gintsa » (malfrat), « Family man », « Madlisa » (carefree) et Alpha.

    Eric est selon toute vraisemblance celui des quatre copains qui galère le plus : sa vieille mère est sa charge, il est un simple garagiste, et de toute évidence sa séparation lui pèse. On découvrira au fil du reste de l’épisode que sa seule façon de régler ses factures (et j’inclus là-dedans les pots de vin à la police, lorsqu’il se fait arrêter pour le kidnapping de Ncumisa après que Natasha ait porté plainte) consiste à braquer des conducteurs de voitures de luxe pour les voler et les revendre sur le marché noir. L’avenir semble sombre pour lui, et même ses amis lui font remarquer qu’il faut qu’il arrête de se comporter comme Papa Action, un personnage violent de la série culte Yizo Yizo (d’ailleurs récemment ajoutée sur Netflix, au passage ! Si vous êtes abonnée, allez y jeter un oeil).
    Mpho semble a priori plus à l’abris : il a sa propre famille, une maison, tout l’amour du monde. Peut-être même un peu trop si l’on inclut Palesa. Or, lorsque Mpho est raccompagné par toute la bande dans cet épisode, et que sa femme Lele rencontre Palesa sans savoir que celle-ci est la maitresse de son mari, un déclic se produit. Pas dans le sens que l’on croit, toutefois : Palesa réalise que son homme ne la choisira jamais, qu’elle se prépare à une vie avec un homme qu’elle aime, certes, mais la cachera toujours ; elle accepte une demande en mariage quelques heures plus tard. Le cœur brisé, Mpho comprend qu’il est non seulement épris de sa petite amie, mais qu’il n’est pas certain de vouloir s’investir dans son mariage maintenant qu’il n’a plus Palesa à ses côtés. Il fallait sûrement y penser avant… C’est un joli twist sur les tropes concernant les dynamiques de ce genre, honnêtement.
    La vie de Vuyani semble en comparaison plutôt facile : il vit aux crochets soit de sa sugar mommy, soit de ses copains. De son propre aveu, il n’a pas besoin d’un job, juste d’une belle gueule et d’une queue qui fonctionne… sauf que ce type de prostitution a des avantages, certes, mais aussi des inconvénients. Et toutes les fringues neuves du monde ne changent rien au fait qu’il est profondément dépendant d’autrui, en particulier quand, comme Beth, on utilise ce pouvoir financier pour prendre le contrôle de sa vie. Si à ce stade de l’épisode, j’avais deviné que la vie de chacun serait bien moins rose qu’initialement présenté, je ne m’attendais vraiment pas à ce que Vuyani soit une victime de violences domestiques, quelque chose qu’Adulting présente (et c’est d’autant plus important vu à qui elle s’adresse en priorité) sans l’emasculer.
    Le cas de Bonga est un peu plus complexe. Sa vie, effectivement, dans les grandes lignes, est plaisante : il a de l’argent (même si dans ce premier épisode, l’univers ainsi que sa mère tentent de lui faire savoir qu’il le dépense un peu trop facilement), des potes sur qui compter (même si dans cet épisode, c’est surtout eux qui comptent sur lui), une vie sexuelle épanouie (Adulting aime bien les scènes de sexe, comparativement à la majorité des séries sud-africaines), et il s’apprête à prendre soin de sa famille (un classique des relations filiales dans les séries africaines). Mais cette existence n’est bien qu’en surface : cela reste une vie solitaire. Son plan cul depuis 6 mois l’avertit : un jour, il va s’apercevoir qu’il est seul ; peut-être que ça ne le convainc pas de se mettre en couple sérieusement avec elle, mais la prédiction semble se confirmer quand sa propre mère, au village, l’alerte sur le même registre. Si un arbre tombe dans la forêt et que personne ne l’entend, est-ce vraiment important qu’il ait été riche ? Je me suis perdue en route dans ma métaphore, mais vous saisissez l’idée, et Adulting semble décidée à s’en saisir également, quand quelques heures plus tard Bonga rencontre une spectaculaire jeune femme, à propos de laquelle il glisse à ses amis qu’il est certain qu’elle deviendra sa femme. Hélas, elle ne semble pas partager cet avis… Personne n’a jamais dit qu’on se sortait de la solitude si facilement.

    Adulting a vraiment une énergie intéressante, parce qu’elle arrive à ménager un côté fun, glamour, pleine de belles villas et de grosse cylindrées… tout en racontant des choses très sérieuses avec une grande finesse. Même les portraits qui pourraient être des clichés, comme celui d’Eric, ont dés ce premier épisode une profondeur bienvenue, portée par une distribution solide (les expressions de l’interprète d’Eric dans la scène de discussion avec sa fille au garage, c’était quelque chose). La série trouve dés ce premier épisode un équilibre relevant quasiment du miracle, et c’est typiquement le genre de fiction sud-africaine qui mériterait d’être vue par le plus grand nombre.
    En attendant, rappelons que Showmax, la plateforme qui propose la série depuis mars, offre 15 jours d’essais gratuit… y compris en Europe. Aucune excuse pour mes lectrices.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Take Five Quatre

    30 avril 2023 à 20:30 • Take Five •

    Ce n’est un secret pour personne, j’ai passé un mois d’avril atroce. Pour moi, le mois d’avril aura été celui des adieux… et Take Five, par le plus grand des hasards, en est le reflet. Car outre un (énième) passage difficile dans ma vie, le mois d’avril marquait aussi à un degré moins grave la fin de ma souscription à Shahid, après avoir souscrit l’an dernier à un abonnement annuel à prix exceptionnel. N’ayant pas les moyens de payer l’abonnement hors cette promotion, me voilà donc à quitter la plateforme… à laquelle il aurait sûrement été pas mal que je dédie plus de reviews. Mais vous aurez remarqué qu’entre le hiatus de l’an dernier et le changement de rythme de publication qui s’en est suivi, les occasions s’étaient aussi faites plus rares.
    Bref, ce Take Five est thématique : je ne vais y causer que de séries arabophones, ce qui d’ailleurs nous permettra de parler un peu plus de séries du Ramadan 2023, qui lui non plus n’a pas été discuté autant qu’il aurait dû. Enfin, pas que… j’ai aussi inséré une série sur laquelle j’essaie d’écrire depuis l’an dernier. C’est désormais chose faite.

    Dofat London (2023)

    Parfois au fil du premier épisode d’une série qui me déplait, je passe par la lente réalisation que je manque de références pour vraiment la comprendre. Par exemple, cette mention rapide de la Révolution iranienne de 1979… ou cet échange qui semble s’appuyer sur des hostilités historiques entre deux pays du Golfe… Je me dis alors que, sûrement, si elle me déplait, c’est que je ne l’ai pas comprise. Mais dans le cas de Dofat London, pas besoin de douter de moi-même : il y a, effectivement, des références dans cette série historiques qui m’échappent, mais il y a aussi des choses que j’ai très bien comprises et qui me hérissent le poil.
    Dofat London se déroule en 1981 (on le sait parce que dans sa toute première scène, on apprend que la Princesse Diana vient de tomber enceinte de son premier enfant), et suit un éventail large de personnes venues de divers pays arabes pour s’installer à Londres. Ces expatriées le sont pour plusieurs raisons : il y a un groupe d’étudiants qui partage un appartement ; il y a une jeune femme riche qui a un logement cossu où elle héberge quelques amies moins argentées, qui bénéficient de ses largesses et des services de ses domestiques pendant qu’elle prépare son mariage à venir ; il y a une famille proche du pouvoir iranien qui s’est réfugiée en Europe après avoir tout perdu pendant la Révolution… L’intrigue du premier épisode, et c’est faire preuve de générosité que de parler d’intrigue, consiste à juxtaposer toutes sortes de vignettes sur leur vie au Royaume-Uni, qui ont d’ailleurs souvent en commun de se confronter au crime (pas moins de trois vols différents ont lieu en moins d’une heure, plus une tentative de meurtre). Par moments ça semble n’avoir ni queue ni tête, et ce n’est pas dû qu’à l’exposition, croyez-moi. Dofat London n’a pas toujours l’air de savoir ce qu’elle veut ; parfois elle a une voix-off, parfois non (et pas toujours par la même personne) ; parfois le ton est sérieux voire tragique (en particulier lorsqu’il s’agit de la Révolution iranienne), parfois il est comique plus ou moins exprès (comme quand les étudiants aident Lady Di à fuir les paparazzi en la cachant dans une abaya volée à des voisines, dans une scène digne de Mission: Impossible). On a droit à des commentaires absolument lunaires (Di prétendant en voix-off, ah oui elle fait partie des narratrices de cet épisode, que les étudiants qui la reluquent avec hébétude sont les seuls « vrais hommes » qu’elle ait jamais rencontrés), souvent on a droit à des protagonistes qui se hurlent dessus sans raison apparente (en particulier parmi les domestiques, trois sœurs qui ne cessent de se faire des reproches), de temps en temps on a droit à des tentatives de propos « social » (dont une sous-intrigue ahurissante sur « qui est responsable d’un viol ? » ; heureusement résolue avant la fin de l’épisode). Et encore, cette liste n’a rien d’exhaustive, dites-vous bien que j’essaie d’être brève. Je n’ai même pas mentionné non plus les effets spéciaux, comme par exemple les chips volants ou le canard (c’est tout ce que vous aurez).
    Dans ce capharnaüm, les protagonistes existent à grand’peine, et même celles qui sont bien incarnées sont maltraitées par des intrigues sans queue ni tête, ou simplement par le nombre de personnages. Plusieurs d’entre elles semblent n’exister que par leur origine sociale (bon, passe encore) ou leur nationalité ; d’ailleurs je lis que pendant le Ramadan cette année, Dofat London faisait partie des heureuses élues à créer une polémique de par le discours tenu sur les ressortissantes iraquiennes. Un peu gênant pour une série se voulant panarabique. Bref, en plus du bazar, idéologiquement ça sent un peu le renfermé, et tout ça sans aucune contrepartie narrative ou émotionnelle pour le moment. Alors vous le voyez, même s’il m’a sûrement manqué des références, j’ai eu toutes celles dont j’avais besoin pour vous dire de vous tenir à l’écart.

    El Soffara (2023)

    Au risque de vous survendre un peu El Soffara, c’est désormais très officiellement ma comédie égyptienne préférée. Pas de ce Ramadan, mais de toutes celles que j’ai pu voir ! Ce qui, je vous l’accorde, n’est pas un chiffre aussi large que pour d’autre pays, mais les faits demeurent. Pourtant elle part d’une idée assez simple : Shafik, un mec qui a tout raté dans la vie, se trouve en possession d’un sifflet magique (…subtilisé dans une pyramide) qui lui permet de retourner dans le temps ! S’offre ainsi à lui, enfin, l’opportunité de corriger sa vie de merde pour enfin avoir tout ce qu’il a toujours voulu : réussir sa vie dans l’industrie du tourisme, et épouser la jolie Shirin. Ce n’est quand même pas trop demander…
    Sauf qu’évidemment, cela ne s’annonce pas aussi simple. Ne serait-ce que parce que le fameux sifflet magique fonctionne selon des règles bien précises : le retour dans le temps ne peut durer que TROIS MINUTES ! Et en plus il n’est possible de retourner vivre trois minutes précises qu’une seule fois, c’est-à-dire que tout changement de la « timeline » devient définitif. Des règles qui ne manqueront pas, dans les épisodes ultérieurs, de probablement semer la zizanie dans la vie de Shafik. Pour le moment, le premier épisode prend garde de surtout expliquer la situation, et procéder à la biographie entière de son protagoniste, de sa première échographie à nos jours. L’autre raison pour laquelle ce n’est pas simple, c’est que notre héros semble affublé d’une poisse insondable… Shafik n’est d’ailleurs pas un mauvais bougre, il est passionné, il a des idées, il a des objectifs, il a du cœur ; simplement il a passé sa vie à jouer de malchance. Au stade de ce premier épisode, en tout cas c’est la conclusion à tirer de son parcours, mais rien n’empêche la série à ce stade d’explorer d’autres choses à travers cela, peut-être sur les choix faits par Shafik ou son attitude, et je la soupçonne d’être assez intelligente pour s’être laissé cette possibilité.
    Tout dans El Soffara est réussi : les dialogues sont réellement bons, il y a un rythme soutenu, on y trouve un goût certain pour l’absurdité, l’antagoniste avec une moumoute pire que celle de Macron y détestable à souhait, et puis s’y loge aussi un peu de tendresse (notamment avec le personnage de Wajih, le petit frère de Shafik qui lui voue un culte illimité). Même le générique est du génie pur ! Un épisode de trente minutes qui a semblé n’en durer que trois.

    Magnouna Beek! (2022)

    Magnouna Beek!, c’est une dramédie musicale qui raconte l’histoire d’un avocate vivant au Caire, et qui, par le plus grand des hasards, croise son premier amour Ali alors qu’elle est en plein milieu d’une crise d’angoisse causée par une promotion inattendue. Sauf qu’il est sur le point de quitter la capitale pour retourner vivre dans sa ville natale d’Alexandrie, en bord de mer ! Randa est alors prise de l’impulsion de nous faire un coup à la Rebecca Bunch en déménageant immédiatement à Alexandrie, et… ce n’est pas très étonnant, puisque Magnouna Beek! est effectivement le remake égyptien de Crazy Ex-Girlfriend !!! Ce premier épisode est un peu moins musical que l’original (l’icônique chanson West Covina est remplacée par un montage musical sur les lieux touristiques d’Alexandrie…), et même le seul numéro musical de l’épisode est très différent (c’est une mélodie sensuelle promettant qu’Ali va tomber sous le charme de Randa quand il la verra à Alexandrie) aussi bien sur la forme que le fond. Mais après, il faut aussi voir que Magnouna Beek! se targue d’être la toute première série musicale produite en Egypte (et pour autant que je puisse le constater, ce titre ne semble pas usurpé) : on lui pardonnera donc de se chercher un peu. Les trailers proposés par Shahid jurent qu’on y trouvera d’autres numéros musicaux, en tout cas.
    Si je regrette qu’une partie du mordant féministe de la série originale ne se retrouve pas forcément dans cet épisode introductif (pas de Sexy Getting Ready Song ou d’équivalent), l’existence-même de Randa reste une occasion formidable de parler de santé mentale, quelque chose d’encore rare dans les séries de la région (quoique, ne me laissez pas effacer l’existence de séries comme Khaly Balak Min Zizi, non sans mérite dans ce domaine pour ce que j’ai pu voir). De ce côté-là, Magnouna Beek! est fidèle, si tant est que l’on recherche la fidélité dans une adaptation. Et puis même sans parler de ça, j’avais un grand sourire d’une oreille à l’autre pendant toute la durée de ce premier épisode… par nostalgie, et puis aussi parce que, rythmé (surtout pour un épisode d’exposition égyptien) et coloré, il remplit le contrat.

    Mal Al Donia (2023)

    Un premier épisode étouffant dans lequel Rachid, un homme qui en apparence a tout pour être heureux, tente de sauver les meubles alors que tout semble lui échapper. Le nœud du problème est financier : son parc d’attractions à thème (qui inclut un zoo et un restaurant) est couvert de dettes qu’il ne parvient plus à régler. Sa banque, ses créancières, son fournisseur, son personnel… même les soins vétérinaires des animaux sont devenus impossibles à payer. Quand commence la série, Rachid cache (évidemment ?) la réalité à sa famille, laquelle continue de vivre dans une superbe villa, et à penser qu’on n’y manque de rien ; seule son assistante est au courant de la gravité des choses. Et comme tout homme désespéré, il se tourne vers une solution désespérée : aller demander un crédit à un malfrat local, qui, naturellement, est bien trop ravi de lui prêter de l’argent.
    Mal Al Donia n’est de toute évidence pas une série qu’on regarde le cœur léger, et il y a fort à parier vu la description qu’en fait Shahid mais aussi au regard de la gueule de son poster promotionnel que ça ne s’arrange pas. La descente aux Enfers, toutefois, n’est que d’un côté de l’écran : côté spectatrices, c’est du bon. La réalisation est digne (même si pas totalement dénuée de clichés, je pense notamment à la façon dont le mafieux est présenté), la distribution évite le soapesque et cultive de jolies nuances, et l’épisode a même l’élégance de remplacer la musique, souvent omniprésente dans ce type d’intrigues, pour un accompagnement sonore relevant plutôt du bourdonnement. L’effet est réussi ; je ne dis pas que ce serait une partie de plaisir de suivre la suite, mais l’objectif est ici parfaitement atteint.

    Marba Al Ezz (2023)

    Lentement, je commence à m’habituer à ces primetime soaps un peu à part qui semblent être produits assez régulièrement en Syrie (et quelques autres pays de la région, mais surtout la Syrie apparemment). Leurs codes narratifs sont intéressants, même s’ils déboussolent un peu au début. Marba Al Ezz est une série historique (elle semble se dérouler au 19e siècle environ) se déroulant entre trois quartiers de Damas : le quartier « syrien », le quartier « levantin », et le quartier « populaire », pour reprendre la description qu’en font les synopsis de la série que j’ai consultés. Sauf que justement ces résumés sont vraiment à prendre avec des pincettes, tant leur rôle n’est pas tant de décrire ce dont parle la série, mais plutôt son contexte voire son essence. Ainsi Shahid nous dit que Marba Al Ezz se déroule plusieurs années après le kidnapping de plusieurs enfants de familles riches de Damas… un événement dont le premier épisode va à peine parler, et encore, seulement par allusions. En réalité, ce premier épisode est tout entier dédié non seulement à nous présenter les très nombreuses protagonistes de son intrigue (le terme d’ensemble drama semble taillé pour des fictions comme celle-ci !), mais aussi leurs diverses dynamiques.
    Car c’est là que tout se joue pour une série comme Marba Al Ezz (qui m’a évoqué le peu que j’ai pu voir de la cultissime Bab Al Hara, bien qu’elles se déroulent à des époques différentes), dans la hiérarchie entre les familles et/ou les individus, une hiérarchie sociale mais aussi morale. Etablir tout cela prend du temps, et les trois premiers quarts d’heure de la série s’y attaquent avec dévotion, nous disant qui sont les « protagonistes de confiance » de son intrigue dans une série qui n’a pas de héros, mais a définitivement des figures desquelles se méfier. Les scènes se succèdent, souvent sans nous dire les noms des gens, mais en étant très claires sur leur probité : c’est à cela que la série veut nous faire nous attacher. Alors d’un point de vue occidental, ce type d’exposition décousue apparaît nécessairement comme chaotique, mais vous pouvez voir qu’il a sa raison d’être (en particulier quand on se rappelle que Marba Al Ezz est une série diffusée pendant le mois saint). L’action découle de ces dynamiques et de ces portraits, plutôt que l’inverse, finalement. Habitus oblige, ce n’est pas tout-à-fait ma tasse de thé, mais en tant que téléphage curieuse ça reste un bonbon à explorer et j’aurais aimé avoir plus de temps (et d’énergie) pendant ce Ramadan à consacrer aux épisodes suivants, pour continuer à essayer de comprendre cette approche. C’est en tout cas pour des expériences comme ça que la souscription à Shahid prenait vraiment toute sa valeur.

