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    28 février 2021 à 21:50 • Dorama Chick •

    Il y a des jours pendant lesquels tout semble aller de travers. Des jours où tout semble trop lourd à porter et où on espère qu’à un moment, le plus insignifiant des détails va nous requinquer. Des jours à la fin desquels tout ce qu’on veut, c’est trouver quelque chose ou quelqu’un pour nous remettre d’aplomb, histoire de pouvoir aller affronter le suivant.

    La série d’appétit dont on va parler aujourd’hui est une nouvelle variation autour de la formule, et s’intitule Nishiogikubo Mitsuboshi Youshudou. Un nom qu’elle doit au quartier tokyoïte de Nishiogikubo, connu principalement pour ses bars élégants, ses restaurants intimistes et ses boutiques d’antiquité. Ca vous donne déjà un peu une idée de l’ambiance.
    J’ai déjà eu l’honneur de vous parler, par le passé, de ce que je surnomme « séries d’appétit », faute d’une appellation officielle. Les séries d’appétit (qui souvent sont des adaptations de manga) ont l’apparence d’une série sans grands enjeux, et presque sans intrigue même, où l’essentiel est de présenter divers mets consommés par des personnages de tout acabit. C’est de la slow TV scriptée, en un sens.
    Derrière cette vocation simple, il y a l’une des tâches les plus nobles qu’on puisse imaginer : celle d’apporter un peu de réconfort aux spectatrices. Quand à la fin d’un épisode, les protagonistes ont le ventre plein, les spectatrices ont leur cœur réchauffé.

    En réalité, Nishiogikubo Mitsuboshi Youshudou n’est pas une série d’appétit classique ; la formule de ce sous-genre est en fait très spécifique (et détaillée ici), et n’a d’ordinaire qu’une seule protagoniste.
    Le premier épisode de Nishiogikubo Mitsuboshi Youshudou semble commencer de cette façon : un chef démissionne du restaurant étoilé où il travaillait (et est même prêt à se séparer de ses couteaux, n’ayant plus l’intention de cuisiner à l’avenir), et erre dans la ville, le cœur en peine, sous la pluie, bien-sûr sous la pluie, avant de tomber par hasard sur un établissement où il va finir par entrer.
    Sauf que le twist, c’est que le barman de cet établissement est quelqu’un avec qui il allait au lycée, et que c’est avant tout la raison pour laquelle il entre dans ce bar.

    Nakauchi, c’est le nom de notre chef, déguste un cocktail tout en prenant des nouvelles de son camarade, Amamiya. Celui-ci était l’un des meilleurs élèves, et président du conseil de classe, à l’époque ; aussi c’est un peu surprenant de le voir opérer derrière un comptoir servir des verres à longueur de soirée. Mais une chose est sûre : Amamiya est resté le même. Il a toujours eu un don pour parler à des personnes très différentes, avec ce mélange d’intelligence émotionnelle et d’insistance qui fait qu’on se sent à la fois invitée à lui parler, et un peu obligée aussi. Force est de constater que le rôle de barman sied parfaitement à Amamiya.
    Pendant que les deux anciens camarades de classe discutent, dans le fond du bar, Nakauchi découvre qu’un troisième homme est présent. Il va s’avérer que cet homme n’est autre que Kobayashi, également une connaissance remontant au lycée. Les trois garçons n’étaient pas spécialement amis, mais les trois hommesse mettent à discuter, maladroitement, comme n’importe qui après plus d’une décennie sans se parler. Dans le même temps, une jeune femme trempée par la pluie entre dans le bar, et sur l’invitation d’Amamiya, commande un verre en attendant que le temps soit plus clément pour rentrer chez elle.

    C’est à peu près l’intégralité de l’intrigue de ce premier épisode (dans les grandes lignes, en tout cas), au cours duquel les échanges entre les personnages remplacent le dialogue intérieur propre aux séries d’appétit. On retrouve, certes, un point d’orgue similaire, atteint vers la fin de l’épisode lorsque la cliente commande à manger. C’est à ce moment-là qu’on découvre qu’outre les cocktails préparés par Amamiya l’établissement sert des plats en conserve, que Nakauchi est invité à cuisiner pour la cliente, et que finalement celle-ci déguste, étonnée et ravie, un plat qui va totalement apaiser ses tourments. Mais pour l’essentiel, cet épisode évite plusieurs des passages obligés de la série d’appétit.
    Il y a une bonne raison à cela : Nishiogikubo Mitsuboshi Youshudou a décidé (un peu comme Konya wa Konoji de, si vous vous souvenez), que l’appétit des personnages était plus pour les interactions que pour une boisson ou un plat. C’est de contact humain dont tout ce petit monde a besoin, et plus spécifiquement, de l’environnement très particulier que favorise un bar calme comme celui-là. Le genre d’endroit où on peut vraiment parler de ce qu’on a sur le cœur, de ce qui pèse, de tout ce qui semble aller de travers. Et, oui, certes, des cocktails et un étonnant plat à base de conserves (qui sont clairement le gimmick de cette série ; toutes les séries d’appétit on le leur).

    Si vous voulez voir des gens boire des cocktails colorés et déguster des plats étranges à base de conserves pendant une petite demi-heure, bon, effectivement vous avez poussé la bonne porte, mais il y a mieux dans le genre. Cela étant, si vous aviez besoin de voir des personnages ouvrir leur cœur à des inconnues (ou quasi-inconnues) pendant un peu moins d’une demi-heure, dans un univers comme parallèle, où le monde extérieur n’aurait aucun pouvoir sur personne, pour vous sentir mieux, alors Nishiogikubo Mitsuboshi Youshudou est absolument la série que vous avez besoin de découvrir en ce début d’année.

    Il y a des jours pendant lesquels tout semble aller de travers. Pour ces jours-là, il y a la fiction japonaise.


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  • White lies

    27 février 2021 à 23:00 • Telephage-o-thèque •

    Ce soir je m’apprête à vous parler d’une série britannique, et on s’accordera tous sur le fait que cela ne se produit pas souvent. Et d’ailleurs celle-ci a bien failli m’échapper : ce n’est qu’à la faveur de sa diffusion américaine en ce début d’année que j’ai découvert The Long Song, une mini-série historique initialement diffusée en 2018.
    Pourtant son contexte est unique, puisque la série raconte à la fois l’histoire de son personnage central, une femme noire nommée July, et l’Histoire du pays où elle est née, la Jamaïque, alors colonie britannique. Et vous admettrez qu’on ne voit pas tous les jours des fictions s’intéresser à la Jamaïque.

    The Long Song est, à bien des égards, évocatrice de ce que pouvait représenter Roots. En surface d’abord : les deux mini-séries parlent de l’esclavage, à travers la servitude subie par des protagonistes noires. Mais surtout, elles sont toutes les deux adaptées d’oeuvres littéraires s’inspirant de l’histoire familiale de leur autrices respectives ; le roman The Long Song retrace certes l’histoire d’un personnage fictif, certes mais comme l’intégralité de l’oeuvre de son autrice Andrea Levy, s’intéresse au vécu jamaïcain (une partie de l’héritage de Levy). En outre The Long Song est une série dont le focus est explicitement féminin : l’héroïne (incarnée par 3 actrices différentes au long de sa vie), la majorité des personnages importants, mais aussi la scénariste et la réalisatrice, en sont la meilleure preuve.
    Mais qui dit femme noire esclave dit aussi…

    Trigger warning : violS.

    Quand bien même The Long Song fait son possible pour éviter le voyeurisme dans ses scènes les plus crues, il lui est difficile d’éviter le sujet. D’autant que son héroïne elle-même, July, est née d’un viol : sa mère Kitty, esclave d’une plantation de canne à sucre nommée Amity, est régulièrement abusée par le contremaître.

    July grandit dans les champs, élevée avec amour par sa mère jusqu’à ce qu’un jour, le propriétaire de la plantation Amity croise leur chemin tout-à-fait par hasard. Sa sœur Caroline, sur un coup de tête, décide que la petite July pourrait devenir sa suivante, et l’enfant est retirée à sa mère séance tenante pour aller vivre avec ses maîtres. Les années passent et The Long Song démarre vraiment lorsque July (que Caroline a décidé de rebaptiser Marguerite) est adolescente, et travaille avec les autres domestiques noires, loin des champs qui sont pourtant voisins. C’est une jeune fille effrontée qui n’éprouve que du mépris pour sa patronne, et n’hésite pas à grapiller la moindre miette de liberté insolente qu’elle peut lui soustraire, que ce soit par grève du zèle ou simplement en lui dérobant certaines de ses possessions. On lui a tout pris (et on lui a même affirmé que sa mère avait été vendue ailleurs), alors c’est bien la moindre des choses. Et dans les circonstances qui sont les siennes, il n’y a pas beaucoup d’autres possibilités de rébellion.

    Pourtant July ne peut pas ignorer que de plus en plus, toute l’île vrombit de rumeurs quant à une éventuelle libération des esclaves. Les conflits en Jamaïque se sont multipliés et sont devenus un véritable casse-tête, qu’une émancipation semble enfin pouvoir résoudre. Certains commencent même à pouvoir acheter leur indépendance, comme le séduisant M. Nimrod, que July aime bien. Le premier épisode (la mini-série en compte trois) mentionne l’un de ces conflits : une révolte de 11 jours surnommée entre autres « Christmas Uprising« . A ce moment-là, July croit sincèrement que les choses peuvent changer, lorsqu’elle voit les blanches paniquées et les noires s’affirmer, pour la première fois.
    Ses espoirs seront de courte durée. En fait, The Long Song est une suite de déceptions, les unes après les autres, pour son héroïne : les différentes étapes la menant à la liberté se soldent toutes par des échecs cuisants. Il n’y a pas d’autonomie totale possible dans un monde créé pour asservir July et les siens ; et finalement, même une fois officiellement libre, elle va devoir continuer de grapiller des petits bouts de liberté pour mieux découvrir que même avec ces miettes elle avait déjà visé trop haut. Le constat de The Long Song rappelle, douloureusement, que l’esclavage n’est pas qu’une loi décrétant qui appartient à qui. C’est tout un système qui enferme (et que ce système s’entretient même quand la loi prétend le contraire).
    Plus la série progresse, plus il semble clair que chacune dans ce système connaît, instinctivement, la place qu’il est possible d’y tenir, et que les efforts de celles qui tentent de sortir de leur rôle seront toujours durement découragés.

    Il ne s’agit pas simplement pour The Long Song de montrer une série d’horreurs ; il y en a, c’est évident, mais l’idée n’est pas de donner dans le trauma porn. D’ailleurs très ostensiblement, la série essaie de détourner le regard chaque fois que quelque chose d’horrible se produit, pour mieux se focaliser sur qui regarde la souffrance qui est infligée… et surtout, qui ne la remarque absolument pas.
    Accusatrice, The Long Song met un point d’honneur à montrer des blanches qui vivent dans une sorte de Jamaïque parallèle, où le pire qui puisse se produire est de ne pas avoir de la compagnie, ou bien où l’on décide d’adopter une petite fille noire pour s’occuper… pendant que sous leurs yeux des êtres humains subissent les tortures physiques et psychologiques les plus infâmes. Il n’y a aucune nostalgie pour l’ère coloniale dans The Long Song, et la réalisation se refuse à rendre glamour les costumes de l’époque ou les décors exotiques (on n’est pas dans Indian Summers, ici), il n’y a que des ironies d’une cruauté sans nom, qui échappent totalement à celles qui auraient le pouvoir, mais n’auront jamais la volonté, d’y faire quelque chose. Pour réellement changer la façon dont tout cela fonctionne (ou plutôt dysfonctionne), il faudrait déjà commencer par remarquer les injustices perpétrées…

    La mini-série, bien que brève, se charge de décrire les multiples ressorts, jusqu’aux plus subtils, de ce système. Lorsque July tombe amoureuse du nouveau contremaître d’Amity, le jeune et idéaliste Robert Goodwin, et qu’il s’éprend d’elle à son tour, l’avertissement est clair : il ne suffit pas d’avoir de bonnes intentions pour changer les choses. Les meilleures des intentions ne changent pas qui a vraiment le pouvoir, ni qui va se sentir menacé si jamais ce pouvoir venait à vaciller. Or rien n’est plus dangereux qu’une personne qui perd un peu de son pouvoir face à des personnes qu’elle tient pour inférieures.
    La vie de July, qu’elle soit esclave ou qu’elle soit libre, dépend toujours du bon vouloir d’autrui.

    Je ne suis vraiment pas la meilleure personne pour parler de The Long Song (on n’est pas supposée s’identifier à Caroline pendant ce visionnage, mais force est de constater que je suis cent fois plus une Caroline que je serai jamais une July), mais la série m’a fait forte impression. C’est une fiction qui insiste pour raconter l’histoire d’une femme noire (et à travers elle de plusieurs autres) avec aussi peu d’égards que possible pour « Massa » et « Missis ». Leurs tourments sont tantôt ridicules tantôt dangereux, et quand ce n’est pas le cas, la série n’en a que faire : ce sont leurs affaires, pas celles des esclaves. Il y a déjà eu tant de séries sur leurs amours, et leurs déceptions, et leurs craintes ! The Long Song est très explicite : si c’est ça qui vous intéresse, vous regardez la mauvaise série.

