Take Five Deux

28 février 2023 à 21:33

Dans cette deuxième édition de Take Five, la rubrique inaugurée le mois dernier pour parler vite fait du premier épisode de séries qui n’ont pas eu l’occasion d’avoir leur propre review, il y a du bon d’un côté, et du français de l’autre. Non, pardon, c’est gratuit : j’ai aussi quelques problèmes avec la série norvégienne, dont vous allez vite comprendre pourquoi elle n’aura droit qu’à deux paragraphes avant d’être totalement oubliée.

Quel que soit leur sujet ou leur qualité, les séries du jour ont cependant un point en commun : elles datent toutes de 2023 ! A vrai dire, ce mois-ci, je n’ai pas vraiment regardé de pilotes moins récents (du mois pas sans avoir poursuivi la série). Cela s’est produit totalement par accident, mais il faut bien admettre qu’avec le nombre de nouveautés qui nous tombent dessus en permanence, ça n’a rien d’étonnant…

Avenir (2023)

Des quelques séries françaises que j’ai tentées ces dernières semaines (En place…), Avenir est la seule qui ne m’ait pas plongée dans un profond ennui, et vous savez quoi, c’est déjà ça.
Mais la mauvaise nouvelle, c’est que pendant la totalité du premier épisode, mon cerveau n’arrêtait pas de répéter : « Oui enfin, ça c’est Plan B, mais sans la complexité de Plan B, quoi ». L’idée d’utiliser le passé pour changer le présent n’est pas du tout nouvelle, mais elle ne semble poser aucune forme de dilemme pour le moment. Histoire de donner le change, Avenir fait de l’humour, mais ça ne trompe personne : la situation est assez simpliste, et le fait que le premier épisode soit entièrement consacré à empêcher à sa sœur aînée de devenir handicapée ne m’a pas mise dans de meilleures dispositions. Au lieu de vraiment s’inquiéter de la vie médiocre dans laquelle le personnage central se complait (qui aurait été un axe de réflexion intéressant), Avenir fait même le choix de radicalement améliorer son sort sans même qu’il essaie, balayant d’un geste de la main la seule sève dramatique de son intrigue pour le moment. Bref, c’est divertissant, mais sans substance.
Vous m’excuserez si je cherche plutôt à regarder la saison 4 de Plan B, ou même son remake canadien anglophone qui débutait sur CBC ce mois-ci. Pardon mais entre Kev Adams et Patrick J. Adams, le choix est vite fait… et ne parlons même pas de Karine Vanasse.

Hello Tomorrow! (2023)

Sans qu’on n’y prenne vraiment garde, Apple TV+ est devenue une valeur sûre dans le domaine de la science-fiction : entre For All Mankind, Foundation, Severance, et maintenant Hello Tomorrow!, la plateforme n’arrive pas à se planter. Après, ça parlera à des publics différents, c’est sûr ; par exemple Hello Tomorrow! est un peu moins à mon goût, mais c’est parce que son aspect rétrofuturiste est, pour le moment, l’angle le moins développé. Le premier épisode s’intéresse à Jack Billings, un vendeur d’immobilier en temps partagé… sur la Lune. Si dans cette réalité, l’humanité semble effectivement avoir colonisé le satellite (il faut dire que la technologie de ce monde-là est très évoluée), en revanche il n’est pas certain que ces logements existent vraiment, et Billings a surtout l’air d’être un excellent charlatan. Cependant, pendant ses voyages avec son équipe (…au passage, je mettrais ma main à couper qu’un de ses employés est un androïde, mais pour l’instant la série ne le confirme pas), il croise le chemin de son fils, Joey Shorter, qu’il n’a pas vu depuis quelque chose comme vingt ans et qui d’ailleurs ne le reconnaît pas.
C’est surtout à cela que la série semble s’intéresser, ce qui signifie que, mis à part le monde dans lequel la série se produit, cette histoire pourrait pour le moment très bien se dérouler dans les années 60, dont elle tire une grande partie de son esthétique. Les choses peuvent encore évoluer, et au pire le cadre n’est pas déplaisant, d’autant que derrière le côté utopique tout droit tiré des Jetsons (une inspiration évidente), il y a des choses qui montrent bien que cet univers est loin d’être parfait. C’est juste très compliqué d’explorer ces nuances-là dans un simple épisode d’exposition, alors j’attends de voir la suite.

