A helping hand

15 avril 2024 à 20:38

Les séries médicales hospitalières ne manquent pas, y compris sur les écrans asiatiques qui les affectionnent régulièrement. Généralement elles s’intéressent à des spécialités de chirurgie, parfois à l’obstétrique… bref, à la médecine considérée comme étant d’excellence, telle que pratiquée par des personnes super diplômées. C’est d’ailleurs ce qui explique que beaucoup de ces séries médicales soient plutôt intéressées par les questions éthiques et morales, comme j’avais eu l’occasion de vous le dire par le passé. Les soignantes sont-elles intègres ? Sont-elles encore capable d’humanité ? Sont-elles capable de mettre leur ego de côté pour soigner les patientes ?
Plus rarement, beaucoup plus rarement en fait, les séries médicales asiatiques se penchent sur d’autres membres du personnel hospitalier. C’est que, forcément, il y a moins de cas de conscience quand on descend dans la hiérarchie…

La dramédie Tonari no Nurse Aide a cependant décidé d’une approche différente, et entre dans les coulisses de l’hôpital universitaire (fictif) Seiryo aux côtés… d’une aide-soignante. C’est pas banal, et c’est à ajouter avec régal à la liste des séries qui s’intéressent aux « petites mains ».

Mio Sakuraba est une femme de 29 ans qui commence son tout premier jour à l’hôpital Seiryo en tant qu’aide-soignante ; or, c’est aussi son premier jour en tant qu’aide-soignante tout court. La jeune femme est clairement motivée, très attentive à la santé (tout ce qu’elle fait le matin en allant au boulot est conditionné par les bénéfices santé apportés), et souriante. Sa première action une fois arrivée à l’hôpital, avant même d’avoir rencontré la moindre collègue, et de… diagnostiquer quelqu’un dans la salle d’attente, allant à l’opposé de l’avis d’une infirmière qui venait juste d’interagir avec la patiente en question. Pas le meilleur des départs, et l’infirmière ainsi qu’un médecin qui passait par là s’insurgent que cette aide-soignante qui techniquement n’a même pas encore pris son service tente de leur donner des leçons de médecine.
Cela n’atteint pas l’enthousiasme de Mio, qui ne rêve que de travailler dans le service de chirurgie dirigé par le renommé Pr Higami, et plus encore, près du chirurgien Dr Taiga Ryuzaki. Il a le même âge qu’elle, et déjà une réputation mondiale, et Mio, qui s’avère être une « geek de médecine », pour reprendre ses propres termes, a hâte de le rencontrer, comme une fan.

Ses nouvelles collègues tentent de la rappeler à la réalité, et les tâches qui attendent Mio vont également y contribuer.
C’est qu’il ne s’agit pas d’un boulot facile. Donner la bécquée aux patientes, les laver, changer leurs couches ou leurs draps, les retourner ou les porter… Et surtout, gérer leur état émotionnel, que les infirmières et évidemment les docteures ne prennent pas en compte. D’ailleurs, une DEUXIEME fois pendant son premier jour, elle va essayer d’intervenir auprès de la même infirmière et du même chirurgien qu’au début, par rapport à une autre patiente pour laquelle elle intercède. Et une DEUXIEME fois, elle va se faire renvoyer dans les cordes, ses supérieures la tançant vertement pour avoir oublié sa place dans la hiérarchie stricte de l’hôpital. Plus tard, elle verra de ses propres yeux son vénéré Dr Ryuzaki montrer un désintérêt total pour l’état psychologique d’un patient qu’il est sur le point d’opérer.
Mio a beau avoir une attitude positive, il faut avouer que c’est rude pour son dos, et dans une certaine mesure, pour ses nerfs (certaines patientes abusent de la disponibilité des aide-soignantes, par exemple pour prendre des selfies…). Elle commence surtout à réaliser que le service de chirurgie ne tourne pas comme elle l’avait imaginé : personne n’y ressent l’envie de s’intéresser au bien-être des patientes, et certainement pas si ça vient d’une petite aide-soignante de rien du tout. Toutefois son enthousiasme n’est pas entamé, et les yeux pleins d’étoiles, elle découvre au détour d’un couloir que les chirurgiennes de Seiryo font des rondes « comme dans les séries » (et comme dans le manga Black Jack, dont les volumes remplissent le seul carton qu’elle a ouvert dans son appartement !). Cela lui donne l’énergie de poursuivre son service, et d’attaquer une deuxième journée à son poste.

