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    25 janvier 2022 à 15:06 • Dorama Chick •

    Depuis la nuit des temps (mais en particulier depuis le début du 21e siècle), l’humanité se demande comment définir une dramédie. Et dans mille ans encore, quand on aura soigné toutes les maladies, résolu toutes les crises, sauvé la planète 712 fois, et même trouvé le secret de la vie éternelle, c’est probablement la seule énigme qui subsistera.
    Mais ça, c’est parce que trop peu de spectatrices dans le monde ont vu Boukyaku no Sachiko, qui répond parfaitement à cette question. Bon bah, voilà, ça c’est réglé, on peut rayer ça de nos listes. Prochaine étape : trouver le secret de la vie éternelle, du coup.

    Initialement diffusée courant 2018, la série japonaise Boukyaku no Sachiko a mis un peu de temps à me parvenir parce que, quand il n’existe rien d’autre que des fansubs, il faut savoir être patiente. Maintenant que la série est entièrement disponible en VOSTA, je suis en mesure de vous parler d’un coup de cœur qui remonte à bien des lunes en arrière, mais qui n’a fait que se confirmer épisode après épisode. La série entière repose sur un principe simple : il est dans la nature humaine d’avoir faim même quand quelque chose de triste se produit. Alors mangeons, pour oublier notre peine.
    Oui, Boukyaku no Sachiko est une « série d’appétit« , mais c’est aussi de façon surprenante une série d’appétit dont l’héroïne est largement codée comme étant une personne autiste.

    Le point de départ de Boukyaku no Sachiko est typique de ce que j’appelle donc « les séries d’appétit« , un type de série dramatique (souvent) procédurale qu’on trouve au Japon et qui se base sur la satisfaction de ses protagonistes, qui se matérialise par la consommation d’un plat ou repas, mais qui sert aussi de métaphore à la satisfaction d’un besoin plus abstrait. Le principe est simplissime (peut-être même que c’est ça, le secret de la satisfaction : la simplicité ?) mais c’est un délice d’assister à la façon dont les protagonistes vont avoir une bonne expérience d’un repas, généralement après avoir éprouvé des frustrations. Comme l’immense majorité de ces séries, Boukyaku no Sachiko est d’ailleurs l’adaptation d’un manga éponyme.
    Comme j’ai eu l’occasion de le dire plusieurs fois dans mes articles précédents sur des séries d’appétit (je vous en ai mis trois en fin d’article), leur autre qualité réside dans leur apparente simplicité et leur structure rigoureuse. Ces propriétés s’accompagnent d’une grande liberté, paradoxalement. L’héroïne d’une série d’appétit peut être tout le monde et n’importe qui ! Son histoire personnelle n’est limitée par absolument rien, et à vrai dire, plus le concept est tiré par les cheveux plus ça marche, du moment que les autres impératifs du genre sont respectés.
    Boukyaku no Sachiko a parfaitement appris sa leçon : on y retrouve tous les éléments fondamentaux pour une série d’appétit japonaise… avec un twist vraiment original, et surtout, vraiment puissant. Plus qu’aucune autre série d’appétit qu’il m’a été donné de voir jusqu’à présent, Boukyaku no Sachiko suscite autant de rires que de larmes.

    Le parcours de Boukyaku no Sachiko a commencé en janvier 2018 avec un SP d’une cinquantaine de minutes.
    SP, c’est « special », le terme qui à la télévision japonaise désigne les téléfilms, épisode exceptionnels, et même à l’occasion des formats plus bâtards proposant un montage ou un épilogue (comme pour Last Friends par exemple). Généralement, par raccourci oratoire, je qualifie ces épisodes de téléfilms, et en-dehors de leur durée bien plus variable, c’est grosso-modo ce dont il s’agit ici, ces épisodes ne s’inscrivant pas dans la diffusion (et souvent, pas dans la narration non plus) d’une saison. Quand elle existe, d’ailleurs, cette saison ! Parce que l’immense majorité des SP n’a aucun rapport avec une série. Certains en deviennent une par la suite, si les circonstances s’y prêtent (audiences, droits, sujet de la série, disponibilité du cast, etc.), cependant il ne faut pas y voir un backdoor pilot, ne serait-ce que parce que le Japon n’a pas recours à la commande de pilotes.
    A la base, le SP de Byoukaku no Sachiko, c’est juste une heure de télévision basée sur le manga du même nom.

    Sachiko Sasaki est une jeune femme qui travaille dans une maison d’édition, et est passionnée de lecture. Lorsque démarre le SP, elle est sur le point de se marier avec Shungo, son petit-ami depuis deux ans. Et quand je dis « sur le point », c’est vraiment sur le point : elle est à la réception, dans sa robe de mariée, et ses collègues sont en train de se régaler du menu tout en échangeant des réactions polies de surprise. C’est que, en côtoyant Sachiko au quotidien sur leur lieu de travail, personne mais alors : PERSONNE n’aurait imaginé qu’elle se marierait. En fait, personne n’imaginait qu’elle avait une vie amoureuse pour commencer. C’est que Sachiko est si… spéciale. Entre elles, ses collègues la surnomment la « dame de fer », parce que son comportement est extrêmement rigide, à la limite du robotique. Ce qui ne les empêche nullement de lui porter beaucoup d’affection.
    Le problème, c’est qu’au moment où Sachiko doit aller se changer pour revêtir sa tenue traditionnelle de mariage au lieu de sa robe occidentale, Shungo en profite pour s’éclipser. Après une attente qui semble interminable, pendant laquelle Sachiko attend, immobile, dans la salle de réception devant des invitées embarrassées, Shungo fait finalement parvenir une note particulièrement succincte : « Sachiko, désolé ».
    A la suite de quoi la jeune femme s’excuse auprès des convives, promet de rendre tous les cadeaux, et… le lendemain matin, retourne travailler comme si elle ne venait pas de se faire plaquer. Il faut noter qu’au Japon, l’inscription d’un mariage sur les registres officiels ne se fait pas toujours le même jour que la cérémonie, l’enregistrement ayant généralement lieu à une date symbolique, comme le Nouvel An par exemple… et, oui, parfois ça veut dire qu’il peut se passer plusieurs mois entre la cérémonie et l’acte civil, ou vice versa. Bref, même si la cérémonie était bien entamée, et le banquet aussi, sans documentation officielle ce mariage n’existe pas.

    En apparence, la seule chose qui a changé, outre l’absence de Shungo désormais, c’est qu’elle a créé un butsudan en mémoire de son fiancé, devant lequel elle prie quotidiennement (elle explique à sa mère que c’est un autel pour son cœur, qui est mort… enfin, c’est quand même bien une photo de Shungo sur le butsudan). Mais à part ça, elle le vit plutôt bien. Croit-elle.
    Sachiko est-elle un robot ? Eh bien, même si de l’extérieur tout son entourage est surpris de la voir si peu affectée, et qu’elle-même tente à tout prix de reprendre une existence normale aussi vite que possible, évidemment que non. En dépit de son manque apparent d’émotions (j’y reviens…), Sachiko est terriblement affectée. Dans les heures qui suivent, Sachiko va être envahie de souvenirs de Shungo, qui évidemment lui causent énormément de peine ; il n’est pas exagéré d’appeler cela des flashbacks, brutaux et désarmants, la ramenant par ricochets à la terrible journée du mariage. En fait, elle est encore sous le choc, comme en témoignent certaines de ses réactions imprévisibles, y compris par elle-même (comme s’effondrer en pleine rue alors qu’elle essayait simplement d’aider une vieille dame à porter ses courses). La jeune femme ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive.

    Par accident (elle n’a rien mangé depuis la cérémonie, et ses jambes ne la portent plus), elle s’arrête dans un restaurant de quartier et y commande le plat du jour, qui s’avère être du maquereau cuit en sauce. Et là… LÀ ! Frappée par les nuances incroyables de son repas, emportée par chaque bouchée, reconnaissante d’être née dans un pays où l’on cuisine de tels plats, Sachiko atteint le nirvana ! Elle est tellement heureuse qu’il lui faut plusieurs minutes après être sortie du restaurant pour s’apercevoir que pendant qu’elle s’émerveillait devant son maquereau si bien assorti à sa soupe, eh bien… elle avait complètement oublié Shungo.
    Et c’est exactement ce dont elle avait besoin.

    Hélas, ça ne dure pas. Et, pire encore, lorsqu’elle retourne dans ce même restaurant pour déguster ce même maquereau dans cette même sauce… la magie n’opère plus. Au cours du SP, elle découvre qu’en réalité, ce n’est pas le plat lui-même qui était responsable de sa brève mais intense félicité, mais quelque chose de plus abstrait. L’erreur était de vouloir répliquer l’expérience à l’identique ! Or, c’est essayer de nouveaux délices qui au contraire va lui apporter le réconfort dont elle a tant besoin.
    Dans la saison de Boukyaku no Sachiko, diffusée à l’automne 2018 (et incluant donc un bref récapitulatif du SP, parce que 9 mois se sont écoulés entretemps) et dont les épisodes ne durent qu’une demi-heure, nous allons donc suivre Sachiko alors qu’elle compose avec ses souvenirs douloureux, et trouve le répit un repas à la fois.

    Boukyaku no Sachiko nous expose (plus qu’aucune série d’appétit, sûrement) cette situation émotionnelle compliquée… en alternant les scènes franchement humoristiques et les autres plus dramatiques. L’attitude de Sachiko est un peu étrange (…promis j’y reviens !), et donne lieu à toutes sortes de situations dans lesquelles la série insiste sur le décalage entre le visage souvent impassible de l’héroïne et son attitude tantôt rageuse, tantôt blessée. Le seul moment où Sachiko n’est pas dans cette attitude contrastée, c’est quand elle finit par manger, en fin d’épisode, et non seulement oublie totalement Shungo, mais trouve aussi une forme de bonheur.

    Je vous le disais en introduction, Sachiko n’est pas n’importe quelle héroïne de série d’appétit. Outre sa backstory élaborée, et qui sous-tend la dynamique des épisodes (lesquels sont très feuilletonnants, pour une série de ce genre), ce qui la distingue c’est aussi sa neuroatypie. Bien-sûr la télévision japonaise n’utiliserait jamais ce terme (…la télévision japonaise n’utilise jamais aucun terme ; là encore je vous renvoie à la jurisprudence Last Friends), mais Sachiko est codée comme étant sur le spectre autistique. Elle est écrite (et interprétée) de façon à sembler déconnectée de certaines émotions.
    Sauf que ça ne veut surtout pas dire qu’elle ne les ressent pas, et c’est bien ce sur quoi repose la série.