    Pourtant, The Long Song est dans le même temps très attachée à parler à son public blanc pour lui intimer de se questionner fermement quant à ses actions (et non ses intentions), et comment celles-ci perpétuent un système qui semble appartenir au passé. Semble, seulement. Qui continue d’avoir le pouvoir dans les relations entre les blanches et les noires ? Trop souvent les vies des secondes dépendent encore du bon vouloir des premières. The Long Song interdit à ses spectatrices blanches de détourner le regard comme ses protagonistes blanches peuvent souvent le faire.
    The Long Song interdit de continuer de se mentir.


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  • I see the girl who turns my world around

    26 février 2021 à 22:44 • Review vers le futur •

    La vague de nostalgie qui envahit la télévision étasunienne (et en particulier ses diverses plateformes de VOD) n’en finit pas de m’étonner. J’ai si souvent l’impression que le public, en pratiquant plusieurs médias, en ayant de plus en plus de choix, et en vivant en des temps peu propices à la naïveté en général, est plus cynique que jamais. Et pourtant, nous y voilà : les revivals nostalgiques se succèdent, preuve que quelque part, quelqu’un doit les regarder et même les apprécier.
    Cette semaine, c’était le tour de Punky Brewster, et je crois que je n’ai jamais été autant interpelée par tout cela que devant son premier épisode.

    Le re-premier épisode de Punky Brewster est pourtant des plus classiques. C’est la formule qu’ont choisi de nombreux revivals avant elle (et sans doute après), consistant à essayer de présenter les mêmes personnages, interprétées par les mêmes actrices, plus ou moins dans le même contexte, mais avec des décennies de plus. L’épisode multiplie les contorsions pour nous dire que même si tout a changé, rien n’a changé.

    On pourrait difficilement le faire plus explicitement que dans cet épisode réintroductif : Punky est peut-être une divorcée qui élève trois enfants aujourd’hui, mais elle porte toujours des chaussures dépareillées. Les intrigues ont changé mais les symboles restent. C’est assez cosmétique, dans l’ensemble, et Punky elle-même l’avoue à demi-mots lorsqu’elle admet avoir l’impression de s’être perdue avec les années et les épreuves, et se réfugie dans des détails comme ses godasses pour essayer de se rassurer. Sauf que c’est surtout les spectatrices qu’il faut rassurer. Alors pour bien enfoncer le clou, Punkier Brewstier répète les clins d’oeil sans aucune subtilité (parler au portrait de feu Henry Warnimont, par exemple), on réintroduit des personnages secondaires qui ne sont là que parce qu’ils ont un air familier (rien ne nous sera dit à propos de Cherie qui ne serve l’intrigue de Punky ; mais bon, c’est aussi parce qu’elle est noire), et on rappelle des points essentiels de l’intrigue de la première série comme des psaumes (on ne sait jamais, si on les invoque juste une fois de plus, peut-être que la magie opèrera comme au premier jour).

    On ne peut pas accuser Punkiest Brewstiest de nous chambouler, et ce n’est pas son rôle. Son job, et sous un certain angle je suppose qu’il est bien fait, est de nous conforter dans ce que nous savons déjà. La télévision nostalgique c’est avant tout de la télévision de sécurité ; on ne peut pas tout avoir, c’est soit les souvenirs soit une série plan-plan. Même si ce dont nous nous souvenons est, avec les décennies, réduit à peau de chagrin. En saurions-nous autant sur la première série en lisant le résumé au dos des DVD ? Oui, mais plus personne n’achète de DVD alors tout va bien, on peut se contenter du service minimum, et limiter l’affection pour la série à des chaussures dépareillées et un soleil peint sur une vitre dans l’arrière-plan.

    Entre nous soit dit, je ne sais même pas vraiment s’il y avait tellement plus à dire sur la série d’origine. Alors dans le doute je suis allée relire ma review du pilote original de 1984. Une review qui remonte non pas à 1984 (je ne savais pas écrire quand la série a été lancée ; je veux bien être précoce m’enfin peut-être pas à 2 ans quand même) mais à 2012, lorsque je me suis lancée dans un visionnage du premier épisode, et ai découvert qu’il était en réalité constitué de trois parties.
    Un visionnage ouvertement motivé par… la nostalgie.

    A ce stade j’ai bien été obligée de prendre une pause, histoire de méditer à la critique lapidaire que je m’apprêtais à écrire. Inspirer, expirer, inspirer… Pourquoi est-ce que j’en veux autant à 2Punk2Brewster pour ses méthodes de revival facile ?


    Est-ce précisément parce que cette fois, c’est pour une série envers laquelle j’éprouve réellement de l’affection (avec tout l’irrespect que je dois à Fuller House) que mes attentes sont différentes ? Pourtant il suffit que je me relise pour réaliser que sans ce revisionnage il y a 9 ans, moi non plus je ne me souviendrais que des choses les plus cosmétiques dans la série. Et encore, dans le meilleur des cas. La plupart des gens n’ont pas 72 minutes à passer dans des revisionnages de vieux pilotes pour se remettre les détails d’un simple pilote en tête… alors pourquoi le scénario d’un revival n’en tiendrait-il pas compte ?

    Mais surtout, j’ai l’impression que c’est moi qui suis devenue cynique. En voilà une autre qui s’est perdue avec les années et les épreuves, tiens. Il devrait pourtant y avoir de la place pour des revivals simplistes dans une alimentation télévisuelle équilibrée. Et la preuve est qu’il y en a, de la place ! Alors pourquoi en attendre autre chose ?
    Au juste, je ne suis pas certaine de ce que je voudrais à la place ; on ne peut pas dire qu’une version dans laquelle Punky Brewster serait devenue tueuse en série (ou pire, enquêterait sur un tueur en série) soit tellement plus souhaitable, par exemple. On ne peut absolument pas faire de gritty remake de Punky Brewster, quasiment par définition. Ce serait une pire trahison encore ! Tout bien pesé, les choix opérés par cette nouvelle série font totalement sens.

    Il n’est pas erroné de dire que ce premier épisode n’est, fondamentalement, pas très bon. Sa structure est scolaire, ses personnages transparents, ses tentatives pour paraître actuelle sont grossières, et son humour n’est en réalité pas très drôle. Peut-être que j’aurais aimé rire sincèrement à ce que fait ce premier épisode lorsqu’il prétend être drôle. Il y a les rires placés au bon moment pour m’indiquer quand le faire, en plus (décidément je ne m’y ferais jamais, aux rires dans Punky Brewster). Mais rien à faire. Dans mon souvenir, la série d’origine savait être drôle… mais c’est aussi ça, l’effet de la nostalgie. Les années qui passent embellissent les choses (un peu comme quand mes souvenirs du premier jeu des Sims, sorti en 2000, sont en 3D).

    Bien-sûr, tout ce que fait cette nouvelle mouture est facile mais… la série d’origine était avant tout une série pour la jeunesse, avant, bien avant, que celles-ci ne soient reléguées à des chaînes spécialisées. On ne parle pas de revivals de… non vous savez quoi, j’allais donner des exemples mais je veux pas tenter le sort. Disons simplement que cette vague de revivals, en grande majorité, ne touche pas les séries les plus complexes et intelligentes de leur décennie. Cela ne signifie pas qu’il est impossible de faire quelque chose de futé (Saved by the Bell l’a prouvé l’an dernier), mais ce n’est absolument pas le but du jeu, parce que d’un âne on ne fera jamais un cheval de course. Et pourtant ça me coûte à dire, précisément parce que je l’aime, mon vieil âne.

    En fait, la seule façon d’apprécier ce retour de Punky Brewster, c’est d’essayer d’interroger le moins possible cette histoire de nostalgie. La téléphagie, ce n’est pas qu’une question de qualité, de toute façon. Affirmer le contraire, c’est passer à côté de ce que fait toute forme artistique : susciter des émotions. Et parfois, tout ce qu’on veut, c’est ressentir la profonde conviction qu’on est en terrain familier, et qu’on est rassurée. Juste parce qu’on peut consacrer une petite demi-heure à se réjouir que Punky continue à porter des chaussures dépareillées.
    Être rassurant, en ce moment, ce n’est pas la moindre des ambitions, après tout, et certains jours on dirait même que seule la nostalgie peut nous tirer de nos pensées les plus sombres (« maybe the world is blind or just a little unkind » hits different, comme disent les jeunes). Alors va pour Punky Brewster.


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  • Les plaisanteries les plus courtes…

    21 février 2021 à 19:32 • Dorama Chick •

    A l’automne 2015, la plateforme Amazon Prime Video faisait son entrée sur le sol nippon, dans le sillon de Netflix et de Hulu. Cela signifie qu’en septembre 2020, Amazon Prime fêtait son 5e anniversaire avec le public japonais, et pour cette occasion, a lancé une série du nom de Dareka ga, Miteiru (ou Peep Time de son titre international).
    Sauf qu’il ne s’agit pas de n’importe quel genre de série. Là où la plupart des séries de SVOD se sont arrangées pour innover le moins possible en arrivant au Japon, n’hésitant pas à s’associer à des chaînes traditionnelles pour co-produire du contenu qui leur convienne et/ou à simplement importer les formats et genres fonctionnant à l’étranger (et Netflix, on a eu l’occasion de le dire, a pratiqué un lissage assez agressif), Amazon Prime a entrepris de célébrer cet anniversaire avec… un sitcom multi-camera.

    Et si je le formule de cette façon, c’est parce que le sitcom multi-camera, ça n’existe pas au Japon.

    Alors, bon, c’est une exagération, bien-sûr : des sitcoms en multi-camera, sur les écrans japonais, il y en a eu.
    Quatre, pour être exacte.

    C’est en 2003 qu’est apparu le tout premier du genre : HR, alors proposée par Fuji TV. La série s’intéresse aux personnages qui fréquentent des cours du soir, et plus particulièrement des cours d’anglais. HR a bien des particularités dans le paysage japonais quand elle apparaît : elle ne dure qu’une demi-heure (l’immense majorité des séries japonaises sont plutôt proches de 50 minutes à 1 heure), elle est tournée en multi-camera (le single camera est omniprésent à la télévision japonaise), elle est filmée devant un public (les comédies de la télévision japonaises n’en ont jamais, c’est quelque chose de réservé aux émissions nippones de variété et autres programmes non-scriptés) et elle compte 23 épisodes (la plupart des fictions japonaises ne durent que la moitié). Vous savez ce que sont ces standards ? Des standards de sitcom étasunien.
    La série est aussi entièrement écrite et réalisée par la même personne, le cinéaste Kouki Mitani (très peu de séries japonaises laissent ces deux casquettes être portées par la même personne, faut-il préciser). De façon publique comme critique, HR n’est pas spécialement un succès ; mais Mitani, qui à l’époque tient en parallèle une colonne régulière dans le Asahi Shimbun, et n’hésite pas à y parler de sa série pendant la diffusion de celle-ci, confesse n’être absolument pas intéressé par la perspective d’un succès (d’ailleurs, un succès, à la télévision japonaise, ça se mesure comment ? la plupart des séries même avec de grosses audiences ne sont de toute façon pas renouvelées !), mais par l’idée d’expérimenter. D’être le premier à le faire, et de réussir à le faire : un sitcom à l’américaine avec beaucoup d’épisodes qui doivent être drôles non-stop. Personne ne l’a fait avant lui. Alors il s’est lancé un défi. Comme il vient du théâtre, il pense pouvoir y arriver, voilà tout.

    C’est la raison essentielle de l’existence de HR.
    Pas étonnant que l’essai n’ait pas spécialement inspiré d’autres chaînes de télévision du pays. Cela ne s’est donc reproduit que très rarement par la suite, avec des sitcoms relégués à des cases horaires tardives où les séries ne sont pas mises à l’antenne pour être massivement vues, voire limite là où on s’attend à ce qu’elles ne soient pas vues du tout.