    Hélas le but de ces articles n’est pas d’être exhaustifs, et il faudra donc (ce sont les règles !) nous limiter à 5 séries. Si le mois avait été moins compliqué, croyez-moi, on parlerait de quelques autres, mais à un moment… Adieu Shahid, donc, et adieu à ce putain de mois d’avril. Espérons que le suivant soit un peu moins vide, à bien des égards.
    Et vous, votre mois d’avril ?

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Life is what happens next to a cat

    14 avril 2023 à 23:59 • Dorama Chick •

    C’est toujours dans la même maison dont les fenêtres donnent sur le parc que vit Asako Kojima, une mangaka au succès grandissant. Elle y dessine toujours, entourée de ses assistantes et de son éditeur Oomori… et de ses chats. Il y a les chats du quartier, qu’elle nourrit ; il y a Bee, le chat roux ; et puis bien-sûr, il y a Gu-Gu, qu’elle a adopté il y a deux ans après qu’un SDF le lui ai présenté.
    Aujourd’hui il est évidemment question de la saison 2 de Gu-Gu Datte Neko de Aru, et on savait toutes que le jour d’en parler arriverait, 6 ans et demi après ma review de la saison inaugurale de la série japonaise. Les circonstances, à nouveau, se sont présentées ce vendredi.

    C’est une formule un peu différente que propose la série cette fois-ci. Il faut dire que pour, en quelque sorte, justifier son existence, elle a décidé de se dérouler hors de la chronologie de la première saison. En introduction de chaque épisode de cette nouvelle salve, Gu-Gu Datte Neko de Aru nous informe ainsi que Gu-Gu le chat a vécu 15 ans et 9 mois aux côtés d’Asako ; et que les histoires auxquelles nous allons assister se sont déroulées de son vivant. Il s’agit donc d’un retour en arrière, puisque la saison 1 s’était conclue avec le décès de ce cher Gu-Gu.
    Etalée sur quelques semaines, l’intrigue est encore une fois assez simple : c’est une chronique de la vie d’Asako, dont l’essentiel se déroule dans sa maison (qui inclut son bureau et l’atelier de dessin de ses assistantes) ou dans le parc attenant.
    En fait, cette fois-ci Gu-Gu Datte Neko de Aru est même encore moins impressionnante que la première fois, au sens où elle prend très au sérieux son aspect de chronique et a presque totalement éliminé les flashbacks de son intrigue. La série ayant déjà exploré le passé et la personnalité d’Asako, il n’y en a tout simplement plus besoin. Les spectatrices comme elle-même : tout le monde sait que les choix faits par Asako au cours de sa vie (ou tout simplement le cours des choses) sont immuables, et l’ont conduite à mener la vie qu’elle a aujourd’hui. Par voie de conséquence, il n’y a pas de grande aventure ici. Pas de retournement de situation spectaculaire. Il se passe très peu de choses, parce que le quotidien d’Asako est simple, calme, et rythmé par le bouclage de ses pages mensuelles et par ses interactions, souvent avec un cercle relativement restreint.
    Sans parler du fait que le sort de Gu-Gu est également fixé, lui aussi, depuis la saison précédente. Il a, en outre, un rôle assez mineur dans ces nouveaux épisodes, se contentant généralement d’être le témoin de ce qui se déroule, et de mener sa vie de chat dans la maison de sa maîtresse (sans pépin de santé, cette fois).

    Au fil des 5 épisodes de cette deuxième et dernière saison, Asako va échanger avec toutes sortes de gens, de façon assez intimiste, sans que cela ne remette en question quoi que ce soit qui ait été établi en saison 1.
    Il y a l’assistante en cheffe qui manage son équipe, et qui subit de plein fouet une crise artistique ; il y a la camarade d’université sur laquelle Asako tombe par hasard, 20 ans après, l’occasion d’un échange nostalgique sur les rêves qui se réalisent et ceux qui se révèlent ; il y a le policier qui emprunte temporairement la chambre à l’étage de la maison d’Asako pour une planque qui se transforme en histoire d’amitié ; il y a même Oomori, l’éditeur, qui n’arrive pas à révéler un secret à Asako… qu’elle connaît déjà (c’est certainement le meilleur traitement du concept de work husband/wife que j’aie jamais vu de ma vie). Et puis, dans le dernier épisode, en guise d’épilogue, Asako se met en quête du SDF qui lui avait jadis confié Gu-Gu, pour le remercier d’avoir changé sa vie pour le meilleur.
    C’est une continuation fidèle de la saison précédente ; elle n’est juste pas conçue pour être foudroyante.

    Alors à quoi bon une saison de plus ? Bah, c’est que, voyez-vous, la vie avec un chat, c’est plutôt ça : anodin, simple, à la limite de l’anecdotique. Il y a quelques chats aventureux qui ont de grandes histoires incroyables, mais pour l’essentiel, un chat a une existence assez calme et c’est même, pour la plupart d’entre nous qui avons eu le privilège de partager notre vie avec eux, l’intérêt essentiel. Même remuant, un chat, c’est surtout un compagnon posé, un témoin des années qui passe, une présence chaleureuse quand bien même il ne joue pas forcément un rôle prépondérant dans ce qui se produit.
    Eh bien Gu-Gu Datte Neko de Aru conçoit le rôle de Gu-Gu, et plus largement des autres chats de la série (et je dirais qu’on en voit d’ailleurs beaucoup plus dans cette saison), de cette façon. Témoins de nos existences, avec ce qu’elles ont de plus banal et de plus intime à la fois, les chats traversent l’écran comme ils traversent nos salons, tranquilles et apaisants. L’amour d’Asako pour eux est vibrant, peut-être plus encore dans cette saison qui la voit à la fois se préoccuper de ses chats domestiques, mais aussi des chats « communautaires » et même d’une portée de chatons recueillie dans le parc voisin, et qu’elle se met en tête d’élever au biberon en attendant, à la fois pleine d’espoir et de mélancolie, de leur trouver des familles d’adoption.

    Gu-Gu Datte Neko de Aru a parfaitement compris le rôle et l’importance des chats dans notre vie, et c’est une série pleine de gratitude pour tout cela : ce que les chats apportent, silencieusement (ou pas), et ce qui se déroule entre deux gratouilles sur le ventre ou derrière les oreilles.
    Des années de compagnie joyeuse, innocente et émouvante.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Once upon a time

    9 avril 2023 à 20:12 • Review vers le futur •

    Il y a quelques jours, je vous promettais qu’on reparlerait de séries du Ramadan, eh bien c’est précisément ce que nous faisons en ce dimanche ! Avec une série légèrement atypique, qui plus est.
    Généralement, lorsque l’on parle des dizaines de séries diffusées dans le monde arabe et/ou musulman, certains genres reviennent : le drame (souvent social), la romance, la comédie, la série historico-religieuse… Les séries fantastiques, moins. Et pourtant Gat Saleema est la preuve que ça peut se produire, et son premier épisode lancé il y a quelques jours (c’est une série de la mi-Ramadan, avec seulement 15 épisodes prévus pour la saison) vient faire la démonstration de ce à quoi cela peut ressembler.

    Le premier épisode semble s’inspirer au moins en partie des contes de fée, et notamment de l’histoire de Cendrillon, dont la situation est assez semblable : à la mort de son père, Saleema (avec son jeune frère Omar) se retrouve à vivre avec son odieuse belle-mère Huaida, et ses non moins odieuses demi-soeurs, Sanaa et Hanaa. Elles ont, au moins, l’amabilité d’être toutes désagréables pour des raisons différentes, Sanaa n’hésitant pas à se servir dans sa garde-robe tandis que Hanaa lui fait faire ses devoirs. Les deux soeurs ont, en outre, annexé la chambre jadis occupée par Saleema, qui dort désormais avec Omar dans une « petite » pièce de la maison (petite d’après les dialogues, personnellement j’ai l’impression qu’elle fait la taille de mon salon, pas passons : on comprend l’idée générale).
    Cependant c’est la belle-mère, en particulier, qui agace Saleema au plus haut point : Huaida la traite comme une employée de maison, voire pire. Saleema n’a droit à aucun temps pour elle, se fait houspiller en permanence, et il est attendu d’elle qu’elle fasse toutes les corvées de la maison. En outre, elle a été fiancée à un neveu de Huida, l’irritant Shukry, un goinfre à l’humour vaseux et aux blagues cruelles ; le mariage a bien évidemment été arrangé par Huida, qui n’attend que de se débarrasser de Saleema. D’ailleurs Omar devrait pouvoir s’installer avec les jeunes mariées, ce qui ferait d’une pierre, deux coups ! Shukry n’a même pas vraiment envie de ce mariage, et aurait préféré épouser l’une de ses cousines (je vais vomir, je reviens), mais il y a une excellente raison à cette union, bien-sûr.

    Le premier épisode est donc une litanie de tortures d’une triste banalité. Saleema ainsi que dans une moindre mesure Omar, ont bien remarqué que la vie était rude depuis que leur père a disparu ; la série ne dit pas depuis combien de temps il est décédé, mais il est certain que ce comportement n’est pas nouveau. Les deux adelphes s’en ouvrent l’une à l’autre, et Saleema maugrée parfois à voix basse, mais il n’y a pas vraiment de place pour la révolte.
    Et puis, pour faire quoi ? Pour aller où ? La seule possession laissée par leur père est une bibliothèque, pas vraiment un endroit où vivre même si Saleema estime que la lecture (et le soutien scolaire) est primordiale dans la vie. Huaida s’est d’ailleurs convaincue qu’en revendant les murs, elle toucherait un petit pactole, pour lequel elle a des projets. Pardon pour le spoiler, mais aucun de ces projets n’inclut de partager l’argent avec les enfants de son défunt mari, bien-sûr. Saleema découvre ces plans dans l’épisode introductif, et est sommée de débarrasser les étagères sans 24 heures ; de la même façon que son mariage doit se produire dans quelques jours, qu’elle le veuille ou non, Saleema n’a plus aucun contrôle sur le cours des événements.

    Alors, où est la marraine féérique de circonstance ? Dans Gat Saleema, elle prend la forme d’un livre, découvert par hasard au moment de vider la bibliothèque. Saleema le récupère, avec quelques autres objets pour lesquels son entourage n’a aucun intérêt (…comme un portrait de son père, mettons). Elle a pris l’habitude de lire à Omer une histoire tous les soirs, et du coup, ce soir-là, elle lit l’étrange livre en question, un manuscrit qui lui est inconnu. Or, il s’agit d’un livre magique ! Et sitôt que Saleema y dépose la plume d’un hibou comme marque-page (eh oui, un hibou a volé jusqu’à la fenêtre de leur « petite » chambre ce soir-là et laisse une plume derrière lui), le livre les happe toutes les deux, et les voilà qui se retrouvent…
    Vous aimeriez bien savoir, hein ? Eh bien, le premier épisode de Gat Saleema n’en dira pas beaucoup plus à ce stade. Tout au plus Saleema a-t-elle lu la première phrase du manuscrit, qui donne une légère idée de l’endroit, mais pour le reste, ma foi, il faudra revenir demain. Et en effet, pour une série du Ramadan c’est-à-dire quotidienne et hautement fidélisante (puisque la regarder s’inscrit dans un rythme de vie exceptionnel plus large), l’événement déclencheur peut se permettre d’être limité à son strict minimum ici, puisqu’il y a plus ou moins la garantie de revoir les spectatrices le lendemain.

    Gat Saleema est, avant tout, une série familiale, et à ce titre elle est vraiment regardable par toute la famille, et donc par les enfants. Cela explique que l’âge de son héroïne soit flou (elle semble à peine sortie de l’adolescence, mais ce n’est que mon estimation pifométrique), ainsi que la présence de son petit frère, qui occupe une importance non-négligeable. Les protagonistes sont simples, et présentées de façon simple également : personne n’a droit à beaucoup de complexité ici, mais après tout, ça va de paire avec l’univers de contes de fées.
    Du coup, ça en fait une série facile à regarder toutes ensemble… y compris, pourquoi pas, ce weekend.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Le goût du temps perdu

    7 avril 2023 à 21:26 • Dorama Chick •

    Notre première review depuis le passage à Ko-fi se devait de marquer le coup, alors mon dévolu s’est jeté sur Nagatan to Aoto, une « série d’appétit ». Et ça n’étonnera personne.
    Lancée à la fin du mois de mars, Nagatan to Aoto n’est pas une fiction sur la nourriture ordinaire ; il y a pourtant largement assez de séries auxquelles la comparer ! D’abord parce qu’il s’agit d’une production de la chaîne satellite WOWOW, qui d’ordinaire ne s’intéresse pas au genre et la réputation d’être plutôt high brow (en fait je n’ai trouvé trace d’aucune autre série de ce genre dans les séries originales de la chaîne ; j’ai hâte que quelqu’un me contredise en commentaire). Mais aussi parce que Nagatan to Aoto a la particularité d’être aussi une série historique, et que cet aspect est ultra-rare dans un genre qui repose en grande partie sur l’identification… et, dans une certaine mesure, sur un budget réduit.

    Alors comment jongle-t-on avec tout cela ? Eh bien, Nagatan to Aoto s’en sort non sans élégance, et si vous avez aimé Maiko-san Chi no Makanai-san, la série de Koreeda vue plus tôt cette année sur Netflix, vous allez vouloir prêter attention à cette review de premier épisode. On est un peu dans le même voisinage.

    La série se déroule donc dans l’après-guerre, plus spécifiquement en 1951 ; Ichika Kuwanoki est une femme trentenaire qui travaille dans le restaurant d’un hôtel de Kyoto qui accueille des soldats Américains. Bon, de toute façon, comme elle l’explique au début de l’épisode, dans les hôtels de la région, il n’y a que ça : les hôtels japonais ont été totalement privatisés par l’occupant, et les clientes japonaises n’y sont pas vraiment les bienvenues. Mais bon, ça fait vivre toute une industrie. Ichika travaille là (en charge des entrées) parce qu’elle est passionnée par la cuisine, mais que personne d’autre ne voulait l’embaucher, rapport au fait qu’elle est une femme et qu’on est en 1951.
    Nagatan to Aoto est vraiment très attachée à ce contexte historique et en détailler à plusieurs reprises les spécificités, parce que c’est aussi ce qui explique toute l’existence de son héroïne. En particulier, on apprendra pendant des flashbacks qu’avant la guerre, elle était mariée… pendant deux mois. Eh oui, Ichika est veuve.

    Pourtant, tout dans la vie d’Ichika ne tourne pas autour de la restauration pour les américains (masculin volontaire). Chaque soir, elle rentre chez elle, au sein de sa famille qui tient un ryoutei : il y a sa tante, sa mère, et sa sœur, Futaba, 29 ans et encore célibataire ; avec la petite équipe en cuisine, elles font tourner l’établissement tant bien que mal, mais les affaires ne se portent pas bien et en plus il continue d’y avoir des ruptures de stock sur certains produits. Parfois, si elles ont de la chance, elles ont suffisamment de clientes (japonaises, elles…) pour avoir besoin d’un coup de main, et Ichika aide après son service à l’hôtel, mais ça reste marginal et les femmes de la famille Kuwanoki sont inquiètes. Alors, quand les Yamaguchi, une riche famille à la tête d’un grand hôtel d’Osaka, proposent un mariage arrangé entre Futaba et leur second fils, l’embellie semble possible.
    Hélas, cent fois hélas, la première rencontre entre les deux familles n’est que déception. Pour commencer, finalement le second fils a été promis à une autre famille, et les Yamaguchi ont décidé d’envoyer plutôt leur troisième fils, Amane. C’est un étudiant de seulement 19 ans ! Cela signifie 10 ans d’écart avec Futaba… Pire encore, Ichika se dispute avec lui pendant l’entretien préalable entre les deux familles, après qu’il ait fait un commentaire méprisant sur l’état du ryoutei familial auquel elle tient tant. Futaba, blessée, ne lui adresse plus la parole après cela.
    Le lendemain, Ichika découvre que Futaba s’est enfuie pour se marier en secret… avec un des cuisiniers du ryoutei.

