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    25 avril 2020 à 13:51 • Review vers le futur •

    Quand tout va mal, dites-vous qu’au moins vous ne vivez pas dans une série de science-fiction allemande. Parce que franchement, entre 8 Tage, Dark et maintenant SPIDES, euh, merci mais non merci. Bonjour l’ambiance.
    Cela dit, c’est cool que la science-fiction se développe sur les petits écrans d’Allemagne où elle a longtemps eu du mal à exister, grâce à des plateformes de streaming et des chaînes du câble/satellite. En effet, on parle aujourd’hui de la toute première production originale de SyFy Deutschland.

    Hélas on ne peut pas dire que SPIDES soit particulièrement fascinante. Il y a quelque chose dans cette production qui évoque plutôt les séries de science-fiction des années 90, ce qui serait formidable si ça ne faisait pas 20 ans qu’il y a eu des séries de science-fiction depuis. Bon et puis, la nostalgie des années 90, ça ne marche que sur les séries qui existaient dans les années 90, désolée mais c’est pas moi qui fais les règles.
    Plus précisément, SPIDES évoque tout ce versant de la SF télévisée qui est né après The X-Files et a tenté, plus ou moins laborieusement, de foutre des conspirations et des aliens à toutes les sauces possibles en espérant qu’à un moment ça finisse par prendre. Spoiler : ça a rarement pris.

    Dans le cas de SPIDES, il s’agit d’une conspiration dont on suppose qu’elle n’est pas gouvernementale, mais on a si peu d’éléments dans le premier épisode qu’en un sens ça n’a pas vraiment d’importance. Ce qu’on sait, c’est qu’un mystérieux personnage en fauteuil roulant est notre vilain méchant de service, pour lequel travaillent toutes sortes de scientifiques qui essaient désespérément de développer quelque chose de plus ou moins suspect.
    Plutôt moins que plus. Dés le démarrage de cet épisode on sait que ce quelque chose est en rapport avec une drogue appelée « blis » (oui, ils sont sérieux), qui circule dans les clubs les plus en vue de Berlin. Cette drogue est consommée en se versant une goutte ou deux dans les yeux, suite à quoi ceux-ci deviennent brièvement lumineux et tout apparaît au consommateur avec un filtre violet (say no more, sign me up). Beaucoup de personnes qui prennent du blis oublient tout au petit matin. Tout le monde en raffole, même si on ne comprend pas trop pourquoi cette drogue serait plus mieux que n’importe quelle autre vu ses effets en apparence peu originaux… Qu’importe, chacun veut son blis, et le problème c’est que cela a entraîné une vague de disparitions à cause de la perte de conscience et/ou de mémoire occasionnée. Plus étrange encore, il semblerait que certains des jeunes disparus après la prise de blis finissent par réapparaître, mais différents. Différents en quoi ? Juste différents, arrêtez de poser des questions.

    Tout cela serait éventuellement intéressant si SPIDES tentait de s’efforcer d’essayer d’avoir l’ombre d’un demi-soupçon de suspense, mais pas de chance, ce n’est pas du tout le choix opéré ici, puisque l’épisode s’est ouvert sur le laboratoire du fameux vilain méchant où l’on a assisté au réveil d’une jeune fille dans un étrange bassin violet. En sus, on a eu droit à de multiples conversations (soi-disant à mots couverts) qui ont rapidement démontré que le blis venait de cette organisation, et aidait à accomplir le plan diabolique de euh, écoutez je suis même pas sûre qu’il ait un nom.
    Quant à la jeune fille qui s’est réveillée, Nora, elle devient ensuite la véritable héroïne du pilote de SPIDES ; on apprend qu’elle a sombré dans un coma de deux semaines après une prise de blis, mais qu’heureusement elle est revenue. Hormis une perte de mémoire, dont sa neurologiste assure qu’elle n’est pas dramatique, aucune séquelle n’est à relever. Vu qu’on sait très bien que le blis n’est pas une drogue comme les autres (rapport au laboratoire, pas aux filtres violets), que la neurologiste travaille pour le vilain méchant en fauteuil roulant, et tout le bazar, on va passer l’essentiel de l’épisode à regarder Nora se faire raconter toute son existence par ses parents, son petit frère, sa meilleure amie qui clairement en pince pour elle, son plan cul du moment même… Alors qu’on sait pertinemment que ce n’est pas la vérité, ou au moins pas toute la vérité, et qu’il se trame quelque chose d’autant plus dramatique pendant qu’elle consulte ses albums photos pendant des heures.
    Il y a aussi des personnages très secondaires de flics qui ne semblent pas faire avancer beaucoup le schmilblick (Florence Kasumba interprète l’une d’entre elle, si ça peut aider), et qui ne sont probablement là que pour remplir le quota de volaille à la télévision.

    Honnêtement, j’aimerais trouver un truc gentil à dire pour apporter un peu d’équilibre à cette review, mais je sèche un peu. Je, euh, trouve que le cast a un excellent accent anglais ?!
    Ah oui, parce que ce que je n’ai pas précisé, c’est que la série est produite en Allemagne, mais en anglais. La raison est que le premier script de la série, écrit et pitché en allemand, a été refusé par les chaînes traditionnelles, officiellement parce que la SF n’est pas trop leur truc (je soupçonne que les diffuseurs allemands aient aussi flairé la grosse bouse…) et qu’ils ne voulaient pas investir dans une fiction de genre. Ce n’est qu’une fois NBCUniversal (qui détient la chaîne SyFy) intéressée que le script a été réécrit en anglais par Peter Hume, lequel a travaillé sur des séries comme Charmed, Mercy Point ou Olympus et a donc évincé les créateurs originaux de la série grâce à son CV. Cela a ensuite permis un tournage en anglais avec un cast international, dans l’espoir à terme de pouvoir fourguer la série bien au-delà de l’Allemagne…
    Je ne veux pas avoir l’air d’apprendre leur métier aux gens, mais tout dans SPIDES relève de la recette d’une série à succès, on opposite day. D’ailleurs chaque fois que NBCUniversal se mêle de séries européennes, ça ne loupe pas, c’est toujours le pire du pire.

    Dit comme ça, je sais que j’ai l’air de ne pas avoir apprécié le premier épisode de SPIDES, et de regretter cette heure de ma vie qu’on ne me rendra jamais.
    …Pourquoi vous croyez que je l’ai dit comme ça ?


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  • Vieille dame

    24 avril 2020 à 13:39 • Telephage-o-thèque •

    Cette semaine vous avez sûrement entendu, au beau milieu de la nuit, un glapissement étrange. Je vous rassure, c’était juste mon excitation quand j’ai découvert que je pouvais regarder le premier épisode d’Ana Andi Nos, une série koweïtienne qui me faisait envie depuis un an déjà, vu qu’elle a été diffusée pendant le Ramadan précédent. Je n’en avais jamais vu le moindre extrait, et encore moins avec des sous-titres, mais je savais que je voulais la voir… et maintenant que c’est possible, je suis… un peu… terrifiée ?
    Non, mais allez, je suis sûre que ça va bien se passer.

    Ana Andi Nos (parfois orthographié « Ana Andi Nuss« , c’est souvent le soucis avec les séries arabes : les romanisations peuvent varier et il y a très peu de sources anglophones pour aider à naviguer dans tout ça si l’on n’est pas soi-même arabophone) est proposée par Netflix sous le titre I have a script, qui forcément donne une idée plus transparente de ce qu’il s’y trame. Ce qui m’avait attirée, c’était la perspective de parler d’écriture, certes, mais aussi tout simplement de suivre une vieille dame, ce qui se produit encore trop rarement dans une série à mon goût.

    Asmaa n’est pas juste un personnage de vieille dame : c’est LA vieille dame. Je crois bien que c’est la raison pour laquelle je l’ai aimée immédiatement, quand bien même je l’ai découverte sous un jour un peu différent.
    Le premier épisode nous la présente d’abord au début de l’adolescence ; aînée de trois enfants (les deux autres sont ses jeunes frères, Mansour et Salah), elle prend très au sérieux son rôle à plus forte raison parce que leur mère est hospitalisée. Elle est attachée à leur raconter des histoires dont elle a le secret, à leur préparer à manger, à veiller à ce qu’ils n’aillent pas s’amuser au parc afin d’être là pour le retour de leur père. Le jour de l’Eid, pourtant, leur père reste plus longtemps que prévu à l’hôpital pour sa visite, et à son retour, il apparaît qu’il ne sait pas comment leur annoncer que leur mère n’est plus.
    De sa mère, Asmaa a appris la cuisine, et la fabrication de ses propres parfums. De son père, elle apprend ce jour-là une autre leçon : toujours faire ce qu’elle veut tant que cela ne nuit pas à autrui.