    Au début du SP, il est permis de penser qu’elle est encore en état de choc après avoir été bouleversée par le départ de Shungo… toutefois, les flashbacks se poursuivent bien au-delà, remontant plusieurs mois ou années en arrière, lorsque la relation de Sachiko et Shungo était encore au beau fixe voire même à ses débuts. Or, ce que ces flashbacks montrent, c’est qu’en fait elle a toujours été ainsi. Et que la façon dont Boukyaku no Sachiko parle du travail de deuil qu’effectue la jeune femme, mais aussi de sa vie au quotidien (notamment au boulot), et de son attitude dans à peu près toutes les interactions humaines, renvoie perpétuellement à la façon différente qu’elle a de réagir à tout. On peut dire que sa passion pour la lecture, puis plus récemment la nourriture, relèvent d’intérêts spécifiques. D’ailleurs, si besoin était, la passion et tendresse avec laquelle elle parle aussi bien de ses livres préférés que des mets qu’elle savoure prouve bien que Sachiko ressent une foule de choses ; juste pas les mêmes choses que les personnes qui l’entourent et/ou en l’exprimant différemment. Il y a aussi très nettement des passages pendant lesquels il n’est pas exagéré de parler de masking, comme au début du SP, lorsque des invitées demandent à Sachiko (qui ne sait pas encore qu’elle a été plaquée) de sourire sur les photos ; c’est le gif ci-dessus.
    Boukyaku no Sachiko existe dans une étonnante dimension télévisuelle. Dans les séries d’appétit, en règle générale, les traits de caractère de protagonistes ne sont jamais assez spécifiques pour que les spectateurs se disent : « ah, non…. moi je ne réagirais jamais comme ça ». Les portraits de ces personnages sont généralistes, parce qu’au contraire ils sont supposés refléter tout un groupe socio-économique qui serait lui-même devant la série. Par exemple, mettons : les étudiantes sans le sou pour Hokusai to Meshi Sae Areba, ou des jeunes célibataires devant Homeraretai Boku no Mousou Gohan. Et peu importe qu’aucun autre groupe ne s’y retrouve (il n’a qu’à se trouver sa propre série d’appétit, c’est pas ça qui manque !), mais par contre il faut que le profil soit suffisamment large pour que tout le groupe visé trouve son compte. Alors Boukyaku no Sachiko est-elle conçue pour des spectatrices autistes ? Est-ce sa niche d’audience ? C’est assez difficile à dire, surtout pour moi. Mais je dirai ceci : même si régulièrement, Boukyaku no Sachiko insiste sur les réactions peu conventionnelles de son héroïne, elle ne la traite pas non plus en bête de foire ou en alien ; nous sommes invitées à ressentir ses émotions avec elle, quand bien même elles sont complexes. C’est d’ailleurs le propre de la série d’appétit en tant que sous-genre télévisuel que d’inclure de nombreux monologues en voix-off, détaillant les sensations et le cheminement de pensées de son héroïne. Donc même dans l’éventualité où Boukyaku no Sachiko s’adresse en priorité à des spectatrices neurotypiques, l’idée est quand même bien de favoriser une certaine identification à une héroïne neuroatypique, a minima.

    Sur le papier, la démarche aurait pu sembler gênante : la télévision nippone a une longue histoire de protagonistes ainsi codées, traitées comme des sortes de génies asociales (ce n’est pas propre aux séries japonaises, pour être claire, mais ces héroïnes y sont en surnombre en tout cas). Ce qui est intéressant toutefois, c’est que d’ordinaire, il s’agit de séries policières, ou éventuellement médicales, bref, de séries où le « génie rigide » de ces personnages compense ou explique une capacité professionnelle. La résolution d’une enquête que personne d’autre n’aurait élucidée est à ce prix ! Les émotions de ces personnages sont alors très secondaires ; leur absence d’émotion est au contraire promue comme la raison de leurs exceptionnelles performances au travail. On l’expliquera éventuellement par un traumatisme, à un moment de la série, mais celui-ci sert alors plutôt de justification que de réelle exploration de la psyché de l’héroïne de ces séries.
    Boukyaku no Sachiko va beaucoup plus loin que ces clichés limités, parce qu’il s’agit d’y prendre au sérieux les émotions de Sachiko, d’explorer la question dramatique du traumatisme intime qu’elle vient de subir, de suivre avec elle le lent chemin de la résilience, et plus largement (parce qu’on est dans une série d’appétit) de s’intéresser à sa vie intérieure. Elle a effectivement des difficultés à exprimer des émotions, y compris parfois envers elle-même… ce qui évidemment n’est pas un problème en l’absence de traumatisme, mais rend la résolution de ses difficultés plus complexes par temps de crise. Que celles qui ne se sont jamais rendues coupables d’évitement jettent la première pierre.
    Ici, Sachiko ne se résume pas à son incapacité à exprimer ou lire une émotion. Le stress post-traumatique de Sachiko est pris au sérieux, et elle aussi… faisant de cette petite série d’appétit l’une des plus jolies explorations d’un personnage de ce genre à la télévision japonaise.

    Boukyaku no Sachiko va la suivre alors qu’elle se confronte à tous ces questionnements. Parce qu’encore une fois, ce qui compte, c’est son cheminement intérieur. Ainsi, au fil de la saison, Sachiko s’interroge, et c’est naturel, sur les causes du départ de Shungo : comme il n’a laissé qu’un très bref mot derrière lui, ça la fait forcément cogiter.

    Pourquoi, au dernier moment, n’a-t-il pas voulu se marier ? Imaginer des causes externes, bien-sûr, a quelque chose de rassurant. Il est pourtant impossible d’ignorer qu’une des possibilités est tout simplement que la personnalité de Sachiko est le problème. La jeune femme s’interroge fréquemment, se demandant par exemple si elle n’était pas assez à l’écoute de ses besoins. Peut-être a-t-elle loupé certains signes…
    Pire encore, elle suspecte que ce soit sa personnalité qui l’ait dégoûté une bonne fois pour toutes. Les choses seraient-elles différentes si elle avait été une petite-amie « normale », répondant mieux aux codes de la féminité ? Sachiko est tellement déterminée, indépendante et souvent considérée comme froide… une petite-amie « normale », c’est une faible chose qui aime le rose, parle avec une voix enfantine, et qu’on a besoin de protéger (cet épisode est tellement fascinant…). L’héroïne se compare plusieurs fois à d’autres femmes (sa collègue, sa cousine, sa « rivale », une inconnue dans un restaurant), convaincue qu’elles, elles ont la clé. Sous-entendu : elles, elles ne se seraient pas retrouvées dans cette situation.
    …Sauf que ce faisant, Sachiko est souvent très aveugle au positif dans ses relations à autrui. Toute l’équipe de son département, dans la maison d’édition où elle travaille, l’aime beaucoup ; son supérieur ressent de toute évidence un attachement paternel envers elle, ses collègues n’hésitent jamais à l’aider, et elle s’est octroyé leur respect à de multiples niveaux. C’est également vrai dans le domaine amoureux. Elle ne semble pas toujours se rendre compte de l’effet qu’elle fait à certains des hommes qui l’entourent, et qui l’aiment telle qu’elle est, plus ou moins ouvertement. Naturellement, Sachiko est (on la comprend) complètement focalisée sur la douleur d’avoir été plaquée par Shungo (au moins son angle mort n’est pas mis sur le compte de sa personnalité), mais progressivement, cela fait aussi partie de sa guérison que d’entendre que des hommes voient en elle ce que Shungo a vu jadis. Sans avoir besoin de changer quoi que ce soit.

    Lorsque j’ai commencé à travailler sur cette review de Boukyaku no Sachiko, il y a très, très longtemps (au moins aussi longtemps que ça vous prend de la lire…), j’ai demandé sur Twitter si des personnes autistes me lisant voulaient bien me parler de ce qui les agace dans les personnages présentant des traits autistiques dans la fiction. Et ce qu’elles voudraient voir…
    Eh bien, je m’avance peut-être, mais je crois que Boukyaku no Sachiko répond à plusieurs de leurs vœux. Certainement pas tous, mais plusieurs. Si je me trompe, n’hésitez pas à me corriger.

    Toutefois, ce serait limité (et malhonnête) de se contenter de cet aspect pour décrire Boukyaku no Sachiko. Car souvenez-vous : il s’agit d’une série d’appétit. Et comme toujours dans cet étonnant sous-genre, la nourriture ne fait pas de la simple figuration : elle a un rôle à jouer, et une signification intime.
    Le meilleur moyen d’en parler, c’est encore de citer Sachiko elle-même. Dans un épisode au cours duquel elle est invitée à donner son avis sur l’état de la romance dans la littérature (car oui, il y a des intrigues professionnelles aussi), plusieurs éditrices sont rassemblées, et tentent de prédire des tendances spécifiques futures. Sachiko, elle, dira ceci à propos de ses espoirs pour l’avenir du genre : « Je crois que nous lisons beaucoup de romans d’amour, qui décrivent une grande variété de sentiments, parce que nous espérons y trouver les contours de nos propres émotions. N’est-ce pas grâce à la diversité du choix en matière de romans d’amour que les lectrices peuvent en trouver un parmi eux dont elle puissent sentir qu’il raconte leur propre histoire ? ».

    C’est un peu ce qu’ambitionne de faire Boukyaku no Sachiko, en fait, lorsqu’il s’agit de nourriture. Le défilé de plats contenu dans les 12 épisodes de la série (plus le SP !) apparaît à la fois comme une révélation et un révélateur. Sachiko, qui avant le fâcheux jour du mariage, ne mangeait que par pure nécessité et se contentait d’un repas en sachet afin de rester efficace, découvre donc au début de l’intrigue que la nourriture, ça peut être bien plus que cela. Mais elle ne fait pas qu’y trouver le fameux « oubli » dont la série se targue.
    Lorsqu’elle mange, Sachiko déverrouille des émotions auxquelles elle n’a pas accès en temps normal, ou pas totalement. Certains plats vont lui donner un plaisir que par ailleurs elle ne ressent plus, du fait de sa tristesse suite au départ précipité de Shungo. D’autres vont lui donner envie d’être reconnaissante (généralement envers l’héritage culinaire dont le plat dégusté découle : Sachiko goûte ainsi beaucoup de plats japonais, mais aussi parfois russe, italien, mongolien, chinois…), comme une sorte de soulagement de faire partie du monde. Et puis, à plusieurs reprises, il vont lui apporter une forme de clarté, comme si les émotions ressenties pendant la dégustation permettaient de mettre ses pensées et sentiments en ordre.

    Quelque chose dont je n’ai pas encore beaucoup parlé, c’est que Boukyaku no Sachiko ne fait pas semblant d’être une dramédie. J’ai beaucoup expliqué ses aspects dramatiques, mais il y a aussi énormément de moments comiques, à la fois pour soulager un peu la charge émotionnelle des épisodes, et aussi… Bah aussi parce qu’on parle de bouffe et que, bon, it’s not that deep.
    La série prend pas mal de précautions, parfois palpables, pour ne pas se moquer de Sachiko elle-même. Mais ça ne veut pas dire qu’elle ne peut pas être drôle ! On la verra ainsi enfiler, dans quasiment chaque épisode, un costume ou déguisement improbable (dont on ne nous expliquera jamais, même quand c’est incompatible avec la chronologie des événements, comment elle l’a trouvé, enfilé, et a même procédé au maquillage complexe assorti), qui généralement une fois utilisé finit par dépasser de son sac comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Suspendez votre crédulité pour profiter pleinement de cet aspect absurde !
    Et puis, il y a aussi beaucoup, beaucoup de passages pendant lesquels Boukyaku no Sachiko se lance tout simplement dans des délires qu’on doit à des séquences oniriques. Là, tout d’un coup, en mangeant un bol de thon, Sachiko s’imagine chevaucher des poissons sur fond d’estampe traditionnelle, ou elle se demande si la raison pour laquelle Shungo est parti est qu’en réalité il est secrètement un superhéros de tokusatsu qui devait sauver la planète… C’est systématiquement débile, mais c’est toujours inattendu, comme dirait l’autre.
    Cela dit, ça reflète bien le genre de joie intense que Sachiko ressent à de nombreuses reprises en goûtant divers plats délicieux. La bonne bouffe, ça stimule plein de choses, dont l’imagination !

