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    31 octobre 2021 à 20:36 • Review vers le futur •

    C’est le weekend de Halloween et, même si je pense que ce mois-ci j’ai déjà largement donné de ma personne, je vais finir octobre sur une dernière recommandation de série qui fait peur, Mil Colmillos.
    D’ailleurs c’est l’occasion pour moi de noter que rien que ce mois-ci, HBO Max a sorti deux séries (l’autre étant O Hóspede Americano, la review de la mini-série est ici) produites en Amérique du Sud qui étaient initialement développées pour HBO Latin America, et qui se retrouvent propulsées sur la plateforme internationale en avant-première voire même en exclusivité. C’était également le cas de Entre hombres en septembre, ce qui sur le coup m’avait échappé. Bien-sûr, cela ne signifie pas que la branche sud-américaine de HBO ne propose plus de séries en propre (en fait son remake brésilien de Hard, par exemple, se porte même plutôt bien avec déjà 3 saisons à ce jour), mais de toute évidence il se passe quelque chose, et je me demande si HBO n’est pas en train de se préparer à abandonner la télévision linéaire dans ces territoires.

    Bon, revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos dents, puisque Mil Colmillos nous promet mille crocs. Je ne les ai pas comptés, parce que j’étais trop occupée à complètement annuler mes plans de regarder toute la saison pour faire une soudainement urgente lessive de sous-vêtements trempés, mais je crois la série sur parole.

    Je ne vous apprendrai rien en vous annonçant que Mil Colmillos commence comme une série militaire bourrée de testostérone, vu la gueule du poster promotionnel. On fait dans le premier épisode connaissance avec une unité d’élite, chargée de se rendre dans la jungle colombienne, à l’affût d’un ennemi public n°1 qui y aurait été signalé alors qu’on le pensait mort, un certain « Matías » (c’est évidemment un nom de code). La série ne prononce pas le mot « FARC », mais on s’est comprises.
    Pour cette mission à la frontière du pays, l’équipe a pour objectif d’abord de partir en reconnaissance, de prendre des photos de toutes les personnes présentes dans le campement de Matías et les envoyer au poste de commandement, d’attendre une identification formelle qui viendrait d’un « témoin » ayant aperçu Matías récemment, et finalement procéder à son élimination. Si possible sans se faire remarquer, ni de ses hommes de main ni des autorités locales.
    Au début tout se passe bien. Au bout de quelques kilomètres de marche, l’unité approche du campement, commence à prendre quelques clichés, essaie d’identifier Matías… mais à la nuit tombée, les choses se corsent. Pas tellement du côté du campement, où l’exécution se déroule sans trop de difficultés, mais venant de la jungle elle-même.

    En l’espace de quelques minutes, une partie de l’unité est décimée par ce qui, au départ, aurait pu passer pour des singes… et en fait, je sais pas pour vous, mais chez moi les singes ressemblent pas à ça :

    Ouais. Voilà. J’t’en foutrais des singes. Donc Mil Colmillos s’apprête à nous faire sa petite version de Predator, c’était indiqué nulle part sur le synopsis depuis 3 ans que la série est en développement, et personnellement ce sera sans moi.

    Cela étant posé… il y a quand même quelque chose dans Mil Colmillos qui a de l’intérêt, malgré les jump scares et l’hécatombe de nuit dans la jungle (je préférais largement l’Amazonie d’O Hóspede Americano, à choisir ! pour commencer on y voyait quelque chose). La série offre en effet deux intrigues, pour le moment secondaires, qui viennent enrichir le concept de départ.

    D’abord parce qu’il y a une insistance particulière sur à la fois la force et la vulnérabilité des troupes.
    Après avoir reçu ses ordres, l’unité doit en effet passer un bilan médical complet, que l’épisode inaugural suit avec attention. Des corps musclés criblés de cicatrices, des bras et jambes larges mais parfois tremblantes, des personnages au mental solide pourtant émoussé par les traumatismes… et c’est sans parler des aléas de la vie militaire (divorce, solitude, etc.) par-dessus le marché. En outre ces hommes (et, on le découvrira plus tard une fois dans la jungle, une femme tireuse d’élite) veulent à tout prix partir en mission, au mépris de leur bien-être, prenant comme un affront personnel quand leur corps ne leur obéît pas et que le médecin décide de les faire rester à la base.
    Au juste, je ne sais pas ce que Mil Colmillos compte faire de ces ingrédients, maintenant que nos amis les singes sont apparus, mais leur mise en place est bien trop ostensible pour ne pas se diriger vers quelque chose de précis. Et dans le pire des cas, j’ai envie de dire que c’est plutôt rare pour une série militaire d’insister autant là-dessus de toute façon.

    Le second angle est encore plus intéressant. Car dans la toute première scène de la série, qui se déroule il y a quelques siècles, on découvre des colons espagnols traverser la même jungle, et découvrir un mystérieux monument qui affole leurs guides indigènes. Et ce monument… eh bien nos militaires vont le croiser pendant ce premier épisode, et de toute évidence il a une signification. D’autant que le fameux « témoin » qui dit avoir identifié Matías est une femme autochtone elle-même, et qu’on découvrira à la fin de l’épisode qu’elle sait pertinemment où ses informations ont envoyé l’unité d’élite…
    Je suspecte donc que Mil Colmillos ait pour ambition de nous parler de mythes et légendes de l’Amazonie, peut-être même de transformer ce carnage en un revenge drama autochtone. Ce qui, vous en conviendrez, serait parfaitement puissant et beaucoup plus dans la lignée d’une série HBO qu’une version officieuse de Predator (ou, tiens, de Pitch Black). Il y a quelques séries sud-américaines qui ont commencé, timidement, à inclure des perspectives indigènes dans leur discours, mais souvent sous la forme de period dramas, comme s’il n’y avait plus de problèmes aujourd’hui, et avec une préoccupation plutôt de réalisme historique (quoique, ça fait des années que je me promets de regarder Frontera Verde, il faut vraiment que je la fasse remonter sur ma to-watch list…).
    Or Mil Colmillos est sans nul doute possible une série moderne, et une série de genre par-dessus le marché. C’est plutôt original, et ça peut même être très enrichissant à de multiples égards.

    Bref Mil Colmillos n’est pas sans mérite, mais je suis bien trop couarde pour ce genre de choses. Comme je le disais, vous me raconterez.
    Sur ce, j’ai du linge à mettre au séchage.


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  • Life’s a competition

    29 octobre 2021 à 21:01 • Review vers le futur •

    En Amérique du Sud, les séries historiques sportives ne datent pas d’aujourd’hui. Je vous laisse deviner quel sport s’y retrouve le plus souvent… Amazon Prime a décidé de donner au peuple ce qu’il veut : non seulement la plateforme distribue à l’international la série colombienne La Selección, mais elle a aussi investi dans deux séries originales sur le sujet : El Pre$idente (une radiographie cynique du business du football sud-américain), et maintenant le biopic Maradona: Sueño Bendito.
    C’est le genre de série qui devrait plaire dans l’autre pays du football, la France, à défaut d’avoir des séries locales sur le sujet (pas récemment en tout cas… d’ailleurs, il en est où, le projet Mercato ?).

    Cela ne fait même pas un an que Maradona est décédé, et la douleur est, pour certaines, encore palpable. Est-il trop tôt pour un biopic sur pareille légende du ballon rond ? Peut-être… mais peut-être pas, car par-delà le foot et le culte de la personnalité, Maradona: Sueño Bendito a plus d’une surprise dans sa manche de maillot.

    Le premier épisode de Maradona: Sueño Bendito fait un choix… intéressant. Voilà, utilisons ce mot !
    On y met en parallèle le début et la fin. La série s’ouvre en effet sur une scène lançant les dernières heures du footballeur, tandis que l’essentiel de l’épisode va raconter le démarrage de sa carrière, depuis le moment où il est repéré à neuf ans à peine jusqu’à son ascension fulgurante, près de dix ans plus tard, alors qu’il devient l’un des joueurs préférés de l’Argentine. Ce qui est un peu désarmant avec ce choix, c’est que les deux époques ont un ton très différent… là où le jeune Diego est traité avec sérieux voire admiration, la série montre un Maradona dont la vie est tournée quasiment comme une dramédie, pour ne pas dire une comédie. Ce pourrait être un commentaire fin sur ce que l’homme est devenu avec le temps, peut-être même une critique ouverte de sa décadence, mais au stade de ce premier épisode, ce n’est pas certain. Ne reste que l’impression d’un grand écart tonal (qui s’accompagne, en outre, de choix de réalisation diamétralement opposés) qui donne un peu l’impression d’assister à deux séries montées ensemble par erreur.

    Pourtant, malgré cet inconvénient, Maradona: Sueño Bendito est plus fine qu’il n’y paraît. Elle parvient à ne pas seulement braquer son regard sur la figure dont elle porte le nom. Le premier épisode essaye d’acquérir une vue d’ensemble non seulement de la place qu’a occupée ce héros national dans l’imaginaire argentin… mais aussi de la place de l’Argentine dans la vie de ce héros.
    A quelques reprises pendant cet épisode introductif, Maradona: Sueño Bendito nous replace dans le contexte. C’est en 1969 que Diego Maratona fait ses débuts au sein de Los Cebollitas, un club pour jeunes espoirs du football… soit en pleine dictature militaire. Ses parents se revendiquent d’être peronistes, mais pas trop fort : certaines idées, certaines apparences même, peuvent coûter cher. Pour montrer leur attachement à leurs idées et celui qui les incarne, la série s’autorise même un peu d’anachronisme en faisant mourir Juan Perón quelques années plus tôt que dans la réalité. D’autres scènes, plus ou moins brèves, viennent rappeler que les militaires ont le pouvoir de changer la vie de tout le monde et n’importe qui, pour le meilleur (un gradé décide pour lui que Diego doit débuter dans une équipe adulte) mais surtout pour le pire (un homme est « disparu » sous les yeux du jeune homme après un match). La fin de l’épisode possède même une séquence purement historique, vous savez, avec du texte blanc sur fond noir, pour nous expliquer la gravité du régime à l’époque. Une série sportive aurait parfaitement pu éviter ces sujets, mais Maradona: Sueño Bendito estime que cela fait aussi partie de l’histoire de son protagoniste.
    Plus largement, l’épisode s’arrête avec attention (et, sur la fin, nous délivre de nombreuses images d’archives) sur les conditions dans lesquelles Diego Maradona a grandi. Issu d’une famille très pauvre installée dans une bidonville, né parmi des adelphes nourries uniquement grâce au salaire d’ouvrier de leur père, Maradona est l’exemple-même de la personnalité partie de rien, et qui a tout obtenu.

