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  • Deo non fortuna

    3 décembre 2022 à 23:47 • Review vers le futur •

    Il a fallu que je me frotte les yeux plusieurs fois avant d’accepter ce que je venais de lire, après que j’ai découvert le synopsis d’Irreverent, une série australienne qui vient de démarrer sur Netflix (sauf aux USA où c’est Peacock qui a décroché les droits). Pour mieux comprendre mon incrédulité, le mieux est encore que je vous le retranscrive ici.
    Truand de petite envergure travaillant pour un parrain de la mafia à Chicago, Paulo Keegan se retrouve, à son insu, dans une situation embarrassante lorsqu’il tue accidentellement le fils aîné de son patron, tout en étant, là encore accidentellement, en possession de plus d’un million de son argent. Inutile de réfléchir longtemps : il sait qu’il lui faut impérativement se barrer aussi vite et aussi loin que possible. Sautant dans le premier avion venu, le voilà en route pour la côte ouest de l’Australie ! Sur le siège d’à côté, il fait la rencontre du révérend Mackenzie Boyd, lequel entame la conversation ; en dépit des tentatives de Paulo pour l’éviter, l’homme d’Eglise se retrouve dans le même hôtel après le vol, et n’en finit plus de lui déballer ses déboires. Il faut dire que juste avant de quitter Chicago, sa femme l’a plaqué, et qu’il s’apprête à devoir partir de zéro à Clump, une petite bourgade isolée d’Australie où du coup, il ne connaît personne. Plongé dans sa crise existentielle, qui se double d’une crise de foi, Mackenzie est collant, et Paulo n’arrive pas à s’en débarrasser. Sauf que voilà : après s’être évanoui dans sa chambre d’hôtel, il réalise que le religieux s’est évaporé… avec un peu plus d’un million. Paulo n’a donc d’autre choix que de faire route pour Clump, endosser littéralement l’habit du révérend, et se faire passer pour lui en attendant de réussir à mettre la main sur le pieux voleur. Problème : Clump est une petite ville pleine de problèmes (dont l’un, non des moindres, étant que ses révérends ont tendance à mourir !), et pire encore, il s’attire immédiatement l’inimitié de la policière de la ville, qui va résolument garder un oeil sur son matricule.

    Si vous n’avez pas encore accroché les wagons, alors permettez que je sois claire : il y a quelques mois à peine, je vous parlais de l’incroyable coïncidence qui avait poussé deux séries, l’étasunienne Impastor et l’allemande Sankt Maik, à partager de façon suspecte leur synopsis. Bah là, c’est presque exactement le même. Si j’étais de mauvaise foi (et, grand Dieu, vous savez combien ce n’est pas mon style !), j’irais jusqu’à dire qu’il n’y a bien que le décor qui change. Mais bon, au moins ça me fait faire du tourisme.

    C’est être un peu cruelle avec Irreverankt Maik, évidemment. Pardon, Irreverent. La série n’est pas dénuée d’idées pour se démarquer des deux autres, la principale mais loin d’être anecdotique étant qu’elle se refuse à tuer le personnage de l’ecclésiaste !
    Dans un twist ultime, celui-ci reste non seulement en vie, mais devient carrément un antagoniste. Même pas parce qu’il connaîtrait le secret de notre héros, d’ailleurs (il est en fait ravi de l’échange, vu qu’il l’a lui-même initié), mais parce qu’il force la main de Paulo pour rester à Clump, tout en profitant de son argent. Enfin, « son » argent, parce que la mafia de Chicago est quand même après lui, elle aussi. Ce renversement des dynamiques employées par les autres séries permet d’espérer qu’on n’aura pas ici une complète redite.

    Toutefois, il y a des passages obligés par lesquels Irreverent est bien forcée de passer quand même. Paulo doit se faire passer pour un religieux, et, naturellement, la série a décidé qu’il n’était pas croyant. C’est un choix également fait par les deux autres. Sauf que… je ne sais pas si je comprends la logique : supposément, Paulo vient d’un milieu italo-américain qui est plutôt réputé pour être croyant. Même si lui-même ne croit pas en Dieu, il a forcément quelques notions de ce qui est attendu ou non de la part d’un homme d’Eglise. Peut-être que la série a l’intention d’en jouer plus tard, mais le voir paniquer alors qu’il est supposé être super compétent (il se présente dans sa scène d’introduction comme un excellent négociateur, plus tard dans l’épisode son patron lui-même reconnaît sans mal qu’il est très capable…) sans avoir la moindre intuition de ce qu’il faut faire pour maintenir un minimum de plausibilité (alors que culturellement parlant ça ne fait pas vraiment sens vu sa backstory), ça désarçonne un peu.

    Dans le fond, Irreverent n’a pas vraiment l’air d’avoir décidé de qui son personnage était, juste de la situation dans laquelle il allait être placé.
    L’essentiel c’est que cela permet toutes sortes de quiproquos, et c’est ça le fond de commerce de ces séries. D’autant qu’Irrevestor… pardon, Irreverent, a vraiment choisi la légèreté comme ton dominant. La situation pourrait être tragique (d’autant que Paulo se trimbale aussi à l’autre bout de la planète avec une blessure par balles rafistolée en urgence par son seul ami), mais la série a fait le choix d’insister amplement sur l’absurde autant que possible. De ce côté-là, on a, en fait, déjà vu Clump dans de multiples séries basées sur le trope « fish out of water » ; ce n’est pas ce genre de série qui manque comme exemple, de Northern Exposure à Doc Martin, en passant par Lilyhammer, mais j’ai en particulier envie de mentionner 800 Words parce que, pour le coup, les deux bourgades m’apparaissent comme très similaires. Je vois à mes tags que je n’ai jamais écrit sur Northern Exposure, il faudra rectifier ça à l’avenir… mais je m’égare.
    On a bien du mal, d’ailleurs, à se lier à cette petite ville loufoque. Car elle l’est, sans aucun doute possible, mais ses personnages peinent à se détacher de la masse. Au mieux, certaines des habitantes ont l’occasion de trois ou quatre répliques qui permet de les caricaturer (comme Peter, par exemple, une version australienne de Taylor Doose dans Gilmore Girls), mais pour l’essentiel ce premier épisode n’a ni le temps, ni franchement l’envie, de raconter qui est tout ce petit monde. Les gens de Clump sont définis avant tout par Clump. Espérons que les épisodes ultérieurs trouvent le moyen de faire un peu mieux.

    Et pourtant, si elle le veut, même dans sa frivolité et ses clichés, Irreverent a un peu de potentiel pour faire quelque chose de décent de son propos de départ. Non seulement à cause de notre cureton en cavale, mais aussi parce qu’à un moment, Paulo, complètement malgré lui, prouve qu’il a l’étoffe pour porter l’habit.
    C’est précisément pendant une discussion au bar de l’hôtel qu’apparaît la révélation que, même quand il essaie de se débarrasser de quelqu’un de chiant plutôt que de l’aider, Paulo peut avoir une influence profonde sur la vie intérieure comme les actions d’autrui. Vers la fin de l’épisode, Mackenzie a d’ailleurs une épiphanie : peut-être que cet échange forcé d’identité peut avoir du bon pour les deux hommes, et que Paulo a, en réalité, la vocation pour aider les autres. Même s’il n’en a pas envie. Si Irreverent fait quelque chose de cet axe, au lieu de se laisser dépasser par la frénésie de ses autres intrigues (la cavale du révérend, la course-poursuite engagée par la mafia depuis Chicago, et, vraisemblablement, le jeu du chat et de la souris avec la fliquette de Clump), elle pourrait bien se révéler avoir… une âme.


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  • La noia

    2 décembre 2022 à 23:45 • Telephage-o-thèque •

    Décembre est traditionnellement le mois pendant lequel j’essaie de purger un peu mes brouillons de l’année écoulée, tentant de finir des reviews qui, si elles ne sont pas publiées cette année, ne le seront probablement jamais. Il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles ce genre de choses arrive, mais cette année vient s’en ajouter une autre : mon incapacité totale à aligner deux mots de façon semi-compréhensible pendant plusieurs mois. Inutile de dire qu’il y a pas mal de reviews qui sont vouées à n’être jamais achevées dans pareilles circonstances. Enfin, bon, si en plus je me rajoute une pression complétiste, on va jamais y arriver !
    La série italienne Fedeltà, lancée par Netflix au début de l’année, passe ce soir dans le camps des exhumées de la dernière heure. Et pourtant, je ne l’ai pas aimé, ce pilote. Alors pourquoi insister pour finir ma review ?
    Précisément parce que je ne l’ai pas aimé.

    Par ces temps de mémoire courte contagieuse, rappelons de quoi il est question dans Fedeltà : Margherita et Carlo forment un couple milanais moderne, et heureux. Enfin suffisamment heureux, quoi. La preuve, elles font du sexe dés les premières minutes de l’épisode. Si c’est pas une preuve, ça. Tout semble bien aller dans leur vie, excepté leur appartement actuel qui commence à être trop étroit pour leurs ambitions de vie à deux. Margherita, qui est agente immobilière, tombe complètement amoureuse d’un appartement dont elle est chargée, mais il est totalement hors de prix. Quant à Carlo, entre les cours d’écriture qu’il donne à la fac et le bouquin qu’il tente péniblement d’écrire lui-même, il a un peu l’impression de faire du sur-place (…vous serez surprises d’apprendre que Fedeltà est l’adaptation d’un roman écrit par l’auteur Marco Missiroli, et qu’il y a probablement un gros volet autobiographique là-dedans). C’est ça, leur genre de problème… du moins pour le moment.
    Car la réalité c’est que derrière le sexe et les projets à deux, chacune rencontre des tentations. Des tentations qui apportent du piquant à une existence qui n’est pas déplaisante… mais qui n’est pas non plus dénuée de frustrations. Le début de l’ennui, quoi. Voilà une recette parfaite pour un fiasco, même si évidemment, ce n’est pas parce que la tentation se présente qu’on y cède nécessairement.
    Alors l’une d’entre elles va-t-elle céder et tout foutre par terre ? Qui va créer de vrais problèmes, et de quel ordre ? Et sera-t-il possible de les résoudre ensemble ?

