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    8 octobre 2021 à 20:37 • Telephage-o-thèque •

    En préparation du lancement de la comédie américaine Ghosts, je me suis lancée plus tôt cette année dans un visionnage de la version britannique qui en est à l’origine, et qui à ce jour compte 3 saisons. Au départ, l’idée était simplement de regarder le premier épisode et de s’arrêter là ; mais étant donné que je ne regarde pas beaucoup de comédies depuis quelques temps, finalement il est apparu je n’avais rien à perdre à me lancer dans une intégrale.

    Même si aujourd’hui, on va effectivement se lancer dans une rétrospective de ces trois saisons de Ghosts, et même toucher quelques mots du pilote de l’adaptation américaine, il me faut cependant vous prévenir : je suis loin d’être fan. En fait, l’une des raisons pour lesquelles j’ai poursuivi mon visionnage aussi loin est que… j’attendais désespérément que quelque chose m’accroche. Eh oui, même à moi il arrive d’être patiente. Ou masochiste, selon le point de vue.

    Après cette introduction sans nul doute alléchante, commençons par établir de quoi parle Ghosts, la comédie britannique de 2019 : un couple, Alison et Mike, essaie de se loger, mais vu la gueule du marché de l’immobilier, leur budget ne leur permet rien de très excitant. Alors qu’elles s’apprêtent à baisser les bras, Alison apprend le décès d’une grande tante dont elle ignorait l’existence. Miraculeusement, celle-ci laisse comme héritage un manoir ! Il y a, évidemment, des clauses en petits caractères dans cette révélation : la demeure est dans un état terrible, pour commencer. Alison et Mike, qui comme on l’a établi ne roulent pas sur l’or, vont devoir essayer de rénover l’endroit avec les moyens du bord. Ah, et aussi, le manoir est fabuleusement hanté, comme tout bon manoir centenaire qui se respecte.
    Mais les ennuis ne commencent vraiment que lorsque, après une chute, Alison commence à être en mesure de voir et entendre les fantômes qui occupent la résidence.

    Le premier constat qu’il me faut faire à propos de Ghosts, c’est que… au-delà de son synopsis, la première saison n’a pas grand’chose à offrir. Sans donner tout-à-fait dans le formulaic, la série n’essaie pas vraiment d’introduire de fil rouge, ni sur un arc ni sur une saison (et du coup encore moins sur la série). Je ne m’attendais pas, vu le sujet ou le format, à une série dotée d’une mythologie ultra-complexe ; mais j’espérais au moins que la série essaie de raconter autre chose, semaine après semaine, que « les fantômes sont impossibles à vivre, Alison et Mike galèrent avec la maison, voyons comment ce petit monde va quand même cohabiter ». En soi, cet enjeu n’est pas mauvais, c’est juste qu’il est parfois insuffisant pour s’impliquer durablement dans la série, parce qu’il est quand même répétitif. Comme en plus Mike accepte très vite qu’il y a des fantômes que sa femme peut voir mais pas lui, on élimine beaucoup de situations potentielles qui auraient pu prendre le temps d’être développé ; ç’aurait été une problématique cliché, je vous l’accorde, mais au moins cela nous aurait fourni des situations à résoudre. Là, il n’y a rien de tel. D’épisode en épisode, les mêmes problèmes trouvent les mêmes solutions… ou n’en trouvent pas, de façon à se poser à l’identique la semaine suivante. Personnellement, ça m’a laissée sur ma faim…

    « Bah alors », vous apprêtez-vous à objecter (ne niez pas, je vous connais), « peut-être que la série est tout simplement une comédie sur la vie ensemble ». Oui et non, car cela ne prend vraiment forme qu’à partir de la deuxième saison.
    A ma grande surprise, Ghosts joue très peu la carte de l’attachement dans un premier temps. Cela ne veut pas dire qu’Alison reste insensible au charme de celles qui hantent les couloirs de son habitation, c’est juste que les épisodes font rarement usage du lien qui se tisse. Même ça, ce n’est pas un fil rouge avant, je dirais, la fin de la saison 2. La plupart du temps, c’est même profondément contradictoire avec l’intrigue des épisodes, qui tournent presque tous autour du fait que les fantômes rendent la vie impossible au couple vivant.
    Par exemple en fin de saison 1, Alison et Mike se voient offrir une opportunité unique : au lieu de bosser à la réfection du manoir (en plus de leur boulot à temps plein), ce qui étant donné leurs finances pourrait prendre des années, une chaîne hôtelière leur propose de racheter la propriété. L’offre semble alléchante, sauf qu’évidemment, les fantômes n’ont aucune envie d’être dérangés par des hordes d’employées et de clientes, et essaient donc de mettre fin aux négociations de vente. Sur la fin de l’épisode, Alison reconnaît que ça lui fait de la peine de les laisser derrière, mais qu’elle et Mike n’ont pas trop le choix… mais c’est tout. Pourquoi ça lui fait de la peine ? La série ne le dit pas vraiment, vu qu’Alison se plaint tellement des fantômes le reste du temps. Ils n’ont pas que des mauvais côtés, mais ils montrent quand même rarement les autres !
    Lorsque, à partir de certains épisodes de la saison 2, Alison semble s’attacher aux fantômes, cela reste assez peu expliqué. Qu’ont-ils de si appréciable ? C’est du cas-par-cas, d’autant qu’Alison a des relations avec certains plus qu’avec d’autres. Par exemple Thomas, le poète maudit, est fou amoureux d’elle, et passe son temps à le lui faire savoir… ce qui la pousse à le recadrer régulièrement. Ou bien Kitty, la jeune femme noble pleine de naïveté et de bonne humeur, a décidé qu’Alison était sa meilleure amie, et celle-ci doit donc régulièrement lui accorder de l’attention, parfois à son corps défendant. A contrario, Alison n’a quasiment aucune interaction avec quelqu’un comme Fanny, une vieille femme grincheuse et psychorigide, ou Sir Humphrey, un noble décapité dont l’essentiel des activités quotidiennes consiste à tenter de réunir son corps et sa tête, généralement sans que quiconque lui prête de l’attention et encore moins de l’aide.
    Cela limite encore plus les effets de l’affection supposément ressentie que de voir qu’en réalité, elle ne s’applique qu’à une partie de la population fantôme du manoir.

    Pourtant tout au sujet de Ghosts tend à indiquer que la série repose plus sur l’affectif que sur l’humour à proprement parler. Cela rend d’autant plus rageantes ses hésitations à explorer ses personnages pour nous donner envie de les prendre en affection !
    La saison 1 ne comporte que deux intrigues de ce type, et encore, Ghosts humanise alors en priorité ceux sont déjà les plus sympathiques ! Pat, le chef scout bienveillant des années 80, et Robin, l’homme des cavernes joueur d’échecs, sont les deux fantômes les plus intelligents du lot (Pat étant plutôt intelligent sur un plan émotionnel, et Robin plutôt un intellectuel, ce qui est d’ailleurs une jolie distortion du stéréotype habituel sur son époque). Quand bien même ils ne sont pas sans défauts, ils sont clairement les deux personnages dont on avait le moins besoin de nous expliquer pour quelle raison ils pourraient se montrer attachants avec le temps.
    Malgré cela, pendant un long moment, les fantômes ne sont pas très développés. Ce que nous savons de leur personnalité sera rarement détaillé ou nuancé : Kitty est une jeune femme noble avec un gros déficit d’affection, toujours en quête de l’amitié et l’approbation d’autrui (surtout Alison) ; Fanny est une ancêtre lointaine d’Alison très snob et à la critique facile ; Mary est une paysanne peu cultivée à qui il faut tout expliquer en permanence ; Thomas est un poète convaincu d’être un grand artiste mais qui passe surtout le plus clair de son temps dans la horny jail (et qui a jeté son dévolu sur Alison… oui, même sachant qu’elle est mariée) ; le Capitaine est un militaire qui voit tout par le prisme de la guerre et/ou de la stratégie ; Julian est un politicien plein de vices qui est d’ailleurs mort avec son pantalon sur les chevilles ; et bien-sûr Pat et Robin que j’ai déjà mentionnés. Il y a quelques fantômes supplémentaires, comme les fantômes qui vivent dans la cave parce que c’est là que se trouve leur fosse commune remontant à l’épidémie de peste, mais leurs apparitions sont sporadiques (et je ne pense pas qu’on les ai montrés ni évoqués après la saison 2). Une fois que vous savez ça, vous savez tout ce qu’il y a à savoir des fantômes, dans les grandes lignes.

    Fort heureusement, ça s’arrange à partir de la saison 2. Il y a quelques épisodes pendant lesquels la série s’autorise quelque chose d’un peu plus touchant, comme par exemple un fantôme qui est triste de ce qu’il a laissé derrière lui en mourant, ou de la nostalgie face à tout ce qui a changé depuis son vivant… Hélas il faudra vraiment faire preuve de patience pour que la série essaie d’enrichir ses portraits au lieu de jouer la répétition.
    Par exemple il est établi très tôt que le Capitaine est un homosexuel refoulé, donc quand, après quelques épisodes, il se prend d’affection pour un personnage masculin de passage, on a droit à une répétition des mêmes gags proposés précédemment. En outre, notre Capitaine n’a pas fait de coming out même après des décennies passées dans le manoir avec les autres fantômes, aussi on n’obtiendra pas vraiment une réaction de la part des autres personnages, à qui il n’est jamais donné l’occasion de rebondir sur le sujet (bien qu’il semble que ce soit un secret de polichinelle). Du coup, si ni le scénario ni les personnages dans ce scénario ne s’y intéressent, pourquoi en tant que spectatrices le devrions-nous ? Ce n’est pas toujours clair, surtout que beaucoup de ces tentatives ne suscitent pas plus l’émotion que le rire. Alors au juste, qu’est-ce qu’on fait là ?

    Je me suis longtemps posé la question. A mon sens, ces défauts commencent vraiment à être gommés à partir de la saison 3, sans conteste la plus réussie, peut-être parce que c’est celle qui hésite le moins à donner dans le tear jerker. Or c’est aussi la première saison pendant laquelle j’ai réellement ri, et je crois sincèrement que c’était ce qui lui manquait : un équilibre.
    Plus que toute autre, la saison 3 de Ghosts (et à ce jour la dernière, même si son équipe de production se dit prête à rempiler) propose un fil rouge : l’apparition de Lucy, la demi-soeur qu’Alison ignorait avoir. C’est l’occasion pour la série de tisser une vraie relation entre les deux femmes, fragile mais avec une intéressante évolution. En outre l’existence de Lucy pose, bien-sûr, des questions juridiques et morales quant à l’héritage du manoir (lequel est toujours un gouffre financier, et d’ailleurs c’est vraiment appréciable de voir Ghosts parler d’argent, plus précisément d’argent qui manque), ce qui permet de préserver les enjeux des deux saisons précédentes. En parallèle, Alison est désormais entourée de ses fantômes avec plus de complicité que jamais, et la dynamique « les fantômes sont impossibles à vivre, Alison et Mike galèrent avec la maison, voyons comment ce petit monde va quand même cohabiter » se transforme en une routine chaleureuse et confortable, toutes les personnes impliquées consentant un effort pour que la vie soit un peu plus supportable. Ou la mort, c’est selon. Au point qu’au moins trois intrigues (sur six) utiliseront à leur avantage le fait que Mike est, bon gré mal gré, exclu de la plupart des interactions avec les fantômes.

