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  • Someone to watch over me

    20 mars 2022 à 20:12 • Review vers le futur •

    Il s’avère qu’à ma grande surprise, j’ai bien aimé le premier épisode de Krakowskie potwory (ou Cracow monsters de son titre international), une série fantastique d’horreur qui nous vient de Pologne.
    Non-non, vous n’avez pas halluciné, je viens bel et bien de dire que j’étais enchantée par une série d’horreur, moi, la grande froussarde. Pourquoi ? Eh bien, ça fait deux jours que je cherche, et je ne suis pas tout-à-fait certaine encore.

    Krakowskie potwory repose en grande partie sur son portrait d’Aleksandra Walas, une étudiante en médecine. De premier abord, ce portrait apparaît comme assez convenu : Alex est une jeune femme qui fume, boit, consomme des drogues, consomme des relations sexuelles, le tout en étant perpétuellement de mauvaise humeur. Il y a quelque chose de destructeur dans ses actions, pourtant ce n’est pas exactement elle qu’elle essaie de détruire, mais les cauchemars qui la hante et dont elle ne parvient pas à se débarrasser. Je la comprends, voir toutes les nuits une femme sans visage se pencher au-dessus de son lit, ça ne peut pas faire du bien au moral. En-dehors du cauchemar (étrangement spécifique, vous en conviendrez) que fait Alex toutes les nuits, apparemment toujours à la même heure, le personnage est assez commun dans les séries. En language sériel de 2022, ça veut dire « personnage féminin dysfonctionnel mais libéré ».

    Pourtant, ce premier épisode révèle progressivement qu’Alex a quelque chose de plus. Quelque chose que les autres personnages qui lui ressemblent à la télévision n’ont pas : un ange gardien.
    La série n’emploie pas ce terme, mais nous allons le voir de nos propres yeux : une créature étrange veille à ce qu’Aleksandra ne soit jamais durablement en danger. La jeune femme elle-même n’a pas conscience de cette présence, mais cela fait des décennies qu’elle est à ses côtés, depuis qu’elle l’a sortie du véhicule que la mère d’Alex avait conduit tout droit dans un lac… Même à l’âge adulte, cette créature continue de l’accompagner, et sa présence apparaît par contre de façon très claire au professeur Zawadzki, un pathologiste qui donne des cours et mène un groupe d’étudiantes dans son université. Sauf que Zawadzki est aussi féru d’occulte, et qu’avec son assistant Lucky, il a repéré avant la jeune femme elle-même qu’elle sortait de l’ordinaire. Et il a bien l’intention de ne recruter Alex à cause de cela.

    Est-on ici dans une configuration à la Buffy ? Pas exactement.
    Krakowskie potwory ne veut pas nous faire croire qu’Aleksandra est spéciale ; il est au contraire sous-entendu que la créature qui la protège serait plutôt liée à son histoire familiale, surtout si l’on s’en réfère aux derniers mots prononcés par sa mère avant de foncer dans le lac. Une conversation téléphonique avec sa grand’mère, qui semble familière de divers phénomènes paranormaux, le confirmera également.
    Mais surtout, Krakowskie potwory met en place tout un univers où le surnaturel est omniprésent. Il est là, dans les égouts de Cracovie, loin de l’université, où des travaux semblent avoir exhumé quelque chose de peu naturel. Il est là, dans les grimoires de Zawadzki, épais, forcément épais. Et il est même là, dans le groupe de travail que mène le professeur, constitué d’une poignée d’élèves triées sur le volet, et qui semblent toutes avoir un talent ésotérique.

    C’est ce dernier point qui m’a intriguée le plus. Dans ce premier épisode, Krakowskie potwory n’en dit pas encore beaucoup, mais pose tout de même les bases d’un monde dense dont on a l’impression de ne percevoir encore qu’un bruissement, certes, mais un bruissement prometteur. Je ne sais pas comment le décrire, mais en voyant cet épisode, j’ai eu le sentiment qu’il existe tout un monde surnaturel, et qu’il me manque seulement quelques clés pour y accéder et le comprendre. La série fait l’effet d’avoir une mythologie à la fois obscure pour le moment, et foisonnante.
    Et puis, c’est aussi la réalisation. Ce n’est pas franchement parce que la série semble ne se dérouler que de nuit et/ou sous la pluie. Ce ne sont pas non plus les effets spéciaux, bien que réussis dans l’ensemble, comme en témoigne la créature horrible à laquelle Aleksandra va par inadvertance être confrontée sur la fin de l’épisode. Non, c’est qu’elle souligne surtout ce que j’ai dit sur l’exposition en elle-même : convenue, mais en fait, pas vraiment. Dans une scène au déroulé relativement prévisible, soudain la camera va s’arrêter pendant une seconde, pas plus, sur un plan saisissant une émotion bien particulière, mais instantanément transmise. C’est le visage de la vendeuse à la supérette du coin, ou l’expression d’anxiété de la créature qui garde Alex lorsque celle-ci est en danger, qui vraiment m’ont laissé une forte impression. Krakowskie potwory n’est pas là pour faire peur ou pas seulement.

    Depuis mon visionnage du premier épisode, ce vendredi, je n’arrête pas d’y penser. Je sais que cette série va me faire faire des cauchemars si je la poursuis ; la seule raison pour laquelle ça ne s’est pas encore produit, c’est que je ne dors quasiment pas en ce moment. Et ça ne risquerait pas de s’arranger ! Mais rien à faire, je n’arrive pas à me l’ôter de la tête. Je n’arrête pas de voir le visage de l’ange gardien d’Alex s’affoler dans la voiture.
    Si je suis trop fatiguée pour poster des reviews la semaine prochaine, faudra pas se demander d’où ça vient. Enfin, bon, la décision n’est pas encore prise…


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  • Une si belle journée

    19 mars 2022 à 23:52 • Telephage-o-thèque •

    Au beau milieu de la nuit, plusieurs voitures se retrouvent dans une carrière. Leurs passagers discutent ; l’un d’entre eux est un ministre. En fait, ils font plus que parler : les trois hommes sont en train de peaufiner les détails d’un accord qui, vu les circonstances et le ton employé, n’a pas l’air très légal. En échange d’une certaine somme, le ministre semble avoir décrété qu’il allait céder des territoires aux deux autres hommes… sauf que l’un se sent floué et le ton monte.
    Pendant ce temps, à quelques mètres de là, un journaliste tapi dans l’ombre et n’en perd pas une miette. Hélas il est tellement absorbé par les photos qu’il prend de l’étrange rendez-vous, qu’il en a oublié de mettre son téléphone en mode silencieux…

    C’est le démarrage du premier épisode de RЯushe, une série kosovare lancée au printemps dernier par la plateforme GjirafaVideo. Toutefois, pendant l’essentiel de l’intrigue de cet épisode inaugural, nous allons mettre cette intrigante introduction de côté.

    A la place, l’épisode s’intéresse en grande partie à Vesa Pirulli, une jeune journaliste qui a l’air de passer une journée des plus charmantes. Après avoir fait un peu de shopping, elle apprend que le rédacteur en chef Artan Kadili a décidé de publier un article qu’elle lui a envoyé sur le site de son journal. Elle est enchantée, à plus forte raison parce qu’elle a un faible pour Artan. Sa journée se poursuit avec une amie à boire quelques verres, avant d’aller rejoindre ses parents, chez qui elle doit fêter l’anniversaire de sa mère. Tout cela est outrancièrement banal.
    Ce premier épisode de RЯushe (la série semble devoir son titre au surnom de Vesa, que si j’ai bien compris son entourage appelle affectueusement « RЯushe » ; soit ça, soit les sous-titres m’ont cruellement induite en erreur) suit donc sa journée, qui est l’occasion à la fois de nous faire rencontrer l’héroïne, mais aussi de croiser toutes sortes de personnages. Il y a donc Artan, le rédacteur en chef, qui d’ailleurs semble également avoir des sentiments pour Vesa… mais aussi Dini, le patron du café où la jeune journaliste a ses habitudes, et qui ne rêve que de voyages ; Dinora Bejta, la meilleure amie extravertie qui n’en finit pas de pousser Vesa à passer à la vitesse supérieure avec Artan ; Mentor Pirulli, le père de Vesa et présentateur d’une émission de télévision ; Merita Pirulli, la mère de Vesa et une professeure d’art dans un lycée ; Armend Pirulli, le frère de Vesa et un adolescent désœuvré ; ou encore Blerta Pirulli, la jeune soeur de Vesa à l’entrée de l’adolescence, encore pleine de fraîcheur et d’innocence.
    Le journaliste qui a photographié le deal au début de l’épisode, nous l’apprendrons assez tard, s’appelle quant à lui Arben Rama. Pendant que Vesa papillonnait, le sourire aux lèvres, d’une bonne nouvelle à une autre, lui, il passait une terrible journée.

    Ce premier épisode donne l’impression d’une série chorale (et sur ce point, le matériel promotionnel ne nous ment pas !), mais surtout, d’une série dramatique proche de la chronique. Or, rien ne serait plus éloigné de la réalité, mais à l’instar de Vesa, pour l’instant nous sommes bien trop accaparées par un quotidien charmant pour le savoir.
    C’est que, RЯushe a en fait pas mal d’ambition pour ses épisodes ultérieurs (je suis en train de mettre la main dessus pour le vérifier par moi-même). D’après ce que je lis, la série s’apprête à prendre un virage un peu plus sombre, en s’intéressant aux affaires criminelles évoquées dans la scène d’ouverture, et surtout, les connecter à l’histoire familiale des Pirulli. Toutes ces scènes de normalité joyeuse devraient donc être reléguées au passé sous peu.
    RЯushe va même, dans les épisodes suivants, faire se dérouler une partie grandissante de son intrigue dans les années 90… et je le redis, il s’agit d’une série kosovare. Vous admettrez que c’est intrigant.