    En 2009, deux chaînes s’y essaient. D’abord en janvier, sur TV Tokyo ; la chaîne, qui propose généralement en soirée dans sa case dite « Dorama24 » des séries très différentes, visant un public de niche (et souvent geek ; c’est là qu’on trouve aussi les séries high concept de la chaîne, qui en journée propose plutôt des séries animées et/ou pour la jeunesse), lance le sitcom CeleBry3.
    Sur la forme, il s’agit effectivement d’une série d’une demi-heure, mais elle est en réalité tournée en single camera, et le public n’est pas réellement sur place, quand bien même on entend des rires et des applaudissements. On y découvre 3 sœurs qui sont les filles de deux célébrités, et ne rêvent que de gloire et de paillettes elles aussi. La série est surtout conçue pour offrir une version féminine des vignettes THE3meisama, une comédie tirée d’un manga, tournée en single camera et sortie en direct-to-DVD à partir de 2005, qui mettait en scène trois glandus passant tout leur temps dans un famiresu (ou restaurant familial, une sorte d’équivalent des diners américains). En outre, ses 12 épisodes ont été tournés en l’espace de 10 jours, ce qui explique que les épisodes de CeleBry3 conservent une unité de lieu qui est de toute évidence une contrainte budgétaire et pratique. Toutefois, cette comédie féminine est innovante, à sa façon : ses 3 comédiennes ont réussi à pérenniser un peu leur marque, en la portant au théâtre. Des DVD sont sortis de leurs spectacles, qui mêlent sketches et chant, quand bien même ils n’ont rien ou si peu à voir avec les « intrigues » de la série.
    En octobre de cette même année, c’est la télévision publique NHK qui s’y essaie, avec le sitcom sportif Mama-san Volley de Tsukamaete, où les héroïnes sont les membres d’une équipe de volleyball féminine entièrement constituée de mères (essentiellement des mères au foyer). Le format est un peu bâtard : les épisodes font bien une demi-heure, en revanche la saison n’en compte que 8. C’est court, même pour une série nippone. Mama-san Volley de Tsukamaete est utilisée en bouche-trou, juste avant minuit le dimanche. Comme pour HR, la série est filmée devant un public ; on imagine sans peine que le créateur et réalisateur de la série, Masafumi Nishida, qui vient également du théâtre, a puisé comme Mitani dans son expérience des planches. La plupart du temps, les ressorts humoristiques de la série reposent sur les quiproquos, notamment parce que Mama-san Volley de Tsukamaete a une forme d’intrigue en fil rouge : deux des personnages ont secrètement entretenu une relation, et maintenant qu’ils veulent se marier, il va bien falloir l’annoncer à l’équipe.
    Ces deux séries passent totalement hors des radars du grand public.

    La dernière tentative de sitcom est, toutes proportions gardées, celle qui a connu le plus de succès. Urero☆Mikakunin Shoujo (ci-contre) est lancée en 2011 par TV Tokyo encore, et a l’immense singularité d’avoir duré 4 saisons (la quatrième changeant de titre et de formule, mais pas son équipe créative ni technique). Les 3 premières saisons se déroulent dans une agence artistique pour idols (oui, encore elles), et la 4e dans une agence pour superhéros, mais dans les deux cas l’agence s’appelle pareil : Kawashima. Au cœur du projet, on trouve BAKARHYTHM, un touche-à-tout tantôt comédien, humoriste, présentateur, parolier, et à l’occasion scénariste (j’ai pu par le passé vous parler de la série de voyages dans le temps Suteki na Sen TAXI, bah c’était de lui) et les comédiens de la troupe « Tokyo03 » (qui, je vous le donne en mille, sont un trio tokyoïte), plutôt familière de la comédie à sketches au théâtre. La série est diffusée un peu avant 1h du matin dans la nuit du vendredi au samedi, c’est vous dire si peu de monde l’a vue, mais elle a au moins le mérite d’avoir un public relativement fidèle, à défaut d’être massif.

    Et. C’est. Tout. A ma connaissance il n’existe dans toute l’histoire de la télévision japonaise (dont la naissance, pour mémoire, remonte aux années 30) pas d’autre sitcom que ces quatre-là. J’avais prévenu : c’est l’article de Tivistory le plus court que j’aie jamais écrit !
    Enfin, si : maintenant ça fait cinq, grâce à Dareka ga, Miteiru.

    Cela devrait vous indiquer quelque chose clairement sur la façon dont le sitcom fonctionne au Japon.
    C’est-à-dire que déjà, il ne fonctionne pas, sinon il y en aurait beaucoup plus (c’est la règle élémentaire en matière de télévision). Mais surtout il doit quasiment tout au théâtre : ses créateurs, ses interprètes, sa formule basée sur la comédie à sketches… Plus encore, aux Etats-Unis, le sitcom est un genre vieux de plusieurs décennies, considéré comme grand public, prévu pour le primetime et, historiquement, visant une audience familiale, alors qu’au Japon, c’est tout le contraire ! Le sitcom y est expérimental, nocturne, et trouve par voie de conséquence un public très restreint.
    Et quand bien même, malgré tout cela, quelqu’un voudrait en créer, il est impossible de se former à l’écriture de sitcom multicamera au Japon, puisqu’il n’y en presque jamais à l’antenne !

    Cela explique en partie le fonctionnement Dareka ga, Miteiru (« il y a quelqu’un qui regarde ») et sa simplicité déconcertante. Oui, revenons à nos moutons.
    La série a pour héros un grand benêt, Shinichi Toneri, qui vit seul dans un appartement coloré dont on se demande comment il peut bien en payer le loyer, étant donné qu’il passe son temps à faire des petits boulots dont il se fait virer en quelques jours. Shinichi a en effet un don incroyable : quoi qu’il fasse, tout tourne toujours à la catastrophe. C’est souvent un mélange de malchance incroyable, et de maladresse confinant quasiment au pathologique.
    Grâce à un trou dans leur mur mitoyen, les voisins de Shinichi sont aux premières loges pour assister à ses pitreries ; dans le premier épisode, la fille desdits voisins découvre le potentiel comique de cet étrange type, et décide de le filmer pour obtenir des vues sur Youtube (« il y a quelqu’un qui regarde » a donc deux sens distincts ici).

    Dareka ga, Miteiru est très fière d’être enregistrée avec un vrai public (on pourrait presque dire que ça donne une troisième dimension au titre de la série !), et très intentionnellement essaie de filmer ses scènes en une seule prise, sans aucune coupure ; ce qu’évidemment le système en multi-camera permet de faire mieux que tout autre. Beaucoup de ses séquences, en particulier quand elles mettent en scène Shinichi, sont quasiment silencieuses, quelques interjections venant parfois ponctuer ses activités mais sans plus ; on entend plus le public que les comédiens, dans cette série. L’humour de Dareka ga, Miteiru repose donc essentiellement sur de la comédie physique (et certains dialogues donnent même un peu l’impression d’être improvisés, ce qui ne serait pas totalement étonnant), d’ailleurs il n’est pas clairement établi si les deux appartements peuvent entendre ce qui se passe l’un dans l’autre. Si Shinichi était un personnage juste un peu plus intelligent (intellectuellement ou émotionnellement), il me rappellerait presque le personnage principal de la comédie australienne Woodley, pour un peu.
    Si vous accrochez à ce type d’humour, tant mieux ; il a l’avantage supplémentaire de ne pas nécessiter de traduction (quoique, j’ai regardé cet épisode avec des sous-titres, donc c’est aussi faisable). Si vous n’accrochez pas… eh bien, de toute évidence je ne peux pas vraiment vous recommander d’alternative.

    Votre visage va probablement s’éclairer quand je vais vous dire ceci : le créateur de la série est Kouki Mitani, auquel on devait déjà HR ! Et mieux encore, l’acteur qui incarne Shinichi est Shingo Katori, qui était déjà au générique de HR (c’était à l’époque son premier rôle comique).
    C’est vous dire si ce qui se passe avec cette série commandée pour l’anniversaire d’Amazon Prime Video relève plus de la private joke que d’autre chose. Et cette blague-là, au moins, vous êtes maintenant certaines de pouvoir la comprendre.


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  • Origin story

    20 février 2021 à 23:51 • Review vers le futur •

    Imaginez n’avoir aucun souvenir de votre propre histoire. Ni votre enfance, ni vos parents, rien. Comment pouvez-vous construire une vie adulte ?
    C’est bien le problème de Gölge, un homme qui ignore tout de son propre passé. Jusqu’à son nom : Gölge signifie « ombre » en turc.

    Dans 50m², on ne sait rien du héros, mais au moins ça nous fait ça en commun avec lui. On va en revanche vite apprendre qui il est quand la série démarre : c’est l’homme de main d’un dénommé Servet, un genre de mafieux local.
    En fait, Gölge doit bien plus qu’un job à Servet, il lui doit la vie. C’est cet homme qui l’a recueilli, alors qu’il n’était qu’enfant ; il l’a trouvé dans une rue, seul, à l’abandon, et l’a depuis lors traité comme son propre fils. Un fils qui fait tous les sales boulots pour lui, mais un fils quand même. Aujourd’hui, grâce à la générosité (et grâce aux activités criminelles) de Servet, Gölge a une belle maison, une belle voiture, et une vie confortable dans l’ensemble. Mais rien à faire, il a besoin de faire la lumière sur sa propre identité.

    Le démarrage de 50m² est intéressant, dans le sens où on a déjà vu 712 séries sur des activités illégales, mais généralement on les a vues du point de vue du mafieux. La plupart des autres séries porteraient sur Servet ! Mais ici on s’intéresse à son homme de main, celui qui casse la gueule ou menace les gens, voire leur fait la peau si besoin est.
    Vous savez, c’est idiot, mais par moments dans ce premier épisode j’ai pensé à City Hunter (ou Nicky Larson dans nos contrées), la façon dont la série avait toujours des tonnes d’hommes de main pour se dresser entre le héros et la fille qu’il voulait sauver/draguer dans l’épisode, tous avec une tronche patibulaire évidemment. Et bien-sûr ils se font étaler en deux temps trois mouvements, et personne ne s’inquiète jamais de savoir ce qui leur est arrivé pour finir là, démontés par le héros sur son chemin pour aller vers le VRAI méchant de l’épisode. Bah 50m² est un peu la réponse à cette question, au moins un peu disons. Gölge en est arrivé là parce qu’il était un enfant seul, vulnérable, et que le VRAI méchant l’a recueilli et lui a donné un boulot.
    Mais rien à faire. Bien que Servet ait déjà déplacé des montagnes pour trouver l’identité des parents, ceux-ci restent un grand point d’interrogation et Gölge n’arrive pas à arrêter de les chercher. Or, tout ce qu’il a, c’est UNE photo les représentant, photo qu’il avait sur lui lorsque Servet l’a trouvé.

    Et d’ailleurs Servet il n’a pas l’air si mauvais homme. Outre le fait qu’il a élevé Gölge comme son fils (quand bien même c’est une vie de criminel, c’est mieux que rien), il est aussi en train de préparer l’ouverture prochaine d’un orphelinat flambant neuf, financé avec de l’argent sale, certes, mais confortable au possible, pour que les enfants comme Gölge ne manquent jamais de rien. Il n’a pas bon coeur, ce truand, je vous le demande ?
    Pas vraiment. Le premier épisode de 50m² lève progressivement le voile sur qui est Servet. Par exemple le fait que l’orphelinat ne soit qu’une couverture à un trafic d’armes (le premier pour Servet, qui est en train de diversifier ses activités)…

    Pourtant, l’air de rien, cet épisode ne parle pas que de crime, et je l’en remercie parce que personnellement je suis assez peu friande de ce genre de choses. A des années-lumière de l’intrigue entre Gölge et Servet, il se passe dans un petit quartier sans histoire quelque chose d’à la fois triste et banal : un vieil homme meurt. C’était le tailleur de son quartier, un quartier criblé de dettes qui ne vit que grâce à des prêts octroyés par le seul commerçant dont les affaires florissent, et qui possède la plupart des bâtiments du quartier. La mort de ce petit tailleur, qui vivait dans sa boutique et n’avait a priori pas de famille, libère d’ailleurs les lieux, à moins qu’on ne trouve un héritier qui souhaite reprendre la boutique.
    Par un concours de circonstances, Gölge va laisser croire aux amis du défunts qu’il est son fils. Au début, bien plus préoccupé par sa relation avec Servet et ses développements que je ne vous détaillerai pas, il balaie du revers de la main la possibilité de reprendre la boutique… mais très vite cela devient l’endroit idéal où se replier discrètement.

    Une petite boutique de 50m² dans un quartier sans histoires pour un homme sans histoire. Une petite boutique dont l’orphelin a hérité de son père. Il y a une certaine poésie là-dedans.
    Mais de l’humour, aussi, et c’est je dois dire ma plus grande surprise quant à 50m². En dépit de l’aspect sérieux des affaires de Servet, ou de la tragédie qui se joue au quotidien pour Gölge parce qu’il souffre de ne pas savoir qui il est, il y a un côté incroyablement drôle dans le traitement. Le héros Gölge, par exemple, a beau prendre un air profond et désabusé quand il boit, personne ne prend vraiment ses airs lugubres au sérieux, et il est même tourné à la limite du ridicule. Plus encore, la série comporte des one-liners qui fonctionnent très bien pendant une scène de baston ou autre. Au final on s’amuse beaucoup alors que sur le papier, il n’y avait rien que de très sérieux.

    Hélas, cent fois hélas, c’est le moment où je vous dis que tout n’est pas parfait : je ne sais pas exactement où va conduire ce détour par la boutique du tailleur, mais je sais que ça va me faire puissamment chier. Et je le sais d’autant mieux que ça fait près de 3 semaines que j’essaie de finir le 2e épisode de 50m², et que je n’y arrive pas, parce que pour le moment les scènes qui se passent dans ce quartier m’ennuient puissamment. A la base je m’étais bien amusée devant le premier épisode, et j’étais partie pour une review de saison, mais là je dépose les armes (Servet peut les revendre s’il veut) et me contente d’une review du premier épisode. Entre la romance qui se prépare (et se voit comme le nez au milieu du visage), les petits vieux qui parlent sans arrêt pour ne rien dire, et la pseudo-menace incarnée par le type le plus riche du quartier, franchement j’ai trop de peine à garder les yeux ouverts.
    Alors, même si par ailleurs je reste persuadée que 50m² n’est pas entièrement à jeter, et que je suis un peu intriguée par le mystère des origines de Gölge, je m’arrête là. Vous me raconterez.