    Il faut donc du temps à la série britannique Ghosts pour trouver un équilibre, et le ton juste. Ce qui incite à regarder la version américaine, qui a débuté hier soir, avec prudence également.
    Dans les grandes lignes, l’adaptation pour CBS est plutôt fidèle. Le double épisode d’hier suit d’assez près l’intrigue des deux premiers épisodes de la série de BBC. A une exception près, et non des moindres : Ghosts l’Américaine évite soigneusement de parler d’immobilier ou de questions d’argent. Samantha et Jay ne sont même pas en train de chercher à se loger quand démarre la série, et l’héritage d’une propriété leur apparaît donc plutôt comme une option à explorer ou non, pas une opportunité de la dernière chance. A l’exception d’un bref moment pendant lequel Jay, dans le deuxième épisode, indique avoir dépensé toutes les économies du couple (ainsi qu’épuisé les fonds disponibles sur les cartes de crédit) pour lancer les travaux dans la maison, on dirait que cette nouvelle version veut gommer l’aspect financier de l’intrigue.

    Mais c’est surtout du côté des fantômes qu’il y a du changement. Il était évident que ceux-ci appartiendraient à des époques différentes, le Royaume-Uni et les Etats-Unis n’ayant de toute évidence pas la même histoire. Sauf que cela s’accompagne d’autres changements… à commencer par le fait que globalement, ces fantômes ont une apparence plus jeune ! C’est particulièrement vrai pour Hetty (l’homologue de Fanny), Pete (le pendant américain de Pat), Isaac (un équivalent du Capitaine, bien que bien plus ouvertement gay) et Trevor (le politicien faisant écho à Julian). En outre, la paysanne Mary a été remplacée par une hippie du nom de Flower (…évidemment), elle aussi d’apparence plutôt juvénile.
    Ghosts version US fait aussi le choix de donner un rôle différent à certaines de ses protagonistes : il n’y a plus de poète transi d’amour pour Sam, et c’est donc le frat boy Trevor qui fait des avances à la jeune femme à la place (par voie de conséquence, l’Amérindien Sasappis semble n’avoir pas spécialement de rôle au sein du groupe). On pourrait aussi parler des aptitudes particulières de certains fantômes, dont les cartes ont été légèrement rebattues.
    Au moins pour le moment, il s’agit cependant de changements de surface, et seules les puristes de la Ghosts britannique y trouveront vraiment à y redire. C’est-à-dire pas grand monde parce que, comme on l’a vu, ce n’est pas le genre de série qui suscite des vocations de fans hardcore. On n’est pas là pour ça.

    Reste donc à voir comment la série américaine va tirer partie de ses différences, et en faire quelque chose de valable. Mais surtout, je suis curieuse de savoir si, ayant appris de la progression de son aînée, elle va en gommer les lenteurs, et trouver un équilibre plus vite. Sinon, quel intérêt à un remake ?


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  • Toothless

    3 octobre 2021 à 22:43 • Telephage-o-thèque •

    Ce 1er octobre a marqué pour moi un anniversaire un peu particulier : cela fait 10 ans que j’ai laissé derrière moi « mes vampires« .
    Même si ces créatures m’effraient encore, il était grand temps d’essayer de m’affranchir de mes peurs. Alors depuis vendredi et jusqu’à ce soir, on reviewe dans cette rétrospective appelée Suckers des comédies et dramédies à base de vampires, et je vous prie de me croire, il y a de quoi faire.

    La comédie de vampires la plus notable de ces dernières années est What We Do in the Shadows, une série lancée en 2019 par FX, et évitée depuis tout aussi longtemps par moi-même, sur la seule base de ses héros à canines pointues. Pourtant, la critique ne tarit pas d’éloges au sujet de cette comédie, qui a été également reconnue par de nombreuses cérémonies de récompenses (y compris les Emmy Awards). C’est donc bien qu’en-dehors de son sujet, elle a de l’intérêt, non ?
    Eh bien soit. Puisqu’à l’occasion de cette rétrospective vampirique je prends mon courage à deux mains (ça me change de prendre mes jambes à mon cou), j’ai donc regardé l’intégralité de la première saison de What We Do in the Shadows, consciente que ma disposition couarde n’allait pas rendre les choses faciles, mais qu’il y avait tout de même des chances que je rie. Peut-être même que j’en tire du plaisir.

    …Je savais qu’il y avait des vampires dans cette série, mais ce que je ne savais pas de What We Do in the Shadows, c’est qu’il s’agit également d’un mockumentary. Sous-genre de la comédie qui, pardon hein, m’indiffère au plus haut point. Au mieux.
    Mes difficultés avec le mockumentary ne datent pas d’hier : il y a eu environ une dizaine d’années pendant lesquelles une comédie sur deux (j’exagère, mais à peine) semblait en utiliser les ressorts comiques à la télévision américaine, et parfois aussi ailleurs. Je ne dis pas qu’aucune de ces séries ne m’a plu ; j’ai encore en mémoire le rabattage intensif que j’ai fait pour The Yard dans ces colonnes, par exemple. Je dis simplement que j’ai beaucoup de mal avec le format dans l’immense majorité des cas.

    L’humour du mockumentary repose à mes yeux sur deux mécanismes principaux : l’embarras de seconde main, et l’hypocrisie. Deux choses qui, pardon d’être un éteignoir, ne me font pas rire.
    Dans What We Do in the Shadows, cela se traduit par exemple par une scène dans laquelle Laszlo et Nadja, qui sont en couple, ont un échange au cours duquel Laszlo dit quelque chose de ridicule. La camera s’arrête un instant sur son visage, essayant de capter s’il a conscience de l’énormité qu’il vient de dire. C’est presque toujours le cas. On va alors avoir droit à plusieurs longues secondes de suspension, pendant lesquelles il va échanger des regards embarrassés avec nous (la camera servant à briser le quatrième mur), pour que nous prenions la mesure de la bêtise qui vient d’être dite et de sa gêne à l’idée d’avoir été pris sur le fait. Le montage basculera vers une scène de type talking head, dans laquelle face camera Laszlo va s’enfoncer encore plus dans sa connerie, essayant de se justifier indirectement. L’idée est de capter un moment honteux et de le faire durer autant que possible ; tout le monde (personnage, équipe de tournage, spectatrices…) a remarqué que c’était du n’importe quoi, mais c’est pas grave : ce qui est drôle c’est qu’il refuse d’admettre avoir été brièvement en tort et qu’il se débatte comme un beau diable pour sauver la face. Et dans l’éventualité où Laszlo n’aurait pas visiblement remarqué avoir sorti une bourde, pas de problème ! Dans ce cas, le segment suivant est une scène de type talking head aussi, mais cette fois permettant à Nadja de le contredire (pour ne pas dire de le fact-checker) dans son dos, chose qu’elle n’a pas faite devant lui et qui lui permet de le ridiculiser tout en maintenant les apparences dans sa relation à lui.
    Dans quelques rares cas, la scène talking head permettra à un personnage d’admettre face camera être lucide face à un moment embarrassant capturé plus tôt. Ou dévoilera une vulnérabilité qui lui donnera un sens nouveau (c’est en particulier vrai pour les personnages qui n’ont aucun ego, comme le familier Guillermo). Cependant, ces alternatives se produisent assez peu parce que, quasiment par définition, quelqu’un qui accepte de faire l’objet d’un mockumentary est bien trop narcissique pour faire un réel exercice d’autocritique devant témoins. Il y a une raison pour laquelle l’essor du mockumentary correspond à l’explosion de la télé réalité, et pas seulement sur la forme : sur le fond, on s’y nourrit des mêmes excès, et il est un peu attendu de nous de ressentir le même sentiment de supériorité.

    Le malaise ainsi suscité consiste à mettre des personnages dans l’embarras, les y confronter… et du coup, m’y confronter aussi. Sauf que moi pendant ce temps, je suffoque devant mon écran, me retenant de passer la scène en avance rapide (mais ne le faisant pas en partie parce que je sais, d’expérience, que les chances sont élevées pour que la scène suivante repose exactement sur les mêmes mécanismes). Fondamentalement, ça ne me fait pas rire.
    Et au mieux, si ça m’arrache un sourire, ça fonctionnera une ou deux fois. Pas plus. Or le problème du mockumentary est qu’il est aussi très répétitif : une fois qu’il a été établi qu’un protagoniste a tendance à se faire passer pour ce qu’il n’est pas (comme Nandor qui aime à se penser comme un effroyable chef de file), combien de fois peut-on, réellement, tirer de l’humour de cet exact mécanisme, simplement en le déclinant dans une situation légèrement différente ? Dans cet épisode, Nandor tente de donner des ordres aux autres vampires, qui ne le respectent pas ; il fait mine de l’ignorer. Dans cet autre épisode, Nandor tente d’imposer un rituel aux autres vampires, qui ne le respectent pas ; il fait mine de l’ignorer. Dans cet énième épisode, Nandor prétend prendre des décisions pour les autres vampires, qui ne le respectent pas ; il faut mine de l’ignorer. Bah ça, je me demande ce qui va se passer dans un épisode ultérieur !

    A ces difficultés s’en ajoutent d’autres, qui ont moins trait au genre de What We Do in the Shadows, qu’à ses choix propres : cette première saison ne semble pas savoir où elle va. En particulier, elle aurait pu choisir de ne pas du tout être feuilletonnante, ou de l’être… mais on vit dans un étrange entre-deux.
    Le Baron Afanas en est une manifestation criante. Il arrive à grand bruit dans le premier épisode de la série, semant la terreur sur son passage. Les vampires Nandor, Laszlo et Nadja se plient en quatre pour éviter de lui déplaire. Cela semble très important… mais dans l’épisode 2, on n’en entend plus parler. Moi je pensais tout simplement qu’il était reparti après avoir donné ses instructions, mais non ! On apprendra par la suite qu’en fait il vit toujours dans leur grenier. C’est juste qu’il n’est plus mentionné jusqu’à ce qu’une intrigue le sorte (littéralement) de son cercueil narratif et le réutilise.
    Le même problème se présente à l’identique pour d’autres personnages de la série, comme Jenna l’humaine que Nadja a décidé unilatéralement de transformer en vampire, ou Gregor/Jeff, un chevalier plusieurs fois réincarné. Dans certains épisodes, elles occupent entièrement l’esprit des vampires (souvent Nadja mais c’est un pur hasard, c’est simplement parce qu’elle est celle qui interagit le plus avec des personnages hors de ses quatre colocataires), et puis soudain, ces personnes disparaissent sans être mentionnées pendant un, deux, trois épisodes. Tout ça pour finir kelleyrisées (ou peut-être remisées jusqu’à la prochaine saison ?) quand l’épisode s’achève. Ce manque de continuité est perturbant, et provoque une insatisfaction répétée : on pense pouvoir s’intéresser à une intrigue et en fait elle est remisée sans raison apparente.
    Je crois que si What We Do in the Shadows avait simplement admis que ces personnages (à l’instar des loups-garou ou de la petite amie de Colin Robinson) n’avaient vocation qu’à être temporaires, la saison ne s’en serait que mieux portée. Il n’y a pas de mal à ne pas être feuilletonnant, encore faut-il l’assumer !

