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    13 mai 2022 à 20:13 • Review vers le futur •

    Lorsque du test de la plateforme Showmax, je vous avais prévenues que je n’y avais pas regardé que des séries sud-africaines. Eh bien aujourd’hui en est l’une des démonstrations, avec cette review du premier épisode d’ENO, une série ghanéenne… et, en fait, la toute première série originale ghanéenne de la plateforme, lancée en mars 2022. Le fait est donc très récent !
    Et cette première série est créée par une femme, Shirley Frimpong-Manso, dont la carrière a jusque là été très prolifique au cinéma et à la télévision traditionnelle. Je n’ai pour ma part eu l’occasion de voir aucune de ses séries précédentes, mais j’aurais bien voulu tenter Shampaign, une série politique dont le sujet aurait parfaitement collé à mes préférences personnelles ; hélas celle-ci n’est disponible que sur la plateforme attitrée de la société de production de Frimpong-Manso, Sparrow Station.

    En attendant, il y avait donc le premier épisode d’ENO à découvrir, et quel épisode !

    C’est par une scène d’exposition pas comme les autres que démarre le premier épisode d’ENO : pendant près de 6 minutes sans discontinuer, nous assistons à la prière matinale d’une femme du nom d’Abena Baafi. C’est une façon très intéressante d’introduire les différentes protagonistes de la série : tour-à-tour, Abena va les mentionner, suppliant Dieu de donner à chacune ce qu’elle imagine pour elles.
    On apprend ainsi qu’elle a trois filles : Tessa, l’aînée, qui est d’une nature aimable et docile ; Yolanda/Safowaa, la seconde, qui n’aime rien tant que lire et étudier (son nom de baptême est Yolanda, mais elle insiste, au grand dam de sa mère, pour se faire appeler Safowaa) ; et enfin Kendall, la plus jeune, charmeuse et très superficielle, animée d’ambitions similaires à celles de sa mère. Toutes les trois sont encore célibataires, et Abena ne veut rien tant que leur trouver des maris de qualité, qui sachent prendre soin d’elles. Abena a également quelques mots pour son patron, Edward Grant Senior (ou juste « Senior »), un homme riche dont elle est la gouvernante, et qui grâce à son succès lui a permis, par ricochets, de faire vivre sa famille ; mais surtout, Senior a un fils, Edward Grant Junior (« Junior », donc), qui après 15 années passées à Londres, est revenu au Ghana pour prendre la suite de son père à la tête de ses affaires. Et comme Junior est célibataire, vous imaginez bien qu’il est présent dans les prières d’Abena !
    C’est vraiment une façon intéressante d’introduire les personnages, et ce, avant même de les rencontrer. Naturellement, une telle méthode introduit un biais conséquent : ENO ne nous présente pas à ce moment-là les motivations de chacune de ses protagonistes, mais uniquement les ambitions d’Abena pour elles. Les choses sont beaucoup plus complexes sitôt que l’on prête attention à ce que chacune veut pour elle-même…

    C’est ce à quoi est dédié le reste de l’épisode, qui se déroule dans la demeure des Grant, où une fête est organisée pour célébrer le retour de Junior au bercail. Abena, qui a de la suite dans les idées, a insisté pour que ses trois filles viennent (et s’est montrée pointilleuse sur leur apparence avant de partir), mais elle s’assure de les faire inviter officiellement une fois sur place, demandant à Tessa, Safowaa et Kendall de rester cachées dans une chambre d’amis le temps de s’en assurer.
    Finalement, Abena réussit à faire semblant de n’avoir pas été à l’origine de l’idée d’une invitation, et elle introduit ses trois filles pendant la fête. Son idée ? Junior va tomber sous le charme de l’une d’entre elles, si possible Kendall qui s’est convaincue d’être son âme sœur. L’ambitieuse mère garde également l’oeil ouvert sur d’autres hommes riches présents au cocktail, notamment un riche entrepreneur du nom de Chris. Est également présent le meilleur ami de Junior, Kofi, qui travaille également avec les Grant.

    Lentement, ENO dévoile au fil de ces étapes qui sont réellement les filles d’Abena. Et le petit coup de génie de cet épisode introductif est de nous démontrer que les filles ne collent pas vraiment à l’idée que s’en fait leur mère, et ont leurs propres intentions !
    Ainsi, Tessa a beau être une jeune femme douce et effacée, en réalité elle n’est pas la fille malléable que sa mère pense pousser dans les bras d’un homme : elle entretient une relation secrète avec Jerry, dont elle est très amoureuse ; autant dire qu’elle n’a pas vraiment remarqué que sa mère s’est déjà convaincue que Chris ferait un bon parti. De son côté, Safowaa ne semble pas du tout intéressée par les hommes (et certainement pas par Junior, avec qui elle a une interaction quelque peu déplaisante) ; elle a toutefois un ami, Kwao, qui est charpentier, ce qui a le don de scandaliser Abena… car évidemment un charpentier ne serait pas assez bien pour sa fille ! Enfin, la plastique de rêve de Kendall est peut-être à son avantage, mais sa vanité a tendance à ne pas exactement attirer les hommes qu’elle voudrait, et au lieu d’intéresser Junior, c’est Kofi qui va lui faire des avances.
    Les plans d’Abena sont donc menacés, sans qu’elle ne le sache encore, par le libre-arbitre de ses filles et/ou les aléas de la vie. L’introduction progressive d’autres perspectives, et de secrets dont elle n’est pas au courant, montre que si Abena est effectivement la personne qui autour de laquelle gravitent les autres personnages, en revanche n’est pas tout-à-fait l’héroïne de la série : celle-ci ne prend, en réalité, pas son parti. La thèse d’ENO semble être que l’obsession de la mère pour le mariage de ses trois filles ne va pas forcément lui donner toute la satisfaction qu’elle imagine, quand bien même elle se donne beaucoup de mal pour parvenir à ses fins ; et si sa manière de gérer les vies amoureuses de ses filles (et surtout de s’ingérer dedans) n’est pas altérée, elle risque d’envenimer leurs relations futures…

    ENO est ce qu’on pourrait qualifier de primetime soap… sauf qu’évidemment le terme sonne un peu comme désuet pour une série proposée par une plateforme de streaming. Mais vous saisissez l’idée. La série promet avec cet épisode introductif de parler beaucoup de romance, de couples (ce qui n’est pas toujours la même chose), d’ambition, d’argent.
    En tant qu’amatrice d’épisodes d’exposition, je trouve très intéressant la façon dont celui-ci procède : d’abord en établissant la perspective d’Abena, puis, lentement, en montrant que cette perspective n’est ni celle de la série, ni celle des autres protagonistes, qui ont des idées très différentes sur ce à quoi devrait ressembler la suite des événements. Cela augure, évidemment, de conflits ; mais aussi d’un potentiel discours intéressant sur l’autonomie de ces trois jeunes femmes qui vont soit vouloir, soit devoir, se détacher de ce que veut leur mère si elles veulent trouver le bonheur. Vous ne me verrez pas contester ce genre de message.


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  • Et bon appétit, bien-sûr

    12 mai 2022 à 22:26 • Review vers le futur •

    Je ne dirai rien de nouveau sur Julia que la critique ne vous a déjà dit ; seulement voilà, je voulais le dire aussi.

    De mon point de vue elles sont rares, de nos jours, les séries américaines qui donnent l’impression d’avoir autant de cœur et de sincérité (il y en a, et heureusement ; d’ailleurs on parlait de Our Flag Means Death il y a quelques semaines à peine !). Si souvent les projets de fiction, plus encore lorsqu’ils sont conçus pour les diverses plateformes de SVOD, semblent préférer rivaliser de grandiose… et surtout de budget. Même si Julia n’a pas été tournée avec des bouts de chandelle, elle a néanmoins placé son attention dans autre chose que dans la volonté d’en mettre plein les yeux, et c’est ce qui m’a charmée.
    Cela, et la nourriture, naturellement ; quiconque me lit ne serait-ce qu’un mois sur deux aura remarqué que les séries sur les bons petits plats m’attirent spontanément.

    Julia Child est une icône de la télévision américaine, où à partir de 1962, elle a commencé à apparaître ; elle n’a pas inventé le genre de l’émission culinaire, en revanche elle a fait partie des pionnières, et l’a popularisé comme jamais avant elle. Naturellement, si vous avez vu Julie & Julia, c’est un peu plus facile de cerner à qui on a affaire dans Julia, à la différence que le film ne s’intéressait pas à l’émission télévisée qui l’a rendue célèbre dans les foyers américains, mais plutôt à la création de son premier livre de cuisine.
    La série suit avec minutie le lancement de l’émission, et les étapes nécessaires autant à sa conception théorique qu’à sa création matérielle.

    Mais, à travers elle, Julia s’intéresse aux débuts (ou presque, c’est quand même déjà les années 60) de la télévision. En tant qu’amatrice d’histoire télévisuelle, vous connaissez probablement ma fascination pour ce genre de choses, d’autant qu’en définitive, assez peu de séries font de leur sujet les origines de la télévision, ce qui semble un peu étrange parce que du côté du cinéma, les options ne manquent pas. En tout cas il y a dans Julia une curiosité évidente (et communicative !) pour les innovations de la télévision lorsqu’elle n’était encore qu’un media jeune.
    Je ne sais pas si la télévision innove encore ; je suppose que sur de nombreux tournages, une idée un peu hors du commun peut parfois sauver un épisode, secrètement, là où personne ne le remarque. Mais des innovations comme au début de la télévision, quand des genres télévisuels entiers n’étaient pas encore tout-à-fait des genres, que des stratagèmes restaient à imaginer pour filmer non seulement bien, mais vite et sans montage (contraintes techniques obligent), des épisodes hebdomadaires… non, ça n’existe plus. On ne fait plus vraiment de la télévision comme ça. On ne fait plus grand’chose comme ça, tant la maîtrise des arts audiovisuels a atteint un autre degré ; et je l’aime follement, cet esprit de la télévision de pionnier, où tout ou presque était à créer, à la fois sous contrainte et sur mesure.
    En parallèle, Julia interroge la célébrité de sa protagoniste, qui est elle aussi une expérience relativement nouvelle. Il n’y avait en effet pas autant de célébrités de télévision, d’autant qu’avec son émission culinaire, Julia Child était destinée essentiellement à un public féminin et domestique, ce que la série interroge en partie. Cette exploration intime de la célébrité, du choc qu’elle induit dans le quotidien de quelqu’un qui n’y a jamais vraiment aspiré, à une époque où une star du show business est avant tout une personnalité du monde du cinéma, c’est aussi ce que Julia suit. L’opinion de Julia Child sur sa propre célébrité évolue, découvrant au détour de la première saison de son émission culinaire différents aspects, qui la touchent différemment. Fort heureusement, cette célébrité se produit à l’âge de la cinquantaine, quand l’héroïne doit s’adapter à ce phénomène plutôt que se construire autour de lui (beaucoup de fictions sur la célébrité s’intéressent à des protagonistes bien plus jeunes !).

