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    15 juin 2022 à 22:28 • Telephage-o-thèque •

    En toute honnêteté, au départ je n’avais pas prévu de regarder Sort Of. Quand la dramédie canadienne est apparue, fin 2021, ce que j’en lisais me laissait penser qu’on allait suivre une fois de plus des péripéties de quelque protagoniste célibataire. Certes, cette fois-ci, il s’agirait de protagoniste transgenre, mais ça reste quand même le type de série qui n’arrive pas en haut de ma to-watch list.
    Toutefois, au fil des mois, il a bien fallu reconnaître que la petite série de CBC commençait à trouver son public. Son relatif anonymat au moment de son lancement s’est transformé en une reconnaissance internationale (en grande partie grâce à HBO Max), si bien qu’en février finalement elle a décroché une seconde saison. En avril, Sort Of a même réussi à se distinguer pendant les GLAAD Awards, si bien qu’il devenait difficilement tenable de refuser d’y jeter un oeil.

    Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ; me voici donc devant vous aujourd’hui avec une review de la première saison.

    La vie de Sabi est chaotique : le jour, iel s’occupe de Violet et Henry, les enfants du couple qui l’emploie, Paul et Bessy ; plusieurs nuits par semaine, iel officie dans un lieu communautaire LGBT à mi-chemin entre la librairie, le café et le bar. Ce n’est pas exactement une existence idéale : l’accumulation de petits boulots ingrats et peu rémunérateurs ne l’enchante guère, mais enfin, c’est mieux que rien (et c’est mieux que travailler dans l’électricité, secteur pour lequel iel a obtenu un diplôme qui en réalité ne l’intéressait pas). Qui plus est Sabi vit en co-location avec sa sœur, Aqsa, qui a trouvé le succès dans sa carrière au sein d’une compagnie d’assurances, et dont la vie sexuelle est en prime bien plus riche.
    Les deux adelphes ont grandi dans une famille d’origine pakistanaise conservatrice ; leur père travaille à l’étranger (on entendra parler de lui sans le voir pendant cette première saison), quand leur mère Raffo vit seule dans la maison familiale, en banlieue de Toronto. Les mœurs d’Aqsa n’y seraient pas populaires si elles venaient à être connues ; mais surtout, l’identité de genre de Sabi a soigneusement été cachée jusque là. D’ailleurs Sabi a carrément évité sa mère depuis quelques temps, ce qui conduit Raffo à venir lui rendre visite… et surprendre Sabi dans une présentation plus féminine qu’attendu. Ce coming out de fait envoie une onde de choc qui va se faire ressentir pendant toute la saison.

    En soi, ç’aurait déjà fourni une série plutôt intéressante (pas foncièrement originale, mais intéressante). Toutefois, et à ma grande surprise, il se passe quelque chose de tout autre dans cette saison inaugurale de Sort Of.
    Tout commence lorsque 7ven (prononcer « Seven »), la meilleure amie de Sabi dont la personnalité haute en couleurs pousse régulièrement notre protagoniste à sortir de sa zone de confort, lui propose de partir pour Berlin. L’idée est séduisante : tout plaquer, et suivre 7ven qui a décroché un boulot inespéré dans une galerie de la capitale allemande, dont elle ne cesse de vanter la qualité de vie pour la communauté LGBT. Mais elle est aussi effrayante, surtout pour Sabi qui n’a pas vraiment un tempérament prompt à la prise de risques. Pourtant, à sa propre surprise, après avoir appris que Paul et Bessy voulaient ne plus faire appel à ses services à partir de Noël, Sabi accepte la proposition et commence à se faire à l’idée de partir pour un autre pays avec sa meilleure pote ; iel laisse un message sur le répondeur de 7ven, et retourne travailler le lendemain.
    Sauf que le lendemain, précisément, Bessy a un accident de vélo sur le chemin du travail. Dans l’urgence, Paul demande à Sabi de l’aider avec Violet et Henry, pendant qu’il court à l’hôpital ; iel accepte immédiatement, par affection pour les deux enfants mais aussi pour Bessy, pour laquelle iel s’inquiète sincèrement.

    A partir de là, Sort Of prend une direction assez incroyable : Sabi change d’avis. Iel décide d’annuler le voyage à Berlin avec 7ven (qui évidemment n’est pas ravie), et de même faire des heures supplémentaires auprès de cette famille qui a tant besoin d’aide à un moment critique. Au lieu d’être l’histoire d’une décision qui change sa vie, la série devient… ma foi, l’histoire d’une décision qui change sa vie aussi. Mais pas comme espéré. Et pas juste la sienne.
    Sort Of va ainsi passer beaucoup de temps sur les relations entre Sabi et les deux enfants, en particulier Violet qui commence à entrer dans l’adolescence et est à fleur de peau, pour qui les événements que traverse sa famille sont d’autant plus bouleversants (il y aurait pourtant matière à se poser des questions quant à Henry, mais la première saisons n’a pas trop de temps pour). Jamais Sabi n’a eu autant le sentiment d’avoir un job important, et iel le prend très à cœur ; cette évolution, qui lui semble naturelle, ne va pourtant pas de soi à tout le monde. A travers cela, c’est aussi l’étrange tandem formé avec Paul qui est exploré, la série interrogeant cette étrange relation co-dépendante que Paul et Sabi ont développé alors qu’avant, iels n’étaient pas proches du tout (Paul était même, dans une certaine mesure, mal à l’aise avec iel). Sabi semble, plus que jamais, faire partie de la vie de cette famille, qui l’appelle à toute heure du jour et de la nuit, et compte sur iel pour tant de choses… mais cela reste un emploi et Sort Of ne perd jamais de vue que, quand bien même personne n’est à blâmer pour la situation, certaines limites sont parfois franchies dans le feu de l’action. Et qu’en réalité, elles ont peut-être été franchies bien avant l’accident, quand Sabi a reçu les confidences de Bessy…
    Iel semble avoir trouvé une famille de substitution dans laquelle s’investir au lieu de se confronter à Raffo (et, à travers elle, à sa famille toute entière). L’évitement n’étant pas toujours possible, Sabi va devoir faire des choix douloureux, qui bizarrement lui apparaissent plus facilement que jamais malgré les inconvénients… et les exhortations d’Aqsa à essayer de se conformer, au moins devant sa famille, aux attentes genrées traditionnelles.

    De nombreuses scènes de cette première saison sont incroyablement émouvantes et, pour certaines, éprouvantes. On est loin de la dramédie légère à laquelle je m’attendais. Même 7ven passe de comic relief à force vive au sein de la saison (elle ne reste par à Berlin très longtemps), ses échanges avec Violet comptant parmi les meilleurs moments de la saison.
    Sort Of décrit des hésitations et des tâtonnements, mais ils ne sont pas celles auxquelles je m’attendais du tout. Le sérieux avec lequel la série traite ses intrigues, la façon dont ses personnages se révèlent à eux-mêmes comme à leurs proches pendant une période critique, les rencontres improbables qui se font alors que personne ne cherchait vraiment à nouer de nouveaux liens (j’ai absolument adoré le personnage d’Olympia, sur la fin de saison)… Sort Of mérite son good buzz, et plus encore. Il y a décidément du bon à changer d’avis.


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  • Unserious eats

    11 juin 2022 à 19:12 • Dorama Chick •

    Mais que voici ? Une nouvelle review sur une « série d’appétit » ! Eh oui, amies téléphages, nous revoilà à parler bouffe. Mon sujet préféré, juste après les séries ; alors quand je peux joindre l’utile à l’agréable…

    Cette fois nous partons du côté de Hinekure Onna no Bocchi Meshi, une série qui ne démarrera qu’en juillet sur TV Tokyo, mais dont les épisodes ont déjà été mis en ligne sur la plateforme Paravi. L’héroïne de la série, Tsugumi, est une jeune femme qui, lorsque la série commence, découvre que son petit ami la trompe. Elle essaie comme elle peut d’ignorer ce fait (malgré les photos de lui et sa nouvelle conquête au resto, postées sur Insta !), mais il finit par la plaquer. Sept mois de relation partis en fumée ! La collègue de Tsugumi, au konbini où elle travaille, lui assure cependant qu’un chevalier en armure viendra bientôt la sauver sur son cheval blanc.
    Juste après la rupture, Tsugumi se voit recommander le compte de white_horse_0515, qui poste des reviews de plats. Elle l’interprète comme un signe.

    …Un signe qu’il faut manger du katsu curry !!! C’est le genre de signe du Destin en lequel je suis prête à croire.
    Hinekure Onna no Bocchi Meshi suit, pour l’essentiel, la structure typique de la « série d’appétit ». Le premier épisode suit cette pauvre Tsugumi alors qu’elle a bien besoin d’être requinquée, et que son amertume face aux aléas de la vie s’envolent en dégustant, je vous le donne en mille, par de la nourriture. Plot twist de folie.
    Je fais de l’ironie, mais j’ai bien aimé ce que Hinekure Onna no Bocchi Meshi met en place ici. Les nuances introduites dans la formule sont intéressantes.

    Après avoir établi le niveau de désœuvrement de son héroïne, qui va crescendo jusqu’à ce que son petit ami rompe avec elle par téléphone (mais considérant que poster la photo de son dîner avec une autre constituait un avertissement), l’épisode inaugural met donc Tsugumi face à ce post du fameux White Horse, par le plus grand des hasards.
    White Horse explique dans le post accompagnant sa photo d’un délicieux katsu curry que ce plat lui a redonné le moral après que sa petite amie l’ait plaqué au terme d’une relation de 7 mois. Elle en voyait un autre… Forcément, Tsugumi s’identifie immédiatement à White Horse, et suit donc sa recommandation d’aller goûter un katsu curry dans le même restaurant. L’endroit ne paie pas de mine, et elle est intimidée à l’idée d’y manger seule. En outre, de prime abord, les plats ont l’air parfaitement quelconques. Toutefois, il s’avère que la propriétaire du restaurant est plus créative que prévu, et que le goût de ses plats finit par être plein de surprises. Si bien que Tsugumi passe un excellent moment, indirectement grâce à White Horse. Décidément elle a tant de choses en commun avec lui !
    En sortant du restaurant, elle remarque qu’il s’agit en fait de la toute première fois que White Horse postait sur ce compte. Elle devient la première personne à déposer un like sous sa photo, et la première à suivre son compte…

    …Tandis qu’ailleurs en ville, un employé de bureau reçoit une notification. Son premier like !
    White Horse s’appelle en effet Kazuma, et il n’a pas le moral non plus. Il faut dire qu’après 7 mois à essayer de convaincre une cliente potentielle, lui payant des verres et des sorties à titre commercial, celle-ci lui a annoncé qu’en réalité elle allait embaucher la concurrence. Dépité, Kazuma a voulu vider son sac, mais, de peur de se rendre identifiable et/ou de porter préjudice à sa compagnie… il a transformé l’histoire en une mésaventure amoureuse pour les réseaux sociaux.
    Désolée de vous spoiler ce léger twist, mais j’ai trouvé que c’était la plus grande originalité de Hinekure Onna no Bocchi Meshi, qui décide contre toute attente d’introduire un second personnage. La plupart des « séries d’appétit » n’ont en effet qu’une seule protagoniste. Cela va pour ainsi dire avec la formule : on suit une personne, on écoute (en voix-off) ses impressions sur ce qu’elle veut puis sur ce qu’elle mange, et on partage sa satisfaction. Il y a quelques exceptions, par exemple Shinmai Shimai no Futari Gohan qui reposait entièrement sur le fait que deux demi-soeurs, laissées seules au Japon pendant que leurs parents nouvellement mariées font le tour du monde, apprennent à vivre ensemble en partageant des plats basés sur les ingrédients envoyés par leurs parents depuis l’étranger. Mais dans cette série, les deux protagonistes cuisinaient, mangeaient, livraient leurs impressions, à peu près à part égale ; on pouvait s’identifier à l’une ou l’autre plus ou moins indifféremment, selon la personnalité (ou l’âge). Dans Hinekure Onna no Bocchi Meshi, c’est différent parce que nous n’avons, pendant l’essentiel de l’épisode, accès aux pensées que de Tsugumi. Elle est aussi la seule que nous voyons manger ; White Horse ne nous sera pas montré au restaurant. Je me demande si dans les épisodes c’est amené à changer ?
    Pourtant, il ne fait nul doute que les deux protagonistes sont importantes pour la suite de la série. Hinekure Onna no Bocchi Meshi semble vouloir explorer leur relation parasociale (sûrement mieux que dans #IzakayaShinkansen !), et je la soupçonne même de semer les graines d’une potentielle romance entre deux personnes déçues par le reste de leur existence, mais ayant ce (ténu) point en commun que d’avoir les mêmes goûts culinaires.