    Il faut un long moment à Ana Andi Nos pour nous raconter cette origin story, parce que les dialogues sont plutôt lents, et que le ton imposé, d’emblée, est celui de la chronique. Il faut encore un petit moment avant de découvrir quelle vieille dame cette Asmaa est devenue, car la camera préfère nous présenter d’abord son appartement. Un appartement de petite vieille dame, vraiment ; un appartement qui nous dit qui elle est bien avant que son visage n’apparaisse.
    Et comme dans les scènes ayant ouvert la série, la journée pendant laquelle se déroule l’action dans le présent est celle de l’Eid ; Asmaa se prépare à sortir, pour aller déjeuner avec ses frères. Le problème, c’est qu’elle s’est brouillée il y a deux ans avec ses frères, et qu’elle a en réalité été invitée par sa belle-sœur sans qui les autres membres de la famille n’en aient la moindre idée. Les retrouvailles après deux années de rancœur ne se passent pas franchement bien, et Asmaa est bientôt renvoyée chez elle sans ménagement. Mais elle n’est pas la seule : un troisième frère s’est également présenté à déjeuner, que Mansour et Salah ont chassé avec la même véhémence.

    Un troisième frère ?! De toute évidence, Ana Andi Nos a bien des surprises dans sa manche ; il faudra attendre le deuxième épisode (auquel je le confesse, j’ai jeté un œil) pour comprendre d’où sort Khalid. Mais dans l’intervalle, nous avons fait plus ample connaissance avec Asmaa, et il est vraiment difficile de ne pas l’adorer.
    Pendant tout cet épisode, je n’ai eu de cesse de penser à ma propre grand’mère ; je ne sais pas trop pourquoi, parce que ma grand’mère n’était pas vraiment comme Asmaa. Mais il y a quelque chose, dans sa façon de souffler dans les escaliers ou d’offrir des cadeaux en insistant pour que personne ne se sente obligé de les prendre, qui évoque non pas une vieille dame en particulier, mais toutes les vieilles dames quelle que soit leur personnalité. Cela paraît probablement idiot, et au moins autant cliché ; je suppose que toutes les vieilles dames ne se ressemblent pas (j’avoue ne plus en fréquenter beaucoup). Asmaa transmet pourtant cela, cette affection immédiate qu’on peut avoir pour quelqu’un qui a vécu, qui a fait ses choix, qui a décidé qui elle était, et qui n’a plus besoin de tout réévaluer. Asmaa a cette qualité qui me fait tant rêver qu’on ait plus de séries sur des personnes âgées : celle d’offrir un personnage dont les moments charnière de l’existence appartiennent au passé, et qui a donc des choses différentes à raconter.

    Nul doute qu’Ana Andi Nos n’est pas pour tout le monde, et je dois avouer que vers le milieu du deuxième épisode (sur 30 en tout, puisque c’est un mosalsal), j’ai commencé un peu à me demander à quel moment cette histoire de script allait enfin être abordée. Oui, Ana Andi Nos prend son temps, c’est le moins qu’on puisse ire, mais qu’importe, vu qu’on le passe avec une adorable vieille dame.


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  • Une série à la fois

    24 avril 2020 à 13:39 • Telephage-o-thèque •

    Si vous comptez parmi les habitués de ces colonnes, alors vous savez que tout au long de l’année, je parle de séries qui ne sont pas faites pour moi. Car dans le fond, c’est vraiment de ça qu’il est question, pas vrai ? Regarder des séries du monde entier, c’est avant tout regarder des séries faites pour d’autres publics. Les séries qui sont produites ailleurs sont des séries qui s’appuient sur d’autres codes culturels, d’autres standards de production, d’autres rythmes de diffusion. Rien ne va de soi pendant un visionnage, et entre vous et moi, c’est sûrement ce challenge qui m’attire le plus, celui qui m’oblige à comprendre, accepter et interpréter tout ce qui n’est pas mien à la base, pour aller au bout d’un épisode. Cet effort varie, évidemment, selon la familiarité qu’on a avec le pays en question et ses traditions télévisuelles, sans le savoir nous le fournissons tous, depuis notre plus jeune âge, devant des séries qui ne sont pas françaises (même devant une série américaine dont aujourd’hui nous n’avons pas nécessairement l’impression qu’elle est une « série étrangère« ) ; c’est juste que nous possédons les clés pour de certaines contrées plus que pour d’autres.
    Mais c’est bien de cela qu’il s’agit : d’apprendre ces nouveaux codes culturels, ces nouveaux standards de production, ces nouveaux rythmes de diffusion, pour comprendre un peu mieux de nouvelles séries, et, si Dieu le veut, pour comprendre un peu mieux le monde aussi. Au final, ne pas regarder une série venue de l’autre bout du monde parce qu’elle va sembler dépaysante, mais parce qu’elle va enrichir notre perspective (et, à notre grande surprise, être parfaitement capable de nous émouvoir au passage). Le propre d’une découverte, c’est bien de rendre l’inconnu familier, non ?
    Sans cette curiosité, regarder des séries d’ailleurs n’aurait pas de sens. Ce serait juste un exercice d’exotisme télévisuel, et encore.

    Il est des séries qui me le rappellent de façon plus vivace que d’autres, et vous l’aurez deviné, la série du jour est l’une d’entre elles. A la base, je n’avais lancé le premier épisode de la série libano-syrienne Al Hayba que par hasard, ou plutôt par hasard du calendrier : le premier épisode de cette série lancée pour le Ramadan 2017 m’est tombé sous la main alors que commence le mois de Ramadan. Malgré tout, il m’a surprise, parce que Al Hayba est un mélange étonnant de mélodrame et de crime drama, qui se déroule dans un contexte dont je n’ai qu’une vague idée… et parce qu’en plus, structurellement, cet épisode introductif est particulier.

    Tout commence dans le bureau des douanes, à l’aéroport de Beyrouth. En attendant l’officier qui s’occupe de vérifier leurs documents, une jeune femme nommée Alia discute péniblement des circonstances dans lesquelles son mari Adel est mort récemment ; avec elle se trouve un ami (et apparemment collègue) d’Adel, nommé Naim, qui l’accompagne alors qu’elle fait le voyage depuis le Canada où elle résidait avec leur fils Joe, jusqu’au Liban pour enterrer Adel. Cette discussion entre Alia et Naim est un exercice d’exposition assez maladroit, qui dispense au spectateur (sans grande subtilité) les informations nécessaires pour comprendre comment les personnages en sont venus à être assis dans ce bureau. L’une d’entre elles est plus importante que les autres : Alia ne connaît pas la famille de son mari, Adel n’ayant parlé à personne depuis des années, n’étant jamais revenu au Liban, et ayant toujours refusé le moindre contact avec eux ; mais paradoxalement, dans son testament, il a demandé à être enterré dans son village natal, Al Hayba donc.

    Fort heureusement Al Hayba m’a donné un peu plus d’éléments de contexte qu’elle n’en a fourni à Alia. A mesure que se déroule le premier épisode, il apparaît que la famille d’Adel est plus que particulière : c’est un clan criminel dont le territoire s’étend sur plusieurs kilomètres dans les montagnes libanaises près de la frontière syrienne, et englobe le village d’Al Hayba. Même la police n’ose pas trop y mettre les pieds (malgré les multiples check points dans la région), et vu l’état de la téléphonie là-haut, j’ai l’impression que même les opérateurs hésitent à y envoyer des techniciens !
    Le frère d’Adel, dénommé Jabal, est à la tête du clan, avec des dizaines d’hommes armés jusqu’aux dents sous ses ordres, mais la matriarche Nahed est révérée également, et non sans influence. Tous les deux sont inquiets l’un pour la sécurité de l’autre, d’ailleurs ; la tension de tout l’épisode réside dans cette peur que quelque chose se passe. Quoi, au juste ? Ma foi, ce n’est pas clair. Mais cela a du sens, bien-sûr : un clan criminel a, par définition, des ennemis (les autres clans). Sans parler de l’animosité avec les autorités. Quelque chose, ça peut être beaucoup de choses, d’où l’impression d’un danger omniprésent. En outre l’arrivée de la dépouille d’Adel est un moment de potentielle vulnérabilité dont d’autres pourraient prendre avantage.
    Cela bien-sûr, Alia ne le sait ni même ne le conçoit. Mais à mesure que le convoi transportant le cercueil de son mari, Naim, Joe et elle-même, s’approche d’Al Hayba, elle commence à comprendre à tout le moins que ces funérailles ne sont pas celles qu’elle avait espérées pour pouvoir faire son deuil. Tout, de l’organisation pratique des choses aux enjeux plus larges qui se jouent au-delà du seul enterrement, lui échappe.