    On pourrait penser dans tout cela que Julia est une série où les conflits ne manquent pas : de la création d’une émission à la gestion des réactions de son entourage face aux changements induits par celle-ci, Julia aurait pu faire le choix de dramatiser pas mal de choses. Sauf que ce n’est pas le cas ! Il s’agit même d’une série avec aucun véritable conflit, et surtout rien qui ne puisse se régler en 45 minutes.
    Avec un ton léger (mais pas inconséquent !), Julia ne veut pas nous laisser sur le bord de notre siège à nous demander si la popularité soudaine de Julia Child va ruiner son mariage, ou endommager une amitié de longue date, ou perdre sa chemise dans l’investissement coûteux qu’est une émission culinaire. Non seulement parce qu’une simple consultation de Wikipedia peut rapidement nous détromper, mais surtout parce que son but n’est pas de susciter d’excitation superficielle. Non, ce qu’elle veut, c’est nous intéresser au cheminement interne de ses protagonistes, et nous faire apprécier la maturité de leurs réactions. Malgré son ton de dramédie bondissante, Julia prend au sérieux son aspect dramatique plutôt que de verser dans le soapesque superficiel.
    C’est de la bonne vieille télévision grand public, fiable, et intelligente ; comme on en fait de moins en moins souvent.

    Alors que reste-t-il à dire quand les personnages ne s’affrontent quasiment pas (ou jamais durablement) ? Ma foi, tellement de choses !

    Pour commencer, Julia Child est un peu l’anti-Mrs. Maisel : la série insiste, autant que les hommes qu’elle croise, sur le fait qu’elle ne correspond pas à l’idée que beaucoup se font de la femme idéale. Malgré son talent dans les arts culinaires domestiques, Julia n’est pas une femme qui ressemble à la ménagère que l’on trouve d’ordinaire sur les écrans de télévision : c’est une femme grande, très grande (« trop » grande), à la silhouette imposante au lieu de frêle, qui s’exprime avec un accent étrange et une voix haut perchée, et qui s’exprime avec aplomb, qui plus est. Tout le monde semble conscient de cet « inconvénient » (sauf peut-être son époux Paul, ou en tout cas il s’en fout royalement s’il a remarqué), et si ce n’est pas la première fois qu’on lui fait des remarques (même son père lui en fait !), entrer dans le monde de l’image vient effectivement renforcer les insécurités de Julia.
    Et encore une fois, ce genre d’interrogations sur l’apparence et les critères de beauté féminins, c’est généralement une quête intérieure que l’on laisse soit à des personnages plus jeunes (typiquement, des adolescentes apprenant à s’y conformer), soit à des protagonistes âgées qui sont en train de perdre leur beauté de jadis à cause de la ménopause et/ou le vieillissement. Mais Julia Child n’a jamais correspondu à ces impératifs, elle ne perd pas vraiment quoi que ce soit, et son cheminement intérieur apparaît comme inédit ; son traitement de la ménopause, évoquée pendant une petite partie de l’intrigue, est d’ailleurs assez rafraîchissante. Dans le même temps, les réactions (masculines) autour de son apparence sont balayées régulièrement, Julia étant assez attentive à ce que les hommes ne soient jamais pris au sérieux bien longtemps dans leurs idées arrêtées sur ce à quoi les femmes, et à travers elles le monde, devraient ressembler.

    Mais d’ailleurs parlons-en, de représentations, parce qu’il est rare de voir les années 60 ainsi !
    C’est que, Julia prend un personnage qui est un modèle de domesticité et qui excelle dans les tâches domestiques, ainsi qu’elle s’illustre par sa vie domestique avec Paul. Même si jamais Julia Child n’a été l’image d’Epinal de la femme au foyer (et que la création de son émission est tout le contraire d’une vie domestique), l’héroïne correspond tout de même à de nombreux de ses critères, et la série parle de la façon dont Julia incarne les attentes de son époque. Et de la façon dont elles sont en train de changer, un peu à son insu : j’ai trouvé intelligent d’incorporer la remise en cause et la remise en question féministe sur la fin de la saison, mais en y apportant (certes par la voix de Paul ; j’aurais aimé que ce soit Julia qui vienne à cette conclusion) une attitude relativement équilibrée : le féminisme (d’une vague en outre nouvelle pour Julia, née en 1912) n’a peut-être pas tort sur la façon dont l’existence de Julia Child en tant que personne publique accomplit dans l’imaginaire collectif… mais ça ne veut pas dire qu’il est totalement incompatible avec la mission que The French Chef s’est donnée. C’est une critique qui est adressée à Julia, la célébrité culinaire, mais que la série Julia elle-même reprend à son compte en acceptant qu’elle n’a pas la solution parfaite (comme tant de choses quand elle parle d’elle-même au travers de ses intrigues, ce qui d’ailleurs lui arrive fréquemment). Avec en prime un propos sur le divertissement qui revendique un droit à une certaine futilité : « We know what matters. And the wonderful thing about this show is that it doesn’t. Not like that. It won’t save or ruin the world« . On devrait avoir le droit d’être passionnée par quelque chose d’un peu inutile au monde. Julia se sent investie d’une mission de vulgarisation de la gastronomie française, à la fois parce ce que c’est ce qu’elle aime, parce que c’est aussi naturel pour elle que de respirer, et parce qu’elle croit que ça peut apporter culturellement à ses spectatrices. Mais elle ne se fourvoie pas quant à la signification de ce qu’elle fait.
    Dans Julia, ces paradoxes peuvent exister ; ils sont pris au sérieux mais jamais au point de bouleverser l’objectif de la série ou son ton.

    Il est également rare de trouver dans des fictions sur cette époque tant de femmes qui parlent entre elles du monde dans lequel elles vivent, et des femmes si différentes qui plus est : Julia, bien-sûr ; mais aussi sa meilleure amie Avis, une veuve, Judith, son éditrice, Alice, la productrice associée au sein de la station publique WGBH… D’ailleurs Julia est une nouvelle série qui vient s’ajouter à mon genre télévisuel préféré : « puzzled men get mad at how much they don’t understand the women they need the most« . C’est un peu long, mais c’est bon. Je veux d’ailleurs un tatouage de la réplique d’Avis sur la popularité têtue de son amie (« I don’t know, I just think about how many more hours in the day we’d have if we didn’t have to spend so much of it apologizing to men for your success« ).
    Alice, bien que porteuse d’un rôle secondaire, a droit à non pas une seule comme on aurait pu le penser, mais plusieurs intrigues en toile de fond : ses difficultés à exister à la station, où elle est la seule femme noire ; son rapport compliqué avec sa mère, son amitié avec Julia et Avis, son célibat. Elle a en outre une personnalité que la série prend le temps de détailler : un peu insécure, mais aussi ambitieuse et passionnée. Alice est, voyez-vous, une téléphage de la première heure, l’une de nos ancêtres ; c’est avec tellement de fierté qu’on la voit parler de ses séries préférées avec une étincelle si familière…! Elle est passionnée de télévision autant que moi, et j’ai trouvé tellement facile de me lier à elle ! Dans une série où Julia Child, charismatique et complexe comme elle est, occupe tant de place, ça relevait un peu du miracle. Les diverses intrigues d’Alice, bien qu’occupant peu de temps d’antenne, ne sont jamais traitées comme accessoires, et à l’occasion s’entremêlent pour nous révéler les contradictions d’une femme qui tente d’exister dans un milieu et une époque qui y sont peu favorables.
    Dans une moindre mesure, Julia s’intéresse aussi à des protagonistes juives. C’est le cas de Judith, pour laquelle il s’agit de quelque chose d’assez invisible dans ses interactions avec les Child, mais pour qui c’est en réalité assez fondateur, notamment dans sa relation à sa supérieure hiérarchique, l’incroyable Blanche Knopf. C’est, disons, tranquillement important : la série n’en fait pas une revendication, mais raconte quand même, l’air de rien, la signification de cette intersection d’identités parfois difficiles à concilier pour Judith.
    L’épisode de San Francisco est glorieux sur des représentations différentes. Julia y retrouve un vieil ami, James Beard, pour lequel la série a une affection brève mais réelle. Il l’emmène dans un cabaret de drag où, bien que surprise, Julia découvre qu’elle a parfaitement sa place. L’épisode à San Francisco est aussi une occasion de rare de voir des personnages asiatiques dans une série historique ! Combien de fois y avez-vous vu des personnages asiatiques ? Même des figurants ou petits rôles ? Souvent à la télévision US, parce qu’il est naturel de penser à la lutte pour les droits civiques, on dirait que la communauté asiatique n’a pas existé (c’est également vrai de la communauté hispanique, d’ailleurs). Or, ça faisait plaisir de voir des (hommes, en l’occurrence) asiatiques, dont un chef prestigieux par exemple.
    Comme photographie de celles et ceux qui d’ordinaire figurent à peine en arrière-plan de la représentation qu’on a des années 60, Julia se pose là.

    Bon, à quel moment on parle de bouffe, dans tout cela ? Eh bien, assez régulièrement, en fait.
    D’abord parce que chaque épisode porte le nom de la recette que Julia porte à la télévision (le premier, « Omelette », m’évoquant en outre le cultissime « Pielette« ). Ces recettes successives ne sont pas accessoires : à de maintes reprises, nous allons suivre la façon dont elles sont déconstruites pour pouvoir être montrées. Julia Child, ça ne fait aucun doute, connaît son affaire lorsqu’il s’agit de cuisiner, en particulier la cuisine française dont elle est férue et pour laquelle elle est connue ; mais elle doit aussi apprendre à faire entrer son art culinaire dans le format très rigoureux d’une émission de télévision d’une demi-heure.
    Mais ça ne se borne pas à cela : la série dépeint la fascination de l’Amérique pour cette femme incroyable et ses plats exquis ; et en même temps, elle nous montre, via le quotidien de Julia Child, encore plus de plats exquis, concoctés pour son mari, ses amies, ou parfois simplement dégustées au restaurant. La camera s’arrête quelques instants, dans un épisode, sur des mets délicieux… parce que notre fascination pour la cuisine n’a jamais tari. Aujourd’hui, outre les émissions culinaires à la télévision, il y a toute une constellation médiatique autour de la nourriture, qu’on parle des émissions de télé réalité avec Gordon Ramsay, des chaînes Youtube Bon Appétit ou Tasty, ou des millions de recettes hallucinantes inventées (parfois juste pour choquer) sur des plateformes comme TikTok… La planète entière est fascinée par la nourriture sous diverses formes, et je ne suis moi-même pas en reste, qui consulte régulièrement des videos de type « street food« , apprends sur la science culinaire avec Ann Reardon ou Adam Ragusea, et suis les voyages de gens comme Mike Chen.
    Julia, indirectement, raconte les origines de cette fascination, tout en la nourrissant.


    Pourtant, ce n’est même pas ce que je retiendrai le plus de Julia. Le ravissement provoqué par cette première saison se loge dans un aspect que je n’avais pas vu venir.
    La relation entre Julia et Paul m’a donné des papillons dans le ventre. J’ai rarement vu une relation amoureuse à la télévision qui me donne autant envie de m’écrier que c’est ça que je veux dans la vie. La vie de couple de Julia et Paul est touchante, vibrante, solide. Elle est bâtie sur une adoration mutuelle, mais aussi une maturité rarement palpable dans les couples de télévision. Elle n’est jamais durablement en danger, parce que chacune est raisonnable et sait ce qu’il y a à perdre. Cela fait chaud au cœur.