    C’est la question que ce premier épisode de Fedeltà semble vouloir poser, et très franchement… rien à péter. Carlo et Margherita peuvent faire imploser leur « couple » si ça leur chante, ça ne m’intéresse pas le moindre du monde.
    J’ai l’impression de l’avoir vu cent fois, cette histoire. Est-ce qu’il n’y a pas 712 films par an (tous produits dans un seul et même arrondissement de Paris) sur ce même sujet ? C’est l’impression que j’en ai eu. C’est aussi sans parler du nombre de séries sur le même registre (dont, j’ai remarqué, un nombre croissant depuis deux/trois ans au Japon… c’est assez nouveau d’ailleurs).
    Et du coup, pardon hein, mais Fedeltà a eu sur moi un effet soporifique. C’est un sous-genre de la fiction dramatique qui me semble reposer sempiternellement sur les mêmes ressorts, les mêmes questionnements, et à peu près les mêmes conclusions. On sent une envie de parler de toutes sortes de choses qui se trament sous l’étiquette sage du « couple », qui rappelle la complexité des individualités qui vivent sous ce label, tout en interrogeant cette idée que le « couple » doit durer, mais est en permanence soumis à des tensions qui pourraient l’en empêcher. C’est assez transparent. Parfois ces tensions ne viennent même pas de l’extérieur. Dans le premier épisode de Fedeltà, on identifie aisément d’où pourrait venir le danger (il a l’apparence d’une belle étudiante blonde, ça aide), mais Carlo n’est pas vraiment intéressé. En revanche, on pressent qu’il serait aisé que les indices que, lui, ignore (plus ou moins volontairement) mettent Margherita sur une piste embarrassante pour leur « couple ».
    Fedeltà manufacture un drame qu’on a vu se jouer cent fois, où à la fois tout et absolument rien ne se joue, et j’ai beaucoup de mal à m’intéresser à son exercice de pensée. Et ça n’aide évidemment pas que d’une façon générale, je me désintéresse totalement (et notoirement) de tout ce qui touche de près ou de loin aux histoires de cœur.

    Alors bien-sûr, c’est un facteur aggravant que la quasi-totalité de ces fictions prenne toujours un couple de la classe moyenne (ou plus) comme sujet. Juste une fois, j’aimerais bien voir un couple qui galère à joindre les deux bouts se poser ces mêmes questions sur la durée du « couple » (…je mens, je n’ai pas réellement envie de voir une autre série sur le sujet), alors précisément que chacune joue sa survie individuelle et directe sur l’existence du « couple ». Différentes choses entrent en balance quand on a des problèmes plus gros que « oh la porte de la douche s’ouvre mal, j’aimerais un appart plus beau ». Ce ne serait pas futile de se poser la question différemment de l’importance apparemment si centrale du « couple » dans ce genre de circonstances.
    Mais ça n’intéresse pas Fedeltà, ni les 712 autres fictions en son genre, parce que c’est trop concret. Non, ce qui la passionne, c’est de se demander « et si ? » en s’imaginant explorer les abysses de l’âme humaine, comme si les tourments individuels de leurs auteurs (…masculin volontaire) étaient incroyablement profonds et universels.

    On en revient donc à ma question initiale : pourquoi finir cette review-là ? Il y en a plein d’autres qui n’auront jamais cette chance, après tout. Eh bien précisément pour ça. Parce que je suis imperméable à ce genre d’histoires, et que les rares fois où je les tente (comme au début de l’année avec le premier épisode de Fedeltà, donc), j’en reviens toujours à la conclusion que je me fais royalement chier devant… mais que c’est en très grande partie mon problème.
    Il y a PLEIN de genres télévisuels qui peuvent sembler répétitifs et prévisibles (c’est limite le propre de la classification par genre), mais ce sont des genres bien particuliers qui me font cet effet. L’allergie est profonde et me met systématiquement dans de mauvaises dispositions, peu importe mes efforts ponctuels pour essayer de donner sa chance à une fiction en particulier ou une autre. Les histoires de « couple » (à quelque stade de la relation puissent-elles se dérouler) font partie de mes bêtes noires ; ce qui me laisse penser que, quand bien même je peux difficilement changer mes goûts téléphagiques du tout au tout, il y a quand même quelque chose à interroger par là. Les genres que nous préférons en disent sûrement autant de nous que ceux que nous détestons, après tout.
    Cela aurait pu rester entre moi et moi (…comme les interrogations de Marco Missiroli, vous me direz), mais j’avais envie de voir votre réaction. D’entendre ce que vous, si vous avez vu Fedeltà, ou les 712 autres fictions équivalentes, vous en pensez. Si le sujet, ou mieux encore, son traitement ici, vous intéresse, dites-moi pourquoi. Que ce ne soient pas toujours les mêmes qui apprennent dans ces colonnes !


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  • The way we were

    1 décembre 2022 à 23:58 • 3615 My (So-Called) Life •

    Et donc, en 2022, j’ai divorcé.
    De Fran Drescher. C’est encore très frais, et je vous serais gré de respecter ma vie privée pendant cette période de transition difficile.

    Si je suis honnête avec moi-même, c’était voué à se produire. Objectivement parlant, aucune relation ne peut durer trois décennies sans que ses participantes ne changent, or Fran et moi n’avons pas évolué dans la même direction. Ce sont des choses qui arrivent, mais ça ne les rend pas moins douloureuses.
    Au moins, ça me donne l’opportunité de parler de ce qui, par définition, n’est d’ordinaire pas abordé dans ces colonnes : ce que je choisis de ne PAS regarder. Ou, oui, ok, « cancel culture » si vous préférez les raccourcis simplistes.

    Je ne me considère pas fan de beaucoup de monde.
    Pendant longtemps, j’ai remarqué que je préférais apprécier le travail d’une personne célèbre plutôt que la personne elle-même, en grande partie parce que, bah pour être honnête, je ne savais pas grand’chose de ces gens et que ça ne m’intéressait pas beaucoup d’en savoir plus. Plus ça allait, plus ça me semblait plus réaliste de poursuivre sur cette voie, étant donné que c’était généralement du résultat de ce travail dont je tombais amoureuse en premier lieu, de toute façon. Et puis ça permet de ne pas me sentir captive de mon admiration : même si je rouspète parfois parce que de bonnes actrices rejoignent des séries qui ne m’intéressent pas du tout, et que, bon, voilà maintenant qu’il va falloir s’y mettre… en réalité je ne suis jamais quelqu’un absolument partout. Si une personnalité se pique de mener sa carrière là où je n’ai aucune envie d’aller, c’est très simple pour moi de prendre le recul nécessaire pour ne pas suivre.
    Par exemple j’ai regardé un grand nombre de séries de David E. Kelley (toutes ses séries légales, plus quelques autres) mais de lui, je sais assez peu. Et ça ne m’a jamais dérangée, même pas quand ça aurait peut-être dû, par exemple dans des analyses sur ses obsessions ou préoccupations métaphysiques filées sur plusieurs oeuvres. Mais c’est aussi ce qui m’a permis plus facilement, arrivée à un certain moment de sa carrière où il a pris ses distances avec le genre juridique, de complètement le lâcher sans regret. Limite on se reverra quand on se reverra.

    Ce genre de position a été d’autant plus facile à tenir quand mes opinions politiques ont commencé à s’en mêler, depuis, disons, environ une décennie. J’ai voulu que ma consommation télévisuelle reflète mes valeurs, que j’examinais de plus en plus près. Au fil des années, c’est devenu d’autant plus important que je ne voulais pas donner du crédit à d’aucunes en parlant de choses ou de personnes qui me semblaient heurter mes convictions : there is no bad publicity et toute cette sorte de chose. C’était un gros work in progress (ça l’est toujours), et avec le recul, aujourd’hui, il y a peut-être des reviews que je n’écrirais plus (par contre je vois pas l’intérêt de les effacer et faire comme si). On pourrait toujours mieux faire ! Et on peut débattre de ce principe une prochaine fois si vous insistez, mais en tout cas moi c’était une évolution qui me convenait très bien, parce que j’étais déjà prédisposée à laisser tomber des personnes célèbres (comme des séries, d’ailleurs) quand elles me donnaient une raison que j’estimais valable de le faire. Je le faisais pour des raisons non-politiques avant, qu’est-ce qu’une raison de plus ?
    On pourrait estimer que c’est un paradoxe. Mais, même si j’étais depuis au moins 15 ans assez peu intéressée par les détails de la vie de ces personnes, à présent, une fois que j’en prends connaissance, je n’ai désormais aucune envie de séparer la personne en question de sa production artistique (il me semble même évident que la seconde découle de la première, difficile d’arguer le contraire). Ce n’est pas parce que je n’ai pas la curiosité découvrir chaque recoin la vie privée de quelqu’un que j’ai envie d’ignorer une information lorsque je l’ai. Et donc l’air de rien, ma consommation télévisuelle a changé dans ce sens. Avec elle, ce dont je parle, aussi.