    Depuis tout le temps que je sévis dans ces colonnes, c’est la première fois que j’ai l’occasion de dire quelque chose de consistant sur une série kosovare. Et pourtant, il faudrait plutôt que je parle ici de l’Albanie.
    Jusqu’à regarder RЯushe, je ne connaissais même pas l’existence de GjirafaVideo. Il s’agit de l’offre VOD du moteur de recherche, portail et e-commerce Gjirafa (ça se tient), une petite start-up qui a décidé que l’offre existante dans ce domaine ne comblait pas assez les besoins de la communauté albanophone de la planète, et s’est mis en tête de devenir une sorte de mélange de Google et d’Amazon. Avec environ 7,5 millions de locuteurs (en Albanie mais aussi pour la diaspora au Kosovo, en Serbie, en Croatie, aux USA, et en Europe de l’Ouest…), on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’autre chose que d’une niche linguistique à l’échelle mondiale, et pourtant depuis sa création, Gjirafa a réussi son pari. La compagnie possède maintenant non seulement sa plateforme de streaming, mais aussi sa propre société de production, GjirafaStudio. C’est-à-dire que, contrairement aux grosses plateformes de VOD, Gjirafa ne passe pas de commandes à des sociétés de production indépendantes, mais s’appuie au contraire sur le in-house pour ses programmes originaux, comme ici RЯushe. Plutôt impressionnant !
    Gjirafa n’en est ainsi pas à son coup d’essai, mais ses séries originales précédentes (sans m’aventurer sur le terrain des programmes non-scriptés) semblent avoir surtout été des comédies. A ce titre, pour ce que je vois de son catalogue, RЯushe est son projet le plus ambitieux. C’est aussi sa première série originale se déroulant au Kosovo.

    Je ne sais pas par quel miracle la série a réussi à me parvenir avec des sous-titres, c’est un mystère que je n’ai pas encore éclairci. GjirafaVideo propose-t-elle ces sous-titres d’elle-même ? Aucune idée. Tout ce que je sais, c’est que la plateforme n’a pas cédé aux sirènes de la VOD « à la Netflix », et que la saison de RЯushe compte la bagatelle de 20 épisodes ! Cela va donc prendre du temps de tout récupérer (et tout voir), mais j’en ai bien l’intention étant donné à la fois la rareté d’une série kosovare, et l’originalité de l’angle. Mais vous comprendrez bien que, dans l’intervalle, la review de ce pilote me brûlait les doigts…


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  • Capitulation

    19 mars 2022 à 23:50 • Review vers le futur •

    Huit ans après le début d’une guerre civile qui a coupé l’Amérique en deux, avec d’un côté les Etats-Unis et de l’autre les Etats Libres, indépendantistes, un cessez-le-feu a été trouvé. Il est fragile, et repose en grande partie sur la paix hésitante à l’intérieur de la zone démilitarisée que constitue l’île de Manhattan. C’est dans ce futur apocalyptique que se déroule DMZ (c’est le terme anglophone pour « zone démilitarisée »), adaptation d’un comics éponyme…

    …Ou bien ? Parce que, je viens un peu à vous avec une bonne et une mauvaise nouvelles. Commençons par la mauvaise : DMZ n’est que de très loin inspirée par l’oeuvre originale, ne retenant qu’une poignée de ses ingrédients pour en faire un peu ce qu’elle veut. La bonne ? Eh bien, fort heureusement, DMZ ne dure que 4 heures.
    Oui non je sais, dit comme ça, ça donne pas envie de lire la review. Si ça peut vous consoler, je l’écris moi-même un peu à reculons. D’ailleurs je vous préviens, cette review inclut des spoilers, même si j’ai essayé de les limiter ; c’est difficile de faire autrement pour une série en 4 épisodes.

    La série suit Alma Ortega, une urgentiste qui a traversé toute l’Amérique au péril de sa vie dans l’espoir de retrouver son fils, Christian, dont elle a perdu la trace huit années plus tôt. A l’époque elle vivait à New York avec lui, mais lorsque la guerre civile est arrivée aux portes de la ville, tout a changé ; pendant l’évacuation de Manhattan, afin d’échapper aux bombes, elle a perdu Christian, alors un adolescent, dans la foule. Après avoir eu l’espoir de le trouver sur les territoire des Etats-Unis (soit ce qu’il reste des United States of America) aussi bien que dans les Free States (plusieurs Etats sécessionnistes qui se sont dotés de leur propre armée), son seul espoir est de retourner à Manhattan, à la frontière entre les deux armées, et de le chercher là, où il a peut-être toujours été.
    Ce n’est pas facile. L’île, quasiment dépeuplée, est devenue une zone démilitarisée dont l’accès est impossible. En franchir les limites dans un sens comme dans l’autre, c’est la mort assurée. En outre, les personnes restées sur l’île newyorkaise comptent parmi les populations les plus défavorisées, celles qui n’ont pas pu la quitter à temps pendant la guerre ; et les conditions de vie ne se sont pas améliorées depuis. Tout y manque. Au péril de sa vie, Alma trouve donc le moyen de passer la fameuse limite qui lui permet d’entrer dans la zone démilitarisée, mais elle n’est pas préparée à la brutalité de la vie à l’intérieur. Lorsqu’elle arrive, le microcosme de la DMZ est en outre en pleine ébullition, se préparant à organiser ses toutes premières élections démocratiques afin de se choisir un gouverneur.

    DMZ a pioché plusieurs de ces éléments dans le comics d’origine : la zone démilitarisée y existe en bien, en revanche dans la version papier, le protagoniste de l’histoire est un journaliste du nom de Matty Roth, un reporter qui s’infiltre dans la zone et commence à y faire un reportage, dont il ne sera ici absolument pas question. Même le personnage d’Alma Ortega, qui à mesure que la série va se dérouler va également prendre le nom de Zee, n’existe pas en l’état dans l’oeuvre d’origine (il y a une Zee Hernandez, mais elle n’a jamais quitté la zone démilitarisée).
    Mais le plus désœuvrant est que DMZ, la série, ne s’intéresse absolument pas à explorer les tensions qui animent le reste du pays et qui s’expriment à travers cette petite bande de terre sur l’Hudson. La série ne va pas une seule fois nous évoquer, même pas en passant, pourquoi il y a eu une guerre huit ans plus tôt, quelles sont les parties en présence, ni les enjeux. En un sens, cela fait partie de son discours (j’y reviens), mais de l’autre, cela limite infiniment la compréhension que l’on a de ce qui se passe, de l’univers de la série, ou même du contexte de guerre. La zone démilitarisée devient alors une simple enclave où l’on va observer des personnages faire des choses qui apparaissent comment quasiment déconnectées de la situation géo-politique plus large.

    Le futur de DMZ, la série, c’est un peu Lord of the Flies, mais avec des adultes : l’insularité de la zone démilitarisée l’a conduite à développer ses propres leaders.
    En fait l’île ressemble désormais à une guerre de gangs gigantesque, en grande partie dessinée selon des lignes raciales, à plus forte raison parce que la série s’attache plus particulièrement décrire deux groupes : les hispaniques qui forment les Spanish Harlem Kings, et les asiatiques de Chinatown. Au cours de l’intrigue, on entendra parler de plusieurs autres groupes centrés autour d’intérêts plus larges ; il y a par exemple une communauté artistique quelque part dans la zone, ainsi qu’une coopérative agricole. On ne les verra absolument pas à l’écran cependant. Un peu plus notable, il existe un groupe formé autour d’une personnalité emblématique : la communauté exclusivement féminine formée autour d’Oona (l’une des rares femmes blanches de la série), qui contrôle l’accès et l’approvisionnement en eau). Mais ce qui intéresse DMZ, c’est vraiment cette recréation d’une guerre entre deux gangs, chacun dirigé par un homme emblématique.
    Il s’avère que notre héroïne, Alma/Zee, connaissait ces deux hommes avant la guerre ; c’est d’ailleurs un problème parce que du coup, elle a une histoire complexe avec eux. A la tête de Chinatown, il y a Wilson Lin ; cet ancien ambulancier a eu la présence d’esprit, pendant le bombardement de New York, d’aller s’emparer de l’or d’une banque, dont il a pu ensuite utiliser les coffres pour asseoir son autorité ainsi que s’assurer de la tranquillité de son quartier. Du côté des Spanish Harlem Kings, le chef incontesté est Parco Delgado… le père de Christian, et l’ex d’Alma/Zee.