    Donc voilà, avec tout ça, on se retrouve devant une dramédie dont les oscillations sont grandes, mais qui réussit parfaitement sa mission.
    Y compris celle de vous laisser, pendant sa dernière scène, avec un sourire aux lèvres pendant que vous séchez une larme. Ou deux. Ou sept cent douze. Qui peut dire ? Certaines, sans aucun doute, étaient dues au temps que j’ai passé à guetter les sous-titres de la série pendant environ trois ans. Mais les autres… les autres, j’espère que vous en partagerez les raisons, en espérant ne pas trop en avoir dit. Histoire que vous trouviez votre propre plaisir à déguster Boukyaku no Sachiko.
    Ironie du sort, je ne suis pas près de l’oublier, cette série.


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  • Ravies de la crèche

    24 janvier 2022 à 18:53 • Telephage-o-thèque •

    L’Enfer, c’est les autres parents.
    Sur ces paroles pleines de sagesse s’ouvre Andere Eltern, une comédie allemande dans laquelle plusieurs résidentes de Nippes (un arrondissement de Cologne) décident de monter ensemble leur propre crèche autonome. C’est dire si ce n’est pas gagné d’avance.

    Comme souvent ce mois-ci, Andere Eltern n’est pas une série toute récente, au sens où elle compte déjà 2 saisons, la première ayant été diffusée en 2019 par la chaîne payante WarnerTV Comedy (quand elle portait encore le nom de TNT Comedie), puis diffusée sur la télévision gratuite grâce à ZDFneo, ou encore sur diverses plateformes de streaming comme Amazon Prime Video ou Joyn. Malgré cette armée de diffuseurs, j’étais jusque récemment complètement passée à côté, jusqu’à ce que les épisodes me passent sous la souris en novembre dernier. Très franchement, j’ai bien failli complètement l’oublier, tant mon intérêt pour les séries sur la parentalité est limité.
    Mais après y avoir jeté un oeil ce mois-ci, j’avoue qu’on est ici dans un registre un peu différent de l’ordinaire.

    Au vu du premier épisode d’Andere Eltern (« les autres parents », donc), il semblerait qu’on soit bel et bien en présence d’une série qui écorche réellement tout le monde. La série s’inspire du procédé du mockumentary, mais le pousse légèrement plus loin, en faisant de la documentariste une protagoniste de la série.
    Ainsi donc l’intrigue commence alors qu’Ini, accompagnée d’une petite équipe de tournage, rend visite à sa fille Nina et son beau-fils Jannos pour les filmer lors de la mise en place d’une crèche parentale dont elles sont les initiatrices. Nina a mis sa carrière de florissante en pause pour se consacrer à sa famille, mais a depuis repris une formation pour devenir coach de yoga, pendant que Jannos apporte l’essentiel des revenus du couple grâce à sa start-up. Mais c’est de toute évidence Nina la force motrice de la famille, elle prend la plupart des décisions, et d’ailleurs on la verra, dans ce premier épisode, visiter seule les différents locaux potentiels pour la crèche. Progressivement, Ini rencontre également d’autres parents du collectif : Anita l’institutrice et Lars l’homme d’affaires, qui sont en plein parcours de fertilité ; la pâtissière Yaa et son mari Björn, père au foyer dont la vie tourne autour de leurs enfants ; la productrice et mère célibataire Nike, ainsi que son frère Malte qui espère prochainement avoir un enfant… Tout ce petit monde habite le même arrondissement, mais pas nécessairement le même quartier, et d’ailleurs ne partage pas forcément les mêmes valeurs. C’est évidemment ça qui va être drôle.

    Ini arrive dans ce petit groupe avec une perspective d’outsider. Non seulement parce qu’elle n’a plus d’enfant en bas âge, mais surtout parce que, comme une anthropologue, elle est à la fois curieuse et méfiante quant aux rites et coutumes bizarres de cette génération de parents bobos, qu’elle ne comprend pas vraiment. A plusieurs reprises, ses questions montreront qu’il y a des choses qui la dépassent complètement, et même si la série ne se moque pas ouvertement d’elle pour cela, subsiste tout de même le sentiment qu’elle est un peu d’arrière-garde.
    Toutefois, il ne faut pas s’y tromper : la véritable cible d’Andere Eltern, ça reste ces parents, dont beaucoup sont des « parents hélicoptères », et qui plus généralement vivent dans des quartiers en phase terminale de gentrification.

    Dans ce premier épisode, on va donc commencer à toucher à un peu tout cela, en plus des problématiques spécifiques à chaque famille.

    Nina est par exemple la caricature de la maman bobo, avec une attitude à mi-chemin entre hippie New Age et bourgeoise aveugle à sa propre hypocrisie. On apprendra vers la fin de l’épisode qu’elle est évidemment anti-vax aussi (souvenez-vous : c’est une série de 2019, donc les enjeux sont nécessairement différents). Si elle veut fonder cette crèche parentale, c’est parce que la crèche dans laquelle elle avait mise son aînée n’a donné aucune priorité à son second enfant, et que ça l’a ulcérée ; elle est désormais enceinte à nouveau. Dans son sillon, Jannos tente de la soutenir, mais il s’avère qu’il a secrètement quelques opinions très différentes.
    Yaa travaille toute la journée dans sa pâtisserie bio, et c’est Björn qui s’occupe de leurs enfants. Mais elle semble s’inquiéter de cette situation : toute la vie de Björn tourne autour de sa vie de père au foyer ; elle espère que mettre leurs enfants à la crèche l’obligera à couper le cordon.
    Anita est une femme positive et joviale… au point qu’on se demande ce qu’elle fait avec Lars, dont le seul plaisir dans la vie consiste à prendre tout le monde de haut. Oui, même son épouse. Il est en outre un snob, un homophobe et un raciste, ce qui ne manque pas de créer quelques moments de malaise déjà. Dans cet épisode, il se plaint aussi du prix de la procédure in-vitro, et signifie à Anita que la tentative actuelle sera la dernière pour laquelle il accepte de payer ; celle-ci a de son côté bon espoir d’être enfin enceinte, mais a du mal à entendre la prudence excessive, pour ne pas dire vicieuse, de son mari. D’ailleurs, Anita et Lars suivent une thérapie de couple…
    Nike n’est pas très détaillée dans cet épisode, en revanche son frère Malte l’est beaucoup plus. Comédien à la carrière très mineur (qui semble vivre aux crochets de Nike), il veut vraiment avoir un enfant mais n’a pas d’homme dans sa vie, avec qui fonder une famille. Il cherche donc désespérément une célibataire ou un couple de lesbiennes avec lesquelles devenir co-parent. On a du mal à déterminer à quel point il est sérieux quant à son projet de parentalité, mais une chose est sûre, ce n’est pas gagné d’avance, car il se prend le bec avec la première femme qu’il rencontre…
    Inutile de préciser que toutes ces protagonistes n’ont aucune, mais alors aucune chance de tomber d’accord sur quoi que ce soit.

    Je lis qu’apparemment Andere Eltern est en grande partie basée sur de l’improvisation. Si je l’avais su avant de lancer l’épisode, je verrais peut-être les choses différemment, mais là, dit comme ça après coup, je trouve que ça ne se sent pas vraiment. C’est sûrement grâce au procédé documentaire.
    En tout cas, il se pourrait bien qu’on soit en présence, une fois n’est pas coutume, d’une série qui prétend égratigner un peu tout le monde… et qui le fait vraiment. Alors certes, la série s’est choisit des protagonistes très spécifiques (pendant la première réunion officielle de la crèche parentale, on voit par exemple un couple d’origine japonaise qui ne va pas du tout s’exprimer face camera) pour pouvoir les épingler, mais n’empêche que ça fonctionne. Et au moins ça nous change des séries qui se positionnent d’une point de vue d’une mère « anti-conformiste », présentée comme exception à la règle et seule contre tous, genre Odd Mom Out ou même (malgré toute l’affection que j’aie pour cette série) Sanhoojoriwon. Cette formule est d’autant plus intéressante que c’est assez rare, finalement, que les séries s’intéressent à la vie des parents au moment de la crèche, et abordent donc la question difficile des modes de garde, y compris mutualisés comme ici.
    Il y a donc plein de bonnes idées dans Andere Eltern, et quand bien même le sujet de la parentalité n’est définitivement pas ma tasse de thé, je la recommande à quiconque s’intéresse à ce sujet.


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  • Believe it or not

    23 janvier 2022 à 23:54 • Review vers le futur •

    La review du jour va être très difficile à écrire sans faire des rapprochements avec une autre série, et je déteste quand ça arrive. Seulement, parfois, il n’est tout simplement pas possible de faire autrement, tant l’esprit revient, encore et encore, sur les points communs mais aussi les différences entre deux séries au sujet formidablement similaire.
    La review du jour ? Elle porte sur le premier épisode de Los Enviados, une série mexicaine lancée par Paramount+ le mois dernier dans le but d’investir dans la fiction hispanophone. Son synopsis ? Elle suit une équipe envoyée par le Vatican pour enquêter sur des miracles… Donc, oui, autant le dire d’entrée de jeu : ça va être un peu compliqué de ne pas penser à Evil… également sur Paramount+.

    Le père Simón Antequera est un avocat espagnol diplômé en droit canonique ; il est envoyé en mission aux quatre coins de la planète afin d’étudier des miracles, et déterminer s’ils sont réels. Au cours de ce premier épisode, il résumera cela parfaitement : « Si ce n’est pas la science, c’est nous ». Jusque là il se débrouille plutôt bien, même si évidemment ce genre de fonction déplaît aux religieux à qui on annonce que leur miracle n’en est pas un. A vrai dire, il semble avoir très peu d’alliées, hors son assistante la sœur Emilia, une Italienne qui partage un bureau avec lui au Vatican.
    Mais vient une affaire pour laquelle tout d’un coup, on décide de lui attribuer un partenaire, le père Pedro Salinas. Ce religieux mexicain, de formation purement scientifique, est donc désormais chargé de l’expertise à proprement parler pour cette nouvelle investigation.

    Cette affaire part d’une video tournée dans le village de San Acacio, dans laquelle un homme se jette du haut du clocher d’une église au Mexique, tombe devant plusieurs témoins, meurt… avant d’être ramené la vie par un curé local, le père Quintana ! Et vraiment mort : une docteure qui était présente avait confirmé le décès.
    Antequera et Salinas sont donc dépêchés sur place, pendant qu’Emilia procède de son côté à une enquête à distance, notamment sur la video elle-même. Il s’avère que l’homme qui a échappé à la mort est l’un des patients de l’hospice psychiatrique local ; bien qu’étant construit dans un petit village, celui-ci abrite 200 patients ! C’est énorme, et ça ne manque pas de piquer la curiosité de nos deux religieux. En outre, il est difficile de ne pas remarquer que le miraculeux père Quintana mène une vie plus que confortable, et qu’il dissimule mal la relation qu’il vit avec une jeune femme, Elena ! Cependant, rien de tout cela ne prouve fondamentalement que le miracle de San Acacio ne s’est pas produit. En fait, les témoignages des fidèles des environs tendent même à indiquer que Quintana a accompli de nombreux miracles, ce qui explique qu’il soit autant révéré par la population.