    En ce vendredi, ce sont en fait pas moins de trois séries sportives qui ont fait leurs débuts sur les écrans de la planète, Maradona: Sueño Bendito pour Amazon Prime, Colin in Black & White pour Netflix, et Swagger sur Apple TV+ ; les deux premières sont des biopics (…et toutes portent sur des sportifs masculin, certains jours Pitch manque plus que d’autres).
    Ce que ces trois séries du jour (et d’autres, à l’instar de Survivor’s Remorse ou All American) nous disent, chacune à sa façon, ce n’est pas simplement que certains hommes sont destinés à de grandes choses. C’est que le sport a été, est, et sera probablement pendant un moment encore, l’un des rares outils de progression sociale disponible pour certains groupes désavantagés. Diego dans Maradona: Sueño Bendito, Colin dans Colin in Black & White et Jace dans Swagger n’ont pas seulement redoublé d’efforts pour l’amour du sport, bien que la passion les anime aussi, mais dans l’espoir d’en tirer quelque chose : un avenir. Être performant, c’est espérer tirer le gros lot à la loterie de la société. Le sport permet de devenir quelqu’un… au moins pour les rares élus qui parviennent à en faire leur carrière. D’ailleurs on ne raconte jamais l’ascension spectaculaire d’un fils de millionnaire qui a trouvé la gloire et la fortune par le sport…
    On ne devient pas une superstar du football, ou du football américain, ou du basket, ou de quelque sport que ce soit, sans adhérer au mythe que le sport nous sauvera. Mais il ne sauvera pas tout le monde, et pas sans contrepartie… Lorsque ces séries commencent, leur héros est encore jeune, mais que devra-t-il sacrifier au nom de cette réussite tant espérée ?

    Ces séries modernes sur des personnalités sportives (réelles ou imaginaires) ne se contentent plus, comme ont jadis pu le faire d’autres fictions équivalentes, de parler du sport pour le sport. L’effort comme simple dépassement de soi. La performance en tant que fait de gloire. Le sport a une dimension sociale, économique, historique même, dans la construction des individus, des communautés et des pays, que ces fictions refusent d’ignorer.
    Malgré ses maladresses, ce premier épisode de Maradona: Sueño Bendito rappelle aussi, implicitement, par les nombreuses images d’archives et l’accent mis sur les interviews du jeune Diego, que ce mythe de la progression sociale par le sport s’auto-entretient. Il tient aux mêmes médias qui l’ont construit, de le déconstruire. C’est, au moins en partie, ce que tentent de faire les trois séries sportives qui ont débuté aujourd’hui.


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  • Longue vie au roi

    24 octobre 2021 à 23:33 • Review vers le futur •

    Nikkhil Advani a tout fait. Tout. En l’espace de quelques années seulement, il a créé des séries aussi bien pour la télévision linéaire (P.O.W. Bandi Yuddh Ke, adaptation de Hatufim pour Star Plus en 2016) que pour le streaming (la dramédie d’humour noir Hasmukh l’an dernier pour Netflix en 2020, et la série médicale historique Mumbai Diaries 26/11 pour Amazon Prime en septembre). Tout ça sans arrêter les longs métrages ! Et le pire c’est qu’il n’est pas près de s’arrêter, vu qu’il a aussi une série qui devrait apparaître prochainement sur SonyLIV, un biopic du nom de Rocket Boys sur deux scientifiques et leurs recherches, menées au moment de l’indépendance de l’Inde.
    C’est sans aucun doute le réalisateur, scénariste et producteur indien le plus prisé du moment. Il doit bien y avoir une raison !

    Trigger warning : violences sexuelles (adulte et implicitement enfant), mutilations dont sexuelles, torture.

    Dans son emploi du temps chargé, Advani a même trouvé le temps de créer l’une des plus belles fictions historiques de ces dernières années, The Empire, pour Hotstar (…techniquement Disney+ Hotstar maintenant), sortie fin août.
    C’est de cette mini-série qu’il va être question aujourd’hui. Vous ne le savez pas encore, mais il y a vraiment de quoi avoir hâte.

    La première chose que je me dois de dire sur The Empire, c’est pour commencer qu’elle fait partie de ces séries portant sur un sujet dont, à la base, je ne savais rien. Attention : je ne dis pas que j’en connaissais les grandes lignes et que la série a approfondi mes connaissances, non ; je dis que je n’avais pas le quart d’un tiers de centième de dixième de moitié d’une idée de l’existence de l’empire mughal. Peut-être que vous êtes plus cultivée que moi, mais personnellement, je n’en avais jamais ne serait-ce qu’entendu parler ; il faut dire que les cours d’Histoire sur le sous-continent indien sont rares dans nos contrées, et portent encore moins souvent sur les périodes non coloniales. Or, The Empire commence avec le règne de Babur, né à la fin du 15e siècle et fondateur de l’empire mughal en question ; avant, bieeen avant la domination britannique. Au passage, j’en profite pour noter que je vais utiliser l’orthographe moderne prépondérante en Inde, contrairement à moghul, qui est l’orthographe coloniale anglophone ; ou moghol qui est l’orthographe française. Tant qu’à acquérir du vocabulaire nouveau, autant qu’il soit autant décolonialisé que possible dés le départ.
    La série est l’adaptation directe d’une série de romans historiques écrits par « Alex Rutherford » (le nom de plume du couple formé par Diana Preston et Michael Preston, deux autrices britanniques), et The Empire fait d’ailleurs figurer, en ouverture de chacun de ses épisodes, un avertissement explicite qu’il s’agit là d’une adaptation se voulant fidèle, et non d’une reconstitution historique objective… et surtout pas qu’elle reflète les opinions de son créateur. Perchée !
    …Ce qui ne l’a nullement empêchée de se prendre une volée de bois vert dés la sortie de son premier trailer, au point que sur Twitter, le hashtag #UninstallHotstar s’est retrouvé en tête des tendances cet été. The Empire était accusée de glorifier Babur, qui est considéré par certains un envahisseur de l’Inde (il a pendant ses campagnes décimé une large partie de la population hindoue et sikh à l’époque). Un envahisseur musulman qui plus est, ce qui ne passe pas auprès de certains groupes dans le climat anti-musulman qui règne actuellement en Inde. Une controverse que je ne vais certainement pas me permettre de juger, mais qu’il est important de souligner.

    Alors qui est Babur ? Eh bien c’est, quand The Empire commence, un enfant (11 ans en réalité, mais l’acteur qui l’incarne fait plutôt 14/15 ans). Il est l’un des enfants du roi de Ferghana (aujourd’hui en Ouzbékistan), et de son épouse la reine Kutlugh ; de sang royal, il est le descendant direct d’autres souverains historiques, Timur et Genghis Khan. Babur a une sœur, Khanzada, ainsi qu’un demi-frère plus âgé que lui, Jibran, mais dont la mère fait partie du harem et n’est pas de lignée royale (c’est le seul autre enfant du roi qui soit mentionné dans la série, à des fins de simplification probablement).
    Or, le roi meurt brutalement (une tour du palais s’effondre, l’accident con) et bien-sûr se pose la question de savoir qui va hériter du trône de Ferghana. Enfin, la question ne se pose que pour deux raisons : d’une part, Roxana, la mère de Jibran, fait du lobbying intensif pour son rejeton, dont elle espère que le droit d’aînesse lui permettra de porter la couronne… et surtout, il y a un nuage sombre qui approche du royaume. Shaybani Khan, un guerrier assoiffé de pouvoir, a en effet pris la ville de Samarcande, et Ferghana est la suivante sur sa liste. Or Shaybani Khan est un fin stratège, et il comprend rapidement que s’il veut s’emparer du trône, c’est le moment où jamais ; il entreprend donc de commanditer le meurtre du jeune Babur.

    Ce n’est là que le point de départ de plusieurs décennies d’Histoire (certaines étant racontées en accéléré, voire par des ellipses). The Empire va cependant passer un temps non-négligeable sur le conflit opposant Babur et Shaybani Khan pendant la majeure partie de ses épisodes, suivant l’évolution de l’un et de l’autre pendant plusieurs années. Les deux hommes rivalisant autant par la force que par la stratégie, et, si l’accent est généralement mis plutôt sur les décisions politiques, les luttes de pouvoir (parfois proches de leurs trônes respectifs), et les intrigues dramatiques s’y rapportant, The Empire n’est pas dénuée de violence. En dépit du nombre de guerres menées par Babur au fil des années, il n’y aura toutefois qu’une seule scène de bataille, certes longue et détaillée, tardivement dans la série.

    D’une façon générale, The Empire demande à son personnage central comment on devient un roi, et quel roi on choisit de devenir quand c’est le cas. Les intrigues de cour sont, à ce titre, autant une question d’essayer d’obtenir du pouvoir que de se demander quel genre de personnalité et de moralité est nécessaire pour exercer. Quelles seront les priorités de Babur ? Eh bien, parfois, ses priorités aboutiront à de mauvais choix, et la série est, contrairement à ce que j’imaginais, assez loquace sur le sujet. Par inexpérience, naïveté, ou parfois simplement par principe, Babur prend souvent des décisions dont les répercussions sont catastrophiques, offrant le flanc aussi bien aux critiques de ses proches (dont sa grand’mère, la Reine Mère) qu’à des attaques de ses ennemis (Shaybani Khan en tête). Souvent incapable de maîtriser ses émotions, victime de sa colère voire de ce qui ressemble à une tendance à la dépression, Babur va parfois perdre beaucoup. Alors bien-sûr, il finit par être le fondateur d’un empire, donc on ne peut pas prétendre que le portrait puisse être vraiment négatif, mais dans son désir de parler de qui a le pouvoir et de ce qu’il en fait, The Empire fait un plutôt bon travail pour témoigner des errances de l’homme, et pas juste des exploits du roi. Sur la fin de son règne, Babur devra également se poser la question de son propre héritage, après avoir fondé un empire, et le choix sera difficile entre deux de ses fils. Peut-être faut-il d’ailleurs y voir une réponse implicite aux tensions à l’origine de la controverse sur la série ?

    Malgré les limites du genre (un biopic d’une personnalité royale a tendance à avoir des étoiles dans les yeux par rapport à la royauté, pour commencer), The Empire prend garde à détailler ses personnages, leur imposer des tiraillements de conscience, des contradiction internes, des pulsions incontrôlables. Un « gentil » n’est jamais parfait, quand bien même il est établi qu’ils est à sa place sur le trône… en fait, surtout si c’est le cas.
    D’ailleurs, à l’inverse, quand bien même il a les dents qui rayent le parquet et un goût certain pour le sang, Shaybani Khan est également très nuancé, et n’apparaît pas uniquement comme un Vilain Méchant. Par contre je conçois que des spectateurs indiens aient un problème avec le peu de cas que la série fait de la partie sur la conquête du Hindustan, ne se donnant pas la peine d’humaniser les hindous contre lesquels Babur part en guerre, et présentant effectivement cette guerre comme une victoire.

    The Empire a une autre qualité incroyable : le personnage de Khanzada. Elle est la sœur de Babur et, dés son introduction, elle nous est présentée comme une petite fille intelligente et compétente, y compris dans le domaine du maniement d’armes. Quasiment aucun personnage ne fait l’erreur de la considérer « seulement » comme une fille puis une femme, ou jamais longtemps ; son esprit fin, sa capacité à créer des stratégies et penser sur le long terme, en font même au fil de la série une protagoniste prenant une part active dans les affaires du royaume où elle se trouve, finissant par ouvertement endosser le rôle de conseillère royale vers la fin de la saison. Par de nombreux aspects, Khanzada est plus apte à régner ; elle possède une qualité qui fait cruellement défaut à Babur en cela qu’elle est capable de maîtriser ses émotions.
    J’ai trouvé le personnage absolument admirable, et magnifiquement écrit comme incarné… ce qui n’est pas en dire peu quand on sait que la série a quelques autres beaux rôles féminins, en particulier celui de la Reine Mère, et, plus tard, celui de l’épouse de Babur, Maham. Il y a plein de femmes intelligentes dans cette série, c’est vraiment un bonheur.