    Si vraiment il s’agit d’une série romantique, je vais l’avoir mauvaise. A l’origine j’avais envie de voir Hinekure Onna no Bocchi Meshi, non seulement parce que c’est une « série d’appétit » (ce qui fait que de toute façon j’y aurais tôt ou tard jeté un oeil), mais surtout parce que c’est la première « série d’appétit » que je vois dans laquelle COVID semble exister. Plusieurs des photos utilisées par TV Tokyo pour promouvoir la série incluaient en effet le port du masque (comme ci-contre).
    Alors je sais, je sais, vous en avez marre de la pandémie. Vous comme moi. Mais j’étais intéressée par la façon dont un sous-genre télévisuel dont les mécanismes narratifs ainsi que les codes visuels dépendent entièrement de la consommation de nourriture pourraient s’y atteler. N’ayant pas encore vu, par exemple, la 9e saison de Kodoku no Gourmet (seule « série d’appétit » suffisamment longue pour avoir un avant et un après de la pandémie ; le statut de Konya wa Konoji de étant plus compliqué puisque la première saison a été tournée pendant l’épidémie mais juste avant le confinement japonais), je me demandais comment on peut présenter des personnages qui mangent au restaurant ET aborder la réalité de ce qu’est un repas au restaurant dans un monde touché par la pandémie… sans, ça va de soi, briser l’escapisme de la situation. Si la « série d’appétit » repose sur l’identification, et c’est généralement le cas comme j’ai pu le dire maintes et maintes fois par le passé, alors comment intégrer cet aspect non-négligeable de l’expérience culinaire moderne ? Et pourquoi je n’ai vu personne le faire jusque là ?
    Evidemment, je ne suis pas en train de dire que Hinekure Onna no Bocchi Meshi est une série SUR le fait de manger au restaurant pendant COVID (…et encore moins post-COVID, au passage). De toute évidence, son intrigue porte sur le fait que Tsugumi est écœurée de la vie, mais y reprend goût en mangeant des plats recommandés par White Horse, qu’elle voit comme un héros salutaire. Toutefois, en toile de fond de cela, il y a bel et bien une description d’une nouvelle normalité. Tout le monde porte son masque. La restauratrice offre du gel hydroalcoolique à l’entrée de son établissement. Il y a des parois de plexiglass entre chaque table. Un client remet son masque après avoir fini son plat. Tsugumi plie soigneusement le sien et le range avant de manger…
    La série trouve tout cela normal parce que tout cela est normal. Et je trouve que c’est rassurant. Je ne sais pas, quelque part j’ai besoin que des séries fassent ça, plutôt que de passer aussi vite que possible à une version du monde dans lequel COVID serait fini (ou, pire, où la pandémie semble n’avoir jamais existé, comme c’est le choix de tant de séries déjà).

    Est-ce que Hinekure Onna no Bocchi Meshi est une révolution ? Non, évidemment, et personne ne le lui demande. Certainement pas moi. Elle tente des trucs à l’intérieur du sous-genre qu’elle s’est choisi (et est d’autant plus libre de le faire qu’elle n’est apparemment pas l’adaptation d’un manga), mais au-delà de ça elle n’a pas vocation à vous bousculer. Et, comme ce n’est plus à prouver, je suis une fervente amatrice de ce type de séries ; je ne dirais pas qu’il faudrait ne regarder que ça, mais, dans un régime téléphagique équilibré, ça ne peut que faire du bien de ménager un peu de place pour ce genre de visionnages, en tout cas.


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  • Elle a fait un bébé toute seule

    10 juin 2022 à 20:05 • Review vers le futur •

    Aujourd’hui je vais parler d’une romcom ; donc ne croyez pas un mot de ce que je m’apprête à dire.

    Quiconque a lu quelques unes de mes reviews sait que, lorsqu’il s’agit de romance, je ne suis pas le meilleur public qui soit. Dans ce genre-là encore plus que dans la plupart des autres, les clichés m’agacent, l’impression de prévisibilité me crispe, et d’une façon générale je ne suis même pas sûre de souhaiter un happy ending à la plupart des personnages. D’ailleurs, la plupart du temps, je trouve les protagonistes de ces fictions soit ridicules, soit insupportables ; il arrive même que ce soit un peu des deux. Mon investissement émotionnel dans ces séries est à peu près le même que si je regardais un documentaire de 4 heures sur le procédé de fabrication du roquefort… et encore, je pense que tant qu’à parler de trucs pourris, je préfèrerais entendre parler de bouffe que de romance.
    Mon avis est donc à prendre avec des pincettes. En fait, vous savez quoi, tenez les pincettes avec d’autres pincettes, c’est encore mieux. Pourtant, je n’y peux rien, il faut que je vous parle de Skruk, une romcom danoise que Netflix a lancée ce mois-ci. Il faut que j’évacue ça de mon système.

    L’héroïne de Skruk (ou Baby Fever de son titre international) est Nana, une gynécologue spécialisée dans les questions de fertilité. Même si la série établit très tôt ses capacités professionnelles (elle a le plus grand taux de réussite de sa clinique), en revanche sur un plan personnel, le portrait est moins à son avantage. Par exemple, elle n’hésite pas à mentir à ses patientes pour leur donner l’impression qu’elle comprend ce par quoi elles passent, s’inventant des fécondations in vitro, des grossesses, et même des grossesses multiples selon les cas. Apparemment c’est beaucoup plus simple de leur donner cette illusion que si ça s’est bien passé pour elle, ça se passera pour ses patientes aussi… plutôt que de leur parler sincèrement. So relatable.
    Quand la série commence, malgré ce qu’elles raconte aux patientes, Nana n’a pas d’enfant. Or, lorsque, par le plus grand des hasards (elle voulait tester une nouvelle machine d’examen, et quel meilleur cobaye qu’elle-même ?), elle découvre qu’il ne lui reste qu’environ 6 mois de fertilité, ça commence un peu à la chatouiller. D’autant que Nana, voyez-vous, est célibataire, alors trouver un partenaire avec lequel faire un bébé, et plus encore l’éduquer ensuite, ça ne va pas se produire du jour au lendemain.
    Alors un soir, après avoir bu plus que de raison, elle s’insémine elle-même avec du sperme « emprunté ». Comme n’importe qui le ferait dans sa situation, faut-il croire. Elle a bien une pensée pour la dimension éthique de son acte, mais enfin, vaut mieux en prison avec un enfant que vivre libre sans enfant… je paraphrase à peine.

    Si je connaissais pas Netflix, je soupçonnerais que Skruk représente une tentative un peu vulgaire (mais pas inédite pour la plateforme) de réemployer des ingrédients de séries au succès éprouvé, afin d’obtenir un mélange parfaitement calibré. Juana la Virgen et Hjem til Jul semblent en particulier s’être penchées sur le berceau de cette nouvelle production. Bon, la romcom à base de fécondation in vitro, on aura toutes vu le parallèle, mais pourquoi Hjem til Jul ? Eh bien, parce que la série norvégienne partage avec Skruk la même protagoniste antipathique, nombriliste, et méprisante, en fait, mais qu’elle est résolue à lui délivrer un happy ending quand même.
    La façon dont au début de l’épisode Nana a envoyé bouler un type (avec lequel, de son propre aveu, elle avait eu un premier rendez-vous débouchant sur un bon coup, pourtant), juste parce qu’il l’invitait à dîner pour lui cuisiner les champignons qu’il a cueillis… il ne lui proposait même pas d’aller chercher les champignons avec elle ! C’est quoi ton problème ? C’est quand même pas de sa faute à ce pauvre gars si t’aimes rien.

    Juste une fois je voudrais voir ces héroïnes finir malheureuses plutôt que récompensées par le scénario. Mais non. Evidemment que non.

    A la place, voilà ce qui se passe dans Skruk : Mathias, un ex petit-ami que Nana a perdu de vue depuis des années, fait à nouveau irruption dans sa vie. Ou plutôt, elle le croise dans la cour de l’immeuble de la clinique… alors qu’il s’apprête à faire un virement en liquide à la banque du sperme. Comme ce gars lui manque, et surtout qu’elle vient d’apprendre pour sa fertilité déclinante, Nana entreprend, et j’espère que vous être assise… d’utiliser les données de la banque du sperme pour l’appeler (ce qui est, vous en conviendrez, très professionnel), d’obtenir un re-premier rendez-vous avec lui, et de lui demander quand il veut des enfants. Pas « si », mais « quand ». Forcément ça refroidit l’ambiance.
    Quand elle en parle plus tard avec sa meilleure amie, l’aide-soignante Simone, les deux femmes décident de se murger, quelque chose de bien… et bien entendu de le faire à la clinique, parce que là encore c’est un comportement parfaitement professionnel (ça n’a même pas l’air d’être la première fois). Et du coup, quand un peu plus tard, Nana se retrouve ivre au dernier degré, elle décide de passer une tête à la banque du sperme voisine, au beau milieu de la nuit, pour s’octroyer le sperme de Mathias. Ya rien qui va.

    Ya rien qui va, à plus forte raison parce qu’on sait parfaitement que cette insémination va la faire tomber enceinte. Si ce n’était pas le cas, il n’y aurait pas de série ! Nana ferait un test négatif, pousserait un soupir, et volerait sûrement le sperme de quelqu’un d’autre. En espérant que ce soit uniquement dans un frigo, parce que je la soupçonne du pire. Mais non, clairement Skruk veut forcer les interactions futures entre Nana et Mathias, vouées au moins temporairement au conflit certes, mais à terme, à une résolution à peu près positive. C’est déjà suffisamment déplorable quand c’est Mary Jane Paul qui vole du sperme dans sa cuisine et que le projet de maternité n’aboutit pas (au moins Being Mary Jane prenait la peine de critiquer le projet ainsi que d’en décortiquer les mécanismes), mais là il ne peut qu’aboutir. Je ne vois pas comment Skruk pourrait faire autrement.
    Et, au pire, même si ça ne conduit pas les deux ex à raccrocher les wagons pour élever leur enfant ensemble, Nana a eu ce qu’elle voulait : un bébé. Donc elle aura quand même obtenu satisfaction. De la pire des façons.