    Los Enviados a donc pas mal de choses en commun avec un épisode moyen d’Evil, à une nuance près : il s’agit d’une série bien plus feuilletonnante. Dans ce premier épisode, en effet, le père Quintana disparaît pendant l’enquête, et désormais Antequera et Salinas doivent aussi comprendre ce qui lui est arrivé. Chose qui n’est pas facile vu que même la police locale fait barrage à leur enquête, et leur « conseille » de rentrer au Vatican sans plus poser de question.
    A voir le matériel promotionnel, il semble assez évident que la docteure Adriana Moreno Cordero va également prendre part à l’aventure, même si pour le moment son rôle est assez mineur dans ce premier épisode. Cela signifie que cette introduction nous en dit beaucoup plus sur les deux padres, et les pousse à interagir à plus forte raison qu’ils ne s’étaient jamais rencontrés jusque là.

    Los Enviados insiste sur tout ce qui sépare ces deux religieux. Antequera est un type qui a beaucoup de bagou, goguenard, bon vivant, il n’a aucune difficulté à enfreindre la loi des hommes, et vient d’une famille espagnole nombreuse et pauvre ; de son côté, Salinas se révèle être un homme de peu de mots, à l’humour acerbe, austère, très respectueux des règles, et il vient d’une famille mexicaine très riche (d’ailleurs il a grandi pas très loin de San Acacio). Dés le départ, il est clair qu’Antequera essaie de sympathiser, en partie parce qu’il est mal à l’aise avec l’idée de ce partenariat, tandis que Salinas éprouve un mépris à peine voilé pour son compagnon, dont d’ailleurs il a épluché le dossier avec une attention froide.
    Malgré tout, l’épisode va progressivement montrer les deux hommes en train de s’apprivoiser, et lentement commencer à se parler, ne serait-ce que pour communiquer leurs premières impressions sur cette affaire. Chacun fixe son attention sur des détails différents, mais au final, l’opinion qu’ils commencent à se faire de Quintana est assez semblable.

    D’une façon générale, ce premier épisode n’est pas révolutionnaire, il faut l’admettre. Evil joue également sur les tiraillements entre science, croyance, et psychiatrie. Los Enviados cultive assez peu de suspense quant à son postulat de départ : pour le moment, personne n’envisage sérieusement qu’il ait pu se produire un miracle (sans même parler de plusieurs).
    Cette proximité thématique avec Evil n’est cependant pas la seule responsable de l’air de déjà vu de cette entrée en matière. Los Enviados signe ici un épisode qui est aussi à rapprocher de la formule de nombre de polars plus classiques : la collaboration de deux partenaires venus de deux cultures différentes, c’est un peu beaucoup la recette, cent fois dupliquée, de séries comme Bron/Broen. Le fait que l’enquête sur un miracle se transforme au cours de cette introduction en une enquête sur une disparition n’aide d’ailleurs pas à se sortir le parallèle de l’esprit.
    Pour autant, l’épisode n’est pas dénué de charme, en grande partie grâce à ses personnages. Le père Antequera est incarné par un Miguel Ángel Silvestre en très grande forme, cabotinant face à Luis Gerardo Méndez qui incarne un père Salinas qui est psychorigide, mais pas dénué de nuances. Le tandem fonctionne bien et lorsqu’ils parlent de religion ou de leurs origines, on se passionne rapidement pour leurs échanges.

    Avec seulement 8 épisodes pour cette (première ?) saison, Los Enviados va sans doute avoir besoin de faire un peu plus que cela pour éviter les comparaisons handicapantes, et le faire vite. La série n’est pas, pour le moment, criante d’originalité, et que vu mon emploi du temps téléphagique en ce moment, je ne me vois pas en faire une priorité absolue. Cela dit, si ça vous intéresse d’y jeter un oeil, je ne veux pas vous décourager non plus, elle se laisse regarder… je ne suis simplement pas convaincue que ce soit mieux de la regarder elle plutôt qu’Evil. Mais en attendant la prochaine saison, pourquoi pas ?


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  • Beaux restes

    22 janvier 2022 à 14:18 • Telephage-o-thèque •

    Cette semaine démarrait la deuxième saison de DOC – Nelle tue mani, une série médicale italienne dont j’ai passé de nombreux mois à me dire « ah oui tiens, faudrait que je regarde si ya moins d’y jeter un oeil », sans jamais le faire. Mais découvrir que, jusque très, très tard dans la nuit, elle a figuré parmi les trending topics mondiaux de Twitter cette semaine, m’a enfin donné le coup de pied au derche dont j’avais besoin. Il s’avère d’ailleurs qu’il n’était pas si difficile de la trouver, cette première saison, puisqu’elle a apparemment été proposée par TFHein. Quand je vous dis que je ne sais jamais quelle chaîne française fait l’acquisition de quoi, en voilà un brillant exemple.

    Comme le mois de janvier est chargé, je n’ai pour l’instant regardé que le premier épisode, mais profitons-en quand même pour en toucher deux mots !

    Brillant spécialiste de médecine interne, le Pr Andrea Fanti dirige son service de la polyclinique Ambrosiano d’une main de fer. Il sait ce qu’il fait, et il sait ce qu’il veut ; peu importe si ça déplaît à l’administration de l’hôpital, à ses collègues, aux familles, ou… aux patientes. Il faut dire que Fanti est le genre de médecin qui considère que non seulement on ne peut pas croire ce que disent les patientes (comme House), mais en plus il n’y a aucune raison pour que lui, éminent médecin, leur demande leur avis. Il dira littéralement à l’une de ses patientes : « Je suis le docteur, vous êtes la patiente. Je décide, vous obéissez ». Voilà, comme ça c’est clair.
    Le premier épisode revient sur une journée en apparence quelconque, pendant laquelle le « bon » docteur semble mener une garde tambour battant. Il jongle entre le cas d’une patiente dont il est le seul à penser qu’elle n’a pas contracté une simple infection urinaire ; il se prépare à une enquête sur la mort d’un jeune patient, et découvre une piste d’explication à ce décès ; et il tente désespérément de se libérer pour aller prendre l’avion, vu qu’il est attendu pour une conférence le lendemain. Tout cela est l’occasion de nous le présenter, mais aussi de montrer l’équipe hospitalière qui gravite autour de lui.

    Sauf que DOC ne s’arrête pas là. Ce jour-là, le père du jeune patient qui est décédé vient le voir… et lui tire dessus. Décidément, les séries européennes n’en finissent plus de rappeler à quel point le contrôle strict des armes à feu est important (voir aussi : Le Code).

    Blessé à la tête, Andrea Fanti se réveille après quelques heures dans le coma et une opération au cerveau. Sauf que pour lui, ce sont douze années de sa vie qui ont passé : il souffre d’une amnésie, et ses derniers souvenirs remontent à 2008. Ces années ont donc été effacées, comme si elles ne s’étaient jamais produites. Sauf qu’elles se sont produites, bien-sûr… pour tout le monde à part lui. Or, entre son dernier souvenir et son réveil après l’opération, il s’est passé beaucoup de choses : un divorce, la mort de l’un de ses deux enfants, une promotion, une nouvelle relation, et bien plus encore…
    D’une certaine façon, c’est comme si Andrea avait fait un bond en avant dans le temps ; sauf qu’évidemment il n’est pas un voyageur temporel, juste un homme qui a tout perdu au moment où il a perdu sa propre histoire (et qui a, en quelque sorte, perdu son fils deux fois). Il faut reconnaître que dramatiquement, c’est un concept très fort pour une fiction : cela pousse les protagonistes à traverser toutes sortes de choses dues au décalage entre leurs sentiments et la réalité. Toutefois il faut noter qu’il s’agit là apparemment de l’histoire vraie d’un médecin italien, qui a, depuis, repris ses études.

    Précisément, la question va se poser à un moment ou à un autre de savoir si/quand Andrea va reprendre son activité de médecin. Le premier épisode ne se précipite pas pour y répondre : pour le moment, DOC – Nelle tue mani insiste sur la perte (de mémoire et donc du reste). Le reste… le reste viendra peut-être, mais plus tard. La meilleure solution trouvée pour augmenter les chances de récupérer ses souvenirs est de faire hospitaliser Andrea dans le service dont il était le directeur, ce qui n’offre absolument aucune garantie de réussite. Mais après tout, c’est là qu’avant que sa vie ne bascule il passait quasiment tout son temps, qu’il avait ses collègues/amies, qu’il travaillait avec son ex (et, même si personne ne le savait, qu’il avait commencé une nouvelle relation aussi), et donc là qu’il a le plus de chances d’avoir une révélation déterminante. Voilà ce que la série met en place… Alors certes, le premier épisode se donne aussi beaucoup de mal pour établir que le Dr Fanti n’a pas oublié son Vidal. La série a forcément une idée derrière la tête (et l’histoire vraie sur laquelle elle est basée en est probablement une indication). Toutefois, elle n’en fait pas l’objectif principal de sa mise en place, et même pas des intrigues mises en place à l’heure actuelle.
    Parce que DOC – Nelle tue mani n’est pas qu’une série d’amnésie, la question est aussi de savoir quel genre d’homme sortira de cette épreuve. Et on l’a dit, le Pr Andrea Fanti était un gros connard de médecin accablé par un complexe de Dieu carabiné. Or, DOC – Nelle tue mani indique que non seulement (et contre toute attente vu l’ampleur de ses blessures) il n’a pas perdu ses capacités cognitives, mais qu’émotionnellement, l’épreuve change son approche. Il est à l’écoute, il croit le petit patient qu’il rencontre dans la salle d’attente de la polyclinique, il fait preuve d’empathie. En somme, il n’est plus exactement médecin (ou en tout cas pas en exercice pour le moment), mais il est quand même un meilleur médecin qu’avant.
    C’est évidemment un peu tragique que, comme souvent, il soit nécessaire au médecin de passer par une épreuve pour se mettre à la place de ses patientes. Un peu comme si l’empathie ne pouvait être acquise autrement par un professionnel qu’en traversant le pire. On va quand même pas commencer à casser les tibias des soignantes pour obtenir un peu de respect… Fort heureusement il y a quelques autres portraits un peu plus nuancés dans son entourage professionnel, qui permettent de ne pas verser dans le tout-ou-rien.
    Même si ses ambitions restent médicales, DOC – Nelle tue mani fait en tout cas dans ce premier épisode des efforts pour mettre en place une véritable trame dramatique, et prend le temps de s’arrêter sur les émotions de ses protagonistes. Andrea lui-même, qui apparaît comme un type hautain et glacial avant que les choses ne basculent, est autorisé vers la fin de cet épisode introductif à non seulement ressentir, mais joliment exprimer, une vulnérabilité magnifique. Si DOC – Nelle tue mani a l’intention de continuer sur sa lancée, elle a toute mon attention.