    Ce que j’ai aimé va même au-delà. Ce n’est pas que pour cela que j’ai été fascinée par Julia. Pas seulement parce que c’est l’un des rares mariages de fiction qui semble réellement avoir ses propres mécanismes internes. Pas seulement parce que cette relation permet de voir, fait encore rare à la télévision, des personnes (et notamment une femme) de plus de 50 ans parler de sexe et le pratiquer. Mais aussi parce que je crois que depuis quelques années, et je soupçonne que ça n’aille qu’en empirant, je me régale des représentations de personnages plus âgés que moi, et de voir ce qui les anime. De par mon histoire personnelle, c’était toujours quelque chose d’important à mes yeux que d’avoir des représentations possibles de l’avenir (quand j’étais ado et que je découvrais Gilmore Girls, à l’époque, je préférais Lorelei à Rory), mais ça l’est de plus en plus que de me demander à quoi vont ressembler les années qui viennent, ou, plutôt, à quoi elles peuvent ressembler. Les suggestions pour passer sa vingtaine ou sa trentaine ne manquent pas dans les séries. Mais la suite ? Je prends toutes les suggestions que la fiction voudra bien me faire.
    Et Julia Child apparaît ici comme le genre de personne que je m’imagine bien devenir, avec l’âge : quelqu’un d’obstinément passionné. J’ai réalisé que j’avais besoin de ce modèle et c’est, peut-être plus encore que la nourriture (ce qui n’est pas peu dire), ce qui m’a fait rester devant mon écran pendant cette première saison. D’autant que c’est si rare de voir une femme sans enfant ! Si peu de séries savent me dire à quoi pourrait potentiellement ressembler ma vie, moi qui n’en ai pas non plus ; les femmes d’un certain âge, comme on les appelle, à la télévision, ce sont presque systématiquement des mères et des grands-mères, et rarement des femmes avec des projets intellectuels et/ou créatifs. Imaginez ça, une femme ménopausée qui au lieu de servir de miroir (ou pire, de repoussoir) dans les intrigues de personnages plus jeunes, a ses propres plans pour l’avenir ? De nouvelles choses pour l’exciter et l’occuper ! C’est ça que je veux. Même si en ce qui me concerne, c’est plutôt sur la télévision qu’à la télévision que ça peut se passer. Ou plutôt sur la trajectoire d’Avis, réalistiquement. Mais au moins, il y a un pluriel d’options. C’est plus que ce que beaucoup de séries peuvent donner.

    …Devant Julia, je ne voyais pas défiler le temps. La première saison (puisque nous savons d’ores et déjà qu’une autre est en route) compte 8 épisodes, et pourtant elle est passée plus vite que d’autres séries pourtant plus courtes que j’ai pu regarder ces derniers mois, qui à l’occasion me provoquaient de l’ennui et même de la souffrance.
    J’écris plusieurs dizaines d’articles par an maintenant (déjà 84 publications en 2022, celle-ci incluse !), grâce à votre formidable soutien sur uTip, qui en détermine le volume. Si je choisis toujours mes sujets (c’est une des conditions dont j’ai découvert qu’elles étaient nécessaires pour éviter le burnout), certains me pèsent plus que d’autres. Parfois je voudrais voleter vers un nouveau pilote plutôt que finir les deux derniers épisodes d’une saison calamiteuse, mais dont je suis si prête de voir le bout pour une review. Parfois au contraire, je me suis imposé de parler d’un pilote alors que je veux juste poursuivre mon marathon The Good Wife, que je ne parviens toujours pas à conclure alors que je l’ai entamé au début de l’été dernier. Je vis globalement bien ces négociations avec moi-même, entendons-nous bien, mais c’est tout de même notable quand une série est non seulement le parfait visionnage pour moi, mais aussi la parfaite inspiration pour écrire, et que le timing s’insère dans mon planning au sein de ces colonnes.
    Comme je le dis si souvent, écrire ici n’accomplira jamais quoi que ce soit d’important, mais j’aime bien que ce soit aussi bien fait que possible. Alors, quand en plus ça m’apporte autant de plaisir qu’avec Julia, je trouve qu’il me faut le souligner aussi. Ne serait-ce que parce que, si vous ne l’avez pas encore fait, cela pourrait vous décider à vous y mettre à votre tour.

    « Television is like a window, and the best of it opens to the most remarkable places ; that food itself is like a passport ; that the culture, the history, is locked inside the flavors and the aromas that are unique to each cuisine. I don’t cook for chefs. I cook for other cooks. For ordinary people (mostly women, housewives) and I say to them : you have endless horizons, far beyond the walls of your house, your block, your town. The whole world is your oyster… quite literally. And if you take the time it requires to make a great meal, then you may feel the same sense of accomplishment, of mastery, that I feel. And because I’m not a chef… I’m not always a very good cook… because I fail, they tend to believe it. And so we go on this journey together. »
    Difficile de ne pas être sentimentale quand une série touche avec grâce à tout ce qui me fait vibrer. Merci de m’avoir lue à son sujet, quand bien même je n’ai rien dit de révolutionnaire ; merci de faire, si souvent, ce chemin avec moi.


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  • Pensée magique

    8 mai 2022 à 23:34 • Dorama Chick •

    La série musicale… bon, déjà, à la base, ce n’est pas le genre le plus populaire à la télévision ; ni comparé aux séries policières, ni à aucune autre. En Corée du Sud, l’exercice est généralement cantonné aux fictions sur le monde du divertissement. La comédie musicale à proprement parler est encore plus rare.
    Alors, quand j’ai appris que Netflix allait proposer une comédie musicale sud-coréenne en ce joli mois de mai, j’aime autant vous dire que mes oreilles se sont dressées. Il fallait que j’y jette un oeil.

    Trigger warning : maltraitance infantile, agression sexuelle, tentative de suicide.

    Cette série, lancée cette semaine, c’est Annarasumanara ; un joli titre de mon point de vue, l’équivalent d’une formule magique comme abracadabra, zimzalabim ou hocus-pocus. Hélas la plupart d’entre vous la connaissez plutôt sous son titre international de The Sound of Magic (comme souvent chez les titres anglais de séries asiatiques, the hills are alive with lazy puns). Et c’est, vous l’aurez deviné, notre sujet du jour.

    Annarasumanara a bien compris que les meilleures comédies musicales naissent dans la tragédie. La série a pour héroïne Ah Yi, une adolescente dans sa dernière année de lycée… mais il s’agit là du cadet de ses soucis. La jeune fille est en effet abandonnée à elle-même depuis que son père, couvert de dettes, a fui… laissant également à sa charge sa petite sœur, Yoo Yi. Cela fait plusieurs années qu’Ah Yi vit ainsi dans le dénuement, payant avec de petits emplois à mi-temps les factures. Elle a totalement perdu espoir et lorsque la série commence, elle est totalement épuisée sur un plan émotionnel par toutes les difficultés qu’elle affronte seule.
    Au début de l’année scolaire, elle est, un peu par hasard, assignée à devenir la voisine de classe de l’adolescent Il Deung, un jeune homme qui ne pourrait pas être plus son opposé s’il essayait. Fils issue d’une famille aisée, destiné par ses parents à un grand avenir (idéalement dans le droit, pour succéder à son père), il est le premier de la classe dans toutes les matières. Ma foi, toutes sauf une : les maths, où Ah Yi excelle.

    Au lycée circulent beaucoup de racontars, et notamment sur le vieux parc d’attraction désaffecté qui se trouve non loin de la maisonnette vétuste que loue Ah Yi. Il se dit qu’un magicien vit là, et que lorsqu’il procède à un numéro, ce qu’il fait est réel : scier quelqu’un en deux, faire disparaître quelqu’un… C’est évidemment ridicule mais il se trouve que notre Ah Yi va croiser son chemin, et que le magicien la prend immédiatement en affection. Il semble en outre très attaché à l’idée de lui faire croire à la magie (prononçant généralement les mots « crois-tu à la magie » avant ses meilleurs tours), ce qui n’est pas bien reçu par la jeune fille. Quand rien dans la vie n’est magique, que ressent-on quand soudain d’incroyables choses se produisent ? Ah Yi a du mal à être convaincue même si certaines illusions du magicien sont, effectivement, enchanteresses pour quelques minutes. Mais quelques minutes seulement, et très vite, la cruelle réalité reprend le dessus pour la lycéenne.

    En fait, Annarasumanara est constamment tiraillée entre ces deux vents contraires : la tragédie d’Ah Yi, et la pensée magique du magicien (dont on apprendra tardivement qu’il se fait appeler Ri Eul).
    Celui-ci lui répète de croire en la magie, en ses rêves, en elle-même… mais la série établit en parallèle que la magie, les rêves, et même la bonne volonté d’Ah Yi ne payent pas les dettes, ne remplissent pas le frigo, et ça ne font pas revenir un parent coupable de graves et dangereuses négligences. La série passe son temps à exposer à quel point la réalité d’Ah Yi est sombre (empirant même régulièrement sa situation), et pose plusieurs fois un regard très sévère sur le magicien et son idéalisme forcené (et déconnecté des réalités). Mais dans le même temps, elle continue de présenter des scènes magiques… sans arriver pas à établir comment la magie peut l’aider.
    D’autant qu’elle montre aussi, clairement, que le magicien n’est pas un ange tout-puissant capable de la protéger des soucis qui continuent de lui tomber dessus. Il lui arrive même d’en provoquer de nouveaux ! Certes sans le faire exprès, mais tout de même. Pas de sauveteur providentiel ici, et la série bute plusieurs fois dessus sans réussir à développer quelque chose à partir de ce paradoxe : la magie telle qu’essaye de l’expliquer Ri Eul est peut-être réelle et merveilleuse, mais jamais assez durablement pour apporter une solution à de cruels problèmes encore plus réels qu’elle.
    Parce que, ce n’est pas comme si Ah Yi souffrait d’un manque de confiance en elle ; ses problèmes viennent de l’extérieur, non de l’intérieur, et aucune forme de croyance dans le merveilleux ne peut changer ce que le reste du monde lui inflige, n’est-ce pas ?

    Dans ce mouvement de balancier constant, entre ce qu’elle a envie d’inspirer, et ce qu’elle montre de façon répétée et sérieuse, Annarasumanara se perd pendant plusieurs épisodes (et sa conclusion à ce sujet est un charmant tour de passe-passe, mais dont les fils grossiers n’échapperont pas à un public avisé). Fort heureusement, il ne s’agit pas là de son seul thème, et c’est d’ailleurs là que la série réussit son pari.

    Parce que la magie n’est pas que le merveilleux. Elle a aussi quelque chose d’inquiétant, voire de dangereux. Et comment ne le serait-elle pas ? Est effrayant ce que l’on ne comprend pas, et par définition, la magie n’a pas de sens, sans quoi elle serait un simple tour. Plus encore quand on n’y croit pas !
    Annarasumanara insiste beaucoup sur l’ambiguité du magicien. Parfois, il est menaçant ; certes jamais avec Ah Yi, mais avec plusieurs autres protagoniste (ce dont la série l’exonère plus ou moins ouvertement). Et puis, il est suspect. Il est suspect parce qu’on ne sait rien de lui. Il est suspect parce qu’une adolescente a disparu au début de la rentrée scolaire et qu’il est un coupable tout désigné. Il est suspect parce qu’il est un putain de magicien qui vit dans un parc d’attractions en ruine, je sais pas ce qu’il vous faut de plus !
    …Sauf qu’en fait, c’est aussi ça, que veut interroger Annarasumanara : notre capacité à penser que ces facteurs suffisent à le rendre suspect, si ce n’est coupable. Nous ne sommes pas Ah Yi, désespérée, abandonnée, et sans aucun repère parental ; nous avons le recul d’une spectatrice omnisciente (ou à peu près) qui, pardon de le dire, sait que la magie n’existe pas. Même quand l’héroïne ne le suspecte pas, nous gardons toujours un oeil sur Ri Eul. Tout comme le fait le reste de la société.
    Tout en exploitant cela, Annarasumanara nous confronte à nos préjugés. Non à propos de la magie, et même pas vraiment du magicien, mais sur la façon dont nous pensons que la société fonctionne et est supposée fonctionner.