    Dans DMZ tourne toujours au tour d’Alma/Zee. Lorsque l’héroïne débarque, elle est en quête de son fils, mais il s’avère très rapidement qu’on sait très bien qui est son fils : Christian est, avec les années, devenu « Skel », et travaille pour son père. En huit ans, le frêle ado a bien changé, est devenu une montagne de muscles dont tout le monde connaît le nom ainsi que la propension à tuer ; cette force, Parco l’utilise à son avantage, ainsi que sa grande popularité auprès des quelques centaines de milliers de survivantes de New York. Il semble d’ailleurs tout désigné pour être élu gouverneur dans quelques jours.
    Et c’est vraiment de quelques jours qu’il s’agit : entre le début et la fin de la série, il s’est déroulé environ une semaine, mais Alma/Zee aura eu le temps de prendre partie pour l’un des deux candidats, de bouleverser l’élection, de conduire à l’assassinat de l’un des deux candidats, et finalement de devenir, elle-même, candidate, bien que légèrement à son insu. Elle trouve encore le temps de pourchasser Skel en essayant de lui faire entendre raison… alors que, à sa plus grande stupeur, le jeune homme lui est devenu très hostile, et ça ne date pas de l’évacuation.
    DMZ voudrait, voudrait vraiment, dire plein de trucs. Le problème c’est qu’elle les dit mal. Tout faire tourner autour d’Alma/Zee, par exemple, devient rapidement une excuse pour tourner au mélodrame ridicule, Rosario Dawson se lançant en plus dans des monologues grandiloquents à intervalles réguliers. On finit par s’apercevoir qu’elle connaît plein de monde dans la zone démilitarisée, en fait : non seulement Wilson, Parco et Skel, ou encore Carmen, la compagne de Parco, ou encore Cesar, son bras droit. Ca fini par devenir soapesque.

    Une fois de temps en temps, cependant, la série arrive à se concentrer sur un truc un peu plus solide que les émois d’Alma/Zee. A l’occasion, DMZ va essayer de développer ses idées sur le chaos, et la politique dans le chaos. Quel est le meilleur gouverneur pour la zone ? Celui qui veut l’unifier sous son commandement, ou celui qui veut laisser chaque groupe être libre de ses décisions ? Il apparaît cepenndant que, sentant les enjeux de l’élection devenir serrés, et lancés dans une rivalité de plus en plus violente, Wilson comme Parco ont commencé à chercher des soutiens en-dehors de la zone démilitarisée…
    La réponse de DMZ à ces interrogations semble à l’occasion osciller, mais ne laisse plus aucun doute sur sa position à l’approche de la fin de la mini-série. A plusieurs reprises, on a presque l’impression qu’elle a quelque chose d’intelligent à dire sur la politique et/ou la masculinité toxique, dont elle se cache assez peu de les trouver indissociables. C’est certainement le discours que tient l’un de ses personnages à la pensée la plus développée, Susie. Il y a une ambiance de « tous pourris » qui plane un long moment sur cette élection (à noter que la série a été mise en projet avant les élections américaines, et ce n’est probablement pas un hasard), pour finir par conclure un truc du genre « girl power » et « les femmes sont l’avenir de l’Humanité », ou quelque chose dans cette idée. C’est toutefois trop peu développé pour qu’on en tire grand’chose ; même Alma/Zee n’est pas très intéressée par tout cela. Du moins pas avant la toute fin, quand soudainement pendant l’élection elle réalise qu’en fait, elle a l’âme d’une grande figure historique, sans vraiment nous expliquer comment elle en est venue à cette conclusion après avoir passé les quatre épisodes précédant cette épiphanie à rappeler que tout ça, c’était pas sa guerre, et que tout ce qu’elle voulait c’était repartir comme elle est venue. A ce stade vous me voyez obligée de hausser les épaules d’un air blasé.

    DMZ essaie aussi vaguement de tenir un discours sur l’art, ou plutôt sur l’art par temps de chaos. Cela se sent à la fois de par les centres d’intérêt de Skel/Christian (qui se destinait à une carrière d’artiste avant la guerre), de la jeune Tenny (une chanteuse dans l’un des bars de la zone démilitarisée), ou d’un personnage de second plan qui s’avèrera être amateur d’art, que dans la façon dont Wilson et Parco collectent les beaux objets pour leur statut, non par appréciation pour leur beauté. Même si ce thème est bel et bien présent, il est trop peu exploré pour qu’on puisse dire que DMZ a quelque chose de tangible à nous en dire, en-dehors du fait que l’art c’est de la beauté, et la beauté c’est ce qui manque à la zone démilitarisée. Bah, j’ai envie de dire, oui, c’est un endroit post-apocalyptique, donc euh, ça va, on se foule pas trop sur la symbolique quand même.

    Si j’ai l’air négative et déçue… c’est que je le suis. Je m’étais mis DMZ de côté pour mon samedi (la série vient de sortir sur HBO Max) en me disant, chouette, cette histoire de guerre civile, c’est intéressant. Mais non, DMZ n’est pas intéressante. Elle est trop occupée à suivre les tribulations de son héroïne plutôt qu’à chroniquer vraiment la survie de citoyennes essayant de se relever de la guerre et de choisir leur gouvernement. En outre, mais j’admets que ce n’est pas de sa faute, DMZ traite de façon extrêmement cavalière la guerre elle-même, dont ni les raisons, ni le déroulé, ni même le coût humain, ne sont développées… et en ce moment, c’est à peu près le contraire de ce que j’attends d’une série de guerre, actualité oblige.
    Parfois, pendant ce visionnage, je me suis dit que peut-être des choses m’échappaient. Et c’est très possible ! J’ai lu sur les comics, mais je n’ai pas lu les comics, pour commencer. Et puis, il y a peut-être des subtilités sur l’Histoire et/ou la politique étasuniennes qui m’ont échappé. Je doutais régulièrement… et puis je voyais dans la scène suivante Rosario Dawson se mettre dans tous ses états en répétant pour la 712e fois qu’elle voulait sauver son fils. Non, je ne crois pas que ça vienne de moi, ou pas que. DMZ est vraiment un pari raté.


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  • Deșteaptă-te

    17 mars 2022 à 21:33 • Review vers le futur •

    On ne s’en est pas forcément rendu compte, mais le 8 mars dernier, la plateforme HBO Max s’est établie dans une quinzaine de nouveaux pays européens. Comme la Scandinavie ou l’Espagne avant eux, il s’agit de pays qui, pour la plupart, ont déjà accès à HBO à la télévision linéaire depuis de nombreuses années, et en particulier à HBO Europe, historiquement l’une des premières expansions internationales de la chaîne câblée.
    Ca s’appelle jouer la carte de la sécurité, d’autant qu’outre un public déjà acquis à la marque, HBO possède également des partenaires dans l’industrie locale, où des séries sont produite depuis des années. C’est ce qui explique, en grande partie, pourquoi HBO Max évite aussi bien la France : il n’y a pas vraiment de préexistant sur lequel bâtir.
    En revanche, la prochaine vague devrait être un peu plus intéressante, avec le lancement d’ici les prochains mois en Turquie notamment ; d’ailleurs, pour préparer le terrain, HBO Max vient de recruter des exécutives ayant travaillé pour quelques unes des plus grandes sociétés de production turques, histoire de ne pas débarquer les mains vides le moment venu.

    De la même façon, le lancement de HBO Max ce mois-ci s’accompagne de nouveautés locales : la plateforme en a profité pour lancer une nouvelle série roumaine, Ruxx, un drama qui porte le surnom de son héroïne principale.

    Intelligente et organisée, Ruxana est une femme sur laquelle on peut compter… et c’est précisément ce que fait son entourage, dans toutes les facettes de sa vie. C’est vrai lorsqu’il s’agit de soutenir sa sœur Cristina, une jeune femme divorcée qui s’est reconvertie en présentatrice télé et a un problème de plus en plus évident avec la boisson ; pour elle, Ruxx est la confidente, l’infirmière, et la voix de la raison. C’est vrai lorsqu’il s’agit de leurs parents, un couple âgé et conservateur, qu’elle aide aussi bien financièrement que moralement. C’est vrai sur son lieu de travail, un cabinet d’architecture où elle est le bras droit d’Eugen Moscu, dont elle gère les affaires personnelles autant que professionnelles. Bref, tout le monde peut compter sur Ruxana… sauf elle-même.
    Quand commence le premier épisode de Ruxx, la jeune femme a cependant pris une grande décision : partir commencer une nouvelle vie aux USA, où elle s’apprête à rejoindre la personne qu’elle aime. Le seul problème c’est que pour le moment, seule Cris est au courant.

    En la suivant pendant 48h, cet épisode d’exposition essaie d’établir toutes ces dynamiques, ou plutôt, la façon dont cette même dynamique se répète, quoiqu’avec quelques nuances.
    Et en un sens, ça m’a fait du bien. Beaucoup de séries se seraient intéressées à Cristina plutôt que Ruxana, à la sœur perdue qui doit se confronter aux critiques dures de leurs parents, à la femme se cherchant désespérément une porte de sortie de la spirale dans laquelle elle semble s’être enfoncée, à celle des deux célibataires qui couche à gauche et à droite… La plupart des séries auraient préféré la plus bordélique des deux. Mais Ruxx n’est pas attirée par le chaos, en tout cas, pas dans ce sens-là.
    La série s’attarde au contraire sur la façon dont son héroïne garde la tête froide, prend sur elle, essaie de toujours faire les choix les plus raisonnés. C’est quelqu’un qui résout des problèmes, et en particulier, les problèmes des autres. C’est d’ailleurs bien la raison pour laquelle Ruxana va partir : parce que cette fois, il faut qu’elle pense un peu à son propre bonheur. Le premier épisode suit les 48 dernières heures qu’elle a prévu de passer en Roumanie, les 48 dernières heures qu’elle a prévu de passer à penser aux autres.