    Il y a toutefois quelque chose que je porterai au crédit de What We Do in the Shadows : de toutes les comédies/dramédies que j’ai vues (ou revues, comme Death Valley) à l’occasion de ce weekend spécial, c’est vraiment celle qui prend ses vampires le plus au sérieux.
    Il y a des passages sincèrement effrayants dans la série, quelques jump scares aussi (quand le Baron est mort, j’avoue que j’ai poussé un cri), et plus largement une excellente utilisation de la mythologie des vampires, agrémentée de quelques inventions supplémentaires. La série fait appel à des éléments classiques de l’identité des vampires (leur allergie au soleil, au Christianisme, etc.) mais ajoute aussi ses propres règles du jeu (chaque vampire a par exemple une aptitude différente, le fonctionnement de la société vampire, ou les détails des différents types d’energy vampires). Ces règles sont, très souvent, expliquées à l’excès, et participent à la démystification des créatures de la nuit. Dans le même ordre d’idées mais sur un registre différent, à de nombreuses reprises, la série s’intéresse aussi aux « coulisses » de la vie des vampires, en laissant une large place aux familiers, principalement Guillermo. Sans aller jusqu’à dédier entièrement un épisode à celui-ci ou à son travail (même si je pense que, dans une saison ultérieure, ça ferait un fantastique standalone), la comédie nous fournit de nombreux aperçus de ses responsabilités, d’autant plus lourdes qu’il lui est permis, face camera, d’exprimer voire détailler son ressenti. Du point de vue de Guillermo, What We Do in the Shadows est une workplace comedy dans laquelle les patrons sont idiots, le boulot ingrat, et la frustration récurrente. J’avais tendance à être dans une bien meilleure disposition dans ces moments-là.
    L’univers de What We Do in the Shadows est incroyablement bien troussé, empruntant aux codes du genre avec aisance tout en préservant une marge de manœuvre confortable pour ajouter sa pierre à l’édifice. Parfois, il semblerait même que si What We Do in the Shadows s’abandonnait complètement à un aspect parodique, par exemple, elle serait plus drôle à mes yeux ; en tout cas elle en aurait les moyens si elle le souhaitait.
    Et en parlant de moyens, la production est impressionnante. Les décors fourmillent de détails, la réalisation est impeccable, il y a un travail visuel absolument génial (notamment dans l’utilisation de vieilles gravures et peintures, utilisées comme alternative aux flashbacks)… Je veux bien croire que sur un plan purement technique, What We Do in the Shadows soit l’une des comédies les mieux produites actuellement. De ce côté-là, je ne conteste pas.

    Tout n’est pas à jeter, donc, dans cette comédie vampirique, mais à bien des égards, le coup de cœur ne s’est pas produit. Je ne m’attendais pas à ce qu’il se produise, en toute sincérité, donc pas de surprise… mais au moins je me coucherai désormais moins bête. De là à dire que je n’aurai plus de cauchemars, par contre, c’est autre chose.


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  • COVampires

    2 octobre 2021 à 22:13 • Dorama Chick •

    Le 1er octobre a marqué pour moi un anniversaire un peu particulier : cela fait 10 ans que j’ai laissé derrière moi « mes vampires« . A cette occasion, au lieu de laisser les fictions avec des vampires de côté comme je le fais d’ordinaire, j’ai décidé de m’y confronter.
    Ce weekend, on va donc se lancer dans une rétrospective sur les vampires qu’on ne peut pas prendre au sérieux ! Depuis hier et jusqu’à demain, on cause donc dans cette rétrospective appelée Suckers de comédies et dramédies à base de vampires, et je vous prie de me croire, il y a de quoi faire.

    Cette fois on se dirige vers le Japon, où un peu plus tôt cette année, la petite chaîne japonaise TOKYO MX a lancé une comédie du nom d’Aoki Vampire no Nayami, soit « Les soucis des vampires bleus ». Pourquoi bleus ? Eh bien c’est la couleur de l’immaturité, bien-sûr, et nos deux jeunes vampires, Sou et Aoi, ne sont pas encore des créatures de la nuit en pleine possession de leurs moyens.
    La série démarre alors qu’en 2021… et arrêtez-moi si vous la connaissez déjà… une épidémie appelée COVID-19 a mis tout le pays a l’arrêt. L’activité reprend très progressivement, mais les choses semblent avoir changé à jamais. Le virus ainsi que les mesures prises pour le combattre ont altéré la qualité de vie des humaines, et par conséquent, celle des vampires. L’intrigue commence alors que l’approvisionnement en sang sain est encore très compliqué. Nos deux vampires bleus commencent à manquer de réserves…

    Je vous avoue qu’une « série COVID » basée sur deux personnages de vampires, ça, même venant du Japon, je ne l’avais pas vu venir. Sans aller jusqu’à prétendre que c’est totalement inédit (par exemple environ trois mois avant le lancement d’Aoki Vampire no Nayami, un webdrama sud-coréen, Touch Me If You Can, avait mis en scène une succube rencontrant des difficultés semblables), mais enfin, ça reste quand même un synopsis de l’impossible à mes yeux. Qui pense à des histoires pareilles ? Qui se met à pitcher des trucs comme ça à une chaîne qui pourtant n’a pas beaucoup d’argent pour des fictions en live action ? De toutes les choses qu’on peut dire sur cette crise mondiale, vraiment ?!
    …Sauf que bien-sûr, pas vraiment.

    Le premier épisode d’Aoki Vampire no Nayami joue pleinement son rôle d’exposition, et nous raconte le quotidien des vampires par temps de COVID. La série a été lancée en février 2021, et elle est supposée se dérouler au même moment. Il n’y avait pas encore de campagne de vaccination, par contre, au Japon, l’état d’urgence avait été déclaré suite à une troisième vague particulièrement inquiétante. Aucun confinement au sens strict n’avait été établi, la population étant appelée à auto-réguler ses déplacements. Toutefois, un couvre-feu partiel imposait notamment l’arrêt de la vente d’alcool la nuit, incitant les gens à ne pas sortir le soir, et encore moins en état d’ébriété qui aurait augmenté les conduites à risque. Pas facile quand on tient un café de survivre dans ces conditions. Or, c’est précisément le gagne-pain de Sou et Aoi. Nos deux vampires servent à manger et à boire à une clientèle nocturne… et comme ils l’expliquent dans l’épisode, cela leur est possible parce qu’ils ne vendent pas d’alcool.
    Sauf que l’établissement est maintenant désert, d’une part à cause de l’état d’urgence et de la méfiance pour les lieux publics, et d’autre part, parce que beaucoup de monde a perdu son emploi et que manger dehors est devenu un luxe. En fait, la seule clientèle de nos vampires tient dans 3 habituées qui ne sont là que parce qu’elles sont entretenues par des tiers : il y a un réalisateur qui passe son temps à écrire son prochain film (dont l’épouse travaille), un étudiant dont les cours ont été suspendus et qui se consacre entièrement à jouer de la guitare (mais qui survit grâce à l’argent de ses parents), et une jeune femme qui est en recherche active d’emploi. Dans une autre série, à une autre époque, tout cela serait très bohème… mais dans le cas qui nous occupe, malgré les dialogues qui essaient d’en rire un peu, c’est un peu déprimant.
    Mais au fait, pourquoi deux vampires se cassent-ils le cul à faire tourner un café ? Depuis quand les vampires ont besoin d’argent ? Eh bien, depuis que le marché noir pour la vente de sang a explosé, par exemple. D’ailleurs dans le premier épisode de Aoki Vampire no Nayami, nos deux amis vont tenter de mettre un place un service supplémentaire au déjeuner, mais cela va bien vite tourner à la catastrophe.

    L’enjeu principal d’Aoki Vampire no Nayami est donc de déterminer comment, en ces temps troublés, il est possible de se procurer du sang, et cela signifie souvent trouver de l’argent. Mais aussi, de faire appel à la débrouillardise. Et ça c’est intéressant.
    Ainsi il y a deux autres humaines qui gravitent autour de nos vampires bleus. Taichi Kishioka, un ancien VRP qui a failli se suicider, mais que les vampires ont sauvé et qui est désormais à la fois leur livreur de café et de sang. Le problème étant évidemment que l’approvisionnement est difficile, et que le mieux qu’il puisse leur proposer, dans cet épisode, est une poignée de gélules de sang séché. Tant que les gens ne seront pas vaccinés, ça ne pourra pas s’arranger. Il y a aussi une jeune femme étrange du nom d’Osono, qui apparemment a l’habitude de se présenter chez des vampires pour se faire pomper un peu de sang (elle prétend que c’est le secret de son apparence juvénile) et à laquelle Kishioka fait appel. Elle vient rendre visite à Sou et Aoi dans ce premier épisode, mais manque de chance, ils sont trop « bleus » pour réussir à percer sa peau (Sou s’y brise même une dent !), et continuent donc leur famine.
    C’est donc la galère de bout en bout, ce qui est dans l’esprit du temps. Sou et Aoi ont beau faire des efforts, ceux-ci s’avèrent toujours insuffisants, d’une part à cause des circonstances… vous savez, les CIRCONSTANCES ; et d’autre part, à cause de leur inexpérience.

    Comme un peu toutes les comédies à base de vampires, Aoki Vampire no Nayami prend des libertés avec le mythe. Ce sont des choix qui sont toujours intéressants (par exemple les vampires de Vampiry Sredney Polosy hier étaient parfaitement capable de sortir la journée sans aucune difficulté), et ceux-ci ne font pas exception. Sou et Aoi sont par exemple capables de circuler dehors en journée, mais leur peau est sensible au soleil et ils portent donc, en plus de leur masque, des lunettes de soleil, des gants, des vêtements à manches longues, et même des parapluie. Le problème majeur qu’ils rencontrent au moment de leur tentative de servir le déjeuner au café est que, la journée, ils n’ont pas d’énergie : un vampire est supposé dormir à ce moment-là, et vivre plutôt la nuit. Ils manquent donc de s’évanouir de fatigue plusieurs fois, ce qui évidemment met un point final à l’expérimentation. Ils ne semblent pas non plus avoir de problèmes avec les croix (il y en a sur leur cercueils et Aoi aura une phrase étrange sous-entendant qu’il dort mieux avec une croix… on n’en saura pas plus).
    Dernière incongruité : en cas de croc cassé, pas de problème ! Les dents des vampires repoussent ! …Voilà qui va bien m’aider à dormir, ça, encore.