    A ma grande surprise, c’est de cela que le premier épisode d’Al Hayba veut parler, et à peu près de rien d’autre vu la façon dont il s’achève. Tout est mis dans la lente explication de qui est vraiment Jabal, c’est-à-dire de son rôle dans la région et ce que ce rôle implique. A mesure que le cortège funéraire avance vers sa destination, Alia comprend dans quelle mesure elle n’a aucun contrôle sur les événements, parce que ce contrôle est détenu par Jabal et qu’il est maintenu par des dizaines d’hommes avec leur FAMAS solidement ancré à leur bras.
    Dans tout cela l’épisode inaugural ne s’intéresse pas vraiment à Alia, et si j’en crois le fait que l’actrice ait fui la série au bout d’une seule saison (et ses raisons pour le faire), ça n’est pas spécialement voué à beaucoup s’arranger. Vu la façon dont ce premier épisode se construit, ce n’est pas étonnant : Alia est là pour être témoin des actions des autres. Mais pour les spectateurs libanais ou syriens, à qui la série est destinée, Alia est probablement l’étrangère. Elle a vécu au Canada pendant tant d’années qu’elle parle plus facilement l’anglais que l’arabe, ne connaît personne, ne comprend pas les enjeux… et du coup, pour moi, elle est celle dont je partage la perspective, parce que son ignorance est mon ignorance.

    A première vue, ça pourrait sembler un peu court, pour un épisode d’environ trois quarts d’heure, comme objet. Mettre en place cette tension sans la matérialiser, sans vraiment nous dire ce qu’au-delà, la série va raconter, sans même s’intéresser à son personnage supposément central… c’est un choix qui de prime abord semble être « trop peu ». La plupart des épisodes introductifs iraient plus loin, nous diraient à quoi cette tension conduit, ou même, mettraient en place des tensions supplémentaires, pour que, une fois qu’on a compris qui la famille d’Adel est, il y ait d’autres enjeux sur lesquels se pencher dans les épisodes à venir. Dans une autre série ce choix serait un mauvais choix, quelque chose qui indiquerait un défaut. Mais dans le cas d’Al Hayba, ce choix a du sens, parce qu’Al Hayba est un mosalsal : une série du Ramadan. C’est donc, à ce titre, comme des milliers de séries chaque année dans le monde musulman, une série quotidienne, dont les enjeux peuvent être plus lents, plus progressifs, plus prudents, parce qu’après tout on se donne rendez-vous le lendemain à la même heure pour l’épisode suivant.

    Ils sont là, les codes culturels, les standards de production, les rythmes de diffusion dont la compréhension est nécessaire. Et c’est la raison pour laquelle moi aussi, je suis là (et bien là), à regarder des séries du monde entier, à en parler avec vous, à partager des clés pour les comprendre. C’est la raison pour laquelle je vais être là encore un bout de temps, parce qu’on n’a jamais fini d’arpenter le monde pour tâcher d’en comprendre le moindre recoin, une série à la fois.


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  • Hymne à la joie

    12 avril 2020 à 23:13 • Zappeur, Zappeur n'aies pas peur ! •

    Qui n’a pas envie de merveilleux en ce moment ? D’imaginer l’impossible puis d’y assister… Moi aussi je veux me laisser bercer par l’inédit frisson des choses qui n’existent pas, et oublier tout ce qui existe un peu trop en échange. Juste focaliser mon attention sur un enchantement quelconque. Du coup vous savez quoi ? Laissez-moi essayer.

    Ce soir attention, tour de magie : je dis du bien du premier épisode d’une série française !

    Alors ça pour sûr, ça ne se produit pas tous les jours, et certainement pas avec des comédies. Pardon hein, mais bon, on sait. Beaucoup de comédies françaises sont lourdingues, je ne vous apprends rien. C’est pas comme si c’était un secret, ni même un accident.
    Heureusement, il y a quand même un peu plus d’options aujourd’hui que quelques années en arrière. Quels que soient vos goûts en matière d’humour, il est désormais possible de trouver une comédie avec laquelle nouer une idylle à la télévision française, qu’il s’agisse d’Irresponsable, de Deutsch-les-Landes, de Dix Pour Cent… (attention il y a une intruse). Eh bien Parlement s’inscrit dans cette tendance.

    Parlement, c’est comme son titre le sous-entend une comédie en single camera qui se déroule dans les couloirs du Parlement européen, où Samy rejoint le bureau d’un député français, Michel Specklin, pour devenir son nouvel assistant parlementaire. Le premier épisode suit (ça tombe bien) la première journée de Samy à ce poste, et il ne lui faudra pas plus pour comprendre qu’il va en baver.
    Certains ressorts de Parlement ne sont pas très surprenants, et en commençant cet épisode inaugural, j’étais au départ assez pessimiste. Pendant les premières minutes de la série, Samy démontre qu’il est naïf au point d’en être stupide, son patron Specklin est clairement un planqué qui n’en branle pas une au Parlement, et au-delà l’univers parlementaire européen est plein à craquer de requins qui ne pensent qu’à leurs intérêts. Ce n’est pas franchement inédit, vous l’admettrez. La mise en place patauge dans ces quelques clichés, au point que je commençais à me dire que les premières critiques que j’avais aperçues ces derniers jours étaient hautement suspectes (…sommes-nous prêts à accueillir à bras ouverts n’importe quelle comédie française meilleure que Péplum ? oh bon sang merde, c’est vrai j’oubliais, même Péplum a eu deux saisons).

    Qu’on se rassure : ce n’est que l’échauffement. Progressivement l’épisode introductif de Parlement se met en jambes et commence à offrir quelque chose d’un peu plus robuste.
    L’introduction de personnages étrangers (Parlement est en effet une série française polyglotte) apporte des dynamiques qui, à défaut d’être imprévisibles, font du bien : Samy, au lieu de courir après un député qui de toute évidence n’a pas envie d’en foutre une rame (ce qui devient d’ores et déjà un peu vieux), doit désormais se dépêtrer face aux assistants parlementaires des autres députés (britannique et allemand, respectivement), un lobbyiste italien, et bien plus. Dans sa grande naïveté, Samy est pour le moment incapable de naviguer dans cet univers où tout le monde sans exception possède pleinement les codes du lieu ; mais Dieu merci, et j’espère qu’on continuera de voir des évolutions en ce sens dans les épisodes suivants, ce que notre héros n’a pas en perspicacité, il l’a en qualités d’adaptation. Il ne comprend peut-être pas tout, mais Samy est au moins capable d’apprendre de ses erreurs et ne pas les répéter ! Par exemple quand lui aussi comprend que son député ne veut surtout pas s’impliquer, il n’essaie plus de lui poser des questions sur le boulot à faire, ce genre de choses. Du coup ce personnage naïf n’est pas un imbécile irrécupérable et ça veut dire que même si le Parlement européen lui réserve certainement encore beaucoup de surprises, on peut espérer ne pas tourner en rond au fil des intrigues.

    Pourtant le plus grand atout de Parlement, je ne l’ai pas encore mentionné. Lui aussi se dévoile très progressivement, mais c’est niché dans les dialogues qu’il faut aller le chercher, dans les références géopolitiques de la série.
    Outre les plaisanteries autour du BREXIT (too soon ? franchement le coup de l’anniversaire m’a explosée), Parlement instille des commentaires sur l’actualité aussi bien internationale que nationale. Là où je m’attendais à un humour extrêmement prudent sur ces sujets, a fortiori sur le service public où parfois il semble qu’une fausse neutralité soit de rigueur, la série se montre même assez mordante par moments, comme lorsqu’elle mentionne les députés européens d’extrême droite. Au juste je ne saurais pas dire si mes yeux se sont écarquillés plus de délice que de surprise, mais si le reste de la saison continue sur cette lancée, on pourrait avoir…
    …je n’ose l’espérer ? J’ai promis de la magie, mais un miracle c’est quand même un peu beaucoup demander.

    Ecoutez, de vous à moi, mon problème avec les comédie françaises n’est pas toujours dû à leur humour. Bon, aussi à ça, mais même pour celles dont l’humour est un peu plus fin que la moyenne, mon souci est aussi que les personnages font des trucs drôles, les dialogues disent des trucs drôles, mais les intrigues ne disent rien. Surtout, ne pas se mouiller ! Evidemment plus vous faites des blagues qui ne veulent surtout rien affirmer dans un sens ou dans l’autre, moins vous faites une bonne série humoristique. Quant à faire une série humoristique marquante, alors là laissez tomber.
    C’est encore plus vrai pour une comédie politique, et comme j’en avais marre de me repasser mes épisodes de Hénaut, Président en boucle, je suis bien contente de voir Parlement s’essayer à de véritables commentaires. Ces quelques indices prometteurs d’une bonne série prouvent qu’on a affaire à une comédie qui a compris que grâce à l’humour et ses mécanismes (bien-sûr que le lobbyisme c’est plus que « sur un malentendu ça peut peut-être marcher » !), qui permettent une distance avec le réel, on peut en raconter beaucoup sur la réalité.
    Il semblerait donc que pour le moment au moins, on ait devant nous le cas rarissime d’une série comique française avec des choses à dire.

