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    14 mai 2021 à 23:46 • Review vers le futur •

    Trois chaînes Sky d’Europe lançaient conjointement aujourd’hui une nouvelle série historique, Domina. Alors du coup, destination la Rome antique ce soir, pour découvrir le premier épisode de ce biopic, supposé nous raconter une page de l’Histoire romaine d’un point de vue plus féminin qu’à l’accoutumée.

    Trigger warning : viol et tentative de viol.

    Vous l’aurez deviné, ce regard féminin va nous permettre d’assister au quota de scènes de violences envers des femmes, parce que hey, vous savez bien que si c’est l’Histoire qui le dit, on a une bonne excuse. Moi, amère ? Allons donc.

    L’héroïne de Domina, c’est Livia Drusilla, une jeune fille de la haute société romaine qui a 15 ans lorsque la série commence, et qui s’apprête à se marier (et encore, comme lui fait remarquer son père, ça fait 2 ans qu’elle était en âge de le faire). Chérie par son père, Livia est très consciente d’être riche, jeune et belle (elle va même le dire à voix haute à un moment de ce premier épisode), et globalement elle est plutôt sûre d’elle, même si bien entendu ce mariage à un inconnu, Tiberius Claudius Nero, la rend un peu nerveuse.
    Tout ça n’est rien en comparaison de ce qui l’attend : son existence plutôt protégée jusque là va bientôt être changée du tout au tout par la politique romaine, qui n’avait été un bruit plutôt distant pour elle. Ses noces se déroulent en effet un an après l’assassinat de César, et la République romaine est sur le point de vaciller.

    Caius Octavius, le fils adoptif de César (la série ne le dit pas, mais c’est par adoption posthume !), a en effet bien l’intention de venger son aïeul, et si possible prendre une place similaire dans la vie politique de Rome. Plutôt fin stratège, il échafaude une stratégie avec son partenaire Marcus Vipsanius Agrippa (une brute sanguinaire et vicieuse), s’allie aux bonnes personnes, et finit par décider d’éliminer environ 2000 Romains influents qui auraient trahi, ou participé à trahir, César. Et comme ça, ça fait de la place.
    Le père puis le mari de Livia se retrouvent sur la liste, et voilà bientôt notre héroïne, désormais jeune mère, sur les routes en train d’échapper aux massacres qui se poursuivent pendant plusieurs mois.

    J’aurais aimé vous dire de bonnes choses du premier épisode de Domina. Bon, techniquement je peux en trouver quelques unes, genre la réalisation est soignée, ou les costumes sont beaux… mais ça fait un peu « j’ai beaucoup aimé cette oeuvre d’art parce que l’artiste n’a pas colorié en-dehors des traits ».
    La vérité c’est que, je ne regarde pas beaucoup de péplums (et soyons honnêtes, ce n’est pas un genre super courant à la télévision… même si j’aimerais bien faire main basse sur Romulus, dans sa version originale en latin, je n’ai trouvé qu’une version doublée pour le moment), mais j’étais déjà en overdose rien que de voir ce premier épisode. Aucun cliché ne nous sera épargné, et par là je veux dire qu’il va y avoir du sang, de la baise, du viol, et euh, du sang. Même si je comprends bien qu’on ne peut pas vraiment parler de cette période sans aborder la violence de la transition, prétendre que Domina le fait d’un point de vue féminin ne change rien au fait qu’on a déjà vu exactement toutes ces choses. En outre, à part Livia et dans une moindre mesure sa dame de compagnie Antigone (une esclave à laquelle son père a donné sa liberté pour qu’elle devienne la suivante de Livia après son mariage), la série ne s’intéresse pas vraiment à d’autres personnages féminins. Il y a deux autres femmes assez mineures qui passent vite fait le Bechdel test dans ce premier épisode, mais la série les emploie principalement pour faire de l’exposition, et une seule d’entre elles a le droit, fugacement, d’exprimer quelque chose d’un peu personnel. Pardon si je ne saute pas de joie.
    Serez-vous surprise d’apprendre qu’il s’agit d’une série créée et écrite par un homme ?

    C’est vraiment difficile de s’enthousiasmer pour ce premier épisode (et je n’ai pas parlé de sa timeline un peu étrange). On dirait qu’en-dehors du fait qu’il s’agit d’un biopic de femme ayant vécu dans la Rome antique (et c’est vrai que ce type de fiction est vraiment rare), il n’y a pas vraiment de changement par rapport à ce que l’on voit d’ordinaire pour des fictions se déroulant à cette époque. Peut-être est-ce amené à s’améliorer par la suite (on n’a pas encore vu le personnage incarné par Isabella Rossellini, après tout), mais, trop tard, j’ai déjà épuisé toute ma bonne volonté à l’égard de Domina.


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  • Confiné malgré lui

    14 mai 2021 à 16:42 • Telephage-o-thèque •

    La semaine dernière, en boutiquant autour des séries du Ramadan et plus particulièrement de COVID-25, j’ai découvert que la plateforme Shahid (qui dépend de MBC, le géant du MENA… à ne pas confondre avec le diffuseur sud-coréen du même nom) propose une semaine d’essai, sans géobloquage. J’étais partie du principe inverse pour l’Europe, ça a donc été une bonne surprise !
    Ni une ni deux, je suis partie tester un maximum de séries pendant que le compteur tournait. Avant de parler de la review du jour, on va donc faire un petit détour par la plateforme Shahid elle-même.

    Shahid, bien-sûr, est l’endroit où il fallait être pour profiter d’une bonne partie de la production régionale du Ramadan (j’ai eu le nez creux d’y jeter un oeil vers la fin de celui-ci, quand toutes les séries avaient été lancées y compris celles de la mi-Ramadan). Shahid propose les séries de MBC avec parfois plusieurs jours d’avance sur leur diffusion en linéaire, plus, bien-sûr, sert de catch-up en cas d’épisode manqué.

    Il faut en effet mentionner que même si le Ramadan reste la plus importante saison télévisuelle du monde arabe, Shahid propose des séries à longueur d’année, y compris des séries originales en tous genres depuis 2019. La review d’aujourd’hui portera d’ailleurs sur un Shahid Original.

    La plateforme a beaucoup de contenu égyptien, c’était à prévoir, mais aussi quelques séries du Golfe, du Liban et de Syrie, facilement trouvables sur l’onglet « TV Series » qui offre des listes bien ordonnées.

    L’onglet « Explore » est encore plus facile d’emploi, avec ses jolis carrés bien clairs et ordonnés ; hélas pour moi je n’ai pas eu le temps d’aller fouiner dans la rubrique Bollywood, mais c’est intéressant que toute une rubrique existe.
    D’une façon générale on ne peut pas dire qu’il soit compliqué de s’orienter sur la plateforme, et mes essais avec la fonction de recherche ont également été concluants, le moteur comprenant les titres originaux en arabe, en caractères romains (à condition d’avoir la bonne transcription), ainsi que les titres anglophones/internationaux.

    A noter également une rubrique « Kids » très fournie (avec contrôle parental bien-sûr), bien que moins organisée, mais avec beaucoup d’animation… dont des co-productions japonaises ! A mon grand regret, je n’ai pas réussi à trouver une série de fiction en live action, sans quoi ç’aurait définitivement donné lieu à une review…
    Comme pour beaucoup de plateformes de VOD, Shahid camoufle ses classiques ; je n’ai, hélas, réussi qu’à mettre la main sur de vieux films, pas de séries datant d’il y a plus de 3 ou 4 ans environ. Par contre il était très rafraîchissant d’avoir accès à un grand nombre de comédies (comme par exemple Al Anisa Farah, une adaptation de Jane the Virgin actuellement dans sa 3e saison), même si, manque de chance, elles sont rarement sous-titrées, alors que je n’ai pas eu ce déplaisir avec les dramas.
    En gros j’ai passé la semaine à fouiller dans les tuyaux de Shahid et laissez-moi vous dire que je me suis régalée ; l’abonnement au mois est de 6,99€ (il y a aussi un abonnement annuel possible), et si je les avais, je ne me poserais pas la question de savoir si Shahid les vaut. A bonne entendeuse.

    Toutes les séries testées cette semaine ne m’ont pas intéressée de la même façon, et c’est bien normal. Petit récap vite fait, pour vous donner une idée de la semaine que je viens de passer :
    – le crime drama 2020 (qui, ironiquement, devait être diffusé l’an dernier mais ayant pris du retard dans sa production à cause de… bah, 2020, a finalement été lancé pendant le Ramadan 2021) par exemple, n’était pas trop ma tasse de thé ;
    – Dentelle, une romance soapesque sur fond de, eh bien, dentelle, n’a hélas pas une once d’originalité. En regardant cette série se déroulant dans un atelier de haute couture, je me suis demandé comment on pouvait rater autant une série dans un atelier de haute couture, et avec du matériel promotionnel aussi alléchant. Trois quarts d’heure de ma vie que je ne reverrai jamais, ou plutôt que j’avais déjà vus cent fois ;
    – j’aurais voulu avoir plus de temps pour Margaret, une série koweïtienne sur une vieille femme qui, après avoir passé l’essentiel de sa vie à Londres, revient dans sa famille et crée beaucoup de malaise. Le pilote, plutôt bavard, était inégal mais élégant, malheureusement je n’aurai pas eu le temps d’affiner mes premières impressions ;
    – un peu de déception du côté de Bayn El Samaa w El Ard, dont j’avais lu que c’était l’adaptation d’un film égyptien des années 60, et qui s’intéresse à ce qui se passe lorsque plusieurs personnes très différentes se trouvent bloquées ensemble dans un ascenseur. Les descriptions que j’avais lues semblaient dire qu’il s’agirait d’une de ces séries sociales comme on en trouve tant dans la région, forçant des protagonistes de divers milieux à interagir pendant plusieurs heures, et c’était alléchant. A la place le premier épisode est super brouillon, ça hurle dans tous les sens… la série va peut-être quelque part mais je n’avais qu’une semaine, beaucoup de découvertes à faire, et donc pas le temps de lui donner une chance d’apporter quelque chose de consistant ;
    – il faudrait qu’on cause à tête reposée de Mousa (certaines sources le romanisent aussi en Musa ou Moussa, mais Mousa est la transcription la plus courante, donc on va partir là-dessus), une série historique qui se déroule en Egypte pendant la Seconde Guerre mondiale. Même si le premier épisode était un peu lent, du fait de l’exposition entre autres (et aussi parce que quand on a 30 épisodes devant soi, on a le temps de prendre le temps), mais élégant visuellement, très orienté vers la chronique familiale et/ou villageoise, et avec Mohamed Ramadan dans le rôle-titre, donc forcément incontournable. En outre il s’agit d’une perspective plutôt rare sur cette période, dans les séries auxquelles en tant qu’Européenne j’ai normalement accès ;
    – Leabet Newton ou Newton’s Cradle est un intéressant human drama (ce n’est pas sale) égyptien sur l’immigration, et plus particulièrement les « anchor babies« . La série suit un couple qui attend un enfant : Hazem, resté au pays, et Hana, qui tente à tout prix d’accoucher sur le territoire étasunien pour que son enfant ait la nationalité, et ainsi avoir une raison légale d’immigrer aux USA. La réalisation est vraiment solide, la série est assez impressionnante, et le sujet est rare, bien traité pour le moment. L’une des séries que je regrette le plus de n’avoir pas pu poursuivre, parce que je voudrais bien savoir ce qui motive Hazem et Hana à choisir les Etats-Unis, ce qui n’est pas vraiment couvert dans le premier épisode.