    La liste des compliments ne s’arrête pas là ! Car le moins qu’on puisse dire de The Empire c’est que visuellement, on ne se fout vraiment pas de notre gueule : la réalisation est tout simplement sublime.
    Il y aurait beaucoup à dire de l’amour dévoué que la série porte aux contre-jours, par exemple. Mais surtout, je suis fascinée par ses mélanges entre couleurs chaudes et couleurs froides, avec des verts et des bleus vibrants, changeant les jaunes en brun, mutant les oranges en pastels, transformant les rouges en bordeaux. Une série de jade et d’ocre. Ce à quoi, évidemment, il faut ajouter quelques décors vraiment impressionnants.
    Du coup, ça donne quelques morceaux de bravoure comme ceux-ci :

    Il y a eu un moment pendant le visionnage de The Empire, pendant le générique du 3e épisode je crois, où soudain j’ai laissé échapper à la fois un soupir et une pensée : The Empire est le genre de série qui me fait aimer ce que je fais. Et qui me fait continuer de le faire.
    Capable d’aller plus loin que les intrigues de palais classiques, explorant de réelles ambiguïtés morales, humanisant (…c’est peut-être une partie du problème) des figures historiques qui sur le papier pourraient ne se résumer qu’à des faits d’arme, et faisant tout cela avec élégance aussi bien sur la fond que la forme, The Empire est le genre de série qui fait aimer les séries, voilà tout.

    Hélas, je ne suis pas convaincue que cette saison trouve un jour une suite. Elle est écrite comme telle (et son générique y fait lui-même allusion), sa première saison s’achève sur ce qui s’approche le plus d’un cliffhanger pour un biopic historique, et concrètement il y a de la matière (« Alex Rutherford » ayant écrit un total de 6 romans historiques sur la dynastie)… Cependant, vu la levée de boucliers, je doute que The Empire trouve un jour une suite. C’est infiniment dommage, elle a tout d’une grande. Vraiment, si toutes les séries historiques ressemblaient à ça, j’en reviewerais bien plus souvent.
    …Et en attendant je me mets devant les épisodes de Hasmukh, que je l’admets je n’avais pas encore regardée. En matière de ton, c’est un tout autre univers ! Mais je suis trop curieuse de voir les autres séries de Nikkhil Advani pour m’arrêter à de pareilles considérations.


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  • Promenons-nous…

    24 octobre 2021 à 23:29 • Review vers le futur •

    Pour une majorité de plateformes, l’enjeu principal est de capter l’attention du public mineur : les bonnes habitudes doivent se prendre tôt. Outre le lancement d’un nombre grandissant de séries pour enfants, cela inclut surtout de proposer un nombre généreux de séries pour ados et jeunes adultes, ces deux cibles étant historiquement considérées comme n’en formant qu’une. Netflix l’a bien compris, qui propose séries mais aussi films quasiment toutes les semaines pour ce groupe d’âge… mais la concurrence a aussi tout intérêt à se mettre au diapason.
    C’est exactement ce que fait Peacock en ce mois d’octobre, avec le lancement de The Girl in the Woods, une série supposément d’horreur qui suit, à une originale exception près, le modèle des fictions du genre à la lettre.

    The Girl in the Woods est en effet un mélange de teen drama lorgnant sur le fantastique, dans lequel on apprend l’existence d’un mystérieux groupe sectaire vivant, reclus, dans les bois. Eloigné de la civilisation et la technologie, on en sait peu dans ce premier épisode à son sujet, si ce n’est que ses membres se voient comme des gardiens. De quoi ? Eh bien, pour commencer au moins, d’une étrange porte magique au milieu de la forêt… même si pour l’instant la série n’explicite pas ce que l’on trouve de l’autre côté.
    En tout cas, ça n’a pas l’air très rassurant, à en juger par la panique qui s’empare de Carrie. Cette adolescente est en charge de surveiller ladite porte (notamment grâce à une arme fixée à un gant de métal), mais a décidé dans un élan de panique de fuir ses obligations, et avec elles, le groupe sectaire. Elle atterrit dans une petite ville de l’Oregon, où elle tombe nez-à-nez avec deux autres adolescentes, Tasha et Nolan.
    La petite bourgade a ses propres problèmes, notamment parce que la famille de Nolan tente de faire fermer la plus grande source de pollution de la région… qui accessoirement est une mine, le premier employeur des environs. Les tensions sont au maximum quand Carrie débarque en ville, cherchant désespérément à échapper à sa communauté pour des raisons encore brumeuses. A cela va encore s’ajouter un autre enjeu, lorsque la petite cousine de Nolan disparaît dans les bois après avoir suivi un étrange personnage… à moins que ce ne soit lié ?

    The Girl in the Woods est, apparemment, une série qui fait suite et/ou reboote un court métrage et un long métrage d’horreur, que je n’ai pas vus. Je vous rassure immédiatement : ce premier épisode, lui, ne fait absolument pas peur.
    D’ailleurs il n’y a pas le temps d’avoir peur. Cette introduction a tellement à mettre en place qu’il n’y a tout simplement aucun espace disponible pour des frissons ; et au juste je ne sais pas dans quelle mesure The Girl in the Woods avait vraiment l’intention d’essayer ! Entre cette histoire de porte dans la forêt, de groupe sectaire, de manifestations anti-pollution, d’intrigues adolescentes (avec quota de preuves que la série a compris, juré, les préoccupations de la tranche d’âge : la preuve, Nolan se maquille), et finalement de disparition d’enfant, on n’a pas une seule minute pour entrer dans le vif du sujet de quoi que ce soit. Chaque sujet apparaît comme au mieux mystérieux… au pire, mal introduit. Tout au plus soulèvera-t-on un sourcil étonné en constatant que, bien que ça se déroule surtout en arrière-plan de la série, il y a une partie de l’intrigue qui lorgne vers le politique et le social (mais ça ne vous étonnera que si vous n’avez pas prêté attention aux séries pour la jeunesse de ces dernières années), mais c’est tellement secondaire…
    Il y a une raison supplémentaire à ce manque de temps, et c’est la seule originalité de The Girl in the Woods à ce stade : contre toute attente, les épisodes ne durent qu’une demi-heure. C’est assez rare pour une série dramatique et/ou de genre adolescentes aux USA (plus courant pour les séries pour enfants), et je me suis demandé un instant d’où cela pouvait venir. Cependant, vu l’identité visuelle de la série et la qualité de sa distribution, mes soupçons se sont portés assez vite sur la question du budget…

    En regardant le premier épisode de The Girl in the Woods, j’ai eu l’impression de voir Peacock essayer, désespérément, de capter un public que Netflix a passé les dernières années à conquérir avec toutes sortes de séries de genre. Sauf qu’il s’agit de le faire avec un budget serré, une franchise que peu de monde connaît, et une histoire un peu bateau ; les effets seront donc sûrement minimes.
    Il en faudrait plus pour me convaincre que l’entreprise va réussir… mais ce qui est certain, c’est que j’adore voir les plateformes essayer. Parce que dans le fond, ce premier épisode n’est pas réussi, mais il tâtonne pour trouver un équilibre, histoire de capter le public ado… mais pas à tout prix. L’essai n’est peut-être pas concluant, mais je veux croire qu’à l’heure où le public mineur n’a jamais été autant courtisé par la télévision étasunienne, The Girl in the Woods gagne au moins quelques points pour l’effort.


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  • LAgos Law

    23 octobre 2021 à 17:37 • Telephage-o-thèque •

    Si vous avez lu deux ou trois trucs sur la télévision nigériane (mettons, complètement au hasard, ici), vous avez certainement entendu parler de Mo Abudu. Créatrice de séries, mais aussi créatrice depuis 2013 de sa propre chaîne de télévision, EbonyLife TV, elle est devenue une productrice ainsi qu’une exécutive de premier plan. Il y a très peu de femmes dans le monde (quand bien même certains médias occidentaux tentent de les comparer…) qui ont pris un tel contrôle d’un empire télévisuel à autant de niveaux.
    En 2018, elle a figuré parmi les premières au Nigéria à orienter sa politique vers le streaming, et a lancé sa propre plateforme, EbonyLife ON (l’essentiel du marché du streaming en Afrique passant par la téléphonie mobile, une app pas mal de sens). En parallèle, elle a aussi co-créé et produit une nouvelle série, Castle & Castle, promue comme le tout premier legal drama de son pays. C’est l’avantage quand on porte deux casquettes : on peut mettre ses propres séries à l’antenne sur le modèle de diffusion qu’on veut ! Ou vice-versa, d’ailleurs.

    Netflix a d’ailleurs bien compris à qui on avait ici affaire, et (dans un climat où la plateforme n’a pas grand’chose de solide sur le continent en-dehors de l’Afrique du Sud) a fait l’acquisition de Castle & Castle pour la production d’une saison 2. A cette occasion, ainsi qu’en parallèle de la fermeture de la chaîne linéaire EbonyLife TV, la saison 1 a été mise à disposition sur Netflix.
    …Ce qui fait que par ricochets, je suis enfin en mesure de vous parler de son premier épisode.

    En fait, quelque chose qui semble important à préciser, c’est que Castle & Castle n’est pas exactement un legal drama. Parler de legal dramedy semble beaucoup plus approprié ici ! La série alterne en effet les intrigues sérieuses avec d’autres qui le sont volontairement beaucoup moins, et j’avoue qu’en voyant le matériel promotionnel de la série jusqu’alors, je ne m’attendais pas trop à ça.

    La série porte le nom de Tega Castle et Remi Castle, un couple qui gère ensemble un cabinet d’avocates. Tega, que toute le monde appelle Professor, était enseignant en droit lorsqu’il a rencontré Remi, son étudiante, a eu une aventure avec elle et l’a mise enceinte… hors des liens du mariage. Le scandale. C’était il y a longtemps et leur fils Ben est adulte à présent, mais on va percevoir à deux ou trois reprises que l’épisode n’a pas été digéré totalement, en particulier par le père de Remi, un homme influent qui possède l’immeuble de bureaux où le couple a installé son cabinet. Le paternel pense d’ailleurs que ça lui donne le droit d’interférer avec les affaires de Castle & Castle et associés.
    Pourtant quand commence cet épisode inaugural, il semblerait n’y avoir aucun nuage à l’horizon pour le couple. Tega et Remi sont même à deux doigts (…pardon du jeu de mot) de s’envoyer en l’air dans la salle des archives du cabinet, lorsque la réceptionniste les prend sur le fait. Il faut dire que ce soir-là, il y a quelque chose à fêter : un associé du cabinet, Mike, a remporté une affaire énorme, avec un budget tout aussi énorme. Ce soir, c’est donc champagne chez Castle & Castle !

