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    24 avril 2022 à 12:32 • Telephage-o-thèque •

    Au fil des ans, j’ai eu l’occasion de parler de nombreuses séries carcérales, et en particulier de séries carcérales féminines, tout un sous-genre en soi. Citons entre autres (et n’hésitez pas à abuser des tags en bas d’article pour en savoir plus) des fictions comme Capadocia (au Mexique), Unité 9 (au Québec), Fangar (en Islande), Wentworth (en Australie), Vis A Vis (en Espagne) ainsi que son adaptation Prise au piège (en France), et évidemment Orange is the new black (aux USA), sûrement la plus connue internationalement.

    Vous savez de quelle série carcérale féminine je n’avais pas encore pu parler ? Lockdown, une série sud-africaine cette fois, lancée en 2017 mais qui ne m’a été rendue accessible que grâce à ma période d’essai sur la plateforme Showmax en ce mois d’avril 2022. La patience, en téléphagie, est une vertu ; la voici aujourd’hui récompensée.

    Notre série se déroule dans la prison (fictive) de Thabazimbi, une forteresse entourée d’une colline artificielle qui lui sert de rempart supplémentaire. Les conditions de vie y sont… ma foi, pour simplifier, disons qu’on n’est pas dans les jolies suites modernes d’Unité 9, ici. Les prisonnières y sont parquées à 42 par chambre (c’est le vrai chiffre), les locaux sont dans un état de délabrement avancé, et tout pue en permanence, par-dessus le marché. D’après ce que je lis sur le système carcéral sud-africain, cela n’a rien d’exceptionnel, mais quand même… Pour rajouter encore à l’ambiance, Thabazimbi est gardée par une équipe mixte, armée jusqu’aux dents (plusieurs plans du premier épisode mettent bien en évidence les mitraillettes utilisées par les gardes).
    Malgré tout, Thabazimbi tourne plutôt pas mal, toutes proportions gardées, sous le contrôle de Beauty, la « Governor » de la prison (en France, on parlerait plutôt de Directrice), dont la démarche semble plutôt juste mais ferme. Deux gardes se distinguent également pendant cet épisode inaugural : Alphi, un homme qui se voit comme le bras droit de Beauty, et Sharon, qui parce qu’elle est constamment humiliée par ses collègues masculins, a tendance à reporter sa violence sur les prisonnières.

    L’épisode initial de Lockdown s’ouvre sur un trope incontournable en matière de série carcérale, avec l’arrivée à Thabazimbi d’une nouvelle prisonnière qui est innocente. On nous le prouve d’ailleurs en nous montrant précisément les circonstances de son arrestation, puisqu’en réalité, la drogue qu’elle avait sur elle ce jour-là était celle de son petit-ami Zakes. Monde, c’est son nom (qui se prononce avec un « è » à la fin) a tout de l’oie blanche, et jusque là elle était une influenceuse célèbre pour son style de vie luxueux… inutile de préciser que le choc va être rude au moment de son arrivée derrière les barreaux.
    C’est quelque chose qui ne cesse de me fasciner, cette façon dont absolument toutes les séries carcérales féminines que j’ai vues (il y a plusieurs exceptions chez les masculines ; Oz n’en est toutefois pas une) démarrent avec cette protagoniste-innocente-mais-emprisonnée-quand-même-qui-n’a-pas-sa-place-ici-mais-qui-nous-sert-de-cheval-de-Troie-narratif. On pourrait penser qu’il y aurait d’autres possibilités pour introduire le monde carcéral à des spectatrices, une fois de temps en temps au moins ? Mais non, à chaque fois, ça rate pas. À chaque fois, À CHAQUE FOIS, une innocente arrive, choquée de découvrir la réalité du monde carcéral, humiliée (toujours humiliée !) par les conditions d’arrivée et notamment la fouille au corps (ici montrée sans aucun fanservice, c’est appréciable, mais néanmoins un passage obligé), et plongée malgré elle dans la vie brutale que ces murs ont toujours connu. Il sera attendu d’elle de s’y conformer (et donc de perdre sa précieuse innocence) ou d’en périr (conserver son innocence est à ce prix).
    Si l’innocence est souvent relative (ici par exemple, Monde avait effectivement consommé de la drogue ; elle ne savait juste pas qu’elle en transportait plusieurs kilos ; parfois les personnages d’autres séries ont tué quelqu’un mais par légitime défense… ce genre de choses), il n’en reste pas moins que la série attend des spectatrices que, par défaut, elles ne soient capables que d’entendre cette innocence pour comprendre les injustices qui découlent de l’emprisonnement. Vraiment, c’est fascinant la régularité avec laquelle ce biais est introduit en même temps que la série ; exactement de la même façon que l’enfermement dans des hôpitaux psychiatriques est dépeint comme une injustice uniquement pour les personnes considérées comme enfermées à tort. Pour à peu près les mêmes raisons, d’ailleurs : la privation d’humanité, dans le fond, yen a qui la méritent. Il s’agit juste de déterminer qui.

    Pour ce premier épisode, qui dure un peu moins d’une demi-heure, Lockdown n’a pas exactement le temps de s’interroger sur la résonnance profonde de ses choix scénaristiques (si telle est seulement son intention). Il faut dire que, outre la mise en place de l’univers de Thabazimbi, et l’arrivée de Monde au sein de celui-ci, la série établit également plusieurs autres personnages. L’autre protagoniste majeure de la série est Mazet (ou MaZ), une prisonnière qui a moins de deux semaines à tirer avant la libération, et dont, sans avoir vu les épisodes suivants, je vous mets ma main à couper qu’elle n’est en réalité pas près de sortir. Il faut aussi mentionner Tyson, l’indubitable « méchante » assoiffée de violence ; ou Sue, la seule blanche de la cellule, qui a miraculeusement survécu jusqu’à présent alors qu’elle est raciste au dernier degré. Je ne vous cache pas que quand, inévitablement, quelqu’un va en avoir marre d’elle, ça ne fera pleurer personne, surtout que son racisme s’applique, évidemment, aux gardes noires aussi. Faudra pas se demander pourquoi les prisonnières n’étaient pas surveillées ce jour-là.

    Donc voilà, tout cela se met gentiment en place (…enfin, « gentiment », je parle de rythme, certainement pas de ton), Lockdown faisant les présentations avec efficacité. Il y a une excellente énergie, aussi bien grâce à un montage incisif que parce que l’épisode privilégie autant que possible des scènes courtes, allant droit au but. Vu la durée de ses épisodes, c’est le bon choix, évidemment, mais ça joue vraiment en sa faveur parce que cela lui permet aussi de ménager quelques pauses intéressantes dans lesquelles loger des étincelles d’émotion (comme lorsque Mazet a un parloir avec sa fille) qui ne demandent qu’à s’enflammer par la suite.
    D’une façon générale, je n’attends pas d’une série carcérale une formule ou même des intrigues révolutionnaires. On peut même dire qu’il y a peu de genres ou sous-genres télévisuels qui innovent aussi peu dans ces domaines : plutôt que les dynamiques à l’œuvre, ce sont  les protagonistes (et leur backstory) qui forment l’essentiel de l’identité de ce genre de fiction. Mais à vrai dire, c’est une des raisons pour lesquelles j’aime les séries carcérales malgré tout : il s’agit de séries dramatiquement pures, intéressées par la nature humaine avant tout. Et je suis particulièrement ravie d’avoir enfin pu jeter un œil à celle-ci ! Sans abonnement à Showmax, je n’en verrai sans doute jamais la suite (surtout qu’elle compte à ce jour déjà 5 saisons, ça fait beaucoup à rattraper même avec des épisodes de moins d’une demi-heure), mais, comme toujours, c’est mieux que rien.


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  • S’il n’est pas trop tard

    23 avril 2022 à 20:34 • Telephage-o-thèque •

    « This is how it starts. Everyone thinking they can work with the guy, that they’ll bring him around. It’s like Hitler. Everyone thinking he doesn’t mean what he says. »

    Entre deux crises d’angoisse, ces deux dernières semaines, j’ai quand même regardé un peu de télévision. Un peu seulement, parce qu’hyperventiler prend plus de temps que je ne le voudrais ; on ne parle pas assez du gâchis de temps que représente l’anxiété. Je vous rassure, ce ne sera pas mon sujet du jour… mais de façon assez voisine, aujourd’hui, je vous parle du premier épisode de The Plot Against America, une uchronie datant du printemps 2020 que, pour des raisons assez transparentes, j’ai voulu regarder ce printemps-ci. A l’origine, l’idée était de regarder toute la mini-série avant de la reviewer ; cependant, je n’en ai eu ni le temps ni le courage. Il faut savoir reconnaître ses limites. Je ne reviewerai donc ici que le premier épisode.

    On est en 1940 et la vie est belle pour les Levin. Cette famille américaine mène une existence paisible à Newark dans le New Jersey, au sein d’un quartier essentiellement habité par des familles juives, comme les Levin. Herman et Bess y élèvent donc leurs deux fils, Sandy et Philip, tout en participant à la vie de leur communauté où tout le monde les connaît. Leur famille étendue inclut également Alvin, le neveu de Herman, et Evelyn, la sœur aînée de Bess qui s’occupe de leur mère atteinte d’une légère démence. Lorsque commence la série, outre ce cadre idyllique pour qui a des aspirations de la classe moyenne, Herman Levin se voit proposer une promotion qui leur permettrait de déménager pour sa propre maison (la famille occupe un étage seulement de la résidence où elle habite actuellement) dans un quartier légèrement plus cossu. C’est dire si tout va bien.

    Sauf qu’évidemment, on est en 1940. En Europe, la guerre a éclaté, et l’Amérique est divisée entre deux options : intervenir ou non. Le Président Roosevelt pense que les forces armées étasuniennes devraient s’engager dans la guerre, mais c’est loin d’être l’avis de tout le monde, et en particulier Charles Lindbergh, le célèbre aviateur, ne fait aucun secret de sa position anti-guerre. Apparaissant régulièrement dans la presse et aux informations, Lindbergh est même assez volubile, expliquant abondamment que non seulement il pense qu’il ne faut pas envoyer de troupes en Europe, mais que cette guerre est la faute de la communauté juive, et que c’est la main de celle-ci qui essaie d’influencer la décision d’entrer dans le conflit armé. Dans la maison des Levin, évidemment, ce discours est inquiétant ; à quelques mois de l’élection présidentielle, la popularité croissante de Lindbergh a de quoi inquiéter.

    « He’s giving permission. He’s a goddamn hero. So, if he says it, every anti-Semite has permission. »

    Le premier épisode de The Plot Against America replace les choses dans leur contexte historique avant de les faire diverger franchement : dans notre réalité, Charles Lindbergh était effectivement un antisémite notoire, mais il ne s’est jamais présenté aux présidentielles de 1940. Dans la série, son discours prend de l’ampleur, et même si au sein du quartier où résident les Levin, personne ne semble le prendre au sérieux, en revanche tout le monde prend très au sérieux l’impact de son discours sur le grand public.