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  • Tri(be) hard

    19 février 2021 à 21:25 • Review vers le futur •

    Comment ça va en ce vendredi soir de février. Le moral ? Bon bah attendez de voir le programme du jour, puisqu’on va causer dystopie.
    Et plus particulièrement dystopie allemande, puisque c’est du premier épisode de la dernière série en date de Netflix, Tribes of Europa (en anglais dans le texte).
    Avant de me lancer, notons que c’est, encore une fois, de Netflix que nous vient une série allemande dite « de genre ». Après Dark, 8 Tage, SPIDES, Biohackers… on assiste vraiment à un incroyable phénomène de tout un genre complètement boosté par des acteurs récemment arrivés sur le marché (des chaînes du câble/satellite sont à inclure dans le lot) alors que dans le même temps, les chaînes historiques teutonnes continuent de copieusement ignorer la science-fiction. God, I see what you’ve done for others.

    Tribes of Europa commence dans la joie et l’allégresse en nous apprenant que pendant l’année 2029, un gigantesque blackout surnommé Black December a plongé le monde dans le chaos. C’est neuf années plus tard que mes estimations mais soit. La série se déroule dans un futur post-apocalyptique où les pays que nous connaissons aujourd’hui ont alors disparu, et toutes sortes de micronations sont apparues pendant les décennies suivantes, qu’on appelle donc des tribus (comme la série emploie le terme anglais, et que ça colle avec le titre, j’emploierai dans cette review le terme de « tribe« ). Elles se font la guerre aux quatre coins de l’Europe pour prendre le contrôle du territoire, parce que pourquoi rompre avec des habitudes millénaires ? Et tout ça nous amène donc à notre intrigue, qui démarre en 2074.

    Notre héroïne dans la série se nomme Liv, et elle vient des Origines, une tribe fondée par sa mère (aujourd’hui décédée) et dirigée par son père, vivant proche de la nature dans un village retiré dans la forêt, le Refugium. C’est tout ce qu’elle a connu, faisant partie de la première génération de sa tribe à naître et grandir dans la forêt, comme c’est également le cas de ses deux frères, Kiano l’aventurier qui ne rêve que de découvrir le monde, et le jeune Elja, fasciné par le monde d’avant et sa technologie. Les Origines sont pacifiques, refusant de prendre part aux conflits menés par les autres tribes… cela n’est évidemment pas voué à perdurer.
    C’est le crash d’un appareil étrange qui vient semer la zizanie ; c’est une sorte de navette, qui ne ressemble à aucune technologie d’avant Black December, laissant penser que quelqu’un, quelque part, possède à nouveau une technologie avancée, voire même plus avancée qu’avant le blackout. Mais la question la plus pressante pour les Origines, c’est surtout de déterminer où est passé le pilote de l’engin, afin de s’assurer que personne ne viendra troubler la quiétude du Refugium. Pas de chance, une tribe particulièrement hostile, les Crows, sont à la recherche de l’appareil, dans l’espoir de mettre la main sur la technologie embarquée (ils suspectent que la technologie appartient à la tribe Atlantis). L’une des cheffes de guerre, Varvara, mue essentiellement par l’envie de gravir les échelons et plaire aux seigneurs des Crows, se lance sur la piste de ce pilote et n’hésite pas à laisser une trainée de sang dans son sillon. Visiblement, les Crows ne sont pas du genre pacifiques du tout du tout… Liv, Kiano et Elja s’apprêtent à voir leur vie complètement bouleversée, et forcés de s’impliquer dans le conflit entre les tribes.

    Ce qui est fascinant avec Tribes of Europa, c’est que ce sujet de départ aurait pu se décliner de cent façons… et pourtant chaque fois qu’il y a un choix à faire, ce premier épisode va systématiquement opter pour le plus évident. La raison à cela n’est pas à chercher très loin : la série est un amalgame plutôt grossier de ficelles ayant fait leurs preuves dans d’autres fictions, que Tribes or Europa s’approprie histoire de ne surtout pas prendre de risques. C’est un peu la méthode Another Life, avec du post-apocalyptique au lieu du space opera.

    Parfois on dirait que Netflix commande des remakes avant d’avoir commandé l’original, c’est assez dingue. La recette est si grossière, qu’on pourrait la trouver sur Marmiton :

    Il y a du Revolution, il y a du Hunger Games, il y a du Mad Max, il y a du The 100, tout ça avec les décors et les costumes de Spellbinder. Tribes of Europa essaie, essaie très fort, de manger à tous les râteliers.
    A un certain moment je me suis demandé si Tribes of Europa était supposée être une série pour la jeunesse, et puis j’ai vu les hectolitres de sang vers la fin de l’épisode et j’ai réalisé que non ; c’est généralement mauvais signe. Quand une série utilise le Wilhelm scream au premier degré en 2021, difficile de la prendre au sérieux ! Rien que la dégaine et le surjeu du Vilain Méchant, le Kapitan à la tête des Crows, ont de quoi faire douter de la démarche.
    Alors je ne dis pas, il y a quelques scènes vaguement réussies, et les effets quelques spéciaux ne sont pas dégueulasses. Quand les Crows arrivent au Refugium, il y a une brève scène qui fonctionne vraiment bien, pendant laquelle le père de nos trois héroïnes tente de négocier une issue pacifique à la rencontre entre les deux tribes… c’était glaçant à souhait (bien plus que la scène de torture vers la fin de l’épisode). Pas original pour un sou, mais sur le moment ça fonctionne.

    C’est un peu le drame en fait : tout ce qui tient à peu près la route dans ce premier épisode a été pompé ailleurs.  Globalement tout n’est pas à jeter dans Tribes of Europa… mais la majorité l’est et ça reste quand même problématique parce que ce qui est bon vient d’ailleurs, et pour le même prix je préfère me refaire l’original, tant qu’à faire.
    Et puisque le chaos n’a pas l’air d’attendre 2029, je suis pas convaincue de vouloir perdre mon temps avec des séries comme celle-là.


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  • The Loving Dead

    14 février 2021 à 17:32 • Dorama Chick •

    Vous savez que rien ne me ferait plus plaisir que de parler de romance aujourd’hui… aussi parlons de la série japonaise Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni (« avec toi le jour de la fin du monde »).
    Oui, il y a un piège.

    Vous l’aurez sûrement deviné, il ne s’agit pas d’une romance à l’eau de rose. Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni est en réalité une série de genre avant tout, même si effectivement la relation entre les deux protagonistes centrales y tient un rôle prépondérant.
    Tout avait commencé comme une belle journée. Hibiki s’était levé, avait préparé à l’avance le déjeuner du jour, puis avait tendrement réveillé sa petite amie Kurumi avant de partir au travail. Non sans lui avoir, au préalable, fait la promesse qu’il aurait quelque chose d’important à lui demander le soir-même, quand elle rentrerait de l’hôpital où elle fait des horaires décalées. Content de lui (et ignorant que Kurumi a trouvé la bague de fiançailles qu’il veut lui présenter !), Hibiki part en moto… et c’est là que la série dérape.

    Quelques phénomènes attirent son attention : la fumée noire d’une usine, un automobiliste à la conduite erratique, le plafond du tunnel qu’il traverse qui commence à se fissurer… Il n’a cependant pas le temps de se poser beaucoup de questions, car il perd le contrôle de sa moto. Lorsqu’il reprend connaissance, il réalise que le tunnel s’est effondré, et qu’il est prisonnier. Heureusement on va découvrir la qualité majeure de Hibiki à ce moment-là : il est obstiné et patient. Il lui faudra 4 jours pour dégager les gravats et se faire un chemin vers l’extérieur, mais à force de persévérance, il réussit.
    Malheureusement lorsqu’il s’extirpe de son tunnel, ce n’est que pour mieux découvrir que la ville s’est complètement vidée. Où sont donc passés les habitantes ?
    Je vous rassure, Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni n’est pas un copycat de Imawa no Kuni no Arisu ! Si le monde semble s’être entièrement vidé, notre héros va assez vite comprendre pourquoi : lorsqu’il se rend au garage où il travaille, il découvre… des zombies !

    Eh oui, Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni est en réalité, à choisir, plutôt un copycat de The Walking Dead. D’ailleurs si la série est une adaptation de quelque chose (manga, roman, etc.), je n’en ai pas trouvé trace, ce qui me laisse penser qu’il s’agit bel et bien d’une de ces adaptations officieuses dont les chaînes japonaises ont eu le secret pendant si longtemps, avant de commencer à faire des vrais remakes il y a quelques années. Comprenons-nous bien, il y a des éléments qui diffèrent, et notamment cette romance sur laquelle je vais revenir dans une seconde. Mais pour l’essentiel, Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni fait le choix assez clair de proposer dans son épisode d’exposition assez peu de différences avec la fameuse série américaine.
    Alors bon, non. Le mot « zombie » n’est pas prononcé pendant cet épisode introductif, mais croyez-moi, on les reconnaît. Toutes les caractéristiques sont là, et en particulier, l’appétit est le même…

    Reprenons : Hibiki s’extrait à grand’peine du garage et se rue vers l’appartement qu’il partage avec Kurumi. Il commence à avoir un mauvais pressentiment. Hélas, il ne la trouve pas sur place.
    En partant à sa recherche, Hibiki fait la connaissance de plusieurs survivantes qui se sont retranchés dans un bâtiment, et où elles ont passé les derniers jours. Les zombies sont à leurs portes, et pire encore, ils poussent des cris pour appeler leurs semblables à venir en renforts. Sauf que les rations commencent à baisser et que parmi ces survivantes, une petite fille asthmatique commence à être à court de ventoline, et qu’à un moment il va bien falloir prendre la décision de sortir de là. De son côté, Hibiki va commencer à se voir expliquer ce qui s’est passé pendant les quatre jours qu’il a passés dans le tunnel, et ainsi combler les trous. Mais tout cela, et ça se comprend, ne fait pas encore tout-à-fait sens pour lui. Lorsque ses nouvelles camarades d’infortune entreprennent de quitter leur cachette pour se diriger vers le lycée qui a officiellement été désigné comme refuge à toute la population (c’est d’ailleurs là que, si tout le monde a bien suivi les consignes officielles, le reste de la ville devrait avoir été évacué… en théorie), Hibiki va les suivre en espérant trouver Kurumi, et progressivement apprendre les bases de la survie dans un monde rempli de zombies. Et de zombies particulièrement virulents la nuit, par-dessus le marché, ce qui diminue de moitié le temps que des survivants peuvent passer dehors.
    Il faudra attendre la fin du premier épisode de Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni pour connaître le sort de la jeune femme. Ne comptez pas sur moi pour vous le spoiler.

    Avec pas mal de scènes d’attaque de zombies, je le disais, Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni ne se distingue pas par son originalité : il y a résolument beaucoup d’action. Toutefois, si dans les faits ce premier épisode ne surprend pas toujours, il introduit quand même une différence majeure : cette idée que l’amour qui lie Hibiki et Kurumi est un moteur de l’intrigue. Bien-sûr cela motive Hibiki à aller à la recherche de la femme qu’il aime dans ce premier épisode ; toutefois je soupçonne fortement que le but ne soit pas de ne faire que ça pendant toute la saison.
    Je tiens d’ailleurs à signaler au passage que NTV, qui diffuse actuellement la série, a eu une super idée promotionnelle, avec sa double affiche : le côté de Hibiki, et… l’autre côté. Littéralement !
    C’est un peu la semaine d’appréciation des posters, en ce moment.

    Au-delà de la romance, j’ai une autre bonne nouvelle pour finir : Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni esquisse aussi un aspect mythologique. Dans la dernière scène avant le générique de fin, mais quand même ! Il est quasiment certain, avec cette seule et unique scène, qu’on va savoir pourquoi les zombies sont apparus… et peut-être même avoir une chance de les voir disparaître. Et en fait, vous savez quoi ? Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni est un peu obligée.
    Contrairement à beaucoup de séries de zombies, en particulier occidentales, qui sont condamnées à lambiner sur la question parce que si l’on résout le problème, on n’a plus de série de zombies (bah ouais), Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni a une deadline. Cette deadline s’appelle au-Japon-on-ne-renouvelle-pas-les-séries-ad–vitam–aeternam. Présentement, Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni est assurée d’avoir très exactement deux saisons : l’une diffusée par NTV depuis janvier, comptant 10 épisodes, et une autre qui prendra la relève en mars sur Hulu, composée de 6 épisodes. Après ça ? Après ça, ce sera probablement fini. On aura déjà largement dépassé le nombre d’épisode moyen pour une série hebdomadaire au Japon de toute façon (deux saisons ! et encore, uniquement parce qu’il s’agit d’un partenariat entre deux diffuseurs !). A titre de comparaison, les rares autres séries zombiesques japonaises (comme Tamagawa Kuyakushou OF THE DEAD ou Zombie ga Kita Kara Jinsei Mitsumenaoshita Ken) n’ont pas duré plus d’une saison.
    Quand on sait quand la fin est programmée, ça tombe sous le sens : on planifie soigneusement la façon dont les choses vont tourner. Il faut aussi garder à l’esprit qu’on n’imaginerait pas promettre des choses aux spectatrices pour ne jamais les leur délivrer, dans un pays où quelques courriers de protestation suffisent à entrainer de profuses excuses publiques de la part des exécutifs des chaînes. Au Japon, les séries sont rarement longues, et pour cette raison, elle se concluent donc rarement sur un cliffhanger.