    C’est notamment l’intrigue d’Il Deung qui permet d’élaborer cette question, le jeune garçon commençant (au contact d’Ah Yi mais aussi de Ri Eul) à remettre en question les convictions inculquées par ses parents. Souffrant de stress, sujet à des crises d’anxiété voire de panique, constamment mis sous pression par un entourage qui trouve cela tout-à-fait normal et acceptable puisque de toute façon les résultats suivent… Il Deung est, lui aussi, à sa façon, en train de se noyer. Par certains aspects, ça donne un peu l’impression (que beaucoup de séries sud-coréennes partagent) que la série essaie de dire « bouh c’est dur aussi d’être riche, faut pas croire » ; mais dans ses meilleures scènes, notamment sur la fin de la saison, elle parvient vraiment à interroger les normes qui se sont abattues sur Il Deung, qui commence à les questionner à voix haute.
    C’est presque l’intrigue qui finit par le plus intéresser la série, alors qu’au départ l’adolescent semblait n’exister que pour son béguin envers Ah Yi (totalement écarté par la suite). Dans une culture scolaire tellement intensive, où aux cours du lycée se succèdent les cours du soir pour bachoter, plus les révisions à la maison, quelle place pour exister ? Pour juste être une personne, et non un projet ?

    Dans son interrogation des normes, Annarasumanara accomplit parfaitement ce qui est attendu d’une série sur l’adolescence. Son regard sur l’âge adulte est intransigeant, et insiste à plusieurs reprises sur un conflit de générations qui va bien au-delà d’une simple rébellion. Dans un monde où les adultes font défaut, les enfants n’ont pas d’autre choix que de grandir trop vite. Pas étonnant que dans cet univers, le magicien Ri Eul apparaisse, paradoxalement, comme le seul adulte de confiance, puisque c’est le seul à cultiver leur émerveillement d’enfant.
    Malgré ses défauts (et un sacré ventre mou vers le milieu ; j’ai dû m’y reprendre à deux fois pour finir l’épisode 3), Annarasumanara réussit sur le fond.

    Sur la forme ? Il y a quelques bons moments, notamment le numéro d’ouverture, qui semble établir que les passages chantés sont le fait d’un enchantement (ça rappellera passagèrement l’épisode musical de Buffy, mais ce mécanisme sera totalement occulté ensuite). Plusieurs chansons sont assez oubliables d’un point de vue musical, se reposant surtout sur la réalisation, qui a quelques effets spéciaux décents dans sa manche ; certains épisodes sont en outre beaucoup moins musicaux que d’autres, ce qui, pardon hein, mais sur seulement 6 épisodes, il n’y a pas de quoi pavoiser. Quant à l’épisode de conclusion, il se dépêche de donner une conclusion à l’affaire de disparition qui, si elle était mentionnée en toile de fond, elle n’a en revanche jamais présenté le moindre enjeu émotionnel.
    Est-ce qu’Annarasumanara est une mauvaise comédie musicale ? Pas vraiment, elle semble connaître ses classiques (comme le prouve son numéro final : ici aussi, restez pendant le générique), possède une bonne maîtrise des codes du genre, et globalement fonctionne plutôt bien. Il ne faut simplement pas en attendre une expérience magique.


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  • Le retour

    7 mai 2022 à 22:18 • Review vers le futur •

    Beaucoup de séries parlent de guerres ; peu parlent de l’après. C’était ce qui me fascinait dans le synopsis de Maa Waqf El Tanfeez (ou Suspended, de son titre international), une série syrienne sur… bon, ça me paraît assez évident.

    Diffusée pendant le Ramadan qui vient de s’écouler, elle se déroule dans un petit quartier de Damas qui, comme tant d’autres, s’était vidé pendant la guerre civile. Or, environ trois mois avant que ne commence l’intrigue, les habitantes ont commencé à revenir…

    Maintenant, il faut donc remettre le quartier sur pied. D’abord il a fallu retirer les débris, remettre en place toute l’infrastructure. Quand démarre le premier épisode, tout le quartier se prépare à accueillir le gouverneur, venu symboliquement ouvrir les robinets après que l’eau courante soit enfin rétablie. C’est vous dire si tout est à recommencer.
    Sauf que bien-sûr, ce n’est pas tout-à-fait vrai. Chaque maison du quartier a une histoire. Et ces histoires, parfois, rendent la reconstruction douloureuse, voire difficile. On ne repart pas vraiment de zéro quand les souvenirs s’entremêlent avec le présent.

    La série s’ouvre alors que dans l’une des maisons du quartier, la famille de feu Abu Hashim Al-Bari s’entredéchire avant la guerre : Attab, la fille de la famille, est accusée de tous les vices (sorcellerie, tentation, et surtout, adultère), et ses trois frères sont parfaitement préparés à l’exécuter pour ses péchés. Leur mère, une vieille femme qui commande le respect, les arrête juste à temps, prétendant qu’elle va tuer sa fille de ses propres mains et envoyant ses fils hors de la maison pour quelques heures. En réalité elle ordonne à Attab de quitter le pays et ne jamais revenir ; elle ne pardonne pas ses crimes à sa fille, mais elle lui sauve la vie, c’est déjà ça. Puis, elle prétend l’avoir assassinée et enterrée de ses propres mains, donnant ainsi satisfaction à ses fils.
    Mais depuis, évidemment, beaucoup de choses se sont passées. Et la maison de feu Abu Hashim Al-Bari s’apprête à être ébranlée par les révélations de la vieille femme sur son lit de mort…
    Dans la maison voisine vivent le professeur Haleem et sa fille. L’ambiance y est très différente : la jeune femme est libre de s’habiller comme elle le souhaite, d’avoir une vie sociale (dans les limites de la décence évidemment)… Son père est plutôt tolérant, et lui donne même de l’argent pour ses sorties. Toutefois une pomme de discorde les oppose : Haleem voudrait que sa fille prenne au sérieux ses cours à l’université. D’une façon générale, il est très attaché à l’éducation, et on le verra plus tard dans l’épisode réclamer la réouverture des écoles du quartier, toute une génération de jeunes n’ayant eu aucune sorte d’éducation.
    D’autres habitants du quartier nous sont également introduits, bien qu’avec moins de détails : un chauffeur de taxi louche (dont je ne suis pas sûre d’avoir une fois entendu le nom) ; Fozan Falallah, un entrepreneur local ambitieux et obséquieux (une combinaison qui le rend bien souvent insupportable) ; ou encore le Sheikh Rabah, figure respectée dans le quartier, qui voudrait y ouvrir un orphelinat. Il faut aussi mentionner Jenan, qui n’habite plus ici ; la jeune femme travaille désormais aux côtés du gouverneur, et apparemment est en grande partie responsable du retour de l’eau courante. On apprendra quels sont ses liens réels avec le voisinage en cours d’épisode.

    C’est compliqué, une série sur la reconstruction, et plus encore quand celle-ci est contemporaine ; dans une série historique, la distance avec les spectatrices est induite par la chronologie (et ses manifestations telles que les costumes ou la technologie). Mais ici, on est dans l’un des rares cas pour lesquels cette reconstruction n’est pas vue avec du recul, mais avec le regard douloureux d’une série syrienne qui parle de ce que ses spectatrices syriennes vivent. Une entreprise qui requiert un doigté tout particulier.
    Cela se sent par exemple dans le fait qu’à aucun moment, j’ai bien dit AUCUN, Maa Waqf El Tanfeez ne mentionne la guerre : la seule référence à peu près explicite que ce premier épisode y fera tient dans une réplique qui parle de « circonstances ». Paradoxalement, cette absence est partout : l’intrigue de la série tourne autour de l’après ; mais dire après quoi est trop douloureux.

    Cette introduction d’une quarantaine de minutes met en place, notamment grâce à la cérémonie pendant laquelle le gouverneur est reçu par le quartier, toutes sortes de dynamiques entre les personnages. Ce sera de toute évidence le point focal du reste de la série. Maa Waqf El Tanfeez n’est pas là pour nous parler de l’eau courante, de l’électricité, même pas vraiment des écoles ou de l’orphelinat. Elle est là pour nous dire comment le passé informe la façon dont, au présent, le quartier se reconstruit ; les tensions qui l’animent, souvent plutôt à l’intérieur d’un même foyer qu’entre différentes familles, sont la plus grande menace à l’équilibre fragile que le quartier tente de retrouver.

    Dés que je l’ai repérée parmi les nouveautés du Ramadan 2022, Maa Waqf El Tanfeez m’a rendue très curieuse. C’est, en fait, la première série que j’ai lancée cette semaine via mon compte tout neuf sur Shahid. Depuis un bout de temps maintenant, je vous parle de cette plateforme (adossée au groupe MBC), et j’ai remarqué qu’elle offrait, à l’occasion du Ramadan cette année (et même quelques jours plus tard), une promotion exceptionnelle réduisant son abonnement à près de 3€ par mois pour un an. Grâce aux contributions généreuses du mois d’avril sur uTip (et un mois relativement calme côté frais vétérinaires), j’ai enfin pu sauter le pas, et je voulais vous en remercier.
    Cette review de pilote n’aurait jamais vu le jour sans vous. Et j’ai hâte d’avoir le temps, à l’avenir, pour des reviews de saison.


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  • The Kanojo Experience

    6 mai 2022 à 22:45 • Dorama Chick •

    Avec le lancement de la nouvelle saison japonaise le mois dernier, les idées de dorama à commencer ne manquent pas. Pourtant, une série en particulier avait attiré mon attention d’emblée, et j’en surveillais étroitement les sous-titres : Ashita, Watashi wa Dareka no Kanojo. Derrière ce titre un peu long (littéralement : « Demain, je serai la petite amie de quelqu’un ») se cache une adaptation d’un manga dont j’ignorais jusque récemment l’existence, au synopsis un peu singulier : suivre le quotidien de jeunes femmes qui louent leurs services comme escorts, mais sans échange de services sexuels (même pas ceux fournis, pourtant légalement, par les personnages d’une série comme Fruits Takuhaibin, qu’à l’époque j’avais reviewée en intégralité ici).
    Être une petite amie sur commande, ce n’est pas nouveau et certainement pas au Japon où le phénomène est connu et documenté depuis environ les années 90, souvent par son aspect sensationnaliste en cela qu’il concerne également des adolescentes (un phénomène nommé enjo kousai ; c’était, après tout, le point de départ de Kamisama, Mou Sukoshi Dake dés 1998).

    Il s’agit donc un sujet qui a soulevé son lot de débats plus ou moins de bonne foi au fil des décennies, sur la moralité de la chose, les motivations financières de ses participantes, ou encore les dynamiques genrées révélées par ce travail… mais, comme souvent dans ce domaine de relations transactionnelles (qu’elles soient sexuelles ou non), on entend assez peu les premières concernées sur le sujet.

    Trigger warning : maltraitance infantile, agression sexuelle.

    Or, Ashita, Watashi wa Dareka no Kanojo est précisément une série qui se déroule entièrement du point de vue de jeunes femmes offrant cette fameuse « girlfriend experience« .