    Il y a des séries que je n’ai jamais vues ou revues, pour cette raison. Par exemple je n’ai jamais été attirée par Seinfeld, et le peu que j’en ai vu ne m’a jamais fascinée. Mais une partie de son cast, avec les années, m’a déplu, et donc maintenant les chances que j’essaie de m’asseoir devant cette série sont nulles. Alors que pourtant il n’est pas rare que je redonne sa chance à une vieille série, et que j’ai même une longue tradition de revisionnages complets de sitcoms des années 80 ou 90. Seinfeld ne figurera probablement jamais sur cette liste, mais c’est pas grave, la vie continue. Effectivement c’est considéré comme une grande série. Elle a marqué son temps, elle a une immense réputation, et elle a lancé des carrières. C’est incontestable mais… et alors ? Qu’est-ce que je rate, au juste, d’une série qui à l’époque ne m’attirait pas de toute façon ? Et puis c’est pas comme si les séries manquaient.
    C’est d’ailleurs un truc que je ne comprends pas dans tout le discours autour de l’horrible « cancel culture » qui pousserait à écarter des célébrités et/ou produits culturels de la sphère publique : vous avez peur qu’on en manque ? Il ne se passe pas un jour sur feu Twitter sans que quelqu’un se plaigne qu’il y a trop de séries à voir. Vous pensez qu’en l’an de grâce 2022 je me demande quoi regarder ? Vous croyez qu’on manque de séries si on écarte celles au générique desquelles figurent des gens tenant ouvertement des propos intolérables ou commettant des actes impardonnables ? J’ai écrit plus de 6000 reviews ici en 15 ans (bon, je vous accorde que ces derniers mois, hein…), je vous donne l’impression de manquer de sujets de conversation ? Bah, non. Et la bonne nouvelle c’est que quand on jarte les personnes qui posent problème, ainsi que les oeuvres qui les rendent riches et/ou influentes, on fait de la place pour les autres ; le système est plutôt bien fait dans le fond. Vous faites bien comme vous voulez mais, en ce qui me concerne, encore une fois ça ne me choque pas, et puis ça ne me coûte vraiment rien.

    Sauf, évidemment, quand ça me coûte. Et le cas Fran Drescher a longtemps été une exception à toutes mes règles. S’il est vrai que c’est par The Nanny que je l’ai connue (et que ça a, longtemps, été l’un des rares sitcoms que j’appréciais ; j’ai commencé à ne me réconcilier avec le genre qu’au milieu des années 2000), c’est l’une des rares personnes célèbres pour lesquelles j’avais une admiration personnelle, pour son vécu autant que la façon de parler de son vécu, soit par la fiction soit par écrit (puisque j’avais lu son autobiographie). Avec l’âge, j’appréciais en outre de plus en plus son engagement aux côtés de la communauté LGBT ou son discours, bon, peut-être pas anticapitaliste, mais en tout cas pro-classe ouvrière.
    Et en effet j’ai toujours eu dans un coin de tête de parler, un jour, de cet aspect de The Nanny. De la façon dont son féminisme blanc « girl power » a très mal vieilli, mais dont son propos sur les différences de classes a, en revanche, encore pas mal de tenue même après examination moderne. C’est d’autant plus intéressant que les épisodes sur le droit de grève ou les questions salariales, s’ils ne forment certainement pas le cœur de la série, se retrouvaient dans une série se déroulant dans un milieu infiniment cossu, à l’inverse de ce que faisait Roseanne par exemple. Même dans les épisodes plus légers, l’un des tandems les plus emblématiques de la série, Niles et C.C., s’invective à longueur de temps autour des questions de classe (C.C. ne perdant pas une occasion de rappeler à Niles son statut de subalterne, et Niles se faisant un plaisir de rappeler à C.C. sa ruine morale et émotionnelle malgré tout son pognon ; la série est foncièrement de son côté à lui). Cette façon dont The Nanny employait son côté escapiste pour aborder parfois frontalement le privilège de ses protagonistes n’était pas courante, voire même osée : d’ordinaire on n’emmerde pas les riches avec ce genre de considérations. Il y a même un balancier très intéressant entre l’obsession de Fran pour les bonnes affaires et/ou les vêtements (souvent vu avec légèreté) et des épisodes qui rappellent que son rapport au capitalisme est toxique (comme la fois où elle doit se désintoxiquer de son addiction au shopping ; les tiraillements de la série entre ce qu’elle voulait être et ce qu’elle était supposée être étaient palpables et beaucoup plus intéressants que n’importe quoi d’autre, avec le recul.
    The Nanny cherchait le juste milieu, et de la même façon que sa mise en scène d’une famille juive new-yorkaise à la fois tombait sous le sens et était un peu révolutionnaire, ces rappels permanents que la Cinderella story de Fran n’annulait pas ses origines modestes, était quelque chose qui découlait directement du vécu de Fran Drescher. L’un des plus grands objets de fierté de Fran Fine est, après tout, d’inculquer des valeurs de la classe ouvrière aux enfants Sheffield (en particulier Grace). J’ai toujours voulu parler de tout ça, et je ne l’ai jamais fait, parce que je pensais avoir tout le temps du monde pour le faire je suppose. Le mieux que vous trouverez est caché dans cette review lapidaire de Country Comfort.
    Et maintenant je ne le ferai jamais.

    Pendant des années, je me suis félicitée d’avoir « bien choisi mon fandom« . Je suivais Fran Drescher sur Twitter, je lisais ses interviews et dans l’ensemble je trouvais aisé de continuer à soutenir la personne quand je voyais ce qu’elle disait.
    Alors il y avait des signes, c’est sûr. Les multiples fois où elle parlait de « bien manger » dans le cadre de son organisation Cancer Schmancer et pas juste dans le cadre de sa propre inquiétude face à un retour potentiel du cancer (…sans sembler réaliser que bien manger a un coût, autant que la santé elle-même). Son discours très proche du développement personnel voire à la limite de l’ésotérique, mais asséné comme une réalité universelle. Des tweets ou posts Instagram parfois douteux, surtout depuis son deuxième divorce, mais généralement brefs et sans trop grandes conséquences. Des messages que n’aurait pas reniés Marianne Williamson, à l’occasion. Bon. Personne n’est parfait.
    Mais alors que COVID continue de faire des victimes, à court comme à long terme, dans l’indifférence générale, il y a des limites à tout ce qu’on peut passer à quelqu’un. J’ai atteint la mienne.

    Bien-sûr que c’est douloureux. Fran Drescher est une figure importante pour moi depuis les années 90. Même hors de l’aspect affectif, pour plein de raisons (notamment l’accès très limité que j’avais à la télévision pendant environ les 20 premières années de ma vie), The Nanny a été formatrice pour moi, mon approche de la télévision, et même pour mon sens de l’humour. On ne passe pas des décennies à apprécier quelqu’un, quand bien même il s’agit d’une célébrité qu’on n’a pas une seule fois croisée, sans que ça fasse mal de s’en séparer.
    Pourtant les règles sont les règles. Et si elles existent, c’est précisément pour être appliquées même aux personnes que l’on admire. C’est leur influence qui est la plus dangereuse. Ne pas l’examiner le serait plus encore.
    Oui, cela coûte. Mais moins que de continuer de porter aux nues quelqu’un qui va à l’encontre de mes valeurs. De ma santé. De ma vie. Et de celles des gens que j’aime ; des vrais gens, pas des célébrités qui ignorent que j’existent. Et qui clairement, si elles le savaient, n’en aurait rien à carrer.

    Tout divorce est douloureux. Mais c’est tellement plus simple que de se torturer pour essayer de trouver la dissonance cognitive qui permet de continuer comme si de rien n’était.


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  • Partenaires particuliers

    9 octobre 2022 à 14:51 • Dorama Chick •

    Au fil des années, j’ai évoqué la série policière Aibou en passant ; force est de reconnaître cependant qu’elle est trop importante pour s’arrêter là.
    Il s’agit en effet de l’une des séries japonaises les plus longues actuellement à l’antenne, avec presque 400 épisodes au compteur, s’étalant sur vingt années. Et ce n’est pas peu dire dans un pays où la majorité des séries n’ont jamais de seconde saison ! Sans compter qu’en plus, elle a la particularité d’avoir deux fois plus d’épisodes par saison qu’une série japonaise hebdomadaire normale. Une persistence rare : l’une des quelques autres séries actuelles s’approchant vaguement d’une telle longévité est Kasouken no Onna (diffusée par la même chaîne, TV Asahi, généralement l’une à la suite de l’autre d’ailleurs) qui certes a débuté plus tôt, mais a en moyenne moins d’épisodes par saison.

    Alors aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, on va parler flicaille en reviewant le premier épisode (…vous allez voir que la nomenclature est d’importance) de cette institution de la télévision japonaise. Le moment est d’autant plus symbolique que, alors que sa saison 21 démarre dans quelques jours, Aibou s’apprête à attaquer sa troisième décennie de diffusion.

    Aibou (soit « Partenaires ») n’avait pas vraiment été destinée à un sort aussi exceptionnel. La série a démarré de façon plus humble, sous la forme de 3 téléfilms diffusés dans Douyou Wide Gekijou, une case horaire dédiée au policier et au thriller, occupant le prime time du samedi soir.
    Douyou Wide Gekijou est, selon la perspective, une collection anthologique de divers projets indépendants les uns des autres, ou le tremplin de quelques « backdoor pilots » (un terme à employer avec précaution, vu que la commande de pilotes n’existe absolument pas au Japon, mais qui parlera sûrement à nombre d’entre vous) de fictions qui pourraient, par la suite, devenir des séries. En tout cas, si les conditions sont réunies, dont les audiences. Ce n’est toutefois pas son objet principal, et Douyou Wide Gekijou est avant tout une façon pour TV Asahi, comme souvent à la télévision nippone, de créer une marque autour d’une case horaire, et ainsi fidéliser le public alors que, concrètement, ces fictions ont peu voire rien en commun si ce n’est leur genre d’appartenance, et le fait qu’elles soient généralement produites en in-house.
    Or, il s’avère que pour Aibou, les affaires ont plutôt bien marché : le premier téléfilm, diffusé en juin 2000, a obtenu plus de 17% des parts de marché (à une époque où, certes, cela ne relevait pas encore du miracle), ce qui a conduit TV Asahi à commander un deuxième puis un troisième téléfilms, lesquels ont été diffusés l’année suivante dans la même case. L’enthousiasme des spectatrices n’ayant pas bougé d’un iota, TV Asahi a pris la douloureuse décision… nan j’déconne, ya sûrement eu du champagne au bureau ce jour-là… de transformer le coup d’essai en une véritable série hebdomadaire. La saison 1 d’Aibou a donc débarqué sur la chaîne le 9 octobre 2002 (happy birthday to youuuu), soit un mercredi soir à 21h ; un joli primetime histoire de capitaliser au maximum sur la popularité du produit. Résultat ? Eh bah résultat, 20 ans plus tard, on regarde toujours Aibou à la télévision japonaise, conservant sa case horaire devenue un rendez-vous pour 6 mois par an. Ce qui est absolument rarissime à la télévision nippone où les séries ont tendance à n’exister que le temps d’un trimestre par an en moyenne, même quand elles se trouvent renouvelées.