    Au nom de quoi ? Pourquoi, dramatiquement, ça a du sens de donner satisfaction à cette protagoniste ? Nana n’a fait preuve d’aucune qualité qui justifierait qu’elle obtienne ce qu’elle désire. Ou même la moitié de ce qu’elle désire. A ce stade, personnellement, j’espère juste qu’elle passera le reste de sa vie avec un bout de popcorn bloqué entre deux molaires.
    D’ailleurs, avant de découvrir par accident son infertilité imminente, elle avait même dit à Simone qu’elle n’était pas sûre de vouloir un enfant ! Et là tout d’un coup, en 24h, c’est devenu urgent au point de violer le code déontologique et/ou la loi plusieurs fois ? Sans parler de, vous savez, le consentement de Mathias ? Pourquoi devrions-nous vouloir que Nana obtienne ce qu’elle veut ? Hélas, juste parce que la série a décidé que Nana était l’héroïne (et que potentiellement les spectatrices pouvaient se reconnaître dans son horloge biologique), on va lui donner gain de cause à un degré ou à un autre. Et on s’étonne que je m’agace.

    Le pire c’est que je n’ai pas l’impression que Skruk, surtout avec ses épisodes d’une demi-heure qui ne lui en donnent pas le temps, interroge de façon intéressante le désir dévorant d’enfant et/ou les cliquetis implacables de l’horloge biologique. Même les cas que croise Nana sur son lieu de travail ne sont abordés qu’en surface (rien à voir avec, par exemple, ce qu’a pu faire Inconceivable, qui se voulait vraiment comme une série médicale sur la fertilité) ne nous disent pas grand’chose à ce sujet pour le moment. Il n’y a vraiment pas grand’chose à sauver dans ce premier épisode… et après tant souffert pour finir la première saison de Hjem til Jul (qui avait le même format), je n’ai aucune intention de risquer ma santé mentale juste dans l’espoir d’être contredite.
    C’est pour ce genre de conneries que je préfère regarder regarder tout, sauf de la romance.


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  • Qui sème le chaos…

    9 juin 2022 à 21:09 • Telephage-o-thèque •

    Savez-vous pourquoi il y a toujours d’épais tapis dans les bureaux des gens importants ? C’est pour cacher les rayures qu’ils ont laissées dans le parquet avec leur dents.
    Juan Carrasco est le type de politicien que tout le monde déteste ; ou, du moins, que tout le monde détesterait si son existence n’était pas si anecdotique. Arrivé au gouvernement par miracle après avoir eu une carrière essentiellement locale, Carrasco n’a pourtant aucun intérêt pour son job actuel, à la tête du ministère de l’Agriculture et de la Pêche (bon, et de l’Environnement, tu parles), et caresse des rêves de grandeur. Et, ma foi, le meilleur moyen de voir se réaliser ses rêves, ça reste encore de manipuler les circonstances ! …En tout cas, quand vous travaillez en politique, ça marche comme ça.

    Vote Juan est une comédie politique lancée assez discrètement en 2019 par la chaîne TNT (branche espagnole de la chaîne câblée étasunienne du même nom). Si elle n’a pas fait énormément de bruit, elle a cependant trouvé son public au point de connaître un sequel, Vamos Juan, l’année suivante, qui lui-même a trouvé un sequel un an plus tard sous le titre de Venga Juan. On en est donc à trois séries sur ce personnage, et, ayant déniché le premier épisode de la série par laquelle tout a commencé, il était grand temps que j’en touche quelques mots.

    Dans cet épisode d’exposition, il suffit de 3 minutes pour comprendre parfaitement à qui nous avons affaire, alors que Juan Carrasco tient une réunion avec ses trois employées principales. Il y a Macarena Lombardo, la conseillère presse, connaissance de longue date depuis ses mandats en région ; Carmen Müller, la cheffe de cabinet qui lui a été imposée et le méprise ; et puis Víctor Sanz, le jeune conseiller technique inexpérimenté, sauf lorsqu’il s’agit d’être un lèche-cul. Leur conversation porte sur la crise des piments de Padrón, dont la consommation a récemment suscité des diarrhées inquiétantes chez certaines personnes qui en ont consommé. Enfin, non, il ne faut pas employer le mot « crise », qu’en haut lieu on a indiqué vouloir éviter… Reste que les syndicats de productrices de piments de Padrón, en Galicie, ont exigé qu’on rassure la population, faisant pression sur le gouvernement de Galicie, d’autant que d’autres régions qui produisent des piments commencent à en profiter pour prêcher pour le boycott des produits venus de Galicie. Ok, ça ressemble à une crise, mais surtout, ne pas dire que c’en est une.
    Tout ce que Juan a à faire, c’est tenir une conférence de presse rassurante, affirmer qu’il n’y a pas de problème sanitaire, croquer un piment de Padrón, et tout rentrera dans l’ordre. Calmement.

    Sauf que Juan n’a pas trop envie de faire ça. Bon, déjà, croquer dans un piment, bof. Et puis, pourquoi l’envoyer lui, alors que le ministre de la santé aurait pu le faire ? Et puis merde, cette histoire de piments, c’est nul, voilà. C’est pas un truc qui va faire de lui un politicien qui compte sur la scène nationale. Or, Juan a envie de grandes choses, et il en a marre de ne pas être pris au sérieux. Après que la conférence de presse soit un échec (mais un échec même pas remarqué dans les journaux), il décide donc d’aller se présenter dans le bureau du Président pour lui poser un ultimatum : soit on lui promet qu’au prochain remaniement il aura un portefeuille d’importance (genre le ministère de l’Intérieur, mettons), soit il quitte le gouvernement. En chemin, toutefois, il apprend de son chauffeur (mieux informé que lui !) que le Président n’a pas l’intention de se présenter à sa propre réélection, son épouse étant tombée malade.
    Changement de plan : Juan décide qu’il va se présenter aux présidentielles. Mais personne ne sait qui il est, et il n’a pas la stature d’un présidentiable, alors que faire ?

    Vota Juan a une qualité majeure, c’est que même si son personnage central est un gros nul, il n’est pas non plus stupide. Juan souffre, certes, de défauts courants dans les comédies politiques : il est imbu de sa personne (donc facile à flatter), porté par ses illusions de grandeur, et n’a aucune conviction politique propre ; mais il n’est pas complètement idiot. En outre, l’air de rien, il est bien conseillé, même s’il n’écoute ce qu’on lui dit qu’une fois sur deux. Cela fait de Vota Juan une comédie politique un peu plus fine que la moyenne.
    Dans ce premier épisode, on va voir Juan faire des calculs politiciens pour chaque action, et, si ses efforts n’apportent pas toujours les résultats espérés, leur plus gros défaut reste ce qui les motive avant tout. Juan a en effet une idée géniale (… même si c’est pas la sienne mais celle de Víctor) : transformer cette non-crise des piments en une crise, puis la résoudre. C’est la seule façon de sortir de l’anonymat politique, et, au vu de la fin de ce premier épisode, il se pourrait bien que ça commence à fonctionner… Dans d’autres séries similaires, un personnage comme Juan Carrasco serait voué à l’échec, ou au moins au succès uniquement par chance des débuts ; mais là, rien n’est moins sûr. Il a peut-être ses chances aux présidentielles après tout, ce con !

    Le cynisme droit de Vota Juan, toutefois, ne limite pas le problème qu’à Juan. Par exemple sa cheffe de cabinet Carmen est elle aussi une ambitieuse : elle a été mise à son poste par l’un des proches du Président, Luis Vallejo, qui lui a promis le ministère dés que Juan aurait échoué. Sauf qu’elle est aussi la maîtresse de Luis, et que les choses commencent à se compliquer, et ses intérêts pourraient être un peu plus mouvants… L’épisode met aussi en place, l’air de rien, une critique de la presse, de ce qui l’intéresse ou non, du genre de politicien qu’elle met en avant ou non. Elle a son rôle à jouer dans les ambitions de Juan, et j’aimerais bien voir si la série compte continuer à exploiter la co-dépendance élastique des journalistes et des politiques.
    Il ne faut pas, bien-sûr, attendre énormément de complexité de la série au-delà de ces quelques dynamiques. Vota Juan reste une comédie d’une petite demi-heure qui est surtout là pour nous rappeler que les politiques ne pensent qu’à leur cul, quel que soit le degré de chaos qu’il faut générer dans le pays pour se faire remarquer. M’enfin, par les temps qui courent, même si en surface il ne s’agit que de piment, on ne peut pas dire que ce soit un propos totalement dénué d’intérêt…


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  • Cause you know I’m a royal

    8 juin 2022 à 22:32 • Telephage-o-thèque •

    Bien qu’étant ouverte à beaucoup de genres télévisuels (quoique pas tous), j’ai mes préférences, comme tout le monde. Or, il s’avère que les séries historiques comptent rarement parmi mes préférées. Et en toute sincérité, j’utilise le terme « rarement » à des fins purement diplomatiques ici…
    Aussi, lorsqu’est apparue The Great, en 2020, je ne me suis pas pressée pour le regarder. Pour commencer, quitte à regarder une série sur des personnalités historiques russes, autant que ce soit une série russe… et on ne peut pas dire que les séries historiques russes manquent ! D’ailleurs, quelques mois plus tôt, j’avais déjà reviewé Ekaterina, estimant avoir rempli mon quota. En outre, ce que j’entendais de The Great ne me donnait pas envie : elle se destinait, volontairement, à être une série historique inexacte et absurde, ce qui ressemble à la description d’une série se voulant edgy à tout prix. Alors, vous me direz, aucune série historique n’est parfaitement exacte, et au moins l’absurdité volontaire est meilleure que celle, involontaire, de Catherine the Great que je n’avais pas aimée du tout… A ce titre, The Great arrivait après Dickinson, une autre interprétation moderne et un peu décalée d’une figure historique, et qui ne m’attirait pas beaucoup plus.
    Toutes les conditions étaient réunies pour que The Great compte parmi les moindres de mes priorités. Alors je n’y ai plus vraiment pensé par la suite.

    Trigger warning : maltraitance (et meurtre) d’enfants, tentative de suicide, viol, tentatives de viol, nécrophilie.

    Jamais assez on ne le répètera : le timing compte à 712% dans l’appréciation d’une série. Découvrez-la au mauvais moment, au lieu d’attendre d’être dans de meilleures dispositions, et l’échec est assuré.
    Il y a quelques jours, un extrait de la saison 2 de The Great est passé dans ma timeline sur Twitter. Convaincue que de toute façon je ne risquais pas le spoiler, vu que je n’avais aucune intention de me mettre devant la série, j’ai lancé le petit lecteur video… Je ne l’ai même pas laissé courir en entier : au bout de quelques secondes, le sourire aux lèvres, j’éprouvais déjà l’envie brûlante de regarder la série par moi-même. Résultat : j’ai englouti la première saison avec joie en l’espace de quelques jours, et m’apprête à vous en parler.
    Parce que, eh bien, le « retard« , ça n’existe pas, et les séries n’ont pas de date de péremption, Dieu merci.