    L’épisode est ainsi émaillé de scènes pendant lesquelles Herman Levin, entouré soit de sa famille, soit de voisines, soit d’amis, discute des événements politiques du moment. Comme son entourage proche est également juif (et que la série n’introduit de personnage juif anti-guerre que vers la toute fin de cet épisode d’exposition), les commentaires échangés sont outrés et/ou inquiets, bien qu’à divers degrés. Tout le monde autour de lui a conscience du danger que représentent les discours de Lindbergh.
    Mais est-ce suffisant pour éviter le pire ? Y a-t-il seulement un moyen d’éviter le pire ? Ce que les Levin craignent, ce n’est pas juste une présidence. Ce sont les sympathisants de Lindbergh qui se réunissent dans une taverne bavaroise, ou qui rouent de coups des Juifs à la tombée de la nuit, discrètement. Le danger, ce n’est pas seulement Lindbergh lui-même, mais ce qu’il incarne, et le fait qu’il l’incarne pour un nombre grandissant de compatriotes des Levin. Ce qui inquiète, c’est que pour le moment, hors la communauté juive de Newark dans le New Jersey, l’Amérique ne semble pas s’inquiéter assez.

    « My brother was in Berlin back in ’32. He wrote to us about what Goebbels and Hitler were up to. The government there, they played by the rules. The Nazis, they made a joke of every damn rule. »


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  • The world we build

    22 avril 2022 à 21:38 • Telephage-o-thèque •

    On ne parle que fiction, dans ces colonnes ; pas d’actualité. Donc parlons de Years and Years.

    Je sais, cette review arrive un peu tard, considérant que cette série britannique a été diffusée par BBC One en 2019.
    Justement, au moment de sa diffusion, je n’avais pas vraiment envie de la voir : ce que j’en entendais me faisait craindre que je n’aurais pas les nerfs pour. Et puis, quand la pandémie nous a explosé à la gueule comme une pluie de postillons empoisonnés, je n’ai pas voulu en rajouter. Et puis, et puis, et puis.
    La réalité c’est que, depuis quelques années, je regarde moins de séries qui font monter mon angoisse. Je me promets de les regarder un jour, de les faire remonter sur ma liste, comme Unbelievable, Chernobyl ou The Act (toutes lancées en l’espace de quelques mois de la même année). La critique est dithyrambique. Les récompenses pleuvent. Mon entourage téléphagique me répète de m’y mettre. Rien à faire.
    Pour être totalement sincère, ça ne me rend que plus anxieuse. Je sens de façon diffuse à quoi on doit l’élan autour de ces séries : à leur sujet au moins autant qu’à leur exécution.

    Pourtant je n’ai jamais fait partie des gens qui évitent les sujet dits « anxiogènes ». Une part de moi leur court même après. Et pendant tout ce temps, ce temps que j’ai passé à éviter depuis trois ou quatre ans au moins ces séries qui me faisaient peur par avance, j’en ai regardé d’autres sans y réfléchir à deux fois, qui ne traitaient pas de sujets plus gais, et n’en traitaient probablement pas plus mal non plus (sauf que par définition, je ne suis pas en mesure de faire la comparaison). Vous avez vu les trigger warnings vous-même.
    Je n’ai honnêtement pas d’explication. C’est quelque chose dont, en fait, je discute aussi peu que possible avec moi-même : pourquoi ces choix télévisuels et pas d’autres. Je crains la réponse… mais qu’est-ce que je ne crains pas ? Je suis une froussarde ; tout me fait peur, de plus en plus. L’anxiété me dévore un peu plus chaque jour, à chaque nouvelle, à chaque notification. Alors, à part que je n’ai aucun courage, aucune idée de ce qui me bloque.

    Paradoxalement me voilà, en avril 2022, à être tellement étranglée par l’anxiété que je ressens le besoin de me mettre devant plusieurs de ces séries que j’ai évitées pendant tout ce temps. Il y a soudainement comme une urgence. Et en même temps, il est tard. Peut-être trop.

    « It terrifies me because the world keeps getting hotter and faster and madder, and we don’t pause. We don’t think. We don’t learn. We just keep racing to the next disaster, and I keep wondering. What’s next ? Where are we going ? When is it ever going to stop ? »

    On regarde Years And Years comme on suit l’information : avec l’impression de voir venir la catastrophe, impuissantes. Non parce que nous avons un peu de recul sur certains des phénomènes décrits par rapport au moment où la série a été conçue, mais parce que la série baigne dans une ambiance de foreshadowing constant. Dans une fiction, c’est le contrat, n’est-ce pas ? Tout ce qui se déroule sous nos yeux est créé par autrui, et là à dessein. Alors quand la série attire notre attention sur certaines lignes de dialogues, sur certaines actions, sur certains mécanismes, nous savons que c’est pour une bonne raison. Nous savons que ça mène quelque part. Nous savons que le flingue de Chekhov n’est pas chargé pour rien. S’il l’était, nous remarquerions et critiquerions le plot hole. Les règles de la fiction sont telles que nous reconnaissons ces indices qu’une escalade nous attend.

    Inexorablement, les protagonistes déplorent que tout aille de plus en plus mal, et se précipitent vers le pire. Les membres de la famille ne s’entendent déjà plus dans le chaos ambiant. Ou plutôt, chacune entend déjà des choses différentes de ce qui parvient, confusément, de l’extérieur. Et petit-à-petit, aussi sûrement que la série l’avait (évidemment) prédit, les choses vont de plus en plus mal pour un, pour deux, pour trois membres de la famille.
    Sauf que ce n’est pas cette famille. C’est toutes les familles qui lentement accumulent un problème, deux problèmes, trois problèmes. Et puis la crise collective est là quand les problèmes individuels sont trop étendus pour être minimisés.

    Obstinément, chaque protagoniste a pourtant vu ses actions comme individuelles. Parce que lorsqu’on est prise à la gorge, c’est finalement assez naturel : qui a le temps pour penser à ce que signifient nos actions dans le contexte de tout un pays ? On n’est personne. On n’est qu’une personne parmi des millions. Alors est-ce que ça compte vraiment, pour qui que ce soit en-dehors de nous, et peut-être de notre famille ?
    Les protagonistes qui déploraient que tout allait de plus en plus mal se sont précipitées vers le pire. Elles font du mieux qu’elles peuvent avec les informations qu’elles ont, sûrement… en tout cas c’est ce qu’elles se disent, quand elles s’appellent via le « link » familial. Elles tentent de s’adapter, parce que, que peuvent-elles faire d’autre que s’adapter ? Une petite concession de plus sur le confort ou la sécurité. Elles sont convaincues de faire ce qu’il faut faire, de faire ce qui est juste pour elles vu les circonstances, de veiller à leurs propres intérêts dans la mesure du possible. Elles pensent savoir comment fonctionne le monde, et pouvoir prévoir les conséquences de leurs actions comme si leurs choix étaient indépendants du fonctionnement du monde. Le monde continuera de tourner comme il l’a toujours fait, pas vrai ? Tout ce dont elles ont à se soucier, c’est que leur coin de monde tourne, pour elles, aussi bien que possible.
    Mais le monde n’est pas prévisible. Et il n’est pas indépendant de leurs choix.

    Dés le premier épisode j’avais envie de hurler. Mais ça ne se fait pas de hurler, alors je me suis sentie agripper quelque chose (j’ai réalisé plus tard que c’étaient mes propres poignets que je serrais) et j’ai continué de regarder. J’aurais pu arrêter de regarder, sauf qu’en même temps, je ne le pouvais pas.
    On a beau avoir conscience que ce n’est « que » de la fiction, que ce n’est pas réel, qu’il y a, déjà, des différences entre la réalité et la série (en seulement trois années), on se prend à vouloir savoir quelle est la prédiction suivante. Et surtout, comment ça finit. La seule raison pour laquelle je me suis imposée tout ça, la boule au ventre, c’est que je voulais que Years And Years me disent comment ça finit. Parce qu’objectivement, comment ça pourrait bien finir ? Il n’y a pas de happy ending pour une série comme Years And Years, comme la plupart des séries post-apocalyptiques, le mieux n’est pas envisageable ; et Years And Years n’est même pas post-.
    Alors qu’elle me raconte. Qu’elle me raconte tout ce qui nous attend avant la fin. J’avais envie, non : besoin de savoir. Comment ça va finir ? Vers quoi on se dirige ? Comment je vais finir ? A quelle sauce allons-nous être dévorées toutes crues par la spirale infernale de l’humanité ? Plus je questionnais le besoin que j’avais de poursuivre mon visionnage morbide, plus j’avais besoin de vivre l’escalade de désespoir pour avoir la satisfaction de connaître la fin.
    J’ai toujours voulu connaître la fin. J’ai toujours voulu qu’on me dise : « et après tout ça, tu vas quand même mourir ». Depuis que je suis enfant, je suis convaincue que pendant mon dernier jour sur cette Terre, tout sonnera comme une ignoble ironie ; si au lieu de me promettre mieux, on m’avait tout de suite dit la fin, je suis convaincue que je l’aurais mieux vécu dans l’intervalle.

    Parce que c’est ne pas savoir qui nous rend anxieuse, vous comprenez ? C’est de ne pas comprendre, de ne pas savoir, de n’être pas capable d’anticiper ; c’est le manque de clarté qui nous étouffe d’angoisse. C’est de l’imprévisibilité que vient l’anxiété : cette réalisation que ce que nous pensons être gravé dans le marbre est si volatile, et peut changer à tout moment. La réalité est plus fragile que nos plus profondes certitudes. Tant de choses ne tiennent qu’à un fil, et nous les tenons pour acquises ; nous faisons nos choix en pensant que nous sommes les seules à prendre des décisions, que le monde autour de nous va continuer de fonctionner comme il l’a toujours fait. Mais dans le même temps, on a l’impression que le monde devient fou parce que son fonctionnement nous échappe, il est impossible d’avoir jamais la certitude de le comprendre correctement.
    Le monde n’est pas fou, il est juste hors de contrôle, et la vraie terreur nous tenaille lorsque nous réalisons que nous n’avons pas de contrôle, pas comme nous le pensions.
    Cette obsession de connaître le futur pour mieux l’affronter, c’était ça, la définition de mon visionnage de Years And Years. Ce n’est effectivement « que » de la fiction, mais c’est tous les outils qu’on a. C’est tous les outils que j’ai. Vous me voyez écrire ici, semaine après semaine depuis plus d’une décennie, alors vous le savez : c’est tous les outils que j’ai jamais eus.

    J’ai arrêté le dernier épisode et desserré mes mains, les articulations blanches. Il m’a fallu une minute pour réaliser que je ne respirais pas. Il m’a fallu une minute de plus pour arrêter de penser à la régularité de mon souffle. J’ai tourné la tête, machinalement. Sur le canapé, mon chat, mon vieux chat Tomcat, dormait. J’ai éteint l’ordinateur et je suis allée me noyer dans sa fourrure. Pas parce que je venais de voir Years And Years.
    Mais parce que c’était bon d’avoir le choix de regarder, ou non, une série qui nous rend inconfortable ou nous bouleverse. Si seulement tout était toujours aussi simple.


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  • Layover

    21 avril 2022 à 19:46 • Telephage-o-thèque •

    Il est des histoires qui semblent destinées à un book club de banlieue. Peut-être d’ailleurs qu’elles le sont.
    Un danger à la fois intense et glamour, une héroïne (toujours une femme, toujours…) embarquée là à l’insu de son plein gré, des retournements de situation impossibles, des amies qui ne sont pas des amies et des ennemies qui sont des amies. On en parle en se resservant un verre de vin, sans vraiment avoir retenu la moitié de ce qui s’y est déroulé : le but n’a jamais été d’y trouver le plus grand roman de tous les temps, quelques frissons suffisent.
    Ces livres-là, généralement on les trouve adaptés par Lifetime, quand la chaîne a épuisé son quota de téléfilms adaptés d’histoires vraies ; l’adrénalin est moindre que si l’on pensait que ça puisse nous arriver, mais présente quand même. Le glamour compense.