    De ce côté-là on ne peut pas dire que le premier épisode déçoive. Ashita, Watashi wa Dareka no Kanojo semble prendre un tour semi-anthologique, dans lequel chaque épisode concerne une jeune femme en particulier, détaillant sa vie quotidienne ainsi que ses activités rémunérées, et nous donnant accès à ses pensées, ses souvenirs, ses émotions. Et soyons claires tout de suite : il n’y a rien là d’aspirationnel. Ashita, Watashi wa Dareka no Kanojo est déterminée à ne pas donner de girlfriend experience à ses spectatrices, mais au contraire à les pousser à l’empathie.
    L’héroïne du premier épisode est Yuki, une jeune femme qui nous introduit à son quotidien avec un discours en voix-off désabusé : la vie à Tokyo requiert de l’argent, un support system robuste, et un caractère en acier trempé. Et même avec tout ça, la vie est difficile, limitée, réduite à la survie bien souvent. De son minuscule studio tokyoïte, elle nous invite à regarder les conditions dans lesquelles elle essaye de survivre, donc, alors qu’elle n’a ni argent, ni entourage sur lequel se reposer, ni même une force de caractère phénoménale. Ce dernier point est évidemment à relativiser : c’est la façon dont elle se perçoit avant tout… mais il y a une bonne raison à cela : Yuki vit avec un traumatisme conséquent. Quelques très brefs flashbacks nous invitent à découvrir qu’elle a grandi dans la pauvreté et la négligence, et même si on ne nous dit pas comment (pas vraiment besoin de toute façon), cette enfance dénuée l’a laissée avec une large cicatrice sur la joue droite. Afin de travailler, elle camoufle sa balafre sous une épaisse couche de fond de teint qu’elle commande spécialement, et qui lui permet d’avoir l’air « normale » et « jolie » (ces critères étant, naturellement, un peu arbitraires), un prérequis dans sa profession.
    Pour un épisode d’introduction, choisir une protagoniste comme Yuki n’est pas innocent : il s’agit de montrer qu’il n’y a rien de glamour dans cette existence, et que derrière le sourire parfait adressé à sa clientèle parce que le job l’impose, il y a en réalité une vraie complexité. Cette complexité, les clients ne sont pas prêts à l’entendre (j’y reviens), mais Ashita, Watashi wa Dareka no Kanojo estime que nous, si.

    Yuki endosse le rôle de la petite amie idéale avec aisance, mais invite les spectatrices à ne jamais perdre à l’esprit qu’il s’agit bel et bien d’un rôle. Elle nous invite à relever ce qui, dans le discours de ses clients, est parfois mauvais signe (« je veux vous revoir/réembaucher plus souvent » n’est par exemple pas la bonne nouvelle qu’on pourrait croire), par exemple ; ça, et le fait que certains clients espèrent par ce discours pouvoir obtenir des relations sexuelles (un très bref flashback nous indiquera que certains ne demandent même pas). D’une façon générale, le fait qu’elle ait grandi et vive toujours aujourd’hui sans le moindre privilège nous invite à considérer les dynamiques à l’oeuvre dans son métier. Et Ashita, Watashi wa Dareka no Kanojo insiste beaucoup, implicitement ET explicitement, sur cette notion de privilège.
    La série semble aussi fermement décidée à explorer ce privilège d’un point de vue genré ; sans le nommer comme tel, bien-sûr (ou au moins, pas dés le premier épisode ; mais les séries japonaises donnent rarement dans l’énonciation verbale de ce genre de choses). Deux clients que nous verrons pendant ce premier épisode vont insister sur le fait qu’ils sont conscients que Yuki n’est pas une vraie petite amie : ils répètent combien ils savent que ce qu’elle leur fournit est faux ; c’est dit à la fois avec une forme de clarté, et une forme de regret. Cela sonne comme une souffrance pour eux : « je sais que ce que tu me dis n’est pas ce que tu penses », et clairement dans l’espoir d’être contredit dans au moins un cas… mais en même temps, la série n’est pas intéressée par leur blessure d’orgueil. Pas une seconde. Ce que ce premier épisode souligne à plusieurs occasions, c’est que cette attitude est précisément ce qui en fait des hommes que Yuki ne fréquenterait pas autrement que professionnellement : ils veulent à la fois payer pour ce service, et avoir le sentiment de mériter une petite amie comme elle gratuitement (…sauf qu’évidemment, ce n’est pas « elle »). Vouloir ce degré de contrôle sur non ce que Yuki leur dit, mais ce qu’elle pense et ressent, est précisément ce qui en fait des clients et non des petits amis potentiels.

    Les épisodes suivants devraient nous montrer d’autres profils ; la meilleure amie de Yuki, Rina, est vraisemblablement la prochaine. Elle travaille dans le même secteur que Yuki, mais a une personnalité différente, plus ouverte. Dans cette introduction, nous la voyons brièvement se réjouir de commencer à fréquenter un homme (…personnellement), ce qui tourne au vinaigre avant la fin de l’épisode. Quelques plans passagers nous donnent un aperçu encore plus bref des trois autres protagonistes ; je suis particulièrement intéressée par la jeune femme plus size (pour le Japon, en tout cas). Il est très rare de voir de telles protagonistes sur les écrans japonais (à part quelques rôles secondaires et/ou à l’occasion Naomi Watanabe), et j’anticipe que ça veut dire qu’on nous parlera (à mots couverts, certainement) de grossophobie, vu l’ambiance de ce premier épisode, mais peut-être pas uniquement.
    En tout cas il y a vraiment beaucoup de choses qui se disent pendant cette première demi-heure de télévision, qui a dépassé mes espérances. Il m’a d’ailleurs fallu faire deux pauses pendant ce visionnage, pour aller me « dégourdir les jambes », c’est-à-dire aller hurler dans la cuisine en répétant « wow ! oh my Dieu, wow ! sérieusement ! wooow » pendant deux à trois minutes en portant mes mains à ma nuque tout en marchant en rond. Bon, vu mon histoire personnelle et mes inclinations féministes, ce n’est pas très surprenant, mais si les trigger warnings de cette review vous font le même effet qu’à moi, Ashita, Watashi wa Dareka no Kanojo est définitivement une série à tenter.


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  • Times gone by

    5 mai 2022 à 20:49 • Telephage-o-thèque •

    La fiction sud-africaine produit peu de séries historiques ; c’est ironique parce que… eh bien, parce que la série sud-africaine la plus célèbre dans le monde est Shaka Zulu, précisément une série historique ! Et lourde d’histoire elle-même, qui plus est.
    Alors évidemment, on peut nommer des exceptions : certaines séries reviennent sur la fin de l’Apartheid (comme When We Were Black qui retrace les émeutes de Soweto en 1976), et éventuellement on peut considérer The Road comme une série sur les années 50 (on en parlait ici)… mais au final, malgré ces quelques contre-exemples, très, très peu de séries historiques existent. Plus important encore, même quand elles existent, elles ne portent jamais sur la période précoloniale. En 2018, M-Net avait bien annoncé de réécrire cette page de l’histoire télévisuelle sud-africaine en commandant Shaka Ilembe, mais la série n’a finalement jamais vu le jour ; la pandémie y est peut-être pour quelque chose, le tournage n’ayant pas encore commencé à l’été 2019… Même chose pour House of Phalo, sur l’un des tous premiers rois du peuple Xhosa, qui devait être la réponse sud-africaine à Game of Thrones.

    C’est ce manque que vient combler Ifalakhe, une série lancée à l’automne 2019 par la chaîne du satellite Mzansi Magic. Et c’est, évidemment, mon sujet du jour, puisque j’en ai vu le premier épisode à l’occasion de ma courte exploration de Showmax.
    Tournée entièrement en isiZulu (dans un pays où les séries monolingues sont devenues rares), la série s’intéresse en fait à l’Afrique du Sud avant même la formation de l’empire zoulou. Même si Ifalakhe ne délivre pas de date précise, cela signifie qu’on remonte donc au moins au 16e siècle, voire plus tôt.

    Il semble en fait que la série ne se considère pas comme une série sur une partie spécifique de l’Histoire, ou sur des figures historiques en particulier. C’est plutôt qu’elle utilise une période approximative de l’Histoire sud-africaine pour y mettre en place une géo-politique fictive. Dans une interview au moment du lancement de la série, la productrice exécutive, actrice et superviseuse du scénario Gugu Zuma-Ncube (oui, fille de) indiquait que : « Ce n’est pas une série historique et il n’y a pas d’exactitude dedans. Elle ne suit pas de tribu réelle. Bien que les tribus dépeintes soient librement basées sur les zulu et les khoisan, nous avons emprunté à tout le continent. Nous voulions simplement proposer une représentation visuelle de ce que nous étions ». Faute d’être capable de trouver un meilleur terme, je vais continuer de la qualifier de série historique, mais vous le voyez, avec une clause en petits caractères.
    Mais alors, du coup, la bonne nouvelle, c’est que cela signifie que tout le contexte dont on a besoin est délivré par la série ; pour une novice comme moi (et, je le présume, comme la plupart d’entre vous), c’est bien pratique.

    Ainsi donc, Ifalakhe s’intéresse à 3 groupes ethniques principaux : la tribu Okuhle, qui règne sans partage sur un immense royaume conquis jadis dans la violence ; la tribu Khanya, ennemie jurée, qui a refusé de se plier à son influence et vit à ses frontières ; et la tribu Majongwe, qui a été conquise par les okuhle puis intégrée de force, y compris sur un plan culturel et religieux.
    Lorsque la série commence, Khombindlela est le roi okuhle ; à ses yeux, il est à la fois un conquérant et un fédérateur. Quelques années plus tôt, il s’est saisi des terres majongwe, apparemment dans le but de prendre pour épouse Mvelenhle, qui est devenue sa première femme. Plus tard, il s’est marié avec une femme okuhle, prénommée Nomvula. Toutes les deux portent le titre de reine, mais, comme beaucoup de cours royales à travers le monde, il y a tout de même une hiérarchie ; qui plus est, le roi est ostensiblement plus épris de Mvelenhle (ce que ce premier épisode souligne à plusieurs brèves mais très claires reprises). Celle-ci lui a déjà donné sept filles, et est enceinte à nouveau, tandis que Nomvula est, au même moment, enceinte de son premier enfant. Et à ce stade, la course est lancée pour savoir qui aura un fils en premier, lequel hériterait du trône.
    Chez le peuple khanya, les choses sont assez différentes. Le roi Ndukuzakhe n’a qu’une seule épouse (également sa meilleure conseillère), laquelle lui a donné une seule fille qui, même si elle n’est encore qu’un bébé, héritera de son royaume plus tard.