    Abracadabra !


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  • A batch of love

    12 avril 2020 à 23:13 • Dorama Chick •

    Parfois on commence une série pour de bonnes raisons, et parfois c’est juste parce qu’on cède. Dans le cas de la série sud-coréenne Mat Jom Bosilraeyo?, la raison pour laquelle je suis là, devant vous, à en parler aujourd’hui, c’est que le site sur lequel je trouve l’essentiel de mes épisodes de séries asiatiques inclut TOUS LES JOURS des updates sur cette série. Quasiment. Mais quand même : tous les jours il y a un nouvel épisode, et quand c’est pas un nouvel épisode c’est une traduction du dernier épisode en date, et vous savez quoi, eh bah très bien ! Je vais la regarder votre série. Là ! Merde à la fin. C’est pas possible un tel harcèlement !

    …Ok c’est pas vraiment du harcèlement. Mais après des semaines à voir la tronche de ces personnages sur une page d’accueil, forcément c’est tentant de céder.

    En fait, tout cela est très normal. Car Mat Jom Bosilraeyo? (Want A Taste? de l’un de ses titres anglophones) est de ces séries sud-coréennes dont on ne parle pas souvent.

    Celles qui font souvent l’objet de reviews, ce sont les séries bi-hebdomadaires : diffusées les lundis-mardis ou mercredis-jeudis soirs en primetime, il s’agit de séries d’une heure environ qui ont une durée de vie plutôt courte (une quinzaine ou vingtaine d’épisodes au total), mais une popularité immense. C’est là qu’on trouve les plus grandes stars, les plus gros budgets, les plus grandes audiences. Mécaniquement c’est là que la communauté amatrice de séries sud-coréennes a tendance à reporter son attention, et comment le lui reprocher, quand on voit tous les ingrédients mis en oeuvre par les chaînes (et en particulier les grands networks KBC, SBS et MBC) depuis des décennies dans ces séries de premier plan. Ouvrez n’importe quelle review sur une série sud-coréenne et vous aurez 712% de chances de tomber sur l’une de ces fictions. C’est tout naturel.
    Pourtant une fois de temps en temps, il ne peut faire de mal de rappeler que ce n’est pas à cela que se limite la production télévisuelle sud-coréenne. Comme quasiment tous les pays, la Corée du Sud a aussi ses séries quotidiennes, et le créneau horaire qui leur est souvent réservé se loge dans la programmation matinale des chaînes. Mat Jom Bosilraeyo? est ainsi diffusée du lundi au vendredi à 8h35. L’idée est que les femmes au foyer sont les seules devant la télévision à ce moment-là ; ce n’est pas un concept récent, loin de là (ça fait depuis le début des années 90 que cette case de fiction existe sur SBS), et pas limité à la Corée du Sud (les asadora du Japon sont par exemple programmés à peu près à la même heure depuis les années 60). Comme tout bon soap qui se respecte diffusé dans de telles conditions, les séries quotidiennes matinales ont tendance à être longues, tapant aisément dans la centaine d’épisodes. Mais comme l’idée est aussi qu’il ne s’agirait pas que les femmes au foyer passent trop de temps devant leur série préférée, ces soaps matinaux ont aussi tendance à être plus courts (une demi-heure environ) que leurs homologues de primetime.
    Voilà comment on arrive avec une série qui se retrouve tous les jours que Dieu fait en page d’accueil. Ya pas de mystère : Mat Jom Bosilraeyo? comptera un total de 120 épisodes de 30 minutes environ lorsque sa diffusion s’achèvera en mai prochain.

    N’étant même pas certaine d’avoir déjà reviewé pour vous une série comme celle-là, me voilà donc avec mon carnet et mon crayon devant le premier épisode de Mat Jom Bosilraeyo? (…je déconne, quand j’en prends mes notes sont directement sur ordinateur).

    Force est de constater que les choses démarraient mal. La première scène de la série s’ouvre en effet dans la cuisine d’un restaurant, de nuit et par temps d’orage, alors qu’une femme mystérieuse aiguise un couteau…
    …et le couteau est censuré.


    Forcément, parce qu’on voudrait quand même pas qu’une femme au foyer aperçoive un couteau de cuisine.

    Oui bon, eh bien, hm, ne nous laissons pas impressionner.
    Le fait est que Mat Jom Bosilraeyo? démarre avec la révélation que notre héroïne est une épouse trompée, et que celle-ci n’a pas affûté un couteau pour faire joli… mais bien pour suivre son époux et la maîtresse de celui-ci jusque dans la chambre d’hôtel où ils passent la nuit, et…
    Et rien. Vous vous attendiez à quoi ? La série fait évidemment un bond en arrière de 7 ans pour nous laisser sur notre faim, et revenir aux origines de cette histoire. Pis d’abord si vous n’aimiez pas les fast backwards, fallait pas regarder une série contemporaine : elles le font toutes, vous le savez, c’est la loi. Encore plus en Corée du Sud où il me semble bien que les scénaristes qui refusent d’y recourir sont passibles de prison, faut que je revérifie les textes.

    Notre héroïne s’appelle Hae Jin, et au moment où commence véritablement l’intrigue, elle n’est pas encore mariée. Sa mère désespère un peu, cela dit. Elle n’a pas trouvé chaussure à son pied, alors qu’elle est charmante, qu’elle a un plutôt bon job dans une banque, et qu’en plus elle cuisine merveilleusement bien. La trentaine approche et toujours rien.
    Enfin, ça c’est ce qu’elle croit. Parce que de son côté, le meilleur ami de son frère en pince résolument pour elle : Jin Sang revient du service militaire (deux ans, quand même) et est ravi d’apprendre qu’en son absence, elle ne s’est pas mariée, comme si elle l’attendait tout ce temps. Il est totalement incapable de capter les signaux pourtant très clairs qu’elle lui envoie, pour montrer qu’elle n’est pas intéressée. D’ailleurs, vers la fin de l’épisode, elle s’en va à un rendez-vous arrangé avec un professeur bien sous tous rapports, c’est vous dire si elle n’y songe pas un instant.

    Il semblerait que Mat Jom Bosilraeyo? soit déterminée à nous raconter cette histoire-là afin de poser les enjeux de l’affaire exposée en début d’épisode (et donc au début de la série. Bon, moi je triche un peu, j’ai lu les résumés (pour ma défense c’est hyper dur de ne pas le faire quand la série vous passe sous le nez tous les jours !), donc je sais qui Hae Jin a finalement épousé. Je ne crois même pas sincèrement que ce soit LE mystère de la série, mais plutôt le mythe fondateur autour duquel le soap bâtit son intrigue. Les choix faits par Hae Jin à l’époque où elle était célibataire… eh bien, ont déterminé un peu, j’imagine, le sort de son couple. Enfin il faut espérer, la pauvre, qu’elle n’aurait pas été trompée quel que soit le mari qu’elle aurait épousé ! Donc pour comprendre ce qui se joue dans cette tromperie, je peux parfaitement comprendre que Mat Jom Bosilraeyo? nous dise ce qui s’est joué dans le mariage lui-même.
    Ce qui m’ennuie juste un peu c’est que pour le faire, la série cultive des clichés vus et revus, notamment sur le fait que Jin Sang pourchasse Hae Jin avec autant d’ardeur bien malgré elle. Dude, take a hint. En cela hélas, je ne peux pas dire que Mat Jom Bosilraeyo? soit incroyablement différente de beaucoup des romcoms de primetime de son pays.

    A vrai dire, maintenant qu’on en parle, Mat Jom Bosilraeyo? n’est pas très différente tout court. Il y a certes un peu moins de budget dans la production, mais pas tant que ça surtout si on considère l’étalement sur 120 épisodes. Le plus gros défaut est dans les décors intérieurs de la série, qui relèvent plus du décor de sitcom que du décor de romcom classique, mais étant donné que Mat Jom Bosilraeyo? cultive aussi un ton très léger, avec des scènes humoristiques et des personnages servant quasi-uniquement de comic relief pour le moment, ça ne jure pas vraiment dans l’ensemble. Encore une fois, c’est pas comme si les séries de primetime sud-coréennes ne tentait pas ce genre de mélange.
    Bon et puis, j’avoue, j’ai aussi cédé à la série parce qu’il y est un peu question de bouffe, là, voilà, c’est dit. Le père de Jin Sang tient un resto, Hae Jin cuisine apparemment super bien, et à un moment c’est voué à s’emboîter tout ça (pourquoi une banque, Hae Jin ?!). La série s’ouvre dans la cuisine d’un restaurant, au nom du ciel.

