Une claque pour… Anouk

19 octobre 2011 à 22:48

Suite de nos aventures australiennes avec ma seconde review de The Slap. Je vous accueille pas en vous claquant la bise, hein, je crois que vu les circonstances ce serait malvenu.

Cette semaine, nous avons rendez-vous avec une femme, Anouk, dont très franchement l’existence se trouve à mille lieues de celle de Hector que nous avions découverte la semaine précédente.
Femme célibataire, sans enfant, travaillant comme scénariste sur un soap dont elle se tape l’un des acteurs principaux, c’est une femme indépendante, affranchie, et de vous à moi, un peu le genre de vie qui ne semble pas déplaisant de prime abord. Et c’est là l’objet du délit, en fait.

L’épisode se perd dans pas mal de choses que, de deux choses l’une, soit j’ai mal comprises, soit j’ai déjà oubliées alors que je les ai lues ya genre un mois, un mois et demi.
Le coup du cancer de sa mère, et de tout ce qu’il y a autour surtout… wow, d’où venait cette scène pendant laquelle sa mère se pisse dessus avant de supplier qu’on l’euthanasie si ça devient plus dur ? J’ai dormi sur cette page-là ou quoi ?

Moi qui avait tellement apprécié Anouk dans la version papier, je me suis retrouvée avec un personnage qui semblait beaucoup moins blasé et léger que dans le livre. C’est un personnage qui ne se prend, à la base, pas la tête, qui se contente de prendre de la distance avec tout, y compris avec l’homme qui partage sa vie et qui est de toute évidence fou d’elle, or ici Anouk, bien que fière, indépendante et tout, est quand même pas mal plombée par tout ce qui concerne sa vie familiale.
Son côté (étrangement) maternel vis-à-vis de Connie et Ritchie était assez nouveau également pour moi, mais cela renforçait l’impression d’interconnexion des personnages, ce qui était déjà ça. J’ai d’ailleurs bien aimé la scène de la fête, qui me laisse bon espoir pour le chapitre final de la série ; dans le livre, ce chapitre m’avait énormément émue, notamment une scène (par sa qualité d’écriture qui retranscrivait une très belle ambiance), et je crois que ce ne devrait pas être impossible d’espérer la trouver joliment (même si infidèlement) traduite en images.

L’intrigue qui pour moi était capitale dans son chapitre n’était pas là, mais elle ne s’explicitera que très tard dans l’épisode. Et là encore, j’ai dû trop peindre mes murs et inhaler des trucs pas nets, parce que j’ai carrément rêvé le fait qu’Anouk partage ça avec Rosie et Aish.
Sans compter que cette intrigue, bien plus que le cancer de sa mère, avait du sens au sein de l’affaire de la claque. Bien-sûr l’éclairage de l’état de dépendance de sa mère n’est pas totalement anodin, mais on ne ressent pas franchement les causes de l’énervement d’Anouk dans l’affaire.
Si dans les faits, Anouk ne change pas de décision dans la version filmée (il n’aurait plus manqué que ça), reste que la conclusion est vraiment différente et tourne au mélodrame. Ce qui ne cadre tellement pas avec l’idée que je me faisais d’Anouk…
De ce côté-là on pourra vraiment dire qu’elle comme moi nous sommes pris une méchante baffe.

Ah tiens, justement. Ce qui reste identique au roman, en revanche, c’est la position d’Anouk vis-à-vis de la fameuse claque (même si cette position s’explique très différemment). C’est certainement le personnage qui exprime le mieux ma façon de concevoir l’incident à la base, d’ailleurs. Elle est très dure vis-à-vis de Rosie et de sa façon d’élever Hugo avec laxisme, alors qu’elle et Aisha sont des amies d’enfance (comme l’explicitera la jolie scène finale) et qu’on pourrait s’attendre à ce qu’elle aussi prenne instinctivement le parti de son amie. Mais non, elle condamne sans retenue Rosie, Gary, et les poursuites entamés par eux contre Harry.

C’est d’ailleurs comme ça qu’on prend la mesure du dérapage.
Les choses ne se sont pas arrêtées avec cette maudite journée barbecue. De vous à moi, dans la vraie vie, je me dirais qu’une fois que tout le monde a pris le temps de réfléchir posément, il serait naturel que les choses se tassent (de ce côté-là, je suis limite de l’école Manolis, mais on aura l’occasion d’en reparler). Or pas du tout.
L’incident continue d’agiter encore les parents du petit Hugo, surtout Rosie dont le vocabulaire est assez parlant sur la violence qu’elle a ressentie à travers la claque et qui est en permanence aux bords des larmes ; on apprend donc qu’ils ont décidé de porter plainte contre Harry (et Sandi son épouse, du coup). Anouk s’oppose tellement à cette réaction disproportionnée qu’elle annonce à Rosie son intention de témoigner en faveur de Harry… bien qu’en réalité elle n’ait rien vu, comme en atteste le visionnage du pilote et comme le souligne Aisha, qui elle est visiblement du côté de Rosie.

