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    18 avril 2021 à 21:53 • Telephage-o-thèque •

    Cette semaine, Netflix sortait sa toute dernière série originale africaine en date, Dead Places.
    Une série sud-africaine, une fois de plus. Les projets nigérians semblent être plus lents à se finaliser, comme le drama Far From Home ou de la série d’animation Iwájú ; les projets kenyans sont à peine plus rapides, et ce alors que la concurrence s’agite pourtant très fort avec la sortie de Crime and Justice sur Showmax plus tôt cette année.
    Et une série fantastique, ce qui fait parfaitement suite à Kings of Joburg, qui était la série africaine précédente de la plateforme, au moins en attendant le retour du teen drama Blood & Water (dont le tournage de la saison 2 s’est achevé le mois dernier).
    Fort bien. Business as usual, donc.

    Trigger warning : auto-mutilation.

    …Sauf que vous ne serez qu’à moitié surprises d’apprendre que Dead Places n’est pas une série originale Netflix !
    Eh non, en dépit du N sonore en début d’épisode, et des mots « A Netflix original series » qui s’affichent immédiatement à sa suite, il s’agit en réalité d’une acquisition. D’où vient la série ? Ah, ça, je vous le dis à la fin de la review du premier épisode, ce serait trop facile…

    Dead Places, c’est l’histoire de Will Stone, un auteur de romans fantastiques sud-africain qui, après des années passées au Royaume-Uni, revient dans son pays natal pour une tournée promotionnelle de son dernier bouquin. Lequel, je vous le donne en mille, s’appelle Dead Places.
    Le premier épisode ne veut pas trop nous dire pourquoi il s’est absenté aussi longtemps, en-dehors d’une scène assez vague au début de cet épisode introductif, d’une brève scène avec son psy britannique via Zoom (incarné par l’un des acteurs principaux d’une des rares autres séries de genre sud-africaine, Room9, où figurait également Anthony Oseyemi qui interprète de Will Stone), et d’un peu de paratexte vers la fin. Will s’apprête à faire un circuit englobant plusieurs villes d’un pays qu’il ne connaît pas, ou plus, accompagné par Joe, un chauffeur et homme de main que son éditeur a embauché pour lui ; tout lui apparaît comme étranger, mais cela ne semble pas exactement être ce qui le trouble. Il faudra avoir lu le résumé de la série sur la page de Netflix pour en connaître la raison, je ne vous la gâche pas ici. Ce n’est pas vraiment le propos de cette introduction de toute façon.

    Le premier épisode de Dead Places ambitionne plutôt de nous faire comprendre l’aspect fantastique des choses. En effet, Will ne fait pas qu’écrire sur les fantômes, il est également capable de les percevoir ; en fait c’est même très fort la façon dont l’exposition construit cela comme une évidence que seul un personnage va (temporairement) remettre en question. Les fantômes existent, Will sent leur présence (et parfois plus si affinités), et ce sont les faits, point barre. Notre auteur apparaît donc comme plus qu’un romancier : un expert. Au-delà de ses capacités à détecter le surnaturel, il connaît aussi le fonctionnement des fantômes, comme nous le découvrirons au cours de cet épisode.
    C’est une jeune femme du nom de Kelly qui va nous permettre de prendre la mesure de ses capacités. Au départ, elle mène une existence qui n’a pas de connexion apparente avec le monde de Will : elle est une streameuse qui se filme pour sa chaîne « Dare Kelly » en train de remplir divers défis. Le premier épisode la montre ainsi en train de pénétrer illégalement dans l’aquarium de Cape Town (pour autant que je puisse en juger, c’est vraiment là où les scènes ont été tournées, d’ailleurs), pour aller nager, en pleine nuit, avec les requins, devant un chat surexcité. Sauf que ce qui n’était pas prévu pour cette petite expédition, c’était de tomber nez-à-nez avec une fantôme !
    Terrifiée par ce qu’elle a vu (et qui la poursuit !), Kelly va donc se tourner vers Will pour essayer de comprendre ce qui se passe.