    Aoki Vampire no Nayami est déterminée à montrer ses vampires comme aussi inoffensifs que possible (d’ailleurs ils ont même besoin d’un livre pour apprendre comment saigner une victime !). Toutes ces variations n’ont pas nécessairement un intérêt mythologique… ou en tout cas, pas celui auquel on aurait pu s’attendre : les vampires auraient pu être assimilés à la maladie elle-même (ça a déjà été fait pour d’autres maladies, d’ailleurs), plutôt que d’en être des victimes. Ici dépossédés de tout pouvoir de nuisance, Sou et Aoi sont contraints d’attendre des jours (et des nuits) plus cléments. Comme nous.
    C’est ce sur quoi repose toute sa métaphore sur notre impuissance face à la pandémie, et qui fait que, quand bien même on est supposées rire des tribulations de nos vampires, ça nous reste un peu en travers de la… gorge.


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  • Bloodletting

    1 octobre 2021 à 21:37 • Review vers le futur •

    Ce 1er octobre marque pour moi un anniversaire un peu particulier : cela fait 10 ans aujourd’hui que j’ai laissé derrière moi « mes vampires« . Enfin, bon, comme tous les vampires, il est parfois difficile de s’en débarrasser définitivement, une fois qu’on les a laissés rentrer… mais en tout cas la date est d’importance à mes yeux. Depuis mes cauchemars à base de vampires, qui avaient occupé l’essentiel de mes nuits pendant trois décennies, ont presque totalement disparu du jour au lendemain. Normalement, j’évite les fictions sur les vampires (et à l’ère dite de « Peak TV » ce n’est pas difficile de trouver autre chose à regarder), par crainte de réactiver ces cauchemars et les souvenirs qu’ils entrainent dans leur sillage, mais récemment je me suis dit : « ça fait 10 ans. Peut-être que je pourrais me confronter mes peurs et les surmonter ? ».
    L’opportunité était parfaite de faire un weekend spécial vampires… mais des vampires qu’on ne peut pas prendre au sérieux ! Jusqu’à dimanche, on cause donc dans cette rétrospective appelée Suckers de comédies et dramédies à base de vampires, et je vous prie de me croire, il y a de quoi faire.

    Pour le premier volet de ce weekend spécial, je vous propose un voyage en Russie. D’ailleurs si vous pensiez qu’on en avait fini avec les reviews de Séries Mania, vous voilà bien feintés. Lors de son édition d’août 2021, le festival a proposé en avant-première européenne la série Vampiry Sredney Polosy (sous le titre The Vampires of Midland), une dramédie surnaturelle qui a démarré sur la plateforme START au printemps dernier. Le succès a été si vif que la série s’est d’ores et déjà assuré un renouvellement pour une deuxième saison, attendue courant 2022. Et en attendant, en août, la série a fait ses débuts à la télévision traditionnelle sur TNT, une chaîne russe qui s’est rendue experte en comédies.

    Sauf que, malgré ce que son matériel promotionnel ou sa chaîne de diffusion voudraient vous faire croire, Vampiry Sredney Polosy n’est pas une comédie en single camera comme les autres. On y trouve un mélange d’humour mais aussi de policier, de drama, et même un soupçon de period drama.
    Le point de départ de la série, c’est la découverte dans les bois de deux cadavres de jeunes hommes exsangues. Très vite, la police de Smolensk (l’une des plus anciennes villes de Russie) s’occupe de l’affaire. La glaciale détective Anna Ostroumova fait à cette occasaion la rencontre d’un enquêteur venu de Moscou, le capitaine Ivan Jalinski, qui semble particulièrement intéressé par les caractéristiques de ce crime. Très vite, Anna détermine qu’il existe une troisième victime qui aurait survécu à cette étrange attaque, et, tentant de devancer Ivan, elle essaie d’en découvrir l’identité.

    C’est que, dés le départ, Anna a compris qu’elle n’avait pas affaire à un criminel banal : tout indique que ce serait un vampire qui aurait pompé ainsi autant de sang. Et les vampires, elle connaît bien : elle en est une elle-même ! Son premier réflexe est d’aller poser des questions au patriarche local des vampires de Smolensk, le vieux Slava… découvrant ainsi que c’est son dernier protégé en date, Jeniok, qui est allé faire son marché de sang frais à la sortie des boîtes de nuit. Toutefois, le petit était convaincu que ses victimes étaient encore en vie au moment où il les a abandonnées en pleine forêt.
    Il y avait donc bien quelqu’un d’autre sur les lieux. Probablement un autre vampire, à bien y réfléchir. Tout le défi étant de réussir lui mettre la main dessus avant le capitaine Jalinski… et avant que des représailles ne s’abattent sur la communauté vampire. Car si Slava et les vampires qu’il engendre depuis des siècles vivent dans un relatif anonymat, cela ne signifie pas que leur existence est totalement secrète. En 1749, les vampires ont en effet signé un contrat avec les autorités humaines de Smolensk, qui leur interdit de tuer des mortelles. Si le vampire coupable des deux meurtres n’est pas rapidement retrouvé, deux vampires de la famille vampirique de Slava seront reconnus coupables, et exécutés.
    Des règles que le clan a jusque là respectées, et il n’est évidemment pas question de porter le chapeau pour quelqu’un d’autre…

    Vampiry Sredney Polosy est donc en grande partie une enquête policière ; l’une des rares dont j’aurai parlé dans ces colonnes cette année. On y trouve quelques tropes communs à ce genre (par exemple l’un des membres de la famille de Slava, le docteur Jean-Claude Deschamps, est un expert du sang et sert de légiste vampirique), mais pas seulement.
    La série insiste aussi sur la façon dont la famille s’est constituée autour de Slava, au fil du temps. Si toutes forment une famille (largement dysfonctionnelle) autour de lui, c’est pour la bonne raison que le vieillard a engendré chaque membre de cette étrange famille. Slava est un vampire sage, aux allures quasiment inoffensives ; il semblerait qu’il n’initie de nouveaux vampires que lorsque c’est nécessaire.

    J’ai beaucoup aimé ces aperçus du passé. Déjà parce qu’ils tirent pleinement partie de la compétence légendaire de la télévision russe à produire de la fiction historique de qualité, et nom d’un chien ces scènes sont vraiment réussies (j’ai un petit faible pour l’aperçu de la vampirisation de Deschamps, sur fond de Burlaki na Volge). En un sens ils m’ont évoqué les flashbacks de Highlander, et leur propension à expliquer comment des relations peuvent se nouer sur des décennies ou des siècles, au fil des événements historiques. Dans ces moments-là (et quelques autres), la série est effectivement bien plus qu’une comédie, et tisse des relations riches… certes avec une touche de gore. Vampiry Sredney Polosy n’hésite pas à cultiver une mythologie non seulement fantastique mais aussi dramatique, qui n’est peut-être pas (ou pas encore ?) très complexe, mais qui rappelle qu’on est devant une série qui fait un excellent usage de son épisode d’une heure. Il y a aussi ce moment surprenant, vers la fin de cet épisode inaugural, pendant lequel l’un des personnages devient réellement terrifiant (c’est là qui se focalisent l’essentiel des effets spéciaux de l’épisode, d’ailleurs), surtout pour quelqu’un qui comme moi, est encore bien faible sitôt qu’il s’agit de vampires. La comédie s’efface alors, au profit des autres genres dont la série s’enrichit.

    Mais il reste que Vampiry Sredney Polosy n’oublie pas d’être drôle. C’est souvent (single camera oblige) un humour pince sans rire, d’ailleurs… une forme d’humour qui s’avère avoir ma préférence. Qu’il s’agisse de l’exaspération palpable d’Anna devant le sexisme obstiné de ses collègues masculins (la pauvre, ça fait des décennies qu’elle endure leurs conneries) ou des nombreuses altercations entre les vampires et cet abruti de Jeniok (faut quand même comprendre que cet idiot streame en costume de Dracula sur Youtube…), en passant par les tribulations de notre famille vampirique pour essayer de découvrir la vérité, Vampiry Sredney Polosy écorne à la fois le mythe du vampire, et le monde humain dans lequel la petite famille évolue. On ne se tape pas nécessairement sur les cuisses, mais cet humour est appréciable, et fait plus qu’insérer des respirations dans l’intrigue : c’est un véritable modus operandi.
    Mortelles, immortelles… personne n’est parfait. Les aventures des disciples de Slava promettent quelques intéressants rebondissements, et des rictus amusés. C’est vraiment le genre de série russe qu’on pourrait parfaitement importer sur nos écrans d’Europe de l’Ouest si quelqu’un s’en donnait la peine, et je ne comprends d’ailleurs pas que ça ne se produise pas plus souvent.


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  • Blue homeland

    26 septembre 2021 à 22:36 • Review vers le futur •

    Depuis cette semaine, c’est officiellement l’automne, et on a toutes un peu le moral dans les chaussettes (qu’il a fallu remettre). Mais du côté de la chaîne turque TRT1, on refuse de se soumettre aux saisons, et c’est la raison pour laquelle la chaîne a lancé, en ce mois de septembre, une nouvelle série pleine d’action, se déroulant en pleine mer.
    Barbaroslar: Akdeniz’in Kılıcı suit les aventures de quatre frères : İshak, Oruç, Hızır et İlyas, qui ont formé au 16e siècle une puissante dynastie de corsaires dans les eaux de la Méditerranée. Deux d’entre eux ont conservé une certaine notoriété sous le surnom de « Barberousse », qui ne vous est probablement pas inconnu.