    C’est bon, vous suivez ? Je sais que je viens de balancer plein de noms, mais je suis pas Ifalakhe, moi : j’ai pas de talent pour raconter des histoires. Parce que, honnêtement, à voir le premier épisode de la série, tout ça a l’air d’une limpidité impeccable, et on comprend instantanément qui est qui, et qui fait quoi, et pourquoi. Les scènes se succèdent avec une remarquable efficacité, et mettent en place les dynamiques de cet univers, et la place de chacune au cœur de celui-ci. Cette place a d’autant plus d’importance que dans le premier épisode, Mvelenhle commence à ressentir ses premières contractions, et que Nomvula comprend, paniquée, que si elle veut donner naissance à l’aîné mâle du roi et maintenir sa place précaire, il va falloir qu’elle s’agite ; elle décide donc de faire tout ce qui est en son pouvoir pour essayer d’accoucher ce jour-là aussi. L’enjeu de l’ordre de naissance n’est pas important que pour les épouses du roi : Khombindlela lui-même est sur le point d’apprendre que les deux fils qui vont naître ce jour-là ont un destin bien spécifique…

    À ce stade de ma review, il faut que je vous dise qu’Ifalakhe est aussi… une série fantastique.
    Enfin, plus ou moins. Pas au sens de, disons, Merlin, par exemple ; mais en cela que la série tient pour acquis que les croyances des différentes tribus sont fondées. Lorsque le roi Khombindlela prie pour implorer conseil, aide ou pardon de la part de Déesses, celles-ci répondent (par le biais d’une sorte de prêtresse). Lorsque ce même roi emploie un objet mythique connu pour ressusciter les morts et panser les plaies, eh bien, sur le champ de bataille, les morts ressuscitent et les plaies sont pansées. La série tient complètement pour acquis que les croyances de ce peuple sont fondées, que les rites ne sont pas juste venus d’un autre temps, mais qu’ils portent une signification réelle, et surtout, qu’ils ont un impact. En créant un climat où le surnaturel est familier au lieu d’étrange, ce premier épisode ne crée donc pas une irruption dans le réel, mais en étend le sens ; et du coup, les possibilités narratives aussi. Quand cette détestable Nomvula décide d’aller voir un sorcier pour lui demander de provoquer son accouchement aussi vite que possible, et que celui-ci lui propose un échange cruel, on prend complètement au sérieux les tractations et leurs potentielles conséquences. Et quand, à la fin de l’épisode, les Déesses punissent le roi Khombindlela et lui annoncent que son premier fils sera un grand roi, mais le second sera un monstre qui, s’il n’est pas tué à la naissance, assassinera son père dés qu’il atteindra l’âge adulte… forcément, on prend la prophétie au sérieux. La question, bien-sûr, est de savoir qui sera le premier fils ! Et comme vous le voyez sur le matériel promotionnel, la situation devient pressante…
    Ces problèmes se présentent alors que, dans le même temps, la guerre fait rage entre Okuhle et Khanya, et que, parmi les citoyennes de la tribu Majongwe ayant survécu se posent la question de l’assimilation.

    Cette première heure d’Ifalakhe est vraiment réussie ; les protagonistes ne sont pas très complexes, comme c’est souvent le cas pendant une exposition, mais certaines, toutefois, sortent un peu du lot. Par exemple, le roi Khombindlela est un guerrier valeureux mais aussi un homme très pieux et torturé ; ou bien, l’épouse du roi Ndukuzakhe (dont hélas je n’ai pas retenu le nom) est un fine stratège et une femme au caractère imposant.
    Il faut aussi ajouter que la série est incroyablement belle ; je ne suis pas toujours aussi enthousiaste qu’elle sur les ralentis, mais pour le reste, visuellement, c’est formidable, avec notamment des couleurs et éclairages splendides qui élèvent les scènes, alors qu’elles se passent quasiment toutes en pleine nature (la série a été tournée à Africaland, un espace de loisirs logé aux abords d’un parc naturel du nord-est de l’Afrique du Sud).
    Hélas en faisant mes devoirs, je me suis aperçue que mon enthousiasme n’avait que modérément été partagé : après son lancement à l’automne 2019, Ifalakhe n’a pas rencontré son public (pire, une petite polémique a apparemment entouré sa conception, qui s’est faite alors qu’une série historique concurrente a été annulée en plein tournage). Hors quelques nominations aux SAFTAs (dont une pour les costumes, méritée vu le travail de reconstitution fait avec si peu d’archives précoloniales existantes), la série n’a pas vraiment laissé d’empreinte, et n’a par conséquent duré qu’une saison.
    Ce ne sera pas encore aujourd’hui que les séries historiques sud-africaines trouveront la rédemption.


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  • Réincarnations

    1 mai 2022 à 21:25 • Review vers le futur •

    Léa a 17 ans et, comme toutes les adolescentes au monde, elle est la seule au monde à avoir des préoccupations. Noyée dans l’impression qu’elle a de n’avoir rien pour elle, la voilà qui se retrouve, à quelques jours du Bac 2021, à consommer de la drogue pendant une fête, puis d’aller s’isoler un peu plus loin. Les idées noires, elle a plus ou moins décidé, sur le moment, de mettre fin à ses jours… avant de trébucher et trouver un cadavre dans les mêmes gorges où elle a failli mettre fin à sa vie. Dés lors, Léa devient fascinée par cette affaire, et tente d’en comprendre les tenants et aboutissants.

    Trigger warning : tentative de suicide.

    Ce point de départ morbide, c’est celui de la série française Les 7 Vies de Léa, une production Netflix lancée cette semaine, et que je ne m’attendais pas à apprécier autant. C’est certainement un des meilleurs thrillers adolescents de ces dernières années… et il a été produit chez nous ?! Et, en plus, c’est une série fantastique (décidément les séries de genre se portent bien en ce moment chez Empreinte Digitale). Je sais pas quoi vous dire, c’est inespéré.

    Car oui, la façon dont Léa mène son investigation personnelle sur le cadavre qu’elle a trouvé est, à son insu, une méthode surnaturelle : chaque soir, en s’endormant, elle se retrouve dans la peau de quelqu’un vivant à quelques jours du Bac 1991 ! Ce bond de 30 ans en arrière n’est, en outre, pas aléatoire : le corps qu’elle a trouvé par accident est celui d’Ismaël, un jeune homme qui était l’ami d’enfance de ses parents. Nuit après nuit, Léa se retrouve donc à vivre l’existence de gens qui lui sont plus ou moins proches, dont, oui, ses parents, avec lesquelles elle est (là encore comme toutes les ados) particulièrement en mauvais termes. C’est toute une page de leur existence qu’elle va ainsi découvrir, et par ce biais, elle tente de progressivement lever le voile sur les circonstances de la mort d’Ismaël en 1991. Mais évidemment, ces expériences dans le corps d’autres gens sont éphémères : sitôt que la personne s’endort, Léa retourne à sa vie en 2021… et découvre les conséquences de ses actions.
    Les 7 Vies de Léa, disons-le franchement, est assez peu intéressée par l’aspect mythologique de ce voyage dans le temps par le rêve (et c’est son droit le plus strict, absolument pas une critique : parfois, c’est ce qu’une série a besoin de faire, comme c’est le cas par exemple dans Plan B). On ne nous dira pas vraiment comment ou même pourquoi tout cela se produit. Léa, évidemment, comme la parfaite adolescente romanesque qu’elle est, s’imagine immédiatement avoir un lien intemporel avec la victime : il faut dire qu’elle en tombe éperdument amoureuse, quand bien même 30 années (et la mort) les séparent. La série en revanche est bien moins définitive ; d’une façon générale, Les 7 Vies de Léa n’a pas envie de donner les règles de fonctionnement à la partie fantastique de son intrigue. Le mieux qu’on aura, c’est une affirmation que le passé peut être influencé par Léa pendant l’une de ses incarnations, et que quand elle se réveille le lendemain, elle peut en constater les conséquences. Mais en-dehors de ça, la série est beaucoup plus intéressée par son aspect dramatique.

    Ce qui tombe bien, parce que moi aussi ! D’ailleurs c’est fascinant ce que fait Les 7 Vies de Léa, parce que, si l’aspect fantastique change des choses sur la forme… sur le fond, on est ici dans une série qui, fonctionnellement, fait du 13 Reasons Why. MAIS ! Du 13 Reasons Why bien fait. Sans le discours et le cadre narratif malaisants autour du suicide, en particulier (qui étaient les reproches que j’adressais à ce que j’ai vu de la série).
    A chaque retour dans le passé, Léa se retrouve donc à endosser une nouvelle identité, et à faire l’expérience de la vie de cette personne pendant une journée : c’est à peu près le même principe que les cassettes. Sauf qu’au lieu de reposer sur la recherche d’indices de culpabilité (et dans le cas de 13 Reasons Why, cette culpabilité était qui plus est présentée comme morale avant tout), l’approche de la série française est de plonger Léa dans un quotidien qui révèle les difficultés de la vie d’autrui, souvent invisibles aux autres. Ces difficultés en question peuvent être socio-économiques (Les 7 Vies de Léa est l’une des rares séries françaises à embrasser toutes sortes de classes sociales, chose encore rare sur nos écrans, hélas), mais aussi familiales, amoureuses, identitaires… et généralement à l’intersection de tout cela. Léa ne ressent pas les émotions de la personne dont elle emprunte l’existence, mais elle en découvre tout de même les tourments, qui la touchent personnellement parce que, eh bien, pour quelques heures, ce sont les siens ! Son enquête se fait donc par le biais de l’empathie, et quasiment à chaque fois, l’héroïne se retrouve à essayer, au moins un peu, d’améliorer leur vie et de faire de bons choix. Souvent, ces choix coïncident avec les intérêts d’Ismaël, puisqu’elle s’est mis en tête de lui sauver la vie, mais pas exclusivement ; il y a des passages pendant lesquels, véritablement, Léa se retrouve à avoir de l’affection pour ces gens, et essayer de changer leur destin pour le meilleur. Même pour les personnes dont elle n’incarnera jamais l’identité, on la trouvera à ressentir de la bienveillance (c’est le cas par exemple pour un personnage secondaire dont elle se dira « c’est triste… j’espérais vraiment un autre destin pour lui »).
    Ce travail poussant Léa à se mettre (littéralement ET émotionnellement) à la place d’autrui est vraiment au cœur de l’intérêt de la série. Parce que l’intrigue ne porte pas sur un mort lambda, mais sur un proche de ses parents, c’est l’occasion pour l’héroïne de remettre en question ses certitudes sur ses parents (et sa famille au sens large), qu’elle considérait jusque là d’un oeil très négatif, bien-sûr. L’enquête que Léa mène lui permet de comprendre que, même si ses parents sont imparfaites, elles contiennent aussi des nuances et contradictions insoupçonnées qui les rendent humaines. C’est une partie importante du passage à l’âge adulte qui se joue ici, et qui prouve que, en plus du reste, Les 7 Vies de Léa est une série coming-of-age prenant très au sérieux le parcours intérieur de sa protagoniste éponyme. En plus de lui donner une chance de résoudre le mystère entourant la mort d’Ismaël trois décennies plus tôt, l’intrigue lui donne aussi l’opportunité de grandir. L’empathie pour mieux connaître les autres, oui, mais aussi pour mieux se connaître soi. Tout cela se produit en outre à quelques jours du Bac, je l’ai dit, alors que Léa n’a aucune idée de ce à quoi son avenir pourrait bien ressembler : elle est convaincue de ne jamais passer le Bac, de n’avoir aucune passion, de n’avoir aucun projet. Ces retours dans le passé, paradoxalement, vont l’aider à se projeter dans le futur, du moins autant que faire se peut en l’espace d’une semaine (puisque c’est là la chronologie de la série pour la partie se déroulant en 2021).