Tonari no Nurse Aide n’est pas là pour assister à la désillusion de Mio, cela dit. Loin s’en faut. En fait, elle va, après avoir multiplié les faux-pas pendant ses premiers jours, intercéder une TROISIEME fois en faveur d’un patient, et cette fois… va être entendue. Car ce qu’elle ne sait pas, c’est que pour la patiente de la salle d’attente, au tout début de son premier jour, eh bien, Mio avait eu le nez creux, et avait détecté quelque chose de grave. Et que là, c’est à nouveau le cas.
Et qui l’écoute ? Nul autre que le Dr Ryuzaki, qui est certes complètement insensible à la question du bien-être et de l’état psychologique de ses patients, mais est capable de considérer qu’en tant qu’aide-soignante, quelqu’un comme Mio a un point de vue unique sur des symptômes qui autrement passeraient inaperçus. Mio influe ainsi, directement, sur une opération qu’il allait pratiquer, et se voit même offrir l’opportunité de l’assister (certes de courte durée).
Triomphalement, Tonari no Nurse Aide est donc là pour ça : parler du bénéfice incommensurable des « petites mains » de l’hôpital dans les choses importantes. Alors oui, ça veut dire vider des pots de chambre et laver des inconnues, mais ça signifie aussi contribuer directement à leur qualité de soin. Encore faut-il pour cela être entendue par la hiérarchie…

On aura donc compris que Tonari no Nurse Aide ne dit pas grand’chose de nouveau dans le contexte des séries médicales asiatiques. Par contre, elle a trouvé un angle inédit pour le faire, et propose au passage une perspective sur l’univers hospitalier un peu différente de l’ordinaire.
A cela, elle ajoute aussi un ton bien à elle, à mi-chemin entre la comédie et le drama feelgood. Préparez-vous à des gags pas forcément super fins (Mio est obligée de sortir du théâtre chirurgical parce qu’elle s’est pris du sang pendant l’opération et s’est évanouie) et des violons (le patient qui voulait s’enfuir de l’hôpital parce qu’il pensait que sa femme le trompait a une conversation à coeur ouvert avec ladite épouse), parce que Tonari no Nurse Aide veut éviter d’effrayer les spectatrices. La série introduit aussi une relation ambivalente entre Mio et Dr Ryuzaki (qui s’avèrent habiter le même immeuble !), et suggère peu subtilement que Mio a une backstory brumeuse qui, n’en doutons pas, sera progressivement révélée dans les épisodes suivants.
Tonari no Nurse Aide assume ses choix. C’est parfaitement respectable de vouloir être grand public tout en traitant de sujets sérieux… c’est juste pas exactement ma came.


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3 commentaires

  1. JainaXF dit :

    J’avoue que les gags lourds et la probable romance/sombre passé me font hésiter à essayer… enfin, avoir le point de vue des « petites mains » et montrer le poids de la hiérarchie, le mépris commun de « ceux d’en haut », c’est déjà intéressant (et je parle en connaissance de cause : une de mes sœurs est aide-soignante) !

    • ladyteruki dit :

      Dans le premier épisode, il y a un moment où Mio trébuche et Dr Ryuzaki la rattrape, et elle fait « oh, dans un drama ce serait la scène romantique » genre on est meta et self-aware… mais je parie quand même sur une romance XD

  2. Kiddo dit :

    Ca me donne trop envie !! Je préfère attendre que tout soit traduit mais cela s’annonce intéressant 🙂
    Je ne sais pas si tu as entendu parler de Unmet avec Sugisaki Hana, le premier épisode vient d’être traduit, cependant c’est un peu plus lourd.

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