    Dans The Great, la réalité historique n’est pas à prendre au sérieux, donc. D’ailleurs, cette première saison a pour tagline « An occasionally true story » (une histoire occasionnellement vraie), qui apparaît à titre de rappel juste avant le titre de chaque épisode. Alors disons simplement que dans cette version de la réalité semi-historique, la jeune Catherine est fiancée au jeune empereur de Russie, Peter III, et l’épouse le jour-même de son arrivée à sa cour.
    Ce mariage royal constitue le rêve de toute jeune fille de son âge et de sa condition, puisqu’elle est fille d’une famille noble allemande, toute désargentée soit-elle (accessoirement, c’est aussi un rêve supposément envoyé par Dieu à l’archevêque Samsa qui conseille l’empereur, et que la série surnomme « Archie »). Catherine a la sensation de vivre un conte de fée… mais un conte de fée qui était, depuis le début, sa destinée, car elle est convaincue d’être vouée à de grandes choses. Elle arrive au palais impérial de Saint Petersbourg avec des étoiles dans les yeux, prête à tomber follement amoureuse de son royal mari qu’elle n’a, pourtant, jamais vu de sa vie. La désillusion ne tarde pas : non seulement Peter est un odieux personnage, mais toute la cour est dépravée, sale et brutale. Rien à voir avec la vision romanesque que la jeune fille de 19 ans se faisait de sa vie d’impératrice.
    Les déconvenues se succèdent dans les heures qui suivent son arrivée, de la nuit de noces à la vie à la cour…

    S’il y a bien quelque chose qu’établit The Great immédiatement, et sur quoi la série ne reviendra absolument pas, c’est que son héroïne-pas-encore-éponyme est d’un optimisme à toute épreuve, que rien ne viendra durablement ébranler. En fait, cette capacité de Catherine à s’adapter aux déceptions, et à recalibrer son attitude sans vraiment perdre de vue l’avenir radieux qu’elle voit pour elle-même, force l’admiration. Quand bien même parfois (…ok, souvent), cela ressemble à de l’aveuglement. Toutefois, sa confiance inébranlable en un destin magistral est fondatrice non seulement de la protagoniste elle-même, mais aussi de la quasi-totalité des intrigues la concernant… car très vite, réalisant que Peter n’est pas à la hauteur des enjeux de la Russie, elle envisage de prendre le pouvoir à sa place. Il faut dire qu’elle est plus cultivée que lui, et plus intéressée par les choses intellectuelles ; en outre, elle s’intéresse au sort des Russes, alors que l’empereur ne s’intéresse à qu’à lui-même. Et après tout, n’est-elle pas la personne qui succèderait à Peter s’il lui arrivait quelque chose ?
    Il pourrait donc, hypothétiquement bien-sûr, lui arriver quelque chose… L’immense majorité de la saison repose sur les étapes par lesquelles la jeune impératrice va passer, parfois à son initiative et parfois malgré elle, pour accéder au trône.

    Il va lui falloir des alliées : on ne prépare pas un coup d’Etat seule dans sa chambre, même quand on a lu tout Descartes.
    Sa servante Marial s’impose, rapidement, comme une confidente de choix. Outre le fait qu’elle est la seule à considérer la jeune impératrice comme une personne, Marial a aussi l’avantage d’être une jeune femme noble dont la famille a été réduite à la servitude suite à une, euh… « incartade » du père. Marial a perdu sa condition, mais pas son esprit critique, et certainement pas sa langue acerbe ; son intelligence (certes peu aiguisée par ses conditions de vie) la rend immédiatement sympathique à Catherine. Elle n’a jamais pardonné à Peter de lui avoir retiré son statut pour être désormais traitée plus bas que terre par toute la cour, qui jadis constituait son entourage amical (ou supposément), ce qui la rend immédiatement à l’écoute en matière de plans pour renverser l’empereur. Idéalement dans la violence. Marial est un personnage parfait pour une série satirique comme The Great, parce qu’elle est constituée à 5% de sarcasme, à 90% de colère, et à 712% de rage incandescente ; elle offre quelques uns des meilleurs dialogues de la série et je l’aime d’amour. C’est aussi un contrepoids parfait à tout ce que peut être et représenter Catherine, tout en étant systématiquement traitée comme son égale par celle-ci.
    Cette dernière découvre également un co-conspirateur en un membre du conseil de Peter : le comte Orlo, essentiellement considéré comme un gratte-papier risible par l’empereur, mais très lettré et rompu aux manigances de la cour. Il partage avec Catherine une passion pour les écrits des Lumières, et commence à caresser avec elle le rêve d’une Russie moderne et humaniste (…pour le 18e siècle). Hélas c’est aussi un pleutre de la pire espèce, constamment effrayé par sa propre ombre. Certes c’est cette anxiété permanente qui l’a maintenu en vie dans les couloirs du palais pendant si longtemps, mais c’est aussi, parfois, une gêne pour la jeune impératrice pleine d’élan. Orlo voudrait toujours faire les choses sans rien risquer ; c’est un peu compliqué quand on prépare un coup d’Etat.
    Par la suite d’autres personnages vont se retrouver pris dans son sillage, comme Leo, l’amant qui lui est imposé par Peter et dont elle finit par tomber éperdument amoureuse, ou le bourru général Velementov, un pochtron notoire qui ne rêve que de réussir à coucher avec elle, mais qui, étant à la tête de l’armée russe, est d’une grande importance dans ses plans. La cour compte aussi toutes sortes de nobles, comme Georgina Dymova, la favorite de Peter ; Grigor Dymov, le mari de celle-ci et ami d’enfance ultra-loyal de l’empereur ; ou encore Elizabeth, la tante de l’empereur dont la série semble avoir décidé qu’elle n’avait jamais été impératrice, et qu’elle est uniquement une sorte de Phoebe Buffay de la cour de Russie.

    The Great a l’infinie finesse de ne pas opposer Catherine à l’autre femme de pouvoir au palais de Saint Petersbourg : Georgina « George » Dymov. C’est la courtisane qui partage le plus souvent le lit du roi, et également la plus fine diplomate du palais jusqu’à l’arrivée de l’impératrice. The Great les fait interagir, les compare parfois, mais prend bien garde à ne pas faire de l’une la gentille et l’autre la méchante (préférant donner ce rôle antagoniste à Lady Svenska). Les choses sont plus compliquées, et leurs intérêts, nous rappelle souvent la série (surtout vers la fin de saison), pourraient très bien converger dans d’autres circonstances… si et seulement si. De la même façon, l’excentrique tante Elizabeth n’est jamais ni une menace ni une alliée ; elle fournit de précieux conseils, mais est imprévisible et sa loyauté semble chevillée à Peter. Sans parler, bien-sûr, de l’alliance avec Marial, sans qui Catherine se serait tranchée les veines dés le début, et qui est, plus que nulle autre, la personne qui souffle sur les braises de l’ambition de l’impératrice.
    Les intérêts de ces femmes peuvent diverger, et c’est souvent le cas ; mais The Great établit aussi qu’elles peuvent, à l’occasion, trouver un terrain d’entente, au moins sur le fond ; ce qui est absolument impossible parmi les personnages masculins. Leur condition lie ces femmes entre elles, et elles partagent implicitement le secret de se savoir limitées par les hommes. Leurs désirs ne sont incompatibles qu’à cause de ce à quoi le patriarcat les réduit. J’ai hâte de voir comment la plupart de ces relations sont amenées à évoluer dans les saisons suivantes !

    The Great ne manque pas d’occasions de s’esclaffer (pardon aux voisines, tout ça), que ce soit à cause des dialogues à bâtons rompus, de l’interprétation impertinente de son excellente distribution, des revirement de situation imprévisibles, ou des excès sans foi ni loi de la cour. Pourtant à ma grande surprise (une agréable surprise !), The Great est aussi incroyablement douée pour la dimension dramatique, voire tragique, de ses intrigues. Ses portraits fourmillent de nuances, qui n’ont pas toutes une utilité narrative, et sont parfois juste placées là pour donner plus de complexité à ses personnages. Le ton excessif de la série permet de sortir des clichés souvent rigides sur la vie des figures historiques, ainsi que d’autoriser des vices à s’exprimer au vu et au su de toutes. L’humanité de chacune est ainsi révélée dans toute sa dégueulasse beauté.
    L’attitude sex positive d’Elizabeth, le goût d’Archie pour le masochisme (et sa profonde affection pour Marial, sa cousine), la torture que vit Grigor chaque fois que son épouse (avec laquelle il a pourtant un mariage sincèrement aimant par ailleurs) couche avec l’empereur, la nostalgie dévorante de Marial envers les maigres attaches qui la relient ne serait-ce que vaguement à sa condition passée, les inclinations polyamoureuses de Georgina qui se mêlent à ses obligations vis-à-vis de l’empereur et son amour pour Grigor, la façon dont Velementov est hanté par les milliers de soldats morts sous son commandement, les hésitations sincères d’Orlo qui est terrifié par le pouvoir autant qu’attiré par son usage, les efforts conscients que Leo produits pour vivre dans l’insouciance… Aucune protagoniste ne se limitera à sa propre caricature. Alors que dans une dramédie aussi souvent obscène, ce serait si facile ! Et ça aide bien que, toute trash qu’elle soit par moments, The Great compte des épisodes d’une heure.

    Même Peter est humanisé de façon répétée. Les façons de le faire ne manquent pas, qu’il s’agisse de souligner son complexe d’Oedipe (d’autant plus intense que sa mère feue l’impératrice se révèle progressivement comme ayant été profondément maltraitante), son désir pathologique d’avoir l’approbation de son entourage (l’un découlant de l’autre), ou encore sa constance dans la médiocrité (dont il est semi-conscient de façon intermittente). Catherine ressent parfois un peu d’affection pour lui (ou de la pitié, ce qui est suffisamment proche vu les circonstances), et on ne saurait lui en vouloir : par certains égards, Peter est victime d’un hasard de naissance. Il n’a pas choisi d’être aussi puissant, et est terrifié à l’idée de n’être pas à la hauteur, ce qui… est vrai. Au fond de lui, il le sait, mais fait tout pour être conforté dans une illusion chancelante du contraire.
    La relation du jeune couple pendant leur première année de mariage est fascinante parce que, bien que l’une et l’autre ne se disent clairement pas tout, leurs conversations sont d’une désarmante sincérité. L’impératrice et l’empereur sont, finalement, dans une situation où il n’y a aucune raison de se mentir (…à part, oui, évidemment, en matière de coup d’Etat !), puisqu’il n’y a aucun amour dans leur mariage. Leurs sentiments peuvent donc s’exprimer ouvertement… ou, disons, la plupart du temps. L’humour pince-sans-rire de la série fait vraiment merveille lorsqu’il s’agit de tracer les contours mouvants de ce mariage arrangé. D’autant que Peter rappelle à sa femme à quasiment chaque conversation combien il la méprise, faisant appel à la naïveté, l’émotivité ou l’inculture « naturelle » de Catherine parce que femme, quand nous la savons plus fine que lui. Il la sous-estime pour ce qu’il croit connaître d’elle ; elle le sous-estime pour ce qu’elle le voit faire. Au moins, le couple royal a cela en commun que chacun méprise l’autre ! Cela donne des échanges succulents, où chacune pense avoir le dessus sur l’autre.

    Entre les scènes trash et les portraits détaillés, The Great garde même de la place pour un léger propos sur le progrès, et comment l’obtenir. Quand bien même c’est dans le contexte de l’empire russe.