    …Mais ce serait trop facile si ça durait. Car très vite, Castle & Castle commence à chercher la petite bête.
    Il y a, pour commencer, des tensions entre les associées, le succès de Mike suscitant des jalousies. L’interruption du père de Remi nous apprend aussi que Tega travaille sur des dossiers pro bono, qui par définition ne font pas rentrer d’argent dans les caisses et sont en outre peu reluisants pour des clientes potentielles qui chercheraient un cabinet d’affaires prestigieux.
    Mais surtout c’est le soir que Mike a choisi pour annoncer qu’il donnait sa démission, et avait l’intention de se mettre à son propre compte, faut d’avoir été promu partenaire suite à son succès récent. Et ça va créer un problème entre Tega et Remi, qui ont une approche très différente du problème : le professeur n’a aucune intention de changer quoi que ce soit à la direction de ses affaires, et Remi pense au contraire qu’il s’agit d’un sacrifice utile pourvu de pouvoir garder leur meilleur élément au cabinet. En outre, Mike, lui, rapporte de l’argent, ce qui n’est pas le cas des causes pour lesquelles Tega travaille pro bono, aussi le conflit s’envenime-t-il. Faudra-t-il céder un peu du contrôle du cabinet pour le garder à flots ?

    Là, dit comme ça, l’intrigue paraît sérieuse. Mais comme tout bonne série judiciaire qui se respecte, Castle & Castle a une intrigue secondaire. Et en matière de ton, c’est le grand écart !
    Se présente en effet au cabinet (le lendemain du pot) un pasteur et deux de ses ouailles, qui viennent déposer plainte contre l’un des chanteurs les plus populaires du moment, l’accusant d’avoir volé un hymne composé au sein de la chorale de leur église pour le sampler. Son dernier titre, qui tourne en boucle sur toutes les radios du pays, présente effectivement de curieuses ressemblances avec l’hymne en question.
    Le truc c’est que notre homme d’église et ses deux groupies chantantes sont, quand même, assez ridicules, et que le personnel de Castle & Castle a bien du mal à garder son sérieux devant une telle affaire. Mais quand la star arrive en plus dans les locaux, dans le cadre d’une négociation avec le plaignant, l’hystérie est vite à son comble. Sur cet axe, la série se fait clairement plaisir, joue de ses personnages les plus humoristiques (la standardiste Stella, notamment) et en rajoute dans le ridicule consommé, à dessein. C’est une partie plaisante mais pas inoubliable de l’épisode.

    Dans l’ensemble, ça se regarde avec plaisir. Comme beaucoup de séries dans son genre (tous pays confondus, de The Good Wife à The LAB), la série se passe en grande partie non pas dans une cour de Justice, mais dans des bureaux, et les intrigues sont principalement corporate. Cela ne veut pas dire que personne ne gère de dossiers, mais simplement que la série élargit son champs d’action pour étudier un peu plus que les affaires ; cela lui offre l’opportunité de varier pas mal le ton de ses intrigues, passant volontiers du drama austère à la comédie puis même, dans une certaine mesure, au soap.
    Et ça marche ! Même dans le décor limité des bureaux de Castle & Castle, la série réussit à avoir plein de choses à offrir dés ce premier épisode, tout en présentant des protagonistes intéressantes. En particulier, Tega et Remi sont formidablement bien interprétées (même si j’ai tendance à préferer le jeu de Richard Mofe-Damijo, qui incarne Tega avec distinction, bonne humeur et intelligence), d’autant que le couple partage une réelle intimité qui est à la fois la force et la faiblesse de leur cabinet. Cette relation devrait être encore plus compliquée par la suite, vu que sur la fin de l’épisode on apprend que Ben est sur le point de revenir à Lagos…

    Visiblement tournée avec un budget modeste (même si, comme souvent dans les séries africaines, la garde-robe du cast fait illusion), mais attachée à être une série efficace aux intrigues à la fois fines et divertissantes, Castle & Castle réussit son premier épisode. Des bases sont posées sur le long terme, mais il y a aussi, très nettement, une volonté d’offrir aussi de la satisfaction à plus court terme, et le mélange fonctionne bien (peut-être pourvu de ne pas en attendre un immense chef d’oeuvre). Bon, je ne suis pas toujours fan de toute la distribution ; le pasteur par exemple, ou un employé mineur du cabinet, sont moins convaincants. Mais globalement ça se tient et les protagonistes centrales sont vraiment faciles à apprécier.
    Même si… bah, en toute honnêteté, Castle & Castle n’est pas ma série nigériane préférée de 2021. Eh oui, année faste, je me prépare à vous parler d’une autre série de ce pays, quand bien même il faudra vous armer un peu de patience dans l’immédiat, parce que je veux rendre parfaitement justice à King of Boys : The Return of the King, également proposée par Netflix cet été.
    Certains jours je critique Netflix (et de toute évidence ne suis pas la seule), mais cette plateforme a parfois du bon en matière de découverte téléphagique. Ca ne compense certainement pas, mais il faut dire ce qui est : voir des séries africaines, avant, c’était un peu mission impossible.


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  • Just around the riverbend

    22 octobre 2021 à 21:53 • Review vers le futur •

    Initialement commandée pour HBO Brasil en 2018, mais finalement lancée sur HBO Max (entre autres au Brésil, mais pas seulement) cet automne, O Hóspede Americano est une série qui aura pris son temps… surtout lorsqu’on considère qu’elle ne dure que 4 épisodes !
    Pourtant, ce n’est même pas la chose la plus curieuse à son égard. Ce qui est incroyable, c’est que cette série tournée au Brésil, avec une équipe de production principalement brésilienne (dont un réalisateur brésilien, Bruno Barreto), prenant pour décor une expédition d’exploration d’une rivière brésilienne… est en fait, au bout du compte, surtout une série étasunienne.

    Pour commencer, un peu d’Histoire : en 1909, l’ingénieur militaire brésilien Cândido Rondon « découvre », lors d’une expédition destinée à étendre le réseau télégraphique à travers l’Ouest du pays, un cours d’eau inconnu, initialement surnommé Rio da Dúvida soit « rivière du doute ». Rondon, qui a derrière lui une longue carrière passée à explorer diverses jungles brésiliennes et rencontrer des tribus autochtones (il est lui-même en partie indigène), termine sa mission et entreprend de monter une expédition pour arpenter cette rivière et en tirer une carte aussi précise que possible. L’opportunité scientifique est unique, et l’American Museum of Natural History basé à New York décide de lui apporter son soutien, et envoie même le naturaliste George Kruck Cherrie pour étudier la faune et la flore locales. L’équipe militaire et civile doit prendre la route courant 1913.

    …Sauf que O Hóspede Americano n’est pas un biopic de Rondon, loin de là. C’est le biopic de quelqu’un d’autre : l’ancien Président des Etats-Unis, Theodore Roosevelt.

    Ce dernier vient en effet de perdre l’élection présidentielle de 1912, et c’est la première fois qu’il perd. Bref rappel : en 1901 il a pris la relève de McKinney après l’assassinat de celui-ci (dont il était jusqu’alors le Vice-Président), il a remporté ensuite un « second » mandat en 1904. Puis Taft, l’un de ses proches, lui a succédé… et c’est là que les ennuis ont commencé, Roosevelt s’est présenté contre lui, a divisé le parti républicain, et a fini avec une déculottée.
    Bref Teddy a besoin de changer d’air après sa défaite, et il entend parler de cette expédition brésilienne par l’un de ses amis, le Père John Augustine Zahm, un explorateur évangélique. Comme Roosevelt a un goût prononcé pour l’aventure (il s’est offert un safari en Afrique quelques années plus tôt, notamment, chassant des milliers d’animaux pour le compte du American Museum of Natural History), il se saisit donc de l’opportunité et entame l’exploration du Rio da Dúvida aux côté de Rondon.

    Le sujet d’O Hóspede Americano (« l’invité américain »), c’est tout ça. La série retrace l’expédition elle-même, mais aussi, via de très, très nombreux flashbacks, les années conduisant à cette expédition (Afrique mise à part, le safari étant très souvent mentionné mais jamais montré). Ce qui fait qu’au bout du compte, c’est une série sur un ancien Président étasunien et sur la politique étasunienne… et pas grand’chose d’autre. Il y a bien quelques exceptions lors de ce qui doit compter, en tout et pour tout, une quinzaine de minutes sur la totalité de la série ; mais très franchement, oubliez tout fantasme d’apprendre quoi que ce soit sur le Brésil du début du 20e siècle, ou vous allez être déçue.
    Dites donc, ça doit faire plaisir à l’ANCINE, l’agence qui veille au financement de l’audiovisuel brésilien, d’avoir donné des sous pour ça.

    Comment on dit « sadface » en portugais ? Oh bah de toute façon on s’en fout, la série est en anglais !

    Bon je suis un peu mauvaise langue, mais vous admettrez que le procédé est un peu cavalier. L’expédition était à l’initiative du Brésil, sur son propre sol, et co-dirigée par un homme brésilien (pas n’importe qui : non seulement c’est lui qui avait « découvert » le cours d’eau, mais il a aussi été nommé au Prix Nobel de la Paix, et plus tard on a donné son nom à un Etat du Brésil !), on pourrait imaginer qu’un petit effort serait consenti pour adopter ce point de vue là en priorité, et voir Teddy Roosevelt comme un invité. Après tout c’était dans le titre ! Bah non.
    D’un autre côté, vous me direz, c’est à peu près toujours ce qui se produit quand les USA sont invités quelque part…

    Mis à part le petit soucis de phagocytage de l’Histoire brésilienne, toutefois, il me faut reconnaître que O Hóspede Americano a quelques mérites, et non des moindres.
    Il ne s’agit en effet pas d’une simple série d’aventures sur l’expédition géographique RR (Roosevelt-Rondon en anglais… mais Rondon-Roosevelt en portugais), mais d’une fresque qui, parce qu’elle couvre en réalité plus d’une décennie de l’Histoire américaine, s’offre des opportunités de parler de beaucoup, beaucoup de choses. Et très franchement, c’est mieux comme ça, parce que l’alternative aurait probablement eu de gros relents colonialistes (déjà que). D’ailleurs je donne des guillemets à cette découverte parce que, soyons claires : les abords de la rivière vont s’avérer abriter plusieurs tribus autochtones, donc le cours d’eau n’est pas inconnu pour tout le monde ! Mais enfin, globalement, O Hóspede Americano veut éviter de tomber dans le piège de ce type de fiction, c’est pas Indiana Jones ici ; sa volonté est d’utiliser ce voyage comme un prétexte à disserter de divers sujets, même s’il n’y a aussi strictement aucun effort pour essayer de sortir du point de vue de Theodore Roosevelt, homme blanc cis de pouvoir.