    Mon seul regret relève de la structure-même de cet épisode (ce qui fort heureusement a assez peu de chances d’être un problème récurrent). Accrochez-vous, je décompose le mouvement :
    – on commence par nous montrer Andrea plusieurs jours après son opération, alors qu’il diagnostique un petit garçon dans la salle d’attente où lui-même est présent en tant que patient ;
    – on revient en arrière pendant un long moment sur la journée fatidique qui a précédé la tentative de meurtre ;
    – au moment des coups de feu, on a droit à un flashback une journée de 2008, dont on ne comprendra que par la suite qu’elle est la dernière journée dont il se souvient (là où sa vie s’est arrêtée, en quelque sorte) ;
    – ensuite on retourne en 2020, au réveil après la chirurgie, pour se faire expliquer l’amnésie et ses conséquences ;
    – puis on fait un fast forward de quelques jours après l’opération, pour revenir dans la salle d’attente.
    Est-ce bien nécessaire ? ABSOLUMENT PAS. Je vous garantis qu’on pouvait s’éviter la moitié de ces voyages temporels, au bas mot. Il n’y a aucune raison valable de procéder à tous ces mélanges d’époque pour faire l’exposition ; ou disons, il aurait été parfaitement convenable de raconter tout cela chronologiquement (peut-être avec un flashback pour la journée de 2008, à la rigueur). Mais bon, comme vous le savez, c’est la loi : un épisode introductif se doit impérativement de cultiver une parodie de suspense en proposant soit un retour dans le temps, soit un fast forward, soit les deux. Là on a vraiment la panoplie, et je ne vois absolument pas le bénéfice. Mais bon, comme je le disais, c’est typiquement un truc de « pilote », ça : les épisodes suivants ont peu de chances d’être soumis aux mêmes aléas. J’emploie, évidemment, le terme de « pilote » de façon très libre à des fins de raccourci linguistique.

    Et du coup cet inconvénient, certes un peu gênant sur le moment, ne m’empêche pas d’avoir une bonne impression générale de DOC – Nelle tue mani. Le mélange entre aspects médical et dramatique est pour le moment solide, et équilibré ; les personnages se voient offrir un peu plus que la simple consultation d’une litanie de cas ; il y a toutes sortes de problématiques sur le long terme (notamment le problème du petit patient qui est décédé, et pour lequel tout n’est pas réglé)… C’est vraiment de la belle ouvrage à ce stade. Si vous avez regardé la série sur TFHein (qui pour le coup semble avoir fait une acquisition plutôt meilleure que la moyenne), je serais curieuse d’entendre vos impressions. Pitié, confirmez-moi que la série poursuit sur sa lancée !


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  • Un pour rattraper l’autre

    21 janvier 2022 à 23:39 • Telephage-o-thèque •

    En ce moment je ne sais pas ce que j’ai, une forme d’épuisement peut-être, mais je suis plus encline à fouiller dans mes dossiers qu’à regarder à tout prix la dernière série du moment. Ou en tout cas, pas dans les mêmes proportions. Puis d’ailleurs, suivre les dernières sorties, ça a tendance à toujours finir par aboutir à 15 reviews de Netflix d’affilée, ça me gave. J’ai pas signé pour faire la promo d’une plateforme de streaming à longueur d’année.
    Du coup quand j’ai vu que loin, loin dans mes archives, il y avait une série belge de 2016 que je n’avais pas encore touchée, j’ai été rapidement été vérifier sur quoi elle portait, et euh…


    Je.
    Ok donc aujourd’hui on parle du premier épisode de la série flamande De 16, c’est acté.

    Bien que je ne porte pas dans mon cœur le procédé du mockumentary, je dois à la vérité de reconnaître que la série De 16 l’emploie de façon plus intéressante que la plupart de ses consœurs. C’est sûrement, en partie, à cause de la nature politique de son sujet : les caméras sont là pour filmer la vie d’un cabinet ministériel, où l’on a plutôt l’habitude d’avoir un contrôle parfait de ce qui est montré et dit à l’extérieur. Or, parce que les caméras sont là pour filmer au nom de la chaîne publique VRT, il est impossible de leur refuser accès à quoi que ce soit, sous peine pour le gouvernement de devoir payer une amende. C’est pas tant le montant que le fait que ça la foutrait mal, d’ailleurs…
    Alors ces caméras dont on a tant l’habitude qu’elles filment la vie politique son leur meilleur profil sont là, cette fois, pour capturer ses dessous pas très propres, bon gré mal gré. Cela donne des personnages encore plus embarrassés que d’habitude, tentant de contrôler ce qui est filmé (ou, au pire, ce qui sera diffusé), utilisant des stratagèmes pour rendre certaines choses inutilisables, ou tout simplement s’énervant de leur présence. Il faut aussi noter, même si c’est moins spécifique au genre politique, que les interactions entre les personnages et les caméras sont nombreuses (regards brisant le 4e mur, bousculade, etc.), et que De 16 a aussi l’intéressante idée d’utiliser les caméras de surveillance du cabinet pour montrer les trajets des équipes de tournage, comme si la série incluait le making-of du documentaire. Ce sont parfois des détails, mais ça montre que le procédé a été pensé en profondeur, au lieu d’être utilisé de façon superficielle comme dans beaucoup de séries qui en définitive ne nous disent jamais pourquoi elles sont des mockumentaries.
    J’apprend que la série est entièrement tournée sur iPhone, ça par contre je ne suis pas convaincue d’y voir une plus-value notable, mais bon ça n’enlève rien non plus.

    Ce rapport aux caméras, il est en outre très symptomatique de ce que l’on découvre dans ce premier épisode. Steven Kennis, vice-premier ministre en charge du budget donc, est un incompétent notoire. C’est également un profiteur de la pire espèce, mais il est aussi, bien-sûr, un ambitieux, avec des rêves de grandeur. Dans le premier épisode, il sue à grosses gouttes en apprenant que Charles Van Praet a été dépêché pour conduire un audit de son cabinet, qu’il dirige depuis 6 mois et où il a déjà des choses à se reprocher.
    De 16 établit très, très tôt quel genre de personne est Van Praet : un salaud. Il est méprisant, vulgaire, agressif, et… et, ma foi, compétent. En matière de politique, c’est un homme qui a parfaitement compris les rouages de son milieu, les besoins stratégiques d’un gouvernement, et même, le genre de personnes qu’on croise souvent dans les couloirs de ses cabinets ministériels. C’est un « bon » politicien, au sens où il connaît son métier, a une excellente capacité d’analyse, et s’avère être un fin observateur des faiblesses des autres. Pour les spectatrices, bien-sûr, rien de tout cela n’en fait un personnage aimable, mais c’est le moins pire de la série.
    Face à lui, il y a donc Kennis, roi du bullshit n’existant que par et pour les apparences ; Joris Weyns, jeune chef de cabinet pas idiot mais manquant totalement d’assurance et d’expérience ; Alain L. Pieters, flemmard incompétent sauf pour s’inventer des excuses ; Dirk Kerckhove, premier de la classe plus absorbé par la beauté d’une loi budget bien écrite que par ses conséquences ; et enfin l’assistante Denise Van Steen, qui en a vu d’autres et qui abat son travail sans jamais se laisser duper par toute cette bande de bras cassés. On ne sera pas surprises d’apprendre en fin d’épisode que Van Praet apprécie cette dernière, d’ailleurs.

    Lors de son audit, Van Praet entre donc en contact avec tout ce petit monde, et, sans aucun mystère, perce le secret des dysfonctionnements du cabinet. Il y a une seule personne dans ce bordel qui lui donne un peu d’espoir : Weyns, qui certes a l’aplomb d’une feuille de papier à cigarette (même pas, puisqu’il ne fume pas, contrairement à Van Praet et ses gros cigares), mais qui n’est pas totalement irrécupérable, et a quelques bonnes idées. Le passage-clé de l’épisode, pour ne pas dire la profession de foi de la série, se trouvera d’ailleurs logée dans un échange entre Van Praet et Weyns. Pendant celui-ci, le vieux de la vieille donne une leçon de politique (et de démocratie) au jeune loup, qui a bien compris qu’il a affaire à quelqu’un dont il peut tout apprendre :
    – Est-ce bien démocratique ce que nous faisons ?
    – Je ne crois pas à la démocratie. De nos jours, il suffit d’avoir la bonne coiffure ou de participer à un jeu télé.
    – En quoi croyez-vous ?
    – L’artistocratie. Comme chez les Grecs. Le pouvoir des aristoi, les meilleurs.
    – Et Kennis est le meilleur ?
    – En matière de votes, oui. En tant que vice-premier ministre, c’est un eunuque.
    – Malgré tout, le parti veut qu’il devienne premier ministre ?
    – Il ne doit pas être premier de classe pour ça. Mais ceux qui marchent pour lui dans les couloirs de son cabinet, si. Ce sont ses cerveaux, les aristoi. C’est toi.
    Il n’y a qu’une seule chose sur laquelle Van Praet se trompe : l’identité du chef de cabinet. A la fin du premier épisode, alors qu’il vient de finir son audit et ne pourrait pas être plus soulagé de foutre le camp, il reçoit en effet les ordres du parti de prendre ce poste : sentant le vent tourner, Kennis vient de virer Weyns. Mais comme l’audit a prouvé qu’il fallait quelqu’un pour remettre le cabinet sur les rails, après tout, nommer Van Praet a du sens !
    On aurait presque pitié pour Van Praet, s’il n’était pas un tel connard lui-même, quand bien même il est clairement, aux yeux de De 16, un connard qui a raison.

    Glaçant ? Oui. Mais j’ai envie de dire : c’est ce qu’on attend d’un mockumentary sur le monde politique, dans le fond. Et d’ailleurs je confirme son diagnostic.
    Un peu inconfortable, mais pour de bonnes raisons, De 16 mène son épisode d’exposition tambour battant. On y détruit les quelques rares illusions qu’on pourrait encore avoir quant à la politique, avec un cynisme qui se veut réaliste. Le bilan n’est pas réjouissant, et on rit d’ailleurs assez peu. Cela dit, si vous attendez d’une série politique qu’elle vous fasse passer un moment de joie et de bonne humeur, vous faites un peu partie du problème.


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  • The nurse will see you now

    20 janvier 2022 à 18:28 • Telephage-o-thèque •

    Ces dernières années, plusieurs séries occidentales se sont intéressées aux infirmières qui, pendant les siècles passés, ont représenté la seule présence féminine dans les hôpitaux. Des séries comme ANZAC Girls, Charité, Mercy Street, Tiempos de Guerra, The Crimson Field… j’en oublie sûrement, ont formé une étrange niche dans le paysage télévisuel, parce qu’en dépit de leurs variations, elles reprenaient peu ou prou les mêmes codes. Ces séries à mi-chemin entre le médical et l’historique nous ont ainsi rappelé que les femmes ont toujours fait partie de l’Histoire, pansant les plaies des blessés des grands événements ; mais aussi, elles nous ont détaillé les combats de nos aînées pour pouvoir travailler, obtenir un peu d’indépendance, apprendre des compétences et même, dans certains cas, améliorer la condition d’autres femmes.
    Il était donc grand temps qu’une série en fasse de même pour les hommes ! En tout cas ça semble être la mission que s’est fixée la série danoise Sygeplejeskolen, qui se déroule dans un hôpital où, pour la première fois, le programme de formation des infirmières est ouvert à une poignée d’hommes. Le progrès !

    Je fais un peu de mauvais esprit : Sygeplejeskolen est loin d’être une mauvaise série, dans le genre. En outre les protagonistes féminines n’en sont pas absentes pour autant. Mais je suis quand même assez mitigée au sujet de son premier épisode.