    Il n’est pas très difficile de deviner, en partie, ce vers quoi ce premier épisode se dirige. On n’établit pas une petite douzaine de personnages dans un pays que l’héroïne de la série va quitter… mais c’est ça qui est intéressant. Cette promesse que la vie de Ruxana n’a pas besoin d’être délocalisée pour qu’elle essaie (réussir est encore une autre question) de penser un peu plus à elle. Apprendre à laisser les autres gérer leur chaos, histoire, peut-être de cultiver le sien propre.
    A ce thème de sacrifice volontaire à la fois banal et coûteux, Ruxx en ajoute quelques autres, qui s’intéressent moins à son héroïne qu’à ce qu’elle représente. Bloquée entre son envie d’aller de l’avant (et de l’avant vers les USA, ce qui n’est pas dénué de symbolisme) et ce qui l’attache au monde qu’elle a toujours connu (sa vie en Roumanie), et désireuse jusque là de rendre service à tout le monde, Ruxana interagit avec toutes sortes de personnes, venues de toutes sortes de groupes socio-culturels roumains. Elle va même se retrouver au milieu d’une campagne électorale pour les municipales qui va toucher à la fois sa vie professionnelle et privée…
    Ruxx est la radiographie d’une Roumanie qui veut changer ; mais le peut-elle ?

    Ruxx mélange tout cela sans avoir l’air d’y toucher, préférant un ton de chronique lumineuse à un drama intellectuel (ou même un thriller politique). Il y a quelque chose de léger dans sa façon d’effleurer les portraits, sans laisser Ruxana dévoiler ses émotions frontalement à quiconque, pas même les spectatrices ; pas ce voix-off ici, et pas de grands discours. Ruxx est une invitation à prendre le temps d’apprécier et d’absorber les émotions qui bruissent sous la surface de ses intrigues.
    Au point que par moments, c’est presque surprenant de ne pas être plus prise par la main. Surprenant, mais pas désagréable…


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  • Excellent millésime

    13 mars 2022 à 23:19 • Review vers le futur •

    L’un de mes plaisirs de la saison écoulée s’appelait Grand Crew, l’une des comédies étasuniennes les plus délicieuses qu’il m’ait été donné de déguster depuis un bout de temps. A l’origine, je n’avais pas vraiment prévu d’écrire dessus ; mais j’ai fini la (première ?) saison hier soir, mon cœur a débordé, et comme je ne suis pas en avance sur mes autres articles, ma foi, il y a des sujets bien pires à aborder !

    Sur le papier, j’admets pourtant bien volontiers que rien ne sépare Grand Crew des nombreuses autres comédies mettant en scène un groupe de potes et leur bar préféré. En-dehors du ratio hommes/femmes, ces séries sont partout, en particulier depuis le succès de Friends (donc pas loin de 3 décennies ; oui, pardon, je sais, vous vous sentez vieille). Mais, comme tout le monde le sait, ne serait-ce que parce que je le répète régulièrement, une série n’est pas son synopsis, mais son traitement. Et de ce côté-là, Grand Crew a trouvé le ton parfait.
    On y entend, avec le ton le plus casual possible, des répliques comme « I’ve known you for so long that I forget that we just met… I don’t know anything about you » avec un ton parfaitement pince-sans rire, mais aussi un peu absurde. Le rythme des dialogues (et dans une certaine mesure, leur teneur) m’a d’ailleurs beaucoup rappelé ce que j’avais tant aimé dans Marry Me. En fait, les deux séries partagent la même douce dinguerie.

    La série a trouvé un équilibre impeccable entre une formule permettant à ses épisodes d’être vus individuellement, et une approche feuilletonnante subtile. C’est particulièrement important pendant une première saison qui cherche son public, et ça a des retombées sur le reste.
    Cela s’illustre dés le premier épisode, qui met un point d’honneur à établir pourquoi le gimmick de la série est le vin, ce gimmick de la série étant appelé à servir à la fois de fil rouge (ha !) et de décor totalement anecdotique, selon les besoins. Ce faisant, le pilote en profite pour planter ses personnages. Tout commence donc quand Noah, l’un des membres de ce groupe d’amies, entame une relation amoureuse avec l’une des serveuses du bar habituel de la bande. Manque de chance, les choses tournent au vinaigre, car Noah veut aller beaucoup, beaucoup trop vite : au bout de 4 mois seulement, il veut la demander en mariage ! Cela se passe aussi bien que vous pouvez l’imaginer, sauf que du coup, ça rend la fréquentation du bar bien trop malaisante pour le groupe, qui décide de se chercher un nouveau lieu de rendez-vous. Après bien des déceptions, les cinq amies décident de poser leurs valises dans un bar à vin (nommé « Cru »), ce qui est un peu en-dehors de leur zone de comfort habituelle. Mais c’est aussi ça qui est grisant ! Pour préserver la beauté de leur découverte, les amies font un pacte : Noah ne devra ne pas draguer/coucher avec qui que ce soit dans le périmètre environnant le bar, de façon à ne pas avoir à en changer à nouveau.

    Ce premier épisode répond donc à la question que personne ne se serait nécessairement posée : pourquoi un bar à vin spécifiquement ? Ma foi, à cause de Noah, certes… mais aussi parce que cette bande entre dans la trentaine, et les pintes de bière semblent ne plus tout-à-fait être de leur âge. Le vin reflète la progression de chacune dans la vie (notamment sur un plan financier), et leur désir (individuel et collectif) d’accéder à des choses un peu plus fines et subtiles qu’avant. Il y a aussi, et la série en joue à l’occasion, une vraie curiosité quant au vin lui-même (même si les raisons pour boire sont aussi, tout simplement, une habileté spectaculaire à lever le coude tous les soirs entre potes, comme souvent dans les séries américaines).
    Grand Crew pose le décor de la maturité… même si cette maturité n’est que relative, et c’est tant mieux. On n’en est pas à un paradoxe près !

    Et si ça marche aussi bien, c’est que ces amies nous sont délivrées comme des personnes complexes, pleines de nuances et contradictions internes. Les différentes intrigues de la saison vont ainsi nous révéler des habitudes étranges ou des anecdotes aléatoires, qui sont à la fois drôles et attachantes. Les dialogues sont émaillés de détails sur leur personnalité et/ou leur passé, que la série tient pour acquis, sans les expliquer ou en faire des gags récurrents parce que, ma foi, quel besoin ? Ces potes sont ensemble depuis des années, donc ça leur semble évident. Je trouve ça TELLEMENT rafraîchissant d’entendre, au détour d’une intrigue, une réplique aussi succulente que, par exemple : « usually after a dating mishap like this, you’d be at home staring out your window, singing Kiss From A Rose by Seal« . C’est trop spécifique pour ne pas être drôle ; et, comme dirait l’autre, systématiquement débile, mais c’est toujours inattendu d’avoir ce genre de détails qui brossent si bien le portrait des protagonistes… En plus de souligner à quel point on se connaît par cœur les unes les autres à l’intérieur du groupe.

    C’est ce qui fait, souvent, de ces personnages une bande de grands enfants attachants : leurs petites excentricités discrètes, et le naturel avec lequel il est totalement accepté que chaque membre du groupe a les siennes.
    Je craignais au départ (vu les deux premiers épisodes) que toutes les intrigues partent de la quête amoureuse de Noah, mais la série a la bonne idée de ne pas faire de lui le point focal de toutes les intrigues, ce qui permet à chaque amie, tour à tour, de faire des choses plus émouvantes ou plus décalées.
    Chaque membre de la crew a ainsi une personnalité capable d’attirer l’affection ou de susciter le rire, selon les occasions : Noah et son côté grand romantique naïf, mais profondément sincère ; Nicky, sa soeur, qui adore se mêler des affaires des autres (il faut dire qu’elle y excelle), mais garde soigneusement ses distances émotionnelles ; Wyatt, marié depuis un peu moins d’une décennie, et qui a fait de sa vie rangée un trait de caractère ; Anthony, un comptable brillant plein d’assurance, mais aussi psycho-rigide sur les bords ; Sherm, qui a temporairement emménagé avec Anthony pendant sa recherche d’emploi, et se sens parfois inférieur intellectuellement (à tort, faut-il noter) ; dans le deuxième épisode, la série introduit également une nouvelle amie, Fay, qui sort d’un divorce qui l’a laissée un peu vulnérable, ce qui entre en conflit, régulièrement, avec sa nature très « vivre et laisser vivre ».
    Tout ce petit monde, à parts égales, est capable d’endosser diverses fonctions selon les circonstances, ce qui empêche qui que ce soit d’être caricatural. Bonus non-négligeable, ça signifie que les personnages se mélangent avec aisance : personne n’est à l’extrême opposé d’une autre membre du groupe ! Alors, ça donne plein de dynamiques fluides, qui semblent en permanence tomber sous le sens grâce à leur côté parfaitement aléatoire, et/ou l’absurdité des circonstances.