    Avec sa production value largement supérieure à la plupart (…pas toutes) des séries du genre, Nagatan to Aoto propose avec une délicatesse infinie la photographie de ces femmes qui ont survécu à une guerre, et qui ne sont pas résignées à tout perdre. La passion pour la nourriture, l’amour, l’établissement hérité de leur père… tout se mêle et il faut faire des choix, supposément raisonnables mais souvent trop douloureux.
    Préférant la sobriété (seul le personnage de la tante est un peu larger than life), la série pose lentement les bases d’une intrigue où se disputent le cœur, l’estomac et la raison. Pour finalement nous annoncer qu’en dépit de la différence d’âge de presque 15 ans, Ichika va accepter d’épouser le troisième fils des Yamaguchi, puisque c’est la seule façon de sauver le restaurant familial. Son large soupir trahit qu’elle pense que c’est un sacrifice ; mais nous, nous savons grâce à quelque chose qui lui a échappé que peut-être, juste peut-être, Ichika et Amane ont plus en commun qu’elles ne le pensent.
    Bon, personnellement je ne suis pas fan des histoires de mariage arrangé (et encore moins avec une différence d’âge pareille, même dans ce sens), mais de toute évidence la série n’a pas vraiment d’intérêt romantique ou disons, elle semble concevoir le romantisme à l’ancienne. Bien-sûr, ce mariage arrangé est voué à évoluer ; mais il ne semble pas que ce soient les sentiments amoureux qui intéressent autant la série que la question de l’apprivoisement mutuel. Qui plus est, l’angle culinaire de Nagatan to Aoto (jusque dans son titre, qui en dans le dialecte local signifie « Couteau et piment vert », je ne vous explique pas pourquoi… vous n’avez qu’à regarder la série comme on vous dit de le faire !) est suffisamment central pour qu’il s’agisse plutôt d’un prétexte à apprendre à se connaître en cuisinant. Là où, par exemple, Iburigurashi s’intéressait à un couple établi, mettons.

    Et puis n’oublions pas que même si sa formule est relativement différente de la majorité des « séries d’appétit », Nagatan to Aoto n’en est pas moins une. A ce titre, il est dans son cahier des charges de s’intéresser à une chose en priorité : la satisfaction d’un besoin. Or évidemment, si la nourriture satisfait la faim des protagonistes, ce qui est le plus poignant dans ce premier épisode doux-amer, c’est le sentiment de perte : perdre un père, perdre un mari, perdre une affaire familiale (…perdre la guerre). Nagatan to Aoto semble animée d’un besoin de trouver quelque chose.
    Et elle a d’ores et déjà trouvé une spectatrice émue.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Take Five Trois

    31 mars 2023 à 20:30 • Take Five •

    Je vous l’accorde, on a déjà parlé de beaucoup de premiers épisodes de série ce mois-ci, festival oblige. Et pourtant, ya du rab, je vous le mets ? Cette troisième édition de Take Five inclut en majorité des formats assez courts (une demi-heure environ), parce que, ma foi, ça a été ma priorité ce mois-ci. Cependant je vous rassure, il n’y a pas que ça, et on se retrouve avec une sélection plutôt hétéroclite à nouveau !

    Animal Control (2023)

    Je commençais à voir sur Twitter des retours positifs de la part de quelques critiques américaines… et une fois devant l’épisode, j’avoue que j’ai été un peu désarçonnée. Ce n’est pas mauvais, mais ça n’a rien de génial non plus. Le premier épisode est assez conventionnel, à plus forte raison parce que Joel McHale est en train de se transformer en one trick poney qui explore toujours la même palette sans jamais sembler y ajouter quoi que ce soit ; qu’est-ce qui différentie son personnage ici de son personnage dans Community ? Franchement, le décor, les autres personnages, bref, tout ce qui lui est extérieur. Mais lui, non. Ou alors par quelque miracle dans les épisodes suivants ? Il est important de noter que sur le principe, je ne suis pas opposée à ce que certaines interprètes choisissent (ou se laissent enfermer…) dans des rôles similaires, pourvu d’en faire quelque chose. Un exemple que je prends tout le temps est celui de Matthew Perry, qui au fil de ses personnages pourtant souvent similaires a exploré des nuances variables : plutôt le deuil, plutôt la colère, plutôt l’addiction… si bien que même quand les personnages répondent plus ou moins à la même fiche descriptive, on n’a pas l’impression que l’acteur se répète. Un acteur n’a pas à être un caméléon capable de tout jouer, mais il faut a minima qu’il arrive à éliminer tout soupçon de fainéantise…
    Et même sans parler de lui, l’humour de la série m’a laissée indifférente. A la grande rigueur, j’aime bien le côté positif du protagoniste incarné par Michael Rowland (pardon, j’ai pas retenu les noms des protagonistes et j’ai la flemme d’aller regarder IMDb juste pour ça), qui à mon sens aurait été un personnage central un poil plus intéressant (et qui oriente certaines scènes vers une sorte de Ted Lasso sans sucre). Mais bon, dans l’ensemble il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Contente de retrouver Vella Lovell, cela dit.

    Machos Alfa (2022)

    Comme le mois a été chargé par ailleurs, j’ai surtout testé des séries d’une demi-heure en mars… et ça m’a menée à Machos Alfa, une comédie de Netflix lancée fin décembre, et qui très franchement n’aurait jamais figuré parmi mes priorités sans ces circonstances très précises. La série s’intéresse à quatre potes dans la quarantaine environ, qui se retrouvent tous ensemble à suivre un séminaire de déconstruction de la virilité toxique. Bon, pourquoi pas.
    Sauf qu’évidemment Machos Alfa n’a pas vraiment envie de parler de ces mecs comme de gens qui ont quelque chose à apprendre. Tout le premier épisode est en fait tourné comme non pas une explication de la raison pour laquelle ils ont décidé de suivre ce séminaire (et supposément de se remettre en question), mais surtout comme une victimisation. La backstory de chacun est détaillée, et finalement accrédite la thèse de l’un d’entre eux (pourtant présenté comme le plus sexiste) que leur tort principal dans ce monde moderne est d’être des hommes. L’un perd ainsi son boulot au profit d’une femme, un autre qui voulait demander sa compagne en mariage se voit proposer une relation plus ouverte, un troisième est hanté par son ex-femme après que leur fille ait décidé de venir vivre avec lui, et le dernier… le dernier a pour tort essentiel de n’avoir apparemment pas envie de coucher avec sa femme (quoiqu’il y ait éventuellement une discussion à avoir sur le consentement pendant une scène, mais la série s’en contrefout parfaitement, elle). Oui, je, euh, moi non plus je vois pas forcément le rapport avec la masculinité.
    En tout cas, dans tout cela, on va évidemment suivre l’aventure de leur point de vue, pas celui des femmes dont ils empoisonneraient la vie au point de mériter une remise en question. Si bien qu’au lieu d’avoir l’impression qu’ils doivent comprendre les rapports femmes/hommes modernes, on a l’impression que c’est plutôt le monde qui ne les comprend pas. Les protagonistes féminines qui les entourent sont en outre assez caricaturales, ce qui n’aide en rien. Une fois cet épisode introductif fini, d’ailleurs, on ne sait toujours pas vraiment comment ils ont atterri dans ce séminaire. Est-ce qu’à un moment ils vont sincèrement vouloir apprendre quelque chose ? Rien n’est moins sûr pour le moment, tant ce qui anime Machos Alfa est le même refrain que tant d’autres séries avant elle. Mais je ne saurai jamais comment la série amène le sujet, parce que le reste des épisodes a promptement été effacé de mon disque dur.

    School Spirits (2023)

    Je n’ai eu de temps que pour le premier épisode (et ce sera encore le cas pendant quelques temps…), mais j’ai très envie de voir la suite de School Spirits. Je sais, je suis la première surprise, mais que voulez-vous, je suis curieuse. Parce que des séries comme celle-ci, avouons-le, ce n’est pas particulièrement exceptionnel : l’idée qu’une personne décédée s’interroge sur les circonstances de sa propre mort a fait l’objet de plusieurs autres séries (Beau Séjour, par exemple, me vient à l’esprit… sans jeu de mots). Ce n’est même pas particulièrement unique dans le contexte de la vie lycéenne… d’ailleurs si vous n’avez pas eu l’occasion d’y jeter un oeil, Class of 1970 est très courte et tous publics (elle fait partie de cette nouvelle génération de webseries pour la jeunesse qui remuent un peu les standards du genre).
    Toutefois School Spirits met en place certains paramètres intéressants. Ce qui m’intrigue principalement, c’est ce groupe de parole de l’au-delà, dans lequel plusieurs personnes décédées dans le même lycée au fil des décennies se retrouvent à essayer d’avancer vers le « stade suivant ». Naturellement notre héroïne y est hermétique au début, mais la présence de cet aspect, ainsi que les tropes mobilisés autour de sa mise en place, promettent une piste introspective. Et pour ce genre d’enquête post-mortem, c’est assez rare ! Alors certes, cette introspection peut n’être que secondaire, mais elle est là, et cette partie me rend très curieuse, je n’y peux rien. Je vous mets School Spirits dans cette review « Multi » pour le moment, mais je vais essayer d’y revenir dés que possible. Ou disons, me connaissant : avant la fin de l’année. J’essaie d’arrêter de promettre des trucs.

    Souq El Kanto (2023)

    Se déroulant dans différents magasins d’un souk, ce gigantesque ensemble drama propose de suivre les destins de plusieurs personnes pendant les années 20. Le personnage central est Taha El Amash, dont l’oncle Shehata dirige l’un des commerces de tissus les plus importants du souk. Outre les affaires familiales, Taha s’occupe également d’un petit business illégal, puisqu’il a organisé une distillerie clandestine. Avec toute sa famille, il attend des nouvelles de Sahed, son frère qui est parti à la guerre, et que nul n’a revu depuis qu’il a disparu dans les tranchées en Europe. Un peu plus loin dans le même marché, la couturière Rawia n’en peut plus de son travail ; employée par Madame Mary, une vieille dame aux goûts très conservateurs et obsolètes, elle voudrait travailler sur la mode, la vraie : des robes modernes, plus courtes, plus colorées. Lorsqu’un de ses collègues lui apprend qu’il est entré en possession de robes venues d’Europe, elle commence à envisager de se mettre à son propre compte pour les vendre et ainsi fonder son propre atelier, ce qui évidemment n’est pas du goût de Madame Mary lorsque la rumeur lui parvient. Il faut aussi compter sur Fatma, l’épouse de Sahed qui l’attend chez les El Amash ; Gaber, surnommé « l’Etranger », qui semble être le parrain local ; Rashad, un voleur et employé d’un concurrent des El Amash dans le domaine textile ; Elwan, qui assure la « sécurité » des boutiques (bref, les rançonne) ; et plusieurs autres personnages mineurs, mais qui créent un patchwork assez large.
    On aura l’occasion de reparler de séries du Ramadan en avril (du moins je l’espère, car avec Canneseries la période sera chargée !), mais je n’aurai sûrement pas grand’chose de plus à dire de Souq El Kanto, dont le premier épisode, juste en-dessous de 35 minutes, remplit purement ses fonctions d’exposition. Il ne s’y passe pas grand’chose d’autre : on n’a pas le temps. Il y a beaucoup de personnages à mettre en place (même si pour certaines je n’ai pas forcément compris tous les tenants et aboutissants : Aesha est-elle la sœur ou l’employée de maison de Taha, par exemple ?). Certaines rivalités sont en outre établies, ce genre de choses. C’est du primetime soap, ni plus ni moins ; apparemment au moment de la sortie de son tout premier trailer, la série a été pas mal comparée à Peaky Blinders, mais l’ambiance y est moins glauque, et légèrement moins criminelle, aussi. Au moins pour le moment. Mais c’est sûr que quiconque a aimé la série britannique ne serait pas déçue par Souq El Kanto. En plus, les décors (une partie en prise de vue réelle, mais avec un peu d’effets spéciaux pour les plans les plus larges) ne sont vraiment pas dégueulasses.

    Sullivan’s Crossing (2023)

    Tout part de Maggie Sullivan, une neurochirurgienne dont la carrière à Boston est en plein essor, mais qui, le soir de la remise d’une récompense professionnelle, est arrêtée par le FBI en même temps que son patron. Celui-ci est en fait l’unique responsable de leurs déboires juridiques, mais ça n’empêche pas la carrière de Maggie de passer au point mort. Elle décide donc de partir passer un peu de temps dans sa ville natale, en Nouvelle-Ecosse, où est resté son père surnommé Sully (joué par Scott Patterson ou plutôt par Luke, c’est exactement le même perso avec 20 ans de plus). Or, elles ne se sont pas revues depuis que Maggie avait 15 ans (apparemment ça s’est même très mal passé), et elles ne sont plus aussi proches que lorsqu’elle était enfant. Dans le petit patelin canadien où vit Sully, et où il tient un camping (« Sullivan’s Crossing », donc), tout le monde connaissait Maggie, mais évidemment le temps a passé et elle réalise dés les premières heures de sa visite qu’elle ne s’y sent plus chez elle ; elle fait en outre la connaissance de Cal, qui donne régulièrement des coups de main à son père et avec lequel, immédiatement, elle ne s’entend pas du tout.
    Sullivan’s Crossing se rend coupable d’un trope que je déteste : cette idée du retour au bercail comme impératif pour se redécouvrir et réaliser qu’en fait le bonheur a toujours été là, simple, chaleureux, parfait. C’est un cliché agaçant mais que le public originaire des petites villes aime bien qu’on lui raconte sur lui-même… Comme tant d’autres séries en son genre, Sullivan’s Crossing prépare en outre le terrain pour une romance (clairement pas débutée sous les meilleurs auspices) qui a tout du cliché également. C’est supposé être très feelgood, à croire qu’on ne peut pas faire des choses nouvelles en même temps qu’on réchauffe le cœur des spectatrices ; pour moi c’est de la paresse, mais bon, chacune voit midi à sa porte.
    Le premier épisode passe le plus clair de son temps à faire l’inventaire de toutes les personnes que Maggie a autrefois connues, mais avec lesquelles, occupée qu’elle était par ses études puis sa carrière, elle n’a jamais pris la peine de garder contact, et qui le font plus ou moins gentillement remarquer à la protagoniste pendant que celle-ci passe de scène en scène avec un air excédé. En fait c’est sûrement la seule chose qui est surprenante, dans cet épisode : Maggie est clairement mise en place comme l’héroïne de la série, mais cette dernière se montre absolument incapable de nous la rendre sympathique. C’est comme si d’emblée, on adoptait le point de vue des gens de Timberlake (oui, c’est le nom de la ville où est situé le camping…). Pour vous donner un exemple, il y a toute une scène dans laquelle elle rencontre un homme désorienté ; son premier réflexe est de vouloir le soumettre à une évaluation cognitive, en dépit de tout le monde qui lui dit de laisser pisser ; et Maggie est là, genre « mais attendez, moi je sais mieux, je suis neurochirurgienne moi » alors que bah, c’est un gars du village, tout le monde le connaît, t’aurais pu poser des questions avant de faire la grande. Bref. Vous voyez le tableau.
    En un sens, c’est risible, parce que Sullivan’s Crossing veut aussi nous donner l’impression que la vie de Maggie prend l’eau de toutes parts et que c’est la galère, mais on ne peut pas dire que ça nous intéresse ; et du coup, les perspectives pour Maggie de s’adapter à nouveau à la vie dans cette petite ville apparaissent moins comme une expérience transformatrice qu’une épreuve d’humilité. Au juste je ne suis pas complètement certaine que Sullivan’s Crossing soit la série qu’elle ambitionnait d’être, en fait.

    Mais assez parlé de moi. Vous avez testé quoi, ce mois-ci, comme séries ?

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Lille de 36 façons

    25 mars 2023 à 22:50 • Love Actuality •

    Une nouvelle édition lilloise de Series Mania s’est écoulée et, faute de pouvoir y assister en chair et en os, j’ai au moins pu regarder ce qui se passait du côté de Series Mania+, la plateforme de visionnage permettant de rattraper une partie du festival.
    Un système encore imparfait (il y a une série dont j’ai perdu la trace en cours de route !), et qui, bien-sûr, même s’il était parfait, serait encore largement incomplet (ne serait-ce qu’à cause des avant-premières les plus prestigieuses qui elles, naturellement, ne sont pas mises en ligne). De toute façon, sans même parler de la question du catalogue réservé à la presse et aux professionnels, auquel j’avais accès à l’époque de la tenue du festival au Forum des Images, forcément, rien ne remplacera jamais une présence physique lors de l’évènement, mais voilà, se trimbaler jusqu’à Lille ce n’est juste pas faisable.
    Ce qui reste quand on a fait toutes ces soustractions ne manque pas de mérite, cependant, et permet en tout cas de se rincer l’oeil avec des séries souvent inédites chez nous, et, parfois, qui le resteront. Espérons que ce ne sera pas le cas des meilleures d’entre elles !

    Comme l’an passé, je vous ai donc préparé un gigantesque récapitulatif de ce que j’ai vu, dans chaque catégorie. Fidèle à la tradition et à la limitation hélas de l’espace-temps, je n’ai reviewé que le premier épisode de chacune d’entre elles ici (…car quand on veut tout voir, on ne peut pas tout voir), mais même comme ça on se retrouve avec pas moins de 36 séries !
    Du coup, ça va vous faire un peu de lecture, forcément…

    A noter que Les Gouttes de Dieu / Kami no Shizuku n’a pas été mise en ligne, mais c’est pas grave, on aura laaaaargement l’occasion d’en reparler. Pas de bol non plus pour The Power, probablement parmi les séries « trop grosses » pour risquer la disponibilité gratuite sur le site du festival à quelques jours du lancement mondial. En revanche gros accident de parcours avec Best Interests, dont je pourrais jurer que la série devait être mise en ligne à partir de mercredi (toutes les autres fictions britanniques cette année étaient disponibles, en plus !), mais que je n’ai pas réussi à trouver. Je ne sais toujours pas comment ça a pu se produire, est-ce que je me suis mal organisée ? Mais bon, c’est pas comme si je manquais de séries à reviewer !