    Donc ça, ce sont les séries dont on ne parlera pas aujourd’hui. Quel est donc notre sujet du jour ?

    Eh bien, je veux attirer votre attention sur l’une des séries originales de Shahid qui date non pas du Ramadan mais de l’été 2020, et qui est plutôt une dramédie. Al Haramy (ou The Thief) est apparemment tirée de faits réels, et j’avoue que j’ai très envie de connaître CETTE histoire-là maintenant aussi, même si mes premières recherches n’ont pour l’instant rien donné (mais il est vrai que je ne parle pas l’arabe).
    La série se déroule alors que le confinement démarre, et qu’un cambrioleur se retrouve bloqué dans un hôtel particulier habité par toute une famille. Les voilà donc toutes bloquées ensemble ! Les épisodes sont très courts (environ 15 minutes si l’on inclut le générique de fin, que d’elle-même la plateforme Shahid a tendance à couper), mais leur rythme est impeccable… et de toute façon j’ai fini par bingewatcher la série, la saison ne comptant que 10 épisodes. Il me faut au passage souligner le soin particulier apporté à la réalisation, et notamment de jolies couleurs chaudes et froides, un contraste avec lequel la série joue en permanence.

    Al Haramy nous présente comme protagoniste central Kamal, un jeune homme qui n’a pas connu sa famille et qui vit aujourd’hui de petits truandages avec son seul ami et mentor. C’est d’ailleurs sous l’influence de celui-ci, un peu contre sa volonté, qu’il se lance dans le cambriolage d’un domicile cossu, où en apparence personne n’est présent. Hélas pour lui, en plein milieu du casse, c’est toute une famille de 5 personnes qui réintègre les lieux, malgré le couvre-feu. Alors que son comparse se fait la malle, Kamal est piégé entre les murs de la résidence…
    Une grande partie des épisodes emploie un ton dramédique, les tentatives pour Kamal de sortir étant traitées avant tout comme un problème embarrassant. En outre la famille passe beaucoup de temps à entrer dans une pièce, s’y disputer, puis passer dans une autre pièce, ce qui donne une partie de cache-cache digne d’un jeu video. Cependant, Al Haramy est aussi à prendre au sérieux. Les nombreuses discussions auxquelles Kamal (et donc le public) assiste révèlent des choses sur la dynamique familiale, aussi bien ce qui est dit (les parents qui ne s’entendent plus, par exemple) que ce qui ne l’est pas (les tourments que Farida vit en cachette, notamment). Cette famille aussi est forcée de cohabiter pendant le confinement, après tout, et même si ce n’est pas l’angle principal de la série, c’en est un quand même. D’après mes savants calculs, Al Haramy se déroule pendant cinq jours à la mi-mars 2020 : en toile de fond de l’action, on revit (ô joie) l’inquiétude grandissante causée par le coronavirus, les questionnements sur ce qui est dangereux ou pas, et l’anxiété qui grimpe à cause de l’enfermement.
    Mais ce n’est pas son sujet principal. L’idée, c’est surtout d’explorer ces quelques jours, presque rien et pourtant interminables, pendant lesquels Kamal est bloqué à l’intérieur de cette maison riche où vit une famille, c’est-à-dire tout l’inverse de sa propre expérience.

    Car ce qui est intéressant, c’est la façon dont son attachement à la famille se construit. Kamal se voit même offrir une opportunité de sortir (avec un petit pactole, en plus) à la fin du 3e épisode, mais qu’il ne saisit finalement pas. Pourquoi ? Parce qu’en se cachant, la nuit, dans ce domicile inconnu, il a progressivement appris à connaître ses habitantes. Tarek et Rania, les parents, se disputent en permanence ; Tarek apparaît initialement comme un peu paranoïaque, mais il s’avère qu’il a bien raison de l’être puisqu’effectivement il y a un intrus chez lui ! Rania est quant à elle excédée par lui, et ne manque pas de le lui faire savoir. La famille a également trois filles : Farida, l’aînée, très populaire et d’ailleurs fiancée, mais qui cache un lourd secret ; l’adolescente Sally, à la santé fragile et plutôt fleur bleue ; et enfin la petite Nour, qui est, euh, une enfant donc (et pas grand’chose de plus).
    Pendant ce temps, Kamal ignore que Tarek a été averti qu’un cambrioleur (possiblement deux) s’est introduit chez lui. Le complice de Kamal (j’ai regardé toute la saison et je suis pas capable de vous dire comment il s’appelle, même pas sûre que son nom ait été prononcé une fois) a en effet été temporairement blessé, puis intercepté, avant de se faire la malle, ce qui donne à Tarek une base de départ sur laquelle il va enquêter pendant les épisodes suivants, sa méfiance naturelle trouvant enfin une raison d’être.

    Les derniers épisodes de la saison deviennent plus dramatiques, d’autant que Kamal s’est trouvé une alliée à l’intérieur du domicile, et qu’une relation est en train de se construire entre les deux, plutôt qu’unilattéralement et à distance comme précédemment. Kamal s’étend aussi, un peu plus, sur les manques qui ont été les siens jusqu’à présent, et ses fantasmes de vie familiale sont plus explicitement dévoilés. Tarek est quant à lui plus remonté que jamais à l’idée que sa famille ait pu être (ou soit toujours) en danger, et le clash apparaît comme inévitable. L’intrigue de Farida, pour finir, trouve une conclusion un peu déroutante.
    J’avoue que j’ai été un peu moins convaincue par la conclusion que par le reste. Elle m’a semblé un peu brusque, et n’apporte pas de satisfaction totale à un niveau dramatique. Au juste je ne sais pas comment le cambrioleur aurait pu trouver de l’affection auprès de cette famille, après avoir fait intrusion dans leur vie ; c’était probablement utopique de l’espérer, mais la série m’a précisément laissé le penser avant de me contredire au dernier moment. En outre l’épisode final se conclut sur une ambiguïté déplaisante, alors qu’il n’y avait pas de raison (même dans l’éventualité où Shahid envisage une deuxième saison).

    En somme Al Haramy est plutôt réussie, plaisante, émouvante par moments, et c’est tout à son honneur vu le format très compact qui est le sien. Elle est imparfaite, mais je n’ai aucun regret : pour un investissement de deux heures (donc facilement jouable pendant cette semaine d’essai), j’ai été largement récompensée de ma curiosité. Et vous pourriez l’être aussi, si vous le vouliez…


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  • La moyenne évasion

    9 mai 2021 à 20:54 • Review vers le futur •

    C’était un peu une surprise de découvrir Intergalactic. Son premier épisode ne ressemblait pas tellement à une série de science-fiction britannique, mais plutôt aux productions nord-américaines. Les moyens investis semblent largement supérieurs à la moyenne, la distribution est plus diverse que dans la plupart des séries d’outre-Manche, et l’action est omniprésente.
    Et pourtant Intergalactic est terriblement anglaise dans sa présentation d’un « Commonworld » aux ressources limitées mais qui compte sur sa flotte spatiale pour se décharger des prisonnières encombrantes, et les envoyer vers une colonie carcérale. Arrêtez-moi si vous la connaissez déjà.

    De la situation de monde vivant 122 années après nous, on n’en saura pas beaucoup plus dans le premier épisode. Quelques éléments nous indiquent une catastrophe écologique ici et l’existence d’une nouvelle substance (« New Aurum ») là, mais c’est bien tout. Ce qui intéresse Intergalactic le plus, ce sont ses personnages, en grande majorité des femmes.

    L’héroïne est Ash Harper, fille d’un héros aujourd’hui disparu et d’une gradée influente, Rebecca Harper. Lorsque l’épisode démarre, Ash a tout l’air d’avoir des états de service tout aussi impeccables, et son supérieur direct la recommande même pour une médaille après qu’elle ait intercepté une criminelle qui avait volé du New Aurum. Le sentiment de fierté sera de courte durée : quelques minutes plus tard, elle est arrêtée pour vol de New Aurum, une video la montrant en train de subtiliser le paquet qu’elle a confisqué lors de l’interpellation. Pourquoi et comment une video peut-elle la montrer se servir parmi les pièces à conviction, alors que nous avons de nos yeux vu l’inverse ? Patience.
    En tout cas le vol de New Aurum est pris très au sérieux : c’est un acte de trahison. Elle est donc envoyée, sans autre forme de procès (littéralement : apparemment tous les moyens de la Justice ont été attribués à la police dans ce futur), sur le Hemlock, au sein d’un convoi de prisonnières. Elle y retrouve, coïncidence malencontreuse, la voleuse qu’elle avait fait coffrer quelques minutes plus tôt, dénommée Verona. Plusieurs autres prisonnières sont également à bord : Tula, une criminelle impulsive et colérique ; Genevieve, la fille de celle-ci et une machine à tuer ; Candy, une étrange humaine au comportement complètement dérangé ; et une mystérieuse prisonnière dotée d’un harnais la forçant au mutisme, dont on nous révèle en cours d’épisode qu’il s’agit d’une terroriste, la Dr Emma Grieves.