    …Le problème c’est que ces trois téléfilms initiaux sont, à ma connaissance, impossibles à trouver avec des sous-titres. La première saison d’Aibou n’a d’ailleurs commencé à être fansubbée qu’en 2009… et n’est, à ce jour, pas finie (j’ai même l’impression qu’elle a été abandonnée ?). Inutile de vous dire que pour se faire une intégrale de la série, ce n’est pas gagné. Mais puisque le premier épisode de la première saison, celui-là même qui a été diffusé le 9 octobre 2002, a bel et bien des sous-titres, c’est de lui qu’on va causer aujourd’hui.
    Veuillez noter simplement qu’en aucun cas il ne remplit tous les offices d’un épisode introductif, de nombreux éléments ayant d’abord été fournis dans les 3 téléfilms l’ayant précédé. Fort heureusement, dans une série essentiellement procédurale, on s’en remet très bien.

    Aibou (prononcer « a-ï-bo-o« ) est une série qui, depuis plus de 20 ans qu’elle existe, met en scène deux flics qui, par la force des choses, sont des co-équipiers.
    Le premier de ces flics, présent depuis les tous premiers téléfilms, est toujours au générique à l’heure actuelle : c’est Ukyou Sugishita, un lieutenant vieillissant qui a été mis à la tête d’un service du nom de Tokumeigakari (« mission spéciale »). La clause en petits caractères, c’est que ce département de la police métropolitaine créé spécifiquement pour lui est en réalité un placard ! Toutefois, cela ne signifie pas que Sugishita est un incapable, au contraire c’est un enquêteur très logique et attentif, mais il est réputé pour être un désastre au niveau des ressources humaines (le premier épisode n’élabore pas, mais l’un des téléfilms a apparemment établi que plusieurs de ses collègues sont morts pendant une opération qu’il a dirigée, et que depuis il serait réputé porter la poisse). Travailler avec lui conduit généralement ses partenaires à la démission pure et simple… au mieux. Du coup, son service sert à placardiser avec lui toutes sortes de flics qu’on cherche à pousser à la démission. C’est dire si on n’en attend pas grand’chose.
    Quand la première saison démarre, son partenaire au sein de Tokumeigakari est un jeune flic désinvolte du nom de Kaoru Kameyama ; le premier épisode nous apprend que ça fait 6 mois qu’il a été muté là, et qu’il ne démissionne toujours pas… ce qui défie toute logique. Mais il tient bon, le bougre, quand bien même il a tendance à tirer au flanc. Kameyama n’est que le premier d’une série de partenaires (tous des hommes jusqu’à présent) qui ont défilé aux côté de Sugishita au cours des deux dernières décennies dans Aibou.

    La toute première intrigue d’Aibou en tant que série hebdomadaire (lors d’un double-épisode, rappelant son format initial de téléfilm) semble initialement porter sur une prise d’otage inquiétante, au sein même des bureaux de la police : un homme bardé de bâtons de dynamite se présente et exige de parler au commissaire divisionnaire. Ce qui a l’effet de plutôt lui envoyer les unités et tireurs d’élite… Sauf que, pris dans la tourmente parce qu’il était là au mauvais moment, Kameyama devient son otage, et cela pousse Sugishita à aller directement parlementer avec le terroriste. Pourtant, celui-ci ne veut qu’une chose : avoir une discussion franche (faute d’avoir eu une réponse à ses nombreux courriers) sur la façon dont, à son avis, les services de police sont moins performants et sérieux qu’avant… et vu qu’il est prêt à se faire sauter depuis le bureau du plus haut gradé de la ville, on a du mal à lui donner tort. Grâce à l’intelligence de Sugishita, le pire est finalement évité, mais les deux partenaires se font rabrouer par leurs supérieurs pour avoir été partie prenante d’une tentative d’attentat dont ils auraient dû se tenir à l’écart. Vu qu’ils ne sont pas en odeur de sainteté auprès de leur hiérarchie, rien de très surprenant là-dedans.
    Bon, la réalité, c’est que l’affaire en question est bouclée en une quinzaine de minutes, et que c’est surtout l’opportunité pour la série d’établir (ou plutôt de rappeler) qui sont les protagonistes de la série. Parce que ce n’est pas la réelle première affaire de la saison.

    A la place, Kameyama (dont la caractéristique principale semble être qu’il se trouve toujours au pire endroit possible lorsqu’il se déroule quelque chose d’important !) croise par accident un homme pressé, Eisuke Miki. Ce dernier laisse derrière lui une sacoche, que Kameyama récupère ; après avoir identifié notre homme et le lieu où il travaille grâce à un badge professionnel laissé dans une poche, il tente de restituer l’objet à son lieu de travail, qu’une secrétaire, Reiko Iwasaki, réceptionne. Celle-ci travaille directement pour le nouveau président de la compagnie, Mr. Hiranuma.
    Sauf que quelques heures plus tard, Miki est retrouvé noyé dans la baie de Tokyo, et que par conséquent, Sugishita et Kameyama vont commencer à se poser des questions sur cette fameuse sacoche, quand bien même ils ne sont officiellement pas en charge de l’enquête. De fil en aiguille, il vont découvrir que Miki avait en sa possession des preuves démontrant une affaire de corruption entre Hiranuma et un membre du Kokkai. C’est, sans nul doute, ce qui lui a valu une mort prématurée…
    Pour être tout-à-fait honnête, ce premier épisode d’Aibou n’est pas d’une originalité décoiffante d’un point de vue policier. On comprend, au plus tard vers la moitié de cet épisode double, qui est responsable de la mort de Miki, à défaut de tout de suite en comprendre les motivations.

    Sauf que ce n’est pas grave parce que le suspense n’est pas exactement la priorité de la série, comme c’est souvent le cas à la télévision nippone. Sa priorité est de suivre l’investigation, avec ses inévitables preuves glanées au compte-goutte et ses fausses pistes, et de finalement permettre aux enquêteurs de parvenir, de façon logique, à découvrir par eux-mêmes qui est coupable… pour se lancer dans une conversation qui n’a pas pour objet d’obtenir une confession, mais simplement d’élaborer les motifs du meurtre et le cas de conscience éthique que cela pose.
    En cela, la série m’a beaucoup rappelé une force de Law & Order, en particulier les premières saisons qui partagent aussi la même ambiance de film noir avec Aibou. C’est l’exploration de la nature humaine qui a le plus d’intérêt, et tout ce qui précède cette longue conversation avec la personne qui a tué Miki est uniquement un préambule. Une façon de nous délivrer des circonstances, des faits, bref des éléments tangibles, avant de passer au plat de résistance : la dimension dramatique, pour ne pas dire tragique, du meurtre.
    Si vous me disiez que l’une de ces séries est une adaptation officieuse de l’autre, ça ne m’émeuvrait pas plus que ça, sauf qu’évidemment Aibou n’est pas qu’une pâle copie, entre autres parce qu’elle ne comporte pas de volet juridique. Ou, ma foi, peut-être qu’on l’a, indirectement, via cette séquence incroyable à la fin de l’épisode, ce long échange qui se solde par un commentaire incroyable de la part de Sugishita : « je ne critique pas vos intentions meurtrières, mais je ne peux tolérer que vous les ayez mises à exécution ». Ce qui est quand même fabuleux de la part d’un personnage policier, soit dit en passant ! Mais bien aussi la preuve de la démarche de la série, plus attirée par des exercices de pensée abstraits une fois qu’elle a délivré pour cela des clés plus factuelles. Les premières saisons de Law & Order, dans les années 90, excellaient à ce petit jeu, et Aibou ne semble pas en avoir loupé une miette.

    Bon, pour le reste, je ne vous cache pas qu’il y a des choses qui ont vieilli, du format de l’image évidemment (un bon vieux ratio 4/3) à la mise en scène, en passant par euh… les étonnants passages qui nous montrent Kameyama se disputer avec sa petite amie, une journaliste qui a failli avoir sa propre intrigue dans cet épisode, sauf que non. On ne sait pas trop pourquoi c’est important (ni pourquoi Sugishita n’a pas droit à un équivalent ; tout ce qu’on sait de lui, c’est son gimmick de boire du thé, on a vu plus fou-fou). Il faut espérer que les épisodes suivants soient plus intéressés par cet aspect.
    Par plusieurs de ses aspects, Aibou est quand même essentiellement une série policière à la papa, destinée à un public essentiellement âgé et conservateur. Ses quelques qualités ne font pas oublier qu’elle n’est pas supposée être innovante, c’est de la télévision aussi mainstream que possible (comic relief inclus), ce qui induit les exigences qui vont avec. Bref, une série qui aurait toute sa place sur CBS aux Etats-Unis (du moins, si on n’y était pas puissamment raciste) ou TFHein en France (…idem), et d’ailleurs comme ces diffuseurs TV Asahi est la chaîne de son pays qui propose le plus de séries policières. Cela signifie précisément qu’Aibou serait parfaitement le type de série japonaise qu’il n’y aurait aucune difficulté à exporter, si les chaînes occidentales étaient ouvertes à ce genre d’acquisitions. Ne serait-ce que pour nous délivrer des fansubs incomplètes ? Nan mais, ça coûte rien de demander, quoi.