    Actor
     Dramédie
    Outre le prix officiellement récolté hier soir, Actor aura également décroché le record de l’épisode le plus long de cette édition de Series Mania (mais bon, qu’est-ce que 1h08 quand on a l’habitude des séries turques, par exemple !). Un format assez atypique pour une série qui est, d’ailleurs, plus proche de la dramédie qu’autre chose, puisqu’elle nous présente deux acteurs, Ali et Morteza, qui doivent enchaîner les combines pour survivre. En effet, à défaut de remplir les fauteuils du petit théâtre miteux qu’ils louent (…quand ils ont de l’argent pour le loyer), ils ont décidé d’offrir leurs services à des gens riches pour des mises en scènes pendant des événements. La série s’ouvre ainsi sur une mission de ce type, dans laquelle Ali et Morteza se font passer pour de dangereux brigands afin qu’un homme fasse une demande en mariage inoubliable au moment où sa dulcinée pensera être sur le point de mourir (…rassurez-vous, les deux acteurs trouvent ça nul aussi, comme idée). Mais même comme ça, l’argent manque… surtout quand Morteza décide d’utiliser une partie de leurs recettes pour faire un cadeaux somptueux à Sarah, la jeune femme qu’il courtise.
    Bref, c’est la galère, et c’est sur ça que porte le premier épisode d’Actor, alternant des séquences plutôt sympathiques sur les déboires de nos deux amis, et d’autres dans lesquelles nous pouvons les suivre dans un rôle (ou un mensonge) donné. Il y a en particulier toute une scène pendant laquelle ils répètent, ma foi, une scène, mais de la pièce qu’ils ont montée, et qui s’intitule… Actor. Tout le monde suit ? Bon, tant mieux, parce que si j’ai bien compris, les choses deviennent encore plus compliquées dans les épisodes suivants, cette introduction ne faisant qu’effleurer l’intrigue. A défaut d’avoir toutes les cartes en main pour juger de l’histoire, en tout cas je me suis bien amusée ; le tandem central qui joue Ali et Morteza est vraiment efficace, et les dialogues (même si j’ai bien conscience de n’avoir profité que d’une traduction) se tiennent vraiment bien. C’est triste de savoir que je n’en connaitrais sûrement jamais la suite, considérant le nombre de séries iraniennes achetées et diffusées en France en règle générale.

    De Grâce
    Drama, Thriller
    Je vous accorde que le timing de cette série pue beaucoup, et ça, au moins, n’est pas sa faute : tomber en plein pendant des grèves massives, alors qu’elle part d’un docker syndicaliste, c’est la grosse tuile. Six mois plus tôt, pas sûre que ç’aurait eu le même effet. Seulement voilà, vraiment la faute à pas de chance, je l’ai découverte pendant tout ce phénomène social. Et ça ne fait que lui porter préjudice.
    C’est que voyez-vous, De Grâce n’est pas une série sur un docker syndicaliste : c’est une série dans laquelle un docker syndicaliste découvre un jour que des membres de sa famille pourraient être des trafiquants de drogue, et qui dans le même temps cache un lourd secret à cette même famille (vraisemblablement une double vie). C’est vous dire si on ne va parler ni docks, ni syndicalisme. En fait, entre la fille du protagoniste central qui est avocate, l’utilisation de belles demeures et de grosses cylindrées, et bien-sûr l’enquête sur le trafic de stups, on va parler d’à peu près tout sauf de docks et de syndicalisme. Les vœux pieux des nombreux plans (certes léchés ; très franchement je n’ai aucun reproche à adresser à la réalisation) des docks du Havre n’y changeront rien, pas plus que la voix-off qui fait mine de s’émeuvoir sur ce qui, en réalité, n’est qu’un prétexte. Pensez donc, De Grâce à même réussi à caser des Arabes qui trafiquent dans une cité du Havre ! C’était bien la peine de décentraliser la série.
    Alors cette introduction veut, bien-sûr, nous émouvoir sur les temps qui changent et les docks qui ne sont plus ce qu’ils étaient, mais la réalité c’est qu’elle ne veut pas nous en parler. Et ça me hérisse le poil en général que le trafic de drogue (ET UN MEURTRE !) prennent autant l’ascendant sur ce qui était un sujet rarissime à la télévision, et une catégorie sociale extrêmement négligée par les séries, tout le contraire du trafic de drogue (…et du meurtre), sur quoi on peut difficilement espérer des propos novateurs. Après vous allez me dire : « oui, mais justement, à travers cette intrigue criminelle et ses retournements de situation incroyables et soapesques, on va en parler ! ». Je l’ai entendu pour tant d’autres séries… l’excuse ne passe plus. Moi, j’ai envie de choper les scénaristes par le col et leur dire que si elles veulent parler de quelque chose, elles n’ont qu’à en parler. PARLEZ-EN. Ne vous réfugiez pas derrière des clichés cent fois éculés, ne vous cachez pas derrière une intrigue policière (parce que le laïus au commissariat, cette complainte du pauvre flic excédé qui veut arrêter le trafic de drogue, ça va bien), si vous voulez parler de quelque chose, parlez-en. Surtout sur arte, c’est pas TFHein, non plus. Du coup c’est paresseux à tellement de niveaux. Vous voulez parler de ces choses ? Parlez de ces choses. Parlez de ces gens. Parlez de ces gens plutôt que de vos intrigues abracadabrantes et remâchées, comme s’il y avait plus de trafiquants de drogue en France que de gens exerçant des métiers pénibles, comme si c’était normal pour un syndicaliste d’avoir une villa avec piscine ou en bord de mer (c’étaient des scènes de nuit, je suis pas sûre), comme si c’était vulgaire de prendre au sérieux de ce qui touche intimement les gens. Moi j’en peux plus des intrigues à la Kin qui se racontent qu’elles font du Germinal. Allez vous faire cuire le cul.

    Festning Norge
     Science-fiction, Thriller
    C’est sympa que la Norvège pense toujours à envoyer à Series Mania ses séries d’anticipation les plus joyeuses, ça met de l’ambiance dans le programme. Après Okkupert, dont en un sens elle est l’héritière, voilà donc Festning Norge, une série qui imagine que face aux multiples crises mondiales, le petit pays scandinave décide de basculer dans une autarcie totale. Economie, énergie, agroalimentaire… la Norvège se suffit dorénavant à elle-même, et pour s’assurer de la protection de sa population face aux risques extérieurs, ainsi que pour se prémunir de vagues d’immigration venues de pays moins bien lotis, une gigantesque muraille ferme les frontières terrestres. Tout cela fonctionne bien (…d’un point de vue norvégien) pendant neuf glorieuses années, pendant lesquelles, semblant ignorer le délabrement du monde, la Norvège devient un paradis sur terre. Sauf que naturellement, l’utopie est fragile…
    Maintenant son niveau de science-fiction au strict minimum, Festning Norge (projetée sous le titre de The Fortress) a une nette préférence pour les enjeux sociaux et politiques de son intrigue, et pas tellement par la description de toutes les manifestations d’une Norvège idéale. Le premier épisode introduit d’ailleurs des personnages travaillant en cabinet ministériel, en plus d’avoir pour héroïne principale une spécialiste de la production et l’approvisionnement en nourriture de la population. Cela permet à la série d’avoir une excuse pour être un peu pédagogique voire bavarde, mais ces qualificatifs venant de moi sont à interpréter comme des qualités : j’aime ça dans une série de ce type (j’ai été servie une seconde fois pendant le festival à ce sujet, avec Apagón un peu plus bas). Plus surprenante est l’intrigue secondaire sur une famille de réfugiées britanniques, qui n’est pas sans avoir du sens mais ne se montre pas, de prime abord, connectée directement à ce qui se raconte dans l’intrigue principale. Difficile de ne pas penser, entre autres, à des séries comme Years and Years, pendant ce visionnage qui interroge à la fois le mythe d’une société tellement en avance qu’elle croit avoir les moyens de se protéger de tout (y compris des dérives)… et, j’ai l’impression, la question de la responsabilité nationale face à des instabilités mondiales. Il y a encore certains choix qui me posent question avant d’avoir une opinion définitive sur le discours de la série, mais pour l’essentiel, ça se tient. Un peu trop pour que je dorme tranquille après avoir vu le premier épisode de Festning Norge, mais en un sens, c’est une bonne chose.
    Des séries qui tirent l’alerte, ce n’est pas nouveau, et d’ailleurs c’était l’une des thématiques de cette édition du festival ; mais il faut se préparer à un nombre grandissant d’entre elles. J’aimerais pouvoir dire que nous allons les regarder et en tirer des leçons, mais on ne peut pas dire que ç’ait beaucoup marché pendant les décennies télévisuelles précédentes.

    Mentiras pasajeras
     Dramédie
    Egalement connue sous son titre international de Fleeting lies, cette série permet aux frères Almodovar (Pedro et Agustín, donc) de faire équipe pour une dramédie sur les apparences. Les « mensonges passagers », ce sont les interventions cosmétiques même légères, auxquelles nous pensons n’avoir recours que temporairement, parce que jamais au grand jamais nous ne tromperions le monde durablement. Sauf qu’évidemment chaque procédure conduit à une autre, et chaque mensonge conduit à un autre, si bien qu’au final c’est la vérité qui a été passagère. En mettant en parallèle les mensonges de la beauté et les mensonges du succès, Mentiras pasajeras met en place une intrigue qui pour l’instant n’a rien d’innovant, mais qui a trouvé un angle à la fois très en prise avec les mentalités modernes, et en même temps un peu absurde (je ne suis pas une experte, loin de là, en Almodovar, mais apparemment ça fait partie de la marque de fabrique).
    Dans ce premier épisode haut en couleurs et particulièrement rythmé, Lucía, une exécutive haut placée dans une compagnie spécialisée dans les produits et appareils de cosmétique, pense avoir tout réussi dans la vie ! Elle est sur le point de se marier à l’homme qu’elle aime, Basilio ; elle s’entend à merveille avec les deux fils de celui-ci, issus d’un premier mariage ; elle commence les démarches pour une fertilisation in vitro ; et puis, surtout, quand commence la série, elle s’attend à recevoir une promotion mirobolante. D’ailleurs elle a même incité Basilio à quitter son job dans une émission de télé qu’il déteste, pour qu’il puisse se consacrer à l’écriture de son roman. La vie luxueuse qu’elle mène est donc à son apogée… et le problème quand on a atteint les cimes, c’est que plus dure est la chute ! Quand ses patrons l’accusent d’espionnage industriel, Lucía se retrouve virée comme une malpropre. Comme elle a dépensé tout son budget mariage (convaincue qu’elle était d’obtenir une promotion) dans une superbe voiture de luxe, et qu’évidemment elle est grillée dans toute la profession, forcément les cordons de la bourse commencent à se serrer autour de sa gorge. La voilà qui a donc besoin d’un plan B en cachette de ses proches… Vous le voyez, ce n’est pas l’intrigue du siècle, mais quand on a du style et de l’énergie, on n’a pas besoin d’être à la pointe de l’originalité. Mentiras pasajeras s’est trouvé un sujet et un propos qui fonctionnent, en particulier de concert, et c’est franchement tout ce qu’on pouvait en espérer.

    Milky Way
     Teen drama
    Née dans un petit village et n’ayant jamais rien connu d’autre, Maria rêve de stars et d’étoiles, bref, d’ailleurs. Un ailleurs qui est sûrement plus hors de portée qu’elle ne l’imagine, et ce n’est pas peu dire, alors qu’elle a misé son futur sur une hypothétique carrière dans la danse… Sauf que ça, quand on est adolescente, on ne le voit pas. On ne veut même pas l’envisager. Milky Way fait l’inventaire de la désolation qui l’entoure, et de l’espoir qui l’habite, malgré tout, de se tirer de là… jusqu’à ce qu’évidemment un paramètre nouveau, sa rencontre avec Joe, vienne tout chambouler. A moins que ce ne soient deux paramètres nouveaux ?
    Il n’y a pas un ailleurs pour tout le monde, semble-t-on vouloir dire à l’adolescente… mais Maria (et Milky Way avec elle) a une précieuse énergie que l’on n’éteint pas si facilement. Ce premier épisode dessine les premiers traits d’une jolie série sur les façons dont la vie peut se transformer en impasse, surtout dans un village où la meilleure situation imaginable est d’entrer dans la police, mais refuse de se résigner. On n’y a pas inventé grand’chose, mais c’est joliment dit.
    Accessoirement, c’est la première série grecque dans l’histoire du festival… et je ne suis même pas convaincue que dans l’histoire de l’Hexagone tout court, il y ait eu beaucoup d’autres séries grecques qui nous soient parvenues.

    Shamaim Adumim
     Drama, Historique, Guerre
    Les festivals ne manquent pas de séries revenant de près ou de loin sur le conflit israélo-palestinien (il faut dire que les diffuseurs israéliens sont toujours au taquet en matière de festivals TV). Shamaim Adumim, proposée sous son titre international de Red Skies, vient s’ajouter à la liste. Elle promet un retour en arrière de vingt ans cette fois. Mélangeant le drame à un thriller d’espionnage et de terrorisme plus générique, la série essaie de ménager la chèvre et le chou… et je ne suis pas certaine qu’elle y parvienne sur la base de ce premier épisode.
    Alors oui, ces trois amies d’enfance qui ont grandi et dont la cohésion est menacée par les événements, sur le papier ça a du potentiel. Hélas, dans les faits, l’épisode est vraiment bien plus intéressé par l’action que par l’émotion. Les dilemmes qui se profilent n’en sont pour le moment pas vraiment, qui plus est, quand on n’a donné aucune place à un point de vue autre que « c’est les terroristes palestiniens qui ont commencé », alors que pourtant la série se vante de son équipe mixte israélo-palestinienne. Je sais pas, j’ai trouvé le traitement pour le moment assez paresseux, en dépit d’interprétations solides et de production value plus que décente. Peut-être que sur la longueur les choses se décantent. 

    En-dehors de Barzakh, série indo-pakistanaise sur laquelle j’ai entendu du bien et lu quelques choses intrigantes, que je ne perds pas espoir de voir plus tard dans l’année, la moisson aura été plutôt bonne pour ce panorama international.

    A Thin Line
     Drama, Thriller
    Le dernier épisode a été mis en ligne dans son pays natal sur Paramount+ la veille de la soirée d’ouverture de Series Mania, c’est dire si c’est tout frais. Pas de chance, j’ai eu du mal à accrocher. A Thin Line voudrait nous laisser penser qu’il va être question de militantisme écologiste, et même, d’écoterrorisme. La fin justifie-t-elle les moyens ? Le premier épisode en prenait en tout cas la voie au début… sauf que voilà, ce n’est qu’une couverture.
    Très vite, les sœurs jumelles Anna et Benni vont accomplir un gros coup : s’infilter dans les locaux d’un ministère pour s’infiltrer dans l’ordinateur du ministre, et en extirper les preuves de ses malversations dans le cadre de la construction d’une autoroute là où aujourd’hui se trouve une forêt. Victoire ! Victoire ? Non, la publication des preuves n’a pas vraiment d’impact, et la loi est votée, condamnant la forêt que les deux sœurs tentent désespérément de sauver. Dans les heures qui suivent, toutefois, l’actualité s’affole, si bien qu’Anna décide d’effacer toute trace de l’existence de leur site de leaks. Hélas, trop tard pour que les autorités se lancent sur leur piste… A Thin Line dresse le portrait de sœurs fusionnelles (et suggérant un peu trop une relation incestueuse à mon goût) mais très différentes. Entre Benni, la personnalité dominante mais également imprévisible, et Anna, l’introvertie dotée des vrais talents informatiques, qui va s’en tirer ? La fin du premier épisode indique qu’en effet, pour la première fois de leur vie, les jumelles vont vivre des trajectoires différentes, ce qui laisse supposer des sorts différents, à terme. Mais pourquoi ? Hors le suspense de découvrir quelle attitude est la moins passible de conséquences, que veut dire A Thin Line ? C’est dur à déterminer étant donné que d’écologie, il est finalement très peu question, et que la série s’intéresse très peu au sujet (introduisant même, sur le tard, le personnage ambigu de la mère), et qu’on est surtout ici dans un thriller somme toute assez classique qui aurait aussi bien pu porter sur n’importe quelle autre cause. A choisir, j’aurais préféré suivre Anna et Benni à partir de leurs tous premiers leaks, avec ses convictions, ses hésitations, ses erreurs de débutantes, ses premiers succès… et ENSUITE assister à ce que nous voyons dans ce premier épisode. Pas de bol, la série que je cherche n’est pas la série qu’A Thin Line semble vouloir être.

    Apagón
    Science-fiction
    Pardon au reste de la planète, mais certains jours, j’ai envie de remercier Dieu pour l’existence de la télévision espagnole (continuez à lire, vous allez voir que ça va me passer…). Apagón est, en matière d’anticipation, une réussite ; ce premier épisode est simplement magistral, il n’y a pas d’autre mot. Tandis que nous suivons Ernesto, un cadre de la Protection civile dont le métier consiste à prévoir les catastrophes et planifier leur gestion, le ton monte exponentiellement. De mineur, un risque de tempête solaire devient inévitable, mais les paramètres sont tels qu’il est impossible de prévoir longtemps à l’avance. Si bien que le meilleur moment de savoir quand la tempête frappe, c’est d’assister, impuissant, au blackout qui en résulte, et Apagón fait un job épatant à décrire les mécanismes de ce stress avec humanité. Une humanité qui brille même une fois que tout s’est éteint, quand Ernesto décide de changer ses priorités parce que, voyez-vous, il a aussi des proches…
    Alors après, je vous l’accorde, Apagón n’est pas à recommander aux plus anxieuses parmi nous ; je m’inclus dans le lot. La tension rend l’air autour de l’écran irrespirable, tandis que progressivement l’inéluctable se produit : comme d’habitude, le monde politique n’a pas écouté les conseils notamment scientifiques les plus sages (et Apagón est d’autant plus perspicace à ce sujet que son action se déroule consciemment post-COVID) par peur de ralentir l’activité économique. En plus de cette surdité politique, les autorités n’ont même pas pu prendre toutes les mesures qu’elles auraient voulu à cause de l’imprévisibilité du phénomène solaire. Et par conséquent, la population est livrée à elle-même.
    Qu’on ne se leurre pas : ce n’est pas simplement que l’épisode de la série espagnole est stressant. C’est qu’il y a quelques semaines encore, on parlait de blackout d’énergie en France ; et que, vu l’incapacité des gouvernements à prévoir à long terme, il y a fort à parier qu’on en reparle l’hiver prochain, un peu plus sérieusement encore que cette fois-ci… Apagón frappe fort parce qu’elle frappe là où nous nous savons vulnérables, et elle nous force à l’affronter. Au moins par la fiction.