    Ce qui va se passer à partir de là va être ébouriffant, nous pas parce que c’est particulièrement innovant, mais parce qu’il n’y a pas de temps mort. Intergalactic met en scène une rébellion à l’intérieur du Hemlock, qui bientôt est pris en otage par ses propres prisonnières, Farscape-style. Et avec des coordonnées bien précises en vue…
    Ash Harper, dans tout ça, va devoir faire son possible pour survivre, dans des conditions dangereuses parce que les prisonnières en fuite sont parfaitement imprévisibles. Elle s’accroche désespérément à sa droiture morale, et je me demande dans quelle mesure Intergalactic va lui permettre de s’y tenir. Je subodore en tout cas que plus nous allons en savoir sur le but poursuivi par les criminelles, plus les choses vont nous apparaître comme relatives…
    C’est rythmé, c’est joli, ça bouge dans tous les sens, et on a encore plein de choses apprendre sur ce monde, bref il y a de quoi s’occuper pour une saison de 8 épisodes, qui apparemment est tombée d’un coup d’un seul la semaine dernière au Royaume-Uni (ainsi qu’en Australie le lendemain et aux USA plus tard ce mois-ci, eh oui, des effets spéciaux chers ça implique quelques préventes). Pas certaine que la série en ait assez dans le ventre pour aller beaucoup plus loin, mais si toutes les séries de science-fiction devaient être des dissertations de philosophie, ça se saurait.


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  • Too soon

    8 mai 2021 à 10:56 • Review vers le futur •

    Ah, la science-fiction ! Domaine de l’imaginaire, voire de l’espoir ! Comme il est bon de songer à voix haute à des futurs où tout est possible ! Comme il est réconfortant de se représenter un monde meilleur, où la technologie a amélioré notre qualité de vie !
    Et donc aujourd’hui, on parle de la série égyptienne d’anticipation COVID-25.

    Trigger warning : épidémie, auto-mutilation.

    Il doit y avoir une chouette ambiance dans les foyers où l’on a choisi, pendant le Ramadan, de regarder cette série qui nous prédit une seconde pandémie (pitié, pas une deuxième) dans moins de 5 ans… Rien que le générique, trois minutes ponctuées en permanence de cris déchirants de douleur, donne bien le cafard. Accrochez-vous, ça ne s’arrange pas pendant la suite du premier épisode.

    COVID-25 n’a qu’un seul vrai personnage important, le docteur Yassin Taha Almasry. C’est un homme qui a perdu Ali, son fils de 5 ans, pendant l’épidémie de COVID-19, et ne s’en est jamais vraiment remis. Alors qu’il menait une brillante carrière de chirurgien spécialisé en neurologie, il n’a plus remis les pieds à l’hôpital, et comme beaucoup de parents après un tel deuil, il s’est séparé de son épouse Nahal, qui a la garde de leurs deux autres enfants Bilal et Leila.
    Depuis, Yassin passe le plus clair de son temps dans sa maison sur la plage, et se dédie entièrement à sa carrière d’influenceur sur les réseaux sociaux. Il nous est d’ailleurs présenté alors qu’il est en train de faire un livestream depuis la plage, à se demander ce que sont les étranges phénomènes observés partout dans le monde récemment.

    Ah oui parce que, effectivement, il y a des petites étrangetés. Aux quatre coins de la planète, des personnes de tout âge, tout genre, toute condition sociale se mettent à… à bugger. Il n’y a pas vraiment d’autre mot pour ça. Elles ne répondent plus aux stimuli extérieurs, elles ont le regard fixe, elles se mettent à osciller légèrement. Parfois répétant des mots inaudibles. Souvent en se mettant en danger. Toujours dans la plus grande incompréhension.
    En fait, en plein milieu dudit livestream, derrière lui, un homme donne tous les signes de ce comportement étrange, s’avance dans la mer, et manque de se noyer. Seule l’intervention courageuse de Yassin lui sauve la vie, ce que l’homme ne semble même pas remarquer. Certains accusent Yassin d’avoir mis l’incident en scène, mais on a tendance à penser comme lui que l’accusation est absurde : la série nous a bel et bien montré que ce cas était loin d’être isolé.

    Ces phénomènes récents, bien entendu, suscitent beaucoup de questions, et Yassin n’est pas le seul à se demander ce qui peut bien arriver. Ses anciens collègues (tous des hommes, donc), à l’hôpital, reçoivent de plus en plus de ces cas étranges. Leur opinion est assez divisée sur le sujet. Les symptômes neurologiques ne font pas sens, et qu’il y ait de plus en plus de patients pour les manifester n’est pas rassurant. Certains médecins veulent consulter Yassin à ce sujet, puisque son expertise pourrait aider ; mais l’un d’entre eux (dont on apprendra plus tard qu’il entretient une relation avec Nahal) refuse : il pense que c’est l’ego de Yassin qui a causé la mort d’Ali, alors que le taux de mortalité sur les enfants était quasi-nul, et qu’un tel homme n’a pas sa place dans le milieu médical.

    Tout cela est très mystérieux… sauf que non. A ma grande surprise, ce premier épisode donne déjà de très sérieuses pistes d’explication à ce qui se passe ! Plutôt surprenant pour un thriller.
    Ainsi un flashback détaille également une ancienne présentation faite par Yassin cinq ans plus tôt, lorsqu’il travaillait en collaboration avec un laboratoire pharmaceutique et qu’il planchait sur COVID-19. Il avait alors théorisé que ce qui rendait la pandémie encore relativement « anodine » (toutes proportions gardées, évidemment) était que le virus s’attaquait principalement au système respiratoire, mais que s’il avait été capable d’attaquer le cerveau, les retombées seraient encore plus dramatiques. Je suis sûre que ce n’est absolument pas du foreshadowing.
    Une scène nous présente également deux employées de World Global Pharma, un laboratoire qui a joué un rôle capital dans la lutte contre COVID-19, pour lequel on commencerait presque à ressentir de la nostalgie. Presque. Les chercheuses commencent aussi à s’inquiéter de la situation ; en particulier, elles n’arrivent pas à oublier que le laboratoire pour lequel elles travaillent… écoutez, c’est une coïncidence confondante… il n’y a pas si longtemps, WGP avait un projet appelé Virus 12-C, qui donnait des symptômes similaires à ceux observés à travers le monde. Bon, le projet a été abandonné depuis, mais euh, c’est troublant quand même. L’une des employées commence même à se demander si, ma foi, l’intérêt de la R&D en matière vaccinale est limitée pour WGP s’il n’y a pas de nouvelle épidémie régulièrement…
    Pire, cela nous sera confirmé, presque totalement, lors d’un échange entre notre héros, forcément inquiet, et le PDG de World Global Pharma. Eh oui, c’est avec lui que Yassin avait travaillé pendant la pandémie précédente ! Du coup il se sent coupable de la tournure dramatique que prennent les choses.

    A ce stade, je suis aussi surprise que vous de voir que beaucoup de clés nous sont déjà données, au moins en apparence. Il y a encore des choses floues (comme l’omniprésence des oiseaux, en particulier les corbeaux, dans COVID-25). Mais pour l’essentiel on est quand même beaucoup moins laissées dans l’ignorance que dans la plupart des séries similaires.
    Tout cela dans un épisode qui prend aussi le temps de s’adonner à une saine dose l’exposition, de poser des enjeux soapesques assez inattendus (les rapports houleux entre Yassin et son ex-femme Nahal ; Nahal et l’ancien collègue de Yassin dont je ne pense pas qu’on ait prononcé le nom ; les difficultés de Bilal et Leila sans leur père…). On trouve même un peu de suspense, sur la fin, quand il s’avère que Yassin a confié la garde de Leila à ses voisines pour quelques heures, et qu’il a manqué de relever combien son voisin commençait à présenter des symptômes familiers…
    Tout ça dans un épisode d’une demi-heure ! Et avec un générique de 3 minutes ! Et dans une saison écourtée de 10 épisodes seulement, en plus, puisque COVID-25 n’a été lancée qu’à la mi-Ramadan (comme plusieurs séries cette année… pour cause de COVID-19), le dernier épisode ayant été proposé hier par la chaîne MBC et sa plateforme Shahid.
    Imaginez ce qui doit se passer dans les épisodes suivants, ça doit être du délire. Il n’y a de toute évidence aucun temps mort dans cet épisode introductif, qui en outre est plutôt esthétique.

    Malgré tout, je ne vais pas vous mentir, COVID-25 a un goût de too soon.

    Peut-être que si ce premier épisode avait un peu plus exploré les traumatismes causés par la pandémie précédente (je sais, je sais : cet épisode en fait déjà beaucoup à bien d’autres égards…), le sentiment serait différent. Le problème c’est que COVID-25 traite la pandémie que nous, en tant que spectatrices, vivons actuellement, comme bénigne et réglée : on y parle de vaccination déjà accomplie, de reprendre une vie normale. Il y a quelques brèves scènes de foule dans ce premier épisode et, comme vous en avez peut-être fait l’expérience vous-même, voir ces groupes compacts de gens suscite encore des sentiments mêlés. Il y a aussi le fait que, bon, c’est un peu conspirationniste tout ça.
    J’ai envie de croire que COVID-25 n’est pas qu’un thriller nous disant « boh, allez, ça pourrait être encore pire ». Certains détails permettent encore, à ce stade, de le croire. Mais trop peu. A un moment où la pandémie actuelle est loin d’appartenir au passé, je crois que je ne suis pas prête pour ce que COVID-25 essaie de dire.
    Du coup, je me garde les épisodes dans un coin, et je les regarderai dans quelques années. Cela dit on ne sait jamais, avec le recul, ce sera peut-être aussi glaçant que lorsque, sur un coup de tête, je l’ai lancé le pilote de 12 Monkeys le mois dernier…


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  • That escalated quickly

    7 mai 2021 à 23:02 • Review vers le futur •

    C’est toujours sympathique de lancer une série d’un diffuseur dont on ignore tout. Voir son logo s’afficher pour la première fois à l’écran. Se demander quelle est son identité (…si elle en a une), qui transparaît probablement dans son choix de série originale.
    MagentaTV, quelle genre de plateforme VOD es-tu ? Bon, outre le fait que tu mettes à disposition les programmes de la télévision publique allemande en replay… Eh bien apparemment, une plateforme qui propose en exclusivité des séries comme Roadkill, Condor, Romulus, Quartier des Banques, The Handmaid’s Tale, Cardinal, Pustina, Godfather of Harlem, Valkyrien… que du fun, donc. Et ça explique pas mal la gueule de sa série originale Wild Republic, qui ne déconne pas du tout.