    C’est là que Kimi to Sekai ga Owaru Hi ni a une opportunité de faire des choix uniques : dans sa façon d’expliquer l’épidémie, et peut-être même de la conclure. Donc dans le simple fait qu’il s’agisse d’une série japonaise. Admettez que vous n’avez pas vu beaucoup de séries asiatiques de zombies (peut-être Kingdom, qui était une série Netflix, et quoi d’autre…?), et que ça vaut quand même le coup de tenter l’expérience pour voir comment les pratiques de différentes industries influent sur le résultat final.


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  • Sans gravité

    13 février 2021 à 15:35 • Review vers le futur •

    Les humaines sont bizarres. Tous les extraterrestres vous le diront.
    Dans Resident Alien, l’extraterrestre en question a pris l’apparence d’un médecin, le Dr. Harry Vanderspeigle, dans une petite ville isolée au cœur des montagnes du Colorado. Sauf qu’on n’est pas dans Everwood, ici, et que les choses sont loin d’être idylliques. Pour commencer, cette arrivée à Patience est loin d’être un choix : elle résulte d’un accident survenu quatre mois plus tôt, lors duquel l’appareil de l’alien s’est crashé dans les hauteurs, et qui le pousse à chercher son navire dans l’espoir de finir sa mission et repartir chez lui.
    Mais maintenant qu’il est là, et en dépit de ses tentatives pour se tenir à distance, Harry va devoir frayer avec elles : lorsque le médecin de la ville décède dans des circonstances suspectes, les autorités se tournent vers notre ET pour déterminer les causes de sa mort, et même… prendre sa relève. A leur contact, Harry va prendre toute la mesure de la bizarrerie des humaines.

    Je ne vais pas vous mener en bateau : disons pour simplifier que Resident Alien n’est pas un coup de cœur.
    Il me semble même très difficile d’imaginer que quelqu’un puisse avoir le coup de cœur pour cette série (quoique, je ne vous jugerais pas si c’était le cas). Elle se regarde en passant, sans trop y songer, faute de mieux même. Notez bien que ce n’est pas grave. Un menu téléphagique équilibré se doit d’avoir d’un peu de tout. Dans votre consommation, il y a des grandes séries, des fictions populaires, des découvertes intéressantes, des plaisirs légèrement honteux (même si je ne pense pas que vous devriez en avoir honte, ça ne vous empêche pas de le ressentir comme tel !), eh bien il y a aussi de la place pour des trucs qui ne sont ni bons ni mauvais. Ils sont juste là. On s’attache pour une raison aux frontières de l’expliquable (Alan Tudyk sera cette raison pour beaucoup de monde*), on constate que bon, ya pas de faute de goût grave dans son intrigue ou sa réalisation, et puis on se laisse embarquer ET C’EST PAS GRAVE. Aucune téléphage n’est obligée de regarder sans arrêt des trucs époustouflants, limite au contraire. Vous avez bien raison de vous ménager un peu. Se prendre une claque tous les jours, merci bien mais à un moment on a les joues qui brûlent.
    *Y compris moi, surtout que maintenant Alan Tudyk est confirmé comme faisant partie du cast de la série ARK: The Animated Series.

    Donc oui, Resident Alien est ce genre de série qu’après sa diffusion on aura grosso-modo oubliée. Ou disons qu’on la ressortira comme référence à l’occasion, comme tirée d’un sommeil profond. De la même façon que le font beaucoup de personnes qui en vous parlant de Resident Alien aujourd’hui vous citeront Eureka et/ou Warehouse 13 (ce qui n’est pas déplacé, même si ces séries étaient quand même plus légères que Resident Alien, laquelle propose un ton un peu plus menaçant et morbide), alors que depuis 10 ans ces mêmes personnes n’ont sûrement pas eu un seul mot pour Eureka ni Warehouse 13, quand bien même je veuille bien croire qu’elles aient ressenti à l’époque de leur diffusion une profonde tendresse pour l’une ou l’autre de ces séries. Il y a des séries qui n’existent dans nos esprits que le temps de leur diffusion, ET C’EST PAS GRAVE.

    Le côté « dramédie anthropologique » de Resident Alien est amusant, et se laisse regarder. Il évoque celui qu’on trouve dans d’autres séries au pitch similaire, et personnellement ça m’a aussi donné des bouffées de nostalgie pour The Neighbors par exemple. On sent déjà que, bien malgré lui, Harry va s’enticher de ces satanés humaines, ou au moins d’une poignée d’entre elles, ce qui ne manquera pas de soulever des conflits intérieurs qui sont un peu évoqués dans ce premier épisode. En outre Resident Alien s’est fixé dés cette introduction une deadline, qui correspond à la fonte de la neige au printemps ; cela semble indiquer une série feuilletonnante mais qui n’a pas vocation à faire trainer son intrigue au-delà d’une saison, et devra ensuite se renouveler (le fait d’être inspirée de comics, que je confesse n’avoir pas lus, aide sans doute aussi).

    En gros, il n’y a rien de mal à apprécier ce premier épisode de Resident Alien ! Plein de choses y fonctionnent assez bien. Simplement elles ne font que cela : fonctionner. Cette exposition fait le job. Les personnages remplissent leur mission. L’intrigue est lancée comme elle devrait. Le cast semble sympa. Tout cela est propre, rien de plus mais rien de moins.
    ET C’EST PAS GRAVE.


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  • Journey to the East

    12 février 2021 à 14:34 • Dorama Chick •

    Qui peut s’asseoir à la table de la fiction chinoise et lui dire : « j’ai un meilleur poster promotionnel que toi » ? 
    Voilà par exemple quelques uns (seulement quelques uns !) des posters pour la série Feng Li Jiu Tian. Si effectivement on y retrouve plusieurs fois la figure du phoenix, bien maligne celle qui, sans regarder les caractères sur l’affiche, saura au premier coup d’oeil repérer que tous ces posters font référence à la même série.

    Je sais pas si vous vous rendez compte, cette industrie fait des posters additionnels quasiment juste pour se vanter, à ce stade. C’est de la concurrence déloyale. Et je ne parle même pas des posters individuels pour chaque personnage, on n’en est même pas là. Oh, j’admets bien volontiers que des posters chinois, yen a aussi des bien pourris, sauf que même le plus pourri de ces posters a deux-trois choses à apprendre sur Photoshop à des posters de n’importe quelle autre nationalité. Surtout certaines, qu’on ne citera pas.
    Bon, maintenant qu’on a établi clairement qui c’est le patron, parlons de séries fantastiques chinoises.

    Le mois dernier je vous faisais part de mon envie de trouver un wuxia à me mettre sous la dent. C’était toujours dans un coin de ma tête après avoir reviewé le premier épisode de Shang Yang Fu (qui ne comporte pas d’éléments fantastiques), mais mes critères se sont vite avérés être plus compliqués à satisfaire que prévus. C’est tout le problème avec les critères. 
    En particulier, je voulais une série de moins d’un an, avec aussi peu de romance que possible ou en tout cas pas au premier plan (parce que bon, soyons réalistes), et une proportion inverse en matière d’effets spéciaux.
    Pour vous parler franchement, ces fichus posters n’arrangent rien. Vous voyez des posters comme ça, vous, vous faites quoi ? Vous imaginez une série qui déchire derrière. Bah c’est pas toujours le cas. Et quand les effets spéciaux suivent c’est l’intrigue qui est soporifique, ou autre chose. Je ne parle que des fois où on trouve des sous-titres à moitié dignes, bien-sûr. Avec tout ça, je trouve qu’il est encore très difficile, en 2021, de trouver un drama chinois fantastique qui me convienne, comparé à la fiction de certains autres pays.

    Certains puristes me reprochent parfois d’abandonner une série rapidement, au lieu de la commencer, d’aller jusqu’au bout, et de la juger sur la durée. Mais très franchement, avec une série chinoise on s’engage généralement sur une saison de plusieurs dizaines d’épisodes (bien que la tendance soit un peu à la baisse), et je ne regarde pas que des séries chinoises, alors pardon, mais je vais continuer à faire mon petit tri.
    Justement ! Aujourd’hui, je me suis dit que vous alliez m’accompagner, et qu’on allait parler du premier épisode de quelques unes des séries que j’ai testées pendant ma quête, ces dernières semaines.

    Je ne fais pas ça souvent, mais pour une fois, voici des reviews en tir groupé. Asseyez-vous, ça va durer un peu.

    Douluo Dalu
    (alias Douluo Continent de son titre international)
    On fera difficilement plus récent, puisque cette série de 40 épisodes a démarré… la semaine dernière ! Il s’agit d’une série à la fois diffusée par la chaîne publique CCTV-8 et mise en ligne sur la plateforme de Tencent, et qui pour son premier épisode, fait le choix de ne s’intéresser vraiment qu’à l’un des personnages sur le poster promotionnel ; si j’ai bien compris, les autres viendront se greffer progressivement. La mythologie de Douluo Dalu est celle d’une monde où la magie est omniprésente. N’importe qui peut avoir une âme puissante, mais pas tout le monde. Il y a aussi toutes sortes de bestioles mythiques qui se promènent un peu partout, certaines sont bienveillantes et… il y a les autres.
    Mais tout cela est relativement étranger à notre héros, un adolescent du nom de Tang San. Il vit seul avec son père, un forgeron, dans leur maison au coeur de la forêt, à une certaine distance du seul village lové dans d’immenses montagnes. On voudrait y vivre dans l’isolement qu’on ne choisirait pas meilleur endroit… Tang San gère tout seul la forge de son père, pendant que celui-ci a une nette tendance à vider des bouteilles de vin. Sur son temps libre, le jeune homme s’exercice aussi à la cultivation spirituelle (celle qui permet de progresser dans les arts martiaux), chose dont seul son père est au courant et sur laquelle il a dû promettre de garder le plus grand secret. Tang San fait aussi des rêves récurrents qui n’ont pas de sens pour lui, mais où il entend une voix féminine. Est-ce la voix de sa mère ? Son père lui refuse toute réponse. Les plus observatrices parmi vous auront compris qu’il y a anguille sous roche…
    Douluo Dalu est plutôt épatante par le rythme qu’elle imprime à ce premier épisode, et son talent pour montrer le temps qui passe, pour illustrer la solitude de son héros, et pour introduire trèèès progressivement les éléments mythologiques aux spectatrices en même temps qu’à Tang San, est vraiment appréciable. On sent que ça n’a pas été écrit ni tourné en cherchant la facilité, comme pour certaines autres des séries que j’ai pu tester pendant mon périple. Si bien que lorsque l’événement perturbateur arrive, on en sursauterait presque. Enfin c’est même sûr : alors qu’il apportait des clous qui avaient été commandés par un villageois, il tombe nez à nez avec une araignée géante ! L’histoire ne dit pas quel a été le sort du villageois qu’elle a attaqué, mais on devine. Sans se démonter, bien que ne comprenant pas trop ce qui se passe, Tang San essaye d’échapper à ce monstre et parvient même à l’aveugler, et finit par être sauvé in extremis par un inconnu. Ce dernier se révèle être un « Soul Master » (dans mes sous-titres en tout cas), c’est-à-dire quelqu’un qui a atteint un degré d’expertise en arts martiaux ; ce sont apparemment aussi des chasseurs de créatures géantes comme l’araignée. Cette rencontre est l’événement qui va complètement changer la destinée de Tang San, dont la curiosité quant au monde extérieur n’a jamais été rassasiée, et qui se voit soudain offrir une opportunité d’en apprendre plus.
    Et très franchement je ne dirais pas non, moi non plus. Si tous les épisodes (certes yen a quand même 40) ont cette qualité, et ce quand bien même le contexte est voué à évoluer à mesure que Tang San découvre le monde et accroît ses capacités, il n’y a vraiment pas de quoi renâcler. Les effets spéciaux sont réussis (quoique pour le moment rares), et visuellement on est dans quelque chose qui ne cherche pas à en mettre plein la vue, mais qui est capable de très beaux plans. Douluo Dalu a aussi la particularité d’avoir des génériques peu spoilants, ce qui fait que je sais assez peu ce qui m’attend (même si je ne doute pas qu’il y ait une romance qui m’attende à un coin de rue). Mais comme je l’ai dit, Douluo Dalu a commencé la semaine dernière, c’est-à-dire après que j’ai testé pas mal d’autres séries, alors ne nous arrêtons pas en si bon chemin.