    Désobéir
     Drama, Historique
    En 1989, l’avortement légal est encore jeune dans la société québécoise : il n’est pleinement autorisé de plein droit que depuis… un an. Inutile de dire que les mentalités (en particulier au regard de l’influence du catholicisme dans le pays) n’ont pas forcément évolué. Chantale Daigle, une jeune femme qui en 1988 a rencontré Jean-Guy Tremblay et pensait faire sa vie avec lui, en fait l’expérience quand l’année suivante, elle décide de le quitter soudainement alors qu’elle est enceinte de 17 semaines. Bien-sûr, pas question de poursuivre la grossesse. Légalement, elle a le droit de le faire, d’autant que rien dans le droit n’impose de date butoir à un avortement même avancé ; elle a en outre le soutien inconditionnel de toute sa famille. Mais Jean-Guy ne l’entend pas de cette façon, et décide de faire des démarches légales pour l’arrêter. Le premier épisode de Désobéir (dont le sous-titre est Le choix de Chantale Daigle) montre comment, aidé par des hommes partageant les mêmes idées sur le contrôle des femmes que lui, il va trouver un angle d’approche : les droits du fœtus. Le jour-même de la procédure, Chantale apprend qu’une mesure temporaire a été décrétée par un juge, l’empêchant d’aller jusqu’au bout de sa démarche d’avortement. Que faire ? Prétendre n’en avoir pas eu connaissance (après tout l’injonction a été remise à son père alors qu’elle était déjà sur la route de la clinique) et tout de même y procéder ? Ou se plier à l’injonction, au risque de perdre du temps ET d’être empêchée durablement par la suite ?
    Pour le moment au moins, Désobéir n’est pas une chronique judiciaire d’un cas qui a marqué le Droit des Femmes dans son pays. C’est une histoire banale d’une jeune femme qui tombe amoureuse d’un gars qui ne la mérite pas, qui ne mérite personne, et qui ne mérite certainement pas tout le soutien qu’il reçoit dans sa démarche. L’épisode alterne les scènes en 1988 (la rencontre entre Chantale et Jean-Guy, l’évolution de leur relation…) et celles en 1989 (l’après-séparation, les démarches pour avorter…), suggérant sans s’apesantir sur elles ni même nécessairement en montrer trop les manipulations de Jean-Guy, ses mensonges, son contrôle. Désobéir sait bien que ce qui se joue dans la bataille de l’avortement, ce n’est pas le droit d’un enfant à naître, auquel Jean-Guy ne pense de toute façon pas, trop occupé qu’il est à empêcher Chantale de le quitter par tous les moyens possibles. Un peu scolaire par certains aspects, la série est parfaitement consciente de sa nécessité devant la gravité du sujet, et, je pense, ses spectatrices aussi. C’est bien tout ce qui compte dans ce type de projet : on n’est pas là pour la révolution télévisuelle, mais la révolution féministe.

    Trigger warning : tentative de viol.

    Funny Woman
    Dramédie, Historique
    J’ai beaucoup de mal à croire qu’il s’agisse d’une fiction, plutôt que d’une biographie ! Gemma Arterton donne vie à sa protagoniste comme si celle-ci avait toujours existé, ou au moins depuis les années 60, et qu’il existait des heures et des heures d’archives dont tirer de l’inspiration. Et pourtant non, Barbara Parker/Sophie Straw n’existe apparemment pas, même si le doute ne pourra plus se déloger, quoi qu’en dise google.
    Funny Woman est rythmée, gaie, mais pas aveugle aux réalités de son temps ; elle embarque ses spectatrices dans une histoire somme toute classique (une jeune femme veut réussir à la capitale), mais inspirée. L’humour de son héroïne, ses influences popculturelles, et son sens de la fierté, donnent tout son sel à cette épopée. Je me suis même surprise à regretter que cela ne soit pas le biopic Bardot, tant malgré la légèreté ambiante le personnage est capable d’exister à nos yeux, de ressentir des choses, d’exprimer des émotions qui lui sont propres et nous disent qui, réellement, elle est, même si personne ne la voit (…mais on reparle de Bardot dans un instant). Dés que je mets en ligne cet article, je peux vous dire que je vais aller faire main basse sur les épisodes restants.

    Goof Shilishi
    Drama
    Résolument une de mes découvertes préférées de ce festival, Goof Shilishi (projetée sous son titre international, A Body That Works) démarre quand le parcours de fertilité d’Ellie et Ido se transforme en voie sans issue, sans vouloir faire de jeu de mots. Leur médecin est clair : à un moment, après autant de fécondations in vitro et autant de fausses couches, il faut se rendre à l’évidence. Entre une grossesse et un enfant, il va falloir choisir, mais le couple n’aura pas les deux. Pendant ce temps, Chen, une mère divorcée qui a dû retourner vivre chez son père, son propre fils sous le bras, et gagne mal sa vie dans une hotline, réalise que l’argent qui lui permettrait de prendre un nouveau départ dans la vie pourrait bien venir d’une agence de mères porteuses. En théorie les deux parties sont faites pour s’entendre, mais cela ne se fera pas sans heurts et tiraillements : c’est cela, l’objet de Goof Shilishi, qui montre avec ce premier épisode très maîtrisé qu’elle en a, si vous me passez l’expression, dans le ventre.
    Son portrait le plus réussi est sans hésitation celui d’Ellie, une femme qui depuis 5 ans a paramétré chaque aspect de sa vie pour tomber enceinte, et qui est de toute façon d’une nature assez psycho-rigide (c’est aussi sa plus grande qualité, au passage, mais dans le contexte relationnel ça ne fait pas que des heureuses). La façon dont Goof Shilishi ambitionne explicitement de la forcer à lâcher un peu de son contrôle est extrêmement prometteuse, en particulier parce qu’on y évite les stéréotypes : ce n’est pas qu’elle soit incapable de doute ou même de flexibilité, c’est que c’est douloureux de lâcher du leste, surtout quand tant se joue. C’est pourtant bien ce qui s’annonce si une autre qu’elle doit porter son enfant. Dans une moindre mesure, le fort caractère de Chen et la douceur d’Ido ne sont pas désagréables (quoique je ne doute pas que toutes deux testeront leur limites à l’avenir), mais c’est vraiment Ellie qui est la plus frappante dans ce premier épisode mené avec vulnérabilité et authenticité.
    Entre nous soit dit, ça faisait quelques temps que je n’avais pas vu une série israélienne qui m’emballe autant. Il faudra qu’un diffuseur français se dévoue et achète la suite sans trop tarder, parce que même si les épisodes ne sont pas introuvables vu que la série a démarré le mois dernier, un human drama (ce n’est pas sale) est quand même largement plus agréable à suivre avec des sous-titres.

    Trigger warning : maltraitance de mineur.

    Händelser Vid Vatten
     Drama, Thriller
    Une histoire qui se déroule à deux époques différentes : 1973, lorsqu’une institutrice du nom d’Annie arrive dans la communauté rurale de Svartvattnet (« blackwater » en anglais, qui est aussi son titre international) avec sa fille Mia ; et 1991, quand les souvenirs remontent à la surface pour Annie. Pour ajouter à la fracture entre les deux mondes, l’intrigue démarre alors qu’en 1973, c’est le jour du solstice d’été (une journée d’une longueur exceptionnelle, donc, et baignée d’une chaleur plombante) alors que la partie de l’intrigue en 1991 se passe en grande partie la nuit et/ou en intérieur au beau milieu de l’automne. Au stade du premier épisode, toutefois, il faut admettre que l’on assiste beaucoup plus à la mise en place des faits dans les années 70, la partie se déroulant deux décennies plus tard servant surtout de cadre narratif. Cependant je ne doute pas vraiment que les conséquences de ce à quoi nous assistons soient détaillées un peu plus par la suite.
    Händelser Vid Vatten parle de meurtre et se déroule en Suède, et effectivement il y a un personnage de flic dans ce que nous voyons de 1973, mais les comparaisons avec la plupart des polars nordiques s’arrêtent là. Pour l’essentiel la série semble avoir opté pour une approche plus dramatique que policière, suivant quasi-exclusivement le point de vue d’Annie (et donc indirectement de sa fille, encore jeune à ce moment-là) ainsi que de Johan, un adolescent qui a grandi dans une ferme sous l’autorité d’un père et de demi-frères qui le méprisent et n’hésitent pas à le maltraiter. Le portrait moite et rude de Svartvattnet est réussi, bien que dans le même temps plus j’en vois sur cette bourgade moins j’ai envie d’y poser les pieds, et on partage progressivement le choc d’Annie, qui s’est transformé au fil des décennies en véritable traumatisme. Cette seule exploration a du sens, mais évidemment se met en place la question de déterminer si ce qu’a vu Annie suffit à établir la vérité quant à ce qui s’est produit, or rien n’est moins certain. Ce n’est pas forcément ce qui me captive le plus, mais au moins l’angle d’approche de ce mystère, et surtout le ton de la série, tranchent avec ce que des chaînes comme SVT envoient si souvent aux festivals.

    Trigger warning : viol, maltraitance de mineures.

    Innermost
    Drama
    Personnellement, je n’ai pas tout compris. Alors, pas à l’histoire, dont la lisibilité ne pose aucun problème : il s’agit d’une galerie de portraits de personnes vivant à Tel Aviv, avec ce qu’elles traversent. Le premier épisode se focalise sur deux protagonistes en particulier (mais les suivants apparemment en incluent d’autres), un flic en uniforme du nom de Rashi, qui intervient régulièrement sur des urgences violentes, et se retrouve en particulier à s’interroger sur la violence vis-à-vis d’enfants alors qui lui-même et sa femme n’arrivent pas à procréer (deuxième série sur les problèmes de fertilité, au passage, après Goof Shilishi et avant Romantic Getaway) ; et puis Alice, une autrice dont le premier roman, une histoire d’amour dans lequel il y a pas mal de sexe, trouve le succès juste au moment où elle est violée chez elle par un agresseur en série. Certes, les thèmes sont durs, mais dans l’ensemble c’est facile à appréhender.
    Non, ce sur quoi je bloque un peu, c’est quand je fouille au sujet de la série (faute d’avoir pu assister aux séances à Lille où c’était probablement mieux expliqué), et que j’apprends que l’idée derrière Innermost est de travailler avec des actrices non-professionnelles, afin d’obtenir de l’authenticité ; apparemment il ne leur a été donné aucun script. Donc on est dans une sorte d’improvisation, supposée être ancrée dans le réel ; une sorte de JDR filmé, en gros (dans ce cas, pourquoi le créateur et réalisateur de la série Yaron Shani est-il aussi crédité à l’écriture ?). Bon, je ne suis pas certaine de voir la plus-value dramatique, mais admettons. Parce que la série ne fait pas vraiment état de cela, hors un avertissement en début d’épisode dont la vocation est d’expliquer pourquoi certains plans sont partiellement floutés ; mais la démarche n’est en fait ni expliquée, ni vraiment exploitée. Du coup, sans en connaître la méthode, je n’ai pas vraiment l’impression que ça change grand’chose à la réception de la série : si l’on ne sait pas qu’on regarde des non-professionnelles sans script, on assiste quand même à un produit fini qui ressemble à un drama scripté. Certes intimiste, mais pas révolutionnaire vu de l’extérieur. Donc pourquoi mettre en place tout cela ?
    Une autre chose qui m’interpelle ? La présence d’Innermost à Series Mania, tout bonnement ! Le festival s’enorgueillit à raison d’accueillir en compétition des séries futures, ou au moins très récentes. Parce que, voyez-vous, l’article de Variety que je viens de lier n’en fait pas mention, mais Innermost a l’air d’être un reconditionnement de la « Love Trilogy » cinématographique de Yaron Shani, sortie entre 2018 et 2019… et d’ailleurs déjà récompensée lors de plusieurs festivals à l’époque. Dans ce trailer datant d’une projection à Odessa en 2020, je trouve par exemple plein de scènes du premier épisode, donc quid ? Vraiment, mon plus gros regret sur cette série sera de ne pas avoir assisté à la séance, pour avoir les explications sur le contexte de tous ces facteurs.

    Trigger warning : suicide et tentative de suicide.

    La Ruta
    Drama, Historique
    « Une révolution partie de rien. Contre rien. Qui n’a conduit à rien ». C’est toujours pratique quand une série fournit les éléments de sa propre critique… Dédiée à raconter l’évolution d’un mouvement de la vie nocturne à Valencia dans les années 80 et 90, La Ruta s’est choisi un sujet original… en revanche il n’est pas certain qu’elle ait trouvé une bonne façon de le traiter. Si c’est l’équivalent ibérique du Monde de Demain, c’est un peu triste pour les Espagnoles.
    Est potentiellement en cause son choix de raconter cette histoire à rebours, donc en commençant par son déclin alors qu’au milieu des années 90, la fête touche à sa fin… ou bien son choix de personnages, qui ne se distinguent pas par grand’chose pour le moment (en particulier les rôles féminins, presque totalement réduits à l’état de groupies). Il est également possible que cet effet de rebours ne fonctionne que sur la durée, c’est-à-dire qu’à la fin de la saison, en revenant en arrière dans leur jeunesse et leur innocence tout en les sachant perdues, on se sera peut-être attachées aux protagonistes. Ou encore pourrait-on accabler le fait que dans ce premier épisode, pourtant celui d’une série nommée après un courant musical autant qu’une sous-culture, il soit si peu question de musique. Difficile à dire, mais reste qu’il est un peu difficile d’accrocher à La Ruta. 

    Little Bird
     Drama, Historique
    Lentement mais sûrement, des séries abordant la dimension souvent raciste de l’adoption transraciale commencent à émerger (Colin in Black & White en était une autre). Mais c’est sur un pan historique bien précis que Little Bird apparaît non pas pour raconter la success story d’une enfant autochtone devenue une riche étudiante en droit fiancée à un futur médecin, mais plutôt pour dire combien celle qui traverse le monde désormais sous le nom d’Esther reste, pour les autres et, lentement, pour elle-même à nouveau, Bezhig, née dans une réserve First Nation. Little Bird ouvre plus grand encore les plaies déjà béantes mais souvent ignorées, incapables de se refermer dans des circonstances encore brutales de nos jours, et expose la douleur avec une délicatesse infinie. Je ne pense pas qu’une autre série avant elle ait fait de son objet principal le vol d’enfants autochtones, car c’est un vol, aussi institutionnalisé soit-il ; et elle le fait avec un terrible brio.
    Difficile ici de résister à la nostalgie fragile des souvenirs d’une vie familiale heureuse, déchirée par la police et les service sociaux. Il se prépare sûrement des flashbacks bien plus amers voire violents sur la phase suivante de l’existence de l’héroïne et ses adelphes, qui devraient rendre le visionnage de Little Bird difficile à regarder. Mais si des enfants ont dû passer par là, ce n’est pas trop demander que des adultes supportent le visionnage d’une fiction à ce sujet ! Le reste de la saison n’arrivera jamais assez vite, et, n’en doutons pas, continuera d’appuyer sur les mécanismes sociaux mais aussi individuels qui génèrent ce genre de traumatisme.

    Nordland ’99
    Thriller, Drama
    Un festival, c’est l’occasion de découvrir des séries qu’on n’aurait jamais vues autrement… ou, dans le cas de Nordland ’99, qu’on n’aurait jamais regardées. Mais bon, elle est là, je suis là, l’instinct complétiste est là, alors voilà. Honnêtement, au bout du 712e polar sur une disparition (même si certes ça nous change des meurtres), je vous avoue que ma capacité à trouver des choses à dire est plus qu’amenuisée. Mais je vais quand même faire un effort pour trouver deux-trois caractéristiques à vous rapporter.
    Là du coup ça se passe en 1999. On sait pas trop ce que ça apporte à l’affaire pour le moment. Ya une solide ambiance, c’est vrai. Quoi d’autre ? C’est… très jaune. C’est noir. C’est très jaune et noir ; après faut dire que la totalité du premier épisode se déroule de nuit. La vie dans ce petit patelin paumé est chiante, et on va dire que c’est bien retranscrit. Voilà, disons ça comme ça. Je, euh… ya des protagonistes… et puis au bout d’un moment, yen a un de moins. Ça s’inquiète, on sait pas de quoi, c’est assez diffus, à peine suggéré, Nordland ’99 ne veut rien lâcher ; et puis au bout d’un moment on sait. Mais sûrement qu’il y a plus d’une raison de s’inquiéter, en vrai, c’est juste qu’on le ressent pas. Il se dit des trucs, mais comme personne ne se parle vraiment en fait il se dit rien. Tout le monde est crevé et blasé. Surtout moi. Ah oui et puis évidemment, ya un flic.
    A ce stade je sais vraiment pas quoi vous dire de plus. La plus grande originalité de ce premier volet de Nordland ’99 c’est que ses épisodes font une demi-heure. Mais de toute façon on s’en fout parce que si une chaîne française se décide à acheter la série, ça finira en soirée de 4 heures tout pareil.