    Catherine est une idéaliste ; elle est lettrée et passionnée par « les idées », dont elle répète à l’envi qu’elle voudrait discuter plus encore. Il n’est pas toujours certain qu’elle soit aussi raffinée qu’elle le pense ; sa naïveté naturelle, pour commencer, est un obstacle à la compréhension de certaines complexités de la vie, et plus encore de certains cheminements avancés. La jeune femme a également une tendance nette à improviser plutôt que mesurer ses actions (à plusieurs reprises, Marial, qui a l’esprit pratique, va lui demander son plan pour accomplir quelque chose, ce à quoi, d’un air pénétrant, Catherine répondra : « cleverly« ). Elle a, en tout cas, la capacité à s’adapter à toute nouvelle information, et de l’appétit pour apprendre, c’est déjà ça… The Great tente régulièrement de lui faire abandonner une part de son innocence, mais la personnalité de Catherine fait que, même lorsqu’elle observe quelque chose qui la confond, qui la révolte ou qui la heurte, elle n’en tire que plus de conviction que les choses seraient différentes si elle accédait au pouvoir. Nul doute que les saisons ultérieures adresseront cette facette de son optimisme, mais pour le moment cela fait surtout passer la jeune impératrice pour une utopiste ayant construit des idées abstraites dans le confort de sa tour d’ivoire. En outre, ce qu’elle a lu semble l’avoir inspirée, mais elle ne comprend pas toujours l’esprit des auteurs qu’elle admire, comme le prouvera une conversation avec Voltaire en fin de saison. L’optimisme aveugle de Catherine, en somme, est aussi son plus grand défaut lorsqu’il s’agit d’accomplir quelque progrès tangible.
    A l’inverse, Orlo est parfaitement conscient des limites du monde réel… c’est ce qui, généralement, le pousse à l’inaction. A sa façon, il est aussi un idéaliste, mais il s’est convaincu que si cet idéal immaculé ne pouvait être atteint, alors il saurait se contenter d’une petite victoire. Et pourtant, à cause de ce refus des compromis, il continue de négocier avec lui-même son engagement dans le progrès du pays. Son combat dans un épisode pour laisser au comte Rostov le droit de ne pas raser sa barbe est à la fois très optimiste, mais aussi limité par une certaine idée de ce qui est faisable, surtout… s’il tient à rester en vie. En un sens, Orlo aspire à trop de pureté dans son « militantisme », et tente même de freiner Catherine quand elle désire entreprendre des choses qui seraient un sacrifice moral à certains idéaux, pourvu d’obtenir le pouvoir qui ensuite la laisserait libre (…pense-t-elle) d’appliquer ses idées progressistes. En cours de saison, il se croit changé (un peu naïvement, ce que d’autres lui feront remarquer) par le fait qu’il a dû, dans des circonstances extrêmes, tuer un homme. Mais même si cela le hante, cela ne le change pas vraiment parce que, dans le fond, Orlo préfère le progrès quand il est abstrait.
    Catherine et Orlo apparaissent comme deux faces de la même pièce, et j’ai aimé cet aspect du discours de The Great. Il m’a rappelé de loin en loin ce que j’avais aimé le plus dans Continuum, ce discours sur le changement politique auquel on aspire, et les moyens nécessaires pour l’obtenir.

    Tout au long de la saison inaugurale de The Great, Catherine va être renvoyée à son statut de femme comme preuve de son incompétence (Peter la traite presque mot pour mot de « sac à foutre » dans le premier épisode). Elle est la seule femme de la cour de Russie à savoir lire, à son grand désespoir, et ne parvient pas vraiment à changer cela, étant bien entendu empêchée par les hommes. Elle voudrait avoir son mot à dire sur les affaires du pays, mais comme on l’a dit, elle est perpétuellement la risée de l’empereur à ce sujet (en outre, elle réalise en cours de saison qu’elle n’en connait pas assez sur la Russie pour se prononcer à de nombreux égards). Plusieurs personnages lui rappelleront que sa fonction consiste uniquement à porter un héritier (oui, si possible mâle) pour la lignée impériale, comme s’il était inconcevable qu’elle gouverne à la mort (…potentielle) de son époux. Et c’est sans parler des personnages masculins qui la désirent, parfois violemment (se référer aux trigger warnings)… Il ne fait aucun doute que Catherine est compétente pour régner, ou disons, il ne fait aucun doute qu’elle est plus compétente pour régner que Peter. Ce qu’elle ignore, elle est prête à travailler dur pour l’apprendre ; une qualité importante pour une dirigeante. Elle s’est en outre convaincue (…les graines ont en réalité été plantées par Marial) que le grand amour qu’elle est venue chercher en Russie est non pas Peter, mais la Russie elle-même, et a donc une motivation pour apprendre. A défaut d’être une impératrice parfaite, en tout cas, elle a du potentiel.
    The Great insiste là-dessus autant que sur la façon dont, à l’inverse, Peter est un riche homme blanc à qui tout est toujours tombé tout cuit dans le bec. Ses insécurités sont causées, en grande partie, par le fait que son entourage ne lui fait pas confiance pour diriger le pays (c’était en particulier vrai de sa propre mère, et dans une moindre mesure de son père). Il s’est entouré d’une galerie de « yes men » qui doit rire à ses blagues pas drôles, avoir exactement le même goût que lui pour la luxure et l’excès de boisson, et qui n’a pas le droit de le contredire sans lui passer la brosse à reluire au préalable… La critique du boys’ club est transparente (dans ce contexte, il n’est pas tout-à-fait anecdotique qu’Orlo soit interprété par un acteur racisé, quand bien même The Great est l’une de ces séries historiques « post-raciales » où on fait mine de ne pas remarquer ces choses-là).
    The Great joue en permanence sur cet imaginaire, et les parallèles indirects avec ce que ce progrès représente aujourd’hui. La série n’est pas nécessairement à prendre comme une métaphore, mais elle envisage un univers dans lequel, en tout cas, on peut entrevoir la possibilité d’un mieux, loin des structures étatiques (ou religieuses) qui maintiennent toujours les mêmes en place… et les autres à leur supposée place. C’est, malgré son cynisme récurrent, une série qui a l’air profondément inspirée comme cette Catherine qui pense qu’un mieux est possible, même dans un monde dépravé, sale et brutal. Quelque part, et malgré tout ça donne envie de ressentir le même enthousiasme optimiste…

    Pour toutes ces raisons (et quelques autres, mais j’ai pitié), la découverte de The Great a été un pur régal… alors que rien ne m’y destinait. Je n’aurais probablement pas ressenti cet engouement à l’époque de son lancement, d’ailleurs ; le fait d’avoir envie de lancer une série est un facteur qui joue immensément dans son appréciation… par opposition au fait qu’elle soit là, récemment disponible, et que tout le monde en parle, ce qui n’est rien d’autre qu’une opportunité (au mieux). The Great est arrivée sur mon écran à un moment où j’avais envie de la recevoir ; ça a joué, j’en suis sûre, sur ma bonne humeur. Quoique House of Lies a également prouvé que je suis friande de trash, dés lors qu’il se dit quelque chose derrière.
    L’autre bonne nouvelle c’est qu’en plus, alors que la troisième a déjà été commandée, une deuxième saison m’attend au chaud sur mon disque dur, sitôt que j’aurai fini de rédiger cette review. Donc, euh, si ça ne vous fait rien…


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  • Les histoires d’amour finissent mal

    5 juin 2022 à 17:51 • Dorama Chick •

    Dites, ça fait depuis avril que je ne vous ai pas parlé de « série d’appétit », c’en devient inquiétant. Rassurez-vous : notre série du jour va venir remédier à cela !
    Si vous avez loupé les épisodes précédents, une « série d’appétit » est un sous-genre très particulier, circonscrit au Japon, dans lequel les protagonistes… bon, pour simplifier, disons qu’elles mangent. Vraiment, ceci est une grosse simplification, parce que c’est en fait plus nuancé que cela, et je vous invite à consulter quelques unes des nombreuses, nombreuses reviews qui ont détaillé les nuances de ce type de dorama par le passé, comme l’explication basique quand j’ai parlé de Hokusai to Meshi Sae Areba, la question centrale de la satisfaction lorsqu’il s’est agi de Konya wa Konoji de, l’étonnante richesse de sa structure rigide au moment de la review sur Homeraretai Boku no Mousou Gohan, ou encore le rôle intime de la nourriture comme dans la review de Boukyaku no Sachiko. Il y en a eu d’autres ; je vous laisse cliquer à l’intérieur de ces divers articles au besoin.
    Bref, je pourrais parler des heures des « séries d’appétit », et… euh, bah, d’ailleurs, je l’ai fait !

    La série du jour revendique pleinement d’être une « dramédie d’appétit », si vous me pardonnez ce nouveau néologisme. Shitsuren Meshi, lancée par Amazon Prime en janvier dernier, s’intéresse à une dessinatrice qui publie, dans le magazine pour lequel elle travaille, un manga qui raconte des histoires de cœur qui finissent mal… avec un twist culinaire.

    Ou plutôt : elle essaye de raconter ces histoires. Dans le premier épisode, Miki Kimimaru est en effet la proie d’une page blanche, et cherche désespérément quelqu’un qui pourrait lui raconter une anecdote sur une rupture un peu douloureuse histoire de l’aider à rendre son travail à temps. Evidemment, c’est une quelque chose d’un peu délicat à demander ; mais elle se rend au bureau dans l’espoir de trouver une idée qui pourrait lui permettre de boucler.
    Dans la petite structure où elle travaille, elle n’a que 3 collègues : Satou ou « numéro 1 », le chef, qui a toujours des idées fumeuses notamment pour insérer de la pub dans les pages du magazine ; Satou ou « numéro 2 », l’éditrice très psycho-rigide mais un peu mystérieuse ; et enfin Satou ou « numéro 3 », la secrétaire très bavarde et curieuse. Oui, il s’avère que tout le monde porte le même nom de famille, même s’il ne s’agit absolument pas d’une entreprise familiale et que ces personnages n’ont aucun lien qui ne soit professionnel.
    Hélas, au bureau, Miki échoue à trouver ne serait-ce qu’une idée à partir de laquelle écrire sur une rupture douloureuse. Personne ne semble même avoir vécu de rupture douloureuse !

    Ses pas la conduisent donc dans un temple voisin, apparemment spécialisé dans les problèmes de cœur. Au moment exact pendant lequel elle prie pour trouver l’inspiration, une jeune femme vient prier juste à côté d’elle…
    Or, son attitude intrigue immédiatement Miki : au lieu de jeter une pièce symbolique dans le saisen, la jeune femme y jette une autre pièce, puis un billet, et finit par y vider tout son porte-monnaie. Il n’y a pas que cela… l’inconnue semble aussi un peu agitée, quand bien même elle fait son possible pour le cacher. Miki décide de la suivre « discrètement » (bon… elle a de la chance que les scénaristes soient de son côté), et l’inconnue la conduit dans un petit restaurant de quartier. Ce qui tombe drôlement bien, parce que Miki a également faim !
    Mais comme nous toutes, Miki, comme nous toutes, parce que pour le moment, Shitsuren Meshi est un peu légère niveau bouffe. Cependant, si vous vous souvenez bien, je vous ai dit que prétendre que la « série d’appétit » consiste uniquement à manger est une vaste simplification ; c’est, avant tout, un type de fiction qui se pose la question de la satisfaction d’un besoin, la nourriture n’étant que le déclencheur et/ou la métaphore qui permette de se rassasier l’âme.

    Or donc, la jeune femme commande un saba miso (soit du maquereau cuit dans une sauce de soja épaisse), et Miki décide de commander la même chose ; dans la foulée, elle décide aussi de surnommer la jeune femme « Sabako » pour ses notes personnelles. Elle finit par lancer la conversation avec Sabako, qui a l’air d’avoir besoin de quelqu’un à qui vider son sac.
    L’histoire de Sabako est à la fois simple et absurde : elle a eu pendant de long mois un petit ami, Yuu, qui ADORAIT le saba miso. Il en mangeait souvent, en cuisinait avec elle, et elle a pris l’habitude d’en manger régulièrement dans les divers restaurants où elle se rendait avec lui. Et puis, ça devenait sérieux, avec Yuu, alors un jour, Sabako a pris son courage à deux mains, et lui a indiqué qu’elle était prête à se marier.
    A la suite de quoi Yuu lui a offert un bouquet et l’a félicitée pour ses fiançailles.