    On est en 1952 et pour la première fois, le Fredenslund Sygehus de Copenhague va former non seulement les infirmières de demain, mais aussi ses tous premiers infirmiers. C’est l’infirmière en chef Margrethe Lund, responsable du programme, qui après des années a obtenu de haute lutte cette expérimentation ; elle a sélectionné sur dossier 5 jeunes hommes pour intégrer la prochaine classe qui s’apprête à démarrer son apprentissage.
    La veille du début des cours, un jeune homme en uniforme toque à sa porte. Erik Larsen, qu’elle a vu grandir, réapparaît dans sa vie pour lui demander une faveur : il veut lui aussi intégrer cette classe unique. Il n’a pas d’argent, il n’a aucune formation médicale, mais il semble motivé et surtout, elle a une immense affection pour sa famille. Erik devient donc un élève infirmier, aux côtés des femmes mais aussi des hommes qui se destinent à ce métier.

    Sygeplejeskolen s’applique à décrire, dans le premier épisode, à quel point la vie de l’hôpital est genrée. Ce n’est pas la seule série à s’arrêter sur cela (comme j’avais eu l’occasion de l’expliquer dans ma review de la première saison de Charité), mais c’est évidemment encore plus important dans une série dont le principe fondateur est le renversement potentiel de ces rôles. Mais les règles de l’hôpital Fredenslund (par exemple l’interdiction pour les élèves infirmiers d’entrer dans l’aile réservée aux femmes) ne sont pas le seul obstacle : il va falloir changer les consciences aussi.
    C’est, en fait, surtout les hommes qu’on verra s’opposer à ce brouillage des genres : le père d’Erik, fugacement au début de l’épisode, essaie de décourager son fils, mais surtout les médecins de l’hôpital eux-mêmes voient d’un très mauvais oeil que des hommes se lancent dans pareille carrière. L’idée sous-jacente est qu’un homme devient médecin, et que les tâches subalternes des infirmières sont à laisser (c’est fort urbain) aux femmes : après tout, elles ne font que torcher des culs toute la journée, pas vrai ? Donc si un homme s’aventure à essayer de devenir infirmier, c’est par paresse ou incompétence, faute d’avoir réussi à être médecin, ou au moins faute d’ambition. Même le directeur du service, Bent Neergaard, est plus que hostile à ce changement, et le directeur de l’hôpital, dans sa seule scène d’apparition, va insister par trois fois sur le fait que ce n’est qu’une expérimentation temporaire. C’est vous dire.
    Car justement, ce n’est qu’un ballon d’essai : l’hôpital ne va tenter le coup que pour 4 mois, et ensuite aviser selon les résultats obtenus.

    Erik se fait remarquer très tôt, donc, parce qu’il fait partie d’un groupe en infériorité numérique qui attise beaucoup de passions. Mais il faut aussi noter qu’il n’a pas suivi le processus de recrutement normal et est arrivé à la dernière minute, qu’il est pauvre (il n’a pas l’argent de se payer les livres de biologie requis pour les cours), et qu’en plus, évidemment, il est du genre à n’en faire qu’à sa tête. Dans le premier épisode, il prendra par exemple l’initiative de venir en aide à un patient en lui donnant des nouvelles de sa femme, qui vient d’accoucher dans une autre aile de l’hôpital, puis en lui présentant son bébé en cachette. S’il veut se faire virer, celui-là, il est vraiment en bonne voie !
    Une grande part de l’intrigue tourne donc autour de cela : comment quasiment tout le monde est hostile à l’idée que ces hommes se préparent à faire un métier de femme. Et comment on va, l’air de rien, le leur faire payer. Mais surtout Erik, qui rentre encore moins dans le moule que les autres (pas juste parce qu’il est roux), et qui en plus a la mauvaise idée de surprendre par hasard le directeur du service dans une position compromettante avec l’une des infirmières…

    Dans le même temps, Sygeplejeskolen s’applique à parler des femmes, aussi. C’est en partie une nécessité mécanique : pour raconter comment sont traités les hommes, il faut bien décrire comment les femmes vivent la même formation. Mais c’est aussi une façon de donner dans les thèmes « classiques » de la série médicale historique mettant en scène des infirmières : on veut raconter comment ces femmes, ayant la possibilité de travailler, tentent de gagner leur indépendance.
    Pour cet aspect de l’intrigue, notre héroïne est Anna Rosenfeld, une jeune femme issue d’une famille riche, qui débarque avec des caisses entières d’affaires et même des meubles, pour s’installer dans l’une des petites chambres réservées aux élèves infirmières. Celles-ci sont en effet logées dans l’enceinte de l’hôpital, et soumises même sur leur temps libre à des règles de vie très strictes. Anna partage sa chambre avec une élève plus modeste et plus réservée, la douce Susanne Møller, qui se trouve un peu prise dans son sillon. Anna est là un peu en dépit du bon sens : vu qu’elle est bien née, elle aurait pu faire un beau mariage et ne jamais avoir à se salir les mains. Une réplique au moment de son arrivée laisse d’ailleurs penser que c’est ce qui a failli se produire… Mais contre l’avis de son père (elle aussi !), elle a décidé d’entreprendre cette formation. Anna a beau avoir mené une vie de princesse, elle n’est cependant pas allergique au travail, et pas totalement déconnectée des réalités. Elle va aussi, évidemment, remarquer Erik, et se lier un peu à lui dans ce premier épisode.

    Bon, soyons honnêtes : même si les femmes et en particulier Anna sont en bonne place dans le matériel promotionnel, il faut quand même admettre que c’est surtout l’intrigue d’Erik qui occupe toute la place dans ce premier épisode. Je ne sais pas si les choix iconographiques de Sygeplejeskolen sont mensongers, ou si cela signifie simplement que la série équilibre différemment ses intrigues sur le long terme (elle compte à ce jour 4 saisons déjà, c’est juste que je ne me suis mise devant que cette semaine). Mais en un sens, elle a raison : Erik a l’intrigue la plus intéressante et originale du lot.
    Ces séries médicales historiques sur des infirmières (une niche télévisuelle qui a des raisons d’exister, certes, mais qui me semble spécifique au point d’être absurde aussi) racontent souvent toutes la même chose sur les infirmières : comment elles étaient là, dans l’ombre, cachées dans les plis de l’Histoire, assistant aux grandes batailles menées par des hommes, ou témoins des grandes avancées scientifiques faites par les hommes, présentes mais jamais nommées. Comment, aussi, ce travail a été l’un des rares qui leur soit accessible, et leur a parfois permis d’avoir juste un peu plus de liberté que leurs contemporaines.
    Bon, à ce stade, même avec des variations (dues à l’époque notamment), on connaît la chanson. Du coup c’est pas plus mal que Sygeplejeskolen ait trouvé un angle différent…
    …Quand bien même il tourne presque exclusivement autour des hommes dans cet épisode introductif. Les hommes qui veulent apprendre à être infirmiers (apparemment, eux, sans y voir une rupture des rôles genrés). Les hommes qui les désapprouvent, et ils sont nombreux. Les hommes qu’ils soignent, aussi, apparemment (vu que les infirmiers hommes ne peuvent pas entrer dans l’aile des patientes, ça va limiter les cas de patientes, même si les infirmières peuvent certes encore les traiter). Je remarque également que même au sein de la classe elle-même, on nous dit qu’il n’y a que 6 hommes parmi les élèves, mais dans la pratique, on ne nous présente que 2 des femmes, et 3 des hommes. Vous voyez où je veux en venir ?

    Pour être honnête, si j’arrive un peu après la bataille pour tester ce pilote, alors que sa diffusion remonte à 2018 et que sa disponibilité n’a pas vraiment été un problème entretemps, c’est que je ne voyais pas vraiment ce que la série aurait à raconter.
    Les clichés sur les infirmières dans les séries médicales historiques que j’ai citées ? Ce sont des clichés, mais au moins ils ont quelque chose à raconter dramatiquement. Ils suivent en partie le modèle initié par d’autres séries historiques, celles s’intéressant plus spécifiquement au 20e siècle notamment. De Las Chicas del Cable à Mad Men en passant par la trilogie Ku’damm, ces séries posent une question précise : comment une génération de femmes a trouvé son indépendance ? A quoi elle ressemble, l’indépendance, d’ailleurs ? Parce que ces intrigues se veulent féministes, elles reposent sur la découverte des possibilités qui se révèlent (et celles encore hors d’atteinte), sur les portes qu’il faut ouvrir de force parce qu’il y a encore des progrès à faire, sur ce que l’on risque en s’engouffrant sur la voie du changement, sur la violence des réactions rencontrées en chemin, et sur les choix qui sont faits pour obtenir l’autonomie tant espérée.
    Mais pour Erik ou les autres hommes de sa promotion de futurs infirmiers, quel est l’enjeu ? Que vont-ils en retirer ? Bah, à part de devenir infirmiers, pour l’instant, bof. Ces hommes n’ont rien à perdre, dans le fond ; ils ont déjà toutes sortes de choix (plus que les femmes de leur époque en tout cas). Ils n’ont pas vraiment besoin d’un progrès. On ne nous dit même pas en quoi, pour eux, c’en serait un, d’ailleurs. Et, hormis le fait qu’ils sont déconsidérés par les autres hommes, ils n’ont pas grand’chose à perdre (même si je sais bien que c’est là le pire cauchemar d’un homme, cette validation n’est quand même pas une situation de vie ou de mort). On met donc sur le devant de la scène des personnages qui n’ont pas vraiment de problème saillant, dans une situation où il y a peu en jeu, et où ne se produit pas vraiment de cas de conscience ou de déchirement. Sygeplejeskolen peine à nous dire pourquoi c’est important.

    Mais bon, c’est joli. Non vraiment, ça l’est ! Sygeplejeskolen m’a rappelé un peu Badehotellet par ses lumières et ses couleurs douces, et ses airs de chronique historique regardable par toute la famille. Dans le fond, Sygeplejeskolen n’est pas plus là que les autres séries en son genre pour faire la révolution. C’est juste que quelque chose dans son sujet de départ prêtait un peu à confusion.


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  • Principe du contradictoire

    19 janvier 2022 à 21:09 • Telephage-o-thèque •

    Parfois, sans raison, on a envie d’un genre de série en particulier. Aucune autre demande, zéro contrainte spécifique, juste un genre. Et à l’intérieur ? On est ouverte à toutes les possibilités.
    Vous aurez peut-être remarqué que depuis quelques semaines, je parle un peu plus souvent de séries judiciaire que d’ordinaire : ma découverte de Le Code, mon retour sur Avocats et Associés, mon rewatch de The Good Wife… Eh bien dans ma fringale, je me suis mise devant le premier épisode d’Allô Tribunal, une série ivoirienne qui commence légèrement à dater (2018, quand même), mais que j’ai pu dénicher grâce à TV5 Monde. Leur site déteste mon navigateur, donc je ne pense jamais à aller faire un tour chez eux, mais pour cette fois j’ai trouvé à me débrouiller autrement.