    Il y a quelque chose de tranquillement révolutionnaire dans l’approche de Grand Crew, non seulement en matière de dynamiques, mais aussi sur le fond. Et révolutionnaire parce qu’elle est consciente, affirmée dés l’introduction de son premier épisode, qui clame haut et fort (on ne pourrait faire plus clair !) que ses personnages noirs, en particulier masculins, ont droit à cette complexité, à ce mille-feuille de loufoquerie douce et d’émotions contradictoires.
    Grand Crew était, à l’origine, une série sur et pour les hommes noirs (ça se sent au ratio de la série et à la façon dont Fay a été ajoutée un peu sur le tard), voulant ostensiblement bousculer un peu les représentations les concernant. L’honnêteté intellectuelle pousse à approuver : historiquement, les séries étasuniennes dites « Black » (c’est-à-dire initialement les Black sitcoms, puis pendant l’extension à d’autres genres au fil des décennies) ont majoritairement décrit en détail les nuances des émotions des femmes noires… moins souvent celles des hommes avec la même précision. Cela reflète combien, vus de l’intérieur de leur groupe social autant que de l’extérieur, les hommes noirs sont souvent encouragés à être un peu macho, en tout cas déconnectés de nombre des émois détaillés ici.
    Grand Crew refuse ce genre de portraits simplistes, autant que l’injonction à masquer ces émotions. Être aussi ouvertement sentimental que Noah ou Wyatt, même si ce n’est pas entièrement sans précédent à la télévision afro-américaine, c’est encore plutôt rare dans une série. Ce n’est, en outre, pas une cause de ridicule (même si ça n’empêche personne d’en rire un peu à l’occasion, comme de tout autre trait de caractères, et jamais de façon corrective comme si souvent dans Friends). Le fait que chaque membre masculin de la série puisse se montrer vulnérable à un moment ou à un autre, de façon interchangeable mais qui lui est unique, oui, c’est significatif, et assez militant.
    Il y a une déconstruction décontractée d’une forme de masculinité qui est ici totalement assumée… même si elle se déroule en toile de fond de choses parfaitement légères et souvent anodines, dont (mais pas exclusivement) les affaires de cœur.

    Car même si les relations amoureuses sont omniprésentes (il y a toujours au moins une membre du groupe avec une intrigue amoureuse par épisode, ne serait-ce que parce que Wyatt est marié), Grand Crew n’en fait pas son but dans la vie. Ce n’est pas ce qui définit ses personnages, et donc pas ses intrigues. Et je dis tant mieux ! Parfois c’est une relation familiale qui prend toute la place dans un épisode, ou un problème au travail, ou juste l’exploration d’un trait de caractère de quelqu’un.
    Tout n’a pas besoin d’être (comme je le craignais au départ, donc) une question de romance, ou absence de, dans la vie. Certainement pas au moment de la trentaine, quand la vie est si riche en opportunités et qu’on sait qui on est.
    Et il faut là aussi le dire : historiquement, depuis la naissance des Black sitcoms, les séries par et pour le public afro-américain ont eu tendance à n’avoir aucun entre-deux : soit la recherche éperdue du grand amour, soit la vie familiale. Grand Crew fait le choix d’exister dans un espace qui n’a quasiment pas été investi jusqu’ici pour les séries destinées à ce public, mais a pu très fréquemment être exploré par des séries plus blanches : qu’est-ce que c’est que d’être juste une personne, avec ses nuances, ses excentricités et ses envies ? Sans se définir parce ce qu’on cherche, ni par qui l’on est pour autrui. Juste, à quoi ça ressemble d’être quelqu’un ?

    Ce n’est pas souvent qu’il est permis à des protagonistes noires de juste exister, en tant qu’adulte, avec des émotions et des idiosyncrasies qui leur sont propres, et de juste apprécier la vie en prenant de l’âge.
    Comme un bon vin.


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  • Mauvais appétit

    13 mars 2022 à 23:18 • Dorama Chick •

    Au fil du temps, je vous ai chanté les louanges de ce que je surnomme les « séries d’appétit » de nombreuses fois, et on pourrait croire que l’un de mes sous-genres de niche préférés ne puisse jamais se tromper. Eh bien, #IzakayaShinkansen, hashtag inclus, est là pour nous détromper ; je me devais d’en toucher deux mots.
    Parce que oui, tout ce qui dîne n’est pas d’or ! La même formule qui peut apporter de petits trésors (vous en trouverez trois en suggestion, au bas de cette review ; mais ce n’est qu’un petit échantillon) peut aussi être passablement ennuyeuse. Pour ne pas dire paresseuse. Non mais, allez, si, je le dis : paresseuse.

    Bon, la « série d’appétit », vous commencez à savoir comment ça marche. Mais pour résumer caricaturalement : on prend un personnage avec un style de vie spécifique, on lui donne faim pendant une moitié d’épisode, on le fait manger des mets délicieux pendant l’autre moitié, et on l’écoute penser tout du long.
    Je vous jure que ya des fois où ça marche, et même de façon très intéressante, même si dit comme ça, je conçois que ça ne se sente pas trop !

    Dans #IzakayaShinkansen, notre protagoniste est Susumu Takamiya, un commercial qui se déplace dans tout le pays pour, eh bien, euh, commercialer, c’est pas le sujet… même si là, clairement, ça sent beaucoup le calque de Kodoku no Gourmet. Bref Susumu prend le train à longueur de temps, et du coup ça signifie qu’il visite plein de recoins où il peut déguster des spécialités locales, généralement inaccessibles d’ordinaire là où il habite. Puis bon, même sans ça, si on va en Bretagne, bah on a envie de manger des crêpes au froment, mécaniquement.
    Le truc c’est que Susumu fait généralement un aller-retour dans la journée, donc il a pris l’habitude d’acheter des victuailles sur place et de les déguster dans le train du retour. D’où le titre, qui se réfère à la fois à la restauration (Susumu transforme son simple siège de passager en table digne des meilleurs bistrots) et au transport (oui, ici on prend le train à grande vitesse, on n’est pas dans Tetsu Oota Michiko, 2 Man Kilo où on affectionne les petites lignes). Quant au hashtag, il reflète simplement le fait que Susumu livetweete son repas, du moins quand il pense à prendre une photo avant de manger.

    Honnêtement… je pourrais m’arrêter là. Sur le fond, le premier épisode de #IzakayaShinkansen ne se creuse pas trop, chroniquant pendant sa première partie les courses alimentaires que Susumu fait dans une ville inconnue (et les rencontres fortuites qu’il fait au passage, forcément relatives à la nourriture) ; puis dans la seconde, quel plat ou ingrédient sortant de l’ordinaire il va déguster, et apprécier.
    Je pourrais m’arrêter là… mais ce serait être trop charitable. Parce que je voudrais quand même pointer du doigt que, pour une raison qui m’échappe (d’autant que ce n’est pas si courant que ça pour une « série d’appétit »), #IzakayaShinkansen a décidé qu’elle était une comédie. Même pas une dramédie, vraiment une comédie.
    Et euh, bon, ça s’entend, admettons, sur le papier je suis pas fondamentalement opposée à l’idée… c’est juste que, non. Vraiment non. Ca marche pas. C’est mal fait. Déjà… eh bien, déjà c’est pas drôle, en dépit de ce que la musique aimerait nous faire croire. Et ensuite ça ne colle tout simplement pas. La nourriture ou la boisson (oui, Susumu sait bien lever le coude, on va dire que c’est ma thématique du jour), ça n’est pas drôle, en tout cas pas de façon intrinsèque… et acheter à manger pas beaucoup plus. C’est léger, ça je veux bien, mais ça ne mérite pas un accompagnement sonore digne des sitcoms des années 50.
    Et puis, l’humour, quitte à passer pour une snob, je trouve que ça implique d’écrire des choses humoristiques ; je suis vieux jeu comme ça. Or là, euh, bah c’est pas le cas, à part quand tout d’un coup Susumu réalise qu’il a, précisément, oublié de prendre un plat en photo avant de le manger, et que ses followers le lui font remarquer. Je suis désolée, ça ne compte pas comme de l’humour.
    Alors soit. Toutes les séries ne peuvent pas susciter des émotions vertigineuses, qu’elles soient d’appétit ou non. Mais un petit effort n’aurait pas été superflu. Et par « petit effort », je veux dire n’importe lequel, vraiment.

    Je ne peux pas m’empêcher de remarquer que, contrairement à la plupart des séries du genre, #IzakayaShinkansen est non seulement une série ne s’appuyant sur aucun manga (sauf erreur de ma part, des cases ont été publiées a posteriori, dans le cadre de la promotion de la série), mais aussi une série de TBS et MBS, deux chaînes qui co-produisent souvent des séries, mais rarement des « séries d’appétit ». Généralement, celles-ci, et en particulier les plus réussies, se trouvent sur TV Tokyo. Ce n’est probablement pas tout-à-fait un hasard, vu que la plupart de ces séries (comme la majorité des productions japonaises, surtout les moins onéreuses) sont développées en in-house.

    Pourtant, il semblerait que cette première saison, qui s’est achevée en février, ait rencontré un peu de succès. Il y a plusieurs raisons à cela… mais aucune en lien avec la qualité de la série elle-même.
    C’est surtout qu’elle symbolise des choses chères au cœur du public japonais : la nourriture (on parle d’une télévision où il y a de la bouffe à toute heure sur quasiment toutes les grandes chaînes, sous une forme ou une autre) ; la nourriture locale, qui plus est (ce qui fait appel aux préférences individuelles autant que ça touche les sensibilités régionales, souvent exacerbées même sans ça) ; le voyage (qui, en pleine pandémie, est encore très encadré et limité, et donc source de frustration ; or s’il y a bien quelque chose que le genre de la « série d’appétit » réussit, c’est satisfaire la frustration) ; et… une utilisation plutôt fine des mécanismes de promotion à la japonaise.
    Car, oui, le compte Twitter de « Susumu » a vraiment livetweeté les repas présentés dans la série (et plus jamais après son arrêt). Et, comme dans un grand nombre de séries japonaises, les entrelacs avec la réalité ne sont pas arrêtés là : les magasins où la série est allée faire son marché ont mis en avant des photos de son passage, mettant en avant les produits régionaux dégustés dans la série (c’est un peu le même phénomène que pour Kodoku no Gourmet, qui présente de véritables restaurants). Echange de bons procédés, le site officiel de la série propose de son côté une liste exhaustive des endroits où Susumu a fait son shopping (comme c’est pratique), ainsi qu’une opportunité in-cro-ya-ble de s’acheter le set de table de voyage vu dans la série. Comme ça vous pouvez vous faire votre propre izakaya ferroviaire dans, euh, votre salon ! Il n’y a pas de petit profit.