    Barbaroslar démarre sur une scène plutôt classique pour une fiction parlant de corsaires ou de pirates : un bateau s’introduisant de nuit dans un détroit brumeux est accosté par un autre, et une gigantesque bataille maritime s’engage. Cependant, pas de méprise : Barbaroslar n’est pas qu’une « simple » série de piraterie, où il s’agirait d’admirer les exploits des personnages. Enfin, elle est cela aussi, mais son pilote de 2h30 (…bah oui c’est une série turque, je sais pas quoi vous dire de plus) a tout le temps du monde de développer des dynamiques bien plus complexes. C’est que, avant toute autre chose, Barbaroslar: Akdeniz’in Kılıcı est une série historique, bien décidée à tirer autant de substance que possible de la situation géopolitique de l’époque…

    Lorsque démarre Barbaroslar, nos quatre frères sont tous adultes, et leurs trajectoires déjà bien distinctes.
    İshak, le plus âgé, a fait fortune comme marchand et il vit avec sa famille sur l’île de Lesbos (Midilli en turc), qui est la terre natale de la fratrie. Cela fait des années qu’il n’a pas vu ses frères, or justement, Hızır vient lui rendre visite. Oruç (surnommé « Baba Oruç« ) est de son côté à la tête d’un navire de corsaires, où officie également son jeune frère İlyas ; ils ont été engagés pour transporter un émissaire, Hayrabay, qui apporte des cadeaux prestigieux à un sultan.
    İshak et Hızır d’une part, et Oruç et İlyas d’autre part, ne se sont pas adressé la parole depuis des années, pour une raison qui nous sera expliquée assez tard pendant cet épisode ; mais on sent très vite qu’İshak réprouve le mode de vie d’Oruç et İlyas ; comme Hızır est plutôt un intellectuel qu’un aventurier, l’aîné espère qu’il va le seconder dans ses affaires. Cependant, notre grand frère se trompe : le jeune homme a récemment parcouru la Méditerranée à la recherche de mystérieuses clés, et la raison principale de sa venue sur l’île est qu’il vient rendre compte de sa quête au sultan de Midilli, son mentor. La prochaine étape ? Kalymnos, en Grèce, où il a bien l’intention de libérer un membre de la famille royale qu’un certain Pietro, à la tête de l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean, retiendrait dans ses geôles.

    Bon, là comme ça, la série paraît très masculine, mais ce n’est pas tout. La série s’intéresse également à plusieurs femmes résidant à Alexandrie, port où Oruç et İlyas ont leurs attaches pour le moment. Il y a d’abord une certaine Isabel, une jeune femme vénitienne qui dirige pour le compte de son père une taverne du nom d’Unita, d’où elle fait affaires avec les marchands qui transitent par le port. C’est certainement l’une des personnes les plus influentes de toute la région : tout le monde passe par elle pour acheter/vendre des biens ou des services. La scène qui l’introduit montre d’ailleurs que toute la ville lui fait confiance (à part UN ancien employé qui lui en veut pour des raisons opaques). Et puis il y a Despina, la compagne d’Oruç, qui espère désespérément lui donner un jour un enfant, en vain pour le moment. C’est en toute honnêteté le personnage le moins intéressant du lot, défini uniquement par sa relation à Oruç : son désir d’enfant est pour lui, sa jalousie envers Isabel est due à son obsession pour lui, et très honnêtement je ne suis pas certaine qu’il y ait eu une seule scène dans laquelle elle ait dialogué avec un autre personnage. Enfin, il y a aussi Zeynep, qui dirige un orphelinat. C’est une femme indépendante et volontaire, qui lorsque commence la série s’inquiète pour l’un de ses petits pensionnaires qui semble avoir contracté une sorte de bronchite ; elle se met en quête d’un remède, qui va la conduire à faire un voyage en bateau pour rendre visite à l’une de ses connaissances, Hekim Giovanni, un médecin auquel elle n’est pas indifférente. Celui-ci travaille entre autres pour… Pietro.

    Vous l’aurez peut-être compris, ce qui est impressionnant dans Barbaroslar, c’est l’échelle. L’intrigue se déroule dans non pas une, pas deux, mais trois villes du pourtour méditerranéen, en plus de l’action qui se déroule sur l’eau… et c’est juste le premier épisode !
    Ce que cela signifie, c’est qu’en matière de décors, Barbaroslar: Akdeniz’in Kılıcı ne se mouche pas du coude. Les trois villes principales où se déroulent cet épisode inaugural se trouvent dans des contrées différentes. Midilli (longtemps grecque, à ce moment-là, l’île fait partie de l’empire ottoman), Alexandrie (cité portuaire égyptienne, qui vu la période s’apprête à ou vient de rejoindre l’empire ottoman), et Kalymnos (une forteresse aux mains des Hospitaliers, après avoir un temps appartenu à Venise) ont chacune une histoire, une architecture, une ambiance uniques. La série se fait également un plaisir d’y reconstituer la vie quotidienne (les plans des rues d’Alexandrie, en particulier, sont un régal).
    Ce sont là des signes extérieurs de richesse : Barbaroslar a vraiment entrepris de plonger ses personnages dans le grand bain de l’Histoire. Le sort des frères İshak, Oruç, Hızır et İlyas est intimement lié à celui de la région, alors qu’on est en queue de comète des croisades (et franchement peu de télévisions de la planète sont aussi intéressées par les croisades que les séries turques… bien qu’évidemment, pas sous l’angle qui nous a été proposé sur les bancs de l’école française). C’est même ce sur quoi repose l’essentiel de sa mythologie : les clés que Hızır cherche pour le compte de son mentor sont directement liées à la lutte pour les terres saintes. Pietro lui-même, qui est notre Vilain Méchant™, ambitionne de trouver des artéfacts sacrés, seule raison pour lui de tolérer être affecté par le Pape à ce qu’il considère être (et je paraphrase à peine) le trou du cul du monde. Les guerres de religion ne sont donc pas loin, mais il faut aussi compter sur un autre danger : Antuan, un dangereux pirate qui terrorise toute la région sous le surnom de « Poséidon » (rien que ça), et qui dans ce premier épisode va avoir une bonne raison d’en vouloir à Oruç et ses frères.

    On ne s’ennuie pas une seconde pendant cette introduction. Il y a certes des protagonistes moins intéressantes que d’autres, et l’exposition entre parfois dans des détails que, dans une série d’une autre nationalité, on aurait simplement abordés plus tard. Mais pour l’essentiel, Barbaroslar: Akdeniz’in Kılıcı est fascinante, esthétique et pleine de rebondissements, bien que l’action n’y soit pas omniprésente. C’est le genre de série historique pour lesquelles les Turcs possèdent un réel savoir-faire, et ça se sent (même si j’ai aussi lu que la production avait fait appel à des professionnelles égyptiennes et sud-africaines, notamment pour les cascades).
    La passion de la télévision turque pour la période ottomane n’est plus un secret pour personne depuis Muhteşem Yüzyıl, mais qu’une production arrive à trouver un angle aussi intéressant pour en parler nous rappelle qu’il y a quand même une sacrée bonne raison pour laquelle les séries turques sont aussi populaires aux quatre coins de la planète.


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  • Honor among thieves

    26 septembre 2021 à 22:32 • Telephage-o-thèque •

    C’est toujours quand on s’y attend le moins qu’on tombe sur une série intéressante. Tenez, un exemple pris au hasard : cette semaine, je fais du tri dans mes dossiers de séries, et je tombe sur le premier épisode de Los Internacionales, une série argentine que j’avais… récupérée il y a plusieurs mois. Tout d’un coup je me dis : « tiens, c’est vrai que finalement je ne l’ai jamais regardé, celui-là ». C’est comme ça que les ennuis commencent, et pourtant me voilà à regarder une série argentine alors qu’on est en pleine rentrée US et que la prochaine rentrée japonaise arrive à grands pas. Du suicide, quoi.
    Résultat ? Bah résultat je vous parle du premier épisode pendant que je… récupère la suite, parce qu’en fait, ça m’a plu. Bon sang, je n’apprendrai jamais.

    Los Internacionales est un crime drama a la particularité d’être une série historique : l’action se déroule en 2002 (…oui je sais, c’est dur à avaler pour certaines d’entre nous, mais 2002 c’était il y a presque 20 ans, ça en fait une série historique), et il y a même de nombreux flashbacks remontant à 1991 dans ce premier épisode. « Los Internacionales » est le nom que se donne un groupe de voleuses basées en Colombie, mais qui peuvent frapper dans n’importe quel pays. Dans les années 90, ce groupe est constitué de 3 membres : Dimi, Fausto et Marina.
    Cinq règles essentielles leur permettent de travailler ensemble depuis des années :
    1 – Personne n’est au-dessus de personne. Le butin est divisé équitablement. Toujours. Pas d’exception.
    2 – On n’utilise jamais d’armes pour voler. On utilise notre cervelle, notre malice et notre rapidité d’esprit. Sans compter que, si les flics nous attrapent avec des flingues, la peine est plus lourde.
    3 – Quoi qu’il arrive, on garde la part d’une camarade pour son retour.
    4 – Si une camarade meurt ou finit en prison, on s’assure qu’elle ait ce qu’il faut. Elle et sa famille.
    5 – La femme d’une camarade est encore plus interdite que votre propre femme.

    …Evidemment sur le papier ces règles sont très bien, mais quand l’intrigue de Los Internacionales démarre, plusieurs d’entre elles ont déjà été bafouées.
    En 2002, Fausto sort en effet de prison après une condamnation pour le meurtre d’un flic, un soir de 1991. Pire encore, jusqu’à ces événements tragiques, il fréquentait la fille de celui-ci, Maria Fernanda dite « Mafe »… qui était elle-même dans une relation avec Dimi. Mais le plus dramatique dans la façon dont les événements ont tourné, c’est que Dimi a été tué ce soir-là par un collègue de ce flic.
    Une fois sorti de prison, Fausto retourne auprès de Marina, qui a passé la dernière décennie seule et a complètement mis à l’arrêt sa vie criminelle. Après avoir récupéré sa part, qui comme de droit lui a été mise de côté pendant toutes ces années, notre homme vit un moment de flottement, pas vraiment capable d’y voir clair dans ce qui l’attend.

    C’est à ce moment-là que Walter, le fils de Dimi, qui n’avait qu’une douzaine d’années au moment des faits en 1991, vient le supplier de le prendre, lui et ses 3 comparses (dont sa petite amie Jennifer), comme apprenties pour qu’elles deviennent à leur tour des Internacionales. Au début réticent, Fausto change d’avis avant la fin du premier épisode, lorsqu’il découvre l’ampleur de la crise de 2001 en Argentine… et l’opportunité que cela représente pour quelqu’un comme lui. Marina ayant raccroché les gants, les petites jeunes sont les complices les plus logiques à embarquer dans son plan.
    Pendant ce temps-là, en Argentine, alors que les manifestations se succèdent, une avocate brillante du nom de Marta Costas se distingue dans une affaire qui lui permet, à défaut d’obtenir l’assentiment du grand public, de se distinguer auprès de ses paires. Eprise moins de justice que de victoires personnelles, son chemin s’apprête à croiser celui des Internacionales.