    Tengo que morir todas las noches
     Drama, Historique
    De nombreux pays de la planète ont eu « leur » série sur la communauté LGBT dans les années 80 (on se souviendra d’ailleurs que Torka Aldrig Tårar Utan Handskar avait également figuré au programme de Series Mania il y a quelques années), c’est au tour du Mexique. La série est l’adaptation d’un roman apparemment emblématique, mais comme ni vous ni moi ne lisons beaucoup de littérature mexicaine, bon. L’intrigue suit Guillermo, un jeune homme qui a grandi dans une petite ville mais décroche l’opportunité de vivre à la capitale (certes en colocation avec son frère aîné, un flic) pour y poursuivre ses études ; se destinant en effet au journalisme, et plus particulièrement au photojournalisme, Guillermo dit « Memo » sent qu’il est à l’aube de découvertes à la fois sur lui-même et sur le monde.
    Et justement j’ai aimé la façon dont Tengo que morir todas las noches présente son protagoniste comme jeune, inexpérimenté, mais pas caricaturalement naïf et ignorant. Il sait déjà, notamment, qu’il est gay, ce qui nous épargne en grande partie les soupirs et tremblements communs dans d’autres séries (et notamment dans En af drengene, discutée plus bas, où pourtant les héros ont environ le même âge). Arrivé dans la « grande ville », donc, Memo sent qu’il a des choses à découvrir, mais il est aussi suffisamment conscient de qui il est et de ce qu’il aime pour savoir refuser les expériences qui ne sont, tout simplement, pas faites pour lui. Après avoir jeté un oeil à la scène gay de la ville qui se déroule dans des lieux publics (dans les parcs, toilettes et autres cinémas où les hommes se rencontrent fugacement), il est par le plus grand des hasards introduit au club El 9. Il y tombe amoureux de l’endroit, de son univers joyeux et glam, et… du DJ, ce qui ne gâche rien.
    Tengo que morir todas las noches signe ici une mise en place maligne et touchante à la fois, avec un personnage central vraiment bien écrit et interprété, mais qui cède aussi progressivement un peu de place à toute une galerie de personnages LGBT dont on ne peut qu’espérer qu’on en appréciera autant de nuances au fil des épisodes à venir. Il ne fait pas vraiment doute que la série n’est pas juste là pour jouer des contes de fées, et en toile de fond de cet épisode d’exposition, certaines pistes sont lancées pour la suite de la série : répression policière, placard, SIDA, etc. Franchement, si ces aspects sont aussi bien menés que l’introduction de la série (et je n’ai à ce stade aucune raison d’en douter), on tient peut-être l’une des meilleures séries de l’année. Niveau séries internationales, Paramount+ a vraiment un goût sûr !

    Dans cette catégorie, c’est la série Les Randonneuses qui n’a apparemment pas été mise en ligne. C’est toujours un peu moins grave pour les séries françaises, de toute façon.

    Aspergirl
    Dramédie
    Tout n’est pas parfait dans ce premier épisode, mais on y trouve beaucoup de plus de bien que de mal, et ça me donne bon espoir pour la suite. Aspergirl est une des séries que j’aurais voulu poursuivre si j’avais eu le temps (4 épisodes au total étaient mis à disposition sur la plateforme Series Mania+, probablement à cause du format d’une demi-heure), pour lui donner l’occasion de sortir des quelques clichés dont, de toute évidence, elle est consciente. Je soupçonne que l’exposition ne soit pas son point fort (ni ce qui l’intéresse), mais que ce soit un passage obligé.
    Aspergirl s’inscrit parfaitement dans la lignée (relativement récente, depuis environ une décennie) de séries de toute la planète s’intéressant à des protagonistes dont la santé mentale et/ou le schéma cognitif sortent de la « norme », et qui pendant longtemps étaient soit négligées soit dépeintes de façon grossière à la télévision. Cette fois il s’agit de Louison, une femme divorcée qui découvre que son fils Guilhem est probablement sur le spectre autistique… et que d’ailleurs, elle aussi. La série a un joli sens du détail (notamment par son emploi intéressant de la couleur), un bon rythme, et un côté décalé mais tendre. La scène chez la psy qui formule le diagnostic initial est très jolie parce qu’elle semble déverrouiller quelque chose… c’est juste qu’on n’avait pas réellement le sentiment qu’il y avait quelque chose à déverrouiller. Quelque chose qu’Aspergirl doit encore nous dire, c’est en quoi ce diagnostic est une révélation, pour la mère ou pour le fils, qui éclaire les choses de façon positive dans la perception que Louison et/ou Guilhem ont d’elles-mêmes ; car pour le moment, entre le regard des inconnues, de sa famille, de son ex-mari, et très probablement du travailleur social introduit en fin d’épisode (et qui augure d’une intrigue rare sur le rôle des institutions dans la vie des personnes psychiatrisées), on a surtout l’impression d’en voir le négatif. Ou au moins l’intrigant, le bizarre, l’anormal ; ce qui revient un peu au même. La série n’aura pas trop du reste de sa saison pour essayer de nous faire ressentir les choses que ressent Louison plutôt que celles qu’elle fait ou comment elle est perçue. Vu son message d’ensemble, Aspergirl semble pourtant parfaitement saisir qu’il y a bien plus à dire que cela sur l’autisme, et il faudra donc se donner rendez-vous sur OCS pour découvrir comment elle le dit.

    Bardot
     Drama, Historique
    Ah, ça ! On n’accusera pas Bardot de chercher la sophistication ; au contraire, ce premier épisode m’évoque la démarche du biopic italien Moana (certes les deux actrices ont eu des carrières différentes…). On a donc ici une biographie qui commence à l’adolescence mais qui se refuse à parler de Brigitte Bardot comme d’une personne, ou même une personne en devenir, juste un sex symbol en devenir. Pour faire un bon biopic de sex symbol, il faut : des figures parentales autoritaires, une large dose de beauté niée voire réprimée (si possible par les parents), et un éveil à la sexualité sur lequel on se contentera de dire des banalités. On a précisément ces ingrédients réunis ici. Ni plus, ni moins.
    Le premier épisode, qui pourtant suit les débuts dans le cinéma de Brigitte Bardot, ne nous dit absolument pas pourquoi elle se lance dans ce milieu alors qu’elle prétend ne pas s’y destiner ; ou plutôt l’épisode nous donne le déroulement des faits, juste pas franchement le déroulement de sa pensée, les éventuelles contradictions soulevées étant aussi vite balayées. Bref, peu importe ce qu’elle pense ou ressent, on n’est pas là pour ça. De toute façon, le plus gros de l’épisode est intéressé par la relation entre elle et Roger Vadim (sans interroger la différence d’âge autrement que par le prisme de la légalité ou la réaction de ses parents, et même là ce n’est vraiment qu’une formalité). Toute forme d’intériorité est refusée à l’héroïne dont pourtant la série porte le nom, pourvu qu’elle soit amoureuse et passionnée, et qu’elle devienne la femme qui incarne tous les fantasmes. La sensualité toujours comme une nature, jamais comme un choix conscient…
    Bardot est typiquement le genre de série qui a décidé de vendre du rêve, et si on la regarde dans cette optique, tout se passe bien. Sauf que c’est un rêve recyclé, et dés qu’on cherche un peu plus loin, on n’y trouve qu’une photographie sublimée d’une jeune femme qui a fait bander une ou deux générations d’hommes (et qui ne sont probablement plus en mesure de le faire de nos jours, les pauvres). Son féminisme se limite à dire que la sensualité de la future actrice ne demandait qu’à s’exprimer ; progressivement le monde va y être exposé, et, évidemment, en être changé… Hélas c’est un peu limité pour une série qui effectivement porte sur les années 50-60, mais est écrite six à sept décennies plus tard. Un peu de recul aurait été bienvenu, mais rien à faire, on est là pour le mythe.

    Polar Park
    Policier
    Lorsque Polar Park a commencé (peut-être influencée par l’utilisation du mot « comédie » dans la description de la série sur Series Mania+), je me suis demandé s’il s’agissait une parodie des polars scandinaves, et de leurs clichés cent fois répétés (surtout à l’export… et en festivals) ces dernières années. Au fil du visionnage, beaucoup d’ingrédients s’y prêtaient, mais l’épisode ne semblait jamais vraiment opter pour le second degré, et moins encore pour l’aspect critique de la parodie, laissant pour l’essentiel place à une série policière plus classique.
    Suis-je en train de vous dire que Polar Park m’a autant déçue que Des gens bien l’an dernier ? Eh bien heureusement non, pas tout-à-fait. Alors certes, de moi-même je n’aurais jamais fait le choix de me mettre devant cette série sans sa projection au festival, parce que j’ai arrêté de regarder les séries en son genre. Cependant son visionnage n’est pas désagréable, en particulier parce que l’épisode introduit avec agilité un duo qui fonctionne bien, dans un univers plus bizarre qu’hilarant. L’écrivain de romans policiers sur le retour, incapable de finir (depuis 10 ans !) le roman dont il espère tirer la légitimité dont son ego est assoiffé, se retrouve dans un village étrange pile au moment où se produit une affaire sordide. Convaincu d’avoir de l’expertise criminelle parce qu’il a écrit des bouquins (et l’épisode confirme à plusieurs reprises que rien n’est moins sûr !), il s’immisce dans l’enquête d’un flic un peu dépassé par les événements (rares dans ce type d’endroit reculé) et surtout pas très affirmé, mais intelligent. Les scènes de crime du premier épisode sont un peu folles et dérangeantes à la fois, il y a des personnages hauts en couleur, et des gags pas trop lourds, ce qui fait qu’au final, c’est loin d’être la pire fiction du genre. C’est pas mon genre, mais ça se tient pour le moment.

    Sous Contrôle
    Politique
    C’est intéressant le ton que s’est choisi Sous Contrôle, parce que si on n’y regarde pas la politique (et notamment l’action gouvernementale) avec des lunettes roses, on n’est pas non plus complètement dans le cynisme. Les mécanismes sont pourtant classiques : on plonge une personne extérieure à la politique politicienne (ici une femme engagée dans l’humanitaire) dans le grand bain ministériel du jour au lendemain, on la voit se confronter aux réalités du milieu, puis on espère qu’elle va à la fois s’adapter, histoire de pouvoir accomplir quelque chose, et ne pas transiger sur ses principes. Plus facile à dire qu’à faire, évidemment. Rien d’original ici mais la protagoniste est bien écrite, bien interprétée, et malgré l’humour, prise au sérieux par un scénario qui n’a pas décidé par avance que tout était foutu, même si les choses sont très mal embarquées.
    Il est également fascinant de voir une série s’intéresser aux coulisses du monde politique national, mais d’y intégrer des éléments de géopolitique. Sous Contrôle a en effet décidé de suivre une ministre des Affaires étrangères (rarement sujet d’étude de beaucoup de séries politiques). Au stade du premier épisode, ce n’est pour l’instant pas la série de l’année, mais c’est une proposition qui ne manque pas d’intérêt.

    Split
    Drama, Romance
    A la lecture du mot « romance », vous savez immédiatement ce que vaudra mon avis, mais tant pis, risquons-nous. De façon assez prévisible, en effet, cet aspect m’a assez peu fascinée. La manière dont Anna, la cascadeuse, se fascine pour Eve, l’actrice, m’a paru un peu précipitée (comme si Anna avait déjà fait la paix avec ce « split » que semble pourtant promettre la série, à moins que j’ai mal compris), mais comme de toute façon la romance c’est pas ce qui m’intéresse le plus, ça me va très bien. Le gros du dilemme semble, dans la manière dont ce premier épisode est amené, plutôt porter sur la tromperie (Anna est en couple avec un homme) que sur l’attraction en elle-même ; en tout cas c’est comme ça que je le perçois tant cet épisode introductif passe de temps à montrer Anna dévorant des yeux l’objet de son affection.
    En revanche j’ai trouvé plutôt fin de choisir, de tous les contextes professionnels possibles, celui du cinéma, qui donne une opportunité à Split de parler de sujets à la fois brûlants et assez souvent tus par la fiction, en particulier française… sur son propre fonctionnement. Anna est en effet doublure, ce qui inclut des cascades mais aussi, par contrat, toute scène dans laquelle l’actrice qu’elle double ne se sentirait pas en sécurité, comme par exemple une scène d’agression sexuelle. Split aborde donc par petites touches comment on peut être actrice en 2023 (fameuse ère post-#MeToo), soit avoir plus conscience que jamais de certaines choses, exercer une profession qui elle-même peut toucher à l’intime à de multiples égards… et en même temps, évoluer dans un milieu où les mentalités n’ont pas encore complètement pris en compte certaines problématiques, notamment sur le consentement. Ces moments-là, dans le premier épisode de Split, me semblent plus originaux et intéressants que le reste, quand bien même ils sont au second plan.

    Personne ne manque à l’appel dans cette catégorie… même si c’est rarement parmi les comédies que je trouve mes plus gros coups de coeur de festival. Cette édition ne fait pas exception.

    Besoin d’Amour
     Comédie
    Au secours. Si je pense voir ce vers quoi se dirige la série (qui d’ailleurs n’en fait pas un absolu mystère), en revanche j’ai eu beaucoup de difficultés avec… eh bien, à peu près tout le reste. Je n’ai pas trouvé ça drôle, pour commencer, ce qui est toujours un peu gênant pour une « comédie » (je la soupçonne personnellement d’être plutôt une dramédie, mais on va pas encore relancer le débat), quoique pas obligatoire pourvu d’y trouver autre chose.
    Or, là, je n’ai pas vraiment accroché aux autres choses. Ni à l’univers du porno, qui pour le moment ressemble plus à prétexte, au mieux un élément de background, qu’à une véritable volonté d’utiliser ce milieu à dessein ; ni du côté du personnage principal, décrédibilisé (dés la première scène) pour être un idiot qui n’est pas attaché à grand’chose, mais qui semble être conçu pour être attachant ; ni en ce qui concerne le défilé de guests, qui disent surtout quelque chose du public visé ; ni du léger côté fake med de certains propos, peut-être accidentel. Et c’est dommage parce que cette idée du manque d’amour aurait pu être drôle et poétique… mais rien à faire, ça ne prend pas. Ce premier épisode reste à la surface des choses, y compris des émotions (la scène avec le père en est dénuée, celle qui suit légèrement meilleure), et certes, un épisode introductif a beaucoup de boulot en-dehors de ça, mais là c’est un peu vide. Donc ouais, vous pouvez le voir, j’ai eu du mal, et pas qu’un peu.

    Everyone Else Burns
     Comédie, Religion
    Les Lewis forment une famille chrétienne fondamentaliste, qui n’attend que la fin du monde pour obtenir son dû : l’éternité comme preuve de sa supériorité sur le reste de l’Humanité. En attendant il faut bien continuer à vivre parmi le commun des mortels, dans un quartier pavillonnaire, et à aller à l’église 712 fois par semaine. Du moins, quand on ne fait pas du porte à porte pour évangéliser le reste de la ville… Si Everyone Else Burns démarre comme une simple comédie s’étant choisi une cible très spécifique (et un peu facile), le premier épisode révèle bientôt quelques aspérités bienvenues, qui prouvent qu’elle prend au sérieux ses protagonistes.
    Dans ce domaine, les personnages masculins sont moins bien lotis : plus caricaturaux, ils représentent une certaine forme d’hypocrisie. Le père est par exemple assoiffé de promotion sociale au sein des rangs de son église, et le fils est tellement convaincu d’être un excellent serviteur de Dieu qu’il est odieux avec absolument tout le monde. C’est du côté des deux héroïnes principales que c’est plus intéressant : la mère inflige la religion autant qu’elle la subit (et qu’en particulier, elle subit son mari), et la fille, surtout, voudrait respecter l’éducation qu’on lui donne tout en trouvant un moyen de ne pas gâcher son propre potentiel, ce qui hélas n’est pas gagné d’avance. J’aime vraiment ce qu’Everyone Else Burns dit de la difficulté à se construire dans un milieu aussi restrictif, et c’est typiquement le genre de choses qui fait écho à certaines de mes expériences personnelles (certes non-religieuses). J’avais pas mal entendu parler de la série ces dernières semaines, c’est clairement mérité ; je remercie Series Mania de m’avoir donné l’impulsion nécessaire à la faire remonter dans ma to-watch list.

    Kald Mig Far
    Comédie
    Emil vit sa vie en essayant de toujours faire le choix le plus juste et éthique, dans le respect de l’autre et de la planète ; sauf que le sort a décidé de tester ses limites, et un beau jour il apprend que sa mère et son meilleur pote couchent ensemble. La question qui se pose est : jusqu’à quand Emil va-t-il se démener pour prendre en compte le reste du monde, et commencer à s’écouter un peu ? En tout cas, pas avant la fin du premier épisode, même si son propre corps semble lui envoyer un avertissement très clair que l’ouverture d’esprit a des limites.
    Au juste, je ne sais pas trop ce qu’essaie de nous dire Kald Mig Far. Ou alors mon fonctionnement est un peu trop similaire à celui d’Emil pour être capable de l’entendre. Parce que si la blague c’est : « vous voyez, à force d’être tolérant pour tout, vous allez vous auto-détruire », mouaif. Mais bon, ce premier épisode, qui passe le plus clair de son temps à faire de l’exposition et réserve son événement déclencheur pour la toute fin, n’a pas forcément abattu toutes les cartes de la série. Ou peut-être aussi que je n’ai pas compris son angle. Vous le savez, les règles du jeu dans ce type d’exercice (qui consistent à ne regarder que le premier épisode de chaque série proposée au visionnage, sous peine de devoir faire des sacrifices) peuvent parfois conduire à des malentendus.

    Rictus
     Comédie, Science-fiction
    Une comédie très attentive à ce que personne ne rie… Dans un futur pas si lointain mais dystopique, la bienveillance a permis à tout le monde d’accéder à une vie idéale. Dans cette société, pourtant, quelque chose a disparu : le rire. Il est remplacé, au mieux, par un rictus absurde, presque cauchemardesque.
    Bah oui parce que le rire est forcément oppressif quand on est nul en humour, et c’est donc la bataille qu’a décidé de mener Rictus : nous dire qu’à force de vouloir respecter les gens, le rire est devenu totalement interdit, sous peine de raid des forces d’intervention et de camps de rééducation. Pour obtenir cet effet, la video-surveillance s’est généralisée, la population est sur écoute en permanence par des drones qui quadrillent chaque rue, ce qui n’a l’air de gêner aucune personne « bienveillante » évidemment. On n’hésite pas non plus à torturer les enfants avec des casques infâmes (que même des orthodontistes des années 80 trouveraient choquants), si jamais ils commettent l’odieux faux-pas de rire dans une cour de récré. Voilà, Rictus a tout compris, this is the future liberals want.
    Outre son idée de départ pourrie (on sait à qui elle plaira), ses dialogues sont pénibles (mais on n’a pas besoin d’être drôle quand il suffit de blâmer quiconque ne rit pas pour sa fermeture d’esprit !), débités sans énergie (et pas juste parce que ce monde est supposément fade et vidé de toute humanité), et ses perspectives de développement peu réjouissantes. Car forcément, son héros (un surveillant qui écoute la population en quête de tout rire illégal) va se confronter au rire et, comme l’indique sa scène introductive, finir par s’esclaffer à gorge déployée à son tour. Preuve que finalement ça a du bon, et que parfois il faut se lâcher quelles que soient les conséquences. C’est une révolution à la Ricky Gervais, ça.
    Je voudrais vous dire que j’ai l’énergie de donner le bénéfice du doute à la série pour aller au-delà de ce pitch (parce que pour écrire toute une comédie traitant de l’importance de l’humour sur la base d’une seule blague, faut vraiment pas trembler des genoux), mais à quoi bon vous mentir ?