    La relation n’existait que dans la tête de la jeune femme. L’humiliation ! Et depuis, forcément, elle a du mal à digérer la rupture… ainsi que le saba miso. Celui qu’elle a commandé, là, aujourd’hui, il n’est même pas sûr qu’elle y touche. Maintenant que Miki a commandé la même chose, forcément, c’est un peu embarrassant ; mais lorsque Miki goûte son plat, et semble tellement se régaler, Sabako finit par prendre une bouchée aussi, et réalise que… bah, Yuu ou pas Yuu, en fait elle aime ça, le saba miso. Peut-être qu’elle peut le digérer. Peut-être aussi qu’elle peut digérer la rupture…
    Ainsi donc, le repas partagé par les deux jeunes femmes, qui ne se connaissent pas, n’échangent pas leur nom, et ne se reverront plus jamais, aura-t-il eu un impact sur elles. Pour Miki, bien-sûr, c’est une histoire à raconter (avec l’autorisation de Sabako), imaginant même qu’après leur rencontre la jeune femme n’a sûrement plus eu besoin d’aller au temple. Pour l’inconnue, c’est une façon de panser ses plaies. Le repas vient donc satisfaire leurs besoins, pas juste l’appétit physique. Même quand l’histoire d’amour a mal fini, il y a quand même un happy ending possible…!

    Donc voilà, Shitsuren Meshi n’est pas exactement une série révolutionnaire, pas même pour une « série d’appétit » : elle emploie tous les codes du genres, y compris en n’omettant pas d’expliquer dans le détail chaque sensation qu’apporte une bouchée de saba miso. Même son angle de la romance n’est pas totalement nouveau : des séries comme Tokyo Sentimental ou plus récemment Homeraretai Boku no Mousou Gohan ont inclus la question amoureuse dans leur quête de satiété. Le ton de la série est très léger, et même si la fin de l’épisode semble faire mine d’introduire un vague fil rouge, on ne nous trompe pas vraiment sur la marchandise. Shitsuren Meshi, avant tout, est là pour passer un bon moment, sans complication.
    Et pour nous dire qu’il n’y a aucune peine de cœur qu’un bon petit plat ne sache soigner.


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  • Renard (r)usé

    4 juin 2022 à 21:17 • Telephage-o-thèque •

    Comme j’ai des passe-temps tout-à-fait normaux, je faisais un peu de lecture aléatoire sur Wikipedia… quand je suis tombée sur l’article portant sur Zorro. Il y a plein de détails à propos de ce personnage que j’ignorais, donc la lecture m’a été profitable ; jusqu’à ce que j’arrive au bas de l’article. Est-ce que vous saviez que ce sont pas moins de TROIS projets d’adaptation qui ont été mis en chantier ces derniers temps ? Trois ! Qu’est-ce qu’on va faire d’autant de Zorros ?!
    Dans les mois à venir, on se prépare donc à découvrir :
    – Zorro, pour Amazon Prime ; 10 épisodes ont été commandés le mois dernier, donc on va pas y couper. La série est co-produite par la société de production espagnole Secuoya ;
    – Zorro, pour Disney+ ; le projet a été annoncé en décembre dernier, et même si à l’époque il n’était question que de développement, Wilmer Valderrama en parle comme si c’était assuré de se produire ;
    – et puis, on a Zorro, pour The CW. Cette version-là, qui promet une version féminine du personnage (comme si Queen of Swords n’avait pas été suffisant), est un long projet qui se trimbale de network en network depuis des années, et qui en est à sa 712e version. Alors certes, pour le moment on ne parle que de script, donc de toutes ces adaptations, c’est probablement la moins avancée ; mais vu que le mois dernier elle a vu sa commande augmenter (passant d’1 à 7 scripts au total)… il y a quand même de grandes chances.
    Je suis désolée, je peux pas créer de tags pour ces séries, vous vous rendez pas compte : à part la co-production espagnole, il n’y a RIEN pour distinguer ces projets sur le papier. A noter que de nombreuses batailles juridiques ont été engagées autour du personnage de Zorro au fil des ans ; celui-ci est né dans un roman qui aujourd’hui appartient au domaine public, mais plusieurs copyrights spécifiques liés au personnage sont toujours détenus par la compagnie Zorro Productions, qui semble très procédurière… Du coup elle est créditée comme co-productrice des trois séries, dans le doute ! On imagine que les finances se portent plutôt bien chez Zorro Productions. A défaut d’avoir bonne réputation…

    Bref, du renard masqué, on va en bouffer dans les temps à venir. Du coup, par curiosité, j’ai jeté un oeil à la toute première série télévisée sur Zorro, initialement diffusée en 1957 par ABC. C’est certainement la version que nous, spectatrices françaises, connaissons le mieux, étant donné qu’elle a été multi-rediffusée, notamment sur France3 ; mais je n’en avais jamais vu le premier épisode.

    Au risque d’insulter votre intelligence, récapitulons quand même de quoi parle Zorro. On est en 1820, et Don Diego de la Vega a passé les trois dernières années à étudier en Espagne ; la série démarre alors qu’il est dans le bateau qui le ramène en Californie, ayant écourté ses études d’une année à la demande (vague) de son père. Il apprend du capitaine du bateau que, depuis son départ, les choses ont bien changé, en particulier depuis que l’armée s’est trouvé un nouveau chef local, le capitaine Enrique Sánchez Monastario. La population vit sous son joug, et la répression est forte contre quiconque s’élève ne serait-ce qu’un peu contre Monastario ; en outre, ses soldats semblent aussi corrompus et cupides que lui.
    Fort de cet avertissement, Diego décide d’endosser un double-rôle, dans le but de se faire passer pour inoffensif auprès du capitaine Monastario tout en lui opposant résistance. Bon, l’idée est en fait celle de Bernardo, son fidèle compagnon, un employé de maison muet qu’il ramène d’Espagne. Don Diego entreprend donc de jeter par-dessus bord tout ce qui pourrait prouver qu’il est un bretteur émérite, et de prétendre être ce qui, pour 1820, est grosso-modo un geek ; Bernardo a quant à lui l’idée encore plus fine de faire croire qu’en plus d’être muet il est également sourd, ce qui lui permettra d’espionner ni vu ni connu. Honnêtement j’espère qu’au moins une des trois nouvelles versions de la série rendra justice au génie de Bernardo, qui est clairement le cerveau de notre affaire.

    Une fois arrivé à Los Angeles, Don Diego commence donc à mettre son plan à exécution. Lorsque ses affaires sont « contrôlées » (en fait fouillées par les soldats de Monastario), Diego en profite pour se faire passer pour un intellectuel un peu maladroit, et Bernardo pour quelqu’un qui ne communique que par signes. C’est l’occasion aussi pour notre héros de retrouver le sergent Garcia, un soldat un peu idiot mais pas méchant, ainsi que de rencontrer Monastario. Le premier épisode trouve le capitaine Enrique Sánchez Monastario très occupé, d’ailleurs : il a fait arrêter Torres, le voisin des de la Vega, pour avoir osé protester contre les injustices qui se produisent à Los Angeles ; il le fait arrêter pour trahison. Pour cela, il s’est assuré de l’aide d’un juriste qui, discrètement, l’aide à se débarrasser des familles les plus riches des environs, qui ainsi ne peuvent plus soutenir de mouvement contestataire. Mais très explicitement, Monastario dévoile aussi, voire surtout, que son but est de devenir riche : il se saisit des biens des personnes qu’il fait arrêter !
    Don Diego de la Vega n’a pas toutes ces informations, mais on présume que son père lui en dévoile plusieurs, quoi que ses explications se fassent hors camera. A son plus grand regret, Diego doit maintenir son image de rat de bibliothèque mou devant son père aussi (ainsi que devant le personnel de la demeure de celui-ci), afin de ne pas lui attirer d’ennuis potentiels. Seul Bernardo est au courant de sa double-vie. Finalement, après un peu d’installation et quelques « dialogues » d’exposition avec Bernardo, Diego prend sur lui d’aller libérer Torres de prison. Et pas une minute trop tard : il s’avère que Monastario veut faire croire à Torres qu’il est libéré, le faire sortir de geôle, puis alerter la garde en faisant croire que le prisonnier s’échappe, pour mieux l’exécuter !
    C’est, grosso-modo, ce troisième acte qui constitue la marque de fabrique de Zorro : le renard masqué se glissant dans l’enceinte de la base militaire, jouant un tour à Garcia pour le mettre hors d’état de nuire, se montrant plus malin que les militaires (y compris Monastario) pour libérer les opprimés, et finissant par s’échapper au grand galop sur son cheval noir… Ces dernières scènes sont à la limite du gimmick, et avec le recul expliquent bien pourquoi une telle série était considérée par de nombreux diffuseurs comme « familiale ».

    Toutefois, ces ingrédients ne doivent pas faire oublier que, en son cœur, Zorro est quand même une série assez engagée. La façon dont la série présente la situation ne laisse aucun doute à ce sujet ; le capitaine du bateau explique ainsi : « Everything is rules and regulations, military forces taking over« , ce qui pousse Don Diego à parler à Bernardo d’un dictateur en parlant de Monastario. La série aurait très bien pu s’arrêter là, et juste associer son « méchant » à cette image de violence caricaturale. Au contraire, l’épisode va plus loin en nous exposant les vraies motivations de son antagoniste, qui a l’audace de déclarer face camera que « nothing shall stop me from being the richest man in all of California« . Pourtant, Don Diego ne s’inquiète pas pour sa fortune, mais pour son père et plus largement les habitantes de Los Angeles ; lorsque Torres lui demande son nom, il déclare ainsi qu’il est « a friend of the people« . On est d’accord que, comme pour Batman, c’est plus facile d’être l’ami du peuple que d’en être, hein… surtout quand on a de quoi avoir un cheval secret, un serviteur qui sert d’espion, et toutes sortes de ressources que personne d’autre en ville n’a (ou que celles qui l’avaient n’ont plus). Reste que Zorro est très intentionnelle dans son discours. Le méchant n’est pas juste méchant, ou, disons, sa méchanceté a des racines explicites.

    Naturellement, la série de 1957 n’est qu’une des très, très nombreuses interprétations du personnage à travers les décennies. Il sera donc intéressant de comparer comment trois séries différentes, produites à la même époque, peuvent s’emparer du sujet… si, évidemment, elles parviennent toutes jusqu’à la ligne d’arrivée qu’est la diffusion/mise en ligne. Le fait, qui plus est, que tous les personnages soient hispaniques, puisque la Californie est à l’époque une colonie espagnole, apporte une dimension potentielle supplémentaire (même si ici plusieurs acteurs sont pris en flagrant délit de brownface). L’épisode manque aussi de personnages féminins, y compris dans des rôles secondaires/tertiaires, ce qu’au moins une des adaptations en développement à l’heure actuelle a décidé de faire différemment.
    Cela devrait, au moins un peu, atténuer l’impression de redite. De là à nous éviter l’indigestion, ça reste par contre à prouver.


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  • Sacerdoce

    3 juin 2022 à 15:24 • Review vers le futur •

    Aucun pays européen ne produit autant de séries parlant de religion… ou, disons, pas autant qui nous parviennent avec la même constance. Vu son histoire télévisuelle et plus largement sa culture, ce n’est pas tout-à-fait étonnant, me direz-vous. Je veux bien-sûr parler de l’Italie, qui cette fois a trouvé une façon astucieuse de parler de religion ET de crime organisé, histoire de joindre l’agréable à l’agréable, avec Christian, une série diffusée par Sky un peu plus tôt cette année.