Ôbatanga (2023)

C’est bien sympa que Canal+ Afrique mette le premier épisode de ses séries systématiquement sur sa chaîne Youtube, depuis quelques temps, ça permet de vraiment tester plein de choses. Bon, faut pas s’attacher, vu la difficulté à voir le reste de la saison ensuite (…je comprends pas, Canal+ France aime pas avoir du contenu original déjà financé, c’est quoi le problème ?), mais en tout cas ça permet de prendre la mesure de quoi Ôbatanga est faite.
En l’occurrence, il s’agit d’une enquête se déroulant dans un pays imaginaire, la République de Batanga, et plus particulièrement sa capitale, Yakoma. Dans un des plus beaux immeubles de la ville, un millionnaire du nom de Gregory trouve la mort… en position compromettante. C’est sa maîtresse Eva, une influenceuse à succès, qui le trouve de la mousse sur les lèvres, inerte ; elle panique immédiatement, bien-sûr, mais a la présence d’esprit d’appeler son ami d’enfance (et accessoirement son ex), Nicolas. Toutefois, les heures qui suivent démontrent que cette mort est loin d’être anodine… Je pense comprendre pourquoi Ôbatanga a choisi de se dérouler au cœur d’une nation fictive : au moins, on ne s’y fait pas d’ennemi. La série dépeint en effet un pays où l’influence est une monnaie plus encore que l’argent : tout est question de qui connaît qui, et qui connaît quoi sur qui. Eva semble innocente, et a mis un doigt dans un engrenage qui la dépasse ; par ricochets, c’est également le cas de Nicolas (un simple employé des télécoms qui n’a rien à faire dans un tel univers). Lequel va progressivement comprendre que les enjeux dépassent la mort d’un homme riche (ce qui n’est pas une mince affaire !). « Greg le millionnaire » (…oui, il se faisait vraiment appeler comme ça) n’était pas qu’un simple homme d’affaires, c’était très probablement un blanchisseur d’argent en lice avec des personnalités placées dans les plus hautes sphères de l’Etat. C’est grâce à la perspective de la capitaine Olinga, enquêtrice sur ce décès, que nous allons en avoir un aperçu. Dans Ôbatanga toutes sortes de choses s’emmêlent, et ce serait sans doute fascinant si le premier épisode avait juste un peu plus de rythme (certaines scènes sont longues sans raison apparente), pour le moment c’est juste intrigant. Ce qui, avouons-le, est déjà pas si mal. Apparemment la première saison d’Ôbatanga est plutôt courte (6 épisodes), donc d’une façon ou d’une autre les choses devraient s’accélérer pour Eva et surtout Nicolas. Il y a en outre quelques très bonnes répliques saupoudrées çà et là sur les dialogues, qui font que dans l’ensemble, ce premier épisode ne se porte pas trop mal ! En tout cas c’est beaucoup plus intéressant que ne l’était Terranga, la série sénégalaise qui la précédait dans les grilles de Canal+ Afrique.