    Allô Tribunal a deux avantages : c’est à la fois une série de prétoire et une comédie, deux genres auxquels j’ai peu accès lorsqu’il est question de l’Afrique. Et qui, si je suis honnête, me parlent beaucoup plus que des dramas plus soapesques et/ou romantiques. Les présentations étant faites, entrons dans le vif du sujet !
    Le tribunal de Bissauville (capitale du pays fictif Zamboland) intervient dans les litiges entre citoyennes ; le premier épisode se déroule plus spécifiquement lors d’une audience de la juge Savhera, qui écoute les deux parties dans une affaire de paternité.

    Le plaignant est le propriétaire d’un garage, qui est outré que la jeune femme qu’il a fréquentée pendant plusieurs mois soit enceinte, mais refuse de se plier à un test de paternité prouvant qu’il est bien le père de son futur bébé. De son côté, celle-ci est révulsée à l’idée-même de connaître cet homme, sans même parler du fait que le véritable père de son futur enfant est présent dans la salle.
    Ce n’est pas une affaire compliquée, et ça tombe bien, ce n’est pas le but. Allô Tribunal est le genre de série entièrement articulée autour du concept de « parole contre parole ». Personne n’est représentée par une avocate, il n’y a quasiment pas de recours aux preuves physiques, les seuls témoignages entendus sont ceux des parties prenantes (en fait il n’y a pas de barre des témoins formelle, comme ça c’est réglé ; je concède ne pas bien connaître le système judiciaire ivoirien, mais quelque chose me dit que c’est aussi à dessein). Ce n’est pas la loi, ou même l’habileté oratoire, qui remportera l’affaire, mais uniquement la façon dont la juge va réussir à extirper la vérité de témoignages contradictoires.
    En somme, c’est une série juridique qui sur la forme, est uniquement intéressée par la confrontation, et qui repose donc rien d’autre que les dialogues. On n’est pas exactement dans la médiation non plus, mais c’est certainement ce qui s’en approche le plus, donnant à Allô Tribunal un côté à la fois authentique et accessible. En outre il n’est pas question ici d’un dossier criminel, mais d’un désaccord banal (certes sur quelque chose de fondamental : un enfant à naître), auquel quasiment tout le monde peut s’identifier. Bref, on emprunte l’air de rien aux codes du soap ; et comme le soap (sous diverses formes) est très courant sur les télévisions d’Afrique, je ne suis fondamentalement pas surprise par ce choix d’approche.

    Alors ces dialogues, parlons-en.
    Parce que, quand bien même Allô Tribunal cultive quelques moments drôles, ce ne sont pas non plus des dialogues reposant sur l’humour non plus. Le public qui assiste à l’audience tenue par la juge Savhera va rire plus que les spectatrices (…en tout cas si ces spectatrices ont le même humour que moi, ce qui n’est pas garanti), et d’ailleurs, comme s’il était venu au théâtre, l’auditoire du tribunal ne se prive pas de réagir ; mais le résultat n’en est pas moins léger. On ne nous demande pas de prendre au sérieux toutes les personnes qui vont passer devant la cour, loin de là. En un sens, la série nous autorise à les juger, et c’est ça qui en fait une comédie.
    Du coup, quel est le rôle des dialogues ? Eh bien d’avoir l’air aussi vrais que possible. Et pour cela… je suspecte qu’Allô Tribunal repose en partie sur un peu d’improvisation. Pas totalement, à entendre certaines répliques, mais suffisamment souvent pour ne surtout pas briser l’impression de réalisme, laisser les réactions s’entrechoquer, préserver le sentiment d’assiter à des réactions normales de « petites gens » qui se trouvent tout d’un coup dans une situation qui les dépasse un peu. Par de nombreux aspects, la série me rappelle les heures (légèrement honteuses : à l’époque j’assumais mal nombre de mes goûts télévisuels) passées devant Cas de divorce. Si on me disait qu’Allô Tribunal s’est inspirée de cette série, elle-même une adaptation de la série américaine Divorce Court, je ne serais pas plus surprise que cela.

    La formule n’est donc pas inédite, mais ça prouve uniquement qu’elle a ses mérites : celui de décrire des affaires où ce n’est pas le brio d’un réquisitoire, la découverte d’une empreinte capitale, ou un revirement de procédure de dernière minute, qui détermine l’issue du procès. Bref, des legal dramas misant sur l’entretien d’une certaine proximité.
    Est-ce que je regarderais toute une saison d’Allô Tribunal (qui en compte deux) ? Non. Mais je ne regarde plus non plus Cas de divorce, parce que mes goûts ont depuis évolué, pas nécessairement parce que c’est irregardable. Je conçois que ce ne soit pas la tasse de thé de tout le monde, mais il y a clairement ici quelque chose qui se joue, qui au-delà de la forme (ou peut-être grâce à elle) apporte de la variété dans un genre assez uniforme par ailleurs. Du coup c’était quand même bien ce dont j’avais besoin !

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  • Détail

    18 janvier 2022 à 20:36 • Telephage-o-thèque •

    Une disparition d’enfant parmi tant d’autres… enfin, pour autant que cela existe. Un père à la fois accablé et coupable. Deux enquêtrices qui font équipe pour la toute première fois.
    Les séries ukrainiennes (et de l’ensemble de l’ex-URSS en général) à me parvenir sont trop rares pour que je boude un visionnage du premier épisode de Pryatki, en dépit du fait que tout, de son sujet à son matériel promotionnel, suggérait un polar parmi tant d’autres. Et effectivement, quand on commence ce premier épisode, il y a une lourde impression de déjà vu. Certes, les Scandinaves n’ont pas le monopole du genre policier, du froid, ni même des éclairages pâles bleutés, mais il faut quand même reconnaître que la parenté est suspecte…

    Et pourtant je n’ai pas entamé cet épisode à reculons, parce qu’il y a un petit quelque chose de hautement intrigant dans Pryatki.

    Alina et son père Borovko faisaient juste une partie de cache-cache. Un moment innocent pour tenir la petite fille de 7 ans occupée pendant qu’il prépare les pâtes pour le déjeuner. Rien de spécial. Et pourtant, impossible de la trouver, alors que l’appartement est fermé à clé de l’intérieur. Paniqué, Borovko alerte les autorités, et les enquêtrices Naumova et Shumov débarquent dans son immeuble pour essayer de comprendre ce qui a pu se passer.
    Comment aurait-elle pu s’échapper sans ouvrir la porte d’entrée ? Quelqu’un l’a peut-être emmenée ? N’est-ce pas le père, un criminel dont en fouillant l’appartement on découvre des preuves de son recel de faux documents, qui essaie de brouiller les pistes ? Cela pourrait-il avoir un rapport avec le divorce de Borovko et la mère Saenko ? Ou peut-être avec le fait que la grand’mère de la petite fréquente une secte locale ?

    Présentée du point de vue de la police, Pryatki nous emmène dans cette enquête qui commence assez classiquement. La petite victime est mignonne une seconde à l’écran, puis disparaît, et le chaos s’en suit : on connaît la recette. Les plans pesants de Pryatki font beaucoup pour poser son ambiance. Il s’arrêtent interminablement sur les cheminées d’usine et le pylônes, qui semblent presque être les seules habitantes de la ville, alors que les rues de cette cité industrielle sont si vides. Ils insistent sur le dénuement de cette ville pleine de brouillard et de rouille. Ils aussi à quel point les protagonistes sont peu loquaces et torturées. Forcément torturées. Nul doute qu’on en apprendra bientôt plus sur leurs blessures mal (voire pas) cicatrisées, vu l’aperçu qu’on en a dans cet épisode d’exposition.
    Si l’on ne prête pas attention, tout cela peut même sembler prévisible.

    Toutefois, cette introduction fournit un peu plus que le strict minimum syndical. Juste un peu, mais suffisamment pour que cela puisse conduire à quelque chose d’original dans les épisodes suivants ; parfois il n’en faut pas plus au stade du premier épisode. En tout cas le potentiel est là.
    Il y a les intrigues personnelles de Varta Naumova, qui arrive à son poste d’enquêtrice le jour-même, mais qui semble en terrain connu ; et de Maxim Shumov, qui lui, vient d’être rétrogradé, après que son ancien partenaire Valery Bondar ait truqué les résultats d’une enquête. Il est très possible que Bondar soit un ripoux, et cet aspect en particulier continue d’avoir des répercussions même après que Shumov soit assigné au dossier de la disparition avec Naumova. On se retrouve dans une situation assez inédite, dans laquelle il y a en fait une dynamique triple au sein de la police, l’évolution du cas Bondar faisant l’objet d’une intrigue à part entière.
    Mais je crois que ce qui m’a définitivement rendue curieuse, c’est ce plan, visible pendant le générique (et abondamment représenté lors de mes recherches d’illustrations pour la série). Dites-moi franchement, ça vous frappe comme une image issue d’un polar sur une disparition parmi tant d’autres, ça ?

    Le style de cette seule image issue du générique contredit tout le reste. Je suppose qu’elle est en rapport avec la secte que fréquente la grand’mère d’Alina… mais vous admettrez que dans une série hyper austère, et voulant son ton aussi réaliste que possible, reprenant l’absolue totalité des codes du polar froid déprimant, cela pose quand même quelques questions. Faut-il s’attendre à ce que cette histoire de mouvement sectaire prenne une allure fantastique ou de science-fiction ? …Vous savez quoi ? Si ce n’est pas le cas, alors je suis encore plus curieuse !
    Cela ne tient pas à grand’chose, mais le premier épisode de Pryatki m’a intriguée. Puisque la série a été proposée par Walter Presents, j’ai mes chances : je vais essayer de récupérer les autres épisodes (certains d’entre eux ont récemment fait leur apparition sur la toile, mais je me suis aperçue que la saison complète était déjà disponible ailleurs depuis un moment), et en découvrir plus dés que possible. Parfois il n’y a pas besoin de plus.


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  • Réchauffée

    17 janvier 2022 à 20:22 • Telephage-o-thèque •

    A une époque qui semble pas si lointaine, TV Land avait plein de séries originales. Aujourd’hui ? Plus aucune, depuis la fin de Teachers en 2019. La politique de commande de fictions de la chaîne aura duré moins d’une décennie avant de revenir aux rediffusions, son cœur de métier. C’est d’ailleurs loin d’être la seule dans ce cas, plusieurs des chaînes qui s’engoufraient dans la brèche de la Peak TV et qui en sont aujourd’hui revenues au pas de course.
    Dans le cas de TV Land, ce qui rend les choses un peu tristes, c’est que la chaîne avait son propre style (quelque chose dont bien des plateformes très actives dans le domaine de la commande originale ne peuvent certainement pas se vanter, vu que leur politique est au contraire d’essayer de plaire à chaque niche d’audience imaginable), quand bien même il ne s’appliquait pas à absolument toutes ses séries. Reste que, pendant un moment, il y a eu une « recette » TV Land : des gloires du sitcom réunies dans des sitcoms aussi classiques que possible sur la forme. Happily Divorced (évidemment), Retired at 35, The Exes, et dans une moindre mesure Jennifer Falls (celle-ci était en single camera) rentraient toutes dans ce moule.

    Un moule inventé par Hot in Cleveland, la première série scriptée de TV Land, en 2010. Malgré ma réaction un peu tiède au moment de sa sortie, j’ai eu envie de revoir le premier épisode aujourd’hui, parce que c’est l’anniversaire de Betty White et que, pour des raisons étranges qu’on n’élucidera jamais complètement, il y a des décès d’inconnues qui frappent quand même.