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  • Rien n’est tabou

    12 août 2022 à 23:20 • Review vers le futur •

    Chaque fois que je vois une série indienne géniale, je repense à mon projet de vous présenter une semaine spéciale pour passer en revue plusieurs séries de ce pays, qui hélas n’a pas encore abouti, et je me dis : « bah oui mais je vais quand même pas attendre que ce soit prêt pour parler de cette nouveauté, et puis en plus le programme de la semaine est déjà bouclé ». Je dois dire que lentement mais sûrement, les séries indiennes (principalement celles de plateformes de streaming locales) deviennent de plus en plus nombreuses à m’impressionner. Pourtant je regarde des séries indiennes, bon an mal an, depuis presque quinze ans maintenant. Que cette fascination continue d’évoluer, en parallèle de l’industrie de ce pays, est une belle histoire téléphagique que j’ai bien peur de ne pas souligner assez souvent.
    Alors ok, mettons la semaine spéciale de côté pour le moment, et parlons aujourd’hui de Dr. ARORA, lancée par la plateforme SonyLIV à la fin juillet.

    Des séries indiennes sexy, ça ne manque pas depuis quelques années : comme j’ai eu l’occasion de vous le dire (par exemple dans cette review), l’essor des webseries et de la SVOD a permis l’émergence de fictions moins conservatrices qu’à la télévision traditionnelle, certaines flirtant carrément avec le genre érotique. Mais des séries indiennes SUR le sexe, ça, à ma connaissance, c’est nouveau, et j’étais donc très curieuse de jeter un oeil à Dr. ARORA. C’est que ce bon Docteur Arora s’avère être un sexologue !

    Accessoirement, Dr. ARORA a choisi de se dérouler dans les années 90, pour des raisons qui ne me sont pas apparues clairement mais qui, ma foi, ne peuvent pas nuire. Son héros éponyme est donc un docteur spécialisé en sexologie, qui travaille dans une ville de province où il a, cependant, acquis une notoriété importante pour l’aide fournie à de nombreuses personnes.
    La première des choses à dire sur Dr. ARORA (que je dois lutter pour ne pas appeler Dr. ADORA, ça vous donne une idée), c’est que son ton est incroyable. Elle est de toute évidence disposée à aborder son sujet avec humour, et il y a de bons morceaux de dramédie dedans, mais elle ne tourne pas non plus son sujet au ridicule. Les performances sont vraiment impeccables, accompagnant l’oscillation tonale selon les scènes sans trop en rajouter ; il y a bien des personnages secondaires servant uniquement de comic relief, mais leurs apparitions sont sporadiques, et la série privilégie plutôt une certaine sobriété dans l’interprétation, même dans des scènes embarrassantes ou cocasses. En outre, la réalisation est vraiment réussie, l’image est magnifique, et il se dégage même une certaine mélancolie de certains passages, qui terminent de remplir mon cœur d’amour pour la série. Vous dire que je suis charmée est vraiment en-dessous de la vérité.

    Ainsi donc, le Dr. Arora (pas trop sûre du pourquoi des majuscules dans le titre, ce doit être une convention que j’ignore vu que le titre original est en hindi) est sexologue, et il tient une clinique qui n’est ouverte que la nuit. Il y a presque toujours une longue attente, pas mal de patientes se présentant dans l’urgence du moment, si vous voyez ce que je veux dire.
    Et si vous ne voyez pas trop, prenons pour exemple le patient du premier épisode, Devendar Thakur, un jeune homme qui souffre d’impotence. Nous l’avons appris par une scène inaugurale (dont nous apprendrons en fait qu’il s’agit d’un flashback se déroulant il y a quelques années) lorsqu’il a rencontré une magnifique inconnue lors d’un trajet en bus. En échangeant simplement des regards, il lui a manifesté son intérêt et elle lui a manifesté son désir. Puis, l’air de rien, toujours sans un mot, le couple s’est éclipsé discrètement, avant de se sauter dessus à l’abris des regards ; la montée silencieuse de la passion était suffocante, elle explose tout d’un coup… sauf que Devendar n’arrive pas à avoir une érection. Le moment est « ruiné », d’autant plus que le couple est surpris dans ses ébats, puis chassé par un groupe d’hommes. C’est décevant, bien-sûr, mais pas mortel ; toutefois le problème persiste, et la souffrance commence à gagner notre jeune homme. Quelques temps plus tard, le voilà qui est captivé par une voisine, une femme mariée dont l’époux n’est jamais là, et qui semble lui envoyer des signes assez clairs de son intérêt. Devendar finit par convenir d’un rendez-vous crapuleux, sous couvert de la nuit ; mais le moment venu, bien que s’étant préparé pour une nuit de folie avec l’objet de son affection… il est terrifié. Il ne veut pas la décevoir comme il a déçu la femme du bus, ou une autre femme. Ce qui le ronge, c’est de « ruiner » la nuit dont il a toujours rêvé. Et le voilà donc qui finit, au beau milieu de la nuit, dans le bureau du bon docteur Arora, malgré la honte.

    « La raison pour laquelle tu es venu me voir n’est pas une plaisanterie. Ni pour toi ni pour moi. Mon travail est de te soigner. Ton travail est de me faire confiance ».
    Le docteur Arora en a clairement vues d’autres. Il est respectueux et à l’écoute, mais il n’est pas tombé de la dernière pluie. Il impose le respect et l’affection immédiatement, quand bien même l’épisode a essentiellement adopté le point de vue de Devendar jusque là.

    Dr. ARORA semble, plus que tout, intéressée par l’angle émotionnel de ses problèmes sexuels. Ce qui veut dire, et c’est suprêmement important, aborder la question de la honte. La honte vis-à-vis d’autrui, bien-sûr, mais aussi de soi-même.
    Cela passe par la façon dont Arora pose des questions factuelles, écartant ostensiblement tout le bruit autour (par exemple il se contrefout si la jeune femme du bus était la petite amie de son patient ou juste une affaire d’une nuit, et recentre l’entretien dans ce sens) pour vraiment parler de l’aspect physiologique et psychologique. Cela implique des examens physiques inconfortables, mais dénués de charge sociale. Cela veut aussi dire utiliser les vrais termes, même quand son patient bégaie en hésitant à parler de pénis et de vagin. Amies amatrices de langues étrangères, préparez-vous à apprendre du vocabulaire de prime importance !

    Je suis encore en train de récupérer les épisodes suivants, donc j’ignore dans quelle mesure la série adopte un format formulaic, ou si nous allons suivre le cas de Devendar sur le long terme. Peut-être un mélange des deux ? Il y a aussi une étrange intrigue secondaire qui pourrait servir de fil rouge en arrière-plan. Mais la fin de cet épisode inaugural est aussi très intentionnelle dans sa façon de replacer son docteur au centre de la série, en faisant appel à ses propres souvenirs, expériences et émotions avec délicatesse.
    Encore une fois, souffrez que je vous répète combien ce premier épisode m’a charmée. Que la totalité de son intrigue se déroule de nuit, comme une confidence intime, ne fait qu’ajouter à son attrait. Tout est bien pesé, dans cet épisode, et il me tarde de voir les suivants mais, surtout, de partager cette confidence avec vous. On gagnerait toutes beaucoup à parler de séries indiennes plus souvent.


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  • Le premier jour du reste de votre délibéré

    12 août 2022 à 23:16 • Review vers le futur •

    Clara était à la tête du jury qui a prononcé un jugement non-coupable pour Heidi Lang, la jeune femme accusée du meurtre de sa patronne. Pour être tout-à-fait honnête, Clara avait ses doutes, mais étant la seule jurée à penser que l’accusée pouvait être coupable (quoiqu’uniquement sur la base d’un pressentiment), elle a fini par se plier à l’opinion de la majorité. Les 11 autres jurées ont donc pu voir le procès enfin finir, après des semaines de procédure, et rentrer chez elles. Revenir à leur vie, enfin.
    …Mais vu que c’est le point de départ d’une série australienne qui porte le titre After the Verdict, vous vous doutez bien que les choses ne s’arrêtent pas là. Lancée cette semaine par le network Nine, After the Verdict est la deuxième série judiciaire australienne de la saison, mais on reparlera de The Twelve (adaptation de la série belge De Twaalf) si et quand j’aurai vu l’intégralité de la saison actuellement en cours de diffusion. Pour l’heure, concentrons-nous sur Clara.

    Essentiellement tournée de son point de vue, avec une approche d’ensemble drama tout de même, After the Verdict suit donc, eh bien, ce qui se passe une fois le verdict prononcé, dans cette affaire simple sur le papier (la victime, Belinda, est tombée du haut de son immeuble, son assistante Heidi qu’elle allait virer est la dernière personne à l’avoir vue vivante), mais qui, évidemment, est émotionnellement complexe.
    Plusieurs choses se jouent pour Clara, qui ressent énormément d’empathie pour la victime sans savoir contre qui rediriger son besoin de lui faire justice, qui est aussi profondément choquée par ce qu’elle a vu pendant le procès (et je crois que bien trop rares sont les séries à explorer ce point, d’ailleurs)… et qui a aussi largement besoin de trouver satisfaction quelque part, vu l’état de sa vie privée comme professionnelle. Ne parvenant pas à se sortir l’affaire de la tête, non plus que les photos du cadavre de Belinda, Clara devient la force motrice d’un petit groupe d’ancienne jurées qui, pour diverses raisons, se retrouvent encore en contact avec elle. La première d’entre elles est Margie, une femme un peu plus âgée et qui prépare son mariage, mais qui se prend d’affection pour Clara et se laisse entrainer dans son sillon ; il y a aussi Daniel, un enseignant bougon qui en réalité camoufle derrière son hostilité permanente un deuil très difficile à gérer (d’autant plus quand on est dans l’évitement) ; et finalement Ollie, un agent immobilier arrogant qui se retrouve parmi elles par accident, d’autant plus qu’il n’en avait rien à foutre pendant le procès et a juste voté avec la majorité.