    La série est apparemment adaptée de faits réels, bien que j’ignore dans quelle mesure parce que mon espagnol se limite aux mots transparents. En tout cas, la crise argentine, elle, est sans nul doute réelle, et c’est intéressant de voir une fiction de heist s’intéresser à un sujet socio-politique comme celui-là. En fait, s’il y a bien un ingrédient récurrent dans la fiction mettant en scène des vols et autres casses du siècle (quel que soit le siècle), c’est qu’on est très souvent dans le registre de l’escapisme ! Mais ici c’est tout le contraire, et la série argentine Los Internacionales prend le parti assez rapidement d’insinuer que le crime n’est pas du côté que l’on pense. Ou pas uniquement. Il faudra bien-sûr voir les épisodes suivants pour en avoir la confirmation. Dirigées par un code de l’honneur strict (d’autant plus strict qu’elles ont vu ce qui s’est produit la dernière fois qu’il a été ignoré), les voleuses colombiennes de Los Internacionales s’apprêtent à prendre la direction de l’Argentine pour y vivre quelque chose qui est bien plus qu’une opportunité.
    Fausto, Walter, Jennifer et les autres vont, ça fait partie du jeu, essayer d’éviter le tomber dans les mailles de la Justice (ou plutôt entre les griffes de Costas, qui est techniquement du côté de la loi mais s’intéresse clairement peu à la moralité), mais elles ont aussi des choses à régler. D’ailleurs clairement, Fausto n’est pas seulement rongé par la culpabilité, il nourrit encore de la nostalgie pour Mafe, voire plus, qui est la seconde personne qu’il tente de contacter à sa sortie de prison. Je doute qu’il s’arrête là.
    Et d’ailleurs, il est particulièrement appréciable que Los Internacionales ne néglige pas son aspect dramatique. C’est même beaucoup plus important que le vol, comme le soulignent bien les règles qui dirigent la vie en groupe. Ce code de l’honneur, instauré plus d’une décennie plus tôt, a cédé aux réalités des pulsions humaines une fois… quelles sont les chances que cela ne se reproduise pas avec cette nouvelle équipe ?

    Faibles. Très faibles. Mais je vais quand même aller vérifier par moi-même. D’ailleurs, la série ne dure que 8 épisodes donc franchement, c’est pas non plus la fin du monde. C’est juste que le timing pour tomber sous son charme, alors qu’elle dort dans mes archives depuis des mois, n’est pas idéal. M’enfin, si on pouvait programmer précisément les coups de cœur, où serait l’intérêt ?


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  • Dancing with the nobodies

    24 septembre 2021 à 21:12 • Review vers le futur •

    La rentrée télévisuelle américaine est ce moment téléphagique particulièrement difficile. C’est une période pendant laquelle tout est une question de choix. Il est impossible de traverser cette période sans en faire ! Surtout de nos jours, alors que l’offre télévisuelle ne suit plus aucun calendrier, que la fiction non-étasunienne n’est pas franchement intéressée par la notion de « rentrée » (ou pas de la même façon), et que l’impression de « too much TV » est déjà omniprésente le reste de l’année.
    Il faut pourtant, malgré tout, faire des choix. Trier les nouveautés auxquelles ont va donner une chance, et celles sur lesquelles on s’autorise à faire l’impasse. Décider par quelles séries commencer. Et, quand comme moi on écrit à ce sujet, admettre qu’on ne pourra pas parler de tout le monde.
    Puisque désormais j’écris des articles à hauteur des contributions des personnes qui me soutiennent (actuellement sur Tipeee… mais, j’en profite pour le mentionner, avec comme projet de partir prochainement pour uTip), il est évident qu’il me sera impossible d’écrire des reviews de pilote sur toutes les nouveautés américaines. Surtout que le monde ne tourne pas autour de la télévision étasunienne, pardon.

    Alors sur quels critères établir des priorités ? C’est une question qui se pose à l’année, et il y aurait long à en dire, mais comme vous le voyez, elle est beaucoup plus pressante à la rentrée. Je pourrais parler principalement de mes coups de cœur, par exemple… mais mes coups de cœur ne sont pas toujours les séries les plus intéressantes à disséquer. Parfois, le pilote d’une série qu’on sait ne jamais vouloir poursuivre est précisément celui sur lequel il faut prendre le temps de se pencher.
    Et donc aujourd’hui, j’aurais adoré vous parler du pilote d’une série que j’ai adorée… mais à la place on reviewe le premier épisode de The Big Leap.
    Après si vous voulez augmenter le nombre d’articles que je dois écrire le mois prochain, j’empêche personne !

    The Big Leap, c’est une série musicale de la FOX qui raconte la préparation d’une émission de télé réalité, évidemment intitulée The Big Leap. Son principe est simple : il s’agit d’une compétition de danse dans laquelle des inconnues doivent rivaliser de talent (mais d’un talent qui n’est surtout pas professionnel), et peut-être, à terme, être sélectionnées pour former un groupe de danse qui montera sa propre version du Lac des Cygnes.

    Ce que je viens de vous dire là, c’est à la fois le sujet de la série… et les raisons de son existence.
    On a ici une approche similaire à celle de Dancing with the Stars (une compétition de danse diffusée sur un network concurrent), où le clou du spectacle est de voir ce que les célébrités qui ne sont pas des danseuses professionnelles vont faire. Il n’y a qu’à regarder quelles célébrités font les gros titres et/ou suscitent la controverse, année après année. Evidemment, FOX aurait pu commander un The Big Leap qui soit réellement une émission de télé réalité (sûrement que ç’aurait été moins cher !). D’ailleurs la bonne blague… c’est qu’elle en est inspirée ! The Big Leap, série de fiction, est une adaptation de Big Ballet, émission de télé réalité britannique. Sauf que la fiction offre une plus grande possibilité de créer des intrigues, de fouiller dans la vie privée des protagonistes, de faire dans le soapesque (en particulier si on espère le faire sur plusieurs saisons). Et c’est très exactement ce que The Big Leap met en place dans son pilote.
    En outre, le premier épisode de The Big Leap suit un chemin d’autant plus balisé que, grosso-modo, c’est l’intrigue du film d’animation Sing. C’est Sing avec de la danse au lieu du chant, très précisément. A un tel point qu’il y a des personnages répondant aux mêmes archétypes, des scènes dans un vieux théâtre, et une séquence d’audition similaire quasiment au plan près. La production de The Big Leap ne cherche même pas à maquiller le crime !

    Et pourquoi le ferait-elle ? Tout le génie de The Big Leap, c’est d’employer ces recettes qui ont fait leur preuve, et de compter sur un ingrédient-clé pour générer l’illusion qu’il faut pour que des spectatrices ne se sentent pas totalement insultées par le résultat. Cet ingrédient-clé, c’est le personnage du producteur, Nick Blackburn (incarné par Scott Foley et qui occupe une grande partie de l’espace promotionnel de la série alors que son rôle y est pour le moment assez secondaire).
    Blackburn est le stéréotype du producteur cynique de télé réalité ; si vous avez vu ne serait-ce qu’un épisode d’UnREAL, alors vous savez très exactement de quel genre de personnage il s’agit. Son objectif, ce sont les audiences, et pour les obtenir il a besoin de storytelling : il est donc prêt à tout pour obtenir des images et des histoires (mais au pire les histoires, on se débrouille pour les mettre en place) qui prennent le public par les sentiments. Dans une véritable émission de télé réalité, on ne pourrait pas le montrer, ce type-là… mais dans le contexte fictif de The Big Leap, il permet de faire semblant de maintenir une certaine dose de recul. Il est à l’affût de choses que nous ne sommes pas supposées guetter, comme par exemple découvrir que deux personnages qui s’entendent bien se préparent à vivre un conflit ultérieurement. Puis, son rôle consiste à commenter à l’action, comme le ferait le présentateur et/ou la voix-off d’une émission de télé réalité. Ses observations, qui sonnent comme des prédictions, servent à expliciter les enjeux et les promesses de la série, et permettent aux spectatrices d’avoir l’impression d’avoir du recul, de posséder une vue d’ensemble supplémentaire.
    Il est le coryphée de The Big Leap en même temps que l’avatar des scénaristes. Et il est la couverture de la série : s’il n’existait pas, il y aurait très, très peu de différences entre la fiction et la télé réalité.

    The Big Leap n’est pas la première série de fiction s’essayant à reprendre les codes de la télé réalité. On pourrait mentionner les expériences, hélas pas toujours réussies, d’UnREAL ou Siberia. Ou bien les très nombreuses comédies de type mockumentary qui étaient, il y a 10 à 15 ans, incontournables à la télévision américaine (et ailleurs), même s’il est vrai qu’elles se sont raréfiées depuis. En règle générale, même quand elles ont leurs problèmes, ces séries ont une véritable intention : utiliser la télé réalité pour dire quelque chose de ce genre télévisuel et/ou de ses spectatrices. L’intention est de se demander ce qui peut bien motiver toutes sortes de personnes de s’intéresser à ce genre télévisuel ; qu’y trouve-t-elles ? Pourquoi fait-on ce genre d’émissions, pourquoi essaie-t-on d’y participer, et pourquoi les regarde-t-on ?
    The Big Leap est désintéressée de cela. Ou de toute autre chose. Sa formule n’est pas une intention, c’est un appeau à public. On veut mélanger différents genres télévisuels parce que ça semble être une recette efficace, voire une victoire assurée. Comble de l’ironie : tout ce que fait The Big Leap dans ce premier épisode est dirigé uniquement par la poursuite des audiences. Il n’y a rien d’autre que la tentative cynique de trouver la recette parfaite des audiences… et ça se voit parce que les protagonistes sont creuses, les situations sont précipitées, les scènes se succèdent rapidement sans égards pour une émotion authentique, et les dialogues sont aussi transparents que possible. Tout ça à partir d’ingrédients qui tous sans exceptions respirent au mieux la banale récupération, au pire la plus vulgaire des resucées.

    Pas de naïveté. Je regarde de la télévision, médium fédérateur par excellence : je me doute bien qu’on espère rassembler du monde devant une série… C’est juste que les bonnes séries ne se limitent jamais à leurs audiences. Les bonnes séries ont envie de communiquer quelque chose (de la réflexion et/ou de l’émotion, généralement), les bonnes séries s’intéressent à leurs personnages, les bonnes séries n’essaient pas d’enfiler les scènes comme des perles, les bonnes séries ont des thèmes qu’elles se promettent d’explorer, les bonnes séries ont des préoccupations qui les tiennent à cœur. Un de ces ingrédients, quelques uns de ces ingrédients, ou un mélange de tout ces ingrédients ; mais quelque chose, quoi. Les bonnes séries ont une intention artistique qui se marie (ou se greffe, au pire) à l’objectif commercial.
    Ce n’est pas le cas de The Big Leap. Son idée est simplement d’être efficace et de capter des paires d’yeux. Eh bah ce sera sans les miens, et en cette rentrée pleine de nouveautés, les vôtres ont mieux à faire. A choisir, puisque de choix il est question en cet automne, donnez sa chance au drama high concept Ordinary Joe ou passionnez-vous pour la famille multi-générationnelle de Our Kind of People, mais faites l’impasse sur The Big Leap.


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  • Dearly departed

    19 septembre 2021 à 23:10 • Dorama Chick •

    C’est pas pour lancer une nouvelle crise diplomatique, mais rappelons quand même que la Chine nous est sept cent douze fois supérieure…
    …en matière de posters de séries. J’ai beau savoir qu’un poster ne veut rien dire (plus encore dans une industrie où c’est un job à temps plein que de créer des visuels alléchants pour chaque fiction), je suis faible et continue de tout laisser en plan et me mettre en quête du premier épisode lorsque je vois du matériel promotionnel chinois. Non mais je vous le demande un peu : me laisse-t-on vraiment le choix ?!