    L’un des angles d’O Hóspede Americano consiste toutefois à confronter l’ancien président étasunien à Cândido Rondon, un homme avec lequel il a très peu en commun. Certes, ils ont environ le même âge, mais en-dehors de cela ils sont très différents. Rondon, en particulier, est un positiviste, attaché à des valeurs pacifistes, et à plusieurs reprises ses valeurs prendront Roosevelt par surprise. Il devient cependant assez vite évident que les deux hommes, malgré ce qui les oppose, vont apprendre au cours de ce voyage à se respecter mutuellement. Leurs philosophies sont assez éloignées, mais dans le fond ils font preuve d’une droiture morale similaire, qui les unit.
    Ils auront aussi quelques discussions abstraites à quelques reprises sur la nature de leur entreprise : Roosevelt comme Rondon sont des hommes épris d’aventure et de progrès, mais ils sont conscients que ce ne sont pas des traits universellement partagés. Il y a un passage assez saisissant pendant lequel la conversation s’oriente sur ce que leur expédition va susciter pour la jungle et ses habitantes… O Hóspede Americano s’interroge sur les conséquences à long terme de la « découverte » des deux hommes : une fois que l’on connaître parfaitement le tracé de la rivière, celle-ci sera en danger s’il n’y a pas de volonté politique de la préserver… Mis en parallèle avec une intrigue secondaire sur l’insistance de Roosevelt à créer des parcs nationaux pendant son mandat, on comprend les lourds sous-entendus de la conversation, bien entendu.

    En fait, O Hóspede Americano fait le pari très souvent de tenir des propos à la limite de l’anachronisme. On pourrait dire que son but est d’aborder des sujets très modernes en s’appuyant sur des situations vieilles de plus d’un siècle.

    Ce qui captive énormément la série, dans ses multiples flashbacks sur la présidence de Roosevelt, c’est la relation que Teddy entretenait avec JP Morgan. Oui, celui-là même.
    L’administration de Roosevelt a en effet été particulièrement engagée dans la lutte contre le monopole privé (faisant usage d’une loi votée quelques années avant son arrivée au pouvoir). La série décide de faire de lui un « trust-buster » convaincu, même si dans la réalité je lis qu’il était seulement opposé à certaines formes de monopole, pas au principe, mais O Hóspede Americano décide d’embrasser complètement le mythe. Cela vaudra à Teddy de nombreuses passes d’armes au fil des ans avec JP Morgan, banquier et industriel qui incarne tout ce que la corporatocratie peut représenter de pire. Une énorme partie de la série consiste à donner l’occasion au Président Roosevelt de s’indigner quant à la main-mise de quelques puissants sur les ressources du pays, et le pouvoir débridé des entreprises privées sur le bien commun. O Hóspede Americano lance clairement des appels du pied à ses spectatrices pour leur faire passer un message (d’autant plus urgent que la série a été créée alors que Trump et Bolsonaro étaient en même temps au pouvoir) sur l’importance de réguler l’économie et surtout ses acteurs, et ainsi veiller à l’indépendance des pouvoirs publics.
    Les flashbacks ne se lassent pas de montrer Morgan essayer d’échaffauder un plan machiavélique (vraiment, sinon à caresser un chat angora depuis son fauteuil en cuir, il ne pourrait pas faire plus Villain Méchant) pour essayer de corrompre Roosevelt de façon plus ou moins indirecte, pour quand même échouer devant l’obstacle, le Président s’avérant intransigeant. Franchement à ce stade, O Hóspede Americano n’a plus grand’chose à voir avec une rivière au Brésil, mais enfin, on ne peut pas dire que la série n’ait rien à raconter, ça c’est certain !

    Le moins qu’on puisse dire, c’est que, toute partiale qu’elle soit (et clairement, elle l’est) dans sa façon de choisir comment représenter Roosevelt ou sa présidence, O Hóspede Americano est une série hautement politique. Et volontairement politisante : il y a une volonté affichée d’attirer l’attention des spectatrices sur des dangers imminents.

    Alors c’est sûr, j’aurais bien aimé que la série n’utilise pas cette fascinante exploration du Brésil et d’une partie de son Histoire y compris celle des autochtones, comme un prétexte. Toutefois, il est certain qu’en faisant ce choix, la série a donné un sens à son intrigue. Dans O Hóspede Americano, il y a une part de dépassement de soi dans son intrigue, Roosevelt ayant failli mourir pendant l’expédition en plus ; il y a une part incompressible d’intrigues d’aventures qui étaient à prévoir et sont des passages obligés du genre (un accident mortel dans des rapides, par exemple, ou la perte d’une partie des vivres) ; il y a des choses assez banales qui se passent entre Theodore Roosevelt et son fils aîné Kermit, qui l’accompagne alors qu’ils ne sont pas très proches… Honnêtement, si O Hóspede Americano n’avait raconté que ça, ç’aurait été une série très banale pour ne pas dire barbante.

    Là, le choix surprenant de monter sur une boîte à savon donne au final beaucoup d’épaisseur. O Hóspede Americano n’est pas forcément la série que j’espérais voir, mais elle n’était vraiment pas inintéressante (d’autant que son discours est quand même assez minoritaire à la télévision, quel que soit le pays).
    Je finis ma review, une fois n’est pas coutume, sur un fun fact que j’ai découvert en faisant mes devoirs, et que je n’ai réussi à caser nulle part ailleurs dans cette review mais ne veux pas laisser perdre : le scénariste de la série, Matthew Chapman… est l’arrière arrière petit-fils de Charles Darwin !


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  • The party is over

    16 octobre 2021 à 17:45 • Review vers le futur •

    La sélection de CANNESERIES cette année m’a franchement impressionnée. Il y a eu du très bon, et c’est avec plaisir que je me suis perdue pendant plusieurs heures dans les entrailles de sa salle de visionnage virtuelle. En fait, le plus difficile était de choisir de quoi parler ensuite : à raison de seulement 3 articles par semaine, il faut (encore une fois !) faire des choix.

    Finalement j’ai décidé de vous toucher deux mots de la série argentine Limbo – Hasta Que Lo Decida (évidemment à ne pas confondre avec la série danoise Limbo), qui apparaîtra sur ST★R+ courant 2022. Il faut dire que la plateforme n’a été lancée que fin août en Amérique du Sud, et qu’elle a déjà un agenda bien chargé avec 66 productions originales déjà là ou à venir ; on lui permettra donc exceptionnellement de nous allécher autant de temps à l’avance. Il va d’ailleurs commencer à être important de garder un oeil sur sa programmation, parce qu’elle se montre plus innovante dans ses choix de séries originales que Disney+ dont elle est la petite sœur, s’appuyant très peu sur des titres ou franchises préexistantes. Il y a notamment en projet une série historique brésilienne sur l’esclavage (pour l’instant sans titre connu) qui sera un vrai pari à surveiller, mais plus largement j’espère qu’il sera possible de voir toutes ses séries sans trop de difficultés.

    A cause de cette excellente édition, j’avais le comble du choix. Tant d’autres séries en compétition auraient donc pu faire l’objet de ma review du jour (et entre parenthèses, les festivals qui mettent leurs séries à disposition sur internet, on n’en finit pas de valider) ! Ce ne sont pas les excellentes propositions qui ont manqué. Le malaise perpétuel de Sny Alicy (même si je ne vais sûrement pas en dormir pendant un mois ou deux) ; l’énigmatique atmosphère de Kljun (grosse thématique sur les rêves prémonitoires pendant cette édition, d’ailleurs) ; la tendresse de Jordbrukerne (dont on reparlera sûrement à l’avenir vu qu’elle est produite avec la participation d’arte) ; le délicieux noir et blanc Mister8 (gagnante de la compétition et sûrement la seule romcom de ces dernières années à m’avoir rendue curieuse) ; et même l’espionnage contraint et forcé de Totems (qui sur le papier n’avait pourtant rien pour me plaire, and yet here we are).
    Dans ces conditions, si vous vous demandez pourquoi j’ai choisi Limbo – Hasta Que Lo Decida, c’est que je suis tout simplement très bon public pour ce que fait la série. J’aimerais vous dire qu’elle est profondément innovante, mais non : je me trouve juste facilement happée dans ce type d’ambiance. Ambiance de dérive. Ambiance le monde tourne trop vite. Ambiance rien n’a de sens et tout a trop d’importance. C’est mon truc, je n’y peux rien.

    Limbo – Hasta Que Lo Decida (ci-après Limbo–HQLD) met efficacement en place sa protagoniste centrale, Sofía Castelló. C’est une jeune femme arrivée en bout de course de la vingtaine, mais qui se comporte encore comme une adolescente capricieuse. Ce qui est nécessairement plus facile à accomplir lorsqu’on est la benjamine d’une famille multimillionaire, les Castelló régnant sans partage sur le milieu des affaires argentin ! Forcément, facile d’avoir tout l’aplomb du monde et aucun sens des responsabilités quand on vit sa meilleure vie aux frais de papa…
    Sauf que justement, un soir qu’elle fait la fête avec ses potes à Madrid, Sofía reçoit la terrible nouvelle que son père est décédé, et qu’elle doit revenir en urgence à Buenos Aires pour les obsèques. Elle y retrouve ses deux frères aînés : Andrés le bad boy, avec lequel elle partage une certaine complicité, et Ignacio l’austère, premier-né autoritaire qui a toujours pris son rôle très au sérieux, et se voit désormais comme le nouveau patriarche de la famille. Ce qui ne passe pas super bien avec Sofía…

    Le premier épisode de Limbo–HQLD se fait fort de retranscrire à la fois le style de vie déconnecté de la réalité que mène Sofía, dont la vie est volontairement menée de façon inconséquente, et d’autre part, la réalité incontournable du deuil. Ce n’est pas de l’escapisme que recherche cependant la série, optant plutôt pour la description d’un mode de vie dans lequel la fête et l’excès permettent d’anesthésier tout le reste.
    Il semblerait en effet que, même si la série ne s’appesantit pas dessus pendant ce démarrage, « tout le reste » en question soit parfois un plus lourd qu’il n’y paraît, si les quelques scènes évoquant un grave accident de moto en sont une quelconque indication. Sofía est en outre sourde, potentiellement suite à cet accident (encore une fois ce n’est pas explicité), et elle utilise un appareillage dont on découvrira qu’elle le débranche à l’occasion pour se déconnecter du monde. Sans nul doute, ce seront des choses que les épisodes suivants devraient explorer, au moins dans une certaine mesure.
    Pour le moment, Limbo–HQLD s’attache à se glisser sous la cuirasse de Sofía. Même si celle-ci est une escape artist émotionnelle capable d’éviter beaucoup d’émotions négatives, elle ne peut échapper à la douleur d’avoir perdu son père, parce que même les petites filles gâtées-pourries ont mal quand elles perdent un parent.