    Donc certes, ça ne mange pas de pain (…je me trouve drôle), mais n’est Mat Jom Bosilraeyo? pas la pire chose que j’ai eue devant les yeux, et même pas le pire soap. Ce ne sera jamais ma série préférée, et franchement à ce stade de ma vie téléphagique, je n’ai plus la patience pour des séries de 120 épisodes, mais ça se tient, dans son genre. Au moins pendant la première demi-heure. Donc si vous n’avez jamais sauté le pas mais que vous aimez bien les romcom coréennes, tentez une série quotidienne matinale ! Au point où vous en êtes.


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  • Easy life

    10 avril 2020 à 21:58 • Telephage-o-thèque •

    En ce moment, je peux comprendre que les gens aient envie de choses légères. Moins les choses se prêtent à la légèreté, plus on en a besoin.
    Du coup, parlons meurtre.

    Non non, attendez ! Laissez-moi le temps de vous expliquer.

    Il y a tout un sous-genre de la fiction criminelle qui se surnomme le « cozy mystery« , et qui est en pleine effervescence à la télévision. Il s’agit toujours d’enquêter sur des crimes, généralement des meurtres, mais avec aussi peu de violence que possible paradoxalement. Les affaires étudiées ont tendance à porter sur des morts peu sanglantes, qui sont peu détaillées ; d’ailleurs les indices employés sont rarement des preuves relevées sur le lieu du crime ou le corps de la victime, une large préférence étant accordée aux entretiens ou interrogatoires. Plus que toute autre chose, le cozy mystery s’intéresse au pourquoi plutôt qu’au comment, qui se révèle facilement avec ses preuves indirectes. Aussi ce n’est pas tant le crime qui fait le criminel, que le motif. Ce type de fiction utilise de préférence des univers à l’ambiance familière et fermée (une petite ville par exemple), suit les enquêtes d’une personne intelligente et intuitive (officiellement ou en amateur, c’est selon), et prête à son personnage principal une occupation secondaire inoffensive et domestique (la cuisine, mettons, ou l’écriture), qui lui confère ce fameux adjectif de cozy. C’est un sous-genre que la télévision affectionne pour diverses raisons, et les séries cozy mystery ne sont pas rares sur les petits écrans. Typiquement, pensez à une série comme Murder, She Wrote (ou Arabesque).
    Il s’avère que depuis environ deux décennies, des diffuseurs de toute la planète ont développé un penchant certain pour les cozy mysteries ; vu la popularité des séries policières dans leur ensemble, et le côté tous publics de ces séries en particulier, c’était vite vu. Car, avantage non-négligeable : ces séries emploient aisément des codes de la fiction destinée à un public traditionnellement féminin et/ou âgé, et peuvent donc être adressées à un public large. Cela a, mécaniquement, augmenté le nombre de séries policières avec un personnage principal féminin, alors que pendant longtemps, les enquêteurs des séries criminelles étaient plutôt des hommes.

    Les exemples ne manquent pas ces derniers temps ; la plateforme Acorn TV s’en est même fait une spécialité, commandant des séries originales ou faisant l’acquisition de séries (anglophones) répondant au cahier des charges ci-dessus. Pas étonnant, du coup, qu’elle ait récupéré la série australienne My Life is Murder, initialement diffusée par le network Ten.

    Tout y est. My Life is Murder a pour héroïne (check) une ancienne détective désormais à la retraite (check) qui passe aujourd’hui ses journées à cuisiner (check).
    Elle reprend du service lorsqu’un ex-collègue lui soumet le dossier d’une enquête sur une mort suspecte : une femme est tombée d’un balcon (…check) au sommet d’un building de haut standing. A priori ce pourrait être un suicide, mais le fait que la victime se soit trouvée dans l’appartement d’un escort boy, dans les minutes précédant son décès, rend l’affaire étrange. N’écoutant que son courage (et les photos du site de l’escort), notre enquêtrice accepte de se pencher sur ce cas, avec l’aide d’une analyste de la police qui depuis son ordinateur l’aide à vérifier certaines informations.

    Si je ne l’ai pas dit par le passé (je l’ai dit par le passé), je vous le dis aujourd’hui : on ne regarde pas une série comme celle-là pour avoir des surprises. Le propre du cozy mystery n’est certainement pas de bousculer qui que ce soit ; ce serait même contraire à ses principes.
    D’ailleurs My Life is Murder a la particularité de n’avoir vraiment qu’un suspect dans ce premier épisode, ne prenant même pas la peine d’entretenir sérieusement une seule fausse piste pendant l’enquête. On pressent sans en être sûrs que l’escort est coupable, mais on attend, au fil des investigations de l’héroïne, d’en avoir la confirmation. Les indices sont prélevés au domicile du suspect et les renseignements glanés en parlant avec lui : notre héroïne se fait en effet passer pour une cliente afin de l’approcher et lui poser des questions l’air de rien. Eeeeet check.

    My Life is Murder aurait bien du mal à prétendre être autre chose qu’un cozy mystery, donc. La bonne nouvelle, c’est qu’elle n’essaie même pas ! S’il y a bien une chose que même quelqu’un comme moi (qui raffole peu de ce type de séries) ne peut nier, c’est que les cozy mysteries cherchent rarement à masquer leurs intentions, c’est-à-dire que le but est ostensiblement d’être léger, divertissant, et sans la moindre incidence sur quoi que ce soit. Lucy Lawless, qui incarne l’héroïne ET est productrice exécutive de la série (s’inscrivant dans une très intéressante tendance, qu’on disséquera une autre fois, qui voit de nombreux interprètes océaniens apparaître dans des fictions locales après une carrière longtemps menée aux USA), s’en donne à cœur joie pour passer d’une scène à l’autre avec malice, assurance et charme. C’est toutes les raisons pour lesquelles on aime Lucy Lawless, et ça colle parfaitement avec les impératifs de la fiction cozy mystery, donc tout va bien. Les dialogues enlevés et les quelques interactions avec les personnages secondaires (dont la pétillante mais un peu sous-employée Ebony Vagulans, qui incarne l’analyste Madison), terminent de donner de la légèreté à l’ensemble. A-t-on vraiment besoin de plus ? Pas dans le contexte qui nous occupe, résolument.

    On regarde (ou pas) My Life is Murder parce que c’est agréable et facile à regarder, tout simplement. Alors, c’est bien ce que je vous avais promis ou pas ?


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  • Sainte Sophie

    5 avril 2020 à 23:37 • Telephage-o-thèque •

    La télévision russe a une longue tradition de séries historiques, mais je dois admettre que Sofia (une production de Rossiya1 diffusée en 2016) sort particulièrement du lot, de par l’époque qu’elle s’est choisie. Jamais je n’ai vu une série historique russe se déroulant au 15e siècle… et ça veut dire que quand j’ai découvert que Sofia avait des sous-titres, je me suis ruée sur le premier épisode, objet de notre review du jour.
    Comme son nom l’indique, Sofia est une mini-série en 8 épisodes portant sur Zoe Palaiologina (plus tard rebaptisée Sofia), une princesse byzantine qui après la prise de Constantinople par les Ottomans, a grandi sous la protection du Pape à Rome, avant d’être vendue, oopsie, je veux bien évidemment dire mariée à Ivan III, roi russe qu’elle n’a jamais rencontré. C’est ce dont sont faits les contes de fées, je suppose.

    Tournée en deux langues (italien et russe, donc sans surdoublage !), Sofia dédie son premier épisode à la mise en place de son sujet, qui passe par l’arrangement du mariage en question. Ce qui ne veut pas vraiment dire que les personnages sont établis, mais plutôt que leur rôle dans l’organisation des épousailles est clarifié : dans cette mini-série, on ne privilégie pas tant le côté dramatique que la reconstitution d’événements historiques. J’ignore si ça va s’arranger ensuite, mais la présentation de chacun est pour le moment très superficielle.