    Trigger warning : maltraitance de mineurs, violences sexuelles.

    Du tout du tout.

    Le principe de départ de Wild Republic vous évoquera plusieurs autres séries similaires, à n’en pas douter : un groupe de jeunes (dont l’âge n’est pas spécifié mais qui semblent vers la fin de l’adolescence ou le tout début de l’âge adulte) avec des antécédents criminels se retrouve dans les montagnes du Tyrol pour un séjour de plusieurs semaines. Elles vont se retrouver coupées du monde, forcées de survivre alors que des tensions animent le groupe depuis les premiers instants. Wild Republic propose son petit twist personnel, bien-sûr : l’expédition est une tentative de rééduquer ces jeunes à la dérive.
    L’initiative revient à Lars, un éducateur et auteur qui a théorisé que l’éducation non-violente était plus productive que le système de punition actuel ; sa compagne Rebecca, également éducatrice, est une accompagnatrice de la randonnée, avec deux autres adultes. La randonnée est épique, non seulement de par son décor (et il faut le dire, celui-ci coupe le sifflet), mais aussi son organisation : les jeunes sont supposées être autonomes, gérer leur équipement, leurs repas, leur tente, et ce dés le premier jour. La coopération est aussi requise, même si elle est beaucoup plus difficile à implémenter au sein du groupe. Et bien-sûr des fouilles, tests urinaires, et autres mesures de contrôle, continuent d’être menées à plusieurs étapes de l’expédition.

    Dans tout ça notre héroïne est nettement Kim, qui est omniprésente pendant ce premier épisode. La façon dont elle nous est présentée est sommaire : des scènes ambigües nous montrent différentes situations stressantes et/ou traumatiques pour elle, mais sans nous en donner le contexte ni même la timeline. L’épisode va, progressivement, souvent par allusion, nous donner une à une les clés de la compréhension du personnage : qui est-elle, et pourquoi est-elle là ? Au départ, le fait qu’elle s’occupe de son frère handicapé et qu’elle tombe amoureuse du beau Attila ne semble pas trop coïncider avec les profils d’autres randonneuses, comme la droguée Jessica avec qui elle partage une tente.
    C’est là que Wild Republic m’a un peu perdue, en fait. Plus on en apprend, plus ça devient délirant. Je ne vous révèle pas la backstory de Kim, mais à un moment je me suis dit qu’on avait un peu sauté le requin quand même.

    Pire, quasi-exactement au moment où nous comprenons ce que Kim vient faire dans le Tyrol et pourquoi elle a l’air de porter la misère du monde sur ses épaules… c’est là qu’intervient un autre twist. Que je ne vous gâcherai pas plus.

    Et au final, c’est presque dommage. Même pas presque : C’EST dommage. Ce premier épisode essaie tellement d’en faire, qu’on perd un peu de vue ce qui faisait sa spécificité : cette histoire d’éducation non-violente, c’était particulièrement inédit. Il y a toute une scène dans ce premier épisode, plutôt vers le début (c’est-à-dire avant qu’on n’en sache beaucoup sur Kim), qui force Lars à expliquer ses théories éducatives sur un plateau de télévision, face à une journaliste et un contradicteur ; on y apprend que Lars a grandi sous le toit d’un père violent, et que c’est la maltraitance dont il a fait l’objet qui a forgé ses convictions. La violence éducative, c’est plus complexe qu’il n’y paraît ; et punir un jeune, ça n’a pas toujours les effets escomptés. Plus tard, quelques échanges téléphoniques entre Lars et Rebecca nous donneront une vague idée des conséquences réelles de l’éducation qu’a reçue Lars, et c’est à la fois compréhensible et dérangeant… mais vu le twist de fin du premier épisode, je ne vois pas comment cet axe peut conserver le peu d’importance qu’il a pendant l’exposition. Lars, d’ailleurs, ne fait même pas partie de l’expédition, et vous l’aurez compris, dans les montages du Tyrol, on n’envoie pas des textos à longueur de journée pour le consulter sur des théories éducatives.
    Bon alors ne nous mentons pas, je vais jeter un oeil aux épisodes suivants pour voir si, sur le fond, Wild Republic prend le temps de finir ce qu’elle a commencé sur ce sujet, mais je suis pessimiste vu la tournure des choses. C’est dommage, ce discours nuancé et terrible était profondément unique.

    Mais alors, à la fin de cet épisode inaugural, que reste-t-il ? Eh bien une micro-société constituée de jeunes perdus en pleine nature qui, euh, pardon d’utiliser toujours la même référence hein, mais bon ya pas trop le choix, évoque un peu Sa Majesté des Mouches, et d’après le synopsis de la série c’est en fait précisément ça le but.
    La violence assumée des jeunes protagonistes de Wild Republic (et qui, à en voir le matériel promotionnel, ne va sûrement pas s’arrêter là) m’a évoqué deux autres séries allemandes récentes : Wir Kinder vom Bahnhof Zoo, et surtout Wir sind die Welle. Des séries où non seulement la violence est partie intégrante de la jeunesse des protagonistes, mais aussi, presque, une certaine forme d’expression plus profonde de maux divers. J’ai l’impression qu’on a l’air de rien assisté à une petite révolution de la représentation de la jeunesse allemande sur le petit écran (ou plutôt sur les écrans connectés à diverses plateformes nouvellement arrivées sur le marché : Amazon Prime, Netflix, et maintenant MagentaTV, même si elle devrait débarquer sur arte ultérieurement), même si je ne suis pas encore totalement sûre de la conclusion à en tirer. Je serais en tout cas curieuse de savoir si le public-cible de ces séries s’y retrouve.
    Moi en tout cas, je vais essayer très fort de me concentrer sur l’aspect carte postale pour avancer dans les épisodes, mais franchement le moral n’est pas aussi haut que les montagnes tyroliennes.


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  • For real, dough

    7 mai 2021 à 10:00 • Telephage-o-thèque •

    Parfois il m’arrive de détester un pilote et de tout de même y penser encore pendant plusieurs jours, voire semaines. En l’occurrence, ça s’est produit pour Home Economics, qui me trottait dans la tête.
    Ou plutôt son approche. Il y était tellement évident que ses créateurs (et probablement les exécutifs du network l’ayant commandée) tentaient de parler un language qui n’était pas le leur, et d’aborder des problématiques dont ils n’avaient qu’une compréhension partielle. Il y en a plein, des séries qui imitent une conscience sociale sans vraiment en avoir ; ou au moins sans savoir le communiquer authentiquement.

    Mais alors, il doit bien y avoir des séries qui y parviennent ? Des séries qui parlent à un public engagé dans des idées plutôt situées à gauche, et qui n’échoueraient pas à discuter des choses qui fâchent ? Des séries qui emploieraient un langage dit « woke » comme autre chose qu’un gimmick ?
    …Au moins en partie ? C’est alors que j’ai repensé à Superior Donuts.

    Adaptation d’une pièce de théâtre originale (eh oui, ça existe encore), Superior Donuts était un peu passée sous les radars lors de son lancement en 2017, et n’avait connu que deux courtes saisons. A sa disparition des grilles de CBS, un peu plus d’un an après son lancement, le sitcom laissait derrière lui 34 épisodes seulement.
    J’avais gardé toute la première saison dans mes archives, et j’ai donc décidé de la revoir. Grand bien m’a fait.

    Attention ! Je ne suis pas en train de prétendre que Superior Donuts est parfaite. Elle est inégale aussi bien dans son humour que dans son approche de certaines des problématiques qu’elle met sur la table. Elle emploie certains personnages mieux que d’autres. Elle utilise un certain vocabulaire de façon plus ou moins caricaturale.
    Mais son intention est nette, et c’est probablement l’héritage de la pièce de théâtre qui est à son origine qui en est la cause : elle parvient à parler de sujets sociaux d’actualité avec une lecture politisée, et elle le fait en donnant tout de même la parole à des points de vue différents. C’est exactement ce dont rêvent les séries en son genre.

    Comme son nom l’indique, Superior Donuts se déroule dans un boulangerie ne servant que des donuts, tenue depuis des décennies par un vieux veuf juif du nom d’Arthur. Il est l’un des derniers bastions de son quartier, où les immeubles et les commerces sont lentement en train d’être rachetés et remplacés par des logements plus chers et des franchises commerciales tentaculaires, mais impersonnelles. Bref, il vit la gentrification de plein fouet. Quand commence la série, Arthur a (enfin) décidé de recruter un employé pour l’aider dans sa boutique, et se présente pour ce poste un jeune homme noir du nom de Franco. Les deux hommes n’ont rien en commun, mais l’énergie et l’enthousiasme de Franco, ainsi qu’un sens du bagout hors du commun, lui permettent de décrocher l’un des derniers emplois du quartier.
    L’échoppe compte aussi plusieurs clientes régulières qui viennent compléter le tableau : Randy, une officière de police qui connaît Arthur depuis qu’elle était enfant, et qui a une difficulté notoire à s’entendre avec ses partenaires successifs ; James, son dernier partenaire en date et un nerd notoire qu’elle n’en finit pas de chambrer ; Tush, un ouvrier d’une usine du coin qui a été fermée, et qui survit maintenant de multiples petits boulots en freelance ; Maya, une jeune étudiante riche et blanche qui habite le quartier mais n’y appartient pas à plusieurs égards ; et enfin Fawz, un Iraquien ambitieux qui possède la moitié des commerces du quartier, dont le pressing partage un mur mitoyen avec la donuterie Superior Donuts.