    Romantic Getaway
    Comédie
    Allison et Deacon sont le 4e couple de cette compétition à faire l’expérience de problèmes de fertilité. Employées dans la même banque d’investissement, elles ont décidé avant même que ne commence la série qu’elles allaient voler 50 000 bitcoins à leur patron, Alfie, un connard insupportable. Et à vrai dire, le plan se déroule plutôt bien ! C’est si facile que, sur un coup de tête, Deacon décide même de voler 500 000 bitcoins ! Et encore, il en a laissé sur le compte. Tout est bien qui finit bien, sauf qu’évidemment ce n’est pas la fin, mais plutôt le début des ennuis. Entre le sentiment de culpabilité (Deacon ne se distingue pas par son amour de la prise de risque), Alfie qui continue d’être un absolu connard, et Allison qui ne dit pas toute la vérité sur le pronostic de l’expert en fertilité qu’elle consulte dans une clinique hors de prix, rien n’est simple.
    …A part, peut-être, le scénario, qui ne brille pas franchement par son originalité. Ce premier épisode coche absolument toutes les cases, et ne se rend que là où il est parfaitement attendu. Les dialogues entre Deacon et Allison sont enlevés, mais ça s’arrête là : personne n’exprime ni ne fait quoi que ce soit d’imprévisible ici. C’est, au moins en partie, une question de travail d’exposition, qui par définition n’est pas le moment d’une série où les retournements de situation les plus fous se produisent, mais c’est quand même assez peu enthousiasmant en ce qui me concerne.

    Trigger warning : tentative de suicide.

    The Lovers
     Dramédie, Romance
    Janet et Seamus vivent une mauvaise journée. Lui est forcé de passer deux jours par semaine en Irlande du Nord pour le tournage de sa nouvelle émission, et vraisemblablement il n’avait aucune envie de retourner dans sa ville natale de Belfast, surtout pour se faire attaquer par des voyous. Elle est passée à deux doigts de se faire virer de son boulot de merde dans une grande surface, et a décidé de se foutre en l’air. Bon clairement il n’y a pas d’équivalence entre les deux journées, mais il n’empêche que ces deux inconnues se rencontrent exactement au moment où elles en ont le plus besoin. Dans le chaos des circonstances, Janet fait (malgré elle) de la place à Seamus, et Seamus tente quant à lui de mettre son (volumineux) ego de côté en réalisant ce qu’elle a failli faire. C’est suffisant pour que quelque chose se scelle entre elles…
    Si l’on met de côté l’aspect profondément asymétrique de l’introduction des personnages (soyons honnêtes, la pire des journées pour Seamus a l’air d’un paradis sur Terre pour Janet !), mais que rien n’empêche d’être rééquilibrée par les épisodes ultérieurs en approfondissant les personnages, l’introduction de The Lovers fonctionne diablement bien. C’est doux-amer à souhait, tout en ayant ce petit côté Starstruck qui plaira sans doute pas à mal d’amatrices du genre. Je ne me compte pas parmi elles, ayant établi que je n’ai pas la moindre affinité avec la romance, mais le potentiel est difficile à ignorer.


    Absolument toutes les séries de cette catégorie ont été mises à disposition, ce qui est un soulagement quand on sait combien ne trouveront probablement jamais une diffusion complète sous nos latitudes.

    Autodefensa
    Dramédie
    Berta et Belén sont jeunes et bourrées d’assurance, et à leur âge c’est le genre de chose qui peut suffire à mener la grande vie. Les deux jeunes vingtenaires partagent un appartement de Barcelone qui est le théâtre de leurs extravagances, les deux jeunes femmes ne s’interdisant rien…
    Autodefensa est pleine d’une énergie difficile à ignorer ; le premier épisode tourne autour d’un lendemain de fête quand les deux amies, encore sous le coup d’une gueule de bois brutale, discutent de tout et rien. Mais, en particulier, la conversation s’oriente sur Samuel, qui est venu voir Berta tout penaud pendant que Belén était sortie. Les tours et détours de la mésaventure qui va suivre nous sont relatés depuis le confort du salon bordélique des héroïnes, agrémentés de flashbacks non seulement de la conversation avec Samuel, mais aussi de la raison de sa venue, qui remonte à la fête de la veille. Penaud, le jeune homme devient alors le sujet de moqueries, quand bien même, dans le fond, les deux amies comprennent que les enjeux dépassent son ridicule.
    Le premier épisode d’Autodefensa, bien que n’étant pas ma tasse de thé (déjà que j’accrochais pas à Girls il y a 10 ans, alors c’est pas à mon grand âge que je vais me sentir concernée…), trouve un moyen de mettre en scène un « dilemme » moderne qui coche pas mal de cases en matière de représentation des problématiques du moment. Ce n’est pas franchement révolutionnaire, mais la série a au moins le mérite d’être amusante, bien menée, et saupoudrée d’un peu de nudité décomplexée histoire de bien enfoncer le clou.

     Canis Familiaris
    Comédie
    Je ne vais pas vous mentir, j’avais bien envie de découvrir cette série (que Series Mania avait gardé pour la fin). De la nostalgie pour Wilfred, peut-être. L’espoir d’un Kyou no Nekomura-san à la française, éventuellement (…enfin, raisonné, l’espoir). Canis Familiaris est un drôle d’animal, pour le moment. Son premier épisode semble tracer les contours d’une série un peu ambiguë, avec une dynamique à la Kaamelott dans laquelle le chef (ou « mâle alpha », ici) est désœuvré, à la fois par ses troupes et par sa vie qui manque de sens… mais aussi une série en quête de poésie.
    La dépression de Max est palpable et en même temps diffuse, plutôt intéressante surtout dans le contexte du quotidien d’un chien qui n’a pas les outils intellectuels pour s’interroger sur son propre ennui. Alors pour y trouver un remède, vous pensez bien… Là où je suis un peu plus dubitative, c’est sur les dynamiques de groupe. Elles sont un peu usées, dans le fond. Les autres canidées de la bande sont, pour la plupart, à peine plus intelligentes que Max (…et parfois beaucoup, beaucoup moins). Il y a un peu de rivalité avec Rocky, le caniche que personne n’aime, mais très franchement on ne le ressent pas comme une menace. On a l’impression que Canis Familiaris a une super idée centrale, parce que la série va clairement au-delà du gag « c’est des humaines dans des costumes », mais pour le moment ce premier épisode ne l’exploite pas assez.

    El Universo Conspira
     Drama, Romance
    L’univers conspire. L’univers conspire ! Que c’est joli.
    Tout est joli, de toute façon, dans ce premier épisode : une tranche de vie dans l’existence de Bruno. Le jour de Pride est arrivé et il n’a pas vraiment l’intention d’y aller, mais plutôt de partir allumer un feu sous les fesses de son pote Rodo, qui a passé la matinée à dormir et va finir par se faire virer. A partir de ce simple point de départ, El Universo Conspira décide de suivre les minutes qui suivent avec douceur, ne voulant rien bousculer. Bruno prend le bus pour aller chez Rodo, où monte bientôt une drag queen à la jolie voix, et où il va tomber par hasard sur une vieille connaissance. C’est une journée comme une autre, et spéciale à la fois ; même si à la base Bruno n’a pas l’intention d’aller à la Pride, il ne peut ignorer qu’elle se tient aujourd’hui et que ça a un sens. Et ça donne d’autant plus de sens à sa rencontre avec Nicolas, également dans le bus. Ils échangent quelques mots, d’abord polis, puis amicaux. Des impressions sur le jour qu’il fait, des réactions à la façon dont le chauffeur du bus parle à la drag queen, ce genre de choses. C’est anodin et pourtant le contact passe… si bien qu’en descendant du bus au même arrêt que Nicolas, Bruno a beaucoup moins envie d’aller voir Rodo dans l’immédiat.
    Ecoutez, c’est un épisode de 15 minutes, il ne faut pas s’attendre à une intrigue de folie. Et, c’est juste une théorie (je n’ai pas eu le temps de regarder d’autre épisode), mais je crois que d’El Universo Conspira il ne faut de toute façon pas attendre une intrigue de folie, plus largement. C’est plutôt une photographie qui donne dans le human drama (ce n’est pas sale). Et c’est peut-être la seule romance de ce festival à laquelle j’ai accroché.

    En af drengene
     Teen drama
    C’est une série qui démarre comme un questionnement de la virilité : dans un village, il est de tradition pour les adolescents (masculin volontaire) qui viennent de passer leur diplôme de faire une expédition ensemble, jalonnée de challenges qui permettent de désigner lequel d’entre eux est un homme, un vrai. Ces tests, le jeune Lau va découvrir qu’ils tournent autour d’une certaine idée de la virilité : s’orienter en forêt, gagner une épreuve de force, etc. Sauf que Lau n’est pas très grand, n’est pas très musclé, n’est même pas vraiment très sociable. Il ne se sent pas d’atomes crochus avec les autres petits mecs de son âge, comme s’il avait le sentiment de n’avoir pas compris la private joke qui les unit. Tout change, cependant, lorsqu’un inconnu faisant partie de la virile virée, Aksel, l’approche. Aksel est grand, musclé, blond, extraverti ; il est aussi nouveau dans le village, ce qui instantanément attise la curiosité. Malgré leurs différences, Aksel l’a choisi comme compagnon de voyage, et tente de se lier avec Lau.
    Mais c’est une série qui s’oriente vers une exploration de l’homosexualité, aussi. Lau est troublé par Aksel. Il est pris de sentiments mêlés lorsqu’il aperçoit par hasard, sur le portable du jeune homme, que celui-ci semble avoir (ou avoir eu ?) un petit ami… En af drengene mélange pas mal de choses et pour le moment ça se tient relativement bien. J’avoue trouver l’angle viriliste plus intéressant que la romance (mais je trouve que regarder de la peinture qui sèche est plus intéressant que de la romance, donc bon, je ne suis pas une référence), d’autant que le meilleur ami du père de Lau est là pour insister, comme incapable de voir que ça n’enchante pas le garçon, pour que Lau prenne l’initiative voire même se donne du mal pour gagner. Peut-être que Lau pressent que cette course à la virilité, il l’a déjà perdue ; peut-être qu’il s’apprête à réaliser que la virilité stéréotypique, il préfère la trouver chez d’autres plutôt qu’en lui-même ; peut-être qu’il ne comprend même pas vraiment ce que c’est que d’être un homme, tout simplement. Il y a plein de possibilités pour la suite de cette série qui peuvent être plutôt originales.

    Latecomers
     Comédie
    L’Australie n’aura pas eu beaucoup de séries au programme cette année, mais ce qu’elle n’aura pas eu en quantité, elle l’aura eu et largement en qualité. J’espère secrètement que des responsables de chez TFHein ont pris la peine de venir à Series Mania, en particulier pour assister à la projection de Latecomers… see how it’s done. Ah c’est sûr, c’est autre chose que le mou Lycée Toulouse-Lautrec, hein ? De l’humour vraiment drôle, une bonne dose de questionnements sur le sexe, et aucune infantilisation des protagonistes handicapées. Ça a du leur faire tout drôle, c’est le moins qu’on puisse dire. Et si jamais personne de chez TFHein n’a vu la série, pas même dans l’espace professionnel, je me porte volontaire pour leur envoyer les épisodes.
    Tout ça dans un épisode efficace en diable, une exposition qui ne perd pas de temps mais ne bazarde pas les détails, et une héroïne principale franchement attachante dans son sarcasme teinté de fatalisme, qui bien-sûr va être rudement mis à l’épreuve. Tant mieux ! On a instantanément envie que tout ce petit monde s’envoie en l’air autant qu’il lui plaira, même en ayant conscience de la complexité de l’affaire à certains égards. Latecomers a son franc-parler, mais elle inclut tout le monde dans la conversation, si bien que même si les questions posées ne vous concernent pas directement, il est impossible de s’en sentir exclus. VOILA, c’est ça qu’on veut.

    Nichole
     Comédie
    C’est avec des séries comme Nichole qu’on explore les limites de l’exercice consistant à ne regarder qu’un épisode de chaque série proposée. Il y a des séries, y compris des comédies, qui en moins de 10 minutes arrivent à faire des choses denses (…Latecomers y arrive bien, elle). Nichole, elle, est un peu plus longue à la détente, et ça signifie qu’il y a assez peu d’éléments, au terme de ce visionnage, pour avoir une opinion tranchée.
    La série suit donc Nichole, une jeune femme qui se voit en future star de la chanson ; mais dans le premier épisode, on ne fera pas vraiment connaissance longuement avec le personnage, car l’exposition se fait en grande partie du point de vue de Manu, son meilleur pote, et son plus grand fan. Peut-être aussi le seul.
    Nichole a clairement des rêves plein la tête, et il ne fait aucun doute que lui donner de l’attention est le genre de chose qui ne fait que valider ses ambitions… alors qu’il est difficile d’être aussi enthousiaste que Manu. La performance de la jeune femme à laquelle nous assistons dans ce premier épisode se déroule après tout sur la scène d’un petit bar (et encore, certains clients sont plus intéressés par les machines à sous dans le fond de la salle…), pendant une soirée open mic. Pas franchement le début de la célébrité, que pourtant Nichole et Manu semblent considérer comme une évidence. Il apparaît que c’est sûrement de ça dont la série veut parler, et le genre du mockumentary, dont l’essentiel de l’humour repose sur l’hypocrisie et/ou le mensonge à soi-même, semble parfait pour cela. Pour autant… il est un peu tôt pour saisir où la série veut en venir. Dans quelle mesure ce mockumentary va être un exercice plutôt d’humiliation ou plutôt d’introspection, et quel est le propos véritable derrière l’enthousiasme débordant de ses deux protagonistes centrales ? Il faudrait en voir plus. Peut-être dans une réalité où les journées font plus de 24 heures ç’aurait été possible.

    Outo kesä
    Teen drama
    Est-ce l’ennui ? Ou juste le fait d’être jeunes et pas vraiment sensées ? Probablement un peu des deux. Minna et Aino, qui se retrouvent après que la seconde ait passé les deux dernières années à traverser le monde en sac à dos, partagent le temps d’un été le petit appartement de la première, et cumulent les heures dans un job temporaire mais peu excitant. Toujours est-il que les deux jeunes femmes n’ont pas grand’chose d’intéressant à faire, et que, dans l’excitation d’une soirée, décident de s’introduire dans la maison d’inconnues. Outo kesä (proposée l’été dernier sur Yle Areena, j’espère que ça n’a donné d’idées à personne) est une série qui commence comme un thriller, mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est un teen drama.
    En un quart d’heure environ, on pourrait croire qu’il n’y a pas beaucoup de temps pour autre chose que l’exposition… sauf que Outo kesä est quand même plutôt futée, et arrive à faire passer plein de petits détails assez subtils. Sur son univers, ses personnages, ce qui les tarabuste… Les grands yeux admiratifs de Minna ne cachent par exemple pas vraiment son émerveillement à voir Aino se tenir à nouveau devant elle, en chair et en os. C’est ainsi qu’elle va se trouver emportée dans son sillage, alors qu’Aino, fortifiée par des aventures internationales (réelles ou embellies), se sent intouchable. Est-ce le cas ? Rien n’est moins sûr. Toutefois le premier épisode ne nous dévoilera pas vraiment à quel point les choses peuvent dégénérer à partir de son postulat de départ, d’autant que je n’ai pas vu le court métrage sur laquelle la série est basée.

    Trigger warning : viol.

     Pět let
     Drama
    C’est un rendez-vous comme toute future autrice rêve d’avoir : une éditrice passionnée, intéressante, et patiente. Mais alors que cet entretien prometteur devrait la réjouir, quand bien même son travail sur la cancel culture est passé au crible (et ne convainc pas tout-à-fait), Tereza n’arrive pas à s’ôter de la tête que quelques minutes plus tôt, dans la rue, elle a croisé David. Or, David n’est pas n’importe qui : le soir de sa remise de diplômes, cinq ans plus tôt, il a violé Tereza. Troublée, la jeune femme s’en ouvre à l’éditrice féministe, qui lui propose, si elle s’en sent la force, d’écrire plutôt sur ce sujet.
    C’est la règle dans la catégorie « Formats courts » (et c’est écrit dessus), les épisodes ne sont pas très longs. Faute de vraiment avoir beaucoup de substance, ou le temps de regarder les deux épisodes suivants proposés par Series Mania, j’ai trouvé un peu difficile de me forger une opinion sur Pět let (ou Five Years à l’exportation). On n’est pas vraiment aidées par l’incarnation volontairement un peu froide de son interprète principale, qui nous tient à une distance que la série semble juger nécessaire… Peut-être parce qu’elle veut jouer à « toute histoire a deux versions » par la suite, et que cette distance autorise à ne pas immédiatement prendre fait et cause pour elle ? C’est toujours un procédé qui me chagrine, et que beaucoup de fictions adoptent comme si notre société avait trop d’empathie pour les victimes de viol. Ici, en tout cas, on n’en court pas trop le risque, reste à voir comment le reste de la série développerait les choses à partir de là.