On sent donc les premiers vrais clivages se faire, ce qui n’est pas innocent au sein de ce trio si soudé avant l’incident. Ce ne seront pas les derniers, mais ici ils ont le mérite de bien poser les deux camps.
Car à partir de là, ça va être quand même beaucoup ça : deux camps qui ne se comprennent pas. D’où le slogan : et vous, de quel côté êtes-vous ? A vous de me le dire. Votre opinion a d’autant plus d’intérêt que vous n’avez pas, justement, lu le livre.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Slap de SeriesLive.

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3 commentaires

  1. Toeman dit :

    Alors avant tout, je précise que je n’ai absolument pas lu le livre, je n’ai donc pas du tout appréhendé l’épisode de la même façon.

    The Slap m’a intéressé dès le début de part sa forme narrative spéciale et lorsque j’ai su qu’Anouk allait être le personnage au centre du 2e épisode, j’ai eu un peu peur.

    J’ai eu un peu peur tout simplement parce que c’est un personnage qui m’avait un peu laissé froid lors du premier épisode et qui semblait trop éloigné des autres et pas vraiment concerné par la fameuse gifle.

    Bien mal m’en a pris !

    Commençons par la fameuse baffe.

    Je me suis aussi bien retrouvé dans la réaction qu’elle a par rapport à la gifle. Je pense que j’aurais réagi de la même façon et que Rosie aurait eu tendance à pas mal m’agacer. La scène où elle lui balance tout ce qu’elle en pense est d’ailleurs assez géniale, mais aussi flippante. Géniale puisqu’il fallait quelqu’un pour dire à Rosie toutes ces choses. C’est dur, surtout vu l’état de Rosie qui vit toute cette histoire particulièrement mal, mais ça fait du bien. Et flippante, parce qu’on comprend ensuite l’impact que cette réaction aurait pu avoir sur une amitié ancienne et forte. On aurait tendance à penser que ce genre d’amitié est très solide, presque inaliénable, mais finalement, il suffit de pas grand-chose, et je suis soulagé que ça n’ait pas dérapé plus que ça au final.

    J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour Anouk. Il faut dire que j’ai trouvé Essie Davis assez géniale. Son sentiment de solitude en voyant que son train de vie l’éloigne de ses deux amies est très touchant. On se prend d’ailleurs ce sentiment en pleine face à la fin de la scène dont je parlais au-dessus. Elle quitte leur rendez-vous, confrontée à la désapprobation et à l’incompréhension de ses deux amies.

    Tout ce qui concerne sa grossesse, de sa découverte, en passant par la décision qu’elle prend, jusqu’à la réaction de son jeune acteur, est très bien traité. Tout sonne juste, rien ne semble exagéré, et c’est ce que j’ai apprécié.

    J’ai peut-être été moins réceptif à l’histoire avec sa mère et à la relation étrange que cette dernière entretient avec Rosie. Je ne sais pas si c’était vraiment nécessaire. Peut-être que je comprendrai mieux par la suite.

    Je sais que j’aurais plein de choses à dire sur cet épisode, mais il dégage trop d’informations et d’émotions pour que je puisse exprimer clairement tout ce que j’ai pu voir.

    En résumé, ce fut pour moi un excellent épisode qui donne une toute autre dimension à cette gifle, une dimension bien plus sérieuse. Et c’est peut-être d’autant plus frappant quand on partage le point de vue d’Anouk.

    C’est aussi un épisode qui fait le portrait d’un personnage complexe, entre fragilité et force, que je n’aurais pas cru aussi intéressant.

    J’ai dit que j’avais adoré cet épisode ?

  2. ladyteruki dit :

    La mère ayant beaucoup moins d’importance dans le livre, c’est vrai que c’était intéressant de voir cette relation se nouer, et le triangle formé avec Rosie. Je crois aussi que la relation de la mère d’Anouk avec Rosie est là pour souligner l’effet « téléphone arabe » autour de l’affaire de la gifle : quand Rosie arrive effondrée chez la mère et qu’Anouk n’a même pas mentionné l’incident (« je pensais que c’était pas ma place de le faire », ouais genre), ou quand sa mère reprend ensuite le discours victimisant de Rosie et qu’Anouk prend sur elle pour pas dire ce qu’elle en pense. Ça isole un peu la position d’Anouk, qui est vraiment une outsider dans son milieu composé de couples avec enfants.

  3. Amandine P. dit :

    Alors n’ayant pas non plus lu le livre (mais quelque chose me dit que ça ne saurait tarder), j’ai vraiment accroché avec cet épisode. J’ai trouvé le personnage d’Anouk très touchant, murée dans ses contradictions, un peu enfermée finalement dans son indépendance (ou en tout cas dans la proclamation de son indépendance).

    Pour ce qui est de la gifle, spontanément je me range du côté du « gifleur » : la relation mère/fils semble si malsaine que cette gifle me paraît presque salvatrice. Mais en même temps, le personnage de Rosie semble assez bien écrit pour que l’on puisse plonger avec elle dans sa souffrance et son incompréhension.

    To be continued…

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