    Le pilote, qui est d’un rythme impeccable et sur lequel j’ai peine à croire que je n’ai jamais écrit une seule review (alors que), fait un excellent travail pour nous présenter tout ce petit monde. Le ton est assez voisin de beaucoup de comédies similaires, avec une influence Cheers assez prononcée en particulier, sauf qu’à la place de bière on partage un café : les discussions vont bon train, et on se confronte à des gens qu’on connaît depuis des lustres mais avec lesquels on n’est pas toujours d’accord. Dans tout ça, la série raconte aussi la relation d’Arthur et Franco, comme un léger fil rouge (quoique les épisodes n’aient pas été diffusés dans l’ordre de production) qui vont parfois se chamailler mais aussi développer une affection réelle. Ainsi, plusieurs épisodes s’intéressent à la façon dont Franco essaie d’implémenter de nouvelles idées à Superior Donuts, rencontre la résistance d’Arthur avant de finir par se faire entendre, tout recevant également des chances de mûrir lui-même.
    C’est assez typique, mais ça fonctionne parce qu’en toile de fond de la plupart de ces échanges, il y a toujours le quartier. Ce quartier de Chicago (mais ça pourrait être beaucoup d’autres grandes métropoles qui lui ressemblent) qui évolue, mais sans ces protagonistes qui y vivent, s’apprêtant à les laisser derrière lui. La gentrification du quartier est une préoccupation omniprésente, aussi bien parce que la clientèle a changé et qu’Arthur ne la comprend pas, ce qui menace son commerce ; que parce que lentement les difficultés qu’éprouvent les gens du quartier à y vivre deviennent envahissantes. Certes, ce n’était pas l’endroit le plus joyeux à vivre, entre la pauvreté galopante et les gangs, mais être poussé lentement hors de cet endroit familier pour être remplacé par des classes sociales plus aisées rend tout ce petit monde anxieux face à l’avenir. Et à raison, la littérature sur le sujet est peu optimiste.

    Mais parler de gentrification ne suffit pas ; encore faut-il bien en parler. C’était ce que je voulais revérifier pendant ce visionnage.

    Superior Donuts réussit son coup en grande partie parce que son protagoniste central n’est pas vraiment Arthur (bien que celui-ci soit un personnage majeur, dont la parole n’est pas tournée en dérision), mais Franco. C’est un Noir qui a grandi dans un quartier difficile, qui n’a connu que des difficultés financières, et qui aujourd’hui vit (survit, plutôt) dans un endroit où personne ne veut de lui, même plus son propre quartier. Quand il débarque dans la boutique d’Arthur, il a échoué à trouver ou garder un boulot dans l’une des grandes enseignes des environs, et il se sent l’âme d’un artiste mais n’a jamais mobilisé suffisamment de son énergie pour se lancer complètement dans son art. Devenir l’employé d’Arthur n’est qu’une amélioration limitée de son parcours : il reste payé au salaire minimum, avec un emploi sans grande perspective d’évolution, et forcé de continuer de vivre en colocation avec son pote Sweatpants.
    En prenant cette identité complexe pour la placer au centre de la série, Superior Donuts s’offre la possibilité de raconter plein de choses, d’un point de vue qui pour une fois n’est pas celui de l’homme blanc typique qui si souvent existe par défaut (il l’était dans Cheers, pour poursuivre la comparaison ; il ne l’était pas dans Sullivan & Son, son copycat). Franco est d’ordinaire « l’autre », dans la plupart des comédies, « la minorité » littéralement haute en couleur qui rend la vie du héros blanc un peu plus extravagante et imprévisible. Ici, il ne joue pas les seconds couteaux en apparaissant en arrière-plan du point de vue d’Arthur : il est le protagoniste et la writers’ room en est très consciente. Les débats sur les sujets de société tenus par la série doivent donc le prendre en compte, ainsi que les one liners sur son expérience en tant que jeune homme noir et pauvre… en particulier dans ses interactions avec Randy et James, les deux flics du quartier. C’est un impératif délibéré (le point focal de la pièce d’origine était d’ailleurs Arthur) qui permet d’éviter certains écueils.

    Pas tous. Ce qui apparaît clairement c’est que, comme pour la plupart des séries qui lui ressemblent, Superior Donuts traite tous ses personnages secondaires comme uniquement des comic reliefs, et que du coup, le point de vue que ceux-ci exprime est plus facilement ridiculisé.
    Ainsi, le personnage de Tush (ainsi surnommé parce qu’apparemment il a un très beau derrière) pourrait être l’occasion de parler des effets du libéralisme débridé. Tush survit de la « gig economy« , il n’a plus de patron ou d’emploi stable depuis la fermeture de l’usine et vivote donc en faisant des tâches temporaires, généralement ingrates et/ou sous-payées. Il est plutôt content d’être libre et à son compte, mais c’est bien le seul avantage. Ses interventions, toutefois, ne vont jamais plus loin que ce constat : ses répliques consistent pour l’essentiel à réagir à ce que disent les autres, évoquer quelque job totalement ahurissant (être cobaye dans une expérience médicale aux effets secondaires absurdes, par exemple), et se fondre à nouveau dans le décor. La série ne traite pas sa situation à la plaisanterie, mais ne l’approfondit pas non plus.
    C’est la même chose pour James, un jeune officier de police noir travaillant dans une police extrêmement raciste, pardon pour la redondance. James est conscient de la place ambiguë qu’il occupe dans ce quartier et de façon symbolique (dans l’un des épisodes, une brève scène sur un banc avec Franco et Sweatpants rappellera qu’il n’est pas immunisé contre le racisme), mais la série n’a pas vraiment envie d’en évoquer les ramifications, comme ce peut être le cas pour Franco. A la place, il sert principalement de punching ball verbal à Randy, qui ne manque pas de l’asticoter pour son comportement de premier de la classe. Il aurait pu être intéressant pour Superior Donuts de mettre son vécu dos-à-dos avec celui de Franco, ou au moins d’insérer des répliques nous rappelant que sa respectabilité poussée à l’extrême est une condition de survie, mais non. James est là pour être moqué.
    Le cas de Maya est l’un des plus grands échecs de la série. Cette étudiante blanche, blonde et riche est celle qui emploie le plus souvent le vocabulaire militant que Home Economics avait tant de mal à maîtriser. Son rôle dans les conversations est d’y introduire des concepts abstraits (les autres personnages vivent ce qu’elle nomme, en gros), comme « gentrification » par exemple, mais d’apparaître comme risible quand elle s’insurge contre ces phénomènes, parce qu’ils ne la touchent pas. C’est particulièrement palpable quand elle mentionne ses idées féministes, qui ne sont supportées par aucune autre cliente de la donuterie (pas même la seule autre femme de la série, Randy ; je ne suis même pas convaincue qu’elles aient une conversation ensemble pendant toute la saison, de toute façon). Dans ces brefs passages, Superior Donuts fait ce qu’à peu près toutes les autres séries de la création font : traiter le féminisme comme un extrémisme bourgeois sans grande valeur. Le présenter uniquement comme un féminisme blanc (il n’y a pas de femme racisée pendant cette première saison) permet en outre de totalement écarter les aspects les plus intersectionnels, qui pourraient s’entrecroiser avec l’expérience des autres personnages. En outre, elle n’aura pendant cette saison aucune intrigue en propre ; même le fait qu’elle montre un faible pour Franco en début de saison ne sera pas exploité du tout.
    L’autre grand défaut de Superior Donuts tient dans son personnage de Fawz, qui, même s’il décroche quelques bons moments en cours de saison, est tout de même extrêmement limité. Fawz est un immigrant récent, et il n’est pire qu’un converti : il a embrassé le capitalisme et est bien décidé à faire fortune, ce qui d’ailleurs est déjà un peu le cas (dans Superior Donuts, la personnification de The Man est un homme racisé, du coup). Pour cela il ne ressent aucune hésitation à exproprier des gens, par exemple, ou racheter des petits commerces, provoquant de facto leur disparition (il insiste à plusieurs reprises au début de la série pour racheter Superior Donuts, d’ailleurs). Cette ambition carnassière est plusieurs fois mise en parallèle avec son identité iraquienne, blagues sur le terrorisme et/ou la guerre à l’avenant.

    Fawz est un personnage qui possède plusieurs traits très courants à la télévision, en particulier en comédie : il est très « politiquement incorrect » et fier de l’être ; il sert à dire des choses racistes/sexistes/etc., se faire rabrouer par les autres, mais sans jamais comprendre que c’est inacceptable… et donc sans jamais arrêter de proférer ce type de paroles quand bien même l’entourage direct lui-même lui signifie (bien que mollement) qu’elles ne sont pas acceptables.
    The Big Bang Theory a plusieurs personnages qui, tour-à-tour, occupent temporairement cette attribution : Sheldon, qui parce que dépeint comme peu capable d’empathie n’a que faire de la conséquence de ses propos, est l’un d’eux, mais souvent l’humour de Howard va aussi dans ce sens (n’hésitant pas à être très souvent raciste même avec son meilleur ami Raj). Mais la série a surtout un personnage dont c’est l’unique ressort humoristique : Mary Cooper, la mère de Sheldon. Parce qu’elle est une femme blanche très croyante et vivant au Texas, la série considère que c’est normal pour elle de tenir des propos racistes ou à l’occasion sexiste, en particulier lorsqu’il s’agit de la vie privée de Penny. Ce qui est intéressant c’est que son ignorance lui sert de laisser-passer, alors que Sheldon, qui est pourtant le contraire d’ignorant et qui est si fier de s’être extirpé de ce bagage culturel, peut quant à lui se réfugier derrière son intelligence pour dire tout et n’importe quoi… un personnage raciste a décidément toujours une bonne excuse pour déblatérer le pire du pire.
    Récemment, United States of Al a aussi introduit un personnage similaire dans son premier épisode (je n’ai pas voulu regarder les autres, mais ai peu d’espoir qu’il évolue). Je vous dirais bien volontiers que c’est un hasard que toutes ces séries soient sur CBS, mais je n’aime pas vous mentir.
    Ce qui dommage avec Fawz c’est qu’il a ses propres intrigues bien plus souvent que tous les autres personnages secondaires réunis (on pourrait éventuellement faire exception de Randy). On connait beaucoup plus de choses de son passé ou de son quotidien que pour d’autres protagonistes, et il a des interactions plus poussées avec Arthur et surtout Franco. On pourrait espérer un peu plus qu’un comic relief, et pourtant, sa fonction n’est que de dire des choses outrancières, se faire légèrement recadrer avant de repartir de plus belle. Le progrès, c’est quand les racistes qui regardent CBS se retrouvent dans des propos tenus par un Arabe, je suppose ?