    Il n’y a rien dans le travail d’exposition de Dead Places qui soit foncièrement novateur, surtout venant d’un scénariste et réalisateur qui a travaillé sur Shadow et Jongo, dont Dead Places est la parfaite fusion.
    Le premier épisode place Will, Joe et Kelly sur la carte des relations (Will et Joe se détestent au premier regard, ça donne de bons dialogues d’ailleurs), établit les contours de leur personnalité et leur background, et surtout pose les règles de son univers fantastique. Visuellement ce n’est pas la série la plus fine au monde, mais le travail fait autour de la couleur fait son petit effet. Le travail introductif est sans surprise, quoiqu’efficace. A la rigueur je m’attendais à ce que les livestreams de Kelly prennent une plus grosse place dans l’épisode, mais gageons qui cela s’intensifiera par la suite, son occupation ne peut pas avoir été décidée par hasard. Dead Places s’oriente vers une série principalement procédurale (avec un aspect monster-of-the-week dont nous sommes bien familières), tout en se réservant la possibilité de détailler avec le temps certains aspects en fil rouge, comme la backstory de Will, ou peut-être même celle de Joe. On sait que ce genre de recettes fonctionne. Malgré cela, l’épisode ne manque pas de charme, avec un bon rythme, des dialogues enlevés, et un univers fantastique qu’on a envie de voir détaillé.

    En fait, c’est un peu le problème. Le folklore sud-africain ne manque pas de figures fantastiques (umkhovu, tokoloshe… et sûrement d’autres que je ne connais pas), mais la fantôme du premier épisode de Dead Places est incroyablement familier. Et d’ailleurs, la série, qui se déroule presqu’intégralement en anglais, va la qualifier très exactement de « fantôme ». Pas de référence aux mythes locaux ici (c’est peut-être pour plus tard, cela dit), donc quelque chose de très digestible à l’international.
    C’est ce qui m’a mis la puce à l’oreille, en fait. L’auteur de la série étant sud-africain (un blanc sud-africain, mais sud-africain quand même), ce n’était pas la raison de ce flou mythologique. Alors, quoi ? Quelle est la raison qui pousse une série écrite par un Sud-Africain, tournée en Afrique du Sud, avec des actrices sud-africaines, et surtout se déroulant en Afrique du Sud, à effacer toute trace d’afriquedusudité ?

    Le fait qu’elle soit conçue pour avoir l’air panafricaine, tout simplement.
    Dead Places n’est tellement pas une série originale Netflix qu’elle n’est même pas une exclusivité Netflix : Canal+ Afrique l’a diffusée en novembre dernier dans la sphère francophone sous le titre de Hantés (Canal+ International est même co-financeur du projet), AMC en acquis les droits pour plusieurs autres territoires en prévision d’un lancement pendant l’été 2021… et maintenant Netflix se glisse dans l’interstice, comme c’est si souvent son habitude, en faisant passer la série pour un projet original.
    Pour simplifier ses voyages, Dead Places a choisi, au moins pour son introduction (on verra bien pour la suite, et j’ai bien envie quand même de voir ce qu’il en est pour les épisodes suivants) de pouvoir être comprise par toutes sortes de cultures. Ce qui en soit n’est pas fondamentalement un tort, mais reste quand même largement dommage. Vous me direz : ça a marché. Mais bon.
    Si pour se vendre à l’international, une série africaine doit gommer qu’elle est africaine (ce qu’on n’exige certainement pas de toutes les séries du monde), on n’est pas sorties des ronces…


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  • Deviens ce que tu es

    17 avril 2021 à 23:58 • Telephage-o-thèque •

    Quand une série peu connue, qui commence légèrement à dater, apparaît soudain sur un site de, hm… cagoulage (ça fait des siècles que je n’avais plus utilisé cet euphémisme, tiens !), mon premier réflexe est de me demander quelle plateforme l’a récemment acquise à l’international. Si cette série est européenne, et qu’il s’agit d’un thriller, d’une série policière ou d’un crime drama, vous pouvez être sûre que c’est MHzChoice qui est derrière tout ça.
    Eh bien une fois de plus ça n’a pas raté : les épisodes de la série norvégienne Kielergata (qui « date » de 2018) se retrouvent dans la nature, et effectivement, après vérification, MHz les propose bien depuis l’automne dernier sous le titre de Kieler street.

    Comme les séries n’ont pas de date de péremption, me voilà donc, presque quatre ans après que la série ait démarré, à m’atteler à son premier épisode. Non sans reconnaissance pour l’inconnue qui a pris la peine de rendre cette série accessible à quelqu’un comme moi.

    De prime abord, Kielergata évoque des séries comme la comédie suédoise Solsidan, qui se déroulent dans une banlieue pavillonnaire sans histoire. Le héros des deux séries est d’ailleurs un homme ; ce qui quelque part est rafraîchissant, tant le contexte de la banlieue pavillonnaire est souvent associé principalement à des personnages féminins (jurisprudence Desperate Housewives et la tripotée de séries qui se sont engagées dans son sillon). Jonas vit dans une petite maison dotée d’un petit jardin dans une petite rue d’une petite banlieue sage, avec son épouse Elin et la fille de celle-ci, issue d’une première union, Sofie.