    Trigger warning : maltraitance infantile.

    The Flight Attendant aurait pu devenir ce genre de fiction : « Fly High, the Cassandra Bowden Story ». Mais non. A la place, elle est devenue un thriller palpitant pour HBO Max, The Flight Attendant. Vous vous souvenez peut-être que, voilà bien des lunes, je vous avais parlé du premier épisode ; eh bien me voici aujourd’hui à vous parler de la totalité de la première saison. Une sorte de fiche de lecture, à l’occasion du lancement d’une nouvelle saison aujourd’hui sur la plateforme américaine.

    Je n’ai pas lu la totalité du roman d’origine, mais j’ai lu plusieurs extraits qui me confortent dans l’idée que la série a réussi à élever le matériau de départ. Il y a, évidemment, un certain nombre de raisons à cela : c’est rarement un seul ingrédient qui suffit à faire sortir une série du lot, à plus forte raison parce que la télévision, média collaboratif par excellence, repose sur plusieurs savoir-faire détenus par de nombreuses employées de la production. Mais j’en retiens deux principaux : la réalisation d’une part, et Kaley Cuoco de l’autre.

    Dans ma review du premier épisode de The Flight Attendant, j’avais déjà jeté des fleurs à l’actrice pour sa « reconversion », donc n’hésitez pas à y jeter un oeil pour éviter la redite (surtout que j’y établis aussi les grandes lignes de l’intrigue). Mais plus la série avance, plus il est évident que, d’une part, ce n’est pas une conversion mais une sublimation, et d’autre part, Cuoco a fait plus preuve de vulnérabilité et de prise de risque dans ce rôle que dans tous ses précédents réunis. La première étant sans nulle doute la rançon des secondes. Elle n’est, évidemment, « que » productrice exécutive sur la série, mais on la sent investie, et c’est vraiment un glow-up professionnel que je souhaite à toutes les actrices longtemps réduites à des rôles de bimbo blonde stupide.
    Kaley Cuoco parvient toujours à marcher parfaitement sur la ligne de démarcation entre un thriller un peu absurde, et une exploration touchante de la fragilité de son héroïne. L’oscillation entre les deux aspects, qui servent deux maîtres différents (le frisson d’une grande aventure internationale d’une part, et le traumatisme introspectif d’autre part), aurait pu donner un résultat très irrégulier, mais l’interprétation permet au contraire de cimenter les deux. Lorsque Cassie Bowden souffre, on n’oublie jamais que le danger lui souffle dans la nuque ; quand Cassie Bowden mène sa propre investigation, ses émotions continuent d’être à fleur de peau. Le fait que chaque émotion soit jouée à 101% permet de maintenir un côté un peu campy qui sert de liant, mais sans jamais ruiner l’ambiance. D’autres actrices (j’ai des noms) sont incapables de cela, et s’adaptent simplement à l’humeur de la scène, mais Cuoco, trouvant ses ressources on ne sait pas trop où, parvient à maintenir cet étrange équilibre où que la série l’emmène.

    Et puis, il y a la réalisation. Vous le savez sûrement, ce n’est pas mon domaine d’expertise (je suis plus fond que forme) et il me manque, même après toutes ces années, souvent les termes techniques pour exprimer pourquoi, ou même juste comment, une série fonctionne à ce niveau. Voici cependant ce qui saute aux yeux dans The Flight Attendant : une camera dynamique, un montage impeccable, un don pour le split screen en particulier pour multiplier les angles de vue d’une même scène, et un sens du timing impeccable. Le ton est parfois en dents de scie, mais la série garde un rythme constant pour ne jamais laisser retomber la tension des spectatrices. La série se repose énormément sur des changements abrupts d’éclairages et de couleurs pour commander l’attention même dans les temps plus calmes. Il faut également citer ce qui est à la fois un outil narratif et un gimmick : l’utilisation de la chambre d’hôtel luxueuse dans laquelle l’intrigue de la série a démarré comme un littéral mind palace qui permet à l’héroïne de jouer son dialogue intérieur avec un interlocuteur, ou juste d’exprimer visuellement une émotion (ce faisant, The Flight Attendant a trouvé une bonne méthode pour éviter les poncifs d’une voix-off sans en abandonner totalement les bénéfices).
    Par moments, ces scènes semblent répétitives, mais leur répétition permet sur la longueur d’établir des choses intéressantes, en lien direct avec certaines des problématiques de la série les plus dramatiques.

    C’est que, l’air de rien, The Flight Attendant utilise ses outils plein d’énergie (ainsi que des dialogues pince-sans-rire du plus bel effet) pour aborder des choses assez complexes.
    Il y a, d’abord, l’alcoolisme de Cassie. La jeune femme est d’emblée présentée par la série comme une fêtarde, mais une fêtarde qui est la seule à ne pas réaliser que son comportement est inquiétant. Elle boit au travail, elle boit après le travail ; elle boit accompagnée, elle boit seule ; elle boit du champagne, elle boit de la vodka… bref, elle boit, n’importe quand, n’importe comment, n’importe quoi. Mais comme pour l’essentiel, c’est une expérience positive pour elle (parce qu’elle est ce qu’on surnomme une « alcoolique fonctionnelle »), ça n’a pas vraiment de répercussions avant la nuit à Bangkok.
    Il y a aussi les souvenirs traumatiques qui, très rapidement, s’entremêlent. Le meurtre d’Alex Sokolov n’est pas la première fois que Cassandra a côtoyé la mort, même si son style de vie de party girl internationale pourrait laisser penser l’inverse. La série met, paradoxalement, bien plus de précautions (et de temps) à révéler l’étendue précise du traumatisme ainsi réveillé, mais ses effets hantent l’héroïne dés le premier épisode, et prennent rapidement des proportions impossibles à ignorer. Même avec la consommation d’alcool routinière de la jeune femme.

    C’est ça, le truc, justement. Ces deux axes s’entremêlent autour du même tuteur narratif : Cassie Bowden a une capacité incroyable à mettre de côté ce qui la dérange. Mais enfouir ne signifie pas digérer ! L’évitement étant désormais impossible, avec la pluie de calamités qui lui tombe dessus, Cassie est donc forcée de se confronter à des démons qu’elle avait pourtant ignorés. Cette problématique sous-tend toutes les autres intrigues, en réalité. En fait, cette première saison de The Flight Attendant conditionne même, à plusieurs reprises, la capacité de l’héroïne à affronter aussi bien ses diverses interlocutrices (frère, meilleure amie, nouveau petit-ami potentiel, etc.) voire même les dangers qui se présentent après la mort d’Alex Sokolov. Une tueuse à gages sur sa piste ? Le FBI à ses trousses ? Une conspiration criminelle ? Quoi qu’il se produise dans l’intrigue principale, le premier réflexe de Cassie est d’essayer de faire son possible, exactement comme pour les choses plus « banales » qui lui sont arrivées jusqu’alors, pour ne pas avoir à considérer avec sérieux l’ampleur de ses problèmes. Toujours convaincue que sa dernière idée en date pour se sortir du pétrin va tout régler comme d’un coup de baguette magique, elle fait son possible pour ne pas avoir à se confronter aux choses difficiles. Eh bien cette fois, il n’en est plus question.

    The Flight Attendant
    confronte son héroïne à la mort pour qu’elle s’interroge, enfin, après l’avoir si longtemps évité, sur sa vie. Quitte à lui forcer la main de la pire des façons : avec un traumatisme supplémentaire.
    Et, dans l’ensemble, ça fonctionne. Même très bien ! Cela donne beaucoup de puissance à une série qui, sans cela, aurait pu n’être qu’un téléfilm de Lifetime sur une femme (toujours une femme, toujours… comme dans les thrillers de TFHein d’ailleurs) embarquée là à l’insu de son plein gré dans une situation invraisemblable. En prenant son intrigue à la légère, mais son héroïne toujours au sérieux, la série réussit là où d’autres ont lamentablement échoué par le passé… et pose même, intelligemment, les jalons pour une intrigue supplémentaire. Pas étonnant que la série, soi-disant conçue comme une limited series, revienne aujourd’hui avec une nouvelle saison. La question, en revanche, est : sera-t-elle capable de faire aussi bien ? Hâte de le vérifier par moi-même.


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  • Sunday kind of love

    17 avril 2022 à 20:29 • Dorama Chick •

    Faute d’avoir de la douceur en ce moment, on va s’en créer.

    Par chance, avec la nouvelle saison télévisuelle japonaise qui a commencé en ce mois d’avril, ce ne sont pas les solutions qui manquent. Vous connaissez mon penchant pour les « séries d’appétit », c’est donc naturellement vers Iburigurashi que je me suis tournée en ces temps moralement difficiles, pour éviter les idées noires.
    Celles qui auraient oublié de quoi il s’agit peuvent consulter quelques unes de mes reviews précédentes, qui expliquent ce qu’est une « série d’appétit » (le genre est nippon, l’appellation est de moi), quelles sont sa structure aussi bien que la symbolique portée par celle-ci, en quoi elle m’apparaît comme impeccablement feelgood, et pourquoi elle est un sous-genre télévisuel si souvent essentiel pour le budget des petites chaînes… ce dernier point de contexte est important pour la review du jour ! Mais franchement, les lectures ne manquent pas sur le sujet, l’air de rien j’ai développé un sacré corpus d’articles sur les séries de bouffe…

    Si vous préférez la version courte : foncez. Cependant, avec lesdites « séries d’appétit », il est toujours dommage de ne pas prendre son temps.

    De patience il est d’ailleurs généralement question, dans les « séries d’appétit » : environ la moitié d’un épisode est habituellement dédiée à construire ledit appétit.
    Celui-ci est, comme j’ai plusieurs fois eu l’occasion de le rappeler, est aussi bien littéral (appétit de nourriture) que métaphorique. La métaphore varie d’une série à l’autre, mais représente toujours, au bout du compte, la satisfaction d’un besoin plutôt émotionnel. Ainsi donc, la nourriture fait du bien, c’est un fait ; mais les circonstances dans lesquelles elle est dégustée qui apportent également une part importante de satisfaction.
    Dans Iburigurashi, ces deux composants essentiels de la « série d’appétit » se caractérisent par le fait que, chose exceptionnelle, la série a deux protagonistes : Yori et Meguru. La première travaille comme manager d’un petit café, et a quelques connaissances culinaires. Le second travaille à temps partiel dans une arcade, où il peut travailler dans le domaine qu’il aime, les jeux videos. Leur seul jour de congé en commun est le dimanche, et récemment, Yori et Meguru ont eu l’idée de se préparer un festin ce jour-là, pour déguster des bons petits plats ensemble. L’enjeu de la série est donc autant de se régaler que d’avoir la satisfaction de passer ce temps à deux, dans leur petite maison caractéristique de l’ère Showa, à tuer le temps pendant que la nourriture cuit.