    Ces posters sont ceux de la série fantastique Ling Hun Bai Du Zhi Nanyang Chuan Shuo… et je suis la première à reconnaître que je serais bien infoutue de prononcer ça correctement. Fort heureusement, je peux me reposer sur du copier-coller pour continuer à respecter ma préférence personnelle pour l’emploi des titres originaux. Cela étant, croyez-moi, l’idée m’a effleurée pour les prochains paragraphes d’exceptionnellement employer le titre anglophone, The Ferryman: Legends of Nanyang (mais bon, c’est long aussi de toute façon).
    Je suis décidément une faible femme aujourd’hui. Espérons que ce soit pour la bonne cause.

    Le premier épisode de (grande inspiration) Ling Hun Bai Du Zhi Nanyang Chuan Shuo est le genre d’introduction à laquelle il faut s’attendre de la part d’une série chinoise, longue, et proposée par une plateforme de SVOD (en l’occurrence iQiyi), c’est-à-dire que seulement une partie de l’exposition nous est proposée. C’est surtout l’occasion de poser des personnages et une ambiance, plus que de précisément expliquer de quoi il va retourner dans les épisodes suivants.
    En particulier, la série a pour personnage central Dong Qing Xia, un jeune diplômé qui galère à trouver son premier travail. Jusqu’à présent, toutes ses tentatives de recherche d’emploi ont échoué, et son moral est au plus bas (ainsi que ses finances). Un jour, cependant, il reçoit une réponse positive à une candidature qu’il ne se souvient pas avoir envoyée, comme employé de nuit pour la supérette « 444 » ; n’ayant pas trop l’envie ni la possibilité de refuser, il accepte donc de travailler entre minuit et 6h du matin.

    Quelque chose que la série établit très tôt, cependant, c’est que Dong Qing n’est pas tout-à-fait un jeune homme comme les autres : il a le don très particulier de voir des fantômes. Ce n’est pas quelque chose dont il se vante, et il essaie autant que possible que les fantômes ne s’en aperçoivent pas, mais il a cette capacité depuis l’enfance et elle est parfois difficile à ignorer. Lors de son tout premier jour (ou devrais-je dire, de sa toute première nuit) de travail, un enfant et une jeune femme entre dans la supérette. Le petit garçon se comporte un peu étrangement, et la jeune femme, Olivia, qui l’a trouvé seul dans la rue, essaie désespérément de comprendre où il habite pour le ramener chez lui. Mais à mesure que les deux adultes interagissent avec lui, commence à s’installer un doute : serait-il par hasard un fantôme ? Après tout, sept jours plus tôt, il y a eu un accident de voiture pas loin de là, où la victime était un enfant du même âge et répondant au même prénom…

    Pour suivre l’intrigue de ce premier épisode de Ling Hun Bai Du Zhi Nanyang Chuan Shuo, il faut parfois un peu de familiarité avec la culture chinoise. Assez peu d’éléments mythologiques nous sont en effet fournis (et celui qui l’est, en ouverture de la série, n’est plus mentionné du reste de l’épisode : il y aurait 5 types « d’yeux » appelés Divine, Wisdom, Dharma, Buddha, Physical ; le dernier étant celui de la plupart des mortels, mais c’est bien tout), alors que l’intrigue, en se déroulant, va par exemple faire référence aux billets funéraires ou tout simplement… à la signification du chiffre 444. Bien que la plateforme iQiyi soit disponible internationalement, la série est en effet principalement conçue pour un public de culture chinoise, contrairement à une série Netflix par exemple, où la compréhension universelle est souvent la norme.
    Toutefois, rien d’insurmontable (a fortiori à l’ère de Google), et rien qui empêche de comprendre les tenants et aboutissants dramatiques de la série. Car le nerf de la guerre, la communication avec les fantômes, est tout de même assez universelle : quelque chose d’inachevé empêche les fantômes de poursuivre leur route, quelle qu’en soit la direction. Dong Qing est évidemment dans un position rare pour les y aider, et parce qu’il a clairement bon cœur, il ne va pas hésiter à instant dans ce premier épisode. Cependant… je doute qu’il s’agisse d’une variation autour d’un thème à la Ghost Whisperer.

    Pourquoi ? Parce que cet épisode a aussi introduit un troisième personnage, Li Zhao. Il a une aura de mystère, mais plusieurs éléments nous permettent cependant de deviner une partie de son rôle dans la suite de l’intrigue. En outre, comme toujours avec les séries chinoises, le générique de Ling Hun Bai Du Zhi Nanyang Chuan Shuo propose des extraits de scènes de toute la série, et à ce titre laisse deviner qu’il va y avoir un peu plus qu’un accompagnement de fantômes désœuvrés. La série semble même assez riche en scènes d’action !

    Un peu plus tôt cette année, j’avais eu envie de me lancer dans une série fantastique chinoise, avec plutôt le désir de trouver une série en costumes (j’avais procédé à un tour d’horizon à cet effet, et d’ailleurs on devrait reparler d’ici la fin de l’année de l’heureuse élue). J’avoue que même si j’ai quand même une préférence pour un bon wuxia des familles à l’occasion, je suis quand même contente de m’être mise devant Ling Hun Bai Du Zhi Nanyang Chuan Shuo, pour regarder aussi une série plus moderne. C’est un peu le mélange parfait parce qu’il va quand même y avoir des effets spéciaux (toujours si j’en crois le générique), mais qu’on est en même temps dans un contexte plus « réaliste ». Toutes proportions gardées bien entendu. En outre, la réalisation de Ling Hun Bai Du Zhi Nanyang Chuan Shuo, si elle n’est pas réalisée avec un budget massif (ou alors tous les VFX ont absorbé le coût ?), est tout de même très soignée. Il y a, en particulier, un ton particulier insufflé par les décors colorés de la supérette, ou d’une rue qu’on verra plus tard dans l’épisode. En jouant sur les éclairages, les néons, et d’une façon générale sur l’univers visuel du quotidien dépeint, Ling Hun Bai Du Zhi Nanyang Chuan Shuo réussit à se créer une personnalité bien distincte. Ce qui veut dire que, au moins sur ce plan-là, les posters n’avaient pas vraiment menti !
    Du coup, je ne suis pas totalement certaine de la direction que va prendre l’intrigue… mais j’ai très envie de me laisser porter, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux.


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  • Memento mori

    18 septembre 2021 à 23:40 • Dorama Chick •

    En règle générale, je suis assez peu friande de séries d’espionnage, comme celles qui me lisent le savent probablement. A l’occasion, il m’arrive de faire des efforts, mais c’est très exactement ce dont il s’agit : d’efforts. Je tente une série, ou une autre, et pendant le premier épisode, même quand j’y trouve quelques qualités, je sais d’ores et déjà que je n’aurai jamais l’envie nécessaire à m’investir dans toute une saison. Encore moins si la série en compte plusieurs…! Écoutez, on a tous des genres comme ça, qui nous parlent moins que d’autres.
    Ce qui n’est pas une raison pour se coucher bête.

    Hier soir, MBC lançait un thriller d’espionnage dans sa case de primetime du weekend : Geomeun Taeyang (ou The Veil de son titre anglophone). Ce soir, on cause de son épisode inaugural.

    A bord d’un bateau au large de la Corée du Sud, les garde-côtes découvrent non seulement des réfugiés, mais aussi une scène digne des pires films d’horreur : partout, sur toutes les surfaces, du sang et d’autres restes humains. Et surtout, des cadavres de trafiquants d’organes. Inutile de chercher très loin qui est le responsable du carnage : un homme est trouvé en train d’exécuter le dernier trafiquant, sous les yeux ahuris des autorités.
    Sauf que cet homme n’est pas n’importe qui : il est rapidement identifié sous le nom de Ji Hyuk Han, un agent du NIS, les services de renseignements sud-coréens. Le problème ? Eh bah… ça fait un an qu’on le croyait mort !

    Une fois débarrassée de cette exposition bien gore (qu’évidemment j’ai eu la brillante idée de regarder pendant le dîner), Geomeun Taeyang se lance dans une longue exposition beaucoup plus cérébrale. Car évidemment, l’enjeu n’est pas vraiment de savoir pourquoi des trafiquants d’organes ont été tués (bon, il y a quelques questions auxquelles ce serait bien de répondre quand même, mais c’est pas l’urgence quoi), mais plutôt de déterminer où Ji Hyuk a passé l’année écoulée.
    D’autant que les circonstances dans lesquelles il était supposément décédé sont elles-mêmes intrigantes. A l’époque, il faisait partie d’une unité d’élite chargée de… « rétribution » : lorsque des agents du gouvernement sud-coréens sont tués, son unité passe dans le camps ennemi et… égalise le score. Inutile de préciser que les capacités de Ji Hyuk en matière d’infiltration et d’exécution ne datent pas du fameux bateau. Or, lors d’une opération en Chine avec deux de ses collègues, ceux-ci ont été éliminés, et après avoir cherché Ji Hyuk pendant un moment, sa hiérarchie a conclu qu’il avait également été tué dans l’exercice de ses fonctions, bien que n’ayant jamais retrouvé son corps. Alors comment Ji Hyuk a-t-il survécu ? Et est-ce que par hasard il porte une responsabilité sur le sort de ses deux camarades d’unité ?
    Bien malin qui saura le dire : Ji Hyuk Han a perdu la mémoire. Et ce n’est pas un accident : les médecins du NIS pensent qu’il a reçu des substances entraînant une perte de mémoire. Il va donc falloir mener l’enquête aussi bien sur le terrain que dans ses propres souvenirs.

    Il y a dans l’intrigue centrale de Geomeun Taeyang quelque chose qui évoque Homeland (plus que Hatufim, d’ailleurs) : après sa longue absence, Ji Hyuk Han est à la fois potentiellement une victime et un coupable. Son retour au bercail pourrait être un soulagement, mais en réalité c’est une source d’inquiétude. Un homme mort ne pose pas de danger pour la sécurité nationale, après tout. Il a reçu, en outre, un entraînement qui fait de lui un espion hors pair, et il va en faire la démonstration déjà une fois ou deux pendant ce premier épisode. L’intérêt de cette amnésie, c’est que même Ji Hyuk n’est pas totalement convaincu de quel côté il est ! Ce serait pas mal si la série pouvait explorer ça par la suite…
    On découvrira aussi, progressivement, qu’il est en contact avec quelqu’un qui lui relaie certaines informations, preuve qu’il a une motivation plus ou moins affichée. Je n’ai pas compris qui était cet informateur (si tant est que des indices nous aient été délivrés), mais il apparaît clairement qu’il y a anguille sous roche vu le cliffhanger de fin d’épisode.
    Plusieurs de ces ambiguïtés vont être établies, et certaines levées, pendant l’introduction de Geomeun Taeyang. Avec une douzaine d’épisodes prévus, la série peut difficilement se permettre de faire traîner les choses en longueur, de toute façon. Enfin, pas trop. Cet épisode a quand même un méchant ventre mou, après le retour de Ji Hyuk, lorsque plusieurs personnages se relaient de scène en scène pour faire comprendre au protagoniste, et par la même occasion aux spectatrices, que la vérité est logée quelque part dans les souvenirs de notre héros. L’un de ces personnage est un supérieur et mentor de longue date, une autre est la veuve d’un de ses deux collègues retrouvés morts l’an dernier… (ma seule consolation c’est que, comme on me l’a fait remarquer pour m’inciter à tenter la série, elle est interprétée par Ha Seun Park, que j’avais adorée dans Sanhoojoriwon), et c’est donc supposé ajouter de la tension dramatique. Mais bon, c’est un peu longuet, et répétitif.