    Si vous vous posez la question (légitime) de savoir, dans ce cas, ce qui est mis en place, c’est très simple si on se penche sur l’aspect purement historique des choses, en particulier sous l’angle de l’histoire religieuse.
    Or, où on est-on en 1472, soit à la date des noces entre Ivan et Zoe/Sofia ? Eh bien, l’empire byzantin donc orthodoxe est tombé, le royaume russe d’Ivan est également orthodoxe et en pleine expansion… mais c’est l’Eglise catholique qui a protégé Zoe et son frère. Or l’Eglise espère toujours réparer le schisme de 1054, en particulier parce que le territoire d’Ivan s’étend et que donc, de plus en plus d’âmes sont en jeu. En outre, le Pape espère lever une armée catholique face au sultan Mehmet, dont les conquêtes territoriales menacent également, si ce n’est plus, l’influence de Rome. Bon je vous dis ça, je ne suis pas experte, mais justement Sofia s’est donné pour mission de couvrir plutôt l’approche géopolitique de son sujet pour mieux l’introduire.
    C’est ce qui explique, par conséquent, le positionnement de la plupart des personnages face à la perspective de ce mariage princier. Zoe n’a peut-être plus de royaume, ni même de fortune, mais elle vient avec une dot conséquente (que peut se permettre le Vatican), et surtout un titre qui intéresse Ivan. Mais la jeune femme a été éduquée par des catholiques, et les plus fervents des orthodoxes dans l’entourage du roi sont réfractaires par principe à cette union, craignant qu’elle ne se soit convertie. La série préfère partir du principe qu’ils se trompent (les historiens sont moins sûrs apparemment), et toute tentative d’empêcher le mariage et/ou attenter à la vie de ceux qui y sont favorables est filmée comme une menace, pas une tentative d’éviter le pire.

    Sofia veut que Zoe devienne reine, une reine orthodoxe qui nous est présentée comme parfaite : belle (…Ivan a des arguments politiques mais il ne peut nier que le portrait peint de la jeune femme lui a fait forte impression), pure, et pieuse.
    Nous la voyons avec un regard extérieur, cependant ; contrairement à beaucoup de séries portant sur des personnalités historiques, et plus encore des personnalités historiques féminines (qu’on cherche souvent à humaniser voire dramatiser), ce qui compte avant tout dans le récit de Sofia, c’est le rôle qu’elle joue dans l’Histoire de la Russie au sens large, et à la cour d’Ivan III en particulier. Elle n’exprime d’émotions et d’intentions que dans ce but, ainsi donc, comme je le disais, que celui de nous la présenter comme louable, pour ne pas dire angélique. Ce n’est pas un mauvais parti pris, mais il désarçonne un peu. Ce qui est certain, c’est qu’il est radicalement différent de l’approche choisie par la plupart des séries en son genre ; même les intrigues de la cour n’ont, au moins pour le moment, pas vraiment l’air d’intrigues. Il s’agit plutôt de conflits d’opinions. Seul un personnage semble vraiment manigancer des choses dans le dos de son propre prince, mais encore une fois, c’est pour un motif uniquement religieux. Les ambitions personnelles sont pour ainsi dire absentes de la série.

    Du coup, Sofia est intéressante à plein d’égards, au-delà de l’époque qu’elle s’est choisie (plutôt médiévale, et qui visuellement tranche vraiment avec ce qu’on peut être habitué à voir d’ailleurs vu que la reconstitution historique est soignée, mais la réalisation se montre peu intéressée par le grandiose). C’est un plaisir de déguster une production aussi unique, quand bien même par certains ingrédients elle a quelque chose de conventionnel voire d’éducatif. En fait, peut-être même grâce à son approche semi-pédagogique, elle revêt un intérêt bien différent de beaucoup de ses contemporaines. Regarder les épisodes suivants s’annonce comme un plaisir !


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  • Have it all

    5 avril 2020 à 23:37 • Telephage-o-thèque •

    Preuve que quand on veut on peut, en quelques années, les séries historiques mettant en valeur de grandes figures féminines ont explosé. Les femmes n’ont pas fait l’Histoire !? Toutes les Isabel, Ekaterina, Ki, Victoria, Naotora, Sofia, Kösem, Elizabeth (…tous les tags appropriés sont en fin de review) viennent prouver le contraire. Soudainement les scénaristes les trouvent, les femmes qui ont fait l’Histoire, et pas seulement dans l’Histoire récente mais bien parmi des têtes couronnées lors de siècles précédents ! Le monde entier semble redécouvrir qu’il y a bel et bien eu des femmes qui, lorsque les obstacles légaux à leur règne daignaient être levés, ont été capables de diriger.

    La télévision autrichienne ne fait pas exception, et a dégoté la sienne au 18e siècle en la personne de… *grande inspiration* Maria Theresia Walburga Amalia Christina von Habsburg. Mais la série s’appelle juste Maria Theresia, Dieu merci.

    A l’origine, Maria Theresia devait être une simple mini-série d’un peu plus de 3h, une grande production exceptionnelle, co-produite par plusieurs pays aux côtés de l’Autriche (le découpage variant selon les diffuseurs ; pour ma part je l’ai vu en version allemande en deux parties, ce qui collait bien à la structure de la saison). Cependant, le succès lors de la diffusion en décembre 2017 a conduit la série à être renouvelée pour une deuxième salve proposée en décembre dernier, offrant des prolongations aux règne de son héroïne.

    Il faut dire qu’il y a matière, puisque ledit règne a duré quatre décennies ! Maria Theresia s’amuse même à remonter encore plus dans le temps, en revenant sur l’adolescence (et brièvement l’enfance) de son personnage éponyme. Toute la première partie de la mini série est consacrée en fait à dévoiler pourquoi l’accession au trône s’est montrée si compliquée.
    Parce que bien-sûr, qu’elle a été compliquée. Vous imaginez bien que dans un pays catholique comme le royaume d’Autriche, on ne voyait pas d’un bon œil la perspective de laisser une femme accéder au pouvoir, et Maria Theresia insiste sur tous les ressorts d’un tel mécanisme. Le pays tout entier est, si vous me passez l’expression, pendu aux lèvres de la reine consort Elisabeth Christine, qui n’a pour l’instant porté que des filles et ne va pas en rajeunissant ; l’empereur Karl VI lui-même est obnubilé par l’idée d’obtenir un fils. En fait, il est tellement convaincu qu’un héritier lui sera délivré un jour ou l’autre qu’il n’a pas vraiment d’ambition pour ses filles, Maria Theresia et sa cadette Maria Anna. Celles-ci sont éduquées pour la vie à la cour et pas grand’chose de plus ; aussi quand Maria Theresia s’éprend de l’héritier du duché de Lorraine, François, l’union n’est-elle pas vraiment remise en question par le roi. Sauf que plus le temps passe, et plus la possibilité d’avoir un fils semble improbable. Le principal conseiller du Karl, qui de toute façon pense qu’une femme à la tête du pays serait un signe de faiblesse que l’Autriche ne peut se permettre alors que l’empire est menacé de toutes part par de grandes puissances (les royaumes prussiens, français, ottomans…) met de son côté tout en oeuvre pour s’assurer qu’un mariage politique est conclu avec une personnalité bien plus importante qu’un simple fils de Duc.

    A travers le début de cette intrigue se profilent les plus grandes qualités de Maria Theresia… et ses défauts : sa volonté de fer, son amour indéfectible pour François, son intelligence, ou encore son incapacité à suivre les conseils de son entourage. Des traits incarnés avec beaucoup de présence par l’actrice Marie-Luise Stockinger (entourée par un cast international parfois doublé en allemand).
    Par moments la série semble la faire échouer exprès, tant son aveuglement à la raison (sans même parler de la raison d’Etat) la conduit à faire des erreurs. Alors certes elle est encore jeune quand la série commence, mais ses inimitiés n’ont parfois pas beaucoup de sens si ce n’est qu’elles compliquent encore plus les choses pour elles. A la fin de la première partie, malgré tout, grâce à son obstination à épouser l’homme dont elle est amoureuse (…c’est pas un spoiler si c’est dans les livres d’Histoire que vous n’avez pas daigné ouvrir !), notre héroïne trouve le bonheur et un coin de paradis en Toscane. Bien-sûr, les choses ne pouvaient pas rester ainsi, et Maria Theresia est bientôt appelée à monter sur le trône…

    Cette saison n’est pas toujours très fine dans les articulations de son récit, et c’est forcément difficile quand on essaye de littéralement réécrire l’Histoire, en insufflant des émotions dans des titres princiers. Cela dit, dans l’ensemble, Maria Theresia se déroule plutôt bien pour nous décrire à la fois les difficultés de sa protagoniste à accéder au pouvoir, et les qualités qui font qu’elle le mérite, malgré tout ce que son entourage (en particulier masculin), peut penser. Evidemment, il faut accepter les règles du jeu de la série historique royale, c’est-à-dire très souvent royaliste, pour apprécier les développements ; par exemple l’entêtement de Maria Theresia dans la guerre contre la Prusse, après son arrivée sur le trône (et qui n’est certes qu’une réaction à l’invasion), signifie des milliers de mort, que la série traite quand même de façon plutôt accessoire en dépit d’une ou deux scènes vaguement tristes. Tout est présenté sous l’angle des réussites et des échecs de l’héroïne.
    Et il est vrai qu’on a envie qu’elle réussisse ! Non parce qu’elle est une femme, mais parce qu’en dépit du fait qu’elle soit une femme, et que tout ait été fait pour que son sort soit décidé par d’autres, Maria Theresia est une femme qui se destine à être la maîtresse de son destin.