    …Enfin, non. Elle ne cuit pas exactement : elle fume. Le premier épisode d’Iburigurashi va revenir sur l’origin story de leur particularité culinaire (toutes les « séries d’appétit » en ont une) : en regardant la télévision, la semaine précédente, Meguru s’est montré curieux sur la façon dont un jambon pouvait être fumé deux semaines avant d’être mangé. Quel goût ça peut bien avoir ? Bien-sûr, fumer un jambon pendant deux semaines dans leur maison n’est pas très réaliste, mais Yori a réfléchi aux techniques de cuisson qu’elle connaissait, et promis d’essayer de fumer quelques aliments simples pendant, disons, un petit quart d’heure, pour leur repas du dimanche. Ce devrait déjà être bien, pour commencer.
    L’épisode inaugural de la série nous montre donc leur toute première tentative en la matière, avec un peu de matériel spécialement acheté pour l’occasion. Histoire de démarrer doucement, ce premier épisode les voit donc préparer tranquillement des œufs marinés dans du dashi, puis les laisser fumer paisiblement, avant de déguster posément ces œufs dans diverses configurations (c’est-à-dire tels quels, mais aussi dans une salade de pomme de terre, et enfin incorporés à une sauce pour accompagner du poulet teriyaki). Leur dimanche matin est entièrement consacré à cela, à un rythme lent, mais dans la gaîté.
    Outre la curiosité culinaire, bien-sûr, c’est de préparer tout cela côte à côte dans leur cuisine, pendant leur seule journée de répit ensemble, qui a de l’importance. Chacune met la main à la pâte, avec ses connaissances et compétences ; on explique à l’autre ce qu’on fait et pourquoi ; de petites interjections ravies viennent ponctuer les manipulations successives des œufs et des autres ingrédients. Et puis vient le moment pendant lequel il n’y a rien à faire, sinon attendre, le cœur un peu battant, que la fumée fasse son effet. Ces instants-là, Yori et Meguru les passent à jouer à un jeu video (Street Fighter, en l’occurrence). Finalement, notre couple est tellement ravi que, pour la fin de leur journée, il commence à imaginer ce qu’il serait possible de fumer d’autre, pour faire perdurer cette expérience…

    C’est un dimanche domestique dont la banalité intime s’exprime scène après scène. Iburigurashi insiste assez peu sur le ressenti individuel de ses protagonistes (malgré la voix-off de Yori), ce qui souligne combien la série place d’importance dans leurs interactions, plutôt. C’est ainsi qu’est établi ce qui sera, vraisemblablement, le moteur de la série : des découvertes culinaires, préparées ensemble, dimanche après dimanche.
    Peu importe ce à quoi la semaine aura ressemblé : quand on s’aime, il y a toujours un autre dimanche à partager.

    Et à partager à moindre coût. Comme beaucoup de « séries d’appétit », Iburigurashi est extrêmement simple dans son déroulé, mais aussi dans sa production : il n’y a que deux actrices au générique, il n’y a qu’un décor naturel (une petite maison, vraisemblablement une location), et l’action consiste uniquement à cuisiner, jouer à un jeu video ou manger. La bande-annonce de l’épisode suivant laisse cependant entrevoir des scènes en-dehors du logement à l’avenir, mais qui resteront sans nul doute en minorité.
    C’est assez peu onéreux à produire, et il y a une bonne raison à cela : la chaîne qui diffuse Iburigurashi depuis le 4 avril est BS Shouchiku Tokyu, une chaîne du satellite qui a commencé à émettre… le 26 mars ! On y propose des productions de la Shouchiku, une compagnie centenaire qui à l’origine faisait du kabuki ; aujourd’hui les grilles de BS Shouchiku Tokyu sont constituées de pièces de théâtre filmées, de films, de documentaires… Cette première saison officielle (qui coïncide avec le début de l’année fiscale japonaise) ne compte pour le moment que deux séries originales : Iburigurashi d’une part, et l’étrange comédie historique Kaden Samurai de l’autre (qui apparemment s’intéresse à un rounin qui soudain reçoit des appareils électroménagers venus du futur). On trouve aussi quelques séries étrangères, comme par exemple Schitt’s Creek ou The Good Doctor.
    Lancer une nouvelle chaîne, ça représente une petite somme. Oui, même quand on est la Shouchiku. Du coup, la « série d’appétit » est un choix assez logique pour une jeune chaîne avec une grille entière à remplir : son charme réside, précisément, dans sa simplicité. Si elle coûtait cher, ce serait même franchement contre-productif !

    Toute la force d’Iburigurashi est précisément de se concentrer sur la relation entre ces deux jeunes qui s’aiment, qui aiment faire un bon repas, et qui ont trouvé le moyen de joindre l’agréable à l’agréable. En l’occurrence, tout le monde trouve quelque chose à gagner dans cette douceur dominicale.


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  • Show to the max

    16 avril 2022 à 20:01 • Telephage-o-thèque •

    J’en parlais il y a quelques jours : au début du mois d’avril, je me suis fait plaisir en m’octroyant… l’ouverture d’un compte gratuit sur une plateforme de VOD. Rien de tel qu’une période d’essai gratuit pour profiter de ce que le monde du streaming peut parfois apporter, y compris à moi qui n’en ai pas les moyens.
    Cet essai, il était sur Showmax, une plateforme sud-africaine dont je vous expliquais les tenants et aboutissants dans ma review de Nqobile… non sans vous promettre plus de reviews sud-africaines à l’avenir.

    Pouvant difficilement consacrer 712 articles aux seules séries de cette plateforme (oui parce que, vous savez, Peak TV et tout ça), je me suis dit qu’une bonne solution était de faire usage des articles dits « Multi« , et de proposer (un peu comme je l’avais fait pour les séries de la télévision publique belge francophone un peu plus tôt cette année par exemple) un panaché de reviews de pilotes. On sait pas, peut-être que vous aussi allez tirer avantage de cette période d’essai en lisant l’article du jour ?

    Voici donc 10 pilotes sud-africains que j’ai regardés pendant ces deux dernières semaines.

    AboMama
    (2018 – Crime drama – 42mn)
    Que feriez-vous si, avec vos amies, vous trouviez 2 millions de rands ? Les héroïnes d’AboMama commencent la série comme de simples paroissiennes, fréquentant l’église de leur township, et participant à un groupe de prière. Chacune a ses propres préoccupations : Fumane, l’épouse du pasteur, veut ouvrir un foyer pour femmes battues et leurs enfants, ce que son mari prétend impossible pour des raisons financières ; Tshidi, une femme au foyer respectable qui l’a jadis moins été ; Dora, la patronne d’un spaza en faillite parce qu’elle fait crédit à tout le monde ; et enfin Mapule, qui élève tant bien que mal la fille de son frère Thabang, un criminel à la petite semaine. Si au début, ça ressemble un peu à un Desperate Housewives des townships, la série opère un virage à la Good Girls lorsque Thabang vole de l’argent à son patron, un gangster local, et en dévoile la cachette à sa sœur Mapule. Celle-ci s’ouvre à ses amies quant à son dilemme : Dieu ne voudrait pas, bien-sûr, qu’elle se serve d’argent sale… n’est-ce pas ? Avant la fin de cet épisode mené tambour battant, la question va être vite répondue. Si, pour le moment, il n’y a pas trop de surprises sur l’intrigue principale, en revanche AboMama réussit son entrée en matière grâce à son rythme impeccable et ses excellentes protagonistes, d’emblée délicieuses dans leurs scènes ensemble (légèrement moins séparément). Il y a pas mal de sous-texte religieux, parce que ces dames sont très pieuses, mais c’est justement ce qui fait tout le sel de notre histoire. Malgré le manque de moyens évident, la série est vraiment sympathique à suivre, et malgré la fin un peu violente de cet épisode introductif, je me suis retrouvée avec un sourire sur les lèvres. Je ne suis pas la seule : AboMama compte déjà 2 saisons, toutes les deux sur Showmax.

    Entangled
    (2022 – Romance – 23mn)
    La nuit qui précède son mariage avec l’homme qui partage sa vie depuis 10 ans, Sizwe, la belle Sharon fait un rêve érotique avec son ex, Julius. Mais ça ne veut rien dire, hein ? Dites ? Hein ?! Naturellement, les choses ne font que se compliquer à partir de là, et même si ce premier épisode d’Entangled a quelques longueurs (en partie à cause des nécessités d’exposition), cette comédie romantique fait bien son travail pour mettre en place un triangle amoureux légèrement différent de la moyenne. Disons qu’à l’impossible nulle n’est tenue, en tout cas. Les répliques sont excellentes et émaillées de références, les protagonistes intéressantes (avec notamment une intrigue secondaire sur un deuxième triangle amoureux bien plus imprévu !), et le revirement de la fin de cet épisode fait son petit effet même quand on le voit venir. C’est charmant, en grande partie parce que la distribution est tenue d’une main de fer pour éviter de surjouer la comédie, ce qui confère à Entangled un côté à la fois léger et mature. Pour le genre dont il s’agit, je trouve que c’est pas mal ; mais on sait toutes que je ne suis pas experte en romance, donc dans l’idéal il faudrait vous faire votre propre opinion.

    Housekeepers
    (2018 – Drama, Thriller – 23mn)
    Voilà une série sur laquelle je voulais à tout prix mettre la main, ne serait-ce qu’une fois, parce qu’on trouve à son générique, dans le rôle d’une mère et sa fille, les excellentes Clementine Mosimane et Thando Thabethe… également au générique, dans le rôle d’une mère et sa fille, de How to Ruin Christmas que j’aime tant ! Le ton est, par contre, très différent : une jeune avocate pleine d’avenir se fait engager comme domestique par la famille qui employait précédemment sa mère. Celle-ci était en effet une infirmière à domicile, auprès de Veronica (ou « Vee »), une femme atteinte de démence ; or, le jour où son mari Peter s’apprête à prendre une seconde épouse du nom de Boni, Vee recrache ses médicaments et devient incontrôlable. Et c’est bien de contrôle ici qu’il est question, si bien que Boni, follement jalouse de l’affection que Peter porte à sa première femme, décide de tuer Vee… mais fait porter le chapeau à l’infirmière. Le premier épisode est une énième preuve (dont la télévision sud-africaine n’en manque pas ; historiquement, les épisodes d’une demi-heure ont les faveurs de plein de diffuseurs africains de toute façon) qu’on peut faire de très bonnes choses en matière de série dramatique ou de thriller en moins de 30 minutes. La réalisation de cet épisode introductif inclut quelques excellents moments (la cuiller ! la cuiller !), même si elle a aussi, nettement, une affection toute particulière pour les ralentis. Inutile de préciser que l’interprétation est également convaincante… Bref, dans un monde parallèle meilleur, je bingewatche les 3 saisons actuelles de Housekeepers.

    Mzali Wami
    (2021 – Drama, Thriller – 23mn)
    Deux femmes, aux abords du même hôpital, toutes les deux en sang. L’une porte un bébé dans ses bras, qu’elle vient d’avoir et que, contre avis médical, elle emmène en catastrophe pour aller sauver son mariage. L’autre, en état de choc, vient de perdre son bébé dans une chambre à quelques mètres de là. La première s’effondre et, dans un réflexe protecteur, a juste le temps de confier son nourrisson à la seconde, avant de perdre connaissance. C’est la dernière fois qu’elle verra sa fille.
    Le premier épisode de Mzali Wami est douloureux à regarder, aussi simple soit-il. Il revient sur le déroulé de ces événements et les motivations de ces deux femmes, ainsi que leur détresse, puis les heures qui suivent « l’échange »… Les éléments de contexte ont besoin d’être délivrés, et ils le sont relativement bien vu le format de l’épisode, mais on n’en saura pas plus pour le moment. Un bond dans le temps est prévu pour la suite (comme le matériel promotionnel le suggère), mais la série n’a pas vraiment la possibilité de s’étendre sur le sujet pour le moment. Toutefois, la lecture de quelques résumés y compris ceux de Showmax est très claire sur ce à quoi il faut s’attendre : avant toute chose, une série sur le traffic d’enfants. Alors certes, avec un épisode plus long, on nous aurait mieux expliqué tout ça, mais je ne blâme pas Mzali Wami pour sa durée : c’est tout ce que j’étais capable d’encaisser.