    Toutefois, Limbo–HQLD n’est pas seulement une série sur le deuil. Sofía va très vite se confronter à deux personnes qui elles, sont bien vivantes, et qu’il devient difficile d’éviter : ses frères. Maintenant que toutes les trois ont hérité de parts dans l’entreprise de cosmétiques familiale, la jeune femme est obligée de faire face aux impératifs de la situation. Désireuse de se débarrasser aussi vite que possible de ses responsabilités pour retourner à Madrid, Sofía se heurte à l’autorité d’Ignacio, qui tient à ce que tout soit fait « dans les règles ». Ce dernier nourrit également un mépris à peine voilé pour le style de vie de sa sœur, tandis que lui a toujours pris ses responsabilités familiales et professionnelles au sérieux.
    Le frère et la sœur semblent irréconciliables, et pourtant plus l’épisode avance (…et j’avoue avoir regardé le suivant, aussi, tant qu’à faire), plus il semble inéluctable qu’une certaine cohabitation soit nécessaire, bien qu’elle ne se déroulera pas sans passe d’armes. D’autant que, en s’attardant dans le dressing de son père le soir de l’enterrement, Sofía y a découvert une mystérieuse clé dont elle ignore ce qu’elle ouvre, logée dans un tiroir secret marqué d’un symbole étrange… et maintenant, elle a des questions.

    Outre sa réalisation endiablée, son incroyable actrice principale (Clara Lago, qui porte la série sur ses épaules), et son côté Succession–but-make-it-emo, Limbo–HQLD sème aussi les graines de ce qui pourrait être un très intéressant parcours initiatique pour une jeune femme grandissant et vivant dans un milieu entièrement masculin. Il ne peut être un hasard que la seule femme ayant un rôle potentiellement important dans la série soit elle aussi associée au symbole étrange !

    D’une façon générale, il est assez difficile de prédire où veut aller la série, et c’est aussi quelque chose que j’apprécie. N’hésitant pas à s’arrêter sur une émotion donnée, à se lancer dans des flashbacks sur l’enfance de Sofía, ou à gommer la frontière entre le réel et l’hallucinatoire, Limbo–HQLD n’a d’ailleurs pas envie de se hâter, ni pour résoudre son mystère ni pour faire grandir son héroïne. Et je n’ai pas plus envie de l’y forcer ! Je trouve très agréable qu’une série prenne ainsi le temps de s’arrêter sur le ressenti (à plus forte raison pour une personnalité ayant tendance à l’évitement), plutôt que de se prendre de passion pour des retournements de situation constants. Sofía va être forcée de grandir, sûrement aussi d’apprendre un peu l’autonomie, et c’est, dans le fond, un chemin que je suis bien plus disposée à faire que de regarder des adelphes se poignarder à qui mieux-mieux dans des intrigues corporate.
    Et puis, secrètement, je crois aussi qu’on commence collectivement à se diriger vers un moment où la fiction qui parlera de deuil va se montrer suprêmement nécessaire ; Limbo – Hasta Que Lo Decida prend très au sérieux cet aspect de son sujet. Il n’y a maintenant plus qu’à attendre 2022 pour entamer ce travail avec elle.


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  • Clean plate, full stomach, can’t lose

    15 octobre 2021 à 19:55 • Dorama Chick •

    Le weekend dernier, j’ai regardé le premier épisode d’une « série d’appétit » parfaite, Gohoubi Gohan.
    …Sauf que ce n’est pas d’elle dont on va parler aujourd’hui, parce qu’en réalité, à part que je l’ai trouvée parfaite, il n’y a pas grand’chose à en dire, d’autant que sa diffusion vient à peine de commencer. Mais le visionnage de Gohoubi Gohan m’a mise de tellement bonne humeur que j’ai voulu regarder une autre série d’appétit, et que je me suis retrouvée devant Homeraretai Boku no Mousou Gohan, qui n’est pas parfaite, mais dont j’ai des choses à dire.

    Celles qui me lisent depuis un certain temps auront sûrement remarqué mon goût pour les séries d’appétit (c’est en tout cas le surnom que j’ai donné à ce genre), un type de fiction strictement japonais répondant à un cahier des charges bien précis, mais à l’intérieur duquel on trouve une foule de variations délicieuses. La plus célèbre de ces séries est Kodoku no Gourmet, l’une des rares séries japonaises comptant (à ce jour) 9 saisons. Toutefois, au fil des ans et des reviews, j’en ai mentionné bien d’autres : Gekikaradou, Hana no Zubora Meshi, Hokusai to Meshi Sae Areba, Konya wa Konoji de, Nishiogikubo Mitsuboshi Youshudou, Nobushi no Gourmet, Otoko Meshi, Tokyo Sentimental… j’en oublie sûrement. Et c’est sans compter toutes celles dont il faudrait parler, telle l’adolescente Donburi Iinchou, la touchante Shinmai Shimai no Futari Gohan et la tendre Kinou Nani Tabeta? ; ou celles dont j’ai bien l’intention de parler à un moment, comme Boukyakou no Sachiko dont seulement 11 épisodes sur 12 sont sous-titrés à ce jour… on y est presque, mon brouillon n’a jamais été commencé qu’en 2019 après tout !

    Pourquoi ce genre est-il si prisé sur les écrans japonais, au point que cette litanie de titres ne soit pas du tout exhaustive ?
    Au fil des années et des reviews, j’ai eu l’occasion d’en aborder quelques raisons. Cependant, comme je ne suis pas sadique au point de vous forcer à relire toutes ces reviews juste pour comprendre celle-ci (…quoique, tous les tags sont en bas d’article, ce serait absolument faisable pour qui le voudrait !), je m’en vais vous en toucher deux mots avant qu’on cause de Homeraretai Boku no Mousou Gohan. Et puis aussi, très franchement, parce que mon amour pour ce genre un peu à part est sans cesse renouvelé.

    D’abord, à quoi reconnaît-on une série d’appétit ? Déjà, au fait que très souvent, c’est l’adaptation d’un manga (quoique pas toujours : Netflix, qui évite autant que possible de payer pour la propriété intellectuelle de ses séries, a parfaitement fait sans pour Nobushi no Gourmet), donc on pourrait en premier lieu parler de manga d’appétit. Vu qu’en ces lieux on ne se réclame d’aucune expertise en matière de manga, je laisse ça à quiconque voudrait s’exprimer sur le sujet. Toutefois, sachez : comme de nombreux genres télévisuels, son origine provient d’un autre support.
    Mais surtout, la série d’appétit se reconnaît à une formule qui sert de colonne vertébrale à toutes (ou quasiment toutes) les séries du genre.
    Les choses se déroulent ainsi : on y suit une protagoniste lors d’une journée parfaitement anodine ; cette journée est commentée en voix-off par l’héroïne, qui nous fait part de ses émotions les plus banales, lesquelles incluent, bien-sûr, de la faim… mais cette faim est souvent aussi prosaïque que métaphorique. Il manque quelque chose à sa journée, au sens large. Heureusement, vers la moitié de l’épisode, nous allons passer au repas lui-même, qui a vocation à combler l’appétit ; là encore, la voix-off se donne pour mission de détailler chaque impression à chaque bouchée, et plus largement tout ce que la nourriture consommée peut évoquer comme émotions simples ou, parfois, plus complexes. Ce repas peut être cuisiné par l’héroïne elle-même, ou consommé dans un restaurant/café/etc., ou même préparé par une proche… peu importe. L’essentiel, c’est qu’il s’agit toujours d’un moment de satisfaction à la fois prosaïque (l’estomac est rempli) et spirituelle (le contentement vient aussi d’avoir vécu toutes ces émotions en mangeant).
    Et la semaine prochaine, même chose ? Même chose.

    Est-ce répétitif ? Eh bien curieusement, jamais vraiment. Ni à l’intérieur d’une même série (quand bien même elles sont très peu feuilletonnantes, voire pas du tout pour bon nombre d’entre elles), ni d’une série à une autre.
    Les séries d’appétit ont en effet chacune leur angle d’approche bien particulier, le rapport de chaque personnage à la nourriture étant la manifestation d’une façon de vivre, d’une personnalité, d’une attente particulières… et d’un budget spécifique, aussi. Une étudiante sans le sou mais culinairement érudite ne cuisinera pas la même chose qu’une femme au foyer flemmarde qui s’ennuie toute la journée à la maison ; une adolescente psychorigide ne développera pas de l’appétit pour les mêmes plats qu’un VRP au palais fin ; un nouveau retraité épanoui ne cherchera pas le même type de restaurant qu’un employé insécure en début de carrière ; deux demi-soeurs venant d’emménager dans la même maison n’aspireront pas aux mêmes mets qu’un couple d’hommes vivant ensemble depuis des années.
    Les séries d’appétit japonaises ont parfaitement compris que la nourriture n’était pas, humainement, culturellement et/ou socialement, que de la nourriture (chose que d’autres séries culinaires, à l’instar de Shinya Shokudou ou plus récemment Snack Kizutsuki ont parfaitement assimilé, bien qu’en suivant une structure différente). C’est le reflet d’un million d’autres choses, relevant à la fois de l’universel et de l’intime.
    Et c’est bien pourquoi je me tue à dire qu’il n’y aucune, AUCUNE raison valable pour qu’on n’ait pas un jour une série d’appétit française. Avec notre culture culinaire ?! Productrices  françaises, engagez-moi, je suis bon marché. Oh ça va, partez pas, quoi, je plaisante !

    D’ailleurs puisqu’on en parle, il y a d’autres facteurs expliquant la pléthore de séries d’appétit à la télévision japonaise. L’un d’entre eux, et non des moindres, est que c’est fondamentalement un sous-genre télévisuel peu coûteux. Les productrices françaises qui me lisent ont décidé de rester un peu…
    Au Japon, rappelons qu’il y a 4 saisons télévisuelles par an : tous les trois mois, les grilles des chaînes en matière de fiction sont entièrement renouvelées (à deux-trois séries près, majoritairement sur la NHK où une case horaire accueille une série de 6 mois, l’asadora ; et une autre case horaire abrite une série annuelle, le taiga). Cela signifie 4 rentrées télévisuelles par an (même si avec l’arrivée de Netflix, Hulu et autres Amazon Prime, les lignent bougent un peu). Voilà qui implique de produire jusqu’à 200 séries par an, tous diffuseurs confondus (y compris les petites chaînes du câble peu friquées). Or, vous croyez vraiment qu’on peut lancer de la fiction à grand budget 200 fois par an ?! Et encore, dites-vous que je n’inclus pas les téléfilms (dits SP) dans mon calcul.
    Eh bien la série d’appétit, c’est une excellente façon de balancer son budget. C’est peu cher à produire (peu de décors en propre, il « suffit » de louer un véritable restaurant pour un épisode donné… d’ailleurs si vous êtes futée, vous faites ce que fait Kodoku no Gourmet et vous servez en même temps de guide touristique ; décidément ils sont forts, ces Japonais), la distribution est généralement très réduite (une protagoniste centrale, éventuellement deux, et le reste c’est éventuellement une affaire de guests… if that), et peu d’action à filmer (au moins la moitié de l’épisode se déroule à table). Et hop, ça vous remplit aisément une case d’une demi-heure !
    Et la semaine prochaine, même chose ? Même chose.

    Je déguste depuis des années, maintenant, diverses séries d’appétit japonaises, et je ne m’en lasse pas. Il y a une série d’appétit pour chaque occasion, pour chaque humeur, pour chaque émotion (…pour chaque cible marketing). Et, parce que leur structure tourne entièrement autour de la satisfaction d’un besoin (généralement plusieurs), elles sont incroyablement satisfaisantes à regarder… à condition de ne pas avoir le ventre vide. Quoique, dans les périodes où je ne peux pas manger, je regarde certaines de séries pour compenser, ça peut marcher aussi selon votre personnalité.