    Malgré ses défauts, Superior Donuts réussit pendant cette première saison plutôt bien sa mission. Parce que ses intrigues sont pour la plupart attachées à un propos social (comme par exemple le fait qu’Arthur ne puisse pas offrir une couverture médicale à Franco), parce que celui-ci est débattu mais toujours en donnant le fin mot à Franco (qui est de facto le personnage le moins privilégié de la série), parce que l’exploration de certains thèmes est rare (la mort d’un membre de gang donne lieu à une exploration des bienfaits apportés par cette influence majeure dans le quartier, et il était en fait très apprécié), parce que la série est très libérale dans son approche de la consommation de drogue (leur passion pour, disons, l’origan, est la seule chose que le jeune Franco et l’ex-soixante-huitard Arthur ont en commun), et parce que, bon gré mal gré, les profils de ses protagonistes sont rares à la télévision nord-américaine (ce n’est pas tous les jours qu’on voit un Arabe à la tête d’un empire commercial naissant, par exemple), où les classes populaires a fortiori urbaines sont très sous-représentées.
    Soyons claires : aucune série ne peut faire un 100%. Non pas parce que les standards sont irréalisables, mais parce qu’une série, même bien écrite, même animée d’une forme de conscience politique, même bien intentionnée, ne sera jamais un travail militant, pour commencer. Plus j’avançais dans Superior Donuts, plus je me disais : il y a des choses qui me font tiquer, et sûrement qu’il y en a qui m’ont même échappé ; mais au moins il y a un effort. Ce n’est pas un lamentable effort de récupération à des fins d’audience. C’est un peu plus, et c’est déjà ça de pris.

    J’hésite à tenter ou retenter (je ne me souviens plus si je l’ai regardée, mais le fait que je n’ai pas les épisodes en stock indique que je ne l’ai probablement pas vue) la seconde saison. Que je le fasse ou non, il reste que Superior Donuts est une comédie réussie qui, bien qu’inégale, accomplit bien mieux que beaucoup d’autres le but qu’elle s’est fixée.


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  • A l’ombre des jeunes filles en fleurs

    25 avril 2021 à 23:59 • Dorama Chick •

    Rien de plus innocent qu’un club lycéen dédié à la littérature, pas vrai ? Pas exactement. Au fil de leurs lectures, les 5 adolescentes d’Araburu Kisetsu no Otomedomo yo vont découvrir la littérature érotique, et à travers elle, former leurs propres désirs.

    Cela ne devrait pas être un sujet de série étonnant. Environ 23,5% des lycéennes japonaises ont déjà eu des relations sexuelles, après tout (c’est en tout cas la statistique que Momoko dévoile au début de ce premier épisode à l’héroïne, Kazusa), mais à voir les séries japonaises, on ne dirait pas. Tentative assez inédite dans le panorama audiovisuel nippon, Araburu Kisetsu no Otomedomo yo met des mots sur l’éveil sexuel de ces jeunes filles.

    Tout commence avec la lecture d’une scène explicite dans un roman, que Kazusa, Momoko, Hitoha, Niina et Rika lisent ensemble lors de leur club, tenu en petit comité et sans supervision adulte. Ce qui au départ devait être une opportunité de lire des ouvrages plus avancés que le programme scolaire classique suscite bientôt l’embarras dans la petite salle sombre où elles se réunissent. Rika, présidente du club, n’apprécie pas la vulgarité du moment ; certaines de ses camarades sont moins bien révulsées. La conversation s’oriente vers le prochain ouvrage d’un auteur que le club a beaucoup apprécié, et qui reposerait sur le principe de bucket list. D’ailleurs, qu’est-ce qui figurerait dans leur bucket list, si elles devaient mourir bientôt ? La réponse de Niina est sans détour : le sexe.
    Et maintenant que les mots ont été prononcés, ils vont tourner dans la tête de tout le monde.

    De mots il va vraiment être question ici. Sans doute plus encore que dans Mousou Shimai, une autre série japonaise mêlant sensualité et littérature. Dans Araburu Kisetsu no Otomedomo yo, les mots sont intrigants, envoûtants, mais aussi parfois choquants ; plutôt qu’éviter ce choc à ses personnages (et donc ses spectatrices), la série les emploie, et regarde l’effet qu’ils ont. Quand bien même Rika est décidée à remplacer le mot « sexe » par un terme plus littéraire, n’importe lequel, il est leur désormais impossible d’éviter le language. Et avec le language viennent les idées. Ou plutôt, elles se communiquent plus facilement.

    Notre héroïne est principalement Kazusa, donc, non pas en dépit du fait qu’elle soit quelconque, mais parce qu’elle l’est. Elle oscille un peu, encore, entre l’innocence enfantine et le monde adulte ; comme Rika elle est parfois écœurée, mais comme Niina elle est intriguée. Le premier épisode la suit, aussi bien dans ses conversations avec sa meilleure amie Momoko, que dans les scènes embarrassantes qu’elle partage avec son voisin et ami d’enfance, aujourd’hui devenu un garçon si populaire, le si beau Izumi. Les sentiments qu’elle a fait son possible pour étouffer font surface au même moment qu’elle peut mettre des mots sur certaines formes de son attraction pour lui. Les choses ne peuvent indéfiniment rester innocentes ; Kazusa réalise aussi qu’elle ne le veut pas vraiment. Mais qu’elle ne le veut pas. Argh, c’est compliqué !
    L’épisode culmine avec une scène formidable pendant laquelle, sur ordre de sa mère, elle apporte des restes à Izumi, et le surprend en pleine session de masturbation devant du porno. C’est une chose de lire des mots comme « gourde ouverte » dans un roman, et de murmurer des mots comme « sexe » en petit comité, mais c’en est une autre que de découvrir que l’autre y pense aussi.

    Je n’ai pas lu le manga qui a donné naissance à Araburu Kisetsu no Otomedomo yo (ou O Maidens in Your Savage Season de son titre anglophone, et pour une fois j’adore aussi le titre anglophone), pas plus que je n’ai vu l’adaptation animée qui précède la série live d’environ un an. Ne manque plus qu’une novelisation et la boucle serait parfaitement bouclée ! Je trouve intrigant que le manga soit paru dans une publication shounen, donc avec un public-cible masculin, et que la série soit en revanche si peu intéressée par le male gaze. Voilà qui me donnerait presque (presque !) envie de me lancer dans une étude comparative, mais même si je décidais de m’y mettre, ce ne sera certainement pas le sujet du jour.
    En tout cas, le succès sous divers format de ces personnages et leur éveil sexuel semble indiquer que pas mal de monde se retrouve dedans. Ce qui me donne beaucoup de soulagement parce que c’est toujours le genre de choses sur lesquelles je ne sais pas me placer ; c’est difficile de comparer ce par quoi chacune et chacun peut passer à l’adolescence, parce qu’il y a une dimension sociale particulièrement envahissante. Quand à l’adolescence je discutais avec des amies de sexe (et encore, c’était rare), il y avait toujours un peu l’idée sous-jacente que chacune ne dirait pas toute la vérité, qu’il y aurait des choses passées sous silence et d’autres qui seraient embellies. Puis, à l’âge adulte, ça n’a plus autant d’importance de se comparer pour savoir si on est « normale », et au final on n’a jamais qu’une vague idée.
    Pourtant je me suis retrouvée, presque comme pour un flashback, dans les réactions de Kazusa. Le mélange de répulsion et de fascination est intéressant, et promet dans les épisodes suivants d’être exploré de façon complexe.
    Certaines, peut-être, sûrement, vont faire des expériences ; d’autres probablement pas. Car ce qui compte bien-sûr dans Araburu Kisetsu no Otomedomo yo, ce n’est pas tellement que les héroïnes aient des relations sexuelles : c’est qu’elles y pensent. Et comment.


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  • Do you know where your children are ?

    24 avril 2021 à 22:17 • Review vers le futur •

    En voulant introduire mon sujet du jour, je suis allée regarder mes articles précédents expliquant ce que représente le Ramadan sur les télévisions du monde musulman, et je me suis aperçue qu’ils dataient un peu, à plusieurs égards. Celui-ci, qui pour autant que je puisse me souvenir est le plus complet sur la question grâce à son épais encadré, ne mentionne même pas la SVOD !

    Il faudra y remédier, mais hélas je m’y suis prise un peu tard pour réaliser cela : le Ramadan 2021 a déjà commencé, plus tôt ce mois-ci. Alors pour essayer de me faire un peu pardonner, souffrez que je parle de Viu.
    Viu, c’est cette plateforme de streaming originaire de Hong Kong qui a eu la brillante idée de s’implanter partout où les grosses plateformes américaines avait tardé à investir. Présente, et plus que présente : active ! dans l’Asie du sud-est, elle s’est vite étendue à d’autres territoires, notamment le MENA. Gros dossier, le MENA, parce que Netflix, Amazon, et autres grosses plateformes internationales ont pas mal négligé la région jusque très récemment, alors qu’il y a un marché énorme. Et que ce marché devient même colossal au moment du Ramadan ; dans cette région, la concurrence de Viu, ce n’est pas Netflix (même si ses souscriptions augmentent pendant la période), c’est plutôt des plateformes locales comme Shahid.
    Ce qui est intéressant, au-delà du modèle de croissance choisi par Viu en devançant systématiquement ses plus gros concurrents sur des marchés porteurs mais encore peu investis, c’est l’impact de la SVOD sur les modes de consommation des mosalsalat. Le rituel qui a pendant des décennies consisté à se réunir en famille devant la télévision au moment de l’iftar (créant ainsi un primetime dépendant année après année du coucher du soleil, avec ce que ça implique pour les annonceurs) est totalement remis en question par les modes de consommation du streaming, où les séries sont à disposition à longueur de journée, et généralement consommées en plus petit comité voire en solo, chacun sur son écran ou presque. Et c’est sans parler de la question des particularités nationales (de facto gommées par l’accès à un catalogue international), des effets de censure et/ou auto-censure, de la question sensible des budgets de production…
    A quoi ressemble le streaming de Ramadan ? C’est encore une question jeune (no pun intended), et une transition en cours. Mais Viu, parce qu’elle investit particulièrement dans le MENA, a des débuts de réponse à nous fournir.