    After the Verdict oscille, avec une élégance de funambule dois-je préciser, entre un ton très dramatique et des moments qui empruntent quasiment à la dramédie. Ce n’est jamais trop sombre, mais ce premier épisode ne nous laisse jamais oublier, non plus, ce qui se trame sous la surface des émotions légèrement caricaturées à l’occasion. Le ton de la série semble avoir été formulé pour ne jamais priver les spectatrices d’un investissement émotionnel réel, tout en les protégeant d’une série qui serait déprimante en permanence. Cette contradiction joue même en faveur du propos de la série sur la confusion qui règne, à la fois sur le verdict et sur la vie personnelle de ses protagonistes.
    Le moment-pivot de ce premier épisode est sûrement ce qui fait d’After the Verdict une série encore plus intéressante que prévu. J’imaginais aisément que la série allait suivre nos quatre ex-jurées sur la piste de la « vérité », si tant est que ce soit une quête réaliste (et certains dialogues eux-mêmes en doutent d’entrée de jeu), surtout quand Clara a organisé une « réunion » d’anciennes jurées (seulement deux jours après la fin du procès…). Toutefois, à ma grande surprise, cette enquête insolite prend un tour complètement différent quand il s’avère que le resto italien où les quatre protagonistes se sont réunies… et aussi le resto italien favori de Heidi, l’ex-accusée, désormais innocentée. Ce n’est pas entièrement une coïncidence, bien-sûr, mais la façon dont After the Verdict décide de faire entrer son intrigue dans un nouvel univers est fascinante, et je n’avais jamais encore vu une dynamique comme celle-là s’instaurer. Cela vient brouiller encore plus les cartes, non seulement du point de vue de la question qui plane en permanence au-dessus de l’intrigue (le jury avait-il oui ou non raison d’innocenter Heidi ? la réponse est de plus en plus floue) mais aussi d’un point de vue émotionnel.

    After the Verdict tente quelque chose qui est vraiment intéressant, tout en étant émouvant. C’est en fait à cette combinaison que je ne m’attendais pas : je pensais que ce serait l’un ou l’autre. Mais elle a raison ! Pour des jurées, c’est-à-dire des personnes comme vous et moi qui du jour au lendemain se retrouvent embarquées dans une affaire choquante, la question de la culpabilité (et d’avoir dû se prononcer sur cette culpabilité) n’est pas qu’une question de vérité, mais d’émotions aussi. Les deux sont indissociables, ce qui est à la fois la raison de l’existence d’un jury (par opposition à un jugement prononcé par des professionnelles) et l’exposition de ses limites. Ce démarrage est vraiment réussi et j’ai hâte de voir où la série va nous conduire.


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  • L’enfer, c’est la famille

    7 août 2022 à 23:40 • Telephage-o-thèque •

    Il y a les téléphages à qui ça ne pose pas problème… et il y a celles qui ont l’impression d’étouffer dés lors qu’une série se base sur l’embarras de seconde main. Je suis, vous l’aurez compris, dans la seconde catégorie, et il m’est physiquement insupportable d’assister à des scènes gênantes et/ou humiliantes, en particulier lorsque l’humour d’une série repose dessus.
    Dans le cas de la comédie danoise Helved, qui se déroule en milieu familial, ça atteint un tel degré que je n’ai pas peur de dire que cette forme d’humour relève du genre horrifique. C’est typiquement le genre de série pour laquelle 6 épisodes d’une vingtaine de minutes semblent absolument insurmontables… ce qui explique peut-être pourquoi, inconsciemment, je l’avais laissée dormir dans mes archives pendant aussi longtemps.

    Au juste, je ne sais pas quelle réaction la série est supposée susciter, et je serais curieuse d’observer quelqu’un qui regarderait Helved en se pliant de rire. Je suppose que ça doit bien arriver ? Ce doit être fantastique d’avoir une expérience différente de ce genre de série, et donc de pouvoir comparer. Pour ma part en tout cas, je dois lutter contre l’envie de mettre en pause l’épisode après environ une réplique sur deux ; c’est insoutenable d’assister à l’humiliation d’un personnage, plus encore quand tout son entourage prend pleinement la mesure de son ridicule (ce qui, certainement, est le mécanisme le plus irritant du lot ; je crois que je serais plus encline à rire si personne d’autre ne relevait que le personnage est ridicule, et continuait l’intrigue comme si de rien n’était). Cette réaction n’est pour moi pas nouvelle, et régulièrement je fais appel à des comparaisons à The Comeback pour vous en parler, parce que vraiment, ce visionnage a été proche du traumatisme pour moi ; mais dans Helved, elle revêt une dimension supplémentaire.
    C’est que la série s’intéresse à Albert, un acteur raté qui vit à Copenhague, et a décidé de revenir dans la ferme de sa famille à l’occasion de l’anniversaire de sa grand’mère (80 ans !), qui s’aperçoit pourtant à peine qu’il est là. En plus de la grand’mère, ladite famille inclut également son père, Jens, un homme dont il n’est pas proche et qui donne tous les signes de l’alcoolisme ; sa tante, Jytte, fine observatrice et qui s’occupe des affaires courantes ; et sa sœur, Ida, un peu naïve mais un peu cupide aussi. Et puis, récemment, Ida a commencé à fréquenter Dennis, son petit-ami riche qui roule en Tesla (et ça a l’air suprêmement important). Albert est en fait revenu dans la ferme familiale avec une idée derrière la tête, que le premier épisode dévoile lentement, mais avant d’en arriver cette révélation, on va se cogner de longues scènes pendant lesquelles les membres de la famille interagissent dans le plus grand des silences, avec juste le bruit mou d’une vieille horloge en guise de fond sonore.

    DE LONGUES SCENES. Longues. Très longues. Si longues. Jamais un épisode de 17 minutes n’aura duré aussi longtemps.
    Albert dit quelque chose. Silence embarrassé. Une membre de la famille répond. Silence gêné. Balbutiements d’Albert. Silence compromettant. Intervention d’une troisième protagoniste. Silence crispé. Non, attendez, pardon : c’est pas le silence qui est crispé, ce sont les ongles de ma main qui s’enfoncent toujours plus profond dans les accoudoirs de mon fauteuil, plus encore que pendant une visite douloureuse chez le dentiste. Ma poitrine se serre. Je manque d’air. Tremblante, ma main essaye de se dégager de l’accoudoir pour aller mettre l’épisode en pause. Faites que ça s’arrête…
    Le pire étant qu’évidemment, les dialogues peuvent porter sur absolument n’importe quoi, au final leur sous-texte est presque toujours le même (au moins dans les scènes où toutes les membres de la famille sont réunies) : Albert a raté sa vie, et personne n’est dupe. C’est dans le fait que personne ne soit dupe que réside, en fait, tout l’embarras de seconde main.

    Alors, quand le mouton noir de la famille essaie comme il peut de mettre sur le tapis l’idée de vendre la ferme, inutile de dire que la suggestion semble vouée à l’échec. Jytte, en particulier, veille au grain ; il apparaît d’ailleurs qu’il y ait eu un précédent par le passé, Albert ayant vendu des effets personnels de sa grand’mère pour aller démarrer sa carrière à Copenhague.
    Sur la fin de l’épisode, Helved tente quelque chose de légèrement intéressant dans sa narration, donc je ne suis pas en train de dire que tout est à jeter. Mais même ce twist ne change pas grand’chose aux dynamiques familiales, dans lesquelles les défauts de tout le monde sont apparents, connus, et omniprésents pendant chaque conversation. C’est ce qui empoisonne les relations familiales, particulièrement à l’âge adulte, lorsqu’on se connaît suffisamment pour avoir une idée arrêtée (à tort ou à raison) sur chaque membre de sa famille ; que cette idée soit correcte ou qu’elle simplifie le rôle de chacune au sein de la famille n’a, en soi, pas d’importance. Il est de toute façon trop tard pour changer les dynamiques. Helved semble vouloir poser la question de savoir s’il est possible d’empêcher que les choses se déroulent comme elles se sont toujours déroulées ; Albert peut-il se sortir de son rôle et en incarner un nouveau, pour changer la façon dont sa famille réagit à ce qu’il dit, à ce qu’il fait, à ce qu’il est ? Vu le ton des longues, longues scènes qui ont précédé, on peut être quasiment certaine que c’est voué à l’échec.
    …Et que chaque tentative de quand même essayer de modifier le cours des choses ne va aboutir qu’à des scènes encore plus gênantes. Merci bien, mais si je voulais expérimenter ce genre de choses, je parlerais encore à mes parents.


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  • Put my sneakers on

    7 août 2022 à 23:37 • Review vers le futur •

    Russell n’a jamais réussi grand’chose dans sa vie : sa vie sociale, sa vie amoureuse, sa vie professionnelle… A l’âge de 36 ans, il travaille comme vendeur à Sports Depot, un magasin d’articles de sport. Ni pour la gloire, ni pour le salaire, mais par amour pour les chaussures de sport, qui sont sa grande passion. Il estime en effet que les chaussures de quelqu’un le définissent… ou en tout cas il l’espère, avec quelques unes des plus belles sneakers au pied.
    Sauf qu’un jour, par un concours de circonstances (c’est toujours par un concours de circonstances !), le voilà promu manager de son magasin. La vie lui sourit-elle enfin ?