    Feng Li Jiu Tian
    (alias Renascence ou Phoenix Humming in the Sky à l’international)
    Proposée à l’automne 2020 par la plateforme iQIYI, c’est avec 36 épisodes seulement l’une des plus courtes séries de notre échantillon. Je ne dis pas que ça a pesé dans la balance, mais bon. L’histoire est un honnête mélange des genres, reposant avant tout sur des intrigues de palais, avec une touche d’aventures et un peu de fantastique. Mais pas autant que je l’avais espéré, je dois dire.
    L’héroïne… eh bien pour commencer il y en a deux, des héroïnes : les sœurs Mo Xin et Mo Wan, toutes les deux filles du Premier ministre Yao. Mo Xin, l’aînée, a épousé l’Empereur, et porte son premier enfant, tandis que la plus jeune, Mo Wan, vit en recluse (a priori pour sa propre protection, ou alors je projette des trucs). L’intrigue commence alors que Mo Wan rend visite à sa sœur au palais pour la première fois depuis des mois, pour y découvrir Mo Xin en pleine fausse couche. L’Impératrice, qui a des notions de médecine, est certaine d’avoir été empoisonnée, mais elle n’a pas le temps d’en dire plus qu’elle sombre dans le coma, non sans se vider de son sang. Sauf qu’au moment où les deux sœurs se touchent, un étrange phénomène magique se produit, et toutes les deux… échangent leurs corps ! Voilà donc l’Impératrice Mo Xin réincarnée dans le corps de sa sœur Mo Wan, et bien décidée à faire la lumière sur l’empoisonnement dont elle a été victime. Manque incroyable de chance, au moment où elle sort du palais pour ne pas attirer l’attention sur son identité, elle est kidnappée par des assassins (…clairement il y a 36 épisodes à meubler). Elle est sauvée de justesse par Ye Jun Qing, le général le plus émérite du royaume qui, I kid you not, passait par là ; cependant, tous les deux font une chute du haut d’une falaise, à la suite de laquelle Mo Xin perd la mémoire ! Et comme le général est hors d’état de nuire suite à un second affrontement quelques heures plus tard, elle n’est pas prête de regagner la capitale. Pendant ce temps, au palais royal, son corps (habité par sa sœur Mo Wan, vous suivez ?) a bel et bien perdu l’enfant et n’émerge pas de son coma, mais l’Empereur est décidé à enquêter sur les causes de ce qui lui apparaît rapidement comme une tentative de meurtre. Ignorant, bien-sûr, que l’Impératrice est techniquement toujours en vie hors des murs du palais.
    Et donc ça c’était uniquement le premier épisode, qui dure à peine 47 petites minutes. Tant de rebondissements tirés par les cheveux (même avec des perruques à faire pâlir d’envie la production de The Americans), ça me laisse songeuse. Le nombre de pirouettes que Feng Li Jiu Tian est prête à enchaîner pour manufacturer les événements qui lui permettront ultérieurement des triangles amoureux, des tragédies, des trahisons et tout le toutim, c’est assez fabuleux. En dépit de ces vaillants efforts, et de quelques scènes réussies (la mise en scène de chaque bataille est vraiment sympa), j’avoue avoir peu accroché. Si encore on s’en était tenus à l’échange de corps, bon. Mais perdre la mémoire efface aussi totalement la personnalité de l’Impératrice, ce qui m’a perdue moi aussi. Et je passe sur le fait que, niveau fantastique, c’est vraiment le service minimum.
    Au moins, on aura toujours les posters pour se consoler.

    Ling Yu
    (alias The World of Fantasy)
    Là aussi on est partis pour 36 épisodes, également délivrés par la plateforme iQIYI décidément très en forme (et facile d’accès). La mise en ligne a commencé début janvier et s’achève dans quelques jours, pas une minute à perdre donc ! On est ici plus dans le domaine de ce que j’espérais trouver, avec beaucoup d’effets spéciaux. La série se déroule dans un monde imaginaire où la magie élémentaire n’a rien d’inhabituel, et où les monstres se baladent n’importe où, n’importe comment. Alors, même si la population vit en permanence avec ce risque, pour les villageois vivant hors de la protection des institutions, la vie est parfois difficile. C’est en particulier vrai pour le clan Ling, qui occupe une petite bourgade perdue au milieu des neiges éternelles, dans la province nord d’un des pays de cet univers. Ce n’est qu’un grain de poussière sur la carte du monde, mais c’est là que commence notre aventure.
    Ling Yu semble avoir deux protagonistes essentielles : Qin Lie, un jeune homme qui cultive son don de la foudre et qui ambitionne de s’élever spirituellement pour décupler ses pouvoirs, et Yu Shi, une jeune femme plutôt douée avec l’eau (et qui apparemment souffre des séquelles d’une attaque de feu), qui l’aime plus ou moins secrètement et est prête à le suivre au bout du monde. D’autres se préparent à se greffer à l’aventure, semble-t-il. Il y a une petite intrigue secondaire qui nous a été glissée en passant, indiquant que la backstory de Qin Lie pourrait être plus complexe qu’il n’y paraît, mais à ce stade ce n’est pas trop la priorité de la série. Chaque personnage apporte quelque chose de différent à ce premier épisode : Qin Lie est là pour l’action et l’héroïsme, et Yu Shi, bien que n’étant pas inapte, est plutôt là pour l’aspect tragique et romantique.
    Le monde de Ling Yu semble immense, et sa mythologie riche ; il y a beaucoup d’information dump dans cet épisode inaugural, et je ne doute pas que ce ne soit qu’une fraction de ce qu’il y a à connaître des subtilités de son univers (à certains moments je me suis quand même demandée s’il n’y avait pas un film prequel quelque part). Les situations et les dialogues ne brillent pas par leur subtilité, mais j’ai été surprise de trouver les effets spéciaux plutôt décents malgré leur nombre, et de voir qu’il y avait un tel soucis esthétique le reste du temps. Le bourg Ling (où très logiquement réside le clan Ling) est une petite merveille enlisée dans la neige, avec ses petites huttes et son incroyable rizière épargnée par le froid, au milieu d’une source chaude. Le premier épisode se déroule en outre pendant une occurrence exceptionnelle : la lune ne paraît qu’une fois par an dans le ciel du village, et la cérémonie qui s’est tenue à cette occasion était pleine de charme (…j’ai vraiment cru qu’il y allait y avoir un vrai numéro chanté et dansé, pendant une seconde). 
    Du coup, à côté de ces ingrédients, les aspects les plus cheap ne m’ont pas trop découragée. Il faudrait voir sur la durée, bien entendu, parce que 36 épisodes ça peut vite sembler longuet, mais c’est absolument le genre d’univers vers lequel je me laisserais volontiers porter en ce moment.

    Ming Yue Zeng Zhao Jiang Dong Han
    (aka The Moon Brightens for You, et même moi je dois admettre que le titre international sonne vraiment bien)
    Bon bah là on est sur du classique, je dirais. Pas de grosse surprise dans cette série de… c’est pas possible, encore eux !? la plateforme iQIYI, qui propose un mélange de romcom et d’ensemble drama se déroulant dans le monde des arts martiaux. Alors attention, quand je dis « arts martiaux », il faut vraiment comprendre « arts martiaux surnaturels », avec des gens qui volent et des attaques qui repoussent les gens sur deux cent mètres, hein. Un bon xianxia des familles.
    De ce côté-là, j’ai été servie. Ming Yue Zeng Zhao Jiang Dong Han n’a peut-être pas beaucoup de scènes d’action, mais elle compense largement lorsque celles-ci se présentent, pour le moment, en montrant une action de qualité. Les personnages trouvent plusieurs excuses pour virevolter dans les airs (bah oui quand on est très forte en arts martiaux, on ne saute pas, on vole), et quand ça s’agite, je peux vous dire que ça a de la gueule. Mais la pièce maîtresse de ce premier épisode de Ming Yue Zeng Zhao Jiang Dong Han, en ce qui concerne les effets spéciaux, tient dans autre chose : ses décors. Tous les expositions shots et arrière-plans de la série sont à se fracasser un nerf oculaire. Les montagnes où vit initialement l’héroïne sont un paradis magnifique, j’ai vraiment hâte que la série nous fasse voyager, ce qui semble être une partie de son but.
    Ah oui parce que non, on ne va pas rester en place. Le premier épisode se contente d’établir qui est la protagoniste, une jeune femme irresponsable du nom de Qing Hong, qui appartient au clan Zhan. Celui-ci, autrefois important, vit retiré dans les montagnes (ah et quelles montagnes !!!) où Qing Hong et ses trois frères ont été élevés et entraînés ; au bout de longues années d’isolement, histoire de mettre un peu de plomb dans la cervelle de sa fille, le patriarche promeut Qing Hong comme cheffe de clan, et la somme d’aller se confronter au monde extérieur. Chemin faisant, la jeune femme tombe par hasard sur le séduisant Lin Fang. Le jeune homme est apparemment quelqu’un d’important dans le milieu des arts martiaux, quand bien même sa constitution fragile l’empêche de les pratiquer ; j’ai pas tout saisi sur ce point mais je ne doute pas qu’on en saura plus par la suite. Il y a aussi un étrange voleur qui sévit dans la région depuis quelques temps, et qui pourrait avoir un lien plus ou moins direct avec Lin Fang.
    Ming Yue Zeng Zhao Jiang Dong Han se distingue des autres séries que j’ai regardées en ce mois de janvier par son humour. La personnalité pétillante de Qing Hong y est pour beaucoup ! Elle n’est pas une héroïne maladroite, elle est simplement très malicieuse et impertinente, et ça colore toute l’ambiance de la série qui s’avère très légère, quand bien même on sent que quelques fils rouges sont préparés pour la suite (la backstory de Lin Fang a l’air parfaitement tragique). Bien que dépeinte comme innocente parce que préservée du monde, Qing Hong n’est pas une ingénue incapable, il y a même un renversement intéressant de la dynamique puisque Lin Fang est connu avant tout pour sa beauté, et sera a priori exclu des scènes les plus agitées de la série (à moins d’une guérison soudaine, bien-sûr). Ah, et c’est sûrement un point de détail, mais j’ai beaucoup apprécié la façon dont les parents de Qing Hong exprimaient leur amour dans cet épisode, c’est quelque chose de si rare à ce degré dans des séries asiatiques !

    Bon et puis, réitérons quand même que le matériel promotionnel pète méchamment la rétine, au point que je ne sois pas tout-à-fait convaincue que ce soit légal.

    Na Zha Jiang Yao Ji
    (aka Legend of Nezha et Heroic Journey of Ne Zha, vous saisissez l’idée générale)
    Changement total d’ambiance avec une série qui est beaucoup plus dans l’action, voire exclusivement, mais qui est aussi l’adaptation très libérale d’un personnage de la mythologie chinoise, Nezha (Nazha est l’une des variations de son nom, utilisée ici dans le titre d’origine et les dialogues). Le premier point à souligner est que Nezha est traditionnellement une figure masculine, mais dans cette série, il est interprété par une jeune actrice, Jiang Yiyi. Le problème de ne pas être bilingue en mandarin, et donc de regarder la série avec des sous-titres, est que je ne sais pas trop comment ce genderswap est réellement traité (peut-être s’agit-il plutôt de blind casting). Dans la série, Nazha se présente comme un garçon, ou au moins un « garçon manqué » ; les sous-titres sont très inconsistants, utilisant le féminin autant que le masculin à son égard. J’ajoute qu’en plus les sous-titres que j’ai trouvés étaient mauvais, juste… mauvais, avec deux à trois scènes entières où la traduction des dialogues disparaît.
    Pour parler de la série en elle-même, j’ai été surprise de découvrir après coup que Hunan TV a proposé cette série à 22h ; pour moi, c’est très clairement une série qui s’adresse à un public jeune (il y a d’ailleurs un précédent, avec une série animée datant de 2003). L’intrigue, les dialogues, et surtout le ton employé, tout pour moi crie « série pour la jeunesse ». Certains aspects fantastiques (inspirés par le mythe d’origine : on trouve des créatures démoniaques, des dragons…) se combinent parfaitement avec des emprunts à la série de superhéros, voire même avec certains standards de la magical girl (vers le début de ce premier épisode de Na Zha Jiang Yao Ji, on peut voir l’armure de Nazha venir spontanément se poser sur ses vêtements). La gueule des décors évoque et les maquillages évoquent quant à eux, euh… eh bien pour tout vous dire, j’ai pas mal pensé aux tokusatsu ! Quel joyeux bordel, ce mélange.
    Et effectivement, Na Zha Jiang Yao Ji est joyeuse, son rythme effreiné, et l’ensemble pas spécialement désagréable à regarder (même si les effets spéciaux ne sont vraiment pas tirés du haut du panier). L’héroïsme forcené de Nazha (que lui reproche quasiment tout son entourage, hors quelques amies) est plein d’optimisme, qu’il s’agisse de lutter contre les injustices comme contre un incendie ou une sécheresse. C’est juste que ça ne va pas beaucoup plus loin que ça pour le moment. C’est à la fois regrettable, et un moment de fraîcheur.