    Viu lance depuis plusieurs années maintenant des originals pour cette région (Ana Sherry dot com en est un exemple), ainsi que des productions qu’elle acquiert et présente simplement comme des exclusives, et vous savez combien j’aime qu’une plateforme soit transparente sur ce genre de choses. Des séries sortent à longueur d’année, et j’aimerais bien mettre la main sur une version sous-titrée de sa série fantastique Wadi Al-Jinn par exemple, qui a débuté en février et vient de s’achever (elle a l’air démente !). Mais ce qui nous préoccupe particulièrement aujourd’hui, c’est que ce sont aussi pas moins de 9 séries originales que Viu a prévues de diffuser pendant la période du Ramadan.
    Et, ce qui est intéressant, c’est que la plupart respectent le format de la télévision traditionnelle qui consiste à proposer un épisode par jour pendant ce mois sacré (au lieu de faire du dumping de saisons complètes).

    Welad Nas est l’une d’entre elles ; une exclusive, parce que la série a aussi été vendue à certaines chaînes du satellite dans plusieurs territoires où Viu n’est pas encore présente.
    Sur les photos de promo, ça ne paie pas de mine, et je vous avoue que sur cette base seule je n’aurais sûrement pas cherché à aller plus loin. Par contre, sur le papier l’histoire semblait assez intéressante, ou en tout cas riche en potentiel… et son générique a fini de me convaincre que j’avais fait le bon choix en tentant le premier épisode. Gloire en soit rendue, d’ailleurs, à Viu, qui a l’excellente idée de sous-titrer ce générique (qui l’air de rien fait quasiment 4 minutes !), dont les paroles sont à la fois vagues et saisissantes. »We lose some things when we win them« , par exemple, va me hanter pendant un moment.

    Welad Nas s’ouvre in media res sur le tonneau impressionnant que fait un bus scolaire en plein milieu d’une route en apparence déserte, mais n’y passe que quelques secondes pour ensuite suivre les commentaires d’éditorialistes à la télévision, choquées. La tragédie semble agiter tout le pays, et alors que la lumière n’est pas encore totalement faite sur les circonstances de l’accident, les médias se focalisent sur le malheur des enfants à bord du véhicule, et se font l’écho du désespoir de leurs familles. Et puis, moins d’une minute plus tard, l’épisode s’inquiète déjà d’un retour de 18 heures avant le moment de l’accident.
    Quelles montagnes russes. Et pourtant Welad Nas a déjà dit beaucoup de son intention. Ce n’est pas le pourquoi de l’accident qui interroge le plus les commentateurs sur le petit écran, et à travers eux toute l’Egypte ; ce qui s’exprime avant tout, c’est un discours qui pourrait aussi bien être tenu par les parents. Un discours d’incompréhension et de douleur, principalement. Et d’ailleurs vous noterez que ce sont les parents qui figurent sur le matériel promotionnel, pas leurs enfants.
    C’est en grande partie vrai du reste de l’épisode. Si les enfants en question apparaissent pendant quelques scènes, ce sont surtout les parents qui sont au centre de l’attention. Sur chaque famille, cet épisode introductif va ouvrir des fenêtres pour à la fois capturer leur quotidien et mettre en place les situations.

    Toutes ces familles sont aisées, et ont un ou plusieurs enfants qui vont à l’école privée NMIS, un cadre prestigieux et sélectif, principalement en raison des frais de scolarité et ce qu’ils impliquent sur la fréquentation de l’établissement. Chaque matin, des bus viennent chercher les élèves devant leur domicile, et les emmènent en classe avant de les ramener après le déjeuner.
    Pourtant malgré leurs moyens financiers similaires, ces familles vivent très différemment. Certaines sont soudées, certaines se fissurent, d’autres sont déjà en pleine implosion quand commence l’épisode. Il y a un aspect chronique très marqué, et qui à mon avis, même après l’accident, va persister ; les personnages mènent des vies en apparence ordinaires (on nous montre des dîners en famille ou entre amis et des petits-déjeuners pris à la hâte, des discussions devant la télé ou à table…) et les préoccupations des adultes sont diverses (leur couple, leur famille, leur métier…).

    Mais parce qu’on sait qu’il va se produire cet accident, tout prend une signification différente, comme un pressentiment que la tragédie va agir comme un révélateur de certains choses déjà à l’oeuvre pendant l’exposition. Ce père qui a découvert quelque chose sur sa fille et lui a confisqué son téléphone ; cette mère qui n’arrive plus à parler à son fils ; ce père qui néglige son jeune fils ; cette mère qui semble attentive à ce que font ses enfants… On sait que ces situations en surface classiques ne sont rien d’autre que des conflits qui ne vont qu’éclater de plus belle lorsque le quotidien va être retourné comme et par le bus.

    Le premier épisode de Welad Nas ne nous dit pas tout, mais il fait bien son boulot de premier épisode en nous disant juste assez. En laissant les adultes glisser dans leurs conversations des craintes qui tordent les boyaux de tous les parents, sur l’éducation et sur la société, et comment toutes les deux ont un impact parfois imprévisible sur leurs rejetons. C’est cette imprévisibilité qui, bien-sûr, est le problème. Avec un leitmotiv particulier sur l’impact de l’argent (qui permet beaucoup mais pousse à ne pas toujours se préoccuper de ce qui compte vraiment), et une question à laquelle, sans nul doute, le reste de la série va offrir des réponses déplaisantes : à quel point connaissons-nous nos enfants ?
    Je n’en ai pas personnellement, mais Welad Nas m’a fait de l’effet, et j’imagine ce que ce doit être pour le public de la série. Et ça doit faire d’autant plus froid dans le dos de se retrouver à regarder des séries comme celle-ci en SVOD alors que les enfants, à deux pas ou dans une autre pièce, regardent peut-être autre chose sur un autre écran.


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  • What a… wonderful ? world

    23 avril 2021 à 21:23 • Review vers le futur •

    Ces dernières années ont émergé ce que certaines publications qualifient de « dystopies féministes », qui consistent en général à montrer toutes sortes de violences sexuelles et reproductives commises à l’encontre des femmes (comme si elles ne se produisaient pas déjà…). Quand ce n’est pas une apocalypse qui conduit l’humanité à lorgner sur notre utérus soi-disant à des fins de survie, c’est un gouvernement totalitaire qui fait main-mise dessus pour des raisons idéologiques. Et si des séries comme The Handmaid’s Tale ou Leila (et dans une moindre, bien moindre mesure, The Lottery) ne sont pas sans mérites sur un plan thématique, sur un plan émotionnel, pardon, mais ça fait beaucoup à encaisser en tant que spectatrice.

    Et puis d’abord, pourquoi une apocalypse tournerait toujours en notre défaveur ? Hein ?! C’est un peu la question que semble se poser Creamerie, une dramédie néo-zélandaise qui a démarré ce mois-ci, et qui propose un autre genre de scénario. Cette fois, tous les hommes ont disparu.
    En tout cas… en théorie, parce que vous voyez comme moi cette photo de promo.

    Qu’on se le dise, les créatrices de Creamerie ont commencé à développer la série avant la crise COVID (hop ! j’ai mentionné COVID, tout le monde boit un coup), mais comme on la regarde pendant, forcément la première scène de la série fait son petit effet… On assiste en effet au début d’une terrible épidémie, assez gore, dont on a tôt fait de comprendre qu’elle touche uniquement les hommes. Les femmes se retrouvent ainsi en l’espace de quelques semaines seules au monde et…
    Et ma foi, ça va. Bon alors oui, toutes ont perdu quelqu’un dans cette terrible épidémie, mais le monde continue de tourner. En fait, l’intrigue réelle ne commence que 8 années plus tard et euh, pardon hein, mais ça va. Globalement ça va.

    On pourrait même dire que c’est une utopie féministe : les femmes occupent tous les postes de pouvoir, forcément ; les coudées désormais franches, elles ont donc décidé d’implémenter un système de santé universel, l’éducation gratuite, des congés menstruels obligatoires, et mille autres choses encore. Il semble même que le travail du sexe ait été légalisé et normalisé.
    Mais surtout, elles ont le contrôle total de leurs droits reproductifs. Dont elles jouissent encore, parce qu’elles ont mis la main sur les réserves des banques de sperme du monde entier, et qu’elle organisent des tirages au sort pour celles qui veulent enfanter de la prochaine génération de femmes (les embryons masculins continuant de décéder à cause de l’épidémie, ce qui fait quand même un risque de 50% de fausses couches, mais bon, ça, c’est inévitable).

    Les héroïnes de la série soit trois femmes asiatiques en charge d’une ferme laitière : Alex, Jamie et Pip.

    Philipa dite Pip est un petit bout de femme féministe, végétarienne (mais j’ai cru comprendre que la majeure partie de cette société était végétarienne), et secrètement ambitieuse. Elle reprend sans cesse ses camarades quand elles prononcent des termes comme « you guys« , parce que c’est triggering d’évoquer le genre masculin, ce genre de choses. C’est une nerveuse, sûrement parce qu’elle essaie en permanence de se faire bien voir par les autorités, et notamment Lane, qui est devenue (le pilote n’explicite pas trop comment ni pourquoi, mais il y a des signes) la leader incontestée de Wellness, l’organisation qui gère leur vie en communauté, et en particulier l’attribution des échantillons de sperme. Jamie quant à elle espère qu’elle sera choisie pour recevoir un embryon, mais son histoire est plus tragique : elle a perdu son mari Jackson et leur fils à cause de l’épidémie, et ce deuil la rend encore fragile. Sa belle-soeur Alex est, des trois, celle qui adhère le moins à l’utopie féministe de Lane ; en théorie elle est celle qui devrait être la plus heureuse, en tant que femme lesbienne, mais sa rébellion permanente semble plutôt indiquer qu’elle est la plus malheureuse ; elle ne comprend pas que personne d’autre ne semble voir ce qu’elle voit.