    Il y a peu de cultures télévisuelles au monde plus enclines à s’intéresser à la vie professionnelle des groupes sociaux-économiques les plus modestes que le Royaume-Uni, en particulier dans le domaine de la comédie (mais pas exclusivement). Les séries britanniques jouent depuis des décennies la carte non pas de l’escapisme, mais au contraire de l’identification, et au fil des séries de nombreuses professions se sont ainsi retrouvées mise en scène. Cela ne signifie pas, évidemment, qu’on ne trouve pas une ribambelle d’avocates et de docteures dans les séries d’Outre-Manche (d’ailleurs il faut que je me cale un peu de temps pour This is Going to Hurt, dont paradoxalement je n’entends que du bien), mais il y a en parallèle une longue tradition de séries sur des professions ouvrières, ou leur équivalent dans une économie moderne. Et donc Sneakerhead s’inscrit dans cette longue histoire, ce qui lui procure certains avantages en matière de ton, notamment de trouver tout cela normal au lieu de se comporter comme si on était au zoo (certaines autres séries, qu’on ne nommera pas, respirent la condescendance envers leur sujet).
    Russell lui-même, qui assure la voix-off d’une partie de l’épisode, prend les choses avec énormément de naturel. Pour lui c’est parfaitement banal d’avoir une vie nulle, d’ailleurs il ne voit même pas forcément à quel point sa vie est miteuse tant cela représente la normalité pour lui.

    Dans le premier épisode, sa petite-amie Clare lui vole ses chaussures ET le plaque pendant la même conversation… partant donc avec ses sneakers aux pieds. Désabusé mais pas plus traumatisé que ça, son premier réflexe est d’aller en parler à ses collègues, qui sont aussi ses amies. Il y a Mulenga, qui a toujours un side hustle en tête pour se faire un peu plus de blé ; Amber, maussade de nature mais aussi secrètement romantique ; Jemma, qui est une recrue récente mais aux dents qui rayent le parquet ; et enfin George Allen, un employé un peu plus âgé et qui parvient toujours à tirer au flanc. Tout le monde encourage Russell à tourner la page et arrêter sa fixette sur Clare, avec laquelle de toute façon il n’a jamais couché et qui est, de l’avis général, insupportable. Mais pour Russell, qui possède une capacité hors du commun à relativiser le pire, peut-être qu’il y a moyen de moyenner.
    Toujours est-il qu’au fil des conversations, il arrive dans le bureau de sa manager, laquelle est enceinte jusqu’aux yeux ; elle est au téléphone avec sa hiérarchie, mais comme elle n’a pas d’équivalent à un CDI, elle n’a pas droit à un congé maternité. De rage, elle fourgue le téléphone à Russell et démissionne séance tenante… si bien que Russell se voit propulser manager du magasin, sans aucune qualification. Et en même temps tout le monde s’accorde à dire que Sports Depot est un endroit tellement minable qu’il n’y a besoin d’aucune sorte d’expertise.

    L’humour de Sneakerhead repose essentiellement sur la façon dont Russell accepte tout ce qui lui arrive, sans être totalement aveugle aux inconvénients, mais en prenant toujours les choses du meilleur côté possible (par exemple il dit à un moment, au premier degré, qu’il a de la chance d’habiter encore avec son père…). Qui plus est, galvanisé par ses potes, il se met en tête d’être un meilleur manager et de transformer Sports Depot en un lieu de travail parfait ! Enfin, meilleur, pour commencer. Sauf qu’évidemment ce n’est pas si simple, entre corporate qui lui souffle dans la nuque, ses préoccupations personnelles vis-à-vis de Clare, ou tout simplement… bah, ses collègues. Qui l’aiment bien, mais ne changent pas leur attitude pour lui.
    Sneakerhead navigue tout cela avec une bonne humeur qui n’entâche pas son désir de préserver une certaine forme d’authenticité, mais qui élève le quotidien tout de même avec des situations absurdes (Mulenga a récupéré des ordinateurs au moment de la fermeture de l’agence de voyages, et essaie de les vendre pour son compte à des clientes de Sports Depot, par exemple…). Contrairement à beaucoup de héros de séries similaires, Russell, parce qu’il est d’une bonne nature, ne réagit pas comme quelqu’un de perpétuellement dépassé par ce qui se produit, plutôt comme quelqu’un qui ne perçoit pas forcément le décalage entre l’idée qu’il se fait de son job, et la réalité de son lieu de travail (qu’il veut améliorer, donc) et l’attitude des personnes qui l’entourent. Il y a quelque chose d’incroyablement décontracté dans sa façon d’appréhender les situations, et qui, au final, tourne plutôt en sa faveur lorsque s’achève l’épisode.

    Ce n’est pas une vie de rêve, loin de là. Mais dans Sneakerhead, et pour beaucoup de gens qui regardent Sneakerhead, c’est la normalité. C’est une comédie à la fois humble et sincère, avec une pointe d’optimisme et de bonhommie, qui ne révolutionne pas la télévision, mais ça tombe bien, elle n’est pas faite pour. Son objectif, c’est de ne pas tourner ses personnages ou son contexte au ridicule, mais de permettre de rire de choses plus ou moins relatable, bref, d’offrir quelque chose de familier et confortable. Comme des sneakers.


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  • Sleepcrawlers

    6 août 2022 à 20:25 • Review vers le futur •

    Il paraît que si on n’a rien de gentil à dire, il vaut mieux se taire. Cette review devrait donc être plutôt courte.
    Nan, je déconne, on sait toutes que je ne sais pas écrire une review courte.

    Pourtant j’attendais un petit quelque chose du sujet d’Endless Night, non seulement en tant qu’insomniaque récidiviste, mais aussi en tant que téléphage française. Pas une révélation, mais au moins un ptit truc sympa à se mettre sous la souris.
    Je crois que Les 7 Vies de Léa m’a aussi inspiré un faux sentiment de sécurité quant aux séries de genre francophones pour ados. Je me vois ici promptement remise dans le droit chemin.

    Dans Endless Night, un groupe de six amies lycéennes a pris l’habitude de consommer un médicament expérimental volé dans une clinique du sommeil, et qui leur donne, grosso-modo, des rêves lucides. Ce qui est marrant tant qu’il ne s’agit que de rêves… Une septième ado, Eva, nouvellement arrivée dans le quartier et le lycée, va progressivement se trouver impliquée, avec d’énormes répercussions que personne ne pouvait prévoir. Je sais pas pourquoi ça m’a fait penser au film Flatliners, que j’ai vu il y a au moins quinze ans, et dont mes souvenirs sont pourtant vagues, mais bon, mentionnons-le pour la forme.
    Jusqu’à l’arrivée d’Eva, tout est donc parfait. Les potes se retrouvent entre elles dans un lieu discret pour consommer les petites capsules bleues, vivent des rêves extraordinaires, et continuent leur vie quotidienne sans aucune forme de conséquence, comme si elles avaient simplement boulotté des fraises Tagada pas mûres.

    Enfin, « extraordinaires »… La série nous dit que ça l’est, mais est très en peine de nous le montrer.
    La scène d’introduction de ce premier épisode nous présente ainsi la première fois pendant laquelle la majorité du groupe consomme les petites pilules Matrix, pendant laquelle Pauline, vivant physiquement son rêve qui se déroule dans une magnifique piscine, saute en réalité dans la piscine en travaux (et donc vide) à l’arrière de la maison. Heureusement, elle s’en sort avec seulement une jambe dans le plâtre ; malgré le choc de ses amies, elle est la première à vouloir retenter l’expérience… mais on ne saura pas vraiment pourquoi. C’est pas comme si les piscines étaient un truc super incroyable ou rare (la preuve, il y en a une en construction dans le jardin de l’une de ces ados), et certes, elle a un moment eu l’impression d’avoir une queue de sirène mais elle semblait dans un tel état second que euh… non, vraiment, Endless Night n’est pas capable de nous dire pourquoi c’est chouette.
    Et ce n’est même pas la seconde séance hallucinatoire de l’épisode qui nous le dira, tous les rêves étant, ma foi, le contraire d’exaltants (mention spéciale à Idris qui danse en face de son clone…? mkay). A part répéter que c’est super, les protagonistes sont bien en peine de nous faire ressentir en quoi le fameux médicament est providentiel, au point de continuer à le voler même une fois que la clinique commence à cerner qui est à l’origine du vol.

    Si le problème c’était simplement de n’être pas en mesure de montrer pourquoi cette drogue est si chouette, bon, encore, ça irait. On pourrait mettre ça sur le dos du budget ou d’autres contraintes de production. Mais ce n’est pas le seul problème. Les situations sont téléphonées, et les choses arrivent parce que le scénario a besoin qu’elles se produisent, pas par effet de cause et conséquence. Par exemple la rencontre entre Eva et le reste de la bande se produit parce que l’un des jeunes fait un malaise (il est narcoleptique) juste devant son immeuble alors que les potes fuyaient un homme avec un chien. Eva ne demande pas ce qui se passe, et admettons ; mais la série ne nous le dira pas non plus, parce qu’en gros tout ce qu’on voulait c’était une excuse pour cette rencontre. Alors que ç’aurait pu ajouter du danger, ou au moins de l’émotion, mais non. D’ailleurs l’émotion est incroyablement absente de cette introduction ; on devrait ressentir de l’empathie envers Eva, qui a perdu son père voilà seulement six mois et se débat encore avec son deuil. Mais la série n’est même pas intéressée par cela (…nonobstant le fait qu’une partie de son public, en particulier ces dernières années, pourrait parfaitement avoir envie ou besoin d’une protagoniste à laquelle s’identifier pendant leur propre travail de deuil), et c’est clairement une mise en place qui n’existe qu’à cause de ce que promet la fin de l’épisode.
    A cela encore faut-il ajouter des protagonistes creuses (il y en a un dont le seul trait de personnalité est d’être riche… vous me direz c’est pas complètement irréaliste, m’enfin, bon), et qui débitent des dialogues complètement nuls, sur-écrits et téléphonés. Et comme la direction d’actrices est aussi à la ramasse, la distribution enchaîne les « mais » en début de phrase comme seule marge de manœuvre pour les rendre naturels, c’est un fiasco total. Faites le test, ou même mieux, faites-en un drinking game.