    …Je suis désolée, on n’aura pas le temps de revenir sur la longue et délicieuse histoire du product placement au Japon, mais oui, vous l’aurez compris, c’est en grande partie grâce à lui qu’on s’est farci #IzakayaShinkansen cet hiver. D’ordinaire j’apprécie une bonne petite synergie commerciale des familles, mais là, vu la qualité du résultat et l’effet de comparaison avec d’autres fictions bien plus réussies dans ce domaine, ça me donne le sentiment que la série a sali deux de mes marottes télévisuelles sans aucune provocation de ma part. Et je le prends un peu personnellement, pour ne rien vous cacher.


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  • Encore une fois

    11 mars 2022 à 23:15 • Review vers le futur •

    Personne d’autre que moi ne s’en souvient, mais voilà environ 11 ans, je vous disais que je rêvais de voir My Correct Bedtime Stories: Modern Tales for Our Life and Times, le recueil de nouvelles de James Finn Garner, un jour adapté à la télévision. Même si, depuis sa publication dans les années 90, l’ouvrage a un peu vieilli (et c’est bien normal), je suis et reste convaincue que c’est la meilleure façon de proposer des contes de fée dans une série : avec humour, et une saine dose de recul.
    Netflix a dû lire dans mes pensées (mais, fidèle à son habitude, sans vouloir raquer pour les droits si la plateforme pouvait l’éviter), parce qu’une série assez proche dans l’esprit vient d’apparaître dans son catalogue : la série espagnole Érase una vez… pero ya no (« Il était une fois… mais plus maintenant », mais proposée sous le titre Jusqu’à ce que le sort les sépare en France). La série est bien décidée à s’attaquer aux tropes des contes de fée avec un humour moderne… et ce faisant, à parler d’amour plus ou moins intemporel.

    Tout commence il y a plusieurs centaines d’année. Dans un petit royaume, la Princesse est follement amoureuse d’un pauvre pêcheur, Diego… et d’ailleurs pécheur aussi. Elle est en effet bien décidée à consommer leur amour, malgré les interdits. Malheureusement, elle est surprise par ses mères, les Reines Fátima et Dolores ; son amant prend la fuite in extremis. Si Dolores est plutôt compréhensive, Fátima est en revanche bien plus sévère et ordonne à sa garde de trouver le jeune homme et l’exécuter ; fort heureusement, la Princesse peut compter sur sa gouvernante, qui est mariée au chef de la garde royale : très vite, le pêcheur est amené devant une sorcière capable de le protéger. Après bien des négociations, voici ce qui est décidé : Diego partira à la guerre, pour faire la preuve de sa valeur auprès des Reines, et il sera muni d’une amulette protectrice qui l’empêchera de mourir jusqu’à ce que ce soit fait. Pour s’assurer que la Princesse continue de l’aimer malgré l’éloignement, un dragon bleu enchanté, pouvant vivre des siècles, lui est remis ; personne dans le royaume ne pourra tomber amoureuse tant que le dragon bleu sera en vie. Il suffira pour le pêcheur, à son retour de la guerre, de relâcher le dragon avec la Princesse, à un moment bien précis (une lune rose, phénomène qui ne se produit que tous les 7 ans), pour briser le sort.
    …Sauf que les siècles ont passé et que le sort n’a jamais été levé. L’histoire continue d’être transmise dans la bourgade où jadis se dressait ce petit royaume, et il se dit que, même s’il y a eu des variations (par exemple il n’est pas dit que la Princesse ait été bien décrite…), les faits sont avérés. La preuve : personne n’a pu tomber amoureuse depuis. Manque de chance, le dragon bleu commence à devenir vieux, et ce pourrait bien être sa dernière lune rose.

    Je n’ai cependant pas l’impression de faire une faveur à Érase una vez… pero ya no en ne faisant que résumer son histoire. C’est de par son ton que la série se distingue. Personnellement, il ne m’a fallu que trois répliques pour être totalement convaincue par la série. Il faut savoir en effet que celle-ci s’ouvre sur le moment pendant lequel le pêcheur et la Princesse s’apprêtent à s’envoyer en l’air dans une quelconque étable du royaume, et que la conversation tourne ainsi :
    – Mais le futur roi s’attend à une…
    – Vierge ?
    – Oui.
    – C’est une construction sociale, Diego ! On n’est pas au Moyen-Âge…
    – Bah en fait, si.
    Le plus intéressant étant qu’apparemment, la virginité de la Princesse est une affaire d’Etat, mais il est parfaitement naturel que le royaume soit dirigé par un couple de femmes. Bref, le réalisme historique, on aura compris que Érase una vez… pero ya no se torche avec, pourvu de s’amuser avec les ingrédients qui sont les siens.

    Toutefois, l’essentiel de l’intrigue se déroule au temps présent, alors que le dragon bleu est sur le point de mourir et que Diego est devenu Max, un gigolo qui travaille dans un hôtel dont l’essentiel du business tourne autour de l’attrait touristique de ce fameux compte du pêcheur et de la Princesse. Plus personne ne croit vraiment aux contes de fée, et de toute façon la ville ne connaît que les peines de cœur et les histoires sans lendemain (sans parler des relations tarifées de Max). Mais l’existence du dragon bleu laisse penser qu’il subsiste un espoir que dans ce monde décadent, l’amour puisse encore exister. Surtout quand apparaît dans l’hôtel une jeune femme qui pourrait bien être la Princesse !
    La question que semble poser Érase una vez… pero ya no, c’est précisément de savoir si ces protagonistes, dont nous sommes certaines qu’elles sont la réincarnation des personnes à l’origine du conte (et pour cause, ce sont pour l’essentiel les mêmes actrices), sont capables de ressentir un jour, sans cynisme, les passions de jadis. Et naturellement, on devine que ça ne va pas être si simple…

    Les dialogues, la musique, les couleurs : tout fait de Érase una vez… pero ya no (une série qui assurément aurait dû être lancée pour la Saint Valentin) un délice à la fois insolent, excentrique et absurde. Il n’y a pas beaucoup de séries qui lui ressemblent, en particulier à l’heure où la plupart des séries sont comme tournées sur la face cachée de la lune, et rien que visuellement c’est un véritable plaisir.


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  • Fin fond

    10 mars 2022 à 22:06 • Review vers le futur •

    S’il vous est déjà arrivé d’avoir votre curiosité piquée par une affiche intrigante, un titre énigmatique, et/ou un synopsis mystérieux… tout ça pour réaliser 45 minutes plus tard que vous n’avez pas du tout aimé le premier épisode, alors vous avez, en quelque sorte, partagé mon expérience devant Katakomben, une série dont le titre lui-même semblait être tout un programme.
    La série allemande, lancée au printemps dernier par la plateforme Joyn, me faisait saliver de par son matériel promotionnel original, reflétant le fait qu’une grande partie de son intrigue tourne autour des bas-fonds de Munich. Lorsque j’ai enfin réussi à mettre la main dessus, je n’étais que joie. Et, hélas, les choses se sont compliquées à partir de là.
    C’est-à-dire qu’au vu de ce premier épisode, je sens bien que Katakomben essaie de nous dire quelque chose. C’est juste que je ne suis pas convaincue qu’elle sache quoi.

    Reprenons : plusieurs adolescentes ont décidé d’aller faire la fête après avoir reçu une invitation pour une rave organisée dans les sous-sols de la gare centrale de la ville. Parmi elles, Nellie Mahler, qui souffre de l’isolement depuis que sa mère est devenue conseillère municipale et dédie toute sa vie au travail ; Max Mahler, son frère, qui à l’opposé se contente de profiter de leur nouvelle maison et de faire la fête ; Maya-Florence Mühlberg, la riche petite amie de Max ; ou encore Janosch Seiler, le meilleur ami de Nellie et un influenceur qui a toujours le portable à la main.
    Katakomben établit pas mal de choses d’entrée de jeu, notamment le fait qu’une des raisons pour lesquelles Anna Mahler n’a plus vraiment de temps pour Nellie et Max tient à une explication pour le moment inconnue de tous : elle a obtenu sa nouvelle maison grâce à la « générosité » d’une certaine Mme Gordon, une architecte-urbaniste qui entend gagner un appel à projet relatif à la gare de Munich, et fait chanter la conseillère municipale pour l’obtenir. C’est quelque chose que la série aurait pu ne révéler que très progressivement, mais ici on nous délivre l’information pendant les 10 premières minutes de cet épisode inaugural. Cependant, pour l’essentiel, ce premier épisode se concentre surtout sur la perspective de Nellie, qui ne peut compter que sur Janosch pour lui tenir compagnie. Elle semble personnifier la « pauvre petite fille riche », et à un moment je crois que Katakomben aurait voulu que nous la prenions en pitié (voire même que nous nous identifions à elle), mais c’est absolument impossible tant ses préoccupations sont, au final, parfaitement futiles. La voilà en effet qui finit par se bourrer au champagne avec Janosch avant d’aller rejoindre la rave, qui évidemment a le frisson de l’interdit puisque c’est une fête illégale. Elle y va séparément de Max, mais retrouve son frère sur place, lequel est évidemment accompagné de Maya-Florence, ainsi que de son pote Wenzel ; toutes les trois sont d’ailleurs bourrées ET ont consommé des drogues, ce qui les rend encore plus insupportables qu’à l’ordinaire.
    En parallèle, la série nous présente un autre personnage qui semble déconnecté de cet univers : Magdalena Kaltbrunner, agente de police qui mène une enquête dont on sait peu de choses, mais qui vraisemblablement n’a pas l’aval de sa hiérarchie pour le faire. Ses investigations vont la conduire, elle aussi, dans l’univers souterrain des catacombes de Munich.