    Sanqian Ya Sha
    (aka le bordel est total : Love of Thousand Years, The Killing of Three Thousand Crows, ou juste Three Thousand Crows qui est la traduction littérale du titre)
    De toutes les séries que j’ai tentées ces dernières semaines, et il y en avait pourtant un paquet, c’est certainement celle qui m’a le plus surprise. Pourtant sur le papier, rien que de très ordinaire : une romance avec un peu de fantastique, une production pour une plateforme de VOD (Youku cette fois), une trentaine d’épisodes, une héroïne innocente… J’ai commencé l’épisode sans vraiment y croire. Au fil du mois de janvier, j’en ai pourtant vues, des variations autour de ces thèmes, et j’ai ri, ou applaudi, ou haussé un sourcil, ou écarquillé les yeux, ou juste pris mon mal en patience… mais Sanqian Ya Sha est la seule qui m’a sincèrement émue pendant son premier épisode. J’ai perdu tout contrôle : pendant une certaine scène, j’ai soudain senti mes yeux se remplir de larmes, mes joues s’humidifier, mes bras croisés se grêler de gouttes chaudes.
    Pourquoi ? Parce que maintenant que j’ai pris le temps d’y penser, les ingrédients mis en place dans le premier épisode de Sanqian Ya Sha sont peut-être classiques, mais son interprétation de ceux-ci est unique. Dans le monde mis en place ici, la magie s’exprime de deux façons, et seulement deux pour le moment. Il y a d’une part la magie maléfique, qui s’obtient en priant quelque statue démoniaque et en voulant la destruction d’autrui. Et il y a d’autre part la magie positive, et celle-ci ne se convoque que d’une façon : par l’art. La peinture, mais aussi la musique ou la danse, peuvent donner vie à des illusions pleines de beauté, qui transcendent l’âme. Ce n’est pas tant une question de superpouvoirs divins, que d’apporter un réel enchantement au monde.
    Même si (en particulier au regard de certains passages des génériques, toujours si prompts à nous révéler bien des choses) je suis absolument certaine que l’aspect fantastique ne se limitera absolument pas à cela au fil de ses 30 épisodes, le simple fait que Sanqian Ya Sha prenne le parti de commencer par nous dépeindre le monde par ce prisme est vraiment convaincant. Alors oui, héroïne innocente, amour (pour le moment contrarié) entre une mortelle et un dieu, intrigues de palais, scènes de combat, yadda yadda. Certes. Toutefois, Sanqian Ya Sha apporte une réelle poésie à tout cela, qui ne passe pas exclusivement par la beauté de ses tableaux ou de ses costumes (quoique, je n’ai pas spécialement eu à me plaindre).
    Et au passage j’apprécie aussi que la série établisse à la fois une romance à long terme pour notre héroïne Jiuyun, mais aussi une autre à court terme. C’est la deuxième série à avoir fait cela pendant mon itinéraire chinois de janvier (je ne me souviens plus quelle est l’autre !). J’aime l’idée qu’il y ait le béguin adolescent, et plus tard une relation plus solide et profonde, pour lorsque l’héroïne aura mûri ; je crois un peu plus en cette approche de la romance, à mon grand âge. Puisque tant de ces séries sont des parcours initiatiques, cela fait sens que les sentiments puissent évoluer aussi.

    San Sheng Sanshi Zhen Shangshu
    (aka toute une liste de titres internationaux dont Eternal Love of Dream ou Three Lives, Three Worlds: The Pillow Book qui a au moins le mérite d’être une traduction littérale)
    Cette fois la série nous vient de Tencent ; en revanche du haut de ses 56 épisodes (diffusés début 2020), on a là affaire à l’une des séries les plus longues de cette aventure. Et j’avoue que ça m’effraie d’autant plus que le pitch de départ, comme en témoigne le matériel promotionnel (certes violet), est très très préoccupé par la romance.
    La série tente bien de mettre en place une mythologie, mais celle-ci est très bateau parce qu’on sent bien que ça relève du prétexte. Prétendons nous y intéresser un instant : il y a 30 000 ans, le dieu le plus puissant, Dong Hua, a enfermé la démone la plus puissante, Miao Luo. Ceci étant chose faite, il a accordé au reste de la caste démonique quelques terres maudites, a rendu le monde terrestre à l’humanité, et s’est retiré pour aller vivre au royaume divin, qui ressemble à s’y méprendre à un palais impérial. 30 000 années ont passé et globalement il mène toujours la même petite vie pépère, révéré sur deux plans, dans le détachement élégant qui sied à son rang. Evidemment, les démons (que je mets au masculin parce que, il faut le dire, il n’y a apparemment pas une seule femme parmi eux depuis que Miao Luo a été battue) espèrent avoir un jour leur revanche. 
    Mais l’important dans 3S3ZS (oui on est intimes comme ça maintenant), c’est une petite princesse qui vit dans le monde terrestre. Feng Jiu est la plus jeune héritière du monarque régnant sur le royaume de Qing Qiu ; elle est aussi la seule au monde à avoir la capacité de se transformer en renard à 9 queues (mais se transformer en divers animaux semble relativement courant dans cet univers, c’est juste que les animaux varient selon les personnes du moment qu’elles pratiquent la cultivation bouddhique). Comme son alter ego à fourrure, Feng Jiu n’est pas très sérieuse ; même dans ses études, elle manque de ferveur, et comprend d’ailleurs assez mal les textes sacrés. On la verra se passionner beaucoup plus pour le dessin dans une scène, et l’épisode nous apprendra aussi oralement qu’elle est bonne cuisinière. Révérée comme la petite princesse qu’elle est, Feng Jiu n’en fait généralement qu’à sa tête, et c’est ce qui l’ammène un jour, en faisant des bêtises, à pénétrer dans le royaume démoniaque où très vite elle se fait attaquer par quelque bête mythique supposée monter la garde. Alors qu’elle pense sa fin proche, elle est sauvée in extremis par, devinez qui, mais oui, ce bon Dong Hua, qui avait pressenti un danger. Il n’est d’ailleurs pas le seul : Miao Luo, dans sa prison enchantée, pense que le vent va tourner suite à cette intrusion.
    Loin d’avoir la moindre idée de ce qui se trame, Feng Jiu ne pense qu’à une chose : se fasciner pour Dong Hua, dont elle veut désormais à tout prix s’approcher. Elle obtient de deux de ses amis dieux (la famille impériale a des amitiés haut placées !) qu’ils l’aident à se faire embaucher comme servante au palais céleste, soi-disant pour qu’elle puisse payer sa dette après que Dong Hua lui ait sauvé la vie. Mouais. A d’autres.
    Ecoutez, bon. Voilà. C’est… pas la série la plus incroyable au monde. L’histoire de 3S3ZS est… bah enfin, honnêtement, c’est l’histoire de Hua Qian Gu, hein, à deux-trois nuances près pour faire genre (pas de comic relief en 3D pour le moment, par contre pas de mise en place d’une belle relation avec le prince des démons, et ça je dois dire, c’était un gros plus pour moi). Alors je ne nie pas : visuellement, ça envoie du lourd. Là encore les exposition shots déchirent, le palais céleste est manifestement sublime, ya un jeu sur les couleurs qui distingue bien les différents mondes où se déroule l’intrigue (même si le monde des démons est un peu en papier mâché à côté des autres), et puis les costumes sont élégants comme tout, vraiment ya pas à se plaindre. Même le Smilodon qui garde les Enfers a de la gueule. Sans parler du fait qu’en plus de parler d’arts martiaux, 3S3ZS se prépare aussi à une intrigue de palais plus classique pendant au moins quelques épisodes, ce qui pourrait potentiellement apporter de la variété. Bon pis l’air de rien ya deux-trois questionnements sur le Bien et le Mal qui éventuellement peuvent être intéressants s’ils sont réellement exploités, et quand bien même ils ne l’étaient pas… l’héroïne est mignonne, on peut pas nier (j’ai été surprise d’apprendre que l’actrice est Uyghur). Non mais c’est sûr, 3S3ZS est bien gaulée et combine plein d’ingrédients divertissants qui ont fait leurs preuves. C’est juste que je ne peux pas dire m’être particulièrement enthousiasmée pour le résultat.

    Tian Xing Zhi Lu
    (aka Legend of Awakening ou, ce qui est plus fidèle, The Road to Awakening)
    Est-il utile de préciser que c’est ce poster qui m’a attirée ? Promettre un ensemble drama, c’était sortir de certains poncifs, et donc offrir une intéressante et rare réponse à mes critères. Merci à iQIYI et Mango TV d’avoir tenté quelque chose de neuf.
    Tian Xing Zhi Lu démarre par une explication animée (qui n’a pas été sans me rappeler Halfworlds) de son concept mythologique : pendant une période de conflits intenses entre royaumes ancestraux, de plus en plus de soldats ont commencé à pratiquer les arts martiaux. Il se dit que l’élévation spirituelle leur permettait d’aiguiser 6 sens, mais qu’il était quasiment impossible de parvenir à tous les cultiver : 

    A ce stade vous avez fait un rapide calcul : 6 sens, 6 personnages principaux, tiens tiens. Bon alors, oui et non : l’idée est que tout apprenti débute sa cultivation par 1 sens, et augmente progressivement, idéalement jusqu’à 5 sens (puisque 6 n’est pas réalisable en théorie). Et effectivement le premier épisode va nous présenter plusieurs des personnages principaux (personnellement je n’en ai recensé que 5, c’est bien, au moins c’est assorti) alors qu’ils maîtrisent au moins 1 sens déjà. Mais tous n’en sont pas au même stade de leur existence pour autant.
    Qin Sang est la fille d’un général, et à ce titre elle été entraînée par son père. En suivant celui-ci (qui essaie de recruter un maître en arts martiaux pour entraîner les troupes de l’armée du royaume de Shuo, et écume donc les écoles de la région), elle apprend que plusieurs écoles d’arts martiaux ont été visée par un gang, et exterminées. Qin Sang décide d’enquêter et essayer d’arrêter ce gang avant qu’il n’y ait plus de victimes encore. Dans son ombre, on peut percevoir sa suivante et amie, Ling Ziyan. D’extraction plus humble, elle est cependant entraînée également ; hélas pour le moment elle joue pas mal les seconds couteaux. Leur route croise (sans le savoir) celle de plusieurs apprenties d’une école d’arts martiaux très mineure. Tellement mineure qu’en fait l’école n’a pas d’uniformes, et son maître semble assez peu scrupuleux. En témoignent deux de ses élèves, qu’il a secourues d’une mort certaine… pour mieux les accabler d’une immense dette. Lu Ping et Su Tang gardent cependant le secret sur leurs origines ; si Su Tang a su montrer qu’elle avait des capacités sérieuses, même au sein d’une si insignifiante académie, Lu Ping en revanche est bien décidé à ne pas laisser paraître qu’il maîtrise l’un des sens, et multiplie les pitreries en guise de couverture (ça vaut ce que ça vaut, mais ça fait illusion en tout cas). A cause de son comportement peu sérieux, il s’est attiré les foudres du meilleur élève de sa petite école d’arts martiaux, Yan Xifan, qui se sent non seulement responsable mais aussi a un sens de la justice très aiguisé (ce n’est pas l’un des 6 sens, mais pour quelqu’un qui pratique les arts martiaux, la moralité est supposée être importante aussi). Tout justement, leur maître se joue de son tempérament pour lui faire accomplir de soi-disant missions, qui en fait ne font que l’enrichir puisqu’il les facture. Tout ce petit monde va se croiser dans la tannière d’un groupe de brigands du coin…
    On sent vraiment bien le côté ensemble show dans Tian Xing Zhi Lu, et ça me plaît bien. Il y a quand même de la romance qui nous pend au nez, ne nous fourvoyons pas, et les génériques (remplis, comme quasiment tous les génériques chinois, de spoilers) sont assez limpides à ce sujet. Mais c’est pas grave, parce que la série est pour le moment surtout une série d’action, avec certes un peu d’humour pour faire bonne mesure. Mon regret ? Hélas je ne suis pas fan de ces scènes d’action. A vouloir trop en faire, on finit par avoir des personnages qui font plein de gestes inutiles, tourbillonnent dans tous les sens pour un oui, pour un non… et au final est-ce que c’est divertissant, moi je dis, ça se discute. Esthétiquement, il est de plus certain que la recherche est moins poussée ici que dans plusieurs autres séries mentionnées aujourd’hui. Je suppose que le budget baston a tout phagocyté…