    Dans cet épisode introductif, Alex jette le smoothie végétarien de Pip sur Lane, et est donc punie pour cette attaque. Dans cette société qui visiblement ne croit pas à la prison, c’est l’insertion dans son cou d’une « bliss ball » la rendant euphorique pendant plusieurs jours qui lui sert de sentence. Une camisole chimique, donc. Mais comme on va s’en apercevoir, ce n’est pas son premier rodéo…

    Creamerie établit les règles de cet univers, avec un humour plus que noir par moments. J’ai apprécié sa façon de dépeindre une utopie féministe sans nécessairement tourner en dérision les idéaux eux-mêmes, mais plutôt leur application et l’hypocrisie qui l’entoure. Ce ne peut être un hasard que Lane soit une femme blanche, conventionnellement belle et blonde, et qu’elle occupe le poste le plus important possible… tandis que Pip, Jamie et Alex sont trois femmes racisées qui se chargent de plus basses besognes.
    Divers autres éléments mettent aussi la puce à l’oreille. Il y a un passage à la clinique pendant lequel Jamie regarde une video sur Wellness qui évoque les publicités pour Veridian Dynamics (les vrais savent, les autres ont internet). Le positivisme forcené, alors que le monde a vu la moitié de sa population disparaître il y a moins d’une décennie, a des aspects dérangeants, surtout quand la prostituée que fréquente Jamie suggère qu’elle a des instructions strictes pour ne pas imiter les hommes, pas même pour des jeux de rôles sexuels. Quant à la mère d’Alex (et belle-mère de Jamie, si vous avez suivi), une femme âgée asiatique donc, on ne la voit qu’une poignée de secondes mais sa trajectoire a tout de sordide.
    Cette utopie n’en est donc pas une, comme c’est si souvent le cas dans la fiction. C’est vrai qu’un jour j’aimerais bien en voir une, de vraie utopie, dans une série ; je persiste à penser que ce serait un incroyable défi à relever, dramatiquement parlant. Mais en attendant j’aime bien la façon dont Creamerie, lentement, détricote son utopie et nous montre qu’elle est en réalité un mensonge imposé à la collectivité. Parce qu’après tout comment voulez-vous mettre en place une utopie en moins d’une décennie, juste parce qu’une partie de la population a disparu ? Les choses tiennent à plus que cela.

    C’est à un tel point que j’avais complètement accepté de mettre de côté les hommes pendant ce premier épisode, tant il y a de choses à dire sur la vie de ces femmes, l’organisation de leur société féministe encore jeune, et les différents indices prouvant que les choses ne vont pas si bien que ça. Si bien que lorsque le twist qui est voué à se produire (voir aussi : photo de promo) s’est effectivement produit, j’ai été sincèrement interloquée. Je ne sais pas où la série va aller à partir de là, et elle n’a que six épisodes pour le dire ; mais mon intérêt est largement piqué.
    Creamerie est en outre le travail conjoint de quatre femmes Chinese-Kiwi : les autrices Perlina Lau, JJ Fong et Ally Xue (qui incarnent respectivement Pip, Jamie et Alex) ainsi que la réalisatrice Roseanne Liang, qui ont déjà travaillé ensemble sur plusieurs webséries indépendantes, mais dont c’est la première série pour le petit écran. Pour autant que je puisse en juger, c’est aussi une première pour une série néo-zélandaise (et au-delà) que de voir 4 femmes asiatiques à la tête d’une même série.

    Cela fait, à bien des égards, de Creamerie une série nécessaire, et décidément dans l’air du temps. Si avec tout ça vous êtes encore devant ma review et pas encore devant le premier épisode de la série, je commence sincèrement à douter de vous.


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  • Freaky links

    18 avril 2021 à 21:53 • Telephage-o-thèque •

    Cette semaine, Netflix sortait sa toute dernière série originale africaine en date, Dead Places.
    Une série sud-africaine, une fois de plus. Les projets nigérians semblent être plus lents à se finaliser, comme le drama Far From Home ou de la série d’animation Iwájú ; les projets kenyans sont à peine plus rapides, et ce alors que la concurrence s’agite pourtant très fort avec la sortie de Crime and Justice sur Showmax plus tôt cette année.
    Et une série fantastique, ce qui fait parfaitement suite à Kings of Joburg, qui était la série africaine précédente de la plateforme, au moins en attendant le retour du teen drama Blood & Water (dont le tournage de la saison 2 s’est achevé le mois dernier).
    Fort bien. Business as usual, donc.

    Trigger warning : auto-mutilation.

    …Sauf que vous ne serez qu’à moitié surprises d’apprendre que Dead Places n’est pas une série originale Netflix !
    Eh non, en dépit du N sonore en début d’épisode, et des mots « A Netflix original series » qui s’affichent immédiatement à sa suite, il s’agit en réalité d’une acquisition. D’où vient la série ? Ah, ça, je vous le dis à la fin de la review du premier épisode, ce serait trop facile…

    Dead Places, c’est l’histoire de Will Stone, un auteur de romans fantastiques sud-africain qui, après des années passées au Royaume-Uni, revient dans son pays natal pour une tournée promotionnelle de son dernier bouquin. Lequel, je vous le donne en mille, s’appelle Dead Places.
    Le premier épisode ne veut pas trop nous dire pourquoi il s’est absenté aussi longtemps, en-dehors d’une scène assez vague au début de cet épisode introductif, d’une brève scène avec son psy britannique via Zoom (incarné par l’un des acteurs principaux d’une des rares autres séries de genre sud-africaine, Room9, où figurait également Anthony Oseyemi qui interprète de Will Stone), et d’un peu de paratexte vers la fin. Will s’apprête à faire un circuit englobant plusieurs villes d’un pays qu’il ne connaît pas, ou plus, accompagné par Joe, un chauffeur et homme de main que son éditeur a embauché pour lui ; tout lui apparaît comme étranger, mais cela ne semble pas exactement être ce qui le trouble. Il faudra avoir lu le résumé de la série sur la page de Netflix pour en connaître la raison, je ne vous la gâche pas ici. Ce n’est pas vraiment le propos de cette introduction de toute façon.

    Le premier épisode de Dead Places ambitionne plutôt de nous faire comprendre l’aspect fantastique des choses. En effet, Will ne fait pas qu’écrire sur les fantômes, il est également capable de les percevoir ; en fait c’est même très fort la façon dont l’exposition construit cela comme une évidence que seul un personnage va (temporairement) remettre en question. Les fantômes existent, Will sent leur présence (et parfois plus si affinités), et ce sont les faits, point barre. Notre auteur apparaît donc comme plus qu’un romancier : un expert. Au-delà de ses capacités à détecter le surnaturel, il connaît aussi le fonctionnement des fantômes, comme nous le découvrirons au cours de cet épisode.
    C’est une jeune femme du nom de Kelly qui va nous permettre de prendre la mesure de ses capacités. Au départ, elle mène une existence qui n’a pas de connexion apparente avec le monde de Will : elle est une streameuse qui se filme pour sa chaîne « Dare Kelly » en train de remplir divers défis. Le premier épisode la montre ainsi en train de pénétrer illégalement dans l’aquarium de Cape Town (pour autant que je puisse en juger, c’est vraiment là où les scènes ont été tournées, d’ailleurs), pour aller nager, en pleine nuit, avec les requins, devant un chat surexcité. Sauf que ce qui n’était pas prévu pour cette petite expédition, c’était de tomber nez-à-nez avec une fantôme !
    Terrifiée par ce qu’elle a vu (et qui la poursuit !), Kelly va donc se tourner vers Will pour essayer de comprendre ce qui se passe.

    Il n’y a rien dans le travail d’exposition de Dead Places qui soit foncièrement novateur, surtout venant d’un scénariste et réalisateur qui a travaillé sur Shadow et Jongo, dont Dead Places est la parfaite fusion.
    Le premier épisode place Will, Joe et Kelly sur la carte des relations (Will et Joe se détestent au premier regard, ça donne de bons dialogues d’ailleurs), établit les contours de leur personnalité et leur background, et surtout pose les règles de son univers fantastique. Visuellement ce n’est pas la série la plus fine au monde, mais le travail fait autour de la couleur fait son petit effet. Le travail introductif est sans surprise, quoiqu’efficace. A la rigueur je m’attendais à ce que les livestreams de Kelly prennent une plus grosse place dans l’épisode, mais gageons qui cela s’intensifiera par la suite, son occupation ne peut pas avoir été décidée par hasard. Dead Places s’oriente vers une série principalement procédurale (avec un aspect monster-of-the-week dont nous sommes bien familières), tout en se réservant la possibilité de détailler avec le temps certains aspects en fil rouge, comme la backstory de Will, ou peut-être même celle de Joe. On sait que ce genre de recettes fonctionne. Malgré cela, l’épisode ne manque pas de charme, avec un bon rythme, des dialogues enlevés, et un univers fantastique qu’on a envie de voir détaillé.

    En fait, c’est un peu le problème. Le folklore sud-africain ne manque pas de figures fantastiques (umkhovu, tokoloshe… et sûrement d’autres que je ne connais pas), mais la fantôme du premier épisode de Dead Places est incroyablement familière. Et d’ailleurs, la série, qui se déroule presqu’intégralement en anglais, va la qualifier très exactement de « fantôme ». Pas de référence aux mythes locaux ici (c’est peut-être pour plus tard, cela dit), donc quelque chose de très digestible à l’international.
    C’est ce qui m’a mis la puce à l’oreille, en fait. L’auteur de la série étant sud-africain (un blanc sud-africain, mais sud-africain quand même), ce n’était pas la raison de ce flou mythologique. Alors, quoi ? Quelle est la raison qui pousse une série écrite par un Sud-Africain, tournée en Afrique du Sud, avec des actrices sud-africaines, et surtout se déroulant en Afrique du Sud, à effacer toute trace d’afriquedusudité ?

    Le fait qu’elle soit conçue pour avoir l’air panafricaine, tout simplement.
    Dead Places n’est tellement pas une série originale Netflix qu’elle n’est même pas une exclusivité Netflix : Canal+ Afrique l’a diffusée en novembre dernier dans la sphère francophone sous le titre de Hantés (Canal+ International est même co-financeur du projet), AMC en acquis les droits pour plusieurs autres territoires en prévision d’un lancement pendant l’été 2021… et maintenant Netflix se glisse dans l’interstice, comme c’est si souvent son habitude, en faisant passer la série pour un projet original.
    Pour simplifier ses voyages, Dead Places a choisi, au moins pour son introduction (on verra bien pour la suite, et j’ai bien envie quand même de voir ce qu’il en est pour les épisodes suivants) de pouvoir être comprise par toutes sortes de cultures. Ce qui en soit n’est pas fondamentalement un tort, mais reste quand même largement dommage. Vous me direz : ça a marché. Mais bon.
    Si pour se vendre à l’international, une série africaine doit gommer qu’elle est africaine (ce qu’on n’exige certainement pas de toutes les séries du monde), on n’est pas sorties des ronces…


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