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    31 mars 2020 à 21:59 • Review vers le futur •

    Si vous connaissez mon appétit pour les séries militaires, et en particulier, mon affection pour les séries de science-fiction militaires, vous n’avez eu aucun mal à deviner que l’uchronie Motherland: Fort Salem était très haut dans ma liste de priorités en ce début d’année. Un monde dans lequel les sorcières n’ont jamais été pourchassées, mais sont au contraire devenues des atouts majeurs dans la défense militaire des Etats-Unis, c’est pour le moins original, et ça permet à la fois de réécrire l’Histoire et de s’offrir un peu de magie.

    Trigger warning : suicide collectif.

    Enfin, « magie ». Certes il va être question de sorcellerie dans ce premier épisode de Motherland: Fort Salem, mais on n’est pas dans un univers enchanteur du tout. Non seulement parce que l’épisode s’accorde à traiter des choses assez sombres voire même angoissantes, mais aussi parce que ce que les jeunes recrues de la série vivent… a quelque chose d’éloigné de toute uchronie.

    Pendant une bonne partie du premier épisode de Motherland: Fort Salem, je me suis sentie partagée entre un profond sentiment de désespoir (la série s’ouvre sur une scène d’un « attentat magique » où un simple sort pousse plusieurs centaines de personnes à se suicider dans un lieu public) et une curiosité dévorante face à l’univers mis en place ici. De ce côté-là, la série fait un travail plutôt satisfaisant pour nous expliquer la place des sorcières dans la société, réhabilitées qu’elles sont par leur service militaire, leur système matrilinéaire, la façon dont, à l’âge de 18 ans, de jeunes recrues sont conscrites à vie…

    Globalement, Motherland: Fort Salem fait un beau boulot pour expliquer tout ça, pour mettre en place un univers à la fois réaliste et où les rituels magiques ont leur place (et des codes avec lesquels lentement nous familiariser), pour réécrire l’Histoire tout en restant familière. Les trois recrues centrales de la série, Raelle, Tally et Abigail, sont là de leur propre chef (on peut en effet refuser la conscription), mais avec des motivations différentes, qui permettent d’établir différentes situations dans l’univers posé. Je regarde beaucoup de pilotes et j’en ai rarement vu qui, comme celui-ci, remplissent aussi bien la check-list ; Motherland: Fort Salem fait plutôt bien son job, trouve un bon équilibre entre établir un contexte au sens large et établir des personnages de façon plus individuelles, raconte (parfois un peu vite) ce à quoi nous pouvons nous attendre, et globalement couvre toutes ses bases efficacement. Ce n’est pas le meilleur pilote au monde, mais c’en est un qui connaît la grammaire de l’exercice, et il est difficile, consistant à tout faire à la fois sans tout dire non plus.
    On devine, bien entendu, où la série veut aller, parce que le suspense n’est pas exactement son objet : il y a à l’Académie de Fort Salem une membre de The Spree qui semble déterminée à recruter des sorcières qualifiées pour, à terme, avoir des agents infiltrés à l’intérieur des instances de l’armée américaine. Ce n’est pas follement original, et on le voit venir assez rapidement, mais l’essentiel c’est le propos que cela permet à Motherland: Fort Salem de tenir sur le patriotisme et le militarisme. C’est toujours intéressant de voir une série militaire laisser de la place à ce type de discours, surtout aux USA où l’armée est pour ainsi dire intouchable.

    …Malgré les explications, toutefois, j’ai eu le sentiment de n’avoir pas eu une information capitale : contre quoi les USA (et leurs sorcières, dont il faut pour le moment supposer, comme on le fait au début de The Boys, qu’elles sont une exclusivité nationale) sont-ils en guerre ? Par essence, Motherland: Fort Salem se déroule sur le territoire américain, dans une académie militaire protégée de la guerre, et qui nous prive de toute action ; la seule chose que ne nous montre pas vraiment ce premier épisode, c’est la guerre présente. En ce sens, Motherland: Fort Salem m’a un peu fait penser à Space: Above and Beyond, qui commence par emmener ses recrues à l’académie militaire en vue de les envoyer au front ensuite. A ce stade, la guerre semble distante et abstraite, elle est laissée en grande partie à notre imaginaire ; elle est traitée comme une évidence par tous les personnages, mais dont les raisons semblent floues. Mais la différence, c’est que Motherland: Fort Salem… eh bien, c’est dans son titre : elle se déroule à l’académie militaire et l’action va s’y dérouler un bon moment au moins. Et du coup cette guerre n’a pas l’air de devenir concrète de si tôt, non plus que ses raisons. Pourquoi se prépare-t-on au combat « avec fureur » ? Pour quoi se bat-on au loin (dont, apparemment, au Liberia) en 2020 ?
    On aurait bien besoin de saisir ce que cette guerre pour laquelle les héroïnes se préparent à Fort Salem symbolise. D’une certaine façon, à mesure que l’épisode avançait, je saisissais mieux les enjeux passées que présents. On a bien compris qu’il y a cette entité, qui se surnomme The Spree, qui pose un danger immédiat à la population. Mais quel est le rôle de l’armée, et en particulier l’armée des sorcières, contre une telle menace ? Comment on envoie des troupes face à un ennemi qui surgit au milieu de la population civile pour des attent-… oh. Oh, attendez voir.
    Oh, wow.

    En plus de tout le reste, Motherland: Fort Salem est une série sur la guerre contre le terrorisme, et plus particulièrement la guerre en Afghanistan. Une guerre qui a commencé avant que les héroïnes de la série ne naissent. Ce dont parle la série, c’est donc aussi de ce que vivent ses spectateurs (Freeform est la chaîne de Disney s’adressant spécifiquement au ados et jeunes adultes), qui ont grandi dans un pays qui a toujours été en guerre, qui remercient chaque militaire pour son service à la moindre occasion, qui traitent l’armée comme l’un des piliers intouchables du pays… mais qui se questionnent. Le coût humain est ce qui interroge l’une des protagonistes de ce premier épisode, mais on peut aussi distinguer le début d’un questionnement plus politique au détour de certains dialogues ou même certains plans. Il ne s’agit pas de faire preuve d’empathie pour The Spree (sa représentante dans la série, jusqu’à présent, rend cela impossible de toute façon), ni de piétiner l’ambiance militaire de Fort Salem (c’est quand même là que se déroule la série !), mais de laisser s’exprimer une forme d’esprit critique vis-à-vis de cet univers où tout semble aller de soi, où le passé semble nous dicter un présent qui ne fait pas totalement sens. Ou au moins, de laisser une chance à cet esprit critique se former.
    Parce qu’elles sont jeunes, parce qu’elles ont hérité de leur condition de sorcière (et donc souvent d’une histoire familiale militaire), parce qu’elles ont signé pour quelque chose qui ne fait que commencer à les préparer à aller au combat, les protagonistes de Motherland: Fort Salem n’ont encore pas d’opinion sur ce qu’elles vivent. Elles sont prises dans un tourbillon qui les dépasse, et dont désormais il leur faudra faire sens. J’aime que derrière l’aspect fantastique ou militaire, la série mette cela en place.

    C’est évidemment difficile de prédire si ce sera bien fait, ou si la réflexion promise sera très profonde. Quelle qu’en soit la réussite, je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de séries US actuelles qui osent au moins essayer, et plus encore pour cette tranche du public, d’interroger la relation complexe que les Etats-Unis ont avec leur armée.