    Même si j’ai été un peu laissée circonspecte par sa conclusion (j’ignore si c’est la même que dans le livre dont elle est l’adaptation, d’ailleurs), dans l’ensemble j’ai été très convaincue par ce qu’a accompli Les 7 Vies de Léa pendant cette saison. Elle doit beaucoup à une distribution solide, qui tire pleinement partie des talents de jeunes actrices qui doivent en fait interpréter deux rôles : le leur, et Léa quand elle les incarne. C’est très souvent réussi, et il y a dans ce générique des noms dont il faudra se souvenir.
    Certains dialogues sont un peu « raides », comme souvent dans les séries françaises hélas (c’est notre plus gros talon d’Achille national), mais d’autres sont très bons. Sur la question du ton, aussi, bien que jonglant avec plein de choses, la série réussit plutôt bien à trouver un équilibre tout en s’autorisant à expérimenter. Il y a un épisode en particulier que j’ai trouvé très réussi, quand la série commençait à prendre son rythme, qui jouait ainsi très bien sur les changements d’identité mais aussi d’époque… Léa illustrant, à son corps défendant, combien les ados de 2021 voient les choses différemment de celles de 1991 sur plusieurs sujets. Plutôt que de tourner cela comme un détail cosmétique, Les 7 Vies de Léa emploie ses deux intrigues parallèles pour souligner l’évolution des mentalités sur le sexisme ou la masculinité toxique par exemple, ce qui parfois provoque un choc sincère lorsque la jeune fille se retrouve dans les années 90. Il faudrait aussi parler de l’incroyable utilisation des décors provençaux de la série, qui participent tellement à son univers que j’ai failli dire que la Provence est un personnage à part entière (du coup je l’ai pas dit, là !). Les 7 Vies de Léa emploie le drone le plus chanceux de l’univers, qui nous le rend bien.

    Vraiment, sans aller jusqu’à dire que c’est une série parfaite (mais quelle série l’est ? d’autant que je ne suis certainement pas dans la cible de celle-ci, vu que j’ai quasiment l’âge des parents de Léa !), on est ici devant une série réussie. C’est déjà pas mal, surtout pour un investissement de seulement 7 épisodes, qui passent incroyablement vite. Si vous n’avez pas encore jeté un oeil à Les 7 Vies de Léa, je ne peux que vous encourager à vous y mettre au plus vite.
    Et qui sait, peut-être même qu’une deuxième saison permettrait d’en changer la conclusion ?


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  • Sea, surf and sun

    30 avril 2022 à 19:33 • Review vers le futur •

    Pour nous, c’est bientôt l’été ; pour l’Australie, il est révolu et l’automne qui a commencé porte une certaine nostalgie. C’est donc le moment idéal pour que toute la planète tombe d’accord pour regarder Barons, une nouvelle série de la télévision publique lancée il y a quelques jours, et qui se déroule dans l’univers du surf. Et dans les années 70, parce que tant qu’à donner dans la nostalgie…

    Quelle genre de série peut se dérouler dans ce milieu ? Eh bien, contrairement par exemple à Puberty Blues, Barons a décidé d’employer des personnages adultes, avec des préoccupations d’adultes. Notamment : l’argent. Contre toute attente, Barons est aussi une série sur le monde des affaires, et s’appuie (sans les nommer) sur les origines des marques Quicksilver, Billabong ou Rip Curl.

    Au départ, la vie semble belle sur la côte du sud de l’Australie. On est en 1971, et un groupe de surfers profite des vagues, du soleil, du bar voisin. Barons met principalement en scène Snapper et Trotter, deux potes qui financent leur mode de vie très décontracté grâce à un petit commerce de tenues de surf, Barefoot. La compagnie appartient à Snapper, qui a dessiné les combinaisons de la marque, lesquelles sont cousues main par quelques membres de la bande. La paie est irrégulière, et le travail mal organisé, mais dans l’ensemble ça suffit à s’acheter quelques coups entre deux glissades sur les flots, et c’est tout ce qui compte. Snapper, en particulier, est quelqu’un qui n’a pas envie de se prendre la tête ; quand il a besoin d’argent, au pire, il se rabat sur une autre activité économique… en revendant de la drogue. Bon.
    Le truc, c’est que Trotter a quelques ambitions, quand même. On apprend au cours de l’épisode qu’il a déjà eu un vrai emploi au sein de la compagnie de tissus qui fournit la matière des combinaisons à Barefoot, et qu’il n’a pas toujours été un hippie, contrairement à la plupart des autres personnes de sa petite communauté. Trotter a la bosse du commerce, mais comme Barefoot appartient à Snapper, il est assez limité dans ce qu’il peut entreprendre, et surtout, n’a pas vraiment son mot à dire sur l’affaire pour laquelle il imagine des projets d’extension. Ce qui fait également de lui un cas à part, c’est qu’il est le seul à être dans une relation stable : avec Tracy, une jeune femme d’origine asiatique qui est également enseignante. Dans le premier épisode, Trotter demande Tracy en mariage, quasiment en parallèle d’une idée qui le taraude : créer sa propre compagnie de vêtements de surf, puisqu’il se sent dans une impasse avec Snapper. Le projet, nommé Light Wave, prend progressivement forme dans cette introduction, avec un premier produit conçu par Trotter mais aussi soutenu par Tracy ; toutefois, l’idée ne va pas faire que des heureuses…

    Barons jongle avec des choses en apparence peu compatibles : le groupe de surfers qui occupe son intrigue est fondamentalement hippie, mais on y trouve en même temps une intrigue très capitaliste. Personne parmi les protagonistes, au moins pour le moment, ne semble avoir de problème avec cela sur un plan idéologique/politique, pas même Danielle, qui est celle du groupe qu’on entend le plus prendre position politiquement sur d’autres choses pendant cet épisode. La série elle-même n’est pas très intéressée (au moins pour le moment : la série ne fait que démarrer) par ce paradoxe, qui pourtant ne serait pas dépourvu de potentiel dramatique.
    A la place, on nous raconte plutôt comment cette communauté est au bord de l’implosion. Les tensions autour de Barefoot et Light Wave sont évidemment au centre de tout, révélant des tensions antérieures (…notamment parce que Tracy a quitté Snapper pour Trotter lorsque celui-ci est arrivé dans le groupe), ainsi que des problèmes extérieurs. En toile de fond de tout cela vient se superposer le monde « normal » (comprendre : non-hippie), difficile à oublier : les rapports avec des membres de la famille, ou, bien-sûr, le Vietnam, pour lequel les jeunes gens continuent d’être appelés (et le seront jusqu’en 1972). C’est le cas d’une intrigue secondaire avec Reggie, un jeune homme aborigène (adopté par des parents blancs) qui voit sa date de naissance tirée au sort pendant ce premier épisode.

    Dans l’ensemble, ce premier épisode remplit très bien sa fonction d’exposition, présentant les protagonistes de façon assez complète tout en posant les jalons pour les intrigues à venir. C’est efficace, à défaut d’être follement enthousiasmant par exemple d’un point de vue visuel : les rares scènes de surf sont assez quelconques, et le reste n’a pas vraiment de cachet non plus d’ailleurs. Le seul point fort esthétique de la série, c’est Sean Keenan (qui, 15 ans après Lockie Leonard, revient donc à une série sur le surf), qui, derrière ses mèches blondies par le soleil, délivre en outre une solide interprétation, quoique limitée par un rôle pas très original pour le moment. Cependant il est assez évident à ce stade que Barons n’est pas là pour l’originalité. C’est une série qui, outre le fait qu’elle est courte (sa première saison ne durera que 8 épisodes), tente avant tout de délivrer une série facile à regarder, relativement par tout le monde qui plus est (pas vraiment summer of love…).
    Ce n’est pas déplaisant, et donc la série parfaite à regarder alors que le soleil nous réchauffe gentiment la peau. Au-delà… ma foi, l’été ne dure jamais aussi longtemps qu’on le souhaiterait.


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  • The sisterhood of the traveling guilt

    29 avril 2022 à 20:48 • Telephage-o-thèque •

    Il y a deux écoles de pensées principales lorsqu’il s’agit de traiter une affaire de meurtre : soit par le genre policier, en se demandant qui a tué, comment, et éventuellement pourquoi ; soit par le genre dramatique, en se demandant quelles sont les causes et surtout les répercussions de cet acte criminel. Ces séparations (certes parfois légèrement perméables) font qu’il est des séries sur des meurtres qui adoptent le point de vue des enquêtrices, et des séries qui au contraire, se placent du côté des survivantes, qu’elles soient proches de la victime et/ou coupables (…dans certains cas empruntant au fantastique, on trouve aussi la victime elle-même !).
    La série islandaise Systrabönd, proposée par la plateforme nordique Viaplay à l’automne dernier, choisit son camps lors d’un premier épisode qui met ostensiblement l’accent sur les trois femmes qui, voilà 30 ans, étaient inséparables, et qui aujourd’hui mènent des vies séparées ; sauf que ce n’est pas l’ordre naturel des choses qui a fait bifurquer leurs parcours, mais une tragédie concernant une quatrième jeune fille qui avait disparu à l’époque.

    Je vous le dis tout de suite, j’ai instantanément accroché à cette entrée en matière ; il faut dire que je suis infiniment plus réceptive à l’approche dramatique.

    Dans les années 90, elles étaient trois adolescentes toujours fourrées ensemble. Aujourd’hui tout sépare Karlotta, Anna Sigga et Elísabet. La première est devenue infirmière, et sur son temps libre, fournit un travail personnel intense pour garder le contrôle sur son alcoolisme, qui a vraisemblablement compliqué une partie de son passage à l’âge adulte. Anna Sigga est cheffe dans un restaurant où elle se tue à la tâche pour un patron trop ambitieux (et trop pingre pour employer plus de personnel), mais se prépare à ralentir un peu la cadence dans un service de traiteur ; cela lui permettra, peut-être, de passer plus de temps avec son enfant. Quant à Elísabet, elle est devenue pasteure et a un bébé en bas âge, tout en gérant le foyer qu’elle partage avec son mari ainsi que la fille adolescente de celui-ci, issue d’un premier mariage, et en plein âge difficile.
    Systrabönd passe beaucoup de temps à établir à quoi ressemblent ces vies. Des vignettes, capturées pendant ce qu’on imagine être un quotidien de la plus grande banalité, se succèdent pour nous dire comment vivent ces femmes… mais aussi qui elles sont. Par exemple, Karlotta pense avoir sa vie bien en main, et, pour la première fois, est bien dans sa peau au point de pouvoir aider les autres. Anna Sigga est une femme qui est du genre à souffrir en silence, attendant que l’orage passe ; elle s’abime le corps en travaillant d’arrache-pied pour un patron qui l’irrite chaque jour un peu plus ; heureusement, elle est incroyablement excitée par le service de traiteur qu’elle est en train de mettre en place (bien que toujours avec le même patron). Quant à Elísabet, c’est une femme diplomate, qui essaie d’apaiser les esprits dans son foyer recomposé et d’être présente pour ses ouailles, mais qui est également assez froide et calculatrice par moments.

    Ce qui transparaît dans cette succession d’introductions, puis de détails, c’est que ces trois femmes sont, globalement, heureuses. Elles se sont forgées une vie qui leur convient, au moins dans les grandes lignes. Cette vie n’est pas toujours facile, mais c’est la leur.
    Pourtant, la découverte d’un cadavre près d’une mine, dans leur ville natale, vient bousculer tout cela. Progressivement viennent s’insérer dans l’épisode introductif des scènes pendant lesquelles le corps est découvert, et la police commence à s’interroger sur son identité. Dans la région, plusieurs personnes ont disparu au fil des décennies, après tout. Pas des dizaines, mais suffisamment pour qu’il existe un doute.