    C’est alors que se produit le pire : un feu se déclenche pendant la rave, provoquant la panique des jeunes présentes (qui, pour la plupart, ne sont évidemment pas dans leur état normal). La bousculade qui s’en suit est chaotique, et à la surface, alors que lentement les secours s’organisent, on commence à évaluer les dégâts. Or, Max, Maya-Florence et Wenzel sont portées disparues, ce qui panique immédiatement Nellie… mais pas nécessairement pour les raisons qu’on pourrait imaginer. Magdalena, quant à elle, poursuit son enquête…

    Katakomben voudrait nous dire quelque chose, mais un peu comme lors d’une conversation dans Lassie, j’avais le sentiment qu’on ne parlait pas le même langage. Il y a une volonté claire d’essayer de critiquer un certain style de vie, outrancièrement riche ; l’épisode insère par très petites touches des rappels sur l’extrême opposé de ce monde, la pauvreté étant omniprésente autour de la gare… et sous elle. Si la jeunesse dorée de Munich a fait la fête une nuit dans les entrailles de la ville, elle n’a pas réalisé qu’il y a une population qui y vit tout l’année. C’est clairement quelque chose que Katakomben veut explorer…
    …mais c’est difficile à faire quand on passe 99% de son temps dans une superbe villa moderne, avec des ados qui ivres de champagne, vêtues de fringues de luxe. Katakomben ne peut s’empêcher d’admirer le style de vie qu’elle semble vouloir faire mine de critiquer. Et quand bien même elle semble vouloir s’atteler à la corruption (via l’intrigue secondaire d’Anna Mahler) en matière d’aménagement urbain, elle persiste à le faire en plaçant des protagonistes riches dans une situation légèrement périlleuse, certes, mais sans danger de tout perdre comme ce peut être le cas pour les personnes vivant dans les souterrains de la ville.
    Certains choix différents auraient pu contribuer à modérer cette impression, mais ils ont été écartés. Par exemple, faire de Janosch le point focal de la série plutôt que Nellie aurait été intéressant, car il a une position plus surprenante qu’il n’en a l’air dans cet équilibre. Passer plus de temps avec un personnage vivant dans les catacombes aurait également été une excellente solution, même si cet aspect peut encore s’améliorer dans les épisodes suivants. Je ne suis pas pro-séries policières, mais même adopter le point de vue de Magdalena aurait été plus courageux. Globalement, faire le choix de traiter ces riches comme des intruses, plutôt que partir du principe que les spectatrices vont s’identifier à elles, aurait été, sous quelque forme que ce soit, une meilleure solution…

    Pour le moment, Katakomben est trop intéressée par l’ennui terrible d’une classe sociale qui a tout mais n’a envie de rien de substantiel, pour accomplir quoi que ce soit. Sa fascination pour la rave, plutôt que la façon dont la fête a été vécue par celles qu’elle a dérangées, trahit son manque de volonté de réellement oser dire quelque chose sur le sujet qu’elle s’est choisi. A ce tarif-là, c’était pas la peine.


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  • Le dernier concert

    6 mars 2022 à 23:17 • Review vers le futur •

    Harry et Monica ont connu le succès sur la scène. Leur groupe, Harmonica, se produisait devant une foule immense, dans de nombreux pays d’Europe. Tout le monde semblait connaître et aimer leur répertoire. Et puis, un jour, tout s’est arrêté. Et plus rien n’a jamais été pareil.
    C’était il y a 16 ans. Avec le temps, leur relation s’est effritée. Sans la musique pour les souder, que leur reste-t-il ? Alors, pendant une session avec leur thérapeute de couple, Monica pose un ultimatum à Harry : soit reprendre la route pour une nouvelle tournée (c’est leur frère et ami Tomas qui en a eu l’idée), soit divorcer.

    Je sais qu’il y a peu, je me plaignais d’avoir l’impression de saturer quant aux séries sur des groupes musicaux. Quitte à passer pour une hypocrite, je n’ai pas du tout eu ce sentiment devant Harmonica, une mini-série suédoise qui (comme de plus en plus de très bonnes séries scandinaves) nous arrive de la plateforme Viaplay. Il y a quelque chose de foncièrement intime dans son sujet mais aussi son traitement, qui m’ont immédiatement accrochée. Alors si vous le voulez bien, parlons donc de son unique saison.

    Harmonica se déroule donc une décennie et demie après le succès du groupe éponyme ; toutefois ce n’est pas la réussite publique ou critique qui intéresse Harry et Monica. Il est très clair dés le départ, à cause de l’ultimatum notamment, qu’il s’agit d’essayer de retrouver quelque chose. Harry et Monica ont perdu le feu sacré, et si le couple ne fait pas quelque chose la menace plane d’une détérioration du peu qu’il leur reste.
    La série fait le choix de suivre ces quelques semaines dans la vie du couple et du groupe, comme une photographie d’un moment. Un moment charnière, mais un moment qui ne règle pas tout, parce que la vie est trop compliquée pour mettre tout en ordre en aussi peu de temps. D’autant qu’on va progressivement comprendre l’ampleur du bagage que traine Harmonica de ville en ville. Petit-à-petit, Harmonica dévoile les vraies raisons pour lesquelles c’est la tournée de la dernière chance pour Harry et Monica ; ce n’est pas que leur amour est devenu routinier et las, comme on pourrait le penser. Le temps n’a pas été la seule cause de la dégradation de leur relation. Ce qui s’est passé voilà 16 ans figé leur relation dans le temps, les a pétrifiées individuellement et donc ensemble. Ce n’est pas exactement une découverte surprenante (des indices, dés le premier épisode, le laissent entendre par petites touches), mais la révélation lente de l’ampleur du désastre fait son petit effet.

    Bricolée par Tomas, le manager de longue date du groupe et frère de Monica, la tournée a tout du fiasco. Il a, en outre, terriblement besoin de l’argent de cette tournée (même s’il n’en a parlé à personne), et donc besoin qu’entre Harry et Monica, les choses fonctionnent. Qu’elles soient rentables. Ce qui est évidemment à l’opposé des raisons pour lesquelles le couple s’est engagé dans ce périple. Loin des grandes salles, cette tournée se déroule dans des bars, à des événements mineurs, et à bord d’un ridicule petit bus qui n’a plus rien à voir avec le faste des grands jours. Cela n’ajoute qu’à l’impression que tous ces efforts pour remettre Harmonica sur pied sont vains. En outre, les autres membres du groupe reviennent également avec leurs propres problèmes, en particulier Tobbe et Lisa dont le couple, lui, s’est séparé il y a 16 ans, et qui ne peuvent plus être dans la même pièce sans se sauter à la gorge.
    Le talent de Harmonica, c’est de trouver un équilibre entre toutes ces forces, et raconter l’histoire de Harry et Monica alors qu’elles embarquent dans ce qui est la dernière étape avant la destruction. Les efforts de Monica pour essayer de redonner du souffle à son couple sont touchants ; Harry, à côté de ça, semble totalement submergé, d’autant qu’il lutte également contre une addiction à l’alcool (pas facile quand on joue dans des bars !) et un père lui-même alcoolique et extrêmement critique.

    Tout cela fonctionne d’autant plus qu’Harmonica a la très bonne, non pardon : l’excellentissime idée d’insérer de très nombreux flashbacks tout au long de ses épisodes. Parfois ils disent juste « voici ce qui s’est passé », parfois il s’agit simplement d’extraits de clips musicaux du groupe, et donnent aux spectatrices les clés de certaines dynamiques présentes. Mais parfois ils sont aussi, tout simplement, des instants de bonheur, capturés, on imagine, par la camera de quelqu’un filmant des célébrités connues pour leur amour sur et hors de la scène. Des images de concerts dans les plus grandes arènes d’Europe, de coulisses exubérantes et chaleureuses, d’une vie excitante et heureuse ; bref d’une autre vie, surtout si on la compare à cette nouvelle tournée.

    Ces images d’archives imaginaires donnent le ton non seulement de ce qui se trame entre les personnages, mais aussi de l’esthétique de la série. Bien que cette calamiteuse tournée de la dernière chance se déroule de nos jours, les flashbacks donnent l’impression d’une carrière menée dans les années 70. Cela renvoie aussi au style de vie des groupes mythiques de cette décennie, comme un air de Rolling Stones ou d’Abba. Mais cet effet de style donne aussi l’impression que bien plus que 16 années séparent ces jours heureux du présent (qui lui-même, il faut le reconnaître, affectionne un style bohème légèrement vieillot). Le fossé n’en paraît que plus grand, l’insouciance plus lointaine, et le couple… plus distant.
    Que peut-on sauver lorsque tant de choses se sont produites depuis les derniers moments de passion et de joie ?

    Josephine Bornebusch est l’air de rien en train de s’imposer comme l’une des créatrices de télévision les plus intéressantes du moment.
    Vous vous souvenez certainement (sinon, acquiescez en ouvrant discrètement le lien adéquat !) que je chantais l’an dernier les louanges de la première saison d’Älska Mig, dont elle était à l’origine, en plus de s’atteler à la réalisation et d’en interpréter l’héroïne principale. Eh bien c’est à nouveau le cas pour Harmonica, qui, malgré un sujet différent, parvient à toucher une corde sensible similaire. Pour Harmonica, elle fait équipe avec l’acteur Jonas Karlsson, qui incarne Harry et a co-écrit la série (et les chansons !) avec elle. On retrouve aussi au générique l’actrice Nina Zanjani qui incarnait aussi une amie proche dans Älska Mig. Bornebusch semble progressivement se constituer, au fil des projets pour Viaplay (elle a aussi monté un film, Orca, sur le confinement), une petite troupe dédiée à raconter des histoires humaines pleines d’amour et de nuance. Et elle semble avoir trouvé la plateforme idéale pour développer et nourrir ce ton bien particulier (assez éloigné de Welcome to Sweden, dont elle était l’une des productrices exécutives), ce qui ravit tout le monde.

    Intéressée par l’intime, mais pas par le mélodrame, elle se penche dans Harmonica vers une histoire d’amour comme on en raconte encore assez peu dans les séries. Ou disons que quand on le fait, c’est souvent en arrière-plan d’autre chose. Harry et Monica s’aiment, et ça ne fait aucun doute d’ailleurs. On passe très peu de temps à s’interroger sur cela, comme si c’était la dernière chose dont on puisse douter. Mais c’est un amour qui vieillit et on raconte peu les histoires d’amour qui vieillissent, se heurtent aux années et ce qu’elles entraînent de blessures, de ressentiment, d’obstacles naturels. Un amour qui vieillit, ce n’est d’ailleurs pas qu’un amour entre gens qui vieillissent (c’est d’ailleurs assez peu le sujet ici), c’est surtout un amour qui s’use au fil des aléas de la vie.
    Et parce qu’on les raconte encore assez peu, ces histoires-là, les repères n’existent pas, ce qui est précisément le problème que rencontre le couple : le sentiment de vouloir, mais de ne pas savoir comment. Harry et Monica se débattent avec des choses pour lesquelles rien ne les avait préparées ; et en un sens, la célébrité a très peu à voir avec tout cela, même si elle représente une version du bonheur encore plus intense.

    Au fil de ses 5 épisodes, la mini-série explore des contradictions et des hésitations rares. A la fin, rien n’est totalement résolu (sauf peut-être pour Tomas), mais ce n’est pas ce qui compte. Et puis après tout, il y a une vie après le dernier concert. Il faut juste déterminer à quoi on veut la faire ressembler.


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  • Résistance en temps de paix

    5 mars 2022 à 23:12 • Review vers le futur •

    Vous pouvez écrire l’Histoire sans nous, mais il n’y a pas eu d’Histoire sans nous.
    C’est la démarche dont se réclame, ouvertement, la série The Porter que la chaîne publique canadienne CBC a lancée le mois dernier (c’est-à-dire à l’occasion de Black History Month) ; elle est également co-produite avec la plateforme étasunienne BET+, bien que je n’aie pas l’impression qu’elle y ait été mise en ligne pour le moment. Tout, de son sujet à son exécution, est le résultat d’une ambition qui a longtemps manqué à la télévision canadienne (anglophone comme francophone), dont chaque degré se révèle à chaque minute de son premier épisode.

    Les « porters« , ce sont les bagagistes qui travaillent sur le réseau ferré, et servent la clientèle pendant les trajets, relégués aux tâches domestiques les plus négligeables. Rien d’étonnant dans les années 20 qu’au sein de Cross Continental Railway notamment, ces tâches soient strictement déléguées au personnel noir de la compagnie (uniquement des hommes qui plus est). Junior Massey est l’un des nombreux porters employés par CC, et chaque jour, à bord de ses trains de standing, il traverse la frontière entre le Canada et les USA en tentant de garder son calme, malgré le racisme omniprésent et ses produits dérivés tantôt humiliants, tantôt tragiques. C’est que, son salaire subvient non seulement à ses besoins, mais à celui de sa famille : son épouse Marlene et leur fils Teddy. Or, ce n’est pas grand’chose (le quartier noir de Montréal n’est pas exactement un quatre étoiles), et c’est la raison pour laquelle, pendant les trajets vers Chicago, Junior fait passer en contrebande des bouteilles de scotch qu’il peut revendre pour quelques dollars supplémentaires au pays de la Prohibition. Cela arrondit un peu les fins de mois… mais ce n’est pas sans risque.

    De toute évidence, The Porter n’est pas juste une chronique inlassable des voyages en train d’employés noirs subissant le racisme des années 20 à longueur de journée. Mais ce n’est pas non plus une sorte de Breaking Bad de la Prohibition (ce qui serait déjà révolutionnaire, étant donné que les fictions représentant cette période ont tendance à être blanco-blanches). Ce n’est pas le crime qui intéresse la série. C’est la survie.

    Cette survie n’est pas individuelle, mais très clairement présentée comme collective. The Porter élargit ainsi son intrigue à d’autres personnages, en particulier Marlene, qui est infirmière pour l’UNIA ; Zeke Garrett, un autre porter et ami de Junior (apparemment depuis qu’ils ont combattu ensemble pendant la Première Guerre mondiale), plus intellectuel et posé que lui ; ou encore Lucy Mae, qui travaille dans le bar d’un dénommé Popsy, mais rêve de faire carrière dans la chanson. Chaque fois que la tapisserie de la série s’étend, c’est pour parler non pas d’efforts individuels mais d’actions collectives… et de leurs limites. Ce sens du collectif, il naît évidemment du fait que les Noires de Montréal ne sont pas considérées comme des personnes, mais comme une masse informe méprisable ; toutefois, la force de la communauté s’exprime dans les moments où l’entre-soi des hommes et des femmes noires permet de supporter l’oppression, qu’il s’agisse du bar de Popsy où se réunit la moitié du quartier, l’église où se réunit l’autre moitié, les jardins communautaires, les associations d’entre-aide comme l’UNIA, ou encore la simple camaraderie entre voisines, collègues ou amies.
    Cela s’exprime jusque dans les intrigues individuelles. Ainsi Marlene est-elle une infirmière de la Black Cross, dont l’action consiste à apporter des soins à la communauté noire, largement négligée. Pourtant, chaque fois qu’elle voudrait essayer de fournir plus qu’un service minimum, elle se heurte à sa hiérarchie, le représentant local de l’UNIA essayant en permanence de couper les cordons de la bourse, ce que la série montre bien comme étant contre-productif. De son côté, Zeke a pris sous son aile Henry, un jeune employé de CC qui rêve d’essayer de passer le concours interne d’ingénieur (qui, à l’heure actuelle, n’est officieusement pas ouvert aux hommes noirs). Lorsqu’un accident coûte la vie au jeune homme, Zeke commence progressivement à épouser certaines de ses idées politiques.
    L’un des objectifs de The Porter est ainsi ouvertement de raconter la naissance du tout premier syndicat du rail noir en Amérique du Nord, le Brotherhood of Sleeping Car Porters.

    The Porter se singularise de plusieurs façons.
    D’abord, parce que sa distribution est à 95% composée d’interprètes noires, et que pour le moment, au Canada, ça ne s’est pas produit très souvent (il est d’ailleurs à regretter que, la série se déroulant en grande partie à Montréal, la télévision publique francophone n’ait pas participé à cette co-production ; sûrement une question de langue, à laquelle ICI Radio-Canada est très attachée, mais tout de même, ça ne ferait pas de mal). Surtout pas avec des projets historiques, réputés onéreux.
    Ensuite, à travers la teneur de ses intrigues. En un épisode, la série soulève aussi bien les thèmes les plus évidents que j’ai pu mentionner que, par petites touches plus discrètes, d’autres sujets tels que la santé mentale (Teddy est neuroatypique) ou le colorisme. Si The Porter est attentive à raconter la vie, voire la survie, des personnes noires dans les années 20, face au racisme, elle refuse de limiter son regard aux problèmes externes à la communauté noire. Et elle le fait avec une agilité désarmante, qui rend curieuse : si la série arrive à aborder autant de choses en un épisode, imaginez ce que ce sera au terme de sa saison !
    Mais surtout, de par le choix de son époque : elle est l’une des rares fictions à s’intéresser aux années 20. Lorsqu’une fiction nord-américaine se penche sur la condition des personnes noires, généralement, soit on parle de la période de l’esclavage, soit on passe, comme en avance rapide, aux années 50 ou 60, soit pendant la Ségrégation jusqu’à son abolition officielle. On dirait souvent qu’il ne s’est rien produit entre les deux, et que les progrès n’ont été accomplis qu’en une ou deux décennies, maximum. Comme si les Noires n’avaient pas fait partie de l’Histoire dans l’intervalle… Il paraît que The Gilded Age consent un effort de ce côté-là, mais je n’ai pas encore touché la série. The Porter affirme : non seulement les Noires ont fait partie de l’Histoire, mais elles l’ont faite. Elles se sont organisées, malgré tout, et voici comment sont nées leurs instances. Des syndicats et des institutions imparfaites, c’est sûr, mais qui ont permis l’engagement associatif de milliers de personnes, et permis, progressivement, d’améliorer la condition d’un grand nombre.

    La revendication de The Porter, puissante aussi bien sur le fond que sur la forme, est claire, portée dés sa scène d’ouverture : lorsque nous sommes entre nous, nous nous soutenons et nous nous élevons.


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