    Omen
    (2020 – Fantastique – 42mn)
    Je soupçonne que, lorsque quelqu’un entend parler de séries africaines, ce soit à des séries comme Omen que l’on pense machinalement. Profondément ancrée dans le folklore local, c’est-à-dire dans la culture du nord-est de l’Afrique du Sud, la série s’intéresse à Mogale, un avocat qui a été adopté par une famille citadine, loin de la province où il est né. Il a développé une grande rancune envers sa famille biologique, qu’il évite alors qu’il sait pertinemment où se trouvent les membres de sa famille. Lorsque la série commence, son épouse est enceinte de leur premier enfant, et les choses semblent bien aller, mais voilà que sa mère réapparaît dans sa vie pour lui annoncer que son père est mort et qu’il doit absolument revenir dans sa bourgade natale. Or, son père n’est pas n’importe qui : il est le chef local de toute une communauté qui pratique la sorcellerie. Enfin, du coup, il était le chef. Le père de Mogale était considéré comme un roi, du coup il faut quelqu’un pour remonter sur le trône et diriger les cinq familles de la communauté ; chose qui est inconcevable pour Mogale à de nombreux égards, ce qui se conçoit. Le premier épisode passe en fait pas mal de temps dans cette communauté, en particulier pour nous montrer que le roi a été assassiné, et dans quelles conditions : poignardé par l’une des plus puissantes sorcières de la communauté, à laquelle il avait refusé la faveur de ressusciter des êtres chers. Il y a en définitive assez peu de sorcellerie pour le moment (juste une fois, sur la fin, la mère de Mogale utilise la sorcellerie pour provoquer une fausse couche chez sa bru et ainsi forcer la main de son fils pour revenir au bercail), et j’ai l’impression que l’objet de la série est plutôt la vie à la cour, toute surnaturelle qu’elle soit. Ce n’est pas la série la plus impressionnante de mon périple sur Showmax, tant sur le fond que sur la forme, et très franchement si je gardais l’abonnement à la plateforme, je sais pertinemment que je ne finirais pas Omen. Au moins, ça m’a donné l’occasion de voir ma première série (partiellement) en Sepedi, une langue africaine jusque là absente des séries que j’avais pu voir.

    Tali’s Wedding Diary
    (2017 – Comédie – 23mn)
    Tali est une jeune femme riche qui s’imagine être une influenceuse ; elle est imbue de sa personne et absolument insupportable, et cela fait d’elle, assez naturellement, l’héroïne parfaite pour un mockumentary. La série démarre lorsque Darren, son petit-ami (un type un peu mou, mais qui se voit déjà en futur millionnaire), la demande en mariage ; Tali accepte… mais évidemment, il faut y mettre les formes pour que ça paraisse bien sur les réseaux sociaux. Tali’s Wedding Diary n’invente rien, et son pastiche des émissions de télé réalité sur des célébrités au rabais est assez transparent ; mais ça fonctionne. Tali, vous la connaissez : c’est une connasse avec un vocal fry et des extensions capillaires de la taille de son ego. La jeune femme est absolument insupportable, et comme tout le monde lui passe le moindre de ses caprices (…pour le moment ?), la surenchère n’est jamais loin. Les épisodes sont apparemment thématiques ; le premier, que j’ai donc vu, tourne autour des fiançailles elles-mêmes, les suivants devraient sur pencher sur le sort des demoiselles d’honneur, de la robe, de l’envoi d’invitations, bref, de tous les préparatifs jusqu’au Jour J. Bon, moi, ce n’est clairement pas ma came, vu que je suis allergique au mockumentary (plus encore sur la durée), mais visiblement la série a trouvé son public, parce qu’elle a fait une jolie récolte de récompenses aux SAFTAs, et qu’en prime elle a depuis l’an dernier un spin-off, Tali’s Baby Diary… mais je ne veux pas vous spoiler en vous révélant sur quoi il porte.

    The Road
    (2015 – Soap, Drama, Historique ? – 23mn)
    J’avais dit qu’on parlerait plus souvent de soaps, eh bien parfait ! Celui-ci me faisait de l’oeil depuis des années, et maintenant je sais pourquoi je voulais le voir : parce que j’ai du nez. C’est que, The Road n’est pas n’importe quelle série : elle se déroule à deux époques à la fois, l’une d’entre elles étant les années 50 à Sophiatown. Jazz et gangsters sont au programme ! Toutefois, le twist de génie de The Road est que les scènes historiques auxquelles on assiste sont en fait des morceaux d’une série qui se tourne sous nos yeux. Parfaitement : une série dans la série. The Road est une série sur Egoliwood ! Ce n’est vraiment pas tous les jours qu’on assiste aux dessous de la télévision sud-africaine, dévoilés par elle-même ; et même si ce premier épisode n’a pas le temps de faire grand’chose de révolutionnaire (il y a tant à expliquer et tant de personnages à introduire !), ça reste délicieux que d’assister au tournage de cette fiction historique à côté de son producteur, sa scénariste, son réalisateur, sa star… qui, en outre, font partie de la même famille. Pour le moment les intrigues dans les intrigues (vous suivez ?) n’ont pas trop de répercussions externes, mais la reconstitution historique ravit les yeux donc c’est déjà ça de pris. D’ailleurs la façon dont The Road force l’immersion dans ses scènes des années 50 est assez fascinante. Le Dieu de la Téléphagie sait que je ne raffole pas de soaps (même ceux qui ne durent que quelques mois), mais j’aurais été bien capable de finir The Road si ma période d’essai de Showmax n’avait pas touché à sa fin !

    The Wife
    (2021 – Soap – 23mn)
    The Wife est une telenovela qui m’alléchait depuis quelques temps, avec son magnifique matériel promotionnel (par exemple ci-contre ; et encore, ce n’est qu’une des nombreuses photos de promo), et ses irruptions fréquentes dans ma timeline sud-africaine sur Twitter. Il s’agit en outre de la première telenovela originale proposée par Showmax, et vous savez combien j’aime les premières fois. J’avoue que je suis un peu interloquée par ce que j’ai vu. D’abord parce que du point de vue visuel, The Wife est franchement capable de rivaliser avec une production hebdomadaire, et c’est quand même pas tous les jours qu’on peut en dire autant (elle a même un esthétisme supérieur à certaines des séries hebdomadaires que je reviewe avec elle aujourd’hui, ahem…). Mais surtout parce que, du point de vue des genres, le mélange produit par la série est surprenant : on y fait la connaissance de Hlomu, une jeune journaliste dont la vie privée est peu satisfaisante (son couple avec un chirurgien très occupé bat de l’aile), mais dont la carrière semble sur le point de décoller. Son rédacteur en chef lui confie plus de sujets, dont un, dans ce premier épisode, qui va s’avérer capital. Par le plus grand des hasards, elle croise par ailleurs le chemin d’une famille de chauffeurs de taxi : des frères qui, élevés à la dure, se sont progressivement élevés dans la hiérarchie du monde des taxis. Eh oui, apparemment c’est un monde très fermé avec des règles incroyablement strictes (rappelez-vous des guerres évoquées dans la review de Nqobile), et les plus jeunes des frères vont enfreindre plusieurs de ces règles en s’en prenant à des membres de la famille la plus puissante du milieu pendant une bagarre à une station. Au début tout ça semble complètement détaché de l’intrigue de Hlomu, jusqu’à ce que celle-ci fasse donc la rencontre de cette famille, dont deux frères tombent instantanément amoureux d’elle. Mais la fin de l’épisode révèle que la connection ne s’arrête pas là… Le cliffhanger de l’épisode est particulièrement intéressant, et laisse comprendre qu’outre un drame social et une romance, The Wife est aussi un crime drama ! Il y a aussi une composante raciale dans la série (les frères sont dénigrés pour leurs origines Zulu) qui entre également en jeu, du coup, pour une demi-heure de télévision, c’est incroyablement dense. Pas étonnant que la série ait rencontré le succès.

    Umbuso
    (2022 – Crime drama, Drama – 43mn)
    Son démarrage le 3 avril n’était pas la raison pour laquelle j’avais souscrit à la période d’essai précisément ce mois-ci, mais eh, on va pas se plaindre. D’ailleurs c’est marrant de voir cet épisode aussi vite après avoir vu le premier épisode de Kin, parce qu’il y a pas mal de parallèles. Dans les deux cas, on parle d’une famille étendue au sein de laquelle les affaires et le crime se mélangent ; des deux fils adultes, l’un est un politicien corrompu qui n’hésite pas à manipuler voire payer autrui pour obtenir ce qu’il veut, et l’autre est le patron d’une entreprise de livraison de matériaux de construction, mais qui sert de couverture à un trafic de drogues. Les deux pans de la famille n’hésitent pas à travailler ensemble, pendant que la plus jeune génération tente de trouver sa place soit dans cette organisation, soit en-dehors. Alors que les deux frères sont en train de monter leur plus important projet à ce jour, quelque chose d’atroce se produit : un meurtre. Umbuso est maligne, parce qu’elle ouvre son premier épisode avec ce meurtre, mais n’explique pas tout de suite ni qui a été tué ni même le rapport avec toute cette famille. On s’occupe ensuite de présenter les protagonistes, leurs différentes relations personnelles et professionnelles, ainsi que leur préoccupations du moment, au point d’en oublier le meurtre… qui en fait n’a pas encore eu lieu, et auquel nous n’allons assister qu’à la toute fin de l’épisode. Structurellement ce n’est pas révolutionnaire, entendons-nous bien ; mais c’est fait de façon suffisamment futée pour que l’effet fonctionne malgré tout (malgré les 712 autres séries démarrant avec cette formule, je veux dire), et surtout pour nous forcer à nous intéresser à l’aspect plus primetime soap de la série avant de revenir à ce meurtre et ce qu’il peut signifier pour l’avenir. Dans l’ensemble, ce n’est pas une série qui changera la face du monde, mais la mission qu’elle s’est donnée, Umbuso l’accomplit plutôt bien.

    Wounds
    (2021 – Médical – 23mn)
    Le démarrage de cet épisode est un peu étrange : on y découvre une infirmière qui se trompe dans l’administration de médicaments, et manque de tuer un patient… avant de revenir plusieurs mois en arrière et la trouver dans une chambre d’hôtel avec un homme trop entreprenant, que son petit ami veut filmer pour faire chanter. Je comprends bien qu’on est supposées se demander comment l’une de ces situations a conduit à l’autre, et on obtient d’ailleurs la réponse dans cet épisode ; mais le décalage entre les deux parties a semblé plus irritant qu’intrigant au départ. Il faut en outre donner un peu de temps à cette exposition pour réussir à installer ses protagonistes, qui au début semblent très simplistes. Le déclic ne s’est vraiment produit pour moi que lorsque l’héroïne, Neo, a eu une discussion franche avec sa grande sœur Busisiwe, pendant laquelle les deux femmes se sont dit leurs quatre vérités ; la discussion était à la fois sincère et brutale, et faisait appel au passé commun des deux sœurs mais aussi à leurs différences de caractère. Cette scène a marqué un tournant dans le visionnage, et commencé à humaniser Neo en lui donnant de l’épaisseur et même de la complexité. Je n’en étais pourtant pas à la dernière de mes surprises : Busi a été tuée par le petit ami de Neo, et celle-ci, paniquée, a pris la fuite. Alors comment en est-on arrivées à cette scène d’ouverture à l’hôpital ? Eh bien, Busi venait d’obtenir son diplôme d’infirmière, et quelqu’un appelle sur son téléphone pour lui proposer un job : une opportunité dont Neo se saisit pour fuir loin de son petit ami violent. Tout cela a du sens grâce à certaines des informations délivrées progressivement par l’épisode, et cette introduction se finit alors que Neo doit usurper l’identité de sa défunte sœur dans un hôpital où elle ne connaît personne, terrifiée à tous les niveaux par ce que cela représente. C’est un twist plutôt original pour une série médicale, qui permettra sûrement dans les épisodes ultérieurs de quand même jouer sur certains ressorts familiers (l’apprentissage de certains gestes, les erreurs de débutantes, etc.) tout en ayant des enjeux supplémentaires intéressants. Je ne suis pas toujours fan de la réalisation, et je suis assez intriguée par le fait que Busi figure sur le matériel promotionnel de la série (…est-il possible que ?! je ne demande que ça, vu que j’ai tout de suite adoré son personnage), mais en-dehors de ce cas particulier, Wounds se montre plutôt convaincante dans cette entrée en matière.