    Et ce weekend, j’ai donc commencé Homeraretai Boku no Mousou Gohan, (My imaginary meal to be praised de son titre anglophone) une série d’appétit qui a trouvé, comme les autres, son angle à elle, son type de plats à elle, et son émotion à elle.

    Le protagoniste est un jeune homme du nom de Masao Wada, dont le boulot consiste à intervenir sur des infrastructures informatiques pour le compte de sa compagnie, mais qui a aussi une autre occupation à côté de ça, puisqu’il joue de la basse au sein d’un groupe qui se produit régulièrement dans un bar, le soir. Cela signifie que l’emploi du temps de Masao est toujours très chargé, et qu’il passe ses journées à courir de client en client, puis au bar où son groupe joue, et qu’il rentre toujours chez lui très tard. Le premier épisode de Homeraretai Boku no Mousou Gohan nous montre la course permanente à laquelle se prête Masao au cours d’une journée typique. Il vit en permanence dans le stress, et se sent isolé (même son groupe n’est pas exactement constitué d’amis proches). D’ailleurs dans cet épisode d’exposition, il admettra être célibataire depuis 3000 jours, et j’ai fait le calcul, ça équivaut à un peu plus de 8 années. Avec ce rythme infernal, comment pourrait-il en être autrement ?!
    Tout ce à quoi il aspire, à la fin de la journée, c’est à se poser chez lui avec quelques victuailles (achetées à la dernière minute avant que la supérette où il a ses habitudes ne ferme), et à se préparer un repas délicieux, au calme, en laissant libre cours à sa créativité. Ce qu’illustrent parfaitement le changement d’éclairage et l’arrivée d’un accompagnement musical de jazz. Dans ces moments qui enfin n’appartiennent qu’à lui, il est soudain plein d’assurance, confiant dans son expertise, serein et… et pas seul. Il s’imagine en effet cuisiner pour sa petite amie imaginaire, qui admirerait ses talents de chef puis partagerait son repas avec lui.
    D’ailleurs parfois, il se perd tellement dans ses rêveries qu’il cuisine pour deux. C’est pas grave, au pire il se resservira…

    Si vous pensez que Homeraretai Boku no Mousou Gohan, dans son élan, a pris un virage doux-amer surprenant, vous avez totalement raison. De toutes les séries d’appétit que j’ai vues, et comme vous l’aurez compris ça commence à faire un paquet, c’est vraiment la plus mélancolique du lot.
    Connaissant l’approche de cette série, j’ai passé une grande partie de la deuxième partie, celle pendant laquelle Masao cuisine, à redouter le moment où l’illusion allait irrémédiablement s’évaporer. Il n’y a, bien entendu, pas de petite amie à ses côtés, ni quand il cuisine ni quand il dîne… mais à quel moment va-t-il s’en rendre compte ? Parce que Masao n’est pas quelqu’un qui vit avec une petite amie imaginaire, pas vraiment ; il est juste seul et fatigué et démotivé.
    De la même façon que son estomac a temporairement besoin d’un repas chaud, son cœur a besoin de ressentir un peu de chaleur, lui aussi. Et je ne sais pas comment vous, vous gérez le sentiment de solitude quand il se présente… mais je ne trouve pas les illusions de Masao tellement surprenantes. Si je n’avais pas de chat avec lequel converser en cuisinant, ou avec lequel partager un snack, qui sait ? Peut-être que je m’imaginerais parfois avoir de la compagnie, surtout les soirs les plus froids…

    Toutefois, Homeraretai Boku no Mousou Gohan ne perd pas de vue le cahier des charges de la série d’appétit : tout besoin doit être satisfait. Au moins temporairement.
    Culinairement, la mission est remplie, de toute évidence (…d’ailleurs comment n’ai-je jamais pensé à faire cuire mon riz avec des morceaux de maquereau dedans ? affaire à suivre ! par contre le pot-au-feu à la tomate, je ne peux pas cautionner), mais émotionnellement ? Qu’on se rassure, la désillusion sera de courte durée. Homeraretai Boku no Mousou Gohan est bien décidée à offrir la satisfaction tant promise, après tout ça fait partie de la recette de son genre télévisuel. Une fois son repas fini et la petite amie idéale évaporée, Masao reçoit un appel surprise de son amie d’enfance Tomoko. Elle a déménagé aux USA récemment et n’a pas pu donner de nouvelles depuis plusieurs semaines, mais toutes les deux partagent, au beau milieu de la nuit, pendant que Masao a le nez au-dessus de ses fourneaux, une conversation à la fois banale et rassérénante. Ouf ! Masao n’est pas tout-à-fait seul dans la vie.
    Le contrat est rempli, parce que le cœur l’est aussi.

    La mélancolie qui teinte une partie de l’épisode inaugural de Homeraretai Boku no Mousou Gohan a de quoi surprendre, dans un genre en apparence aussi feelgood que la série d’appétit. Et pourtant, ça fonctionne, comme d’autres approches douces-amères ont pu fonctionner par le passé : le héros de Konya wa Konoji de se liant à de parfaites étrangères le temps d’un seul repas, par exemple, ou celui de Tokyo Sentimental allant d’échec amoureux en échec amoureux sans jamais se lasser de tomber sous le charme d’une nouvelle jeune femme. La plupart des héroïnes de séries d’appétit, après tout, sont de grandes solitaires (d’ailleurs Kodoku no Gourmet signifie… « le gourmet solitaire »). Nous sommes les seules à partager leurs pensées les plus intimes au cours de ces épisodes. Et ne sommes-nous pas, nous-mêmes, bien souvent seules devant notre écran devant ces séries ?
    Quelle serait la valeur d’une série feelgood si elle ne parlait que de ce qui va bien ! Derrière l’expérience en apparence anodine (la série d’appétit est avant tout une chronique du quotidien, empruntant souvent ses plans de confection et/ou de dégustation à la slow TV), il y a quelque chose de profondément… j’allais dire « confortable » dans une série capable de vous infliger un petit pincement au cœur puis vous remettre immédiatement sur pieds. On ressort de Homeraretai Boku no Mousou Gohan pas tout-à-fait guillerette, mais les batteries suffisamment rechargées pour affronter, nous aussi, un quotidien qui n’est pas toujours facile. Être capable de trouver de la joie dans ce quotidien, un bol de mijoté de porc à la fois.
    Vous savez quoi ? La série d’appétit, c’est du self-care.

    La réalité c’est que les séries d’appétit sont des séries originaires du Japon pour de bonnes raisons : il s’agit d’une culture télévisuelle où il est courant de traiter les spectatrices comme à des personnes avec une vie intérieure. La fiction japonaise, dans sa grande majorité, s’adresse à son public comme on s’adresse à des êtres humains (d’où le taux très élevé de séries dites « human drama » sur ces écrans) qui sont capables d’avoir des hauts et des bas, des émotions parfois intenses et parfois bénignes, qui sont en quête d’une catharsis autant que d’un passe-temps… Bref, la télévision japonaise ne rejette pas l’idée qu’une téléphage puisse être complexe, même quand une série donnée n’a pas toujours besoin de l’être. Chaque émotion lentement détaillée et chaque bouchée délicatement savourée en sont le reflet.
    Derrière l’apparente simplicité de ces séries, il y a une volonté nette d’autoriser une protagoniste (et à travers elle une spectatrice), pendant une demi-heure, à éprouver/exprimer de la frustration, de l’insatisfaction, de la tristesse ou toute autre émotion négative passagère… puis d’offrir une conclusion positive qui vienne d’un acte simple : manger quelque chose de bon. Parce que c’est une partie du rôle de la nourriture dans nos vies, dans le fond.
    C’est alors une soupe de légumes chaude avec des pâtes alphabet que la télévision vous offre à la fin d’une longue journée pluvieuse, prenant soin d’accepter que la journée n’était pas joyeuse, mais qu’elle n’est pas encore finie et peut s’achever sur une note plus rassurante.

    Homeraretai Boku no Mousou Gohan accomplit exactement cela : accepter que son héros se sente seul, stressé et sans vrai contrôle sur son quotidien… mais le rendre capable de trouver quelque chose qui lui permette d’aller de l’avant. C’est pourquoi, malgré la désillusion ressentie quand sa petite amie imaginaire disparaît, la série ne s’arrête pas. Il ne va pas se laisser abattre, on ne va pas se laisser abattre. Il y a tant de choses délicieuses à goûter, même (…surtout ?) quand on a un peu le cafard, pour nous réchauffer l’estomac et le cœur. Il ne dépend que de nous de faire un bon repas, parfois avec pas grand’chose (il y a forcément une série d’appétit qui colle à notre personnalité et notre budget !) pour repartir de plus belle.
    Et la semaine prochaine, même chose ? Même chose.

    Je révise ma position initiale : Gohoubi Gohan est bien une série parfaite… mais, d’une façon légèrement différente, Homeraretai Boku no Mousou Gohan l’est tout autant.


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  • Halt and catch communism

    10 octobre 2021 à 23:27 • Dorama Chick •

    Les comparaisons simplistes, c’est le mal. Je l’ai toujours dit et je ne reviendrai pas dessus : comparer une série à une autre sur la base d’éléments superficiels (par exemple elles appartiennent au même genre, ou bien ont un trope en commun), c’est le meilleur moyen d’induire les gens en erreur… et passer pour une abrutie. Surtout si c’est pour toujours comparer les séries à une dizaine de références grand maximum.

    Alors croyez-moi, je mesure vraiment mes paroles lorsque je vous annonce que la série dont il est question aujourd’hui n’est rien moins qu’un pendant chinois à Halt and Catch Fire.
    Mais je ne vais pas juste vous l’annoncer ! Aujourd’hui, je vous explique ce qui fait l’intérêt de la série Qi Hang, proposée cet automne par la plateforme WeTV/Tencent… y compris, mais pas exclusivement, cette très alléchante parenté.

    Qi Hang (ou Our Times de son titre anglophone) est une adaptation d’un roman éponyme retraçant les hauts et les bas des carrières de plusieurs entrepreneurs chinois, se lançant entre autres dans les télécommunications. A travers leur parcours, l’idée est de détailler une période charnière pour l’histoire chinoise, et notamment dans son économie. Cette période n’est pas la même que pour la série américaine : Halt and Catch Fire démarrait son intrigue en 1983, quand Qi Hang débute en 1991… mais j’ai bien précisé que l’une était un pendant de l’autre. Pas qu’il s’agissait d’une redite parfaite ou d’une adaptation !

    Qi Hang a pour héros principaux deux jeunes hommes, étudiants de l’université de Pékin inscrits dans la filière Informatique et Technologies. Chuang Xiao, confiant en lui jusqu’à l’excès et débrouillard, et Qing Hua Pei, sage surdoué venu de la campagne, se sont rencontrés par hasard, tout simplement lorsque, à la rentrée, une chambre commune leur a été attribuée au sein de la résidence universitaire. Lorsque commence la série, le temps a passé depuis lors, et ils ont noué une véritable amitié. Avec trois autres de leurs amies étudiantes, ils ont même lancé un petit trafic de cartes-mères, qui grâce à l’audace de l’un et l’intelligence de l’autre, permettent d’utiliser des caractères chinois sur des ordinateurs fabriqués à l’étranger.
    Le problème c’est que d’une part, c’est du marché noir, et d’autre part… eh bien euh, Chine communiste, quoi.