    Christian a, apparemment, été proposée à CANNESERIES à l’automne 2021 ; mais soit elle ne faisait pas partie des heureuses élues proposées en ligne, soit j’étais vraiment en-dessous de tout cette fois-là, parce que je n’en avais pas encore vu le premier épisode. Pourtant j’étais sûre d’avoir testé tout ce que je pouvais avant de me prononcer sur mes préférences, mais bon, on sait toutes que je suis loin d’être infaillible ! Quoi qu’il soit arrivé à l’époque, en tout cas un peu plus tôt cette semaine, j’ai eu l’occasion de combler cette lacune. On va donc parler du premier épisode de cette série qui ne pourrait être un meilleur export italien si elle le voulait.

    Portant (astucieusement…) le nom de son héros, Christian dépeint dans son premier épisode pas mal de choses en apparence assez banales : Christian est l’homme de main d’un certain Lino, qui dirige d’une main de fer tout un quartier de la banlieue de Rome. Son fief est en particulier une énorme barre HLM complètement délabrée, où tout le monde vit et meurt selon son bon vouloir ; Lino a également la main-mise, ça va de soi, sur toutes les activités illégales du secteur. Dans tout ça, Christian n’est personne : il est juste là pour menacer, et au besoin violenter, les personnes qui déplaisent à Lino. Ce n’est pas grand’chose, mais ça paie les factures ; toutefois Christian commence à en avoir un peu marre, et on apprendra au cours de l’épisode qu’il a demandé une petite promotion à Lino, histoire de prendre du galon et d’arrêter de taper sur des gens à longueur de journée. Il faut dire aussi que Christian, hors du boulot, a quelques autres préoccupations, en particulier l’état de santé de sa mère, Italia, qui commence un peu à défaillir cognitivement, en plus de ses autres difficultés plus physiques ; il apparaît même comme très dévoué à la vieille femme, et lui paie à prix d’or un fauteuil de luxe dans cet épisode inaugural.
    Christian est donc personne et quelqu’un à la fois : il est insignifiant, mais il a, comme tout le monde, des choses qui sont importantes à ses yeux, des préoccupations qui le turlupinent, et toute cette sorte de choses.

    Dans cet épisode d’exposition, ces choses-là se détaillent lentement. Le parti-pris dramatique est tangible, l’idée n’étant de commencer à montrer ce sur quoi la série porte que vers la fin du 3e acte. Dans l’intervalle, on aura donc appris à quoi ressemble la vie de Christian, ce qui l’anime et ce qui le chagrine. En soi, sa fonction n’est d’ailleurs pas forcément un fardeau, et il tire de la satisfaction, si ce n’est à être violent, au moins à être compétent dans sa violence. Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour dans ta vie, pas vrai ?
    Toutefois, progressivement, un grain de sable vient se placer dans l’engrenage à peu près bien huilé de son existence. Christian commence en effet à ressentir des fourmis dans les mains, pour ne pas dire de la douleur, qui, le temps de quelques secondes, lui en font perdre le contrôle. L’épisode écartera toute possibilité d’explication médicale avant la fin de l’épisode…

    Paradoxalement, c’est un second personnage qui nous donne une explication de ce phénomène avant même que Christian n’y soit confronté. Certaines scènes sporadiques suivent en effet un homme balafré venant se recueillir devant une statue de Jésus qui pleure du sang, quelque part dans un appartement de banlieue… grosse ambiance Il Miracolo de premier abord ! Entièrement silencieux pendant cette introduction (ce qui est plutôt courageux pour un épisode d’exposition, au passage, vu que ce personnage est amené à jouer un rôle important dans la suite de l’intrigue), ce protagoniste apparaît à la fois comme motivé par la religion, mais aussi sceptique si ce n’est cynique quant à ce miracle apparu au milieu de nulle part. En particulier parce que, pour pouvoir contempler ce miracle, il faut déposer un billet à l’entrée ! Mais la cupidité n’est pas nécessairement un signe de tricherie, ce qui est, clairement, la question que se pose le mystérieux personnage.

    Lorsque finit l’épisode, on comprend de façon limpide comment Christian et l’homme aux cicatrices sont voués à se rencontrer. Cela ne nous dit pas tout, cependant ; et le véritable intérêt de Christian est de pousser son personnage éponyme à se confronter à l’impossible : une vie hors du commun.
    Personnellement, je suis un peu déçue d’avoir lu le résumé de Christian avant d’avoir jeté un oeil à la série (le résumé de CANNESERIES, par exemple, donne toutes les clés). J’ai eu plusieurs fois l’occasion de vous dire combien, désormais, regarder une série sans savoir de quoi elle va parler est devenu extrêmement rare. Alors bien-sûr, le matériel promotionnel de Christian lui-même délivre des indices conséquents, les références chrétiennes étant assez transparentes. Cependant, j’aurais aimé ne pas passer ce premier épisode à me dire : « ah oui donc la douleur aux mains, bon, voilà quoi » comme sous le coup d’une évidence. Je crois que la série aurait eu d’autant plus d’effet.

    Pour autant, connaître ce résumé (ou la page Wikipedia de la série) m’a aussi fait réaliser que je n’ai pas DU TOUT le même humour que la personne qui l’a écrit. Ou alors cet « humour corrosif » auquel il est fait mention concerne surtout le deuxième épisode projeté lors du festival, c’est possible aussi.
    J’ai trouvé au contraire que Christian brillait par son intérêt pour l’angle dramatique. Son exploration du personnage central est fine, et nuancée, alors que sur le papier le personnage s’y prête peu. Il est ici présenté avec toutes sortes de contradictions, capable de briser des os sans sourciller en taillant une bavette avec son collègue, puis de prendre soin de sa vieille maman avec toute la tendresse du monde. Même les gros bras contiennent une multitude. En filigrane, j’apprécie aussi le commentaire de Christian sur l’omniprésence de la religion en Italie, à la limite de la fétichisation… qui, bizarrement, existe en parallèle de sa marchandisation. Ce n’est pas le propos principal de cet épisode (on ne peut pas tout demander à un épisode d’exposition !), mais c’est là et bien là, et c’est bien foutu. Quant à la chronique désespérée d’un quartier délabré de la banlieue de Rome, bon, ce n’est pas nouveau-nouveau, mais c’est à la fois vivant et touchant, notamment à travers le personnage secondaire de Rachele, la prostituée junkie qui habite en face de chez Christian. Bref, je n’ai pas décelé d’humour (à moins de se tordre de rire devant le light banter échangé par Christian et son collègue ?), mais je n’en avais pas besoin.
    Tout n’a pas toujours besoin d’être décalé.


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  • Services d’urgence

    2 juin 2022 à 23:58 • Telephage-o-thèque •

    Ce n’est pas souvent que je tombe sur une série médicale scandinave, alors croyez-moi que, lorsque le premier épisode d’Åreakuten (« urgences d’Åre ») m’est passé devant la souris. A l’origine, cette fiction suédoise est arrivée sur la plateforme Viaplay en 2020, mais il s’avère que je n’avais jamais pu mettre la main dessus jusque là, donc on est parties pour une review de son premier épisode.
    Åreakuten a l’originalité supplémentaire d’être une série médicale d’urgence, un sous-genre qui vient avec ses propres codes et impératifs… généralement forgés sur d’autres continents.

    Lovée dans les montagnes dans le centre de la Suède, Åre est une municipalité qui vit en grande partie de l’activité hivernale, notamment de ses pistes de ski. Åreakuten démarre toutefois pendant la basse saison, ce qui, nous assure-t-on, ne signifie absolument pas qu’il ne s’y produit pas d’accidents. Un centre médical sert de centre névralgique aux opérations de tous les services d’urgence du coin, où sont adressés les cas les moins graves ; les autres sont emmenés en hélicoptère à une centaine de kilomètres de là (seulement 20 minutes par les airs). Cela seul nous annonce la couleur : on ne va pas beaucoup voir d’urgences impressionnantes, ou jamais très longtemps. L’essentiel de l’intrigue tourne autour du personnel médical lui-même (ambulancières, infirmières, docteures…) avec, dans des rôles secondaires, des pompiers, une agente de police, ou encore un secouriste cynophile. Vu le décor, vous vous doutez donc bien que c’est pas trop Third Watch, ici, et que les cas sont à l’avenant : on n’est pas du tout dans un environnement urbain, et il y a plus d’arbres que de gens dans les environs. Aussi, l’essentiel des interventions concerne des fractures et autres accidents du même genre.

    Le centre médical est co-administré par Lennart et son épouse Kerstin ; elles ont bien besoin de renfort, et viennent donc d’embaucher une nouvelle docteure, Zara. Avant même son arrivée, toutefois, son recrutement fait débat : Kerstin a un a priori envers la jeune femme, que le couple connaissait il y a environ 20 ans, mais qui a, semble-t-il, été recrutée sans avoir été reçue dans les locaux du centre médical.
    Au fur et à mesure de cet épisode introductif, on nous donnera quelques menus détails de cette situation : Zara était la fille d’une famille hébergée dans un foyer non loin de là pendant quelques mois. Elle s’est prise d’affection pour Lennart et est devenue docteure en médecine sur ses pas, mais visiblement pour Kerstin ce n’est pas suffisant, et celle-ci aurait voulu quelqu’un de plus expérimenté. Bon, on va dire qu’on la prend au mot, sans remarquer que Zara est absolument la seule personne de couleur de tout cet épisode, ou que son histoire de foyer temporaire avant d’être relocalisée à Stockholm sent vraiment le parcours de réfugiée ; disons donc que Kerstin n’en a qu’après l’expérience. Elle est en tout cas très mécontente de cette embauche, malgré les propos qui se veulent rassurants de la part de Lennart.
    C’est donc le premier jour de Zara et, hormis la froideur de Kerstin, elle a un plutôt bon accueil. On lui présente plusieurs membres de l’équipe (le chef des infirmières Björn, le médecin Yousef, etc.), avant qu’elle ne parte en intervention avec l’ambulancière Sofia. Une intervention de routine, s’il en est, puisqu’il s’agit de secourir une jeune femme qui faisait du parapente et qui a fait une chute au beau milieu de la forêt de pins. Ni une ni deux, Åreakuten s’oriente un peu plus vers de l’action, nous montre l’intervention, les différentes unités présentes sur les lieux, nous laisse assister aux premiers soins avant que la parapentiste malchanceuse soit évacuée en hélicoptère. Une affaire rondement menée, qui sert à introduire quelques personnages secondaires de plus, ainsi qu’à nous donner une idée de ce à quoi il faut s’attendre.

    Si je devais dresser un parallèle avec d’autres séries, je dirais qu’on est dans le voisinage directe des très, très nombreuses séries d’intervention d’urgence qui jalonnent les écrans australiens depuis environ les années 90 : il y a un peu d’action, et surtout beaucoup de scènes en intérieur où ça discute un peu plus parce que, ma foi, vous avez vu le prix d’une scène d’hélicoptère de nos jours ? D’ailleurs visuellement c’est très intéressant parce que les scènes extérieures d’Åreakuten (a fortiori parce qu’elles se déroulent en été) sont pleines de couleurs vives et de nature ; tandis que le centre médical n’est que couleurs pastels et couloirs à perte de vue. Un intéressant contraste !