    D’ailleurs j’avais oublié que dans le pilote de Hot in Cleveland, la protagoniste jouée par Betty White apparaît très tardivement. L’épisode introduit surtout les trois autres femmes de la série, ainsi que la situation de départ : Melanie, Victoria et Joy sont trois femmes ayant atteint le milieu de leur vie, et qui plaquent tout ce qu’elles connaissent à Los Angeles pour aller s’installer dans ce qui équivaut pour elles au trou du cul du monde, Cleveland dans l’Ohio.
    A la base, ce n’était absolument pas prévu : les trois amies avaient au contraire commencé un voyage vers Paris, pour des vacances entre copines inoubliables. Ou plutôt, pour faire oublier à Melanie à quel point son divorce était difficile ; sauf que l’avion rencontre des problèmes en vol, et atterrit en urgence à Cleveland. Et là, c’est le choc culturel : dans l’Ohio, elles sont populaires auprès des hommes ! Après un safari en ville, pendant lequel elles s’émerveillent de chaque différence avec leur vie à Los Angeles, les trois amies rencontrent des hommes de leur âge qui les invitent à prendre un verre. Melanie, déprimée par son divorce et plus encore par le fait que dans l’avion pour Paris, elle avait rencontré son ex-mari (…et la fiancée de celui-ci), décide de louer une maison en ville et s’installer là. Un peu fou ? Oui. Mais rapidement Victoria et Joy réalisent qu’elles veulent rester aussi.
    Or, la maison est louée en incluant une employée de 80 ans, Elka. Naturellement elle va plutôt devenir une quatrième comparse.

    A l’époque de mon premier visionnage, je n’avais pas écrit de review au sujet de Hot in Cleveland (la seule trace que je trouve dans mes notes étant cette brève mention ici ; à l’époque je mettais encore des génériques en téléchargement), mais j’en avais gardé une opinion négligeable. Ce n’était pas mauvais (ou disons, moins mauvais que je le pensais), mais ce n’était pas non plus ma came. Je n’y étais plus revenue depuis.
    Pourtant… en regardant le premier épisode à nouveau aujourd’hui (puis le deuxième, que je n’avais jamais vu) (puis le troisième) (pour l’instant je me suis arrêtée au quatrième) je m’aperçois que je souris, un peu. Hot in Cleveland partage certaines des qualités que je louais dans ma review de Happily Divorced, et qui font certainement partie de ces caractéristiques que TV Land recherchait pendant sa brève incursion dans le domaine des séries originales. Les protagonistes sont plutôt âgées (probablement pour coller à l’âge perçu du public de la chaîne), mais elles sont encore sexuellement actives et ne s’en cachent pas. Le franc-parler de la série à cet égard s’applique à d’autres aspects de la vie après un certain âge, quand on a eu une vie déjà bien remplie, mais qu’on ressent le besoin impérieux d’en vivre plus. Il y a quelque chose de joyeux dans cet épisode, qui perpétue, et c’est bien naturel, directement l’héritage de The Golden Girls, et sa relation au temps qui passe.

    Peut-être est-ce mon état vulnérable chaque fois que je vois le visage de Betty White depuis un peu plus de deux semaines (chose que Youtube a bien comprise : mes recommandations y ressemblent à sa page IMDb). Peut-être est-ce le fait que les goûts télévisuels évoluent (et heureusement). Peut-être est-ce l’approche de mon propre anniversaire dans quelques jours (the big 4-0, qui plus est). Ou d’autres facteurs plus ou moins conscients, sur lesquels je n’ai pas encore mis le doigt.
    Mais j’ai passé une partie de ma journée du côté de chez Hunnyhaha, et je ne regrette rien.

    A part, oui, si, vous savez… qu’on vive dans un monde sans Betty White.


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  • Pas de porte

    16 janvier 2022 à 22:24 • Telephage-o-thèque •

    Cette semaine, on apprenait que la série québécoise Le 422 avait été acquise par le groupe Canal+ pour une diffusion en France. Certes, je ne surveille pas de très près les acquisitions des chaînes françaises, mais la nouvelle m’a surprise parce que Le 422 est une série pour la jeunesse. Or, à ma connaissance, rares sont les fictions francophones destinées à cette tranche d’âge qui traversent l’Atlantique. Pourquoi celle-ci a-t-elle réussi à nous parvenir ?
    Eh bien ça m’a donné envie de vous en parler. Bon, avant de me lancer, une note en petits caractères, quand même : j’avais vu le premier épisode il y a environ un an et demi… Aussi j’espère que vous me pardonnerez : il s’agit là d’impressions « de seconde main », vu que je n’écris ces quelques lignes qu’après un revisionnage de l’épisode. Ce genre de reviews a facilement tendance à être plus tiède, ce qui ne va pas trop aider notre affaire.

    Le « 422 » est le surnom d’une maison abandonnée que tout le monde dans le coin connaît. Il faut dire qu’elle a une histoire un peu sinistre : une fillette a disparu là, et lorsque sa famille s’est lancée à sa recherche… elle a disparu aussi. Depuis la maison reste abandonnée, et, forcément, exacerbe l’imagination des enfants du quartier. Lou et Sacha sont les meilleurs amis au monde, et vivent non loin de là ; évidemment ils connaissent bien l’histoire de cette maison. Avec leur semi-pote Luc, ils décident d’essayer de s’introduire sur les lieux, dans l’espoir de se trouver un endroit où jouer tranquillement aux jeux videos, loin des perturbations des adultes. Luc est un gosse un peu fragile, encore en deuil de son père, mais très intelligent ; Sacha, épris de hip hop, est plutôt peureux ; quand à Luc, geek irrécupérable, ils ne le fréquenteraient probablement pas s’il n’avait pas une console de jeu.
    Le jour où les trois garçons s’aventurent au 422, ils découvrent un domicile dont les habitantes se sont comme évaporées. Tout est resté en place comme si personne n’était jamais parti. Et bonne nouvelle, il y a l’électricité pour brancher une console ! Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’était de tomber nez-à-nez avec deux sœurs, Sophie et Lucie, qui sont les nièces des habitantes de la maison. Elles cherchent à percer le mystère de la porte qui se trouve au sous-sol, et qui est fermée par une centaine de cadenas. Menaçant les garçons de les dénoncer, elles les enrôlent pour les aider à ouvrir la porte, sauf que pile au moment où l’opération réussit… deux étranges adultes aux airs peu recommandables s’introduisent eux aussi sur les lieux. Ils ont l’air louche pour ne pas dire menaçants, et semblent prévoir une sorte de chasse au trésor, à l’aide d’une carte abandonnée sur la table de la cuisine du 422, où apparemment ils vivent en cachette. Mais que cherchent-ils ? Pas le temps de trop s’en inquiéter, parce que les deux malfaiteurs semblent bien décidés à se débarrasser de tout témoin.

    Le 422 ne part pas d’un sujet extraordinairement original : avant la fin du premier épisode, il nous sera (en partie) révélé ce qui se cache derrière la porte et, surprise, c’est une sorte de monde parallèle. On en ignore encore la nature exacte, mais en tout cas il y a tout un univers à découvrir derrière la porte, ce qui n’est pas exactement le summum de l’innovation en matière de séries pour la jeunesse, vous en conviendrez.
    Mais, évidemment, ce qui fait l’intérêt de ce genre de séries, ce sont les détails de ce monde étrange et inconnu, pas sa simple existence. A cet égard, tout reste encore à découvrir ! Pour l’instant, tout ce qu’on sait, c’est que les jeunes protagonistes de la série n’ont d’autre choix que d’entrer dans ce monde sans rien en connaître ; on n’en voit absolument rien quand finit cet épisode introductif. Le suspense est entier (pourvu de ne pas vous êtes spoilée en cherchant des illustrations pour la review…) quant à ce qui attend toute la petite bande, à l’exception notable de Sacha qui a eu trop eu peur de passer la porte.

    L’épisode initial remplit son office avec diligence, exposant sommairement les personnalités de ses héroïnes et les circonstances de départ de l’intrigue. Ce n’est pas du tout mauvais, mais ce n’est vraiment pas le genre d’épisode de départ qui donne envie de poursuivre, parce qu’on n’a encore aucune indication quant à ce qui ferait l’intérêt de la série. Tout ce qu’on sait du trou noir, c’est que ça s’appelle « la huitième dimension ». Mais qu’est-ce qui la distingue des autres en son genre ? Pourquoi est-elle porteuse d’aventures ? Par exemple, je pensais beaucoup à Nowhere Boys en revoyant cette exposition aux fins d’écrire ma review, et au moins, Nowhere Boys nous dit quel est la dimension dramatique du monde où sont envoyés ses 4 héros : c’est leur monde, sauf que dans cette dimension ils n’ont jamais existé. Ou alors, comparez avec The Odyssey (certes plus ancienne), qui insiste sur le fait que Jay soit dans le coma pendant qu’il vit des aventures post-apocalyptiques. Ou avec Spellbinder, qui tout simplement pose les bases d’un univers steampunk. Ou encore avec Gostya iz Budushchevo, où l’aspect futuriste s’affiche dés le moment du voyage.
    Ici on ne sait pas trop ce qui est supposé fasciner dans ce premier épisode, parce que la seule chose que l’on voit sur l’autre côté de la porte… c’est le néant. Par définition : la carte est la seule chose permettant de voir dans le noir, grâce à une incantation magique (que fort heureusement Lou a retenue). Je vous ai mis une capture d’écran ci-contre, du moment où la porte est ouverte et ce qu’elle cache « révélé », pour que vous constatiez que je n’exagère pas ! Oui, la porte, c’est le petit rectangle…
    Alors, attention, ça ne veut pas dire que la série sera sans intérêt. C’est juste que son premier épisode est mutique. Seule la carte découverte dans la cuisine pourrait éventuellement servir d’indication… sauf qu’elle est énigmatique non seulement en ce qui concerne le message incantatoire cryptique qu’elle porte, mais aussi sur la forme, qui ne semble appartenir à aucun « thème » défini. Ce qui attend Lou et ses amies pourrait être un voyage aussi bien chez des pirates, vers le futur, sur une autre planète, absolument n’importe où. A peu près sûre qu’on peut éliminer l’hypothèse de dinosaures, mais c’est bien tout.

    La première fois que je l’ai testée, je n’ai jamais poursuivi la série parce que je ne ressentais aucune excitation quant à ses promesses opaques ; encore une fois ça ne veut pas dire qu’elle n’a pas de qualités, simplement qu’elle en réserve la découverte pour l’épisode suivant. A mon sens, ce n’est pas comme ça que fonctionne un premier épisode solide : pour le moment, les jeunes spectatrices ne se voient pas délivrer de raison tangible de revenir.
    Pour être tout-à-fait honnête, cependant, maintenant que je me suis en partie spoilée en faisant quelques recherches sommaires… je vois légèrement mieux où on veut en venir, et ça n’est pas dénué d’intérêt. En outre j’ai vu quelques plans de la série, et les effets spéciaux (quasiment invisibles pour le moment) semblent très convaincants. Quand on a dans sa manche des plans comme ceux que j’ai vus, c’est dommage de ne pas en donner un aperçu pour jouer sur l’émerveillement.
    Il faudra donc sûrement s’armer de patience pour apprécier Le 422 ; une qualité que je ne possède pas, et dont j’ignore si les jeunes spectatrices sont plus dotées que moi.


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