    …Attention, bonus round ! Showmax est une plateforme d’origine sud-africaine, mais parce qu’elle appartient à un groupe audiovisuel panafricain, et qu’elle a étendu son accès à plusieurs pays d’Afrique, elle compte quelques séries produites dans ces autres pays ! Il y a même une façon très simple de les trouver : les outils de recherche de Showmax permettent de sélectionner les séries du catalogue selon leur diffuseur d’origine (Akwaaba Magic pour le Ghana, Maisha Magic Bongo pour la Tanzanie, Zambezi Magic pour entre autres la Zambie, le Zimbabwe et le Botswana ; vous voyez le modèle). Bon, le catalogue est moins étoffé dans ces rubriques que pour la fiction sud-africaine, et c’est là que j’ai déniché mes premières déceptions en matière de sous-titrage (dommage, je voulais tenter Jua Kali, la photo de promo avait l’air élégante), mais quand même, combien de fois j’allais pouvoir tester ces séries ?
    Du coup, devinez quoi…

    RSM (Ghana)
    (2022 – Comédie – 27mn)
    La série vient tout juste de commencer (il n’y a qu’un épisode de disponible sur Showmax), et on ne va pas se mentir, ce n’est pas le genre à atterrir en festival, vu qu’elle est tournée comme un sitcom (mais en décors réels et sans public : les rires sont enregistrés) avec très peu de moyens (je vous laisse apprécier la musique qui accompagne la plupart des scènes). RSM, qui signifie « Regimental Sergeant Major », suit le quotidien d’une famille dont le patriarche est un retraité de l’armée qui a transformé la maison familiale en QG ; les règles militaires s’y appliquent, ainsi qu’à sa femme, son fils et sa fille (toutes deux adolescentes)… bref, c’est Major Dad. Le premier épisode introduit en outre un nouveau personnage, un jeune corporal venu demander conseil au Major, et l’hilarité s’ens-…euh, supposément, je crois qu’il fallait rire. Disons qu’au mieux, c’est drôle comme un sitcom des années 60 ; on répète plusieurs variations du même gag qui consiste à remplacer le langage courant par des expressions militaires, en gros, et ça ne va guère plus loin. Ce n’est pas la seule série ghanéenne que j’ai testée pendant mon mois d’essai sur Showmax, mais de celle-ci je n’aurais certainement pas fait de review à part, donc voilà.

    Makofi (Zambie)
    (2021 – Drama – 25mn)
    Fille d’un ancien champion de boxe aujourd’hui propriétaire d’un club, Anna ne rêve que de suivre ses traces et de boxer à son tour. Il faut dire qu’elle a le tempérament pour ça, et une bonne droite ! Pas de chance, son père considère que la boxe, c’est un sport d’hommes… parce qu’apparemment Esther Phiri n’existe pas. Ce premier épisode pose les bases assez simples d’une jolie intrigue sur l’affirmation de soi, avec un propos sous-jacent féministe évident (d’ailleurs les seules personnes qui encouragent Anna dans ce premier épisode sont sa mère et sa meilleure amie Petty), et, malgré des moyens peu exubérants, arrive à dire précisément cela avec une belle énergie. Pour l’instant, l’obstacle essentiel est le père d’Anna, de toute évidence, mais j’ai eu l’impression que l’épisode semait également des graines à plus long terme : le pire ennemi de la réussite de l’héroïne, c’est aussi son manque de contrôle. C’est bien beau d’être bagarreuse et de dégainer des crochets à déboîter des mâchoires, mais il lui manque de la discipline, et je pense que la série veut aussi explorer ça, en temps voulu. Et elle a les coudées franches pour le faire : les saisons de Makofi comptent 46 épisodes en moyenne !

    Avec seulement deux semaines de période d’essai, il a fallu faire des choix (par exemple j’ai laissé de côté les séries de kykNET, chaîne en afrikaans…). Hélas, il y aurait bien d’autres séries dont j’aurais voulu parler, et d’autres que j’aurais voulu voir. Je déteste ça, quand il faut faire des choix. Les choix me mettent de mauvaise humeur. Surtout en ce moment. Ça pue, les choix.
    Fort heureusement, j’en ai aussi fait de très bons pendant ces quatorze jours, et ai gardé en réserve (…ou, de façon plus réaliste, en brouillon) quelques reviews à paraître, pour les semaines à venir, peut-être les mois selon comment je m’organise et votre réaction. On reparlera donc de fiction africaine très bientôt, j’en fais la promesse.


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  • Fais comme si j’avais pris la mer

    15 avril 2022 à 22:17 • Review vers le futur •

    La review du jour, je le crains, ne va probablement pas être d’une époustouflante originalité : sur Our Flag Means Death, bien des choses ont été déjà dites (sans doute mieux) et il s’en dira d’autres encore. Je voulais simplement joindre ma voix au concert d’appels au renouvellement, à mon échelle.

    Our Flag Means Death est l’une des rares séries sur des pirates à l’heure actuelle (j’en ai reviewé une autre voici quelques mois). Elle a la spécificité cependant d’être une comédie… sauf que ce à quoi je ne m’attendais pas, surtout pendant ses premières minutes qui m’ont à peine arraché un sourire, ce serait que je tomberais éperdument sous son charme pour toute la tendresse qu’elle met dans ses personnages. Et qui n’a pas besoin de tendresse, en ce moment ?

    Our Flag Means Death commence pourtant sous des auspices assez génériques : y sont mises en scène de façon un peu moqueuse les mésaventures de Stede Bonnet, un véritable pirate (dont la page Wikipedia francophone est un désastre, je vous file donc le lien anglophone) ayant existé… mais qui n’a, à ce stade, de pirate que le titre.
    D’origine noble, et de caractère couard, rien ne le destinait à une vie de ce genre… et d’ailleurs, il ne mène pas vraiment une existence de pirate. A la place, il est trop occupé à essayer de maintenir une ambiance bienveillante à bord de son navire (pourtant nommé le Revenge), à lire des histoires à ses pirates pour les endormir chaque soir, et à organiser des concours de confection de drapeaux. Il faudrait aussi évoquer ses accoutrements colorés et raffinés, son dégoût pour la violence, ou encore sa conviction que, s’il y a un problème, il faut en parler. Franchement pas le genre de type dont on a peur, et surtout pas l’armada espagnole ou la marine britannique !
    Our Flag Means Death joue beaucoup, au départ, sur le ridicule du personnage, dont la personnalité évoque moins les légendes des mers que la nervosité de Hal dans Malcolm in the Middle. Il s’imagine vivant de grandes aventures et se ridiculise à chaque instant ; il se pisse dessus toutes les deux secondes ; et il passe un temps fou à dicter ses mémoires au seul autre homme à bord sachant lire et écrire (ce qui sert, au départ, à placer un peu de voix-off à des fins d’exposition). Ses propres subalternes le prennent un peu en pitié, quand il ne s’agit pas carrément d’envisager une mutinerie pour s’en débarrasser, vu que l’équipage est, lui, constitué de pirates n’ayant pas ses ambitions pacifiques. Personne n’a jamais vu quelqu’un comme comme lui sur les eaux, et ses tentatives pour se faire surnommer le Gentleman Pirate ne jamais sont prises au sérieux par quiconque.

    Au départ, je pensais donc que c’était ce qu’Our Flag Means Death avait prévu de décliner, épisode après épisode, sur divers modes et dans plusieurs situations. Ce qui aurait été gentillet, mais sans plus. Inoffensif autant que son héros. Or, Our Flag Means Death n’est pas une série inoffensive. C’est une série qui met du temps à démarrer : au bas mot, il faut trois épisodes pour que l’exposition soit derrière elle ; les choses sérieuses commençant dans le quatrième.
    En matière de télévision, je ne suis pas spécialement une spécialiste de la patience, je me lance donc quelques lauriers pour n’avoir pas laissé tomber trop vite. Je serais passée à côté de quelque chose !

    C’est que, progressivement, l’intrigue pose la question sur la nature de Stede Bonnet. Non que quoi que ce soit à son propos soit un mystère, surtout vu qu’il est du genre à dire ce qu’il a sur le cœur à tout moment. En fait, c’est cette absence de mystère qui fait partie de l’interrogation : est-ce que ce que l’on sait de Stede Bonnet est tout ce qu’il y a à dire de lui ? Ne pourra-t-il jamais être quelqu’un d’autre que ce type que personne ne prend au sérieux ? Ses rêves de devenir un Gentleman Pirate resteront-ils à jamais une illusion grotesque ?
    Pour poser ces questions, la série introduit lentement un nouveau personnage : Edward Teach, plus connu sur le flots comme étant Blackbeard, l’un des pirates les plus craints de son époque. Sauf que… Blackbeard se pose les mêmes questions que Stede, dans le fond : n’est-il rien d’autre que cette brute sanguinaire crainte dans tous les océans ? Il se lasse de ce mode de vie, et en tombant sur l’équipage du Revenge, réalise qu’une autre vie est possible. La question étant, tout comme Stede, de savoir si vouloir adopter ce nouveau style de vie peut ou non coller à sa nature intrinsèque…
    Our Flag Means Death passe beaucoup de temps à explorer ce thème, à s’interroger sur l’imperméabilité de notre appartenance sociale, à se demander si on peut être quelqu’un d’autre que soi-même ; et si oui, comment. En tant que grande anxieuse, me reconnaissant beaucoup dans le personnage de Stede Bonnet et après plusieurs épisodes insistant sur sa faiblesse de caractère, j’étais convaincue d’emblée que sa couardise l’empêcherait à jamais d’évoluer vers ce qu’il appelait de tous ses vœux ; mais je voulais quand même le vérifier. Parce que, en se lançant dans cette exploration, Our Flag Means Death a opéré un changement graduel de ton, pour commencer à prendre les émotions de ses personnages toujours plus au sérieux. Le pantin ridicule, de par sa conscience d’être ridicule, et à cause de sa peur de le rester, était devenu trop attachant pour qu’on ne lui souhaite pas de s’en libérer. Mais est-ce seulement possible ?

    Ce n’est peut-être pas la raison pour laquelle vous avez entendu parler de la série, toutefois. Our Flag Means Death gardait une autre dague dans sa manche, dégainée sans prévenir pour nous toucher en plein cœur : il s’agit aussi d’une série pleine de douceur. Notamment dans ses représentations.