    La Norvégienne Kielergata est, pour commencer, clairement une série dramatique, ne serait-ce que par son format. Et surtout elle n’a pas vraiment l’intention de s’intéresser à la vie plan-plan de la banlieue. Contrairement à beaucoup de séries situées dans un décor similaire, sa thèse n’est pas que le problème principal est qu’il n’y a pas de problème.
    Il y a un vrai problème, et les premières minutes de l’épisode vont nous faire comprendre, d’une façon grinçante, son ampleur.
    Jonas et sa famille n’ont pas toujours vécu à Slusvik, voyez-vous. Pour lui, s’installer dans cette banlieue calme, avec sa femme et sa belle-fille, tout en tenant un job un peu ingrat dans un diner local, c’est une façon de se ranger. A plusieurs reprises, Jonas va réitérer, en particulier devant des interlocuteurs masculins qui semblent douter de sa sincérité, que cette vie est celle qu’il souhaite. C’est assez difficile à entendre, semble-t-il, parce que précisément cette vie banlieusarde a l’air petite. Etriquée, même. Mais Jonas paraît réellement penser ce qu’il dit.
    D’ailleurs elle lui va en apparence plutôt bien, cette vie. Son boulot est un peu ingrat (et son patron un peu con, mais c’est le job des patrons, après tout) sans être vraiment désagréable ; il connaît tout le monde dans le quartier et y a lié des amitiés ; et il s’avère même être un excellent père de substitution pour Sofie, comme une épatante scène va nous le montrer assez tard dans cette introduction. Alors oui, parfois on peut passer une mauvaise journée, ou en tout cas ce qui passe pour une mauvaise journée à Slusvik (c’est-à-dire quand la supérette n’a plus de pains pour hot dogs), mais dans l’ensemble, ça pourrait être largement pire. Calme, voire diplomate, Jonas a l’air d’avoir conscience de cela dans tout ce qu’il fait.

    Or c’est justement cette façon posée d’aborder les choses qui devrait alarmer quelqu’un. Kielergata pense (une brève scène au lycée va enfoncer le clou), que la vie de banlieue n’est pas notre véritable nature. En tout cas, certainement pas la véritable nature de Jonas.
    Au cours de la première journée que nous passons en sa compagnie, alors qu’il doit à la fois calmer Elin qui stresse en organisant un barbecue, qu’il doit intervenir entre Elin et Sofie, qu’il doit assister à une réunion d’anciens alcooliques, qu’il doit s’assurer que les soucis de santé de son chat sont pris en charge, et qu’il doit acheter ces fichus pains pour hot dogs, survient la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Son voisin et ami Geir, qui fréquente les mêmes réunions d’alcooliques anonymes que lui, lui apprend que par son métier d’assureur, il a eu accès aux données personnelles de tout le voisinage, et qu’il veut faire du chantage à tout le monde avec ce qu’il a appris. Mais surtout, Geir n’a rien appris sur Jonas, et il trouve ça énormément suspect. A ce moment-là, Jonas, enfin, lâche la rampe et pendant un bref mais important moment, il perd le contrôle.

    C’est à ce moment que non seulement les spectateurs comprennent quel est le problème, mais aussi ses implications. Sans que la série n’en dise trop, nous prenons la mesure de qui est réellement Jonas. De qui il a été avant, dans une vie précédente ; et de qui il est toujours, même enfoui sous des tonnes de self-control.
    Nous pouvons essayer de nous installer dans une petite maison dotée d’un petit jardin dans une petite rue d’une petite banlieue sage, nous dit Kielergata, mais nous ne cessons jamais d’être la personne que viscéralement nous étions avant d’y mettre les pieds. Il est là le problème, non pas dans la banalité de la vie banlieusarde, mais dans notre insistance à essayer de ranger nos instincts dans un lotissement en posant un mouchoir par-dessus.

    Malgré sa nature, Jonas a le désir apparent de se ranger, et de mener cette vie idéale quand bien même, au fond, ce n’est pas qui il est. Alors bien-sûr, la question va être : quelle partie de lui va gagner ? L’animal incontrôlable ou l’homme sociable ? Ces deux identités peuvent-elles durablement coexister ? Et se pourrait-il qu’il ne soit pas le seul à cacher une bête immonde derrière ses polos pastels ?
    La fin de l’épisode lance un fil rouge qui va probablement lui donner l’opportunité de mener la chèvre et le chou, mais ce genre de choses ne dure jamais longtemps. Et je suis curieuse de voir comment Kielergata va traiter son sujet en l’espace de seulement dix épisodes, que je vais découvrir après la bataille, