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    15 décembre 2021 à 22:20 • Review vers le futur •

    Cette année aura connu des hauts et des bas téléphagiques, mais peu de choses m’auront donné autant de satisfaction que le nombre de séries venant du MENA que j’ai pu regarder ou tester (bon surtout tester, il faut le dire, étant donné ma courte semaine d’essai sur Shahid qui n’a pas permis de finir beaucoup de séries). Mais d’une façon générale, l’accessibilité aux séries arabophones m’a semblé s’améliorer cette année, en particulier dans le domaine de la débrouille.
    Figurez-vous que j’en suis à ma deuxième review d’une série de science-fiction en arabe de 2021 ! Qui eût cru ?!

    Bab Aljahim (soit Hell’s Gate ou Hellsgate de son titre international… qui comme si souvent n’est pas un modèle de fiabilité) est en effet une série dystopique se déroulant en 2052. Et laissez-moi vous dire qu’en l’espace de 30 ans, les choses ne se sont pas du tout améliorées : après des guerres de gangs, une guerre mondiale, des épidémies (non-spécifiques, contrairement à celles de COVID-25) et quelques autres mésaventures dans le même genre, ce qui était autrefois le Liban est désormais dirigé par un conglomérat autoritaire qui a plongé la population dans la plus extrême des pauvretés. Oh, mais ce n’est pas tout…

    Comme beaucoup de dystopies de ces dix à quinze dernières années (et le fait que ce soit une tendance aussi universelle m’empêche souvent de dormir), Bab Aljahim a une idée très précise de ce à quoi ressemble le futur : les riches d’un côté, vivant dans une tour d’ivoire inaccessible, et les pauvres de l’autre, survivant à grand’peine dans des conditions misérables. Bien entendu, ces deux groupes ne se mélangent pas, mais si le second travaille indubitablement pour l’autre ; en fait, il semblerait même que ce soit la seule raison pour laquelle on l’autorise à exister.
    En quelques décennies le sort de la plupart de la population s’est donc dégradé radicalement. La série s’ouvre sur une vaste décharge, en grande partie constituée de déchets électroniques, que notre héros Adam tente d’y dénicher des pièces qui sont revendues pour une bouchée de pain à la sortie… même si, en cachette, il récupère aussi des pièces informatiques qu’il réutilise chez lui, dans le minuscule studio où il vit. On ne sait pas trop comment ni même pourquoi, mais il est apparemment compétent dans le domaine de l’informatique, et se constitue une belle collection de gadgets. Les revend-il au noir ? A-t-il un projet pour les utiliser ? Je n’ai pas trop compris, mais ce n’est pas l’essentiel.
    Le premier épisode de Bab Aljahim a en effet d’autres priorités.

    L’une d’entre elles tient à la nature-même de cette introduction : il s’agit d’établir le monde dans lequel Adam vit, et de nous en délivrer les règles ainsi que la backstory. Cela se produit presque totalement par le biais des médias, et en particulier les écrans de télévision (oui, apparemment il y a toujours une télévision linéaire en 2052) qui tournent en boucle partout dans les parties communes de la partie pauvre de la ville. Si la voix féminine qui délivre la plupart des annonces semble délivrer des indications en apparence utiles (sur le déroulement des festivités anniversaires du conglomérat dirigeant le pays, par exemple), ce sont moins des émissions d’information que de la propagande pure. On apprend par leur biais tous les bienfaits délivrés à la population par les autocrates qui les laissent vivre dans des conditions déplorables. On y apprend que des personnes sont mortes en essayant de traverser la décharge (pas exécutées, bien-sûr). Et ainsi de suite.
    Les émissions de divertissement sont du même acabit : le soir, toutes les télévisions sont allumées sur la même compétition, dans laquelle des détenus se battent les uns contre les autres pour obtenir un pardon de leurs crimes et même un coup de pouce financier pour reprendre une vie normale.
    C’est glauque, mais tout dans l’univers de Bab Aljahim est glauque de toute façon. Je veux dire… qu’est-ce qui pourrait ne pas être glauque dans ce monde-là ?

    L’autre motivation de cet épisode inaugural est de nous présenter des personnages qui vivent en marge de cette société. Et qui essaient de l’être plus encore.
    Car en effet, dans le futur dépeint par Bab Aljahim, tout le monde est fliqué avec rigueur. Une rigueur autorisée par la technologie, bien-sûr. D’ailleurs toute la population (…ou au moins la population pauvre) a trois petites puces implantées sous la peau de l’épaule, qui permettent de localiser à tout moment qui est où et qui fait quoi. Sauf qu’un groupe secret a entrepris, dans ce premier épisode, de hacker l’infrastructure informatique pour empêcher de tracker ses membres, et par la même occasion d’effacer toutes les données les concernant. Comme si elles disparaissaient. Comme si elles n’avaient jamais existé. Un premier pas nécessaire à d’autres actions.
    L’une des membres de cette organisation (dont je l’avoue je n’ai pas saisi le nom) est Alia ; c’est une femme d’action dont la mission, pendant que la base de données est infiltrée, et de trouver un homme simplement surnommé « le docteur » (non il n’habite pas dans une cabine téléphonique bleue) et de l’aider à rejoindre la résistance pendant que sa trace est, elle aussi, effacée. De toute évidence, il a de l’importance, parce qu’il a même réussi à s’arranger pour qu’une personne de sa famille (sa fille, si j’ai bien compris) fasse le passage avec lui.

    C’est là que tout commence : le docteur a pris une chambre dans l’immeuble où vit Adam… en fait, dans le studio d’à côté. Or, les chiffres cloués sur la porte d’Adam sont en mauvais état, si bien qu’Alia, au plus mauvais des moments, va entrer par erreur dans le logement d’Adam au lieu de celui du docteur. Et ce, alors que les autorités sont sur sa trace, en plus…

    Avec des épisodes d’une demi-heure seulement, il n’y a pas beaucoup de temps d’en dire plus : world building, présentation des personnages, présentation des enjeux, événement perturbateur. C’est assez scolaire du point de vue de la structure, et si, visuellement, ce n’est pas le ratage, il n’y a aussi pas vraiment de fulgurance (et personnellement ça m’a évoqué les séries de SF des années 90).
    J’ai cru comprendre qu’une grande partie, si ce n’est la totalité, de Bab Aljahim se déroulerait ensuite en prison, et donc avec cette fameuse compétition évoquant un mélange de gladiature et de bum fights. Il faut aussi se préparer à une romance entre Adam et Alia, rendue particulièrement prévisible par la façon dont ces deux-là se respirent l’une sur le museau de l’autre juste après s’être rencontrées, comme si échapper à la police était le truc le plus sexy de l’univers. Je juge pas, je me pose simplement des questions.

    Bref ce n’est pas exactement une série révolutionnaire par de nombreux aspects… sauf un. Et pas des moindres.
    Je l’ai dit en ouverture de cette review : Bab Aljahim est une dystopie post-apocalyptique en arabe produite au Liban. Vous savez combien il y en a, des dystopies post-apocalyptiques produites au Liban, ou même dans le MENA en général ? Une. C’est la première. Il y a des séries de science-fiction produites dans la région, mais ce sous-genre de l’anticipation spécifiquement, jamais. La raison de son existence aussi, je vous l’ai en réalité déjà donnée : Bab Aljahim est une série originale de Shahid. Comme toutes les plateformes de streaming, Shahid se doit d’investir dans des séries de niche, pour prouver qu’elle peut satisfaire toutes sortes d’attentes… et si possible mieux que les autres plateformes internationales. C’est, pour d’autres genres, la stratégie de sa concurrence aussi, après tout.

    Alors soit, Bab Aljahim n’est à ce stade pas la dystopie post-apocalyptique la plus innovante au monde, mais elle n’a pas besoin de l’être. Ses ingrédients n’ont pas besoin d’être uniques, juste d’être bien employés. Et je suis extrêmement curieuse de voir une série dystopique (genre éminemment politique, et généralement parlant plus du présent que du futur) proposée par une culture qui, jusque là, n’en avait pas produit. C’est sur le message de fond qu’à mon avis les différences peuvent se révéler, mais pour cela, il faudra que je me ménage le temps nécessaire à finir sa saison de 8 épisodes.
    Mais euh… plus tard. Quand j’aurai non seulement le temps, mais surtout le moral.


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  • Pépite

    12 décembre 2021 à 22:20 • Review vers le futur •

    La réinvention du western, ce n’est pas tant la réinvention d’un genre que de ses représentations. Pendant des décennies, les séries de western (et les films aussi, même si ce n’est pas mon sujet dans ces colonnes) ont dépeint une conquête menée exclusivement par des hommes blancs. Il aura fallu pas mal attendre pour que des femmes viennent prendre un peu (vraiment un peu) de place dans ces fictions… et pour les protagonistes racisées, plus de temps encore.
    Les lignes bougent, heureusement, et la mini-série australienne New Gold Mountain en est la démonstration.

    A l’instar de The Luminaries, mais se voulant plus terre-à-terre, New Gold Mountain se déroule pendant la ruée vers l’or australienne de la fin du 19e siècle, alors même que le phénomène s’est épuisé en Amérique. Ballarat, dans le sud de l’Australie (l’Etat de Victoria précisément), est en particulier une boomtown où se concentrent de nombreux prospecteurs ; l’emploi du masculin est ici volontaire. La bourgade est comme divisée en deux, avec d’un côté les colons blancs, et de l’autre les immigrés chinois. Deux mondes qui ne cohabitent pas vraiment, et dont le fragile équilibre va être menacé par une morbide découverte.

    Dans New Gold Mountain, on travaille sans vraiment espérer ; on tamise le sol dans le maigre espoir non pas de faire fortune, mais au moins de se nourrir un jour de plus. La série se déroule en parallèle dans deux camps qui ne se mélangent absolument jamais, mais se croisent constamment, bien malgré eux. Pourtant, ils se ressemblent à s’y méprendre… On y vit dans la poussière, la sueur, la boue ; les tentes sont sales ; les arbres semblent perpétuellement morts ; la violence est omniprésente. La plupart des hommes n’ont rien, les autres ont moins encore. A part la brève satisfaction de quelques menus vices, il n’y a rien à faire si ce n’est trimer sous le soleil.

    Leung Wei Shing (nommé par tous « Shing ») a juste un peu plus de chance que les autres : il a été nommé contremaître du camp chinois, un poste qui lui permet de n’avoir pas à retourner la terre toute la journée. Une chance, ou un talent. Cependant ce privilège s’accompagne d’autres inconvénients. C’est que, les Chinois ne sont pas chez eux ; on le leur rappelle en permanence par l’établissement d’impôts sur leurs maigres trouvailles, et la supervision de leurs opérations par du personnel blanc. En outre, c’est l’administration du gouverneur qui décide des concessions allouées aux prospecteurs chinois, et le terrain se réduit comme peau de chagrin, loin des quelques gisements d’or exploitables.
    Le peu de pouvoir que manie Shing lui vient donc des colons, et peut être repris à tout moment ; mais il est également assujetti à Hing Dai Wui (ou « Brotherhood » en anglais), une société secrète que tous considèrent comme l’autorité légitime, et qui réclame également son dû depuis la Chine.
    Shing est, sans aucun doute, le protagoniste central de New Gold Mountain, mais il n’en est pas le héros. C’est le genre d’époque qui n’a pas vraiment de héros. Dans de telles circonstances, où la survie dépend de soi, et de soi seul, on ne peut pas spécialement se permettre l’héroïsme. Shing se contente d’essayer de veiller à ses intérêts, ainsi qu’à ceux de son frère, Leung Wei Sun (ou simplement « Sun »). Pour cela, il a trouvé une bonne combine : Sun est en charge de tenir les comptes du camp, et ensemble, ils prélèvent un petit pourcentage de l’or récolté, sans se faire repérer ni des autorités coloniales, ni de Hing Dai Wui. Ce petit système fonctionne bien, sans jamais sembler faire de tort apparent à qui que ce soit…
    Jusqu’à ce que Shing et son bras droit Gok découvrent un jour le cadavre d’une femme. D’une femme blanche, de surcroît. Et il semble clair dés lors que rien ne sera plus jamais comme avant.

    New Gold Mountain est un mélange harmonieux de bien des genres. C’est, de toute évidence, une série historique bâtie sur la volonté de raconter le passé de l’Australie… TOUT le passé de l’Australie, avec la complexité de son patchwork racial et des tensions qui l’animent depuis des siècles. C’est aussi un thriller qui commence (comme hélas souvent) avec la mort d’une femme, dont progressivement la série va essayer de comprendre et dévoiler les circonstances du décès ; sans aller jusqu’à dire qu’on a affaire à un thriller traditionnel, ce fil rouge, en tout cas, est majeur dans le développement des intrigues individuelles. Et, enfin, comme toutes les meilleures séries, New Gold Mountain est un drama s’appliquant à dépeindre diverses nuances de l’âme humaine, se préoccupant autant de ce qui arrive à ses personnages qu’à ce qu’elles ressentent. Tout cela en quatre épisodes seulement, pardon.
    Et oui, ça y est, on en arrive au moment où enfin je peux vous dire que New Gold Mountain inclut aussi des protagonistes féminines. Et non des moindres.

    On pourrait s’imaginer que les concessions du sud de l’Australie sont un endroit plutôt hostile pour des femmes, et que celles-ci se tiendraient à distance de la rigueur d’une boomtown. Pourtant, à Ballarat existent plusieurs femmes, chacune subsistant avec les moyens du bord. Leur position est précaire, et New Gold Mountain ne prévoit à aucun moment d’en faire des actrices majeures de son intrigue, mais elles ont leur rôle à jouer ainsi que leur vie intérieure.

    C’est le cas de Belle Roberts, un femme qui il y a un mois à peine a perdu son époux, et qui, après avoir passé un temps raisonnable à porter le deuil, se met en tête de faire renaître l’imprimerie que celui-ci dirigeait. Rédactrice en cheffe et journaliste de sa propre gazette, Belle essaye de faire tourner son commerce, mais elle est aussi animée de cette soif de Vérité avec une majuscule que la profession affectionne tant. Elle est pleine d’idées nouvelles, aussi, et en particulier, elle veut lancer une édition en chinois, pour vendre des exemplaires à l’autre moitié de Ballarat. Naturellement, la découverte d’un cadavre aiguise son appétit d’informations, et elle se met à mener l’enquête pour découvrir ce qu’il s’est passé ; c’est dans cette démarche qu’elle va rencontrer Shing.
    Il me faut parler aussi de Hattie ; personnage en apparence mineur de la tragédie qui se joue, c’est une Aborigène sans racines ni attaches, qui vit là comme elle pourrait vivre ailleurs. Vraisemblablement populaire pour ses talents de guérisseuse, Hattie a l’habitude d’aider les gens qui souffrent physiquement, mais c’est aussi une personne profondément empathique. New Gold Mountain fait bien de présenter ce personnage, pour nous rappeler que malgré l’apparente binarité de Ballarat, tout le monde ici est en réalité en train d’occuper des terres qui devraient revenir à un troisième groupe ethnique…
    Et puis, il y a Cheung Lei. Elle arrive dans le camp chinois en tant que la représentante de Hing Dai Wui, qui est dirigée par son père. Une responsabilité rare pour une femme de son époque. Pas de méprise : il ne fait aucun doute que Cheung Lei est compétente ; elle a d’ailleurs déjà eu l’occasion d’intervenir sur des concessions américaines avant d’arriver ici, et ses méthodes sont éprouvées (et, oui, elles incluent la torture). Toutefois les épisodes vont progressivement révéler une femme qui n’est pas qu’un stéréotype, et qui cultive une réelle ambition d’indépendance.
    Enfin, ne me laissez pas oublier Annie Thomas, notre victime. En voulant comprendre ce qui lui est arrivé, New Gold Mountain nous laisse entrevoir un parcours insoupçonné.

    La série n’est pas une série sur elles, mais c’est une série qui fait un emploi magnifique de ces personnages, séparément ou, à l’occasion, ensemble. Il y a une scène incroyable (et heureusement plutôt longue) pendant laquelle, contre toute attente, Belle et Cheung Lei vont se parler de leurs vies, passées et à venir, et qui m’a presque donné envie d’un spin-off. Vous la reconnaîtrez quand vous la verrez.
    D’une certaine façon, New Gold Mountain m’a rappelé les efforts produits par Into the West pour donner la parole à des femmes, et en particulier des femmes racisées, et ainsi raconter un bout d’Histoire sous un angle méconnu mais aussi intime. En-dehors de Shing, ce sont les personnages qui sans nul doute s’avèrent les plus riches dramatiquement.


    C’est difficile de ne pas être touchée par la grâce de New Gold Mountain, par l’élégance sans fioritures de sa réalisation, par la complexité de ses personnages, par la tapisserie sans angle mort qu’elle tisse d’une Australie qui se construit durablement sur des fondations pourtant peu reluisantes.
    Le multiculturalisme n’y apparaît ni comme un atout, ni comme un défaut : il est, c’est tout. Leung Wei Shing, qui est sans nul doute de culture chinoise, mais qui est aussi parfaitement bilingue et maîtrise (ou s’adapte pour maîtriser) les codes de toutes celles qu’il rencontre, est le parfait exemple de cela. Ni héros, ni anti-héros. Il se contente d’être là et d’essayer de le rester.

    New Gold Mountain parvient à assembler des genres, des personnages et des intrigues différentes en seulement quatre épisodes (…même si avec une telle fin, on ne peut pas exclure totalement qu’il en vienne plus un jour) avec un brio rarement égalé. C’est une belle fresque, c’est une enquête complexe, et c’est un beau human drama (ce n’est pas sale). Il y a de quoi réjouir toutes sortes de téléphages ! Pourtant, la série ne donne jamais l’impression de manger à tous les râteliers, et certainement pas de s’adresser au plus petit dénominateur commun.
    Dire que je vous la recommande relève de l’euphémisme.


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  • Tales of the Unexpected

    11 décembre 2021 à 21:58 • Review vers le futur •

    Avant de commencer ma review de pilote du jour, laissez-moi vous expliquer comment une review en arrive à exister.
    Tout commence lorsque je regarde le premier épisode d’une série. Sauf que ce premier épisode est nul, qu’il n’y a rien à en dire, et qu’après l’avoir fini, je décrète que même en faisant un effort inhumain, il ne vaut pas que je m’acharne à lui dédier quelques heures supplémentaires de ma vie. Alors je regarde le premier épisode d’une autre série. Puis d’une autre. Puis d’une autre. Puis d’une autre.
    Puis d’une autre encore et, celle-là, gloire en soit rendue au Dieu de la Téléphagie, est un peu plus intéressante, ou produite dans des conditions originales, ou créée dans un pays dont je ne parle pas souvent, ou s’inscrit dans une tendance qui mérite d’être discutée. Et du coup, là, enfin, je peux écrire une review de pilote. Ce genre d’écrémage, ce mois-ci, mis à part les jours où je publie une review de saison, s’est produit ou va se produire environ 5 fois par semaine (et le mois prochain, il semble même que ce sera 7 fois !).

    A la longue, on prend un peu l’habitude ; on sait en commençant un épisode, dés les premières minutes, dans quelle catégorie il va venir se ranger. Ou du moins… on croit le savoir.
    Mais aujourd’hui, je viens vous raconter l’histoire d’un premier épisode de série qui avait tout pour être quelconque, mais qui s’est démené comme un beau diable pour quand même avoir sa review. Approchez donc, qu’on cause un peu de Voskresenskiy.

    Sur le papier, Voskresenskiy est une série historique policière russe des plus banales, genre que j’ai d’ailleurs en grande partie évincé de mes visionnages depuis que j’ai décidé de ne presque plus faire de place aux séries policières dans mon emploi du temps. Le héros auquel la série doit son nom est le Professeur Voskresenskiy, un médecin et enseignant en chirurgie qui, à ses heures perdues, vient également en aide à la police, à la fois comme légiste et même comme détective ; c’est sûrement pour cela que le titre international sous lequel la série est diffusée et distribuée est tout simplement Professor. Comme à peu près 712 autres personnages similaires, Voskresenskiy est un homme intelligent mais peu intéressé par les interactions humaines, il est assez froid et distant, pour ne pas dire déplaisant, et c’est un misogyne, ce sur quoi on va revenir dans un instant. Bref, c’est un Enfoiré Compétent comme la télévision, en particulier policière, les adore (pour toutes sortes de raisons, dont la principale semble être que la télévision est souvent décidée par des enfoirés qui se pensent compétents). Rien de nouveau sous le soleil, donc.
    Derrière sa formule vue et revue, Voskresenskiy est aussi une série historique se déroulant en 1912, pas exactement une période rarement traitée par la télévision russe. De fait, la série entretient assez peu le mystère quant à son inspiration : on veut ici faire du Sherlock Holmes. Mais, contrairement à l’adaptation diffusée il y a quelques années (et dont j’avais parlé ici), sans en avoir les droits ; au passage, Sherlock Holmes et Voskresenskiy ont été toutes deux diffusées par la chaîne Perviy Kanal, ce qui n’est sans doute pas une coïncidence non plus. Bref je ne m’attendais à aucune fulgurance.

    Le premier épisode de Voskresenskiy démarre alors qu’un jeune étudiant en médecine, un dénommé Fogiel, se voit assigner un poste d’assistant auprès du Pr. Voskresenskiy… un peu en dépit de celui-ci. C’est en effet l’université qui lui impose de prendre quelqu’un à son service, et on apprendra en cours d’épisode qu’il y a une bonne raison pour laquelle Fogiel, qui est sans le sou et en plus pas très assertif, a été choisi pour le job. Car oui, il y a un petit fil rouge qui commence lentement à être tiré pendant cet épisode introductif, même s’il ne s’agira clairement pas de notre préoccupation principale.
    Fogiel prend son service le jour où Voskresenskiy attend un colis que le facteur ne lui a jamais apporté ; irrité, il décide d’aller lui-même faire une réclamation à la police, et apprend que tous les paquets que transportait le facteur ont été placés sous scellés en tant que pièces à conviction… après que celui-ci ait été retrouvé mort. Enfin, pas exactement : d’abord on l’a retrouvé brûlé vif, ensuite on l’a retrouvé mort. Voskresenskiy accepte d’apporter son expertise pour faire avancer l’enquête au plus vite, et décrète que les traces de brûlures sur le cadavre du défunt sont simplement dues à son état de santé, combiné avec l’allumage inopportun d’une cigarette.
    Mystère résolu ? Pas vraiment. Et c’est là que Voskresenskiy prend un sacré virage.

    Après avoir, plus tard dans la soirée, commencé à remettre en question son hypothèse, Voskresenskiy décide sans le dire à personne de se lancer dans une petite visite du logement dudit facteur. L’endroit a été mis à sac, mais notre professenquêteur y découvre l’emballage d’un livre, en conclut rapidement la provenance, et par là, se lance dans une excursion à la librairie locale, où il déniche un double de l’ouvrage.
    Ce n’est même pas la partie la plus tirée par les cheveux : soudain, en lisant le livre, on se retrouve à parler d’architecture, puis d’une sombre affaire d’enlèvement qui se serait déroulée là où l’une des photos de l’ouvrage a été prise, un manoir situé dans la campagne environnante. L’adjoint du procureur et son épouse ont en effet, voilà 3 ans, perdu leur jeune fils, qui aurait été enlevé par un de leurs domestiques dans leur demeure en marge de la ville.
    On débarque donc dans la villa, qui est glauque au plus haut point, en partie parce qu’il faut passer par le cimetière familial pour entrer dans le manoir, en partie parce qu’un chien hurle à la mort pendant toute la durée de la visite, et en partie parce que la famille s’apprête à déménager et qu’il y a donc des meubles et objets partout. Du reste, on ne mentionnera plus ce déménagement pendant le reste de l’épisode. Voskresenskiy y entre sous un faux-prétexte, expliquant qu’à cause d’un cas de choléra détecté à proximité, il doit procéder à un examen de toutes les personnes du foyer. Un mensonge qui n’aura aucune espèce d’utilité ou de retombée ; ledit examen n’aura jamais lieu. Il apprend que l’épouse en question a fait une chute un peu plus tôt dans la journée et qu’elle ne se sent pas bien ; le professeur accepte aussitôt de l’ausculter. On n’entendra plus jamais parler de la chute en question. Finalement, l’adjoint du procureur fait une apparition, décrète qu’il est 16h donc l’heure du dîner, et met Voskresenskiy et Fogiel dehors. Toujours avec le chien qui hurle à la mo-… ah, non tiens, l’un des domestiques de l’adjoint du procureur l’exécute à ce moment-là.
    Je. Comment vous décrire mon expression devant cet enchaînement ? On semblait avoir basculé dans une réalité parallèle. En l’espace de quelques minutes Voskresenskiy avait totalement écarté son histoire de facteur brûlé vif pour s’intéresser à cette famille bizarre et son manoir ressemblant à une brocante bordélique (même pas une brocante normale, vraiment). Les personnages disent un truc et font le contraire, il y a une atmosphère absolument irréelle, et on ne sait plus du tout comment on a atterri là au lieu de s’inquiéter du sort du facteur. Et puis soudain le chien abattu sans explication, pardon !? Qu’est-ce que le fuck ?

    En réalité, Voskresenskiy a une raison d’évoquer une partie de ces ingrédients, mais c’est noyé dans une telle superposition de couches de bizarreries insondables, qu’on a l’impression que la scénariste Anastasiya Istomina a fumé des substances peu légales dans son pays avant de se mettre devant son ordinateur. Ce n’est même pas vraiment que l’intrigue introduit des fausses-pistes, c’est surtout que l’épisode est complètement en roue libre.
    Certains de ces éléments finissent par avoir du sens au terme de l’enquête (parfois de justesse… par exemple dans le dernier dialogue de la dernière minute de l’épisode). D’autres ? Absofuckinglutely not. Voskresenskiy part dans absolument tous les sens. Et quelque part, c’est délicieux, surtout pour un genre aussi cérébral et (osons le dire) guindé que la série historique policière.

    Par-dessus le marché, ce premier épisode de Voskresenskiy prend le temps d’introduire une protagoniste féminine de la plus étrange des façons. Ou plutôt, à l’instar du reste, au début ça ne semblait pas très étrange, et ça devient très vite n’importe quoi.
    Quelques minutes après que Fogiel ait fait la rencontre de Voskresenskiy, tous les deux partent en calèche vers le poste de police, et sur leur chemin, croisent une jeune femme qui essaie d’échapper à des agents de police. Ni une ni deux, Voskresenskiy lui propose de faire un bout de chemin avec eux dans la calèche, et la dépose quelques minutes plus tard quand la maréchaussée a cessé de la poursuivre. On n’en saura pas plus pour le moment, et pour cause, la jeune femme en question a exactement QUATRE scènes dans ce premier épisode.
    Plus tard, on apprendra qu’elle s’appelle Maria, et qu’elle travaille comme sténographe dans l’un des quotidiens de la ville (et que si la police la poursuivait, c’est parce qu’elle a falsifié un compte-rendu d’audience ; ça n’aura plus d’incidence pendant le reste de l’épisode, mais peut-être pas pour le reste de la série). Maria, qui est plutôt intelligente et, en plus, assez politisée, ambitionne pourtant de faire un peu plus que du traitement de texte. Elle demande à son rédacteur en chef de la laisser faire du journalisme, sauf que, évidemment, elle n’est pas compétente puisqu’elle est une femme, et se fait renvoyer à son travail de copiste. En voyant ça, j’ai poussé un soupir : su-peeer, encore une série historique dans laquelle une femme de toute évidence intelligente, et revendiquant une égalité de traitement avec les hommes, est méprisée en raison de son genre. Depuis quelques années, on ne voit pas du tout ça dans une série historique sur deux (généralement avec l’idée sous-jacente que « c’était pire avant »).

    Sauf que lorsque le vénérable Voskresenskiy vient pour consulter les archives du journal en cours d’épisode, elle en profite pour lui soutirer quelques renseignements, et le lendemain elle publie un article dans le journal, qui embarrasse le bureau du procureur. Et là vous vous dites : de quoi ? Comment ? Qu’est-ce qui quoi pourquoi hein ? D’où elle est soudainement autorisée à publier un article aussi compromettant dans le même journal où elle était méprisée la veille ?
    En découvrant l’article (bien aidé par son ami le commissaire de police, qui est convaincu qu’il a fait fuité certaines infos confidentielles), Voskresenskiy décide d’aller confronter Maria. Et c’est l’occasion pour moi de réaffirmer que Voskresenskiy est un misogyne de la plus belle espèce, et que… la série est complètement d’accord avec lui, en fait. Il y a des séries dans lesquelles la misogynie du héros, surtout s’il est dépeint comme un equal opportunity asshole, est plutôt montrée comme une tare, mais pas ici. Le professeur n’en finit pas de ridiculiser sèchement Maria pour ses ambitions, à plus forte raison parce que celle-ci indique haut et fort qu’elle mérite l’égalité. Or, l’égalité, Voskresenskiy se torche avec, voilà. Et avec les femmes qui veulent l’égalité, plus encore.
    Et la série est là, genre : ok, on fait ça. Si bien qu’en fin d’épisode, Maria est devenue… l’une des antagonistes de la série. Oui-oui, le seul personnage féminin récurrent (à part l’employée de maison de Voskresenskiy, qui aura pour seul trait distinctif d’exorciser le bureau de son patron à un moment de l’épisode parce que, je cite « ah, les démons l’embêtent encore »). Précisément, parce qu‘elle est féministe et qu’elle veut des opportunités en tant que journaliste plutôt que décoration de bureau.

    Je ne sais pas comment vous dire à quel point l’hallucination est totale devant Voskresenskiy. A tous les niveaux. Il faut le voir pour le croire et, par chance, la série est disponible sur Youtube, mise en ligne avec sous-titres anglais immédiatement après sa diffusion sur Perviy Kanal en novembre. Rien ne m’avait préparée à l’immense bordel de cet épisode. Qu’on soit bien claires : rien de tout cela n’est réellement bon. Mais les chemins de traverse inexplicables de l’intrigue d’une part (attendez de découvrir ce qui est arrivé au propriétaire du chien), et les choix idéologiques d’autre part (sur le féminisme mais aussi, en creux, sur la lutte des classes) rendent cet épisode totalement hors-normes.
    Du coup, vous comprenez bien que je me devais de vous en parler, ne serait-ce que dans l’éventualité où l’une d’entre vous irait vérifier que cet épisode existe bien, et que je ne l’ai pas imaginé après avoir été droguée à mon insu. Notez bien que je ne le recommande pas, mais si ça venait à se produire, ça me soulagerait, quand même. Et puis franchement, parfois, j’ai envie de faire une review moins prise de tête sur une série plus anodine, parce que je vois passer tellement de trucs chiants comme la pluie qu’un ovni comme Voskresenskiy, quand bien même je n’en poursuivrai jamais le visionnage, mérite bien que je partage ma découverte…


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  • Camping Enfer

    10 décembre 2021 à 23:30 • Review vers le futur •

    On ne parle quasiment jamais d’elles, mais chaque fois qu’elles se rappellent à notre bon souvenir, les séries belges savent faire la démonstration de leur qualité (…ok, peut-être pas à chaque fois, mais presque). Nos voisines aiment, comme nous, le genre policier et/ou le thriller, mais elles parviennent très souvent à y apporter une approche unique, et à sortir des chemins battus.

    Coyotes, série de l’audiovisuel public diffusée au printemps dernier, en est la parfaite illustration. C’est un thriller, mais c’est aussi un teen drama qui prend la forme d’une série-chorale bucolique… et par-dessus le marché, la série a su se trouver un univers peu exploité dans la fiction télévisée, celui des scouts ! Rien que sur le papier, ça fait plaisir. Et en pratique ?

    En pratique, je suis ravie de vous confirmer que le premier épisode se tient, dans l’ensemble. Il fournit un excellent travail d’exposition tout en faisant preuve de beaucoup de retenue, afin de ne pas tout de suite brûler toutes ses cartouches. Quand s’achève cette introduction, on a le sentiment de savoir dans les grandes lignes ce qui se passe, tout en ayant assez peu d’informations ; dans le fond, c’est surtout ledit sentiment qui prime.
    Il faut dire que Coyotes se donne vraiment du mal pour créer des impressions. Une impression oppressante de danger, dans sa toute première scène. Une impression de perdition, notamment en suivant son personnage le plus désœuvrée. Et une impression diffuse de traumatismes à venir, lors d’un montage très bref mais très efficace. Il ne fait aucun doute que quelque chose de tragique va se produire, à l’intersection de tous ces indices, mais à ce stade, bien malin qui peut exactement prédire quoi.

    Ce sont les vacances et une troupe de scouts s’installe dans le jardin d’un château situé à Warnaffe. Anne-Françoise de Préalle, la propriétaire des lieux, a autorisé le groupe à y planter ses tentes, sous la supervision du pasteur Julek, lequel est également son ami ; elle a également une fille, Marie, avec laquelle les rapports semblent tendus.
    Les ados présentes dans le camps sont supervisées par deux cheffes, Impala et Doberman (dit « Dob »), et sont divisées en quatre patrouilles différentes : les Fennecs, les Pangolins, les Ecureuils, et… les Coyotes. C’est évidemment à ce groupe que la série va s’intéresser. Menés par Mangouste, qui prend son rôle de leader très au sérieux (voire trop), les Coyotes comptent Furet, un grand gaillard pas bavard mais loyal, Panda, qui semble s’être investie dans sa foi récemment, Mouss, son petit-ami et qui aime les jeux videos, et enfin Kevin, qui n’est pas encore officiellement initié, et est là essentiellement parce qu’il est le petit frère de Doberman et l’ami de Furet. Vous l’aurez compris, dans la série tout le monde s’appelle par un nom d’animal (sauf si l’on n’est pas encore officiellement un scout), et Coyotes ne nous dira d’ailleurs pas, pendant ces présentations, les noms administratifs de ces protagonistes.

    L’attention de ce premier épisode se porte en particulier vers Kevin. Il est là à son corps défendant, mais son père ne lui a pas laissé le choix, vu qu’il semble s’être attiré de nombreux problèmes et que le mode de vie scout est supposé le faire filer droit. D’ailleurs Kevin a tenté de rejoindre la troupe avec un petit sachet caché sur lui, que son père (dans une fouille au corps humiliante) a réussi à découvrir au dernier moment. Ledit père a l’air un peu maltraitant, d’ailleurs, mais on le voit si peu qu’il est difficile de déterminer ce qui est dû à l’exaspération, et ce qui est vraiment angoissant. Doberman, le frère aîné de Kevin, est donc à la tête du groupe de scouts, n’est guère plus tendre ; il est bien décidé à s’assurer que Kevin ne sort pas du rang pendant cette expédition (en grande partie parce qu’il ne veut pas avoir affaire à leur père en cas d’échec… vous voyez ce que je veux dire par maltraitant ?). Fort heureusement, Kevin peut compter sur Furet, l’un de ses potes de longue date, et par extension sur Mangouste qui, prenant une fois de plus son rôle au sérieux, est bien décidée à protéger « sa » patrouille.
    Cela n’empêche nullement Kevin, dés le premier soir, de sortir du camps pour aller au village en quête de quelque drogue à consommer… mettant sans le savoir le doigt dans un engrenage terrible.

    Oscillant entre le réalisme (quand les scouts sont impliquées, surtout) et l’éthéré (et pas seulement lorsqu’il est question de drogues), Coyotes essaie de pousser sa réalisation dans plusieurs directions, comme pour nous désorienter. C’est également vrai de son ton, et des genres qu’elle s’est choisi ; même si certains de ses aspects sont prévisibles (notamment la rencontre entre Kevin et Marie), elle parvient préserver une part de surprise, et à brouiller les cartes. Ainsi, derrière le côté « colonie de vacances » d’une partie de l’intrigue, va se révéler progressivement quelque chose de plus sombre.
    Comme si la série essayait de nous prouver que ce qui est tangible et évident, cache une réalité plus insondable et terrifiante ; une jolie métaphore de l’adolescence, en un sens.


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  • Jokes that kill

    9 décembre 2021 à 19:01 • Telephage-o-thèque •

    L’inspiration, des fois on l’a, des fois on l’a pas. Et quand on ne l’a pas, on ferait n’importe quoi pour la trouver… du moins c’est de ce principe que part Hasmukh, une dramédie indienne de Netflix lancée en 2020 mais dont je n’ai fini la première saison que cet automne.
    La série porte le nom de son héros, Hasmukh Sudiya, qui espère depuis plusieurs années devenir comédien de stand-up, mais qui n’en a jamais eu l’étoffe, faute d’être capable de faire preuve d’assurance. Ah c’est sûr que ça va être compliqué de se produire sur scène quand on n’arrive pas à prendre la parole en public !

    Fort heureusement, notre homme trouve un jour la parade par accident : en réalité, il est parfaitement capable de briller sur scène… lorsqu’il tue.

    Depuis des mois voire des années, je vous raconte la progression de la fiction indienne en matière de tons et de sujets. Cela a commencé avec les séries hebdomadaires à la télévision traditionnelle, s’est poursuivi avec l’émergence de webséries, et aujourd’hui, courtisée par de nombreuses plateformes de SVOD, la fiction indienne continue de s’épanouir grâce aux séries originales de ces plateformes. De nouveaux genres télévisuels, de nouveaux tons, de nouveaux sujets, n’ont cessé d’apparaître en l’espace de moins d’une décennie. Et c’est beau.
    Hasmukh en est une énième illustration : jamais la télévision linéaire indienne n’aurait commandé une série à l’humour aussi ouvertement noir (et à l’hémoglobine aussi ouvertement rouge). Par certains aspects, elle m’a évoqué l’humour tout aussi morbide d’Afsos ; mais je trouve aussi son humour plus recherché, ses cimes comiques étant plus hautes et ses abysses dramatiques plus sombres.

    La série démarre alors que Hasmukh, qui ne rêve que de se produire un jour au sein du télé-crochet Comedy Baadshaho (« les rois de la comédie »), est depuis 10 ans l’apprenti d’un certain Gulati, comique qui est une célébrité locale à Saharanpur. Sauf que ce dernier le traite comme son larbin au lieu de l’aider à progresser, lui promet monts et merveilles sans jamais lui fournir quelque conseil que ce soit, et ce, quand bien même les blagues qu’écrit Hasmukh ne sont pas mauvaises. Mais comme ce chétif jeune homme n’a aucune confiance en lui-même, c’est très facile de l’écraser à longueur de temps… en tout cas, jusqu’à la fois de trop. Dans le premier épisode, à quelques minutes d’entrer sur scène pour un événement privé, Gulati manque à sa parole une fois de trop, et pris d’une rage folle, Hasmukh lui tranche la gorge. Et puisqu’il faut bien que quelqu’un assure le spectacle, il monte sur scène et découvre… que tout d’un coup il est animé d’une confiance en lui inébranlable ! Le riche public de la soirée est ravi, Hasmukh se sent mieux que jamais (même si la culpabilité le regagne bientôt), et Jimmy, le manager de Gulati, n’en a pas perdu une miette.
    La brillante idée de Hasmukh est de faire constater le meurtre par Jimmy très rapidement… et d’établir que celui-ci n’a pas vraiment de soucis avec ça, du moment que l’argent continue de rentrer. Hasmukh devient donc son nouveau protégé, et ils conviennent ensemble de se lancer dans une tournée dans l’état d’Uttar Pradesh. Sauf que ça ne marche pas du tout. Notre comédien est incapable de faire rire qui que ce soit, trop occupé à bégayer d’embarras et s’emmêler les pinceaux dans ses blagues. Il n’a pas le « feel« , comme il dit, soit le feu sacré.
    Jimmy a tôt fait de comprendre d’où lui est venu son éclair de génie la première fois, et l’encourage à tuer pour faire avancer sa carrière. Et ça marche !

    …Toutes proportions gardées. Car même si Hasmukh et Jimmy sont tombés d’accord dans les grandes lignes (notamment sur le fait qu’aucune personne innocente ne sera tuée : que des salauds), l’ascension phénoménale de notre héros est proportionnelle à son sentiment de culpabilité. Pire encore, les deux hommes sont rapidement sortis de leur bourgade provinciale après qu’une video d’un set de Hasmukh soit devenue virale, et que des productrices de Comedy Baadshaho l’invitent à rejoindre l’émission ! Il va donc leur falloir trouver une combine pour continuer à tuer non pas dans leur ville natale, mais dans les rues de la métropole, où nos deux compères n’ont pas le moindre repère.
    Si la police donne à un moment des sueurs froides à notre tueur, le plus gros de ses problèmes est plutôt sa conscience. Et on peut comprendre que les choses se bousculent pour lui alors qu’il a du stand-up à écrire, des pièges dans le showbiz à éviter, des relations fragiles à appréhender, des textes de stand-up à écrire chaque semaine et euh, c’était quoi l’autre truc ? Ah oui, un meurtre à exécuter avant chaque passage sur scène.
    Ce qui est effrayant dans la série de meurtres que commet Hasmukh à mesure que progresse sa carrière, ce n’est pas l’idée d’être pris sur le fait. C’est la perspective de devoir vivre avec la culpabilité. Même en faisant le choix conscient de ne tirer son « feel » que de l’exécution des pires hommes qu’il croise, notre héros doit composer avec l’idée que, du jour au lendemain, il est devenu un tueur. Et, au bout du compte, uniquement par égoïsme.
    La série explore bien cela, et les phases par lesquelles il passe à mesure qu’il a plus à perdre. Embarqué dans un cercle vicieux, il semble incapable d’envisager d’arrêter, mais ne devient pas un psychopathe pour autant.

    C’est épatant de constater la rapidité avec laquelle Hasmukh fait avancer son intrigue et en élargit le focus. On aurait pu se retrouver avec une longue partie de jeu du chat et de la souris, dans laquelle le héros aurait passé son temps à commettre de nouveaux crimes en espérant ne pas être découvert (une sorte de Dexter du stand-up, ou quelque chose comme), mais au contraire la série ne se repose jamais sur ses acquis. Elle fait sans arrêt avancer l’histoire, tout en incluant toujours plus de personnages, et donc de thèmes, dans ce qui se dit.
    Ce qui commençait comme une série sur Hasmukh (et vu le titre de cette dramédie, rien d’étonnant), se transforme à la vitesse de l’éclair en un gigantesque ensemble de personnages qui chacun ont un peu de vitriol à cracher à la gueule des autorités, du monde du spectacle, du monde des affaires, etc. Hasmukh est l’une des rares séries indiennes qui s’intéresse ouvertement au mouvement « Me Too » (en le citant) et s’attaque à décrire, au sein de l’industrie du divertissement, des comportements intolérables (en les décrivant comme tels). La série offre contre toute attente de très bons rôles féminins, comme Promila la productrice, ou son assistante Rhea. J’ajoute également que la romance qui se noue entre Hasmukh (un provincial qui ne parle pas l’anglais) et Sasha (une immigrée, vraisemblablement russe, ne parlant pas le hindi) est également très tendre quand bien même Sasha, un peu par définition, n’apparaît pas comme très complexe.
    En fait, Hasmukh se fait même un devoir de parler du côté provincial de son héros, et de ce que son ascension fulgurante signifie socialement. La série parle du succès non seulement d’un point de vue économique (Hasmukh et Jimmy se réjouissent effectivement du contrat signé avec Comedy Baadshaho), mais aussi social. Dans l’Uttar Pradesh, Gulati était une célébrité de l’humour ; à Mumbai on réalisera que personne ne sait même de qui il s’agissait. Alors forcément, que Hasmukh se retrouve à la télévision nationale, c’est comme arriver soudain dans un monde parallèle. Ou un autre pays (ce qu’indique en creux sa relation avec Sasha). On n’y parle pas la même langue et on n’y honore pas les mêmes valeurs. En un sens, ça arrange un peu notre tueur : des enfoirés, dans la grande ville, ce n’est pas ça qui manque, vu la façon dont Mumbai attire la lie de la société, et il ne manque donc pas de victimes (juste de victimes à éliminer sans que personne ne le remarque). Mais dans le fond, le choc culturel est tellement grand qu’il ajoute au désœuvrement du personnage.

    Outre sa capacité à s’intéresser à bien plus que les crimes du héros (même si le choix des victimes ou les méthodes continuent d’être une problématique abordée par les épisodes successifs), Hasmukh a aussi l’immense avantage d’être une série sur le monde de la comédie avec des vrais morceaux de comédie dedans.

    Si, par exemple, on la compare à Bhaag Beanie Bhaag, une autre série indienne sur le stand-up (diffusée à quelques mois d’intervalle par Netflix également), force est de constater qu’il n’y a pas photo : Hasmukh se donne vraiment du mal pour écrire du stand-up de qualité. Les sets vus dans la série oscillent entre humour d’observation, critique sociale voire politique, et roast pur et simple ; ils n’ont pas toujours un rapport direct avec l’intrigue (c’est peut-être pour ça qu’ils fonctionnent), mais ils sont la démonstration que l’univers de Comedy Baadshaho n’est pas qu’un simple prétexte. L’agilité des textes est une source d’émerveillement, surtout pour quelqu’un comme moi qui adore le stand-up… et qui, au fil des années, a dû constater que les séries sur le stand-up avaient parfois des textes très médiocres. Alors il y a des blagues qui, forcément, échappent un peu à une spectatrice occidentale (parfois par manque de référence, parfois simplement parce que l’humour, ça peut être très culturel), mais dans l’ensemble ça se tient et je me suis surprise plusieurs fois à pousser des petits « oooh » déçus quand l’intrigue reprenait après que Hasmukh descende de scène ! Et pourtant j’étais à fond dans l’intrigue ! C’est pour vous dire.

    Alors, je veux bien croire que, en grande partie, Vir Das (co-créateur de la série, co-producteur, et interprète du rôle-titre) soit responsable de la qualité de Hasmukh à cet égard. Ce comédien de stand-up a de nombreuses années d’expérience derrière lui, y compris quatre comedy specials également disponibles sur Netflix (au moins en Inde, vous me direz pour d’autres territoires). Cependant, toutes les humoristes ne transforment pas nécessairement l’essai comme il peut le faire ici.
    La qualité des sets transforme l’humour en véritable enjeu, et c’est important parce que Comedy Baadshaho est un concours dont nous savons les coulisses, et que connaître le réel talent des différents comiques (oui, ce seront tous des hommes) offre un éclairage sur ce qui se trame en arrière-plan. Quand un personnage est drôle devant nos yeux, et pas parce que le scénario l’a décrété, cela crée une attente bien spécifique sur la façon dont l’émission va se poursuivre… et sur les éventuellemes manipulations qui peuvent empêcher cette attente de se réaliser.
    Dans Hasmukh, l’humour c’est comme l’amour : il faut le ressentir et pas juste tenir pour acquis ce que le scénario a décidé pour ses personnages.

    Alors vous allez me dire : ça a l’air d’une série plutôt parfaite, du coup où est le hic ? Bah ya pas de hic.
    …Bon ok ya deux-trois trucs qui auraient mérité un peu de temps pour être détaillés. Le pire exemple qui me vienne en tête, c’est qu’il y a un personnage qui est résolument « le méchant » à certains moments de l’intrigue, et on ne comprend pas trop sa motivation (et surtout pas son allégeance à un autre « méchant » de la série). Sur la fin, on aura une explication offerte par un tiers, mais cela vient d’un personnage peu fiable et dont l’opinion n’a jamais eu grande importance pendant l’intrigue, donc j’ai eu du mal à me satisfaire de cette conclusion. Cela étant, Hasmukh a déjà parlé de plein de choses en si peu de temps, que je pense que ce n’est vraiment pas la pire simplification qui aurait pu se produire entre des mains moins expertes. Et puis bon, c’est quand même une dramédie, on n’a pas besoin d’une tragédie grecque en trois actes pour explique le comportement de chaque personnage !

    Dans l’ensemble, je maintiens que Hasmukh est l’une des plus réjouissantes séries de 2021 pour moi (quand bien même elle date de 2020, mais fort heureusement, ya pas de date de péremption sur les séries !), et ne peux que vous encourager à tenter l’aventure.
    En outre, c’est la deuxième série co-produite par Nikkhil Advani dont je vous chante les louanges cette année, autant vous dire que yen a un chez qui l’inspiration, ça manque pas.


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  • L’école est finie ?

    8 décembre 2021 à 20:27 • Review vers le futur •

    C’est à mes yeux un grand mystère de la télévision : il n’y a vraiment pas beaucoup de séries parlant du milieu scolaire. Oh, il y a beaucoup de séries se déroulant en milieu scolaire, mais il s’agit généralement de teen dramas n’éprouvant aucun intérêt envers l’école, et d’ailleurs la meilleure preuve c’est qu’on y voit en général les couloirs ou la cantine, mais pas les classes ou les salles de professeurs. C’est d’autant plus étonnant qu’il y a difficilement plus universel que l’expérience de l’école, sur laquelle absolument tout le monde semble avoir une opinion (même voire surtout les familles n’y ayant pas recours), mais étrangement, les séries y restent timides.
    ABC tente courageusement sa chance en ce mois de décembre, en lançant une nouvelle comédie, Abbott Elementary ; un mockumentary qui suit, comme son titre l’indique, la vie d’une école primaire (chose encore plus rare à la télévision).

    Située à Philadelphie, Abbott Elementary souffre, comme beaucoup d’école publiques dans un quartier défavorisé, d’un manque cruel d’argent et de considération. Le premier épisode nous l’annonce d’entrée de jeu, mais insiste sur ce point avec une intrigue qui semble servir de déclencheur pour les épisodes ultérieurs. Peut-être que je m’avance un peu cela dit.
    S’il s’agit bel et bien d’une série chorale, c’est la perspective d’une institutrice en particulier, Janine Teagues, qui prime ; celle-ci est encore jeune et relativement inexpérimentée, et fait partie des rares membres du personnel enseignant recruté récemment à avoir tenu bon et n’avoir pas (…ou pas encore) déposé sa démission. Elle est pleine de bonne volonté, et aime sincèrement ses élèves, mais fait preuve d’un manque évident d’autorité. Lorsque la série commence, elle découvre que l’un de ses élèves urine sur le tapis de sa salle de classe, et se met en tête de demander la directrice Ava Coleman un nouveau tapis en remplacement.
    En parallèle, l’une de ses collègues, complètement dépassée par sa classe, retourne des coups à l’un de ses élèves, et se retrouve virée. Il devient donc urgent d’investir, à la fois dans un poste de remplaçante (plutôt que de laisser la classe être gérée par l’homme d’entretien de l’école) et dans de l’équipement. Pas de chance, Mme Coleman ne voit pas les choses de la même façon, et Janine, avec ses collègues, va devoir se confronter à elle pour le bien de ses élèves.

    L’intrigue initiale d’Abbott Elementary n’est pas très complexe, mais elle a justement le mérite de la clarté : l’épisode répète à l’envi combien les conditions matérielles sont la plus grosse difficulté à laquelle les enseignantes font face. Ici on ne va pas insister sur les parents qui couvent exagérément leur marmaille (comme dans Monster Parent), sur la violence qui gangrène l’établissement (il faut dire que les élèves sont plus jeunes que dans Boston Public), et certainement pas sur l’incompétence d’un personnel plus loufoque que fiable (genre Teachers), quoiqu’il ne soit pas impossible que tout ou partie de ces ingrédients apparaissent dans des épisodes ultérieurs.
    Le choix est celui d’une démonstration implacable que le système de l’école publique repose sur l’argent, et qu’en l’absence d’un financement décent et juste (aux USA encore plus qu’en France, ledit financement dépend des impôts locaux), ce système ne fonctionne tout simplement pas.

    Pour l’illustrer, Janine est entourée de collègues aux parcours et approches variées : Jacob Hill, qui a travaillé dans l’humanitaire avant d’arriver dans l’enseignement au même moment que Janine ; Melissa Schemmenti, une quarantenaire acerbe et qui semble souvent vivre en marge de la loi ; ou encore Barbara Howard, la doyenne des profs de l’établissement, une femme au visage et méthodes sévères, mais éminemment efficace. Toutes ces collègues ne partagent pas la naïveté de Janine, mais elles vont en tout cas se révéler, en cours d’épisode, être d’accord avec elle sur l’essentiel : les élèves méritent qu’on essaie de créer une meilleure école. Malgré tout.
    C’est dans ce bazar ambiant que débarque un nouveau remplaçant, Gregory Eddie, qui va bientôt être embarqué dans le mouvement général.
    Et de mouvement il semble bien être question ici. Plus qu’une chronique du quotidien, le premier épisode d’Abbott Elementary apparaît résolu à parler du changement, celui qui est nécessaire et celui que l’on obtient, et hélas de la différence entre les deux.

    J’avoue que je suis moins enthousiaste sur l’aspect mockumentary de la série, qui ne me semble pas trouver de justification narrative (pas plus de deux répliques seront accordées à ne serait-ce que reconnaître la présence des caméras) ou comique (à part briser le quatrième mur, ce qui n’est pas d’une originalité folle). De mon point de vue c’est même en contradiction avec ce que raconte Abbott Elementary, puisque les conditions de travail des enseignantes souffrent, par définition, d’une méconnaissance et d’un désintérêt général… Tout ce que je peux dire de ce procédé, c’est qu’il rappelle encore plus la parenté évidente entre Parks and Recreation et Abbott Elementary, ce qui pour certaines téléphages sera un argument vendeur. Soit.
    En tout cas, même si ce premier épisode ne sort pas forcément des sentiers battus, son optimisme fatigué séduit. L’attitude de Janine, qui n’a pas encore perdu le feu sacré, et le contraste offert par la retenue (pour ne pas dire la résignation) de certaines autres profs, donne un équilibre vraiment solide au discours de la série, à la fois sur l’état de l’école publique, et sur les cas particuliers rencontrés à Abbott Elementary. On a l’impression à la fois que les choses sont désespérées, et qu’elles ne le sont pas tout-à-fait. Qu’à une petite échelle, peut-être, l’école n’est pas totalement finie, quand bien même tout indique que la moindre victoire sera obtenue au prix d’énormément d’échecs.
    Je ne sais pas si les spectatrices, étasuniennes ou non, ont envie d’entendre ces choses-là même sous la forme d’une comédie. Cela dit, c’est tellement rare que ça se produise que je recommanderai tout de même de se mettre devant avant que ne sonne la fin des cours.


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  • It’s not much, but it’s home

    5 décembre 2021 à 16:27 • Review vers le futur •

    Dans la famille Finley-Cullen, on porte la dysfonction comme une médaille d’honneur. Si votre vie est un bordel innommable, vous n’avez jamais quitté votre ville natale, vous ratez tout ce que vous n’entreprenez même pas, et vous cumulez les mauvaises décisions ? C’est normal, vous êtes une Finley-Cullen. Il ne saurait en être autrement.
    Pas étonnant que dans cette famille, la sœur aînée Lidia passe pour le mouton à cinq pattes. Partie de la demeure familiale pour poursuivre des études d’architecte, elle vit désormais à New York avec son riche mari et ses enfants. En bref, elle n’a plus rien d’une Finley-Cullen. Ou bien ?

    Moonshine démarre alors que Lidia revient dans sa famille à l’occasion des funérailles de sa tante Felicia. Elle n’est pas reçue avec froideur, mais une distance s’est instaurée, c’est certain. De toute façon ce n’est pas grave, elle ne va pas rester.
    …Vraiment, vous y croyez ?

    La série Moonshine doit son nom à Moonshine, la propriété : un camping de second zone, mais avec accès à une plage de la Nouvelle-Ecosse. Les touristes viennent, font la fête, repartent, et laissent derrière elles chaque année un établissement un peu plus décrépi. Ce sont les parents Finley-Cullen, Bea et Ken, qui sont à la tête du business familial depuis plusieurs décennies ; leur affaire a connu des hauts et des bas, mais malgré tout, elle semble tenir bon. Leurs enfants travaillent à Moonshine ou autour : Rhian, la demi-soeur de Lidia, perpétuellement de mauvaise humeur ; Nora, qui anime la radio locale ; Ryan, l’habitué des cures de désintoxication ; et Sammy, le petit frère adopté qui comme un caméléon, semble toujours là sans jamais qu’on le remarque trop. Il faut aussi compter sur Crystal, la petite amie de Ryan, une bimbo qui fait des ménages mais aspire à plus.

    En dépit des circonstances qui ramènent Lidia dans sa famille, le premier épisode de Moonshine est plutôt gai : ce type d’événement familial, après tout, est aussi très souvent l’occasion de retrouvailles. Même si elle ne fait plus vraiment partie de leur monde, Lidia n’est pas détestée (à part peut-être par Rhian qui se sent depuis toujours en compétition avec elle), et en plus elle vient avec ses deux adolescentes, Eleanor et Finn, ainsi que son mari qui les rejoint un peu plus tard, urgence professionnelle oblige. C’est l’occasion pour tout ce petit monde de se réadapter les unes à la présence des autres, de se reparler aussi… et ainsi de découvrir que Bea commence à avoir des ennuis de santé dont elle n’avait jusque là pas trop discuté.
    Cette introduction dans le monde des Finley-Cullen embrasse à pleine bouche le côté légèrement white trash de cette famille, et plus largement de toute la communauté qui vit au camping. On y fait la fête, on y fait de mauvais choix, et le lendemain matin, on est tellement occupée à gérer la gueule de bois qu’on passe à autre chose. Lidia n’a pas besoin de beaucoup de temps pour reprendre les vieux réflexes, un peu malgré elle, et apprécier ce style de vie moins haut de gamme, mais plus reposant. Et puis, elle ne va pas rester. S’pas ?

    Ce n’est évidemment pas ce que le scénario a prévu pour elle. Moonshine nous apprend en effet que la fameuse tante Felicia possédait des parts de Moonshine (remontant à l’époque où Bea et Ken n’avaient rien d’autre pour payer les employées du camping)… 43% des parts, pour être précise. Et qu’elle a contre toute attente décidé de les léguer exclusivement à Lidia, évidemment.
    Cela suscite, forcément, quelques réactions animées. Et au départ, Lidia entend bien se débarrasser de ses parts (en les distribuant à ses adelphes par exemple) pour aller reprendre sa vie normale à New York. Mais ça, c’est avant d’avoir la confirmation de quelque chose qu’elle pressentait depuis un moment : sa vie à New York est un ratage. Elle est des nôtres !

    Il a plein de charme, ce premier épisode ; un charme chaotic good. La façon dont les personnages de Moonshine ont parfaitement accepté le chaos de leurs vies (individuellement ou ensemble) a quelque chose de touchant. La série se veut être une dramédie, et cultive des moments absolument absurdes (comme Eleanor décidant de relâcher des dizaines de homards pendant que le reste de la famille se relaie dans une gigantesque bagarre au bar attenant à Moonshine), mais d’autres aussi plus émouvants, comme lors des adieux à cette sacrée tante Felicia. A l’instar de beaucoup de séries en son genre, son credo est évidemment qu’il ne sert à rien d’aller chercher ailleurs ce qui a toujours été chez soi, et ce trope a souvent tendance à m’irriter d’ailleurs. Sauf que la série y ajoute aussi une intrigue sur le sort de Moonshine (je ne sais pas si on peut parler de Succession white trash, vu que je n’ai vu en tout et pour tout qu’un seul épisode de Succession, mais on est probablement dans un thème voisin), ainsi qu’un mystérieux secret sur les origines du lieu et/ou de la famille, à propos duquel on nous tease vers la fin de cet épisode.
    A cela il faut ajouter un cast large de protagonistes totalement décomplexées, un cadre assez unique (Moonshine et ses propriétaires ont vraiment un côté hippie), et un bon sens du rythme, qui fait qu’il n’existe pas le moindre temps mort pendant ces 43 premières minutes. Ah, et il y a mon crush vieux de 15 ans sur Jennifer Finnigan, aussi.

    Donc oui, j’ai vraiment bien aimé ce premier épisode, il a quelque chose de profondément jouissif sans jamais abandonner sa part d’humanité (alors que le matériel promotionnel pourrait vous laisser penser qu’il s’agit juste d’une comédie), aussi je suis bien contente d’avoir eu une opportunité de finir le brouillon de cette review avant la fin de l’année. C’aurait été dommage de passer sous silence ce mini-coup de cœur canadien.


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  • Acte de foi

    4 décembre 2021 à 15:37 • Review vers le futur •

    Si j’avais 1€ pour chaque fois que je regarde une série sur un sujet dont j’ignore tout, je n’aurais plus besoin d’avoir un compte uTip. Dernière expérience en date : Knutby, une série suédoise dont j’ai tenté le premier épisode en découvrant quasiment en parallèle qu’il s’agissait d’une fiction adaptée de faits réels, dont je n’avais absolument jamais entendu parler jusqu’alors. Mais apparemment c’est une affaire très connue chez nos amies Suédoises, alors voyons un peu de quoi il est question.
    D’ailleurs, si je n’avais pas su qu’il y avait une véritable affaire derrière tout cela, je pense que j’aurais interprété ce premier épisode tout-à-fait différemment.

    Knutby n’est pas le nom d’un personnage de jeu video rose et joufflu, mais une petite commune, quasiment un village, à environ 80km au nord de Stockholm. S’y est installée une communauté pentecôtiste sans histoire. Lorsque commence la série, une jeune femme, Anna Andersson, commence à fréquenter les événements organisés par la paroisse locale, à la tête de laquelle on trouve le pasteur Sindre. Anna est vraisemblablement une nouvelle venue dans cette communauté, qu’elle et son amie cIlla ont commencé à fréquenter. Les deux jeunes femmes viennent à la messe, ainsi qu’à certains événements mineurs de la paroisse, comme par exemple un pique-nique. C’est parfois un peu loin de la ville (elles habitent ensemble un appartement d’Uppsala), mais cela semble en valoir la peine, pour elles.
    L’épisode nous explique très tôt deux choses absolument fondamentales pour comprendre Anna : d’abord, que sa foi intense est intimement liée à la perte de sa mère, quand elle n’était qu’une petite fille ; ensuite, que pour elle la foi se vit avec d’autres. Elle dira d’ailleurs elle-même (puisque sa voix-off accompagne une partie de l’épisode) qu’elle a toujours ressenti un besoin d’appartenance.

    A Knutby, Anna est vite très entourée. Le pasteur Sindre est très accueillant, pour commencer. Cet homme marié, père de déjà deux filles et dont l’épouse Kristina attend un troisième bébé, a pourtant beaucoup de choses à gérer, entre sa vie de famille en pleine expansion, la supervision de sa paroisse, et, va-t-on apprendre en cours d’épisode, une installation dans une vieille ferme à rénover, ce qui en fait un projet assez onéreux. La communauté a aussi son propre conseil, dont les membres incluent Olle, qui semble avoir des doutes naissants sur le retour imminent de Jésus, ou encore Eva, une jeune femme solaire qui est très investie dans la vie de la paroisse. Le conseil a d’ailleurs proposé à Sindre de divertir une part des revenus de l’Eglise pour qu’il puisse payer les rénovations de sa ferme, mais lui comme Eva ont refusé.
    Le premier épisode de Knutby offre donc, vous le voyez, l’opportunité de ne pas suivre seulement Anna, mais aussi d’en savoir plus sur le fonctionnement de ce petit groupe. Tout n’y est pas nécessairement idyllique, comme en témoigne, en cours d’épisode, l’interaction passive-agressive entre Kristina et Eva. Dans son émerveillement devant la chaleur et la beauté religieuse de Knutby, Anna serait bien en peine de voir ce qu’il se passe, même si ça se passait devant elle (et ce n’est pas vraiment le cas), mais l’épisode inaugural de la série nous permet d’avoir une vue d’ensemble qui n’est pas limitée par la perspective de sa protagoniste centrale.

    En-dehors d’un très bref plan au tout début de l’épisode, en tant que spectatrice complètement inculte qui jusqu’alors n’avait jamais entendu parler de l’affaire Knutby (et c’était mon cas avant d’apprendre l’existence de cette série), j’aurais facilement pu croire que Knutby, la série, portait sur cela. Sur cette communauté un peu trop belle pour être honnête, et sur Anna qui, lentement, s’installe parmi ces gens. Elle s’y installe tellement que dés cette introduction, la jeune femme quitte son appartement avec Cilla pour y prendre une chambre au village, et baigner dans l’atmosphère de la communauté à temps complet. Elle accepte aussi la proposition d’Eva, qui lui offre de travailler avec Kristina (sans avoir prévenu celle-ci…), laquelle gère la garderie de la paroisse. Avant la fin de l’épisode, toute la vie d’Anna tourne autour de Knutby.

    Mais la réalité, que vous découvrirez si vous ouvrez le plus petit moteur de recherche (il y a des gens qui considèrent que ce n’est pas un spoiler, après tout), c’est que Knutby est l’une des affaires criminelles les plus marquantes de ces 20 dernières années. Ce qui attend Anna va bien au-delà d’une affaire d’endoctrinement religieux (qui, surtout d’un point de vue extérieur à la religion organisée, semble même parfois aux limites du sectaire), bien que celui-ci évidemment joue un rôle. Si je n’avais pas lu deux-trois choses au sujet de cette affaire, j’aurais vraiment été convaincue que la série est avant tout intéressée par la religion, mais les faits tels que nous les connaissons laissent penser que les choses sont beaucoup plus compliquées que cela.
    Lancée conjointement par TV4 et C More en novembre, Knutby essaie en 6 épisodes de nous parler des causes plus que des conséquences de ce qui s’est passé à Knutby en 2004, de nous offrir un recul qui, d’un certain point de vue, est du voyeurisme, pour que nous comprenions comment il est possible qu’une jeune femme aussi pieuse qu’Anna devienne… Eh bien, pour le savoir, il faudra compter sur le visionnage de la série.


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  • When all else fails

    3 décembre 2021 à 20:03 • Review vers le futur •

    Après la disparition de Natalia Larumbe, sa sœur Elena a passé deux ans à chercher des réponses. Elle pensait même en avoir trouvé : Carlos de Castro, le jeune homme qui était le dernier à avoir vu la jeune femme lorsqu’un soir elle est montée dans sa voiture, semblait être un suspect tout désigné. Sauf que la Justice a depuis tranché, et que Carlos a été reconnu non-coupable.
    C’est le moment que choisit Lucía pour proposer à Elena de mettre à exécution un plan finement élaboré, pour pousser Carlos à enfin avouer ce qui est arrivé à Natalia. Elle a tout prévu ! Chaque détail a été étudié, elle sait précisément comme procéder, elle a une idée claire sur la façon de minimiser les conséquences, et elle garantit à Elena d’obtenir les aveux tant espérés. Ça ne peut pas rater.

    Lancée le mois dernier sur playz, la plateforme de la télévision publique espagnole dédiée aux jeunes adultes (récemment fusionnée à RTVE Play), Yrreal est l’histoire de ce ratage.
    J’ai vu pas mal de commentaires et d’articles espagnols dresser des comparaisons entre Yrreal et Kick-Ass, et je ne nie pas ; mais comme ici on cause d’abord et avant tout séries, je veux vous donner une autre référence : Sweet/Vicious.

    Trigger warning : tentative de viol.

    …Et maintenant que j’ai votre attention, passons à la review de la première saison.

    Yrreal n’est pas exactement une série sur la disparition de Natalia, mais plutôt sur les retombées de cette disparition. En fait, lorsque commence le premier épisode, Elena abandonne : elle s’est battue pendant deux années pour que la lumière soit faite, elle a lancé une chaîne Youtube pour attirer l’attention du grand public (et l’a obtenue, avec 2 millions de followers), elle a tout fait pour obtenir la condamnation de Carlos… et rien ne s’est produit. Elle veut encore retrouver sa sœur, mais honnêtement, l’espoir commence à manquer. A ce stade, tout ce qu’elle veut c’est comprendre ce qui s’est passé, ce soir-là. A défaut de mieux.
    Lorsque Lucía, qui l’avait contactée par le passé mais qu’elle avait ignorée, lui propose après l’échec du procès de Carlos une solution différente, elle est tellement désespérée qu’elle accepte. Cette solution ? Enlever Carlos et se montrer… convaincantes, pour qu’il avoue tout. Lucía n’a rien oublié : elle a trouvé un local idéal pour retenir, captif, ce suspect qu’Elena tient pour responsable, elle a collecté des instruments pour le torturer et en obtenir les informations nécessaires à comprendre la disparition de Natalia, et même, elle est préparée à le relâcher une fois qu’elles auront entendu ce qu’elles veulent. A l’écouter, elle a pensé à tout. Y compris comment l’effrayer sans le blesser, pour que les charges retenues contre elles en cas de problème restent minimes. Lucía est un peu extrême, mais elle a un talent de persuasion indéniable, une foi sans faille dans leur mission, et beaucoup de charisme. Après tant de déceptions par les voies légales, c’est ce dont Elena a besoin. Elle accepte, sans rien dire à personne pas même son petit-ami Raúl.

    Yrreal démarre comme Sweet/Vicious : deux jeunes femmes n’ayant l’expérience que de l’injustice, tentent d’obtenir ce que le système leur a refusé. Avec les moyens du bord. Sauf que, si vous pensiez que ce n’était pas facile de jouer à la vagilante, croyez-moi, vous n’avez encore rien vu.
    Tout dans le projet de Lucía et Elena est fragile, et le plan savamment monté va vite se révéler n’être qu’un château de cartes. Les deux jeunes femmes sont terrifiées, bien-sûr (elles n’ont aucune expérience de ce qu’elles sont sensées accomplir ici), mais au-delà de ça, la réalité les frappe aussi de plein fouet : la vie, ce n’est pas comme dans les comics de superhéroïnes. Ce n’est pas si facile de se faire Justice soi-même. Surtout quand on a la police sur les talons, parce que, oui, évidemment, ce que l’on fait au nom de la Justice reste criminel.
    Yrreal ponctue d’ailleurs sa narration de scènes d’interrogatoire, pendant lesquelles Elena retrace les événements au commissariat de police, comme pour mieux insister sur l’échec qu’aura été toute cette aventure. C’est ainsi que nous allons apprendre, très tôt dans le premier épisode, que tout a raté, avant même de savoir comment.

    A ce cocktail déjà intéressant, Yrreal ajoute un ingrédient très fort : Lucía n’est pas fiable… et on va progressivement découvrir qu’Elena non plus, mais d’une autre façon.
    La première n’est pas simplement éprise de Justice, ou même animée par l’illusion qu’elle serait (comme elle se plaît à le dessiner) une superhéroïne. Non, elle est carrément inquiétante. Malgré sa capacité à échafauder un plan d’attaque, Lucía a surtout le défaut d’être victime de ses impulsions. On sent rapidement que pour elle, tout semble facile et évident, ce qui est souvent la marque de quelqu’un qui vit dans une réalité qui n’existe que dans sa tête.
    Quant à Elena, elle apparaît d’abord sous les traits d’une oie blanche, prise dans un engrenage qui la dépasse et entraînée dans le sillon de Lucía, mais ce n’est pas si simple. En outre, on commencera à relever, lors de son interrogatoire, quelques mensonges. Ils portent sur des détails que la police, probablement, ne peut pas prouver, et en un sens sont donc sans conséquences ; mais ces mensonges démontrent qu’elle n’est pas juste victime des circonstances. Elle a pris une part active dans le déroulé des événements, que nous allons lentement retracer avec elle.

    Yrreal s’amuse à jouer en permanence avec ce que nous voyons, ce que nous savons, ce que nous entendons dire, et il est difficile de démêler totalement le vrai du fou. Chaque nouvelle péripétie de l’aventure semble plus déroutante que la précédente.

    Pour souligner ces paradoxes et nuances, Yrreal n’hésite pas à insérer de la 2D pour montrer ce qui traverse l’esprit de Lucía. Un procédé d’autant plus déconcertant qu’elle n’est ni la protagoniste principale, ni la narratrice. On se retrouve à entrer dans sa tête alors que nous n’avons pas ce privilège pour Elena, qui semble parfois plus inquiétante par comparaison.
    La perspective de Lucía, qui peut prendre aussi bien la forme de vignettes entières (particulièrement pour des flashbacks) que de simples superpositions à la réalité (comme voir les yeux de Carlos s’allumer d’une lumière diabolique), nous pousse rapidement à regarder ses agissements à la fois avec inquiétude et… empathie. Elle est clairement perturbée, et la cause de toutes sortes d’horreurs (en témoignent certaines scènes très sanglantes d’Yrreal), mais elle agit aussi pour ce qui semble être une envie sincère d’aider Elena. Plus on en apprend sur elle, plus on la comprend.
    On comprend moins Elena, paradoxalement. Sa quête désespérée de Justice est une chose, mais le reste ? Et puis, c’est difficile de savoir ce que l’on peut croire sur elle, à cause des fameux mensonges. En outre, elle n’est pas réellement une victime, mais plutôt une victime collatérale de la disparition de Natalia. On peut comprendre sa souffrance, mais où s’arrête le besoin de Justice et commence celui de vengeance ?

    En entretenant le flou sur tout cela, Yrreal est, comme son nom l’indique, un plongeon irréel dans quelque chose qui se joue pile à la frontière entre la réalité et le fantasme violent d’une Justice qu’on se fait soi-même, puisqu’on ne peut compter sur personne. Ce n’est pas tout-à-fait rationnel, mais… comment cela pourrait-il l’être ? Qu’y a-t-il de rationnel dans la tragédie qui s’est jouée ces deux dernières années ?
    Derrière la violence extrême de ses rebondissements (et en l’espace de 6 épisodes de 20 minutes, on n’en manque pas), Yrreal pose en effet de sérieuses questions éthiques sur le rôle de la Justice. En définitive, qui est autorisée (légalement mais aussi moralement… et ce sont deux réponses potentiellement différentes) à la rendre ?
    Pour articuler ce message, on suit parmi les personnages secondaires deux enquêtrices de la police, Marco et Andrea. Sauf que ce n’est pas une enquête sur la disparition de Natalia qu’elles mènent : leur rôle est de travailler sur l’enlèvement de Carlos. Même si bien entendu les deux crimes restent liés… La série accompagne plus particulièrement Marco, qui malgré ses airs débonnaires et son talent de déduction aiguisé, se prend en fait de plein fouet les emotions liées à toute cette affaire ; elle a un impact émotionnel sur lui. Ebranlé par ce qu’il a vu, il finira même par concéder à la fin de la saison que si Elena et Lucía se sont lancées dans des actes criminels pour se faire Justice elles-mêmes, c’est parce que lui, les flics comme lui, et le monde judiciaire dans son ensemble, n’ont pas fait leur travail… Je crois que c’est un aveu qu’Elena aurait eu besoin d’entendre, d’ailleurs. C’est certainement un aveu qu’on a toutes besoin d’entendre.

    Et nous l’entendons, nous, quand bien même il vient d’une fiction. Et, un peu comme Sweet/Vicious, je crois que derrière sa comédie gore ou ses airs de Thelma et Louise au couleurs néon, Yrreal est nécessaire à une prise de conscience sur les limites de la Justice, en particulier lorsqu’il s’agit de crimes commis envers les femmes. Ce qui rend le dernier épisode, en particulier, si insoutenable, c’est qu’on devinait (dans les grandes lignes) ce qu’il était arrivé à Natalia, et qu’on a la confirmation qu’encore et toujours, les mêmes violences se produisent sans qu’il ne se passe jamais rien.
    Eh bien, dans Yrreal, il ne se passe pas rien. Et par petites touches, la série nous incite à nous placer du côté de justicières criminelles comme Lucía et Elena. La description que la série fait, en filigrane des événements, du retentissement de l’affaire, nous invite à rejoindre les millions d’inconnues qui se lèvent avec les deux justicières. Cela peut d’ailleurs donner une excellente saison 2, au-delà du seul cas de Natalia (d’autant que l’actrice Veki Velilla doit être bien occupée par l’intrigante ¡García! à venir sur HBO Max).

    Je tâche de ne pas trop vous en dire, et ai essayé de vous ménager des surprises. Mais vous l’aurez compris, petite par la durée, Yrreal est une série comme je les aime : cinglante pour le cerveau, cruelle pour le cœur, et un festival pour les yeux. Encore !


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  • Cœur de cible

    2 décembre 2021 à 21:14 • Review vers le futur •

    D’ordinaire, j’essaie d’éviter les généralités… mais je dois quand même bien avouer qu’il y a des choses qui me donnent un peu plus d’appétit téléphagique que d’autres. Alors quand une chaîne turque annonce qu’elle a mise en chantier une nouvelle série historique, je mets de côté mes grands principes (« ouiiii, maaaaaais, il y a de bonnes et de mauvaises séries historiques partooooout ») et j’admets que j’ai envie de la voir. Parce que s’il y a un truc qui déçoit rarement, c’est bien une production historique turque.
    Celle-ci promettait en outre d’être une série d’action avec une femme comme personnage principal (les séries turques répondant à ce genre de définition sont souvent très viriles)… et une archère par-dessus le marché ! Toutefois, l’originalité de Destan ne s’arrête pas là : la série a la particularité de se dérouler au 8e siècle, soit bien avant la naissance de l’empire ottoman pourtant si populaire à la télévision turque. Je vous avoue qu’il ne m’en fallait pas plus pour guetter sa diffusion.

    Finalement, Destan a été lancée la semaine dernière par atv, et je me lance donc, aujourd’hui, dans une review de son premier épisode. Dites-vous que si ma review est un peu longue, ce n’est rien comparé à son épisode de 2h23 (télévision turque oblige).

    Pour apprécier Destan, il faut savoir deux-trois trucs sur l’Histoire du peuple turc.
    Fort heureusement, le début du premier épisode nous explique (ou rappelle, si vous avez eu de meilleurs cours d’histoire-géo que moi) qu’au 8e siècle, les Turques vivent en Asie centrale, en prise avec nombre d’autres peuples voisins : les Russes, les Perses, les Mongoles, les Chinoises… A cela faut-il encore ajouter que les Turques forment diverses tribus qui ne sont pas non plus en bons termes les unes avec les autres.
    Notre fameuse héroïne s’appelle Akkız, et elle a grandi auprès de son père dans une tribu turque montagnarde. On y forme des guerrières dés l’enfance, et Akkız a appris de son père à la fois le maniement des armes et un sens de l’honneur à toute épreuve. Même si le khaganat de la montagne a son propre chef, on y vit sous le joug du khaganat dit « des cieux », dirigé par Alpagu Khan (qui porte le titre de Tengri Khan). Celui-ci mène toutes sortes de guerres et de négociations diplomatiques, tandis que dans les montagnes on aspire moins à ce type d’expansion territoriale. Cependant, en fin stratège, Alpagu a pris pour épouses Tılsım, fille du Khan de la montagne, et Ece, une princesse russe, afin d’avoir au moins un semblant de paix avec ces deux groupes pendant qu’il guerroie ailleurs. A elles deux, ces compagnes lui ont donné trois fils : Batuga, Temur et Kaya.

    Hélas, un jour, son armée est massacrée par les troupes chinoises, et Alpagu découvre que c’est grâce à des informations que Tılsım aurait fait fuiter. Et quand il cherche à la trouver, il apprend qu’elle a fui avec son fils Batuga ! Alpagu Khan la rattrape, la confronte, et, réalisant qu’elle est effectivement coupable de trahison, l’exécute de ses mains… devant Batuga.
    Notre Khan n’a pas fini : le lendemain, il amène le corps de Tılsım dans les hauteurs, à la fois pour restituer sa dépouille et pour adresser un avertissements au khaganat de la montagne. Puisque le chef (et père de Tılsım) avait également conspiré avec elle, il l’exécute aussi, ainsi que quiconque se dresse contre lui. Ce qui inclut… le père d’Akkız, rapport au sens de l’honneur à toute épreuve. Alpagu indique ensuite à Çolpan, l’autre fille du Khan de la montagne qui est donc devenue de facto la nouvelle cheffe, que désormais sa tribu doit quitter ses terres ancestrales sans plus tarder, condamnée à l’errance.
    Akkız est encore une enfant lorsque tout cela se produit, tout comme Batuga. Les deux enfants partagent, ce jour-là, dans la tragédie, un bref instant : Akkız offre à Batuga pour le consoler de son chagrin l’une des deux épées de bois que son père avait confectionnées. Deux enfants qui ont vécu, le même jour, une perte similaire, mais dont les chemins se séparent aussitôt.

    La série nous raconte ces événements en détails, avant de passer au nerf de la guerre, c’est-à-dire ce qui se passe 15 ans plus tard.
    Akkız, assoiffée de vengeance, voue une haine sans commune mesure envers Alpagu. Quant à Batuga, qui était déjà un enfant plutôt fragile, il a perdu la raison suite à ces événements. Son père n’a jamais pu se résoudre à l’exécuter (alors qu’il a fait tuer tous les autres Turques montagnardes autour de lui), mais de toute façon il est entendu que le jeune homme n’est plus vraiment là. C’est entre ses deux autres frères, Temur et Kaya, que se joue le futur du khaganat des cieux.
    Etrangement, Akkız nourrit encore une énorme tendresse envers Batuga, alors qu’en-dehors de cette funeste journée, elles ne se sont pas vues depuis une quinzaine d’années. Mais évidemment, leurs parcours vont à nouveau se croiser…

    Je vous assure que même avec ce résumé, je n’ai qu’effleuré l’intrigue de cet épisode inaugural. Il y a pas mal d’ingrédients qui se mettent en place, parfois avec une lenteur étonnante pour une fiction vendue comme une série d’action, mais au moins on peut dire qu’on comprend vraiment bien qui est qui, et qui veut quoi. Là-dessus, aucune chance d’avoir le moindre doute.
    Cette lenteur n’est pas tant due à la longueur de l’épisode (j’ai vu des séries turques de durée équivalente qui donnaient l’impression d’avoir duré à peine un quart d’heure !), mais plutôt au rythme des scènes, et au temps passé sur les explications de ce qui s’est passé 15 ans plus tôt. D’autres séries auraient choisi de condenser cela en quelques flashbacks bien sentis, mais non, dans Destan on y passe quasiment la première heure, parce que c’est vraiment fondateur. Pas simplement au sens où les événements de la série découlent de ces exécutions, mais aussi sur un plan dramatique : la personnalité et les valeurs d’Akkız reposent quasi-exclusivement sur la douleur d’avoir perdu son père et sa terre le même jour. Or, comme beaucoup de séries turques, ce qui intéresse Destan, c’est la charge émotionnelle de tout cela.

    Et puis, il faut évidemment compter aussi sur les diverses scènes d’action pour jouer les prolongations, notamment quand, à l’âge adulte, Akkız devient une justicière masquée (« Loup à deux têtes ») qui se dresse contre les injustices du khaganat des cieux…
    Honnêtement, j’étais venue à Destan en grande partie pour ces scènes, et au final c’est ce que j’ai le moins aimé de tout l’épisode. Les combats ne sont pas chorégraphiés avec beaucoup de soin ; c’est du boulot propre, je dis pas, simplement c’est assez scolaire dans la réalisation. J’avais même un peu tendance à m’ennuyer. Une seule scène de ce type m’a amusée : celle qui présentait Akkız alors qu’elle était en train de s’entraîner avec son père. C’était bien troussé parce qu’on ressentait vraiment quelque chose à les voir se battre, la petite gamine avec son épée de bois et le grand gaillard faisant mine d’être défait par elle, et qu’en même temps on sentait que c’était sérieux, dans le fond… En fait, Destan réussit vraiment les scènes d’action quand elle met l’accent sur l’émotion qui les dirige. Mais comme beaucoup de scènes d’action sont dénuées d’émotion (comme au moment de l’attaque d’une caravane), bah du coup on s’emmerde.
    Et au passage, laissez-moi vous dire que les gosses de la série sont vraiment solides. Il y a de bonnes performances, et c’est pas tous les jours qu’on donne à des enfants des scènes d’action, même minimes comme ici.

    A ma grande surprise, bien qu’Akkız soit très clairement la protagoniste de la série (ce qui aurait pu nous laisser penser qu’elle occuperait l’écran la majorité du temps), Destan s’intéresse en réalité à plusieurs autres personnages avec beaucoup d’intérêt. Batuga va évidemment prendre de l’importance, on suit aussi un peu ce qui se passe du côté de ses frères et leurs épouses respectives, de côté de la montagne il se prépare un truc du côté de Çolpan, aussi…

    Mais surtout, j’ai trouvé son portrait d’Alpagu Khan absolument saisissant. Il y a quinze ans déjà, c’était un homme tourmenté. Il aimait sincèrement Tılsım et ne l’a tuée que par obligation, mais non sans lui avoir donné une chance de lui prouver qu’elle n’était pas coupable de l’avoir trahi. Déchiré, on le verra pleurer immédiatement après, et ça m’a vraiment touchée de voir cet homme s’effondrer tout en acceptant les coups portés par les petits poings de son fils, qui évidemment ne lui pardonnera jamais un tel acte. Alpagu n’est pas un sanguinaire, et Destan prend vraiment toutes les précautions possibles pour nous le montrer ;, c’est simplement qu’il fait très attention à la survie de son khaganat, à sa famille, à ses hommes. Ce qui l’a mis en colère, c’est d’avoir perdu plusieurs centaines de soldats suite à la trahison de Tılsım, et il ne peut laisser passer un tel carnage ; en cela la série essaie vraiment de montrer que, si ses actions pourraient avoir l’air cruelles de l’extérieur, lui les vit vraiment comme des choix cornéliens.
    Plus le temps passe, plus Alpagu se montre touchant dans ce premier épisode ; presque plus complexe qu’Akkız en fin de compte. Il souffre de voir son fils Batuga enfermé dans le mutisme, pas parce qu’il a perdu un héritier mais parce qu’il l’aime sincèrement. Evidemment à cela s’ajoute la culpabilité d’avoir tué sa mère et d’avoir, pendant un moment, envisagé de l’exécuter également. Il y a une scène très touchante vers la fin de cet épisode pendant laquelle Alpagu se confie quant à la solitude qu’il ressent sur son trône : il ne peut pas s’en ouvrir à son épouse Ece, ni à ses fils qui désormais ambitionnent d’être nommés à sa succession, ni évidemment au reste de sa cour (il m’a fait penser au roi Silas de Kings). Chaque choix est une douleur qu’il doit vivre isolé, au risque de voir son domaine menacé. En un sens, Batuga est tout ce qu’il a qui le connecte à son humanité, pour le meilleur comme pour le pire.

    Au juste, je ne sais pas si Alpagu va vivre bien vieux… Aussi détaillé soit-il, Akkız reste l’héroïne, et elle ne souhaite que l’éliminer. Il n’y a aucune chance que ces deux-là trouvent un jour un terrain d’entente, surtout après tout ce temps, et vu que Batuga ne le porte pas non plus dans son cœur, les espoirs de rédemption sont minces…
    Mais j’apprécie que Destan passe la majorité de son temps non pas sur des intrigues de cour (il y en a, c’est juste qu’elles n’ont pas la priorité), et plutôt sur ce qui anime et torture ses protagonistes. Même Batuga, qu’on ne va plus entendre parler pendant plus d’une heure d’épisode (et pour cause), apporte une émotion incroyable à la série, rappelant en permanence que tout ce qui se joue est un traumatisme et pas un simple « enjeu ». Tout a une portée émotionnelle, dans Destan, et j’aime bien ça.

    …Quand bien même il est assez difficile de dissocier la série de la filigrane de son discours.

    Parce que malgré la différence d’époque, il y a quand même un sous-texte commun avec les séries turques se déroulant à l’époque ottomane. Il y persiste ce même sentiment de grandeur et noblesse d’un peuple attaqué de toutes parts, menacé par des peuplades voisines mais ennemies, mais profondément attaché à sa terre et à son identité. Au 8e siècle, les Turques ne sont en outre pas encore musulmanes (et n’ont pas encore investi l’Anatolie), mais au cours du premier épisode, dans une scène qui semble anodine, Akkız va croiser un petit garçon musulman et en apprendre plus, curieuse, sur l’Islam…
    Il y a, disons, une ambiance. Et une ambiance qui n’a rien de nouveau : ça fait depuis au moins le succès de Muhteşem Yüzyıl qu’on sait que cette forme de nostalgie historique nourrit un sentiment nationaliste, et vice versa (c’est, si j’ai bien compris, ce qu’on appelle le Néo-Ottomanisme). Or, avec Destan on découvre que ce sentiment se nourrit de n’importe quelle époque, et pas exclusivement de l’empire ottoman : quand on veut raconter de façon épique la grandeur de la Turquie, on peut aller chercher sa narrative n’importe où dans l’Histoire, y compris au tout début.
    Quand on plisse un peu les yeux et qu’on y regarde bien, Destan joue à plusieurs reprises sur ce registre d’une nostalgie d’un immense territoire ancestral à protéger, pour ne pas dire : à reconquérir.

    Derrière le divertissement, je trouve toujours assez sain de rappeler ce genre de choses, qui a tendance à nous échapper quand nous consommons des fictions qui ne nous sont pas adressées. Ce ne sera ni la première, ni la dernière série à le faire, en Turquie ou ailleurs. Et ça n’enlève rien à ses qualités. Mais garder cela en tête en regardant Destan n’est pas la pire des idées, quand bien même on admire les exploits d’archère d’Akkız ou qu’on assiste aux dilemmes d’Alpagu Khan.


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Fun facts

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