    Cette (première ? elle a intérêt à être la première) saison va lentement mettre en place, l’air de rien, pas moins de deux romances entre hommes, et une romance entre un homme et un personnage non-binaire (dont l’interprète est également non-binaire, au passage). C’est totalement inattendu dans une série sur des pirates… et pourtant, ça fonctionne parfaitement que d’utiliser cet univers. Sur les eaux, après tout, il n’y a pas de règles ni de lois, surtout pas pour des pirates ! La question est alors écartée de savoir ce qui est tabou ou non pour l’époque, à peu près tout étant instantanément accepté, et on peut se concentrer sur la naissance et l’éclosion des sentiments de chaque protagoniste.
    Si vous me connaissez un peu, vous savez que la romance, ce n’est absolument pas mon truc. Eh bien… il faut croire que je me ramollis avec le temps, parce que, devant Our Flag Means Death, j’ai à mon corps défendant poussé des « awww » et des « hiiiii » comme si j’avais toujours 16 ans. A mon grand âge et avec mon cynisme naturel en la matière, je ne pensais pas m’extasier les yeux humides devant un liplock, mais bon, on en est là. Ce genre de débordements est la raison pour laquelle je regarde des séries sans témoin. Oui, voilà, on va dire que c’est la raison.
    En outre, Our Flag Means Death prend même un peu de temps, sur la fin de sa saison, pour explorer la relation nuancée entre Stede Bonnet et son épouse Mary, qu’il a abandonnée pour prendre la mer. Il y a deux excellentes scènes qui soulignent combien, même si leur mariage n’a été voulu par aucun des deux, il repose sur une affection sincère.

    Bref, la tendresse qui émane d’Our Flag Means Death est réelle, et je défie quiconque d’y opposer durablement la moindre résistance. En tout cas, moi, je n’ai pas pu lui résister, et j’en suis ravie. C’est le genre de comédie qui fait chaud au cœur, parce qu’elle embrasse pleinement la vulnérabilité de ses protagonistes, pourtant plongées dans le cas présent au sein d’un univers peu propice à cela. Et ne vous méprenez pas : on y rit tout de même beaucoup… mais avec les personnages plutôt qu’à leur dépens. Même en 2022, ça continue de faire une sacrée différence dans le panorama ambiant.
    Faudrait voir à renouveler, maintenant.


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  • Durgā

    14 avril 2022 à 22:59 • Telephage-o-thèque •

    La journée est belle, et exceptionnelle : les filles jumelles de Cecilia, Majo et Romi, fêtent leur quinceañera. Leur mère organise une immense fête qui doit se tenir le jour-même dans la cour de leur hôtel particulier, mais outre les préparatifs, la voilà qui doit aussi gérer le comportement de son entourage, et même un rendez-vous très important avec des investisseuses chinoises. Et, en cela, la journée est finalement très ordinaire, parce que Cecilia jongle de cette façon à longueur de temps.

    C’est ainsi que démarre la dramédie mexicaine Cecilia, qui a démarré sur Paramount+ à la fin de l’année dernière mais dont les épisodes ne me sont tombés sous la souris que récemment. Toutefois, il ne s’agit pas d’une simple série sur une femme débordée…

    C’est que, comme beaucoup de séries avant elle (et sûrement 712 après elle), Cecilia a ouvert son premier épisode in media res, pendant la fête en question, alors que Cecilia semble faire un malaise. Et nous savons donc que cette journée vécue à 200 à l’heure ne va pas du tout se finir comme prévu. Ce que nous ne savons pas encore, et que la série s’apprête à détailler pendant une quarantaine de minutes, c’est dans quelle mesure ce malaise va avoir des conséquences sur tout le monde autour de l’héroïne.

    Parce que, mon Dieu, le cortège de personnages défilant dans la vie de Cecilia est trop long pour que j’en fasse une liste exhaustive ! Mais disons pour résumer qu’il y a évidemment ses deux filles adolescentes, sa fille aînée issue d’un premier mariage, son ex-mari et la nouvelle épouse de celui-ci, son compagnon actuel, son père (qui a temporairement emménagé dans l’hôtel particulier), sa sœur, son assistant, son employée de maison, et j’en oublie sûrement. Je ne peux qu’en oublier. En plus de tout cet entourage, qui n’en finit pas de la solliciter en permanence et/ou de la préoccuper, elle est également à la tête de l’entreprise familiale, la boulangerie Pan de Dulce, qu’avait fondée sa mère. Cecilia est une femme d’affaires qui semble avisée ; sa sœur Ana, avec laquelle elle a une relation assez fragile, a quant à elle hérité des recettes secrètes de leur défunte mère, ce qui lui garantit une place dans les cuisines de l’établissement. Au cours de la journée, on découvre que les affaires vont mal et que les investisseuses chinoises sont en fait là dans un but un peu plus ambitieux que simplement renflouer les caisses…

    Ce premier épisode lance toutes sortes d’intrigues secondaires dont, pour la plupart, Cecilia doit encaisser l’impact pour essayer de contrôler au mieux le chaos ambiant. Elle garde un oeil sur tout et sur toutes, ce qui peut être irritant pour son entourage, mais maintient la famille étendue sur les rails. Plus ou moins.
    Lorsque finalement nous revenons à ce fameux malaise, pendant la quinceañera, après avoir vu tout ce qui préoccupe Cecilia, on devine ce vers quoi la série veut tendre ; puis, pour bien expliciter sa problématique, sa dernière réplique de l’épisode sera adressée à sa défunte mère : « Qui va prendre soin de tout, Maman ? ».
    Qui, en effet ? Peut-être que tout va partir à vau-l’eau, comme semble le craindre l’héroïne. Ou peut-être que sans elle, eh bien tout le monde va devoir se prendre en main. En tout cas, la vie de tout le monde va être bouleversée, c’est certain…

    Ce que Cecilia n’aborde pas encore dans cette introduction, c’est comment la vie de sa protagoniste éponyme va changer. Dans quelle mesure ce malaise va-t-il transformé sa santé ? Sans exactement le lui souhaiter, j’ai l’impression que vu le sujet de la série, il y a une véritable thématique sur la perte de capacités (peut-être même d’autonomie ?) à exploiter ici : d’un point de vue narratif, la seule façon pour que son entourage soit confronté à ses propres problèmes, c’est que Cecilia ne soit pas en mesure de reprendre son jonglage de sitôt. A défaut, il y a au moins une vraie problématique à explorer sur qui est Cecilia, dans tout ça : que se passe-t-il quand un changement ou même une pause forcée fait qu’elle n’est plus le point focal de la vie de tout le monde ? Que reste-t-il ? Cela peut être intéressant.
    Mais je m’égare : comme souvent, j’aime bien essayer de me figurer quelles sont les promesses d’un épisode introductif. Parfois, bien-sûr, je passe à côté ; peut-être que Cecilia ne fera rien de tout cela et que ses intentions sont ailleurs. En tout cas j’ai bien aimé ce premier épisode, avec son ton à la fois léger mais traduisant bien l’épuisement latent de son héroïne ; on regarde cet épisode comme la collision imminente de deux trains lancés à pleine vitesse, face à face, sur la même voie. C’est fou (et en même temps, pas tellement) que personne n’ait remarqué le sacerdoce de Cecilia pendant tout ce temps. J’espère que quelqu’un va finir par la remarquer, et, même mieux, de l’aider à respirer.


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  • Le compteur tourne

    10 avril 2022 à 19:03 • Telephage-o-thèque •

    Le 1er avril, je me suis fait un cadeau : j’ai ouvert un compte sur Showmax, une plateforme d’origine sud-africaine (mais proposant également des séries d’autres pays africains !), afin de profiter de ses 14 jours d’essais gratuits. Cadeau gratuit, mais cadeau quand même. Comme l’an dernier avec mon essai de Shahid, l’idée était de faire le plein de pilotes en un temps record, ce qui tient un peu du marathon… et puis de tourner les talons avant d’être facturée pour un montant que je ne peux pas me permettre. Quatorze petites journées de félicité stressée : un mélange de bonheur téléphagique et d’impression de devoir rentabiliser chaque minute.
    Conclusion ? Comment vous dire… Ces derniers temps, j’avais pris l’habitude de dire que, si j’avais les moyens de m’abonner à une plateforme de streaming, ce serait sûrement Shahid. Bon. Disons que maintenant, c’est 50/50 avec Showmax. Quelle nerd je fais quand je m’y mets.

    Avant de commencer, précisions que ce que propose Showmax est une offre assez spécifique : la plateforme appartient au groupe MultiChoice, qui détient également le bouquet satellite panafricain DStv et les chaînes M-Net et KYKnet (et plusieurs chaînes payantes thématiques et/ou localisées).
    A ce titre, les séries qu’on trouve sur Showmax sont donc des séries du groupe, et aucune autre : on ne mélange pas les torchons et les serviettes. On n’est pas ici dans la configuration Netflix, qui outre ses propres productions achète aussi des séries plus anciennes pour étoffer son catalogue. En outre ici, la distribution de séries non-africaines par Showmax est bloquée en Europe (comme, d’ailleurs, sur Shahid, j’avais oublié de le faire remarquer à l’époque) pour éviter tout problème de droits. On est donc uniquement dans de la série locale, ce qui évidemment conduit le catalogue à sembler un peu restreint, mais surtout implique que l’échantillon n’est pas représentatif de la totalité de la production sud-africaine.
    Mais bon, il n’y a pas des masses d’autres options pour une Européenne comme moi à l’heure actuelle : depuis quelque chose comme deux ans, la télévision publique SABC jure ses grands dieux qu’elle va lancer sa propre plateforme de streaming d’un moment à l’autre, et vous m’excuserez si je ne retiens pas mon souffle connaissant l’oiseau. Quant au service du concurrent principal de MultiChoice, e.tv, il n’est tout simplement pas accessible depuis l’étranger (un numéro de téléphone sud-africain est impératif : en Afrique du Sud, le streaming, c’est principalement destiné aux portables).

    Dans les semaines à venir, plusieurs reviews de mes découvertes africaines sur Showmax vont donc défiler dans ces colonnes, augmentant sensiblement le nombre de séries africaines que je vais traiter. C’était un peu l’intention, donc ça tombe bien ! Je vous prépare entre autre une review de saison complète (émoi ! excitation ! extase !), une multi-review d’une panoplie de pilotes (auxquelles évidemment le délai court de la période d’essai est plus que favorable), ainsi que quelques autres choses.

    Trigger warning : mort d’un jeune enfant, violences de genre.

    Pour le moment, j’ouvre le bal avec une review de Nqobile, un drama dont la première saison de 13 épisodes a été diffusée l’été dernier par 1Magic, la chaîne satellite du groupe s’adressant plus spécifiquement à un public jeune adulte. Nqobile est, comme un nombre immense de séries sud-africaines modernes, une série polyglotte (ici principalement l’isiZulu et l’anglais), mais, comme absolument toutes les séries de Showmax que j’ai vues, testées ou juste consultées vite à fait à ce jour, elle est sous-titrée en anglais.

    La série porte le nom de son héroïne, Nqobile Nkosi, une femme dont la vie semble être en train de lentement dériver. Voilà en effet un an, elle était une épouse heureuse et une femme d’affaires épanouie ; sauf qu’une poignée de seconde d’inattention ont suffi pour que son petit garçon en bas âge, Khanya, se noie dans leur piscine. En deuil depuis lors, elle a arrêté de travailler (…quoique, on va y revenir) et reste à la maison toute la journée. Sauf que ce n’est pas que le deuil qui est responsable de son isolement aujourd’hui : son mari Simo, qui lui en veut pour l’accident, la prive de tout, y compris de se rendre au travail.
    Or, Nqobile et Simo travaillent toutes les deux dans l’entreprise familiale Nkosi Shuttles, une plateforme similaire à Uber faisant de la concurrence au système traditionnel des taxis. Les parents de Simo, en particulier son père George Nkosi, apprécient beaucoup Nqobile tant sur un plan professionnel que personnel, et ignorent tout de la situation à la maison.