    Cependant j’aurais pu envisager de poursuivre la série si ç’avait été le seul problème. Le soucis c’est que Geomeun Taeyang n’arrive pas à s’empêcher de lancer une autre intrigue. Sa hiérarchie espérant que ses souvenirs reviendront au plus vite, mais se méfiant de lui dans le même temps, Ji Hyuk Han est réintégré au sein du NIS sans plus attendre, mais placardisé. C’est là qu’on lui flanque une nouvelle coéquipière, dont c’est le premier emploi de terrain après des années à officier derrière un bureau. Au bout d’environ une heure d’épisode où tout a été extrêmement sérieux, voire pire (je vous renvoie au bateau), on introduit donc un personnage inexpérimenté, naïf et maladroit (par exemple il est établi dans la première scène où elle apparaît qu’elle ne sait pas viser avec son arme de service). On commence dans le dernier quart d’heure de cet épisode à trouver des passages plus légers, pour ne pas dire lorgnant sur l’humoristique, comme si Geomeun Taeyang avait peur d’avoir trop bien posé l’ambiance. Bah ouais, tiens, ce serait dommage d’écrire un thriller psychologique d’espionnage sans comic relief !
    Et là vraiment, je veux bien faire des efforts, mais c’est trop m’en demander. Je veux bien essayer de regarder une série d’espionnage de temps en temps, mais si c’est pour partir dans tous les sens d’un point de vue du ton, c’est sans moi. Sans compter que très franchement, que les deux personnages les plus inutiles de cet épisode introductif soient des femmes m’a aussi un peu laissée circonspecte.

    C’est vraiment dommage. Je crois sincèrement que j’aurais pu tenter le coup pendant un ou deux épisodes de plus avant de me faire une opinion définitive, mais là c’est un peu trop d’un coup. Peut-être que sur une autre chaîne, Geomeun Taeyang ne se serait pas sentie obligée de manger à tous les râteliers comme ça. Peut-être qu’elle aurait préservé son aura paranoïaque et se serait concentrée strictement sur l’exploration complexe des souvenirs de cet espion. On ne saura jamais. Enfin bon, moi, j’ai consenti un effort, j’ai ma conscience pour moi.


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  • Un plan pour après

    17 septembre 2021 à 22:32 • Review vers le futur •

    Il semble parfois que de nombreuses séries s’intéressent au monde sportif. Mais très peu le font comme Virage, une série québécoise lancée cette semaine par Noovo (accessoirement première série dramatique originale de la plateforme, après les comédies Le Killing, Entre deux draps, et Contre-offre dont on a parlé plus tôt cette année). C’est-à-dire en parlant non pas du sport lui-même, ou de sa culture, ou de son économie… mais de ses sportives.

    D’une sportive, en particulier : une patineuse de vitesse plusieurs fois médaillée qui, au retour des Jeux Olympiques, décide d’opérer de grands changements dans sa vie. Sans être un biopic, la série a été inspirée par une rencontre fortuite entre l’acteur, scénariste et producteur Louis Morissette (entre autres vu dans la première saison de Plan B) et la patineuse Marianne St-Gelais. Celle-ci est d’ailleurs consultante sur la série.

    L’équipe canadienne de patinage revient des JO ; l’accueil à l’aéroport, par le public, la presse et les familles, est enthousiaste, et prolonge les effets des victoires et des médailles. Au moins temporairement. L’ivresse passée, pourtant lors des premières interviews ou de discussions plus personnelles avec l’entourage, une question embarrassante commence à faire son apparition : et après ? Quel est le plan pour après ?
    Tout le monde semble avoir une idée bien arrêtée de ce qui vient après pour Frédérique Lessard : les championnats mondiaux se profilent, pour commencer, et l’entraînement va redevenir la priorité. Et puis, il y a les fiançailles très publiques avec Antoine Bernard, et les préparatifs du mariage annoncé dans la presse.

    Toutefois Frédérique, elle, réfléchit à cet après depuis un moment, et elle commence à trouver des réponses différentes à cette question. En fait, plus les Jeux Olympiques s’éloignent, plus elle est certaine de vouloir tout changer. En l’espace de quelques jours, Frédérique rompt ses fiançailles avec Antoine, et décide de prendre sa retraite, effective après les mondiaux de patinage.
    Sauf que ça, c’est l’après immédiat. Une fois ces décisions majeures prises, il reste encore à inventer… tout le reste.

    Le premier épisode de Virage, atypique à plusieurs égards, jongle avec plein d’objectifs à la fois.
    D’une part, il s’agit évidemment de remplir une mission d’exposition : nous dire qui sont Frédérique, Antoine, le personnel d’encadrement au sein de l’équipe, les membres de la famille, et ainsi de suite. Nous donner leur motivation, ou au moins y faire allusion, aussi, fait partie du contrat. D’autre part, cette introduction à Virage est aussi une introduction à la vie de sportive de haut niveau d’une façon plus générale : le rythme des entraînements, les obligations publiques, la surveillance constante de son corps et de sa santé, le mental… Certes, Frédérique est bien entourée pour tout cela, mais cela reste un défi, à plus forte raison alors qu’elle est en pleine rupture amoureuse.
    Toutefois les choses ne s’arrêtent pas là. Cet épisode inclut également de nombreux flashbacks qui montrent que l’existence que mène Frédérique aujourd’hui, la façon dont sa vie est millimétrée afin d’obtenir la meilleure performance possible, c’est ce qu’elle a toujours connu. Depuis son plus jeune âge, lorsque son aptitude au patinage a été découverte, encouragée et cultivée par ses parents, elle s’est entièrement consacrée à sa passion, repoussant ses propres limites. Tout son univers tourne autour du patinage : sa famille qui la soutient (…et qui prend une grande partie de ses décisions en fonction du calendrier de ses compétitions), son fiancé (maintenant ex-fiancé) qui en vit également, ses amies qui sont plus ou moins proches (dont son préparateur Tristan ou la nouvelle patineuse qui représente l’espoir de l’équipe, Florence)…

    Lentement, mais sûrement, avec une force croissante, Virage introduit l’idée que Frédérique veut du changement, mais qu’elle n’est pas entièrement consciente qu’elle n’a rien construit hors du patinage jusqu’à présent. Dés lors, à quoi ressemble la vie à sa retraite ? Qui est-elle sans le patinage ?
    Je trouve cette approche incroyablement courageuse, parce que fondamentalement différente de ce que font la plupart des séries dramatiques s’intéressant au monde sportif. Les séries sportives prennent des formes diverses, mais très peu se préoccupent de ce qui est au centre de la problématique de Virage.

    Nombre d’entre elles préfèrent se préoccuper de la partie ascendante de la carrière d’une sportive ou d’une équipe sportive. La question qui est souvent posée, implicitement, aux protagonistes, est de savoir si elles obtiendront ce pour quoi elles travaillent si dur : en ont-elles les capacités ? Le prix qu’elles sont prêtes à payer suffira-t-il à décrocher la victoire ? Par exemple, la série australienne Barracuda faisait, dans l’ensemble, un très bon travail sur le sujet.
    Il y a aussi toutes sortes de séries sportives mettant l’accent sur la progression d’un club en échec, qu’une opération de la dernière chance doit mener soit au sommet, soit à la disparition totale. Ce n’est pas la préoccupation majeure de Ted Lasso, mais c’en est bel et bien un enjeu de la série. De la même façon qu’on soutient une équipe réelle, on se met alors à espérer que l’équipe de fiction trouve le succès qu’elle semble mériter, et que ses efforts soient récompensés. Ces séries sportives-là sont profondément des séries morales, dans lesquelles c’est la pureté des sentiments et des intentions qui occupe l’essentiel des intrigues. Si votre âme est noble, alors vous devriez, presque karmiquement, être récompensée par la victoire. Clear eyes, full hearts, can’t lose, pas vrai ?
    D’autres séries sportives dont la fonction première est de surfer sur l’intérêt des spectatrices pour un sport en particulier, mais sans en faire le centre d’intérêt de la série. Les intrigues sont alors construites sur autre chose, souvent de la romance. Rappelons aussi au passage que les premières séries sportives japonaises sont apparues uniquement à cause de l’intérêt suscité par les JO de Tokyo en 1964 (…d’ailleurs vous avez de la chance que les sous-titres du dorama Idaten n’aient pas été finis à temps pour les jeux de cet été, parce que sinon vous y auriez eu droit).
    Et pour finir, je vous fais grâce des séries sportives qui s’intéressent uniquement aux aspects « corporate » de l’industrie qu’au sport lui-même ; pour une illustration de cette approche, je vous laisse aller consulter la review d’El Pre$idente.

    Hors de ces grandes familles de séries, combien de fictions se demandent ce qu’il y a après le sport ? Et attention : pas parce que le corps a lâché, ou qu’il y a eu échec, mais par choix.
    Après avoir consenti tous les sacrifices pour réussir au plus haut niveau du patinage de vitesse, Frédérique va être confrontée à la réalité : tout dans sa vie est à construire si elle en retire l’omniprésence du sport. Et en premier lieu, avant même de faire des projets concrets, c’est toute sa conception des choses que Frédérique doit reprendre à zéro. A la fin de cet épisode inaugural, déjà, on verra que ce n’est pas aussi simple que cela en a l’air : Frédérique n’a rien hors du patinage, mais le monde, lui, a continué de tourner sans elle. Et elle n’a jamais développé les outils lui permettant de s’y adapter…

    Ce n’est évidemment pas fait exprès, la série ayant été mise en production bien avant, mais après un été pendant lequel des athlètes comme Simone Biles ou Naomi Osaka ont, cet été, réussi à (enfin) alerter le grand public sur la santé mentale des sportives, Virage touche à quelque chose de précieux, et dans l’air du temps. L’excellence a un prix, et il ne se paie pas qu’en sueur.
    Pour l’instant je ne sais pas trop ce qui attend Frédérique, et pour être honnête je me suis même sentie inquiète pendant cet épisode. Il n’y a plus qu’à espérer en sa victoire.


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