    Bilan : ma foi, on a vu pire. Certes, il y a des séries qui se sont montrées très décevantes (et d’autres qui ne pouvaient pas décevoir parce que je n’en attendais rien), mais je reconnais avoir moins de patience que dans mes jeunes années avec certaines choses. Toutefois il y a eu aussi, comme chaque année, de puissants coups de cœur, que j’espère pouvoir faire durer en voyant les épisodes suivants un jour ou l’autre. Du coup, on en reparlera en temps voulu ; dans l’intervalle je vous libère, et m’en vais chercher mes épisodes de Funny Woman.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Date pork, but marry kosher

    18 mars 2023 à 18:18 • Telephage-o-thèque •

    « If I have done my job right, you should be old enough to guilt yourself by now« .

    Quelque chose que je viens d’apprendre (parce que, je l’avoue, je n’avais jamais eu la curiosité de regarder, mais l’information était parfaitement disponible), c’est qu’en Nouvelle-Zélande, seulement 5274 personnes juives sont recensées aux dernières nouvelles. Alors, certes, la Nouvelle-Zélande, ce n’est pas le pays le plus peuplé au monde, avec ses 5 millions d’habitantes ; mais enfin, 5274 personnes qui partagent votre culture, ça ne fait pas grand monde. En particulier, ça restreint passablement les possibilités lorsqu’on est célibataire, comme le constate Louisa (dite Lulu), une jeune néo-zélandaise juive qui a atteint 29 ans, l’âge de se poser un certain nombre de questions sur son avenir.
    Elle est l’héroïne de Kid Sister, lancée en 2022 sur TVNZ+ (la plateforme de streaming de la télévision publique), et l’une des manifestations de la volonté de financement croissante de projets de séries créées par et pour certaines minorités ethniques ou religieuses du pays. Il faudra par exemple garder un oeil sur Miles From Nowhere, une comédie sur un musicien musulman qui devrait arriver prochainement…
    Pour le moment, place à Lulu.

    Lulu ressemble à beaucoup de protagonistes de séries similaires : elle approche la trentaine, mais insiste pour se comporter comme si elle sortait à peine de l’adolescence. Quand commence la série, elle revient à peine des USA, où ses parents l’avaient envoyée en espérant qu’elle prenne un peu de plomb dans la cervelle et/ou qu’elle rencontre un futur mari potentiel. Idéalement les deux. Malheureusement, aussitôt revenue en Nouvelle-Zélande, elle a repris sa vie exactement là où elle l’avait laissée, notamment en fréquentant secrètement Ollie, un type avec lequel elle a une relation pas très sérieuse on/off depuis des années, et continuant de vivre sa petite vie (assez oisive) sans penser au lendemain.
    Il faudra bien penser au lendemain, toutefois. Ne serait-ce que parce que tout le reste de sa famille ne pense qu’à ça, le lendemain. Ses parents ont notamment pour obsession d’avoir des petits-enfants… et vu que son frère aîné Leo a du mal à concevoir avec son épouse Bec, forcément les regards se tournent vers Lulu. Quand va-t-elle se trouver un homme juif respectable à épouser, pour avoir un enfant à son tour ?

    Le conflit majeur de Kid Sister, c’est justement l’idée que Lulu ne peut pas vraiment envisager quoi que ce soit d’autre, hors un homme juif. L’espoir était d’ailleurs qu’elle en rencontre un pendant son séjour étasunien, où il y a bien plus que cinq mille juifs… Le poids des traditions, et de traditions aisément menacées qui plus est, pèse sur les choix présents, et sa famille ne perd jamais une occasion de lui rappeler que c’est ce que tous ses ancêtres ont fait depuis des générations. Lulu… bon, déjà, le peer pressure, elle n’y réagit pas très bien. Mais en plus elle se sent limitée par le peu de célibataires juifs dans son entourage (il y a Mickey Gold, et la liste s’arrête à peu près là…). Il y a, comme on dit, des « options » : trouver quelqu’un à épouser qui vienne de l’étranger (c’est ce que Leo a fait avec Bec), ou trouver localement un goy qui veuille bien se convertir, mais c’est beaucoup demander surtout pour un résultat dont Lulu n’est pas franchement convaincue. Si elle pouvait, elle continuerait à ne prendre aucune décision pour le reste de sa vie, et ce serait parfait.
    Manque de chance, une décision va devoir être prise quand elle découvre être enceinte d’Ollie.

    Kid Sister est pleine de charme et d’énergie (sa créatrice et actrice principale a également écrit l’épisode The Art of Fuckery de la première saison d’Our Flag Means Death, pour vous situer). Elle plante le décor d’une famille envahissante, mais attachante, avec des rapports parfois houleux mais jamais totalement négatifs. Elle parsème sa courte saison de 5 épisodes à peine de rites qui forcent cette famille à passer du temps ensemble, mais aussi démontrent combien la religion, la culture et la famille s’entremêlent de façon complexe. Elle suit le mouvement de balancier de Lulu, qui ne cesse d’hésiter quant aux choix qu’elle doit faire, tiraillée entre ce qu’elle voudrait, ce qui lui passe par la tête à un instant T, et ce que le reste de sa famille voudrait. Elle parvient même à donner de la consistence à des personnages que l’on pensait parfaitement secondaires, comme Bec ou Ollie.
    ‘est une petite dramédie vraiment adorable, et plutôt feelgood. Le seul reproche que j’aurais à lui adresser est surtout le problème que j’ai avec sa voix-off, bien moins inspirée que les dialogues. En fait, non, je lui reprocherais aussi sa brièveté, si je ne savais pas que d’ores et déjà une deuxième saison est en préparation !
    Si vous avez aimé d’autres séries sur des héroïnes un peu perdues (et d’ailleurs Kid Sister y fait parfois référence directement !), cette saison dure à peine deux heures et va vous enchanter. Par contre attention, vous voudrez sûrement voir la suivante.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
  • Historique effacé

    17 mars 2023 à 22:21 • Dorama Chick •

    – Elle a l’air heureuse…
    – Oui, tu avais toujours l’air heureuse.

    Trigger warning : tentative de suicide ?

    Si du jour au lendemain, vous perdiez la mémoire… comment sauriez-vous qui vous êtes ? Mais attention, pas question de reconstituer votre personnalité à partir de ce que vous disent vos proches : ce sont forcément des points de vue partiels sur qui vous êtes. Pour beaucoup d’entre nous au 21e siècle, la solution semble plutôt évidente : se baser sur les montagnes de données que nous postons, jour après jour, sur les réseaux sociaux. Ce que l’on montre nous-mêmes à propos de notre quotidien, apparaît, à première vue, être un aperçu assez simple d’accès.
    Dans # who am I (espaces inclus), la nouvelle série de Fuji TV lancée un peu plus tôt ce mois-ci, une jeune étudiante du nom d’Akane se retrouve dans une chambre d’hôpital avec un trouble de la mémoire. Son premier réflexe est de consulter Instagram et essayer de comprendre qui est l’inconnue sur ses propres photos.

    Petit thriller high concept tourné vite fait mais avec de bonnes idées, # who am I s’est trouvé une excellente occasion de discuter à la fois d’identité et de réseaux sociaux avec son intrigue. La série s’ouvre alors qu’Akane est, décontenancée, en train de regarder son propre compte Instagram, et ne s’y reconnaît pas ; c’est comme regarder une étrangère qui vit des instants à la fois anodins et soudainement tellement significatifs. Scrutant l’écran, elle reconnaît, parfois, les visages des personnes qui l’accompagnent dans ses posts, et qui sont là, aujourd’hui, dans sa chambre d’hôpital. Ces mêmes visages sont inquiets, voire peinés : Akane n’est plus elle-même. Et on ne sait même pas comment ça s’est produit.
    Dans la chambre d’hôpital, il y a aussi un enquêteur de la police. C’est la routine. On a retrouvé la jeune femme inconsciente aux pieds des escaliers abrupts d’un parc, la veille au soir. C’est sa meilleure amie Yua qui l’a trouvée, parait-il, mais Akane ne reconnaît pas la jeune femme hésitante qui se présente devant elle. Le flic pense qu’Akane a tenté de se suicider, d’après ce que sa sœur aurait entendu ; mais Akane ne reconnaît pas sa sœur non plus. Elle aurait même posté un message d’adieu sur les réseaux sociaux. Personne n’y croit, ou personne ne veut y croire. Les souvenirs flous qu’elle a de sa chute contredisent-ils cette version, ou ne sont-ils même pas des souvenirs ?

    # who am I utilise son (court, très court, pour une série japonaise : 22 minutes) premier épisode pour mettre en place les pièces du puzzle. Akane pense qu’on l’a poussée ; la police pense qu’elle a tenté de mettre fin à ses jours. Ne sachant qui croire (ne sachant même pas qui est qui !), Akane ne peut pas vraiment se fier à ce qu’on lui dit. Ni sur les événements, ni sur qui elle est… Et donc forcément, cela a encore plus de sens qu’elle se lance dans une exploration de son historique de publications pour comprendre. Akane était-elle le genre de personne qui pense au suicide ? Elle a l’air heureuse, mais…
    …Mais, évidemment, les réseaux sociaux ne sont que les réseaux sociaux. Nous sommes nos propres curatrices de contenus, et ce que l’on poste n’est jamais tout ce que l’on est.

    Surtout qu’Akane découvre bientôt qu’elle n’était pas n’importe quelle utilisatrice : elle commençait à se faire connaître comme influenceuse, ayant déjà eu quelques partenariats avec des marques de cosmétiques, et organisant des collaborations avec des influenceuses populaires, Kanna et Mayu. Alors oui, elle semblait heureuse… mais peut-être parce que le bonheur vend des produits de beauté.
    Avec l’aide de son amie Yua, Akane va donc se lancer dans une enquête qui porte avant tout sur elle-même. Comprendre qui est Akane permettra de comprendre (ou en tout cas c’est ce qu’elle espère) ce qui s’est passé, ce soir-là, dans le parc. A-t-elle voulu mettre fin à ses jours, comme certaines preuves l’indiquent ? Ou a-t-elle été poussée, et dans ce cas-là non seulement par qui, mais pourquoi ? Dés ce premier épisode, # who am I annonce la couleur : il se peut que la réponse soit inconfortable. Une de ses interlocutrices lui dira même : « vous avez de la chance de ne pas vous souvenir de ce que vous avez fait »… Parfois, il vaut mieux ne pas savoir qui l’on est vraiment.

    # who am I est vraiment une idée intéressante. Sur la forme également, elle ne manque pas de mérite. Ce premier épisode tire pleinement partie de son format court, pour faire se succéder des scènes assez rapides, employant (presque exclusivement) la chambre d’hôpital d’Akane comme décor. Le lieu de sa convalescence se transforme alors en une salle d’interrogatoire où les visiteuses se succèdent pour témoigner de qui la protagoniste est à leurs yeux… et, bien-sûr, de ce qu’elles savent des événements ayant précédé sa chute. La fin de l’épisode va cependant sortir Akane de là, pour rentrer chez elle, ce qui implique que la série ne se joue pas uniquement dans ce huis clos particulier ; j’aurais pourtant aimé que ce soit le cas, avec les B-rolls conçues pour retracer les pas d’Akane sur les réseaux sociaux comme seule option pour voir le monde « dehors ». Ce qui ne veut pas dire que les épisodes suivants ne peuvent rien faire d’intéressant, mais c’était un côté encore plus high concept qui aurait eu du mérite.
    Il ne fait aucun doute que # who am I n’a pas de budget pour grand’chose et/ou que la production était pressée par le temps (…encore plus que la moyenne). Ou qu’elle a tout claqué dans les nombreuses, très nombreuses prises de vues qui constituent les comptes Instagram des différentes protagonistes impliquées. Depuis tout-à-l’heure je vous dis Instagram, mais c’est évidemment une plateforme similaire sans nom qui apparaît à l’écran ; d’ailleurs, les url montrées dans la série n’existent pas, je le sais parce que je les teste toujours, les séries japonaises adorent ce genre de trucs d’ordinaire. Cela me donne à penser que # who am I pourrait aisément être le genre de série qui s’adapte au-delà de ses frontières : un format comme ça, on peut en tirer des variations quasi-infinies, certaines plus conceptuelles, d’autres plus dramatiques, et ainsi de suite. Sans parler du potentiel anthologique de possibles saisons ultérieures….
    En l’état, hélas, # who am I ne sera pas forcément super populaire (il semblerait qu’elle ne compte pas beaucoup d’épisodes, en plus, même si sa diffusion est toujours en cours et qu’avec la télé japonaise la prudence n’est pas une mauvaise idée) au sens où il lui sera difficile de faire parler d’elle comme d’un phénomène. Reste que ses qualités sont appréciables, surtout sur un sujet comme celui-là, et que si vous avez une petite minute, je vous la recommande.

    Boostez cet article sur Mastodon !

    Lire la suite »
« 1 … 15 16 17 18 19 … 684 »

Fun facts

  • Fun fact final du dimanche 23 septembre 2018 - 2018-09-23

  • Fun fact du samedi 22 septembre 2018 - 2018-09-22

  • Fun fact du vendredi 21 septembre 2018 - 2018-09-21

  • Fun fact du jeudi 20 septembre 2018 - 2018-09-20

  • Fun fact du mercredi 19 septembre 2018 - 2018-09-19

  • Fun fact du mardi 18 septembre 2018 - 2018-09-18

  • Emmy fun fact du lundi 17 septembre 2018 - 2018-09-17

  • Emmy fun fact du dimanche 16 septembre 2018 - 2018-09-16

  • Emmy fun fact du samedi 15 septembre 2018 - 2018-09-15

  • Emmy fun fact du vendredi 14 septembre 2018 - 2018-09-14

  • Emmy fun fact du jeudi 13 septembre 2018 - 2018-09-13

  • Emmy fun fact du mercredi 12 septembre 2018 - 2018-09-12

  • Emmy fun fact du mardi 11 septembre 2018 - 2018-09-11

  • Emmy fun fact du lundi 10 septembre 2018 - 2018-09-10

  • Fun fact du dimanche 9 septembre 2018 - 2018-09-09

  • Fun fact du samedi 8 septembre 2018 - 2018-09-08

  • Fun fact du vendredi 7 septembre 2018 - 2018-09-07

  • Fun fact du jeudi 6 septembre 2018 - 2018-09-06

Voir plus d'articles +

ladytherapy

  • 4 juillet 2018 à 2:04 • par ladyteruki •

    Silence

    Peut-être avez-vous remarqué que mon compte Twitter a été désactivé pendant la nuit. Cela vous a peut-être alarmé,...

  • 24 octobre 2016 à 23:02 • par ladyteruki •

    Say you’ll be there

    Maltraitée lorsqu’elle était jeune, frappée plusieurs fois par la maladie, anxieuse au point de se faire du mal…...

  • 16 mai 2016 à 14:17 • par ladyteruki •

    The flesh-eating monster

    En janvier dernier, ma généraliste n’était pas disponible ; je suis donc allée voir sa collègue, dans le bureau...

Voir plus d'articles +

Dirty Sexy Money

Kofi-Banner-650 Plus de 6800 articles publiés, plus de 9500 séries abordées, plus de 120 pays différents explorés, et 17 ans de bons et loyaux services... si vous aimez ce que vous lisez, pourquoi ne pas envisager un petit don ? Surtout que ladyteruki.com est une expérience libre de toute publicité.

Note : ladyteruki.com emploie depuis 2021 le féminin générique.

Episodes précédents

  • Fais DODO-M THOM…
  • Les 58 coups de minuit
  • Something to $ell : ces publicitaires qui ont créé des séries
  • Intemporelle amitié
  • Dead on arrival

Suivez-moi

Retrouvez-moi sur Mastodon.

Écrans d’Asie

PaypalButton-300 Le répertoire Écrans d'Asie recense toutes les reviews de séries et films asiatiques francophones, courez-y !

Articles par jour

juillet 2025
L M M J V S D
 123456
78910111213
14151617181920
21222324252627
28293031  
« Juin    

Articles par mois

Tags les plus populaires

Oz Pushing Daisies [Année] 2012 [Année] 2015 [Année] 2016 [Année] 2021 [Pays] Afrique du Sud [Pays] Allemagne [Pays] Australie [Pays] Brésil [Pays] Canada [Pays] Canada (Québec) [Pays] Corée du Sud [Pays] Danemark [Pays] Espagne [Pays] France [Pays] Japon [Pays] Norvège [Pays] Royaume-Uni [Pays] Suède [Pays] USA [Various] Review - Pilote [Various] Review - Saison [Various] Review - Série complète [Various] Tivistory
Accéder à tous les tags

Tell me a Tivistory…

Tivistory-300 Les séries du monde entier piquent votre curiosité ? Tant mieux, à moi aussi ! Alors rendez-vous dans le tag Tivistory. Où je vous donne plein de dates, et de repères, et de titres de vieilles séries... pour vous expliquer, en substance, que la télévision a toujours été passionnante, partout.

Dirty Sexy Money

Kofi-Banner-650 Plus de 6800 articles publiés, plus de 9500 séries abordées, plus de 120 pays différents explorés, et 17 ans de bons et loyaux services... si vous aimez ce que vous lisez, pourquoi ne pas envisager un petit don ? Surtout que ladyteruki.com est une expérience libre de toute publicité.

Retrouvez-moi aussi sur Mastodon.


Pour en savoir plus sur ce site et les univers à découvrir, rendez-vous sur la page
A propos !

Bienvenue sur ladyteruki.com ! …Mais qu’est-ce que c’est ?

Depuis 2004, j’écris sur la télévision, la musique notamment asiatique, les coulisses des cabinets ministériels, l'actualité, et mille autres choses encore. Désormais tous mes articles sont disponibles sur un seul site.

A vous de voir dans quel univers vous voulez entrer, il vous suffit de choisir le thème qui vous intéresse ! Le plus alimenté et fréquenté est ladytelephagy, dédié à la télévision du monde entier, son histoire et ses découvertes...

ladyteruki © 2025

Design Alex Arzuman | Site développé par Florian Perrier