    Lorsque la série commence, Nkosi Shuttles est à un moment-charnière de son histoire : alors que des investisseurs sont sur le point de prendre une décision financière capitale, l’un des véhicules de la flotte, qui conduisait des touristes français, est attaqué sur son trajet par des criminels qui dévalisent ses occupants. Cela se produit apparemment de façon assez courante sur les trajets, mais dans le climat actuel de contestation par les taxis (un milieu qui a une longue histoire de conflits violents), la sécurité des utilisatrices représente un problème considérable qu’il est impossible d’ignorer. Que ça tombe le jour-même d’une présentation à des investisseurs rend la chose d’autant plus compliquée…
    Cette présentation, c’est en fait Nqobile qui l’a préparée : Simo l’a forcée à travailler dessus, mais souhaite s’en accaparer le mérite pour briller aux yeux de ses parents. Sauf que non seulement il arrive en retard, mais en plus n’ayant pas préparé le sujet lui-même, il est incapable de répondre aux inquiétudes des investisseurs. Fort heureusement, en écoutant la radio, Nqobile a eu une idée pour rassurer les investisseurs : elle défie l’interdiction de se présenter dans les bureaux de Nkosi Shuttles, et vient exposer l’idée à son mari. Sauf que George l’incite à présenter l’idée elle-même, et que les investisseurs, en plus de se montrer plus que satisfaits avec sa proposition, incitent fortement George à faire de Nqobile la nouvelle présidente de la compagnie. Vous imaginez sans peine la rage de Simo.

    Pour un épisode d’un peu moins d’une demi-heure (je n’arrive pas à trouver si 1Magic propose de la publicité, mais si c’est le cas on doit effectivement atteindre les 30 minutes), Nqobile est particulièrement efficace dans son exposition. Il n’y a pas un bout de gras en trop dans cette entrée en matière ciselée.
    Ce que je viens de lancer dans les grandes lignes, la série l’explique avec agilité, mais sans omettre un peu d’émotion et même certains détails succulents. En particulier, Simo semble tremper dans des affaires louches pour une marraine locale de la mafia, surnommée Black Widow. D’ailleurs c’est lui qui a orchestré l’attaque du véhicule dont tout le monde parle ce matin-là ! Il espérait en effet que les hommes d’affaires français à son bord transportent de grosses sommes qu’il pourrait ensuite reverser à Black Widow… et comme ça n’a pas été le cas, il vit sur le fil du rasoir. Les dynamiques entre Simo et ses parents, qui ont l’air de personnes charmantes, ou avec l’assistante qu’il est évidemment en train de se taper discrètement, sont aussi posées là, comme si c’était la chose la plus naturelle pour Nqobile d’empiler les intrigues alors qu’elle n’a qu’une demi-heure pour le faire.
    L’épisode se conclut sur une scène terrible dans laquelle Nqobile est battue comme plâtre par Simo, dans l’intimité de leur salon le soir, là où personne ne peut voir (on ne sait pas trop si leur fille adolescente, Sammy, entend et/ou comprend ce qui se passe), parce que George a ouvertement admis qu’il trouvait la suggestion des investisseurs excellentes. Simo est le seul à vouloir faire payer à Nqobile la mort de leur fils, et elle est, on dirait bien, sur le point d’obtenir énormément d’ascendant sur lui. C’est assez satisfaisant. Vu qu’il commence sérieusement à énerver Black Widow aussi, j’ai bien l’impression qu’on se prépare à une série sur la prise ou reprise de pouvoir féminin.
    D’autant que… l’idée de Nqobile qui a séduit les investisseurs pendant la présentation, vous savez ? Ce qui les a décidés à demander à ce qu’elle soit mise à la tête de la compagnie ? Nqobile a suggéré de lancer le tout premier service de transport pour les passagères femmes, conduites par des femmes, pour augmenter le sentiment de sécurité et l’image de Nkosi Shuttles. Il y a clairement un propos qui se prépare dans la série, en plus du fait que la jeune femme n’a pas l’air d’être animée par la vengeance, au moins pour le moment (c’est original de la part de la série, mais notez bien qu’après ce que j’ai vu, je ne lui en voudrais pas…).

    Pour ma part, je suis ravie. Le mélange de série dramatique, d’intrigues corporate, et même un peu d’activités criminelles, est un solide cocktail. Je m’attendais à une série à la Penoza (ou l’un de ses multiples remakes) mais pas exactement, il y a pas mal de nuances supplémentaires. La féministe en moi est ravie par le tour que prend, sur le fond comme sur la forme, ce premier épisode. La réalisation de Nqobile est en effet plutôt bonne, surtout vu l’épisode introductif compact auquel on a droit ici, et l’interprétation tient la route.
    C’est une excellente entrée en matière pour les séries sud-africaines dont nous allons, dans les semaines à venir, pas mal parler. Et ce sera toujours plus agréable que parler des élections…


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  • My love from the stars

    9 avril 2022 à 23:28 • Review vers le futur •

    Le printemps est clément pour Empreinte Digitale : après Para//èles sur Disney+ fin mars, et avant le lancement de la série Les 7 Vies de Léa sur Netflix à la fin avril, la société de production a aussi casé Infiniti sur Canal+ en ce début de mois. Et du coup, le printemps est aussi pas mal clément envers les séries de genre françaises, et ça fait drôlement plaisir.

    Trigger warning : tentative de suicide.

    Je cite le nom de la production parce que je vous avoue que, surtout associé à la science-fiction, il me met tout de suite de bonne humeur : je fais partie de celles qui ont adoré Missions. La comparaison s’arrête toutefois là, car en-dehors du thème de l’espace, les deux séries ont finalement assez peu en commun. Mais disons qu’il y a des antécédents comme ça qui donnent confiance, et je me suis donc ruée dessus suite à son lancement sur Canal+. Parlons donc de son premier épisode.

    Ce qui d’emblée caractérise Infiniti, c’est que la série se passe presqu’exclusivement ailleurs. Cet ailleurs, c’est aussi bien l’ISS que les steppes du Kazakhstan, où se trouve la base aérospatiale de Baïkonour. Il n’y a vraiment que deux scènes se déroulant en France (l’une dans une ambulance traversant Paris, l’autre dans une chambre d’un hôpital militaire de la capitale). Tout le reste a lieu soit au milieu de nulle part, à plusieurs kilomètres au-dessus de la Terre, soit au milieu de nulle part, dans les plaines arides de l’Asie centrale.
    Dans les deux cas, on a l’impression que cet ailleurs est hostile ; ce n’est pas là où devraient se trouver des êtres humains, mais malgré tout, les y voilà, persévérant à y vivre. Ou en tout cas à essayer : quand démarre Infiniti, une des dernières opérations de routine consistant à ravitailler l’ISS dégénère, et un accident conduit à la destruction de la station. L’équipe internationale au sol pense avoir perdu les astronautes se trouvant à bord (des hommes russe, chinois et étasunien), et tente de comprendre ce qui a pu se passer. Leur seul indice ? Avant que les communications ne soient rompues, l’astronaute américain Anthony Kurz a crié le nom d’Anna Zarathi, une astronaute française qui a failli faire partie du voyage. Elle est donc convoquée pour faire la lumière sur ce qui a pu se passer.
    Pendant ce temps-là, toujours au Kazakhstan, un officier de police peu recommendable du nom d’Isaak Turgun mène illégalement une enquête sur un corps retrouvé mutilé au sommet d’un immeuble abandonné. Et, naturellement, ces deux intrigues sont liées.

    Ce à quoi je ne m’attendais pas vraiment, c’est qu’avant d’être un thriller ou une série de genre, Infiniti est avant tout une histoire d’amour. Mais pas exactement dans le sens d’une romance. Son premier épisode (puisque je n’ai pas encore vu les suivants) insiste d’ailleurs beaucoup sur le double deuil qui afflige Anna : elle a, à la fois, dû renoncer à son voyage dans l’espace, et à son amour pour Kurz. Leur idylle était interdite pour des raisons professionnelles, et maintenant c’est (selon toute vraisemblance…) la mort qui les sépare.
    Pour Infiniti, l’amour se mesure non dans l’attraction mais dans la séparation : c’est du lien qui unit deux personnes séparées, intimement, que dépend l’intrigue. L’épisode commence à explorer cela, et j’imagine que cela va continuer ensuite, poussant Anna à interroger ses expériences communes avec Anthony Kurz pour comprendre ce qui s’est passé alors qu’il était loin d’elle, et ce qui va se passer dorénavant.
    L’enquête officieuse d’Izaak semble au départ déconnectée de tout cela, mais on comprend par paliers que non. Au travers de ses découvertes successive, on aborde la mythologie d’Infiniti (fortement liée à Zarathroustra), mais aussi une autre histoire d’amour : celle d’Izaak pour son fils, aujourd’hui décédé. Il y a une très belle scène à ce sujet, liant intimement ces deux aspects, vers la fin de ce premier épisode.

    Et quel épisode ! Clairement, Infiniti a des moyens largement supérieurs à ceux de Missions, et elle sait s’en servir. La beauté de cette introduction est à couper le souffle. L’envergure internationale de la série a de surcroît de quoi chatouiller la fibre voyageuse de votre humble serviteuse ; tournée en grande partie on location et avec une distribution incroyablement hétéroclite, Infiniti voit grand. Mon seul regret c’est que cette ambition n’aille pas jusqu’à laisser chaque protagoniste parler sa propre langue ; c’est triste de regarder une série française avec autant de doublage… mais bon, je suppose qu’à l’impossible aucune chaîne n’est tenue.
    C’est une série qui prend également au sérieux l’angle culturel de cette diversité ; il est quand même rare qu’en France on produise une série dont certains personnages sont musulmans sans que ça ne se passe dans une cité ou qu’on parle terrorisme (et encore, même comme ça on trouve le moyen de ne pas trop l’expliciter), et sans que la série ne parle de religion. Comme ça, ça n’a l’air de rien, mais qu‘Infiniti montre une prière, ou ponctue ses dialogues d’échanges en arabe (que même le doublage ne gomme pas), juste parce que c’est naturel dans un pays qui est aujourd’hui à majorité musulmane, c’est incroyablement précieux.
    Je suis particulièrement impressionnée, je dois dire, par l’interprétation de Daniar Alshinov dans ce premier épisode ; je ne connaissais pas l’acteur, mais je suis époustouflée par sa présence, ses nuances, ses émotions. Il incarne un rôle pour l’instant un peu chiant, celui d’un flic brisé et blasé, mais il arrive à lui insuffler quelque chose de vulnérable qui fonctionne incroyablement. J’espère que ce rôle international lui ouvrira des portes pour qu’on le puisse le voir dans d’autres configurations. Et puisque je suis là, si quelqu’un veut me filer des séries kazakhes, c’est pas de refus non plus ; qui ne tente rien…

    Il me semble très difficile de deviner où se dirige Infiniti après cet épisode initial, mais je suis à peu près sûre que c’est vers quelque chose que je vais aimer. Je n’avais vraiment pas besoin d’une nouvelle série à regarder (qui en manque, par les temps qui courent ?), mais je suis ravie de la découverte. Le printemps n’est pas que clément, il est généreux.


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Fun facts

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