R.I.P. Henry (2023)

Lancée en janvier par Viaplay, c’est certainement l’une de leurs offres les moins enthousiasmantes à ce jour (certes ce sera toujours mieux que Try Hard, mais tout est mieux que Try Hard). Ce premier épisode m’a un peu évoqué la série islandaise Jarðarförin mín, en cela qu’elle met en scène un personnage central solitaire et détestable, qui se découvre des problèmes de santé. Le premier épisode de R.I.P. Henry ne confirme d’ailleurs pas tout de suite ce dont il s’agit explicitement, mais vu que ça se passe dans le cerveau, c’est difficilement bon signe. Henry, auquel le titre de la série semble donc prédire un funeste destin, est dans une situation complexe : c’est un neurochirurgien de talent mais qui est venu (pour des raisons brumeuses) exercer dans le petit hôpital d’Odda, et il ne cache pas sa joie à quitter bientôt ce trou perdu pour un poste plus prestigieux à Bergen. On imagine sans mal comment ses plans vont se trouver perturbés… Ainsi, et c’est au moins aussi important, que son ego : Henry est une caricature de chirurgien avec un ego surdimensionné, et il ne fait aucun mystère de son impression d’être meilleur que tout le monde. Forcément, si comme ce premier épisode le suggère, ses plans de se tirer tombent à l’eau, et que pire encore, il va devoir se montrer vulnérable à ses collègues (voire même en laisser certaines le suivre médicalement), il risque de tomber de haut.
Et… et honnêtement, je m’en fous. Rien dans ce premier épisode ne nous donne vraiment envie de nous dire « oh, non, c’est un connard antipathique, mais quand même là c’est dur » à propos de Henry. Pas même quand on comprend pas à pas qu’il est (plus ou moins récemment) devenu veuf. Franchement, R.I.P. Henry a bien du mal à humaniser son personnage pour qu’on s’inquiète de son sort, à plus forte raison parce qu’il semble refouler toute émotion qui ne serait pas du dédain. Sans compter qu’on est en 2023 : après plusieurs décennies d’anti-héros méprisants et prompts à insulter leur entourage sans l’ombre d’une hésitation, série après série, mes réserves d’empathie pour les enfoirés sont totalement vides.

The Watchful Eye (2023)

Certaines d’entre nous sont suffisamment âgées pour se souvenir de 666 Park Avenue, et je m’attendais à ce que The Watchful Eye, qui en partageait non seulement une partie du pitch mais même l’identité visuelle dans son matériel promotionnel, emprunte la même voie. Il faut également préciser qu’assez peu de séries étasuniennes se déroulent dans des immeubles en co-propriété (comme j’avais eu l’occasion de vous le rappeler dans ma review du premier épisode d’Only Murders in the Building). Bref, je ne m’attendais pas à être bluffée… et ça n’a pas été le cas, mais je n’ai pas été contrariée non plus. La série suit une jeune femme, Elena, qui se fait embaucher comme gouvernante d’un petit garçon dans l’un des foyers riches d’un immeuble ne manquant pas d’habitantes cossues.
En réalité, la jeune femme a d’autres intentions bien moins louables : elle et son petit-ami sont à la recherche d’un rubis qui devrait les rendre riches. Comment et pourquoi ce rubis a-t-il échappé à la vigilance de quiconque l’a jadis possédé ? On ne sait pas trop, mais Elena semble le tenir pour acquis, et est convaincue qu’il est toujours quelque part dans l’immeuble. Et puis, dans l’intervalle, c’est l’excuse parfaite pour aller fouiller dans les affaires des gens et découvrir les dessous pas très propres de la haute société newyorkaise. Il semblerait qu’outre les cachotteries des unes et des autres, The Watchful Eye ait également l’intention d’entretenir une ambiguïté quant à des éléments surnaturels, qui pour le moment sont assez légers dans ce premier épisode. La série essaie d’inquiéter plutôt que de vendre une véritable mythologie fantastique, l’ambiance étant sa priorité. Je respecte cela. Ce n’est pas forcément ma tasse de thé, mais je respecte cela. Et en attendant de voir quels sont ses plans sur le long terme, en tout cas c’est du primetime soap qui se tient, à défaut d’être absolument renversant.

Voilà, je ne sais pas si cet exercice vous intéresse (j’ai pas trop eu de retours le mois dernier), mais personnellement pour le moment, il m’amuse bien !

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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