    Je crois cependant que ce que j’ai apprécié le plus dans ces épisodes de Maria Theresia, c’est le fait que la série ne joue pas exclusivement la carte du « seule contre tous », souvent tentante dans ce type de fiction. En fait, notre reine a même une meilleure capacité à écouter les femmes de son entourage que beaucoup des hommes, et plusieurs personnages féminins, quand bien même ils sont résolument secondaires, brillent par leur conseil : sa sœur Anna, sa gouvernante la comtesse von Fuchs, et à l’âge adulte, la courtisane Elisa Fritz et même sa propre mère, Elisabeth Christine, avec laquelle pourtant les choses démarraient mal. Cela ne signifie pas que Maria Theresia est une série pleine de sororité, et les rapports de l’héroïne avec les hommes sont bien plus importants ; mais c’est l’époque et le contexte qui veulent ça, en grande partie. Au final, de celles et ceux à qui elle fait confiance aussi bien des autres, Maria Theresia devra apprendre à mettre de l’eau dans son vin pour parvenir à ses fins, quelque chose que son caractère ne rend pas naturel (d’autant qu’elle est assez peu intéressée par la vie de la cour, la diplomatie et… les relations interpersonnelles en-dehors de son mariage).

    Le thème qui revient le plus au fil des années est souvent que la reine doit faire des compromis… mais que même ainsi, rien ne lui est garantit. Maria Theresia a beau être riche, protégée, puissante, et même aimée, rien ne semble lui être facile paradoxalement ; il y a une scène déchirante dans la seconde partie où d’ailleurs elle le résume très bien, tant ni les affaires d’Etat, ni le mariage, ni la maternité, ne semblent tourner comme elle le souhaite. Probablement parce que le monde n’était pas fait pour qu’une femme, et encore moins une femme aussi fière et décidée que celle qui nous est décrite, obtienne ce qu’elle souhaite.
    Il ne l’est toujours pas. Maria Theresia, avec ses problématiques royales qui semblent datées, a aussi cet aspect résolument moderne dans la façon dont il raconte le destin d’une femme extraordinaire, mais à qui arrive un problème des plus ordinaires : dans un monde qui a tant de mal à voir les femmes comme des personnes, il est difficile de tout avoir. Certains jours il semble même qu’il semble difficile d’avoir quoi que ce soit…


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  • Stand up

    3 avril 2020 à 23:09 • Telephage-o-thèque •

    The Next Step est une série dont le synopsis tient à trois fois rien, avec un concept bancal et une mission somme toute très banale. Pourtant cette semaine, je me suis retrouvée avec le thème de son générique en tête, obstinément bloqué là comme pour me narguer. Pensant que ça allait m’aider à exorciser mes démons, j’ai tenté de revoir le pilote, mais rien à faire.
    Honnêtement, si je connais aussi bien son générique, c’est pour avoir regardé les trois premières saisons de cette série pour la jeunesse il y a quelques années. Puisqu’il s’avère que je n’ai jamais vraiment fait de review de The Next Step, devinez ce qu’on fait ce soir ?

    Des séries comme le teen drama canadien The Next Step, il y en a environ sept cent douze millions de par le monde, c’est pas bien compliqué : l’action se déroule dans un studio de danse où s’entraînent des adolescents qui espèrent faire une carrière artistique. Whoop dee freakin’ doo, comme dirait l’autre. Ce n’est pas l’originalité qui nous étouffe.
    Pire encore, The Next Step est une série qui, pour une raison totalement inconnue, incorpore dans ses épisodes des séquences proches du mockumentary, pendant lesquelles les personnages expliquent face camera leur réaction ou émotion dans la scène qui vient de se dérouler sous nos yeux. Pour sa défense, The Next Step est une série qui a démarré en 2013, période à laquelle la planète était encore à fond dans ce procédé style mockumentary, si vous vous souvenez. Je vous accorde que c’est absolument maladroit et gratuit ici, on n’a aucune explication quant à la présence de ces cameras, elles ne filment d’ailleurs même pas l’action mais juste ces passages de talking heads, donc cette excuse est extrêmement insuffisante.
    Quant au pilote, il met en place une intrigue des plus grossièrement bâties : le studio de danse The Next Step (oui, la série porte le nom du studio, vous vous attendiez à quoi ?) organise son audition annuelle pour déterminer qui rejoindra la « A-Troupe », c’est-à-dire le groupe de danseurs qui représente le studio en compétition. C’est, euh, à peu près tout. Ya bien des petites histoires de second ordre entre les personnages adolescents, mais dans l’ensemble c’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir ; ça ne s’arrange pas tellement par la suite d’ailleurs. Les personnages sont caricaturaux, quand ils ont une personnalité tout court (ce qui n’est pas toujours certain), il y a une ambiance colorée et enjouée qui semble exagérée, et évidemment tout le monde se retrouve dans le bar à jus de fruits pressés qui se trouve, foutu hasard, dans le même immeuble que le studio…
    Je ne prononce pas souvent les mots « c’est totalement nul et sans inspiration », mais c’est totalement nul et sans inspiration.

    …Et pourtant comme je le disais plus haut, j’ai regardé trois saisons de The Next Step par le passé, et soyons clairs : j’ai regardé ce pilote à nouveau sans trop rechigner. Pourquoi ?
    Parce que The Next Step a un truc en plus. Dans le panorama des séries musicales adolescentes qui reposent sur des petits conflits interpersonnels et des romances à moitié écrites, ce truc en plus ne transparaît pas sur le papier : ni dans le synopsis de la série, ni dans le résumé du pilote, et même pas vraiment dans une review classique. Il faut le voir pour comprendre : les jeunes gens qui forment la distribution de la série ont juste un putain de talent.

    Sans aller jusqu’à prétendre qu’aucun acteur de série de danse ne sait réellement danser (déjà parce que jamais de la vie je n’insulterais le cast de Bunheads, ensuite tout simplement parce que ce n’est pas vrai), il y a un effort particulier sur la question dans The Next Step. Tout ce qui cloche dans cette série, son principe, son concept, ses dialogues, son ton… tout, absolument tout est dû au fait que ce qui a présidé à sa création, c’est la volonté visible de trouver des prétextes à faire danser tous ces gens. Et pas uniquement parce qu’une série de danse est un appeau à jeunes spectateurs (l’une des cibles prioritaires de la chaîne Family Channel), mais bien parce que ces gosses sont avant tout d’excellents danseurs (dans un style souvent plus acrobatique que celui de la plupart des séries du genre, en plus), et que le reste, bof, a-t-on vraiment besoin du reste ? En fait ces danseurs sont tellement bons qu’ils se sont même produits lors de tournées internationales, c’est dire si c’est pas du chiqué.



    Le résultat c’est que même quand c’est totalement nul et sans inspiration, The Next Step est incroyablement divertissant. Vu qu’en plus la chaîne officielle de la série semble avoir mis les épisodes sur Youtube, comment vous dire ? Ma ligne officielle sera que je ne recommande pas particulièrement… mais que, si vous décidez de voir un peu de quoi il s’agit, je regarderai pudiquement ailleurs et oublierai de vous le reprocher.


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  • Longs adieux

    31 mars 2020 à 22:08 • Love Actuality •

    Alors qu’actuellement c’est l’accalmie du côté des annulations soaps de daytime aux USA, ailleurs, les disparitions de séries historiques font l’actualité. En ce mois de mars, ce sont deux productions emblématiques qui ferment leurs portes à jamais.

    Aujourd’hui, double direction donc, avec une partie de cet article dédié à la télévision allemande, et l’autre partie dédiée à la télévision sud-africaine.

    En Afrique du Sud, c’était ainsi SABC3 tirait le rideau pour Isidingo. La nouvelle était tombée en novembre dernier lorsque le diffuseur public avait annoncé ne plus avoir les moyens de mettre à l’antenne des fictions avec une distribution aussi large (d’autres programmes, dont l’émission lifestyle Top Billing, jugées trop onéreuses, ont également été sacrifiés), en échange d’audiences stagnant entre 900 000 et 1 million de spectateurs. Trop peu, apparemment.
    D’emblée la chaîne avait annoncé, en même temps que cette mise à mort, que le dernier épisode serait diffusé à la mi-mars, une période à laquelle les changements de grille sont fréquents : le début du mois d’avril correspond à une nouvelle période fiscale. Pour beaucoup de séries quotidiennes produites en Afrique du Sud (soapies comme telenovelas), l’automne est le moment où commencent de nouvelles séries ou saisons. Isidingo finirait donc sa 21e année en mars 2020.