    Pas pour Karlotta, Anna Sigga et Elísabet. Avant même d’échanger un seul mot, les trois femmes ont toutes eu la même idée en voyant les informations : ce corps, c’est celui d’une quatrième adolescente. Une adolescente qu’elles ont connu, dans les années 90, et qui a disparu sans laisser de traces. Sauf que Karlotta, Anna Sigga et Elísabet savent exactement ce qui lui est arrivé…
    Systrabönd (« sororité ») ne nous révèle pas encore tout ce qu’elles savent, mais en dit suffisamment pour que nous les considérions, avec aussi peu de doute que possible, comme complices sinon coupables de ce qui s’est passé (c’est d’ailleurs assez rare de mettre en scène des coupables féminines). Quelle autre explication y aurait-il à tout cela ? Quand on n’a rien à voir avec la disparition de quelqu’un (dont on prétend n’avoir pas été proche, qui plus est), on n’a pas des sueurs froides à l’idée que des ossements découverts soient les siens. D’autant que les trois femmes ont le même réflexe en apprenant la nouvelle : s’appeler après des années de silence, se réunir en cachette, et décider de la stratégie à adopter. Karlotta, Anna Sigga et Elísabet ont, parce que leurs trajectoires ont largement divergé, des opinions très différentes sur l’attitude à adopter. C’est là que les personnalités qui ont été établies plus tôt par l’épisode commencent à prendre tout leur sens : Karlotta veut faire ce qui est juste, Anna Sigga tente de ne froisser personne, et Elísabet est prête coûte que coûte à protéger sa vie et sa famille.

    Dans Systrabönd, il apparaît dés le premier épisode que ce lourd secret n’a pas la même signification pour ces trois femmes. Et c’est toute la valeur dramatique de l’affaire, bien plus que de déterminer les circonstances précises de la mort de la quatrième (un aperçu un peu confus nous sera délivré dans les toutes dernières minutes, toutefois). Ce qui compte, ce n’est certainement pas qui a tué, puisqu’on nous le dit à mots à peine couverts, mais bien les conséquences de ce meurtre sur les trois personnes qui, ce jour-là, y ont survécu.
    Comment gérer la culpabilité ? Karlotta, Anna Sigga et Elísabet ont dû se poser la question, il y a bien des années, et chacune a fait ses choix en conséquence (ou a essayé de les faire). Toutefois, la découverte de ce cadavre rebat les cartes, et réduit à néant leurs certitudes. Quoi qu’il advienne par la suite, de toute façon, il faudra vivre avec…


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  • À bon droit

    28 avril 2022 à 23:36 • Telephage-o-thèque •

    Joanna Chyłka est une avocate talentueuse dans un prétoire, mais incontrôlable partout ailleurs ; mais quand on n’a jamais perdu une seule affaire, on peut tout se permettre…

    Initialement lancée en avant-première sur la plateforme polonaise Player (dont le nom a, au moins, le mérite de la clarté) en décembre 2018, avant d’apparaître sur la chaîne TVN en mars de l’année suivante, Chyłka est un legal drama empruntant aussi au policier. Contrairement à un grand nombre de séries dans son genre, chacune de ses saisons (et elle en comporte 5 à ce jour) représente un arc unique, portant sur une seule et même affaire. La première saison, surnommée Zaginięcie (« disparition »), porte sur une affaire d’enlèvement. J’ai dû m’y prendre à deux fois pour finir de regarder l’épisode introductif, sa première partie étant assez décourageante de prime abord. Mais après avoir fini la seconde moitié de l’épisode, en réalité j’ai un peu envie de voir la suite ! Du coup, le timing étant ce qu’il est, on ne parlera aujourd’hui que du premier épisode.

    A beginning is a very delicate time… et Chyłka manque de délicatesse pour son démarrage. La série commence par présenter, évidemment, son héroïne éponyme, mais ce faisant, elle accumule toutes sortes de travers qui, s’ils passeraient certainement inaperçus dans une série de TFHein amatrice de gimmicks, en réalité ne donnent pas une impression très subtile de l’écriture. C’est que, voyez-vous, Joanna Chyłka est une connasse douée, le genre d’anti-héroïne qu’on a vue et revue ; son introduction auprès des spectatrices est donc émaillée de scènes nous prouvant par a+b qu’elle est anti-conformiste, désagréable, et a par conséquent la pire des réputations.
    L’épisode s’ouvre ainsi sur une scène dans un club, pendant laquelle Joanna rejette un homme qui lui propose un coup d’un soir, avant d’aller draguer une belle rousse… qui dans la scène suivante s’avère être un témoin-clé de l’affaire que plaide Joanna. Cette dernière (qui empeste l’alcool) semble avoir obtenu des renseignements pendant cette nuit passée avec la jeune femme, ce qui déontologiquement est évidemment plus que limite. Par la suite, on la verra invectiver un parfait inconnu dans la rue ou écouter du metal tout en sirotant un verre de paracetamol. On vous dit qu’elle n’est pas comme les autres, vous comprenez ?
    La litanie de petites contrariétés qu’elle inflige à son entourage, y compris les associés du cabinet Żelazny & McVay dont elle n’est pas encore partenaire (mais c’est son but), se poursuit… et pendant ce temps il apparaît que Joanna ne fait pas qu’apparaître comme une personne antipathique : elle l’est vraiment. Rien, absolument rien n’est fait pour l’humaniser. Ni l’écriture, ni l’interprétation, strictement rien. Même son succès, dans le fond, semble plus être dû à ses méthodes peu conventionnelles qu’à une réelle intelligence ; il n’y a pas de qualité rédemptrice chez elle.

    Plus l’épisode avançait, plus c’était évident à cause d’un autre personnage.
    Pendant que Joanna se remet de sa cuite qui lui a permis d’innocenter son client, le jeune Kordian Oryński arrive au sein de Żelazny & McVay ; c’est le jeune homme que l’avocate à verbalement agressé dans la rue. En fait, il est un nouveau collaborateur du cabinet, et évidemment comme il a énormément de chance, il a été assigné pour seconder Chyłka. Ce qui n’est pas du goût de celle-ci, naturellement : elle est du genre à préférer bosser en solo (mais une ligne de dialogue semble aussi sous-entendre qu’elle serait plus clémente avec une collaboratrice…). Au passage, ce premier épisode de Chyłka envoie des signaux contraires sur la sexualité de son héroïne, puisqu’elle a aussi une liaison avec un avocat d’un autre cabinet ; dans quelle mesure est-elle supposée être bisexuelle ou juste une opportuniste, c’est vraiment dur à dire. Elle est évidemment désagréable avec lui autant qu’avec le reste de la planète, lui ordonne d’apprendre tout le code pénal dans la soirée (par cœur, oui-oui), et décide de ne pas retenir son nom : dorénavant, elle l’appellera Zordon.
    La façon dont Kordian/Zordon est introduit est un procédé courant dans les séries. L’exemple que je prends toujours est celui du Dr Carter dans ER, mais il s’applique à un nombre énorme de fictions : on prend une protagoniste novice, on la plonge dans un univers dont il ne connaît rien, et cela sert de cheval de Troie narratif aux spectatrices qui partagent avec cette protagoniste le besoin de se familiariser à un nouvel environnement. Ce procédé joue donc sur l’identification, et crée immédiatement un lien affectif ; eh bien dans Chyłka, ça permet de continuer de montrer l’avocate de la série sous un jour antipathique. Quelque chose que la série ne veut absolument pas relativiser, on l’a dit, mais qui doit bien être compensé. D’où Zordon.

    Les choses, fort heureusement, s’animent lorsque cette introduction est enfin écartée, au profit de la véritable intrigue de Zaginięcie. C’est que, en ouverture de l’épisode inaugural, nous avons vu une personne mystérieuse charger le corps inanimé d’une petite fille dans une barque, non loin d’une magnifique demeure au bord d’un lac.
    Une fois les présentations faites pendant la moitié de cet épisode, donc, Joanna Chyłka finit par recevoir un appel d’Angelika Szlezyngier, une connaissance remontant à ses études, qui est la mère d’une petite fille, Nikola, qui a disparu. C’est Angelika et son mari, le millionnaire Dawid Szlezyngier, qui nous sont finalement révélées comme étant les résidentes de la fameuse demeure au bord du lac. Leur fille a disparu, et le couple figure en tête de la liste des suspectes… qui ne comporte que leurs noms. La police est tellement convaincue de leur culpabilité que personne n’envisage aucune autre piste, et Angelika, inquiète, demande à Joanna de venir l’aider.

    C’est là que la série commence un peu à sortir des clichés. Certes, Joanna Chyłka est toujours imbuvable (elle a en outre embarqué avec elle ce pauvre Zordon, qui lui sert de souffre-douleur régulièrement sur le terrain). Mais on commence à comprendre qu’elle connaît son job, aussi. Elle se met immédiatement en mouvement pour chercher ce que les flics ont pu rater, et qui pourrait détourner l’attention de ses clientes ; dans le même temps, elle décide de mobiliser la presse pour créer une image bien précise de parentes désespérées.
    Chyłka a l’excellente idée de ne pas transformer son héroïne en enquêtrice, mais plutôt de lui faire adopter une posture d’avocate qui, en priorité, veille aux intérêts de ses clientes, quels que soient les faits. Et d’ailleurs peu lui importe la vérité, c’est explicitement souligné pendant une longue scène au cours de laquelle les Szlezyngier réagissent à son discours et ses méthodes un peu brutales. Il est évident que, vu le peu de motivation de la police, Joanna va devoir lancer une investigation de son côté (en s’appuyant entre autres sur Kormak, le génie de l’informatique qui travaille à Żelazny & McVay pour la découverte d’informations diverses), mais la série met l’emphase non sur les preuves matérielles, mais plutôt sur les informations abstraites ou les échanges verbaux. En cela, même quand elle flirte avec le genre policier, Chyłka reste fidèle à son genre juridique, et ça fait plaisir.

    Au final, même si le démarrage de la série est extrêmement poussif et irritant, la série commence lentement à mettre en place des choses intéressantes. Et en fait, cette héroïne détestable, on finit par l’apprécier, parce qu’au moins on ne nous sort pas les violons à son propos (il y a une scène dans laquelle, brièvement, Angelika s’inquiète pour Joanna, semblant faire référence à des événements passés, mais la série comme l’héroïne la renvoie vite fait dans les cordes… j’espère que ça va durer). Elle est difficile à vivre, bon, c’est comme ça.
    Et puis, la raison pour laquelle je me suis mise devant la série, quoi qu’il en soit, c’était tout simplement parce que j’aime bien ces arcs d’une saison, par opposition à une série plus procédurale (la nostalgie de Murder One, sans doute !). Cela permet un peu plus de choses que des affaires proprement bouclées en trois quarts d’heure, et maintenant que j’ai fini cet épisode introductif, je suis bien partie pour me procurer les suivants.

    La lady d’il y a 5 ou 10 ans n’aurait peut-être pas eu cette patience, d’ailleurs. Je n’ai jamais ressenti de gêne à interrompre un « pilote » au bout de quelques minutes : la vie est courte, et la liste de séries à voir ne l’est pas. Si je ne ressens pas de potentiel, à quoi bon ? Mais ces dernières années, j’ai réalisé que, quand bien même je ne me l’interdis pas, ça se produit quand même de moins en moins souvent. Est-ce que je choisis mieux mes séries ? Ou le moment auquel je les regarde ? C’est possible. En tout cas, si je l’avais regardé à sa sortie, il est très probable que je n’aurais jamais fini le premier épisode de Chyłka, et découvert ses bons côtés. Cela ne me fait aucunement changer d’avis sur mes principes, mais ça encourage, certainement, à faire preuve de patience une autre fois.


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