    Sauf que. Sauf qu’il y a quelque chose dans l’air. Les temps sont en train de changer. Les années 90 sont le théâtre de réformes profondes, engagées pour relâcher un peu le monopole d’Etat. Les autorités organisent des rencontres avec des entrepreneurs, certains pôles universitaires s’allient à des entreprises privées… clairement, les lignes bougent.
    Pendant ce temps, le premier épisode de la série suit les retombées du petit trafic des 5 amies (car des retombées ne vont pas tarder), mais aussi la ténacité du directeur de leur filière, le professeur Qi Zhang Tan. En effet, celui-ci veut absolument instaurer un partenariat public-privé avec une société étrangère d’informatique, afin de combler le retard chinois dans ce domaine, et ainsi booster la recherche en informatique. Il rencontre la résistance du président de l’université, qui est encore assez réfractaire à ce genre d’initiatives, à plus forte raison pour un secteur encore très jeune comme l’informatique. Naturellement, il finira par céder, sinon il n’y a plus de série !
    Le timing de ces deux intrigues conduira Chuang et Qing Hua à se retrouver en première ligne des innovations informatiques de leur université et de leur pays.

    C’est toujours avec joie que je découvre les premières images d’une série portant sur un sujet dont j’ignore tout. Et en l’occurrence, il faut bien le dire, l’Histoire chinoise ne fait pas exactement partie des priorités de notre éducation (et en 1991, pardon, mais j’étais bien trop petite pour comprendre ce qui a pu éventuellement s’en dire au journal télévisé). J’ai donc tout à apprendre de Qi Hang.
    …Alors évidemment, c’est un enthousiasme qui se doit d’être modéré. On n’apprend pas d’une série comme on apprend de cours d’Histoire : la fiction rend, par définition, le travail de documentation imparfait. Qui plus est (et il est des pays d’origine qui suscitent la méfiance plus que d’autres…), une fiction n’est jamais apolitique, et il est souvent très difficile pour des spectatrices étrangères d’en déceler tous les biais, encore plus lorsqu’on connaît mal son sujet.
    Mais force est de constater que je ne vais pas retourner sur les bancs de l’école de sitôt, même en imaginant que les programmes prennent en compte l’Histoire économique de la Chine dans les années 90 pendant plus de trois paragraphes, aussi Qi Hang est-elle une formidable découverte. Ce genre de séries explique mon appétit pour les fictions du monde entier. Et, vous le voyez, c’est là que s’arrêtent les comparaisons avec des séries comme Halt and Catch Fire : sur le principe, oui, il est question des débuts de l’informatique, mais ce qu’ont à raconter les deux séries est totalement différent. ¨Complémentaire, peut-être. En tout cas j’ai obtenu votre attention, et c’est, dans le fond, toujours un peu l’idée derrière les comparaisons simplistes.

    En plus, la série est vraiment bien gaulée. Voilà qui ne gâche rien ! Elle fourmille de références (y compris cinématographiques), s’enorgueillit d’un travail musical impeccable, et son style visuel est entièrement dédié à retranscrire l’ambiance d’une époque (à cet égard, la séquence d’ouverture de la série est un travail d’orfèvre). Il y a un mélange d’excitation et de nostalgie dans Qi Hang, qui doit beaucoup au fait qu’on y laisse aussi une large place à l’amitié entre deux jeunes hommes qui ont toute leur vie devant eux. Chuang Xiao et Qing Hua Pei ne pourraient pas être plus différents, mais tous les deux sont, à leur façon, brillants. Quel meilleur moment pour être plein d’énergie et d’avenir qu’une période pendant laquelle le pays lui-même semble plein d’énergie et d’avenir ?
    Toutefois, leur relation comme leur sort n’est pas nécessairement dépeint avec un optimisme forcené. Lorsqu’au cours de ce premier épisode, le président de l’université estime que le trafic de carte-mères nécessite des mesures draconiennes, et décide du renvoi pur et simple de Chuang et Qing Hua, leur avenir semble au contraire très compromis. Chuang s’aperçoit que le trafic ne lui a pas créé que des amis, et Qing Hua, qui vient d’une famille provinciale pauvre, n’a pas d’autre choix que d’accepter le premier emploi manuel venu. C’est sûrement la partie la plus désœuvrante de l’épisode, et quand bien même il est tombée sur une conseillère compréhensive, elle lui fait comprendre que ses aspirations personnelles n’ont aucune importance. Le cœur en miettes, il se prépare donc à accepter un destin qu’il ne pensait pas être le sien… mais bien-sûr ce n’est que le premier épisode. D’autant que la série ambitionne de retracer l’évolution de ces deux personnages sur pas moins de 3 décennies !

    Dans une certaine mesure, Qi Hang semble parfois se montrer, sinon critique, au moins précautionneuse quant au communisme. La série embrasse avec ardeur les promesses du capitalisme, et ses personnages dans leur grande majorité ont peu de foi dans les principes politiques chinois d’alors. C’est cohérent avec leur domaine de prédilection, l’informatique, dont les possibilités semblent illimitées, mais il est assez rare qu’une série (même sur une plateforme comme celle de Tencent) fasse autant l’apologie de l’individualisme et l’enrichissement personnel, quitte à ce que ce soit au détriment de la collectivité. Seul le président de l’université, à ce stade, se montre résistant à l’attrait d’une économie libérale, mais il apparaît comme une figure dépassée par le potentiel réel de ce qui se passe dans sa propre université. Sa prudence semble aussi surtout reposer sur une méfiance envers les entreprises étrangères, qui sont (monopole d’Etat oblige) les options principales avec lesquelles lancer des partenariats publics-privés à ce moment-là. Et après tout, est-ce étonnant ? L’auteur du roman dont la série est tirée a, lui-même, été formé dans les universités publiques environ à la même époque, et fait partie des premiers entrepreneurs chinois dans le domaine des technologies… bien qu’avec un succès différent.

    Dés ce premier épisode, qui pourtant a fort à faire en matière d’exposition (et encore, il y a des personnages qui ne sont pas encore arrivées), Qi Hang pose donc de passionnantes questions sur l’équilibre entre une ouverture commerciale d’un pays communiste sur un monde capitaliste, et ce que peut coûter la préservation à tout crin de la doctrine communiste. Son idéalisme n’est pas forcené, mais semble être le carburant des intrigues à venir.
    Ce n’est pas franchement un sujet que les séries de tous les pays peuvent traiter !


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  • Question de vie ou de mort

    10 octobre 2021 à 23:24 • Review vers le futur •

    Avec ses épisodes courts (entre 15 et 20 minutes chacun), Good Grief n’a pas de temps à perdre, mais c’est sûrement pour cette raison que son premier épisode est d’une efficacité à toute épreuve. Cette comédie néo-zélandaise ravira en outre les amatrices d’humour noir, puisque la série suit les tribulations de deux sœurs qui héritent, à la mort de leur grand-père, de la compagnie de pompes funèbres qu’il dirigeait.

    Ellie et Gwen sont très différentes, et d’ailleurs elles n’étaient pas proches de la même façon de leur koro, mais quand celui-ci passe de vie à trépas, il apparaît rapidement que l’entreprise familiale est la seule chose de valable dans leur vie.

    Grâce à une exposition maligne, Good Grief ne perd pas une minute : elle nous explique en deux temps, trois mouvements, qu’Ellie est la plus responsable des deux (même si tout est relatif) et que Gwen est celle qui a le plus d’assurance (même si son manque de volonté et d’ambition l’empêchent d’en faire grand’chose). Toutes les deux font rapidement la connaissance des trois employées de feu leur grand-père : Dean, un comédien qui se pense indispensable et apprécie peu de n’avoir pas hérité de la compagnie ; Sharyn, en charge de la restauration et peu futée même si elle gère aussi les finances (mais c’est parce qu’elle est Vierge) ; et Beau, qui s’occupe de toutes les taches ingrates et n’a pas l’air très futé. Une bande de bras cassés, mais ce n’est pas grave : de toute façon, les deux sœurs veulent vendre l’entreprise le plus tôt possible…

    …Sauf qu’évidemment ce n’est pas si simple. Déjà parce que Loving Tributes (c’est le nom de la compagnie) n’est pas franchement l’entreprise de pompes funèbres la plus appréciée dans les environs, ce titre revenant à la société concurrente Trinity Meadows. Pour réussir à vendre l’entreprise, il faut donc trouver un acheteur, et ce n’est pas gagné d’avance.
    Mais surtout, parce qu’il apparaît très vite que ni Gwen ni Ellie n’ont grand’chose d’autre dans leur vie. Ellie, en particulier, apprend en ouverture de ce pilote qu’elle a été renvoyée de l’école primaire où elle enseignait, suite à un… appelons ça un regrettable incident. Quant à Gwen, tout ce qu’elle veut c’est toucher l’argent de la revente pour réaliser son rêve de devenir… DJ à Bali, parce que de son propre aveu elle refuse de travailler.
    Mené tambour battant, le premier épisode de Good Grief nous introduit donc à tout ce petit monde, tout en multipliant les situations légères, paradoxalement. L’humour de Good Grief consiste en grande partie à prendre la mort à la légère (bien aidée par son utilisation d’airs désuets joués au piano), tout en cumulant les situations embarrassantes. Mais étrangement, cet embarras n’est pas humiliant ; ici il s’agit moins de ridiculiser les personnages que de les mettre face au manque de direction de leur vie. Le malaise vient du fait qu’elles sont en improvisation totale dans une série de situations chaotiques (c’est juste que l’une est chaotic good et l’autre chaotic evil). Quel meilleur endroit pour prendre des décisions pour sa vie qu’un lieu où défilent les morts ?

    Good Grief a l’intention de les forcer non seulement à coopérer, ce qui ne sera pas aisé, mais aussi à prendre des décisions au sein de Loving Tributes, où clairement l’avenir les attend (même si c’est aussi là que s’arrête l’avenir de plein de clientes). Et la bonne nouvelle c’est que la série, lancée janvier dernier en Nouvelle-Zélande dans une relative confidentialité, est déjà assurée d’en détailler la progression grâce aux diffuseurs étasuniens IFC et Sundance Now, qui ont acquis les droits de la saison 1 et investi d’ores et déjà dans une saison 2. La presse néo-zélandaise, bien-sûr, prédit déjà à la série un sort à la Flight of the Conchords.
    Je n’irais pas jusque là : ce premier épisode (effectivement tourné sur un budget très serré ; il doit y avoir des Vierges au sein de la production) est enlevé et efficace, mais pas franchement révolutionnaire. Peut-être faut-il à la série un peu de temps pour se distinguer ? La bonne nouvelle, c’est que contrairement aux clientes de Loving Tributes, elle en a plein devant elle… du temps.


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