    Yue Shang Zhong Huo
    (aka And the Winner is Love, qui n’a rien à voir avec le schmilblik, ou Reignited Fire Over The Moon)
    Sûrement le premier épisode le plus remuant de cette sélection, Yue Shang Zhong Huo s’intéresse plus particulièrement aux relations entre diverses écoles d’arts martiaux, qui s’agitent à l’approche d’une compétition opposant leurs meilleures élèves. Mais derrière cet évènement se cache en fait une grande convoitise au coeur de laquelle se trouve une jeune femme du nom de Xue Zhi. Celle-ci est la fille d’un maître d’arts martiaux jadis à la tête d’une école très crainte (« Hall of Flames » dans ma version traduite), et l’inventeur d’une terrible technique très complexe, et dévastatrice. Si dévastatrice en fait, que se sentant coupable du chaos que cette technique pourrait apporter au monde, il s’est suicidé voilà 5 ans. A l’époque l’ensemble des sectes d’arts martiaux s’accorde autour d’une chose : il faut protéger cette technique ; elle a été consignée dans un document, et divisée en deux manuels représentant les deux aspects nécessaires à maîtriser pour pouvoir réaliser cette technique mortelle. L’un des manuels reste sous la protection du Hall of Flames, l’autre est confiée à une école différente et respectée pour son code de l’honneur (« Moon Valley » selon mes sous-titres). L’ensemble de la profession s’accorde à dire que personne ne cherchera à s’accaparer les manuels pendant 5 ans… la compétition signant la fin de la trève.
    Tout le premier épisode de Yue Shang Zhong Huo retrace donc le contexte nécessaire pour nous faire comprendre à la fois quel est l’enjeu autour de cette fameuse technique, et nous introduire Xue Zhi, qui comme absolument toutes les héroïnes de wuxia est une jeune femme (peut-être même encore une adolescente, on est dans une zone grise) plutôt innocente, qui a passé les dernières années protégée du monde extérieur comme l’était le manuel hérité de son père. A présent elle se dirige vers cette fameuse compétition sous protection d’une poignée de fidèles qui sont aussi ses amies. L’épisode est criblé de scènes pendant lesquelles cette petite équipe est attaquée par diverses sectes, dont on apprend certaines de spécificités (l’une d’entre elles est par exemple dirigée par une femme, experte en poisons ; ce genre de choses). Il y a des scènes de baston à ne plus savoir qu’en faire, qui ne sont ni incroyables ni mauvaises, juste décentes.
    Bien-sûr le titre anglophone vous l’aura fait deviner, on se prépare aussi à une romance. Xue Zhi se retrouve éloignée de ses protectrices à un moment, et est aveuglée pendant une attaque d’une énième secte concurrente ; arrive alors à sa rescousse un mystérieux expert en arts martiaux. Comme elle est aveuglée (puis a un bandeau sur les yeux pour appliquer un onguent) pendant tout le temps qu’elle passe avec lui, elle ignore son identité… comme ça leur romance ne démarre pas trop vite. Il s’avère, naturellement, que cette homme va reparaître par la suite, ce qui me donne d’emblée des aigreurs d’estomac.
    Oui parce que, il faut le dire, dans une série où l’héroïne est très jeune (et potentiellement encore une adolescente) et la romance courue d’avance, notre bonhomme est particulièrement insupportable. Il la toise avec un rictus supérieur, n’hésite pas à lui caresser les lèvres en dépit du fait qu’elle est clairement terrifiée (ils sont dans une grotte, loin de tout, et qu’elle a les yeux bandés), et ainsi de suite. Vraiment, si je devais regarder la suite de cette série (et rien n’est moins sûr), devoir assister à ce bal insupportable me mettrait très mal à l’aise. Du coup ça m’arrange bien que la série ne soit pas non plus tellement jolie, ou intéressante, comme ça je n’ai pas grand’chose à perdre.

    Il y a eu quelques autres séries encore (dont j’ai commencé et même parfois fini le premier épisode !), mais ce sont les plus marquantes pour le mois écoulé. Outre ces séries individuellement, je dois dire que l’expérience avait quelque chose de fascinant dans son ensemble.
    C’est assez rare que je me mette en tête de trouver une série d’après des critères, et que je me lance dans un gigantesque test d’échantillons de la sorte. Je crois que ça en dit long sur la façon dont je ne me tiens pas au courant des séries chinoises autant que de celles de plusieurs autres pays, d’ailleurs. D’ordinaire, si j’ai une envie particulière, je pense immédiatement à une série ou deux qui pourraient correspondre, et je me lance directement. Je n’ai pas besoin de me dire : bon alors, qu’est-ce qui est sorti pendant ces derniers mois qui pourrait me satisfaire ?
    Mais plus encore, ce qui était intéressant, c’était au final (et ce même si j’ai apprécié certaines séries plus que d’autres) de comparer et de voir que mes critères, qui était restrictifs sur certains points et très larges sur d’autres, ouvraient la porte à énormément de variété. Toutes ces séries sont des séries chinoises fantastiques, presque toutes font référence aux arts martiaux, absolument aucune ne se ressemble. Elles sont même très complémentaires : les accomplissements esthétiques, narratifs, et techniques, ne sont pas les mêmes. Je ne sais plus, à ce stade, ce que j’espérais trouver quand j’ai commencé ces essais téléphagiques ; mais j’ai trouvé tellement de choses différentes que je crois qu’en un sens, c’est ça qui m’a déjà un peu comblée. Après tout, aucune série n’est parfaite… sinon on n’en regarderait pas tant !

    Pour tout vous dire, j’ai décidé de ne pas encore me décider. Pendant quelques semaines supplémentaires, je voudrais tenter quelques autres séries de plus, et acquérir un point de vue plus large encore. Ensuite, et seulement ensuite, je m’abandonnerai à l’une de ces séries (et peut-être même deux, ce n’est pas à exclure). 
    Du coup si vous êtes plus calée que moi ou tout simplement si vous avez quelques wuxia favoris (mais récents) à me recommander, profitez-en. Je prends toutes les suggestions.


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  • Game over ?

    7 février 2021 à 22:00 • Dorama Chick •

    Comme je vous le disais récemment, j’avais des envies de séries fantastiques en ce moment, et ne trouvant rien d’épatant du côté des séries chinoises (mais je continue de fouiller), où pourtant mes pas me guidaient, j’ai dû faire preuve d’un peu plus de créativité. C’est à ce moment-là de ma quête que je me suis souvenue d’un dorama nippon diffusé l’an dernier, et sur lequel, au départ, j’avais joyeusement fait l’impasse.
    Ce que j’ai trouvé dans Densetsu no Okaasan n’est pas vraiment ce que j’étais venue y chercher. Mais j’ai eu la surprise de découvrir une série avec quelque chose de très actuel à raconter sur notre société, et je m’en vais partager ma trouvaille.

    Densetsu no Okaasan, il me faut commencer par là, est en réalité une comédie d’heroic fantasy ! Elle se déroule dans un royaume imaginaire dans lequel le Mal incarné (« maou« , un terme générique qui peut se traduire entre autres par démon ou diable) a été jadis scellé, mais s’est depuis libéré. Son armée avance vite et il faut absolument faire quelque chose, aussi tous attendent du Roi qu’il prenne une décision. C’est finalement son conseiller Katou qui rappelle à tous qu’une équipe légendaire a su par le passé se débarrasser du Mal. Elle peut sûrement le faire une deuxième fois ?
    Manque de chance, l’une de ses membres, la légendaire sorcière Mei, a aujourd’hui des empêchements : elle est mère d’une fille en bas âge et tout son temps est accaparé par ses occupations de femme au foyer.
    Il faudra donc se débrouiller sans elle pour se débarrasser du Mal !

    Evidemment, non. Toute l’intrigue de Densetsu no Okaasan va tourner autour de la problématique suivante : comment Mei peut retourner au combat, où elle ses compétences sont nécessaires, tout en s’assurant que son bébé est entre de bonnes mains ? D’ailleurs c’est annoncé dés le générique de la série…

    Aaah oui, parce qu’il faut que je vous dise : Densetsu no Okaasan utilise pour son univers, et donc une large partie de son humour, les codes du jeu video, et plus particulièrement du RPG traditionnel. C’est ce qui explique les décors pseudo-européens, les costumes, et tout le toutim. Amateurs de jeux videos en 2D top-down, vous allez d’ailleurs vous régaler ! Chaque fois que Densetsu no Okaasan (qui est une série nocturne de la NHK, donc produite sans un rond) veut proposer une scène un peu fantastique, plutôt que d’investir dans des effets spéciaux, elle propose une scène (voire même parfois seulement un plan) en pixel art, reprenant les visuels et les menus des classiques du genre. Quant à la musique ? C’est de la musique de RPG également, et on a même des effets sonores en 8-bits. La totale. Quand ce n’est pas ça, ce sont des personnages qu’on surprend avec, à la main, une vieille Game Boy (l’originale, en noir et blanc !) ou une manette de SNES.
    L’hommage est total, et crée un décalage extraordinaire avec l’action (et le fait que ce monde a des téléphones portables et toute cette sorte de choses).

    Parce que je maintiens que l’intrigue est très actuelle, alors revenons-y.
    Le problème de départ de la série, c’est donc que Mei est désormais mère au foyer et qu’il faut bien que quelqu’un s’occupe de sa petite fille. D’autant que son mari, Mob, est un employé avec des heures de travail plutôt longues, et qu’il ne peut pas s’en charger.

    Partant de là, Mei va tout tenter pour essayer de retourner faire son travail de sorcière légendaire, et quand même veiller au bien-être de sa fille. Dans le même temps, le Roi aussi essaie de trouver une solution (rapport au fait qu’il a quand même un peu envie que l’équipe légendaire puisse sauver son royaume), et essaie d’intervenir.
    Premier problème : les crèches sont pleines. Il y a presque deux ans d’attente entre l’inscription et l’obtention d’une place ! Mei pourrait obtenir une dérogation parce que ses services sont importants, mais elle refuse de passer devant toutes les autres familles également sur liste d’attente. Le Roi décide alors qu’il y a une solution toute trouvée : faire en sorte que Mob soit viré, comme ça il reste à la maison et Mei peut partir au combat. Le problème c’est que jusqu’alors, Mob a vécu l’existence paisible d’un époux japonais comme les autres, ne s’étant jamais préoccupé de tâches ménagères et encore moins de soins infantiles. Mei conclut rapidement qu’elle ne peut pas laisser sa fille à la maison avec lui. Elle tente aussi d’emmener le bébé pendant ses aventures avec l’équipe légendaire, mais c’est trop dangereux et ne marche pas non plus…
    Vous l’aurez compris, Densetsu no Okaasan est une série sur le problème de la garde d’enfants, mais aussi sur les rôles genrés dans le couple. A la fin, de qui est-ce donc réellement le travail de tenir la maison et éduquer les enfants ?

    Avec des ingrédients de départ très similaires à la saga parodique Yuusha Yoshihiko (trois séries de TV Tokyo diffusées entre 2011 et 2016), Densetsu no Okaasan essaie d’aller plus loin que l’humour, et emploie son univers complètement décalé comme une vaste satire.
    L’incarnation du Mal, Maou (qui a bien du mal à comprendre pourquoi les humains ont tant de mal à s’organiser pour venir se battre), essaie de se familiariser avec les codes sociaux humains. Ca n’a aucun sens pour elle (oui, le Mal est une femme aussi) que l’humanité n’ait pas mis en place de système de garde, ou que les parents ne contribuent pas à part égale aux tâches domestiques. Les choses prennent même un tour surréaliste quand elle décide de piéger tout le monde, et attirer les humaines en créant un gigantesque système de garde universel dans le monde des Enfers, ce qui forcément est très alléchant. Parce que Maou se place du côté de la logique et reste insensible aux constructions sociales, elle est systématiquement incapable de comprendre la faille terrible qui menace toute la société humaine. Pendant ce temps, le Roi humain (qui est une triple andouille dont la seule préoccupation est qu’on lui répète combien il est un bon roi) est proprement incapable de comprendre le problème.
    Ce sera donc à Mei d’essayer de trouver la solution toute seule. Enfin, pas toute seule : elle peut compter sur le soutien de Katou, le conseiller du roi, qui secrètement en pince pour elle depuis des années. Il y a aussi le reste de l’équipe légendaire, ses amies de longue de date : la voleuse Vera (aujourd’hui divorcée et mère d’un petit garçon), la guerrière Poko et le moine Kukai (qui vont tomber amoureux pendant la saison), et, au moins au début, le héros Masamune (lui-même mari et père d’un enfant, le second est en route). Tout ce petit monde a ses propres biais, ses propres expériences, ses propres difficultés avec les rôles genrés, et certains épisodes vont les explorer comme autant de scénarios qui pourraient donner la solution à Mei pour résoudre ses problèmes… Et puis, et Mob dans tout ça ?

    Il y a donc de bonnes choses qui se disent, et qui se disent de façon loufoque, dans Densetsu no Okaasan ; si vous êtes ne serait-ce qu’un peu familier de l’humour japonais, ça devrait vous plaire. Mais je tiens aussi à vous mettre en garde : outre son petit budget, elle a quelques défauts.
    Je ne pensais pas dire ça un jour d’une série nippone, mais avec ses 8 épisodes d’une demi-heure chacun, Densetsu no Okaasan est limite trop longue. Il y a plusieurs épisodes qui reviennent sur des choses déjà dites, ou introduisent des péripéties qui ne sont ni les plus drôles sur la forme, ni les plus pertinentes sur le fond. Même si je veux bien croire que certaines subtilités de la métaphore qu’emploie la série m’aient échappé, je crois quand même aussi qu’il y a simplement des moments où l’intrigue joue les prolongations pour pas grand’chose. Certains passages m’ont évoqué le reproche qu’on fait parfois à des sketches de Saturday Night Live : l’idée de départ était bonne, mais la faire tenir sur plusieurs minutes relève de l’impossible. 
    Et puis, il y a la fin de la série. Personnellement je l’ai trouvée un peu couarde après avoir mis en place certaines choses. Je ne vous en dis pas plus, des fois que vous voudriez y jeter un oeil, et ça ne signifie pas que cette fin est totalement ratée, mais politiquement, bon, c’est pas exactement la conclusion que j’en aurais tirée.

    Reste qu’avec tout ce qu’elle met en place, son humour étrange, ses références vidéoludiques, et ses problématiques pourtant tellement sérieuses, Densetsu no Okaasan a au moins le mérite d’avoir essayé de faire quelque chose d’original et de risqué. Tous les défis n’ont pas forcément été relevés à la hauteur de mes espérance, mais je me suis bien marrée et ça reste, dans le fond, l’essentiel pour une comédie.


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