    Là où je ne sais pas trop ce qui attend Åreakuten, c’est que cet épisode introductif prend une tournure plus sombre : en se rendant à une réunion budgétaire, le véhicule de Lennart est percuté par une mystérieuse voiture, et après un tonneau, finit dans le bas-côté. Au risque de vous spoiler, ce pauvre Lennart, bien que secouru aussi vite que possible par une équipe encore plus attentive qu’à l’ordinaire, refuse d’être envoyé à l’hôpital, et finit par faire un malaise cardiaque au centre médical. Je ne sais pas trop dans quelle mesure il s’agit là d’un prétexte ; de toute évidence, Åreakuten veut se débarrasser du vieux médecin comme tampon entre Kerstin et Zara, c’est assez transparent. En revanche je ne comprends pas trop pourquoi la série veut en faire un fil rouge car, grosso-modo, tout a été dit (…sauf à confirmer que Kerstin est un peu raciste sur les bords). Mais surtout je ne sais pas si la série a l’ambition de se demander un peu d’où venait le conducteur de la voiture qui a percuté Lennart, ou quoi que ce soit dans ce style.
    Si je pose la question, ce n’est pas seulement parce que j’ai (hélas) tendance à me la poser un peu trop souvent en regardant le premier épisode d’une série, cherchant à deviner à quelle sauce la suite va nous manger. C’est aussi parce que, pour être honnête, ces trois quarts d’heures sont un peu pauvres en contenu (ou trop subtils pour moi, qui sait). Hors des scènes d’action, on reste en surface des relations interpersonnelles, qui, en toute logique, pourraient former une grande partie des épisodes. La perspective de Zara est assez absente (elle sert essentiellement de cheval de Troie narratif, mais on s’intéresse assez peu à sa personnalité et moins encore à son histoire personnelle). On a bien quelques indices çà et là d’intrigues secondaires (le secouriste cynophile en pince de toute évidence pour l’agente de police, par exemple), mais on ne peut même pas parler de contenu soapesque tant c’est traité de façon accessoire. C’est pas comme ça qu’Åreakuten va meubler ses épisodes…

    …En un sens, c’est ça qui est fascinant. Parce que justement, les séries de ce genre que j’ai pu voir par le passé venaient d’autres continents. Mais rien n’oblige une série scandinave, quand bien même elle arrive des décennies après tout le monde, à en suivre les codes. Åreakuten peut très bien décider d’être autre chose ; même si ce premier épisode ne clarifie pas encore ce que cet autre chose peut être. Rien ne l’empêche d’innover si elle le veut vraiment… maintenant, la question, c’est : cette volonté est-elle présente ? Je vais essayer de faire main basse sur l’épisode suivant et m’en assurer par moi-même.


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  • Second day

    1 juin 2022 à 22:40 • Review vers le futur •

    C’est la deuxième année que Hannah passe à Hillview High ; et c’est la première rentrée pour laquelle elle n’a pas à s’inquiéter. Elle s’est créé des amitiés, tout le monde la connaît (et tout le monde la connaît sous sa présentation féminine, qui plus est), c’est excitant. Tout semble possible, cette année !

    Trigger warning : transphobie.

    J’avais eu le bonheur de vous parler de First Day l’an dernier, avec une review de sa première saison. Eh bien bonne nouvelle, une suite a été diffusée ce printemps sur les écrans de la télévision publique australienne. Cette saison 2 commence une année scolaire après la première ; dans l’intervalle, un peu sans s’en rendre compte, Hannah a résolument fait son entrée dans le monde de l’adolescence, avec les questionnements qui vont avec…

    Après une rentrée pleine d’espoir, Hannah va légèrement déchanter. Tout n’est pas toujours possible, malheureusement. Ou en tout cas, pas sans quelques déchirements. Encore une fois, First Day va comme pour sa première saison mêler des préoccupations universelles à celles, plus spécifiques, de l’expérience de Hannah.

    Ainsi, l’adolescente est perpétuellement tiraillée entre ce qu’elle voudrait faire, et ce qu’elle ne pense pas avoir le droit de faire. Au début de la saison, ses camarades doivent par exemple choisir une class captain. Ce n’est pas tout-à-fait un travail de déléguée, mais ça reste un poste à responsabilité, qui agit comme liaison entre les élèves et le corps enseignant ; Hannah envisage de se porter candidate, mais elle apprend que la candidature implique de faire un discours devant sa classe, et elle trop intimidée. En outre, l’autre candidate est Jasmine, qui n’était pas seulement la class captain l’an dernier, mais aussi l’amie avec laquelle elle s’est brouillée en faisant son coming out. Voilà qui ne l’aide pas à gagner en assurance, malgré les exhortations de ses amies Olivia et Natalie à se lancer. Les bonnes idées d’Olivia, en particulier, se retournent contre elle quand Hannah tente de parler individuellement à chacune de ses camarades de classe, et découvre que presque tout le monde, à un moment ou à un autre, mentionne le fait qu’elle est trans. N’est-elle que cela à leurs yeux ? Quand bien même ce n’est pas dit méchamment, Hannah a l’impression que la perception des autres dépend d’une seule chose qu’on sait d’elle. Finalement, avec beaucoup de courage (et les encouragements de sa professeure principale), Hannah tente le coup et… rien. Jasmine est quand même élue. Quelle gifle.

    Plusieurs déconvenues viennent ainsi s’empiler, et sur une petite saison de 4 épisodes, ça n’est pas rien. Le point d’orgue est atteint pendant une fête organisée par Jasmine, à laquelle toute la classe est conviée… sauf Hannah. Voulant soutenir son amie, Olivia tente de la faire venir quand même, mais Hannah se fait mettre à la porte et ressent de la rancune envers Olivia d’avoir organisé tout cela (surtout sans la prévenir).
    Fort heureusement, même malgré les déceptions, Hannah n’est pas seule. Elle a toujours l’appui de sa famille, bien-sûr ; mais elle s’est aussi forgé des amitiés solides. Il n’y a pas que les maladroites Natalie et Olivia dans sa vie ; ou Jasmine, l’amie perdue ; ou bien Billy, le garçon sur lequel elle a un petit béguin. En fait, Hannah va même largement élargir le cercle de ses connaissances pendant cette saison, quasiment par accident.

    Car après les déconvenues autour du poste de class captain, étrangement, au lieu de chercher une autre activité, Hannah se sent investie d’une mission : elle va fonder un club « Pride » dans son collège ! Elle a fait ses recherches, elle a préparé ses arguments, alors elle va voir le nouveau principal avec son idée ; d’abord dubitatif, il finit par se laisser convaincre et lui donne accès à une salle pour ses réunions hebdomadaires. Comme First Day a vraiment décidé de ne jamais rien donner à Hannah tout de suite, évidemment, au début le club est un échec ; mais l’adolescente persévère une fois de plus, trouve le courage d’aller démarcher des élèves de dernière année qui sont out, et les convainc de venir. Petit-à-petit, elle a la satisfaction de voir le « Pride » club grandir ; au début, les élèves viennent pour le goûter qu’elle prépare, avant de commencer à jouer à des jeux de société… et, finalement, de commencer à se parler. Sans que First Day ne transforme cela en un groupe de parole, la série détaille en tout cas tout le bien que cela fait à Hannah d’être parmi des personnes qui comprennent ce qui la rend anxieuse. Même si cela donne à Natalie et surtout Olivia l’impression d’être, à leur tour, exclues…
    En-dehors de l’école, Hannah a aussi un autre ami : Josh, qu’on a vu en fin de saison 1 faire son coming out à notre héroïne. Josh est un garçon trans qui, au début de l’année scolaire, ne se dit pas prêt à retourner en cours. Hannah lui rend régulièrement visite après les cours et partage avec lui les incidents qui jalonnent ses journées. Je dois dire que j’ai énormément apprécié l’intrigue de Josh pour une bonne raison : le jeune garçon commence à développer de l’anxiété sociale, et Hannah réalise progressivement que c’est ce qui l’empêche de sortir de chez lui, parce qu’il a peur d’être harcelé dans la rue ou à l’école… Cela donne à la jeune fille une nouvelle idée !

    Car c’est sa plus grande force : cette nouvelle saison de First Day est une saison pendant laquelle Hannah ne pense pas qu’à elle même : elle commence à voir ce qui lui arrive sous un angle plus « politique », et donc à comprendre qu’il y a une multitude d’expérience parmi les élèves LGBT qui l’entourent qui méritent d’être défendues. Alors, encore une fois, c’est une série pour la jeunesse diffusée sur une chaîne pour enfants et préados, se déroulant dans l’équivalent d’un collège : il ne s’agit pas de sortir de grands discours. Mais Hannah va résolument commencer à agir pour d’autres qu’elle-même, et c’est une progression très intéressante.
    Qu’il s’agisse de l’organisation du club « Pride » ou de l’initiative concernant les uniformes (à la fois pour permettre à Josh de s’habiller comme il veut sans avoir à faire de coming out, et à la fois pour un.e camarade de « Pride » non-binaire), Hannah commence à ne pas lutter qu’à travers le prisme de ce qui lui arrive à elle. Naturellement, ses propres expériences souvent douloureuses ou au moins hésitantes, ainsi que ses émotions, nourrissent son cheminement ; c’est l’évidence-même. Hannah a atteint un âge auquel elle est capable de comprendre que ce qui lui arrive, ce qui la trouble, ce qui l’inquiète, ne concerne pas qu’elle ; c’est d’ailleurs de cette réalisation (implicite dans la série, qui n’a pas le temps d’en détailler le cheminement) qui va lui donner le courage d’affronter à nouveau le principal, ou même l’école entière pendant une assemblée publique.
    Un peu comme The PM’s Daughter quelques mois plus tôt, First Day a donc décidé que son public avait la maturité, si ce n’est l’appétit, pour des considérations plus larges, moins personnelles. C’est sans nul doute un hasard total du calendrier, mais cette nouvelle saison m’a aussi rappelé Les 7 Vies de Léa, que je reviewais le mois dernier, et qui lui est quasiment contemporaine, dont la progression intérieure de l’héroïne dépendait de sa capacité à cesser de ne se préoccuper que d’elle-même. Cette volonté d’embrasser un regard plus large vient enrichir les tropes habituels des séries adolescentes, et surtout cela permet à First Day d’éviter la répétition avec sa première saison. En outre, parce que la série est résolue à ne pas parler de la transition physique de l’adolescente, ni des choix qu’elle et sa famille font en la matière (de la même façon que la question du coming out avait été évacuée pendant la saison inaugurale), cela permet aussi d’éviter un certain nombre de clichés sur l’adolescence LGBT, présents dans d’autres séries.

    Encore une fois on ne peut que saluer la volonté de la série d’essayer, avec ses maigres moyens, de trouver un équilibre entre ce qu’elle représente et ce qu’elle veut dire, en se vautrant aussi peu que possible dans les écueils sur son chemin alors que, vu sa durée, on ne le lui aurait pas totalement reproché. En outre, l’interprétation d’Evie Macdonald continue d’être impeccable ; l’actrice adolescente décrit bien les hésitations, les déceptions… mais aussi les expériences enrichissantes, les apprentissages du monde, et les fulgurances de joie, car elles sont nécessaires aussi !
    Dans son tout petit coin de télévision, First Day offre au jeune public, notamment queer, des pistes de réflexion aussi précieuses que le divertissement de bon cœur qu’elle partage pendant ses brèves saisons. Puisse-t-elle en avoir encore une ou deux autres.


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Fun facts

  • Fun fact final du dimanche 23 septembre 2018 - 2018-09-23

  • Fun fact du samedi 22 septembre 2018 - 2018-09-22

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