    Accessoirement, j’ajouterai que même si techniquement la série ne se base pas dessus (Endless Night a pour déclencheur un médicament qui est mal consommé par la bande de potes, puisque normalement il devrait être pris sous supervision médicale ET combiné avec un somnifère), le sujet de la série me semble faire des appels du pied aux adolescentes et jeunes adultes qui se passionnent pour le « shifting« , en particulier sur les réseaux sociaux comme TikTok. Difficile de croire que c’est involontaire, surtout venant d’une plateforme comme Netflix qui est toujours à l’affût de la moindre tendance sur laquelle se positionner pour faire concurrence à d’autres appeaux à jeunes ; mais si c’est un accident, il est malheureux.
    Ces threads du système Calypso parlent bien des problèmes et dangers de cette tendance de plus en plus populaire (sur Google, en rechercher explicitement les dangers conduit à… encore plus de recommendations de videos). Au risque de me faire passer [encore plus] pour la vieille chieuse qui s’inquiète pour rien, je trouve quand même le parallèle inquiétant… d’autant qu’évidemment pour le moment, les rêves présentés sont supposés être super cools et agréables, y compris voire surtout quand ils sont dangereux, comme dans la scène d’introduction. Certes la fin de l’épisode semble nous préparer à un inévitable changement d’ambiance, et le rêve peut tourner au cauchemar par la suite (il n’y aurait sans doute pas de série sans ça). Toutefois, je pense qu’il n’est pas inutile de rappeler que la série n’existe pas sans ce contexte, ou en tout cas n’est pas consommée sans ce contexte pour beaucoup de spectatrices de sa cible.

    Il n’y a pas grand’chose à sauver dans cet épisode introductif, et vu la brièveté de cette première saison (même si je lis que Netflix aurait en fait déjà commandé la deuxième), j’ai peu d’espoirs que ça s’arrange de façon substantielle. C’est dommage, mais je vais pas en perdre le sommeil.


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  • Camera ocha

    5 août 2022 à 20:46 • Dorama Chick •

    En matière de fansubs, il faut être patiente ; cela peut prendre des mois, parfois des années, avant de pouvoir profiter d’une saison dans son intégralité… et plus dans le cas de séries comptant plusieurs saisons, bien-sûr. Il m’arrive d’attendre que le merveilleux travail des fansubbers soit terminé sur une série pour vous en parler (comme pour l’atypique Toranai de Kudasai!!, ou plus récemment Boukyaku no Sachiko, dont vous aviez enfin découvert la review au début de l’année), mais parfois… bah, je n’ai pas la patience ! Ça n’a jamais été ma plus grande qualité de toute façon.
    Aujourd’hui je vous parle donc du premier épisode de Momo Ume, une série initialement lancée l’an dernier par Hulu Japan, comptant 40 épisodes… dont, au moment où ces lignes sont écrites, une dizaine seulement a été traduite. Moi-même je n’ai pas eu la force d’attendre la fin des sous-titres pour commencer la série, alors maintenant que j’en ai vu le premier épisode, c’est encore plus difficile d’attendre pour une review. Donc nous y voilà.

    En fait, si j’ai l’air de m’excuser en intro, c’est parce que je me sens un peu coupable de proposer toute une review à partir d’un épisode de… 9 minutes et 46 secondes. Momo Ume est en effet ce qui s’approche le plus d’une shortcom (bien que le terme ne soit pas en usage au Japon), ce qui n’est pas exactement inédit, preuve en est de l’existence par exemple de Kyou no Nekomura-san, mais quand même très rare. C’est d’autant plus étrange que la shortcom est supposée être un format de télévision linéaire : c’est avant tout une fiction qui est parfaite pour être glissée entre deux cases horaires, mais qui n’a pas vraiment vocation à être consommée comme le sont la plupart des séries de streaming, c’est-à-dire à la carte ou même en bingewatch. Bref, l’existence de Momo Ume est, sur le papier, trop intrigante pour lui résister.
    Et, dans mon cas, il y avait un dernier facteur rendant impossible l’attente : l’une des deux actrices de la série n’est nulle autre que Sairi Itou, une actrice pas très connue mais que j’ai adorée dans la romance lesbienne TRANSIT GIRLS et que j’avais également évoquée, depuis, dans Zenra Kantoku sur Netflix. J’avais très envie de la voir tester ses superpouvoirs dans une comédie aussi atypique. Ma petite favorite a également tourné plusieurs séries avec Queen Yuuki Amami, et est doubleuse d’une des protagonistes du dernier Jurassic World en date, écoutez, elle coche toutes les cases, c’est à croire qu’elle le fait exprès.

    Momo Ume est l’adaptation de… écoutez, c’est compliqué.
    Apparemment, tout aurait commencé en 2018 avec un compte TikTok et une chaîne Youtube, proposant des dessins animés très simplistes dans lesquels Momo et Ume étaient deux pharmaciennes ; les vignettes humoristiques étaient apparemment commandées à l’agence marketing Cuebic par une entreprise proposant des services de formation et de réorientation à des pharmaciennes. Mais les personnages subsistent au-delà de la campagne, et Cuebic décide de les transposer dans divers univers professionnels (et même au lycée). Finalement, en 2019, Momo et Ume arrivent dans un bureau, ce qui devient « Momo to Ume (OL edition)« . L’intérêt essentiel des vignettes animées réside dans leurs dialogues : un humour à la fois très pince-sans-rire et grotesque, offrant un regard décalé sur des choses banales. C’est cette version qui a rencontré un vif succès sur les réseaux sociaux (à ce jour 100 millions de vues, toutes plateformes cumulées), si bien que les deux employées se retrouvent ailleurs pendant l’été 2021, soit quelques semaines avant le lancement de la série sur Hulu : une compilations de leurs meilleures échanges au format CD/Blu-Ray et un tome unique d’une version papier.
    Ce qui est intéressant dans la version de Hulu, c’est que l’idée d’une adaptation animée a été écartée, au profit d’une série en live action. Le style se retrouve pourtant pas mal, étrangement. C’est très coloré, pour commencer, et les deux protagonistes sont lookées de façon similaire (coiffure, pinces dans les cheveux à l’image du fruit dont elles portent le nom, etc.). On retrouve aussi les masques stylisés de la version animée, qui évidemment, étant deux petits rectangles blancs, ne couvrent pas grand’chose en réalité… et donc la série les fait disparaître régulièrement en nous indiquant qu’il suffit d’imaginer qu’ils sont toujours là !

    Mais, plus important encore, la série parvient à préserver le rythme des vignettes video d’origine. Les dialogues sont débités à la vitesse de la lumière (ce qui ne fait qu’ajouter à l’efficacité de leur côté pince-sans-rire), et le montage est au taquet, insérant plein de plans ou de petites scènes absurdes venant illustrer les échanges des deux employées. Si je voulais établir une comparaison simpliste (vraiment simpliste, hein, ne la prenez pas trop au sérieux) avec quelque chose qu’à peu près toutes les téléphages de ma génération connaissent, je dirais qu’il y a du Gilmore Girls et du Ally McBeal là-dedans.
    Et, exactement comme dans la version web, pas de série feuilletonnante ici. Car en réalité, ce petit épisode de même pas dix minutes… comporte deux sketches. Sans aucune relation entre l’un et l’autre. La première histoire porte sur la façon dont Momo a remarqué que ses collègues (et par extension les gens dans leur ensemble) aiment bien se vanter de choses incroyables juste pour one-upper leur entourage, et la seconde porte sur la façon dont, apparemment, manger des trucs sucrés en médisant sur le dos de son patron est une tradition d’OL, et que le mal qu’on a à dire dépend de la qualité des bonbons ou gâteaux consommés. C’est vraiment une technique de shortcom, cette structure, pour le coup ! Mais c’est tellement moins vulgaire que Caméra Café…

    Encore une fois, on est ici dans des sujets très simples, mais c’est vraiment les dialogues qui en font toute la valeur. Momo s’agace facilement, parce qu’elle est jeune, et est un peu dramatique ; Ume, plus expérimentée, a tendance à prendre les choses avec plus de calme. Toutefois, elles partagent le même humour, la même vision des choses, et rient, dans leur coin de bureau, du quotidien, avec le regard décalé qu’elles partagent dans un monde si absurdement normal. Et ça marche. Sur moi en tout cas, ça marche.
    Il y a toutes sortes d’explications possibles à cela (la vie du bureau, c’est universellement absurde, par exemple). Mais j’en arrive toujours à la même conclusion : c’est tout simplement que je réponds bien à l’humour japonais, du moins en général. Or, le type d’humour de Momo Ume, c’est du manzai quasiment pur jus : il y a deux personnages relativement statiques (les gags ne reposent pas sur ce qui se fait mais uniquement ce qui se dit), aux personnalités complémentaires (boke pour Momo, tsukkomi pour Ume), et les situations sont à la fois universelles, absurdes et anodines.

    Finalement, il peut s’en dire, des choses, sur quelques minutes à peine de télévision. Et c’est ce qui au final m’a convaincue de vous parler de Momo Ume, quand bien même tous ses épisodes ne nous sont pas encore accessibles. Sans regret ?


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