    La question qui se posait dés novembre, c’était : comment faire ? En dépit des apparences, cela ne laissait pas beaucoup de temps à la production pour se retourner. Au moment de l’annonce, Isidingo avait déjà un scénario pour l’épisode qui allait devenir le dernier, et son tournage devait être conclu avant la fin janvier. Cela ne laissait pas des masses de temps pour offrir une conclusion fermée à une série de ce type.

    Pas de miracle : bien qu’ayant subi quelques ajustements, la presse sud-africaine explique que l’épisode est plus ou moins celui qui devait être diffusé, fin de série ou pas. Il s’achève donc sur un gigantesque cliffhanger : l’un des hommes les plus puissants de la série, Lincoln Sibeko, est abattu par une mystérieuse femme portant une perruque blonde. La série s’arrête sur son visage, alors qu’il a les yeux encore ouverts et, seul, connaît l’identité de son assaillante. Pour un personnage qui ne manquait pas d’ennemis, ça n’aide pas à restreindre la liste des possibilités. Mais contrairement à JR de Dallas (dont le showrunner et producteur Pumla Hopa s’est ouvertement inspiré), on ne connaîtra jamais le fin mot de cette histoire.

    Plus que les problèmes de cliffhangers irrésolus que posent cet épisode final (dont il se dit que le cast l’aurait regardé tous ensemble, une dernière fois, pendant la diffusion sur SABC3) se cache aussi la fin d’une ère.

    Les « soapies » (c’est officiellement ainsi que les Sud-Africains appellent leurs séries quotidiennes) sont en effet un phénomène relativement récent à la télévision locale. Ils ne sont apparus que dans les années 90 et sont donc, à ce titre, intimement liés aux évolutions de l’époque, c’est-à-dire la sortie de l’Apartheid. Initialement calqués sur le modèle des soaps américains, Egoli (1992), Generations (1994), Muvhango (1997), Isidingo (1998) et finalement 7de Laan (en 2000) sont devenus les rendez-vous de la télévision sud-africaine les plus rassembleurs… Or, rassembler, dans les années 90, ce n’était pas rien. D’autres ont pris leur suite dans les deux décennies qui ont suivi, mais ces cinq-là représentent, dans le cœur des sud-africains, quelque chose de spécial pour les avoir accompagnés pendant une transition compliquée.
    Ces séries ont été des pionnières en matière de représentations, sur des écrans où pendant longtemps les visages étaient presque toujours blancs. Leur distribution pléthorique permettait en outre de porter à l’écran de nombreux personnages noirs, et leur décor (comme la ville minière d’Isidingo) permettait de parler de situations qui ne tournaient pas exclusivement autour de l’élite blanche, les descendants des colons. Beaucoup de ces soapies s’aventurèrent aussi dans des mélanges linguistiques rendant leurs intrigues accessibles à un public plus large, auquel la télévision nationale ne s’était pas franchement adressé jusque là. La banalisation du sous-titrage en anglais, également (une langue plus largement pratiqué par le public noir que l’afrikaans), allait également faire beaucoup pour mélanger les audiences. Pas dans leur salon, non, mais au moins dans leur loyauté pour une série donnée. Tout cela était profondément nouveau.
    Qu’on ne se méprenne pas : il n’y a pas non plus eu de miracles. Encore aujourd’hui, il existe des soapies en afrikaans majoritairement regardés par des blancs, et des soapies en anglais et/ou isiZulu majoritairement regardés par des noirs. Le programme télé sort même deux éditions différentes chaque semaine, l’une en anglais et l’autre en afrikaans… avec des couvertures et des sommaires différents. Hey, on a dit que la télévision était un outil d’évolution, certes, mais pas de résolution instantanée des problématiques culturelles et politiques de tout un pays.

    Il n’empêche que ce qui a été rendu possible grâce à Isidingo, au fil de ses 21 années, ce n’est pas rien quand même. Et c’est ça qui s’est éteint, ce mois-ci. Remplacé (cruelle infamie) par des rediffusions de ses propres épisodes, en plus, parce que SABC3 n’a pas financé de nouvelle série pour prendre la relève après la conclusion de son soapie-phare !

    Ce weekend, c’était en Allemagne qu’une autre série s’en allait : Lindenstraße.
    L’histoire de Lindenstraße est un peu différente, et pour cause : il s’agissait de la plus longue série dramatique allemande encore à l’antenne, avec 34 années de service.

    Ce record absolu, c’est un petit miracle à lui tout seul : premier soap opera produit en Allemagne, personne ne donnait cher de cette production quand elle a commencé sa diffusion en 1985. Inspirée par les séries quotidiennes britanniques comme Coronation Street, Lindenstraße était produite par la télévision publique allemande où elle cultivait une ambiance réaliste, proche de ses spectateurs, mais sans opter pour la diffusion quotidienne : sa case horaire, c’était le dimanche en fin d’après-midi.
    Contrairement à sa consœur sud-africaine, l’annulation n’a rien eu de soudain : on connaissait déjà le sort de Lindenstraße fin 2018, quand ARD a annoncé que pour des raisons budgétaires (et en dépit d’audiences satisfaisantes et stables), la série s’achèverait en mars 2020. Ca laissait le temps de se retourner !

    Lindenstraße a fait partie de la vie des spectateurs allemands pendant plus de 3 décennies, et du coup, elle a accompagné de nombreux changements dans la vie culturelle et politique du pays, elle aussi. Comme beaucoup de soaps, sa multitude de personnages (souvent des classes moyennes ou ouvrières) ont ainsi vécu des intrigues reflétant l’actualité du moment, y compris la réunification des deux Allemagnes ! Combien de séries peuvent se vanter d’avoir accompagné les Allemands pendant cette période en leur parlant de leurs préoccupations ?
    C’est aussi la première série allemande à avoir représenté un baiser entre deux hommes, à avoir célébrer un mariage entre deux personnages gay, ou à avoir inclus un personnage avec le syndrome de Down. Et si Lindenstraße semblait si actuelle pour ses spectateurs, c’est que malgré le tournage des épisodes à l’avance, la production se gardait de côté quelques minutes chaque semaine pour tourner, au dernier moment, une séquence incluant un dialogue portant sur des événements récents. C’est ainsi qu’en 1998, la série avait préparé 4 scènes différentes pour refléter les différentes possibilités à l’issue des élections. En 2009, les résultats des élections fédérales ont carrément été annoncées non pas sur le plateau d’une émission d’information, mais dans la série elle-même. Des moments historiques liés à jamais à des moments de la série.

    Ce sont donc deux institutions de la télévision mondiale qui se sont achevées ce mois-ci. Deux séries au long cours, dont la mission était d’accompagner le quotidien, ou au moins de le refléter, pendant plusieurs décennies, à travers les changements, les transitions, et les évolutions. Il reste encore des soaps similaires dans plusieurs pays de la planète… mais pour combien de temps encore ?

    Ce qui interroge à travers ces annulations, c’est aussi à quel point notre télévision est devenue peu durable. Quelles sont les séries qui nous accompagnent, aujourd’hui ? Seront-elles les séries qui nous accompagneront demain ?
    A l’heure du streaming roi, et de ses séries à la durée de vie bien plus courte (deux à trois saisons semblent être devenues la norme en l’espace de quelques années), il est de nombreuses séries qui parlent de nos préoccupations présentes… mais elles ne changent pas avec les temps, et pas avec nous. Elles n’en ont plus le temps.
    Lindenstraße et Isidingo sont apparues à une époque où regarder des séries, a fortiori des soaps, c’était très souvent synonyme de les suivre dans le temps, d’instaurer un rituel, de les inclure dans notre existence sur le long terme. Les séries faisaient partie de la routine. Il n’y a plus vraiment de routine : chaque semaine apporte son nouvel événement, une nouvelle sortie qui va nous surprendre ou nous laisser indifférents, une nouveauté à discuter âprement sur les réseaux sociaux, puis à oublier lorsqu’arrive la suivante.
    Je caricature, bien entendu : il existe encore des séries longues, mais elles sont toutes à la télévision traditionnelle, les plateformes de streaming n’investissant pas dans les soaps (y compris dans les pays qui historiquement les préfèrent ! les séries indiennes d’Amazon ou les productions mexicaines de Netflix ne sont pas des soaps).

    A quelles séries feront-nous des adieux émus dans dix, quinze, vingt… trente ans ?


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