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  • Murder, he wrote

    28 mars 2020 à 19:36 • Review vers le futur •

    Talentueux, séduisant et sûr de lui, Younes Gibran est un écrivain populaire dont les romans policiers rencontrent le succès, à un tel point que plusieurs d’entre eux ont été adaptés pour le cinéma. A priori, Gibran a tout dans la vie… une réussite qu’il attribue, en partie, au héros de son oeuvre : le détective Helmy. Ce personnage de fiction lui apparaît en effet, dans ses rêves, pour le conseiller sur la tenue de ses affaires ou lui inspirer de nouveaux romans.
    Alors que peut-il manquer à Younes Gibran ? Peut-être un alibi.

    Le premier épisode de la série libanaise Al Katib (The Writer sur Netflix) est un peu over the top, mais il en émane quelque chose de réjouissant. Rien dans cette mise en place n’est très fin, les personnages sont transparents et l’exposition s’attarde sur des choses que l’on a comprises au premier coup d’œil. Malgré cette insistance à tout expliciter avec des dialogues très écrits, quelque part, on a l’impression de déguster un polar d’Agatha Christie, dont justement Younes Gibran se réclame. Attend-on de ces mystères d’être surpris par la mise en place, après tout ? Eh bien non, ce que l’on attend, ce qui nous intrigue, ce qui nous excite, c’est la conclusion ! Comme au Cluedo, ce que l’on veut, c’est atteindre le moment où l’on saura qui, comment, et où (quoique… dans le cas précis, c’est forcément dans la bibliothèque !).

    Alors qu’importe que cette introduction semble à la fois trop en faire sur ce qu’on trouve prévisible ? On pressent que le succès de Gibran n’aura qu’un temps ; quelque part, lui aussi s’en doute, ou pire, le redoute. Il viendra nécessairement un moment où ses romans auront moins de succès, où son génie sera moins apprécié, où sa maîtresse en aimera un autre. Ce moment-là pourrait être plus proche que prévu, mais lui n’en sait rien : c’est un secret uniquement partagé entre l’auteur et le lecteur, entre le scénariste et le téléphage.
    D’une certaine façon, Al Katib met en place un héros qu’on a envie de voir dans le pétrin, d’ailleurs. Il est clairement le protagoniste, mais il suffirait d’un rien pour en faire un méchant fabuleux. Son arrogance, sa façon de placer son propre nom dans un tiers de ses phrases, son hypocrisie, et bien-sûr ce sourcil arqué… tout chez Gibran est détestable. Pour l’heure il est magnifique, mais on attend de le voir tomber bas. D’où viendra sa perte ?
    Le premier épisode d’Al Katib nous met sur plusieurs fausses pistes, comme tout bon polar sait le faire. Parce que tout magnifique qu’il puisse être, Younes Gibran est dans le fond très vulnérable : sans son immense ego, alimenté par la façon dont tout le monde le considère, qui est-il ? Un homme divorcé qui n’est pas assez présent pour son fils ? Un amant vieillissant dont la jeune maîtresse Tamara finira par se lasser ? Un auteur dépassé que des écrivains plus talentueux comme le jeune Shadi finiront par reléguer au pilon ?
    Derrière tout le succès de Younes Gibran, il y a autant de raisons de tomber.

    Al Katib propose un premier épisode réjouissant parce que, quand sa dernière image s’affiche, nous ne sommes pas tristes pour la victime de ce polar. Nous sommes curieux, désespérés de savoir lequel de ses pêchés sera reprochés à Younes Gibran pour l’accuser d’un crime que nous sommes presque sûrs de ne pas l’avoir vu commettre. Il en a commis bien d’autres ! Mais pas celui sur lequel son meilleur conseiller, et sûrement son seul ami, va devoir enquêter plus que jamais.


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  • Are you crying yet ?

    27 mars 2020 à 18:17 • Review vers le futur •

    A la limite je suis presque étonnée que si peu de séries aient tenté le coup ces quatre dernières années. D’ordinaire quand une série trouve le succès comme This is Us l’a trouvé, plusieurs autres s’engouffrent dans la même brèche en essayant de répliquer la formule sans en avoir trop l’air. En trouvant juste la bonne nuance pour sembler unique tout en réutilisant les ingrédients ayant réussi à la série originale.
    Ce n’est pas un équilibre facile à trouver, et la plupart des grands succès d’audience, à plus forte raison sur les networks américains qui ne rêvent que de répliquer des phénomènes d’audience lorsqu’ils en trouvent enfin, ont une bonne dizaine de copycats dans l’année qui suit la révélation de leur popularité (…en comptant ceux qui échouent lamentablement et se font annuler avant de tomber dans l’oubli pour toujours). Quand les grandes chaînes américaines trouvent un truc qui marche, elles ne le lâchent pas !

    Le cas This is Us semblait juste un peu trop difficile à copier. Honnêtement, hors A Million Little Things, elles sont rares les séries à avoir tenté de s’engouffrer dans la fameuse brèche.
    Fort heureusement, s’il y a bien un producteur sur lequel on peut compter décliner à l’envi un concept qui marche (quitte à le vider de toute substance pour en arriver là), c’est Jerry Bruckheimer. Le voilà qui débarque justement avec Council of Dads, la nouvelle série tear jerker de NBC qui va faire du This is Us sans faire du This is Us. Enfin si mais pas trop. L’idée ? Simplissime : un père de famille meurt d’un cancer particulièrement agressif, et laisse à trois de ses amis les plus proches la charge de soutenir ses enfants et son épouse après son décès. C’est bon, vous êtes en train de pleurer là ? Non… Et maintenant ? Et là ?!

    Ce qui est bien c’est que personne n’est dupe d’un bout à l’autre de ce premier épisode de Council of Dads, et qu’au moins on ne nous prend pas pour des jambons. Oui, on va vous faire pleurer toutes les 7 minutes et 12 secondes de la série, c’est ouvertement attendu, et l’épisode introductif est mené tambour battant pour bien cocher toutes les cases du cahier des charges en ce sens. Vous accrochez, ou pas ; mais s’il y a bien une chose dont on ne peut pas accuser Council of Dads, c’est de prendre son public en traître ou de prétendre avoir la moindre ambition autre que celle-là.
    Voilà précisément la raison pour laquelle ce premier épisode s’emballe et semble se précipiter aussi bien dans la timeline de ses événements que dans la succession de ses scènes. Il est impératif que vous soyez ému, et donc qu’on ne vous délivre que des moments « importants » (parce que, eh bien, la clé dans This is Us et les séries comme elle, c’est qu’il n’y a pas de moment gratuit). Tout ce que vous voyez est émouvant parce que plane le sentiment omniprésent que cela aura de l’importance plus tard. Le « plus tard » de Council of Dads, c’est évidemment quand le personnage-clé de ce concept sera mort ; et cette importance sera bien entendu émouvante. Logique circulaire, certes, mais qu’importe : on regarde Council of Dads pour avoir des garanties. Tout dans la construction de cet épisode tourne autour de cette promesse. Personne ne pense réellement que ce père de famille va survivre à son cancer au moment d’écrire ou tourner ces scènes. La seule chose qui importe, c’est la naïveté des protagonistes d’y croire, quand tout nous indique que plus tard les choses seront tristes et feront pleurer, plus tard.
    Parce que, plus tard, le père de famille atteint d’un cancer sera mort, vous entendez ? Mort ! Là, c’est assez triste pour vous, ça, la mort ?! Eh bien voilà, il est mort, mort pour de bon, et maintenant sa famille doit continuer sans lui. C’est hyper triste. Je sais pas comment faut vous le dire.

    En d’autres circonstances, ce procédé racoleur agacerait.
    Dans les circonstances présentes, pourtant… je n’ai pas vraiment versé de larme devant Council of Dads, mais je l’aurais fait de bonne grâce si l’occasion s’était présentée. J’y étais disposée parce que, la vérité, c’est que ce mois-ci, j’ai essayé de regarder des séries pour me remonter le moral, des séries pour me changer les idées, des séries pour réfléchir à ce qui se passe, et même pas de séries du tout… Rien de tout cela n’a marché. Je me sentais toujours mal. Bien-sûr aucune série ne va magiquement me soigner de mes angoisses, ni dans le contexte actuel ni jamais. Le fait est, cependant, qu’en plus du reste, je ressens en ce moment une étrange culpabilité à ressentir autre chose que de la tristesse et du désespoir. Comme si j’avais besoins de ça ! Franchement je me passerais bien de ce genre de ressenti ; mais le fait est que, si je ris, je m’en veux de sourire quand tant de choses vont mal, pour le monde et pour moi ; et si je pense à autre chose bientôt mes idées reviennent à l’épidémie de coronavirus, honteuses.
    Dans ce contexte, une série qui essaie à intervalles réguliers d’être triste est exactement ce qu’il me faut. Il importe peu qu’elle n’y parvienne pas (à la rigueur, je lui en suis reconnaissante parce qu’à un moment même moi j’ai mes limites). L’essentiel c’est qu’elle ne cherche à rien faire d’autre que me tirer des larmes. Ne rien attendre d’autre de moi est précisément ce que j’attends d’une série en ce moment.

    Council of Dads cumule, rapidement (sûrement trop), les photographies de moments émouvants, télégraphiés pour qu’on se sente triste, oui, mais à propos d’autres gens. Pas de soi. On est tellement focalisés sur la tragédie qui se joue, et qui est tellement tragique (parfaitement, une tragédie tragique, n’ayons pas peur des mots), et sur toute l’émotion qu’on est supposés ressentir devant ces enfants qui perdent leur père et cette femme qui perd son époux, qu’on en vient à… Pas à pleurer, non. Mais à avoir une excuse si jamais on est d’humeur à pleurer.
    La vérité c’est que j’ai tellement envie de pleurer en ce moment… mais j’ai aussi, eh bien, l’envie de ne pas céder à mon anxiété. Si je pleurais à cause du coronavirus et des problèmes multiples que ça a engendré (pour moi et pour d’autres), j’aurais l’impression de perdre pied. La feinte, c’est donc que Council of Dads, par son obstination à être émouvante (tellement émouvante qu’elle ne l’est plus vraiment) à propos d’une suite de scènes sans finesse mais tristes, me donne une excuse pour pleurer sans perdre pied.

    Du coup je n’ai pas aimé Council of Dads, pas une seconde. Objectivement son premier épisode est pitoyable et ses efforts totalement vains, parce que dénués d’authenticité (et même incapable de faire semblant d’avoir cette authenticité), il manque des transition fluides entre les scènes, la plupart des personnages de cette famille semble détachés les uns des autres… Il n’y a tout simplement pas d’âme. Je n’ai pas aimé Council of Dads, mais je lui suis reconnaissante de me donner une excuse. Je n’irai pas chercher les épisodes suivants, parce qu’on a trop peu de temps sur cette planète pour en perdre à regarder des séries qu’on trouve pitoyables, mais le temps de cette review de pilote, j’ai eu le juste milieu entre une catharsis et une échappatoire.
    C’est déjà pas si mal, par les temps qui courent.


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  • Histoire de fantôme malaisien

    22 mars 2020 à 19:27 • Dorama Chick •

    En ce début d’année, voulant tester ma capacité à me faire peur (…je suis notoirement couarde), j’ai tenté de regarder des séries qu’il m’aurait en temps normal semblé inconcevable de me mettre devant les yeux. Je vous parle de ça, c’était un autre temps hein : avant que l’actualité ne me rende transie de peur, au point de ne pas réussir à regarder de séries du tout.

    Or donc j’avais surmonté mentalement le premier épisode d’Ares (le trouvant même un peu trop tiède), j’avais surmonté la première saison d’Evil (non sans ressentir une certaine fierté), et je me croyais invincible. J’ai lancé le premier épisode d’une série de Netflix dont le pitch me faisait un peu sourire, en me disant qu’il ne pouvait plus rien m’arriver de grave, et certainement pas de la part d’une dramédie malaisienne/taïwanaise dans laquelle une jeune femme épouserait un fantôme. Sérieusement, un mariage avec un fantôme ? Ha ha ha, je crois que je vais survivre, merci bien.

    Voilà ce que c’est que de pré-juger une série avant de l’avoir vue. Je n’ai jamais fait autant de cauchemars que depuis que j’ai tenté de regarder Bi An Zhi Jia (ou The Ghost Bride de son titre international). Vous vous rappelez quand je vous ai dit que faire un combo The Walking Dead et Dead Set pour l’enregistrement d’un podcast m’avait traumatisée comme jamais ? Avec le recul, c’était du pipi de chat.

    Au juste, je n’ai aucune explication rationnelle à vous fournir. Le plus fou c’est que Bi An Zhi Jia est effectivement, en grande partie, tournée comme une dramédie, et regarder son premier épisode m’a un peu rappelé l’expérience que j’avais eue, l’an dernier, devant l’adorable Nang Sao Kon Krua. C’est-à-dire qu’on est en présence d’une héroïne pleine de fraîcheur, incarnée par une actrice charmante qui fait plein de moues qui donnent envie de lui pincer les joues avec affection. Les préoccupations de Li-Lan sont mignonnes : comme une petite princesse Disney, elle n’est pas attirée par le mariage et la maternité, par contre elle est très attirée par son ami d’enfance qui est justement de retour, après avoir été au loin pour poursuivre ses études de médecin. Li-Lan est attachée à son père, à sa gouvernante, à sa petite vie faite de joies simples, bref, notre héroïne est facile à suivre et ne pose aucune sorte de menace. C’est enlevé, rythmé, coloré, vraiment ya pas de raison de s’alarmer.
    Au cours du premier épisode, notre jeune protagoniste est invitée à une fête organisée par la famille la plus riche de Malacca, et franchement à ce stade on est hyper détendu, limite on sourit devant l’écran, ah que c’est rafraîchissant tout ça. Avoir peur, moi ? Mais de quoi ? Regardez donc comme c’est adorable. Alors oui, on y parle déjà un peu d’esprit et de croyances ésotériques, mais pas de quoi fouetter un chat.

    Les choses montent légèrement en intensité au fur et à mesure de l’épisode, mais rien d’effrayant, en soi. Comme prévu, on propose à Li-Lan d’épouser un homme mort (une pratique marginale, mais réelle, dans certains pays d’Asie, permettant de garantir qu’un défunt généralement de bonne famille ne passera pas l’éternité tout seul ; c’est un plutôt bon deal, surtout dans les contrées où l’épouse est autorisée mourir de mort naturelle avant de le rejoindre), ce qui devrait sauver les affaires de son père. Li-Lan, elle, en pince plutôt pour le frère du défunt, mais accepte le pacte par amour pour son paternel ; quand elle découvre qu’elle est capable de communiquer avec son mari dans l’au-delà, elle est un peu terrifiée, bien entendu… mais elle est aussi motivée pour l’aider à trouver qui l’a assassiner. Eh oui ! Notre histoire de fantôme malaisien est aussi une enquête policière !

    Je ne sais pas comment mieux vous dire qu’il n’y a rien à craindre, c’est somme toute classique, d’une certaine façon. Totalement inoffensif. Le fait que Bi An Zhi Jia ait en plus choisi de se dérouler au 19e siècle (en Malacca coloniale, dépeinte ici avant tout comme un carrefour de civilisations excitant), ne fait que renforcer l’apparente innocuité de cet épisode introductif : il y a une forme de distance qui semble induite par ce contexte historique lointain. Et puis comment se sentir en danger devant une série historique qui n’a pas peur des anachronismes ? Paradoxalement ça lui ôte encore plus de son pouvoir.
    J’ai fini l’épisode avec l’expression satisfaite de la téléphage qui a fait un bon repas télévisuel et qui, repue, a eu ce qu’elle cherchait.

    Ecoutez. A ce stade, on a tous compris que ça n’allait pas durer. Moi, évidemment, je ne m’en doutais pas, mais je m’en suis aperçue dans les heures suivant mon visionnage. La moindre ombre dans mon dos était suspecte (c’est assez ennuyeux d’ailleurs parce que mon bureau me fait tourner le dos à toute une pièce ET une porte, donc tout était suspect). J’ai commencé à regarder d’un drôle d’œil les quelques objets d’inspiration asiatique que je peux avoir chez moi (y compris mon bol préféré pour manger mon riz, croyez-le ou non).
    Tout d’un coup, je ne sais pas comment l’expliquer, mais TOUT me rappelait le fantôme du mari de Li-Lan.

    Le pire c’est que ça a duré plusieurs jours ; et entre les jours, il y avait les nuits, et j’aime mieux ne même pas vous parler des cauchemars que j’ai faits. A ce jour je ne suis pas capable de vous expliquer pourquoi Bi An Zhi Jia a eu cet impact sur moi, bien en peine que je suis de mettre le doigt sur ce qui a activé pareille terreur dans mon imaginaire. Est-ce justement le contraste du comportement menaçant du fantôme par rapport au ton autrement charmant de l’épisode ? Vaguement, il me semble que le nerf de la guerre tient dans les dernières scènes de cet épisode inaugural ; mais il ne me viendrait pas à l’idée de le revoir, même en avance rapide, pour essayer de disséquer le pourquoi du comment.
    Ce que je sais, c’est que plusieurs semaines après, un frisson me parcoure toujours l’échine quand je repense à la série. Ce n’est pas son concept, ce n’est pas vraiment son traitement, mais autre chose, quelque chose, qui m’a fait peur de façon irrationnelle. Peut-être que ça ne vous arrivera pas. Ou peut-être que si.
    Oserez-vous vérifier ?


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  • Mindless fun

    21 mars 2020 à 20:58 • Review vers le futur •

    Nan mais c’est bien. C’est une bonne idée de lancer The Letter for the King en ce moment ; je sais que Netflix ne l’a pas fait exprès, mais ça tombe pile poil comme il faut. Je vous disais hier que si vous n’arrivez pas à vous concentrer sur ce que vous regardez, ce n’est pas la peine de vous forcer.
    Du coup, c’est parfait, parce que je vous garantis qu’il n’y a pas besoin de se concentrer sur The Letter for the King.

    Très franchement, même sans avoir lu les bouquins (et encore, apparemment l’adaptation est très libre), on connaît l’histoire : celle de Tiuri, un jeune homme au cœur pur, parti de rien, au passé énigmatique, pas très sûr de lui mais qui semble promis à une destinée hors du commun… bref, un héros. Et punaise mais alors ça tombe fichtrement bien : d’après une ancienne prophétie, il s’avère qu’on attend justement un Héros. Un Héros avec majuscule et tout, pour lutter contre euh eh bien, contre quoi d’autre, les forces du Mal évidemment. Il n’est pas spécialement difficile d’imaginer ce qui personnifie le Mal, pas plus qu’il n’est fait de mystère autour de la nature de notre Héros. Ainsi, hasard du calendrier, alors que cela fait des millénaires qu’une guerre faisait rage, un prince contemporain de Tiuri a réussi à conquérir un territoire jusque là imprenable du nom d’Eviellan ; et évidemment ce prince est sanguinaire, assoiffé de pouvoir, et apparemment doté de pouvoirs surnaturels. Mais qu’on se rassure, parce que Tiuri entend d’étranges voix, donc sûrement que lui aussi a deux-trois trucs dans sa manche sans le savoir.
    Bon et puis, évidemment, il y a le poster promotionnel :


    Punaise, je crois que c’est la première fois que je m’endors en écrivant une review de pilote. Tout cela est d’une banalité…
    Encore une fois, je n’ai pas lu la saga littéraire, donc j’ignore si en essayant de se dégoter un Game of Thrones à prix coûtant (parce que bien-sûr que c’est ce qui se trame ici), Netflix a rendu l’histoire soporifique ou si c’était d’origine, mais qu’est-ce qu’on se fait chier. Il n’y a rien dans The Letter for the King qui vaille la peine d’être regardé tant on a l’impression de tout connaître à l’avance.

    Pis comptez pas sur la série pour essayer de parler de quelque chose à travers son intrigue. On est là pour cocher des cases, rien de plus.
    Les personnages originaires d’Eviellan sont noirs ? On va surtout s’arranger pour que personne ne semble le remarquer, et que ça n’ait l’air d’avoir aucune forme de signification. Surtout ne pas l’expliciter dans les dialogues ou quoi. C’est un pur hasard. D’ailleurs si les gens méprisent le Héros et font la guerre à Eviellan, c’est pour une touuuuute autre raison, évidemment. Pas de racisme dans notre monde médiéval… d’ailleurs tenez, il y a même une asiatique dans la série ! Et personne n’a remarqué qu’elle est asiatique non plus, ou qu’elle est une femme d’ailleurs. D’ailleurs tenez, on a même une reine dans cette série ! Qui croit au mérite, en plus ! Bon, 712% des autres personnages autour sont des hommes blancs, hein, mais à part ça notre univers médiéval est super inclusif et du coup on n’a pas besoin d’en parler.
    Est-ce que du coup on va parler de mythologie ? Oh dites, ne comptez pas trop là-dessus. Aucune idée de pourquoi Eviellan est en guerre avec les deux autres royaumes du continent depuis des siècles. Sachez juste que ça fait super longtemps et que maintenant la roue a tourné, voilà, next. On va pas palabrer pendant des heures dessus, de toute façon c’est juste un prétexte pour vous montrer une jolie carte (pas aussi jolie que celle de Game of Thrones mais on n’avait pas le budget de toute façon) et vous donner l’impression qu’il se passe des trucs. Il se passe aucun truc, pour être claire ; rapport au fait que le prince maléfique a déjà fini sa campagne militaire et que la série démarre donc, littéralement, après la bataille. C’est juste histoire de mettre en place des enjeux en carton, mais on va pas commencer à vous parler de l’Histoire du continent ou quoi ou qu’est-ce.
    Nan mais attendez, ça se trouve la quête intérieure du personnage est super profonde ? Nenni. C’est juste un ado qui connaît pas son père et entend des voix. Il n’a aucune qualité, il est totalement incapable de quoi que ce soit, il n’a pas de personnalité, et à la rigueur sur la fin de l’épisode, on essaie vaguement de nous signifier qu’il est altruiste mais ça pourrait aussi bien être de la stupidité, c’est dur à dire. Vu que lui-même n’a aucune idée de qui il est, de ses origines, ou même de la raison pour laquelle il entend des voix (et sa mère n’est franchement d’aucune aide sur ce point), on ne peut pas franchement dire que sa vie intérieure soit particulièrement dense. La seule chose qui le torture c’est de décevoir un beau-père qu’il n’aime même pas, c’est vous dire le niveau.

    Au risque de me répéter, regarder The Letter for the King est, pour toutes ces raisons, ab-so-lu-ment-par-fait en ce moment. Netflix nous pond des daubes comme ça à longueur d’année, ça remplit ses grilles hebdomadaires sans trop chercher à accomplir quoi que ce soit… mais là ça tombe super bien. Si vous avez envie de regarder des images qui bougent et des gens qui parlent, c’est idéal. L’impression de transparence totale des personnages, de l’intrigue, des décors et des enjeux fait que The Letter for the King a quelque chose d’à la fois nouveau et familier.
    Vous voulez une série à regarder sans avoir à y penser, ni pendant ni après ? Bingo.


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  • Temps de tout, envie de rien

    20 mars 2020 à 16:14 • 3615 My (So-Called) Life •

    Les plus observateurs parmi vous auront remarqué que la semaine dernière, je n’ai pas réussi à poster 3 articles, mais 1 seul. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’avec l’actualité autour du coronavirus, pas mal de choses sont compliquées pour beaucoup de monde, y compris moi. Outre mes difficultés relatives à ma santé mentale (je vous en épargne la liste exhaustive) et physique, il y avait le problème d’approvisionnement en nourriture, l’aggravation de l’isolement, et soyons clairs, une vraie peur panique à l’idée que mes quelques contacts avec l’extérieur suffisent à signer mon arrêt de mort. Parce que c’est difficile de ne pas être paranoïaque en ce moment, il me semble.
    Du coup, réussir à regarder des séries était compliqué. Je tiens un journal de mes visionnages, et je peux vous dire que le mettre à jour depuis un peu plus de deux semaines est extrêmement rapide.

    Alors de quoi vous parler ? Comment vous parler de séries quand même moi je n’arrive pas à me mettre devant un épisode sans que mon esprit parte ailleurs, se concentre sur tous ces soucis et plusieurs autres au lieu de l’intrigue, les personnages, la musique, que sais-je ?
    Depuis quelques jours fleurissent des recommandations de séries à binge watcher pendant le confinement. Des séries qui se prêtent à l’ambiance de fin du monde que certains ressentent. Des séries suffisamment feelgood pour essayer de tirer le moral des troupes vers le haut. Des séries médicales qui permettent d’exorciser nos peurs. Des séries nostalgiques pour s’absorber dans le passé. Tout le monde semblait avoir des listes et des idées, qui s’exprimaient à travers des articles et des threads sur Twitter. Et moi… moi je ne pouvais pas. Je ne sais pas si vous êtes tous dans le même état que moi ; chacun gère différemment, je pense ; les circonstances dans lesquelles nous vivons notre isolement jouent énormément de toute évidence. Mais franchement je n’arrivais pas à me mettre devant une série. Ca semblait tellement dérisoire. Même pour moi, pour qui la télévision est très souvent salvatrice, il n’y avait rien à faire.
    L’article de la semaine dernière portait sur un épisode que j’avais en réalité regardé le 10 février dernier. Et ça m’a pris DES HEURES pour réussir à en faire une review semi-potable. Je sais pas comment on regarde des séries, en ce moment. Alors en discuter…

    Comment parler de séries quand on n’y arrive pas ? Bah vous savez quoi, parlons-en.

    Ce que je crois intimement, c’est que si chacun gère à sa façon, il est aussi autorisé de ne pas gérer.

    Avec le confinement, il semble que nous ayons collectivement (bien qu’il faille relativiser, certains d’entre nous travaillent et/ou s’occupent de leurs enfants pendant cette période, et c’est très accaparant) beaucoup de temps à meubler. Cela ne veut cependant pas dire que nous soyons capables d’exploiter ce temps « libre » à notre guise. Pas quand nous avons l’esprit préoccupé par d’autres choses. Pas des moindres.

    L’isolement, je le vis toute l’année. Pas dans ces conditions exactes, évidemment, mais l’agoraphobie ressemble beaucoup à un confinement (c’est juste que dans le cas du confinement, tout le monde est isolé, ce qui paradoxalement crée une expérience collective). En l’occurrence, cela fait depuis 2014 que mon agoraphobie m’empêche d’être fonctionnelle, et depuis 2017 que je ne peux même plus travailler.
    Je sors de chez moi une fois tous les trois mois en moyenne. Je ne vois personne à part ma sœur qui vient me rendre visite et me donner un coup de main, et le livreur qui m’apporte mes courses une à deux fois par mois. Ce n’est vraiment pas grand’chose, même pour moi qui n’ai jamais eu une vie sociale ébouriffante. Le reste du temps, internet et les séries me permettent de garder contact avec le monde. A distance, donc. J’ai commencé cette vie isolée sans vraiment avoir le choix, et j’ignore combien de temps elle durera. Je sais que mon style de vie souffre chaque mois un peu plus de cet isolement, sur un plan social, financier…
    Naturellement l’isolement dans lequel nous vivons actuellement est différent de ce que j’ai pu vivre ces dernières années. Il y a « le risque » (celui du coronavirus) qui guette dehors et dans les interactions avec autrui, qui est très différent de ce que je perçois comme anxiogène quand je dois sortir de chez moi en temps normal. Il y a le flot ininterrompu de mauvaises nouvelles, de chiffres, de déclarations politiques, qui diffère. Mon expérience ne s’applique pas à l’identique, de toute évidence.

    Toutefois ce que j’ai appris, et que je partage au cas où cela vous aide, c’est que ce n’est pas parce qu’on a du temps pour faire les choses qu’on en a l’énergie mentale. Si vous arrivez à faire quelque chose de constructif de votre confinement, c’est formidable et je vous admire sincèrement.
    Cela étant, si vous n’avez envie de rien, si vous n’arrivez pas à vous concentrer sur ce que vous commencez à faire, si vous êtes incapables d’exploiter ce temps « libre » pour enfin faire le marathon que vous vous étiez promis et que, au nom du ciel, vous auriez tout le temps du monde de faire maintenant, mais que vous n’arrivez pas à vous motiver à commencer… CE N’EST PAS GRAVE.
    Ne cherchez pas à être efficace, et surtout pas en matière de téléphagie.

    J’insiste là-dessus parce que je sais, pour le voir tout les jours le reste de l’année, combien nous avons pris l’habitude en tant que spectateurs de nous mettre la pression individuellement.
    Par le passé, j’ai déjà discuté de notre rapport au « retard ». Ce qu’un grand nombre d’entre nous ressent maintenant, cette incapacité à rattraper ce « retard », ou cette inaptitude à utiliser le confinement pour enfin faire aboutir des projets de visionnage sans cesse repoussés… ce n’est qu’une autre expression de cette même culture. Une culture qui nous donne l’impression que chaque visionnage doit avoir un bon rapport quantité/temps, une forme de rentabilité téléphagique, pour soi-même mais aussi socialement.

    Sauf que cette culture est nocive. Elle ne prend pas en compte vos états d’âme.
    Elle occulte totalement le fait que parfois, on peut avoir tout le temps du monde, on n’aura quand même pas vraiment envie de regarder quelque chose. Ou alors on aura envie d’un visionnage, mais pas celui qu’on « devrait ». Oui, vous pourriez vous lancer enfin dans un marathon des premières saisons de Succession dont tout le monde dit tant de bien, ou vous auriez tout le temps du monde pour enfin commencer à faire preuve de curiosité vis-à-vis de Zenra Kantoku dont quelqu’un vous rebat les oreilles depuis des mois, ou vous pourriez vous lancer dans un marathon d’un classique genre Moonlighting qui fêtait ses 35 ans ce mois-ci.
    Vous pourriez vous lancer dans n’importe laquelle de ces missions téléphagiques. Certes. Ou alors, vous pourriez aussi vous repasser en boucle l’épisode musical de Buffy pendant un mois si ça vous aidait ne serait-ce qu’un peu à passer le cap (y compris voire surtout si vous le connaissez par cœur). Vous pourriez faire tout ça, mais vous pourriez aussi ne rien faire du tout.

    Entre nous soit dit, vous ne comblerez jamais votre « retard ». Même si vous faisiez tout ce qu’il y a sur votre liste, il continuerait d’y avoir de nouvelles choses pour y apparaître, pas vrai ?
    Alors pourquoi se lancer dans des tâches pareilles si vous avez la tête ailleurs ? Pourquoi vous imposer des visionnages quand vous n’absorbez ni n’appréciez rien de ce que vous regardez ?

    Peut-être que pendant quelques temps, vous n’allez pas regarder de série. Peut-être que vous allez juste jouer à Animal Crossing. Si c’est ce dont vous avez besoin pour survivre mentalement à ce qui nous arrive, more power to you.
    L’avantage c’est que rien de tout ça n’est définitif. Des crises, en téléphagie, ça arrive tout le temps. Si vous y réfléchissez bien, vous savez que ça vous est déjà arrivé. Je me rappelle qu’il y a bientôt 10 ans, quand freescully est décédée, j’ai eu une période comme ça. Je ne pouvais rien regarder. Je me suis lancée dans la version étasunienne d’In Treatment à défaut d’autre chose. Et puis j’ai fini par trouver une série qui m’a remis le pied à l’étrier, Gravity, parce qu’elle appuyait précisément où j’avais mal, et j’étais repartie pour un tour. Le cas s’est représenté avec les attentats de 2015 ; c’est arrivé plusieurs fois dans ma vie, en somme. Pour ceux qui me connaissent un peu, ne serait-ce qu’à travers ces colonnes, vous savez bien que la télévision est un aspect essentiel de ma vie intérieure. Quand ça ne fonctionne pas, cela créée un gros manque ; mais je sais aussi, maintenant, que ces mauvais passages ne sont que cela : des phases temporaires. Je reviens toujours, à un moment ou à un autre, à cette passion qui m’anime et me fait du bien. C’est juste que cette passion ne guérit pas de tout. C’est un peu beaucoup lui demander.

    Mon journal de visionnages était vide depuis un peu plus de deux semaines. Je n’avais envie de rien et je n’avais envie de parler de rien. Et puis hier soir, j’ai regardé le premier épisode de Motherland: Fort Salem, je me suis dit que c’était pas mal, et que j’avais deux-trois trucs à en dire.
    Prenez soin de vous. Le reste (re)viendra tout seul.


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  • Au coin du feu

    14 mars 2020 à 18:14 • Dorama Chick •

    Puisque la première saison vient de finir cette semaine sur les écrans québécois, je vous propose aujourd’hui une review de la série Épidémie ! Une série qui depuis janvier nous parlait de comment des médecins, des personnalités politiques et citoyens lambdas se retrouvaient face à un vir-…
    Vous savez quoi ? Ca vient de me frapper mais, c’est peut-être pas trop le moment, en fait.

    Bon. Ahem. Eh bien, euh, et si dans la review du jour, on décidait de parler de quelque chose de beaucoup plus inoffensif ? Histoire de ne pas en rajouter ? A la place je vous emmène donc au Japon, pour parler de Yuru Camp△, une charmante petite série sans prétention, adaptée d’un manga éponyme, où il va être question de camping.

    Comment peut-on faire une série à base de camping ? Eh bien, pour ça il faut demander aux Japonais, qui sont passés maîtres dans l’art de raconter des histoires d’une douce banalité, à partir de trois fois rien.
    La série démarre alors que, comme cela semble lui être habituel, une adolescente du nom de Rin décide d’aller passer la nuit au bord d’un lac face au Mont Fuji. Une activité peu courante pour une ado, surtout dans le froid de l’hiver (il fait 5°C !), mais Rin sait ce qu’elle fait, elle a tout le matériel et l’expérience, et surtout elle aime passer un moment isolée de tout, à lire ses bouquins au milieu de nulle part. Elle est tellement coutumière de la chose que ni le manager de l’aire de camping, ni son amie, ne manifestent la moindre surprise devant sa présence.
    La majeure partie de l’épisode est consacrée à regarder Rin s’organiser : monter sa tente, se faire une soupe, décider de faire un feu de bois… Ca fonctionne un peu comme un petit tutorial, honnêtement, mais c’est aussi le moyen de montrer que ces petites choses amusent sincèrement la jeune fille, qui est dans son élément.

    Il y a cependant un événement perturbateur : toute la journée, devant le bâtiment central du camping (là où se trouvent le manager, une petite boutique et les toilettes du camping), une jeune fille a passé la journée à dormir dans ce qui est probablement la série de positions les plus inconfortables au monde, en particulier par ce froid. Lors de l’un de ses passages aux toilettes, Rin tombe nez à nez avec cette autre adolescente, bien réveillée cette fois, et en pleurs. La petite est totalement paniquée parce qu’elle vient d’emménager dans le coin, a voulu aller voir le Mont Fuji, et ne connait pas du tout le chemin pour retourner dans sa nouvelle maison. Soyons clairs : elle est un peu immature cette gamine, très émotive, émerveillée par un rien… et un peu affamée aussi donc finalement elles partagent toutes les deux, au coin du feu de bois, un peu de ramen. Elle est tout le contraire de Rin.
    C’est un peu à cause de toutes ces raisons que l’inconnue (on apprendra tardivement qu’elle s’appelle Nadeshiko) finira par se lier d’amitié avec Rin, et par la même occasion, se prendre de passion pour le camping. C’est dit, ce n’est pas la dernière fois qu’elles campent ensemble !
    Et ça tombe plutôt bien, le club d’activités en extérieur de leur lycée cherche de nouveaux membres…

    Pour être honnête avec vous, Yuru Camp△ m’a rappelé un peu la formule des séries d’appétit. Vous savez, ces séries qui font d’un simple repas une expérience intérieure, quand bien même de l’intérieur, manger des ramen n’a rien que d’anodin. Eh bien les joies du camping sont dans Yuru Camp△ similaires, et même contagieuses. Mais surtout (et on rejoint là le cas un peu particulier de Konya wa Konoji de), plus que le menu ou les activités, c’est bien le fait d’être ensemble, de partager des choses triviales mais capables de procurer une satisfaction simple, qui est au cœur de la série. Passer des moments à rire autour d’un feu de camp en mangeant quelque chose de chaud avec des gens qui ont autant envie que vous d’être là, je ne sais pas, c’est une certaine idée du bonheur, non ?
    Alors pourquoi aller chercher plus loin ? Dans une bonne humeur un rien naïve, Yuru Camp△ nous parle de petits instants partagés en plein air, loin de tout, avec mais avec ceux qui nous comprennent. Ce n’est pas forcément une série dont il faut attendre des rebondissements, des révélations et des intrigues à se faire des nœuds à la tête, mais je vous mets au défi de ne pas, vous-même, pousser un soupir de contentement devant ces quelques instants.


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  • Chicks before dicks

    8 mars 2020 à 12:43 • Review vers le futur •

    Le premier épisode de Desenfrenadas n’est pas aussi déluré que son poster promotionnel, c’est un fait. Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais (fidèle à mon habitude, j’avais évité les résumés autant que possible, et savais juste qu’il serait question d’un road trip), mais globalement je m’attendais à quelque chose de plus joyeux et euh… c’est pas trop l’ambiance, non.
    En fait, comme pour tout bon road trip, la bonne question c’est souvent de se demander ce qui motive à prendre la route.

    Trigger warning : violences sexuelles.

    Sauf que je ne sais pas où on peut aller pour fuir la violence patriarcale. Si un tel refuge existe, il n’est sur aucune carte. Aucune que j’aie trouvée, en tout cas (faites passer les liens Google Maps en commentaires).

    Cette violence peut prendre une forme évidente, comme à la fin de cet épisode inaugural, lorsque le personnage de Marcela nous est présenté. Cette jeune femme, qui fréquente un malfrat quelconque dont elle semble sincèrement éprise mais dont j’ai déjà résolu de ne pas retenir le nom, mène une vie dangereuse, qui dépend des frasques de son compagnon. Or, celui-ci a offensé un mafieux local, et Marcela se propose d’essayer d’arrondir les angles et négocier un pardon avec lui. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que le malfrat s’attende à ce qu’elle le compense en nature. Fort heureusement la jeune femme arrive à se débattre et échappe au pire, mais elle découvre rapidement que son mec l’a lâchement abandonnée à son sort (pour ne pas dire carrément vendue), et elle décide donc de se barrer vite fait.
    Le motel où elle se trouve est en bord de route, la route mène à Oaxaca, c’est donc là que Marcela se dirige.

    Mais l’immense majorité du premier épisode de Desenfrenadas nous parle d’une autre forme d’oppression, personnifiée par Rocío.
    Rocío a tout pour elle : elle est brillante, belle, fille d’un scientifique renommé, fiancée à un beau prétendant… Elle a tout pour elle, en apparence. En réalité elle subit une pression professionnelle constante de la part de son père, après s’être également engagée dans la recherche médicale ; sa mère et sa grand’mère, elles, ne sont intéressées que par son mariage à venir, et encore : elles n’ont à l’esprit que Sofía, la sœur de Rocío qui les a quittées. Quant à Juan, le fameux promis, il est peut-être parfait sur le papier mais il traite Rocío en objet et n’a vraiment que faire de ce qu’elle veut ou ressent. Y compris sur un plan sexuel, qu’il estime être un dû.
    La série commence alors que Rocío se prépare à partir une semaine plus tard pour un long internat en Suède, après avoir été sélectionnée pour un prestigieux programme international. C’est en fait tellement incroyable que son hôpital universitaire a organisé une cérémonie pour l’en féliciter, lors de laquelle elle est supposée donner un discours.

    Rocío a beau être capable de sang froid dans une salle d’opération (quoique… jamais assez, si l’on en croit son père), elle commence déjà à craquer sous la pression. Elle étouffe sous cette charge de jeune femme parfaite : professionnelle parfaite, fille parfaite, future épouse parfaite. Tout le monde exige d’elle qu’elle joue son rôle… et puis, elle se demande à quel moment elle a choisi tout ça. Elle n’est plus trop sûre de l’avoir choisi, et en tout cas, de plus en plus convaincue de ne plus en vouloir. Il semblerait que personne n’ait pensé à lui demander son avis, à aucun moment, sur aucun aspect de sa propre existence. Cette quête de perfection et de réussite (mais uniquement aux yeux des autres, quoi qu’elle coûte à Rocío intimement) a assez duré.
    Alors quand ses deux amies de toujours, Carlota et Vera, lui proposent de partir pour un weekend à Oaxaca, Rocío plaque tout et se lance dans un road trip improvisé. Elle dont la vie n’a rien d’improvisé, jamais.

    Vous allez me dire : peut-être que l’endroit où l’on peut fuir la violence patriarcale est à Oaxaca, mais rien n’est moins sûr. Après, ce n’est que le premier épisode, hein… mais à regarder le démarrage de Desenfrenadas, j’ai le sentiment que le vrai refuge contre le patriarcat, c’est la compagnie d’autres femmes de bonne volonté, tout simplement.


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  • I kissed a someone and I liked it ?

    7 mars 2020 à 22:11 • Dorama Chick •

    Saviez-vous qu’il existait une branche sud-coréenne à la chaîne étasunienne Lifetime ? Bah moi je l’ignorais encore récemment, et puis je suis tombée sur le premier épisode de Yeonnamdong Kiss Scene, une charmante petite websérie que Lifetime Korea compte parmi ses fictions originales. Bien que profondément allergique aux romcoms (et le Dieu de la Téléphagie sait qu’il n’est nul besoin d’aller chercher une chaîne s’adressant principalement au public féminin pour tomber sur une romcom en Corée du Sud…), j’ai été charmée par son concept simple, mais différent.
    L’histoire est celle d’une jeune femme Sol Yoon, qui n’a aucune expérience en amour, mais qui se réveille un matin en réalisant que, à un moment, pendant la nuit écoulée, elle a partagé son premier baiser avec quelqu’un. MAIS QUI ? A elle de mener l’enquête !

    Il se disait pendant longtemps que dans les romcoms asiatiques, le baiser n’était jamais délivré avant le dernier épisode.
    Bon, c’était là une généralisation un peu facile, et aujourd’hui il est certain que les choses sont plus complexes que ça, mais l’idée directrice était que le baiser devait représenter le couronnement d’une relation qui avait eu le temps de s’établir pendant le reste de la saison (qui souvent était aussi le reste de la série : elles sont rares les romcoms de plus d’une saison en Asie). Le fameux lip-lock, qui normalement désigne un baiser mais par extension est aussi ce qui « verrouille » la relation, était une conclusion, pas un geste banal comme dans nombre de séries occidentales. Un rapport télévisuel aux embrassades qui évidemment, a quelque chose de culturel (on ne se bécote pas en public dans la plupart des pays asiatiques, déjà), auto-entretenu par ces romances chastes… Mais l’autre avantage est à trouver du côté de l’intérêt commercial : en procédant ainsi on est sûr de ne pas avoir à se soucier de restrictions d’âge et donc des horaires de diffusion, sans parler de caresser dans le sens du poil (en tout bien tout honneur) les spectateurs les plus conservateurs.
    Par la suite, certains pays asiatiques exportateurs de séries (dont la Corée du Sud) ont découvert, ô merveille, que cette retenue collait parfaitement avec les attentes en la matière de nombreux autres pays eux-mêmes conservateurs. Qui, eux, n’avaient aucune envie de consommer les décadentes séries venues de nations débauchées comme, disons, au hasard, les USA.
    Du coup pourquoi changer une équipe qui gagne ? Ca a pris pas mal de temps pour détricoter ces habitudes télévisuelles, qui se heurtent à des obstacles culturels (et des nécessités industrielles) invisibles à l’œil nu, et laisser des personnages exprimer quelque chose ressemblant de près ou de loin à de la sexualité. Mais ce parcours n’est pas notre thème du jour.

    A la place je voudrais souligner combien il est fascinant de voir comment le baiser est devenu, au fil des décennies, un sésame suprême dans beaucoup de séries romantiques d’Asie. Et par extension dans la tête de pas mal d’ados de ces pays.
    Si cela vous semble un peu old fashioned, je ne le vous reproche pas, mais je crois aussi que ça participe pas mal à l’attrait de la fiction asiatique, et a fortiori sud-coréenne, qu’il existe un repère dans le panorama téléphagique, où certains spectateurs et certaines spectatrices trouvent quelque chose qui convienne à leur orientation asexuelle, leur vision de la romance, leur timidité peut-être. Quelle qu’en soit la raison, il y a une part non-négligeable de la communauté regardant des dramas qui apprécie cette approche. Ou plutôt, cette non-approche.

    Et donc Yeonnamdong Kiss Scene débarque là-dedans avec un concept qui, quelque part, est révolutionnaire, parce que le baiser est ce qui ouvre la série… mais qu’il va falloir le mériter, c’est-à-dire s’en souvenir.

    Au départ, Sol pense même en avoir rêvé, comme elle a rêvé de son premier baiser depuis toute petite. L’essentiel de cet épisode introductif est même consacré à la voir désespérément essayer d’acquérir toute l’expertise possible quant à l’art secret du baiser, quand bien même elle n’a aucune expérience. Mais entre s’acharner à apprendre comment nouer une queue de cerise avec la langue et passer sa vie sur les réseaux sociaux à discuter technique avec des inconnus, elle pense enfin savoir à quoi doit ressembler le premier baiser idéal.
    Cette obsession (qui comme vous le voyez ne doit rien au hasard dans un univers où le baiser est vu comme rare et précieux) est évidemment totalement gâchée par une nuit de beuverie dont Sol ne se souvient pas, et pendant laquelle son premier baiser se produit réellement. L’effet de l’alcool en a donc gommé quelques détails… dont, notamment, l’identité de la personne avec laquelle elle a partagé ce moment unique. Et donc bien-sûr, le moment est incomplet, parce que ce qui compte, ce n’est pas tant d’avoir embrassé que d’avoir eu un premier baiser avec quelqu’un qui compte. Est-ce ce qui est arrivé à Sol ? C’est embarrassant pour elle-même de ne même pas savoir. Alors elle va devoir remonter la piste, sans trop en avoir l’air, et interroger les personnes avec lesquelles elle a passé la soirée : ses suspects.

    L’idée de Yeonnamdong Kiss Scene est vraiment charmante, essaie de renverser les codes sans trop les bousculer en même temps, et s’appuie en plus sur une réalisation extrêmement efficace. Le rythme de l’épisode (qui ne dure qu’une douzaine de minutes) est enlevé, l’évolution de l’obsession pour le baiser à travers les années est extrêmement amusante et tendre, il y a plein de façons dont cette exposition dit de façon futée ce qui, en soi, est une ironie simple : Sol est obsédée depuis toujours par quelque chose qui a fini par totalement échapper à son contrôle. Elle s’en veut, mais elle est aussi pleine d’assurance et d’énergie, et ce premier épisode le retranscrit bien. On ne doute pas qu’elle va lève le voile sur l’identité de son premier baiser, et tout ce qu’on peut espérer, c’est que rétroactivement, elle ressente les papillons dans le ventre qu’elle a toujours espéré ressentir. Car rien ne pourrait être pire que de découvrir qu’elle a vécu ce moment avec quelqu’un à qui elle ne tient pas !
    Une conclusion que je n’ai pas vue, mais qui a été diffusée (ça ne s’invente pas) le 14 février dernier. Alors a priori, je dirais que les chances sont du côté de Sol.


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  • Complexe de Dieu

    6 mars 2020 à 20:09 • Review vers le futur •

    Pas facile de parler du premier épisode de Devs, lancé cette semaine aux USA et en arrivage direct sur Canal+ Séries ce soir à 23h. Pas facile, et en même temps tellement nécessaire, parce que je ne cesse de penser à la série.
    Et pourtant, de quoi parle Devs, si l’on s’en tient à ce premier épisode ? Ce n’est pas encore très clair.

    A première vue, Devs commence comme une série s’intéressant à la Silicon Valley et au microcosme qui la peuple. Il s’agit de nous familiariser avec son style de vie, ses codes, sa culture. Il y semble parfaitement normal de dédier sa vie à des projets qui n’aboutissent jamais. Il y paraît acceptable de travailler sur le campus d’une des entreprises les plus riches au monde, et d’enjamber les SDF pour se rendre au boulot le matin. Il y est normal de débattre de choses ultra-techniques sans rien savoir sur le job qu’on convoite. Avant même d’avoir commencé à parler de son sujet, de son vrai sujet, Devs dit beaucoup.

    Il y a quelque chose d’idyllique et pourtant pesant, sur le campus d’Amaya. Peut-être cette statue géante d’une petite fille innocente en est-elle le meilleur symbole, quoiqu’obscur, trônant au-dessus des bâtiments de la compagnie et de la forêt qui l’entoure. La beauté du lieu y apparaît comme feinte, à l’image de la bonhomie affectée de Forest, son patron charismatique.
    Il y a quelque chose qui assombrit perpétuellement ce tableau hors de la série, aussi, de par son contexte seul, parce qu’Amaya évoque bien-sûr des compagnies comme Google et que nous avons appris à nous méfier instinctivement de ce que ses coulisses pourraient raconter, quand bien même nous continuons d’utiliser ses services. Devs nous embarque dans un monde qui nous semble inconnu et qui pourtant, d’une façon diffuse, est totalement à notre portée, parce que le langage de la « tech » a pénétré nos quotidiens en même temps que ses outils. Pendant une large partie de cet épisode inaugural, Devs va ainsi planter le décor, tout en nous racontant une journée capitale pour Sergei, l’un des nombreux développeurs travaillant pour la société Amaya, en passe de devoir faire ses preuves devant son patron.

    Arrivée à la première moitié du premier épisode de Devs, j’ai dû faire une pause. L’exposition cédant la place à une (semi-)révélation, j’étouffais à cause de ces contradictions permanentes entre ce qu’Amaya envoie comme message, y compris à ses propres employés, et ce que la série envoie comme message à ses spectateurs. L’angoisse est permanente et pourtant rien ne la justifie. J’ai été prise d’un sentiment de terreur alors que Sergei, jeune codeur nouvellement affecté au projet secret « Devs », découvrait sans rien nous en dire sur quoi il allait désormais travailler pour le compte de la compagnie.
    On ne peut que, comme lui, procéder par élimination : ce n’est donc pas une intelligence artificielle ou de la biotechnologie. Sans avoir grand’chose sur quoi s’appuyer, l’esprit saute aux conclusions : ces gens veulent jouer à Dieu. Ou inventer Dieu ? Lorsque j’ai repris le visionnage de l’épisode après quelques pas nerveux dans mon couloir et un grand verre d’eau fraîche, l’estomac retourné sans trop savoir pourquoi, Sergei était en train de vomir tout son choc dans les toilettes d’Amaya. Lui savait pourquoi.

    Cela n’aide pas que Devs passe une importante partie de son pilote à injecter des sous-entendus spirituels ou religieux, de ses éclairages à sa forêt d’auréoles, et bien-sûr de temps à autres dans les dialogues. On soupçonne de toute façon que ce qui se trame dans la série ne peut pas juste être le fait d’une course commerciale ou technologique, on ne l’imagine pas un seul instant : à ce niveau de déconnexion avec la réalité, tant celle-ci a été refaçonnée pour projeter une image (distordue) de perfection, on ne chasse pas une invention secrète pour sa rentabilité. De quoi d’autre Amaya pourrait-elle avoir besoin ? De quoi ont besoin des gens qui ont tout, sauf trouvé le moyen de satisfaire leur curiosité intellectuelle ? On soupçonne le pire sans pouvoir mettre le doigt dessus. D’ailleurs c’est quoi, le pire ?
    Qu’est-ce qui pourrait expliquer que quelques lignes de codes fassent vomir tripes et boyaux à un jeune développeur ambitieux ? Sans parler de ce qui suit…

    Devs n’a pas encore d’explication et c’est en grande partie de là que vient l’angoisse. Ce n’est pas que le sort de Sergei nous préoccupe vraiment : ce sont les motivations d’Amaya qui prennent à la gorge. Elles sont impénétrables et inquiétantes sans qu’on les comprenne, justement parce qu’en-dehors de cette inconnue, tout semble parfait de l’extérieur.
    Le premier épisode de Devs commence à lentement lever le voile sur ce qui se passe sur ce que Forest et son équipe sont prêts à faire pour préserver leur objectif. Cela, en fin de compte, est plus effrayant encore : l’idée qu’un « simple » projet de la Silicon Valley pourrait justifier un tel état d’esprit. Et l’impression confuse, savamment entretenue, que pour certains, peut-être, dans les bureaux propres de la tech californienne, on n’est pas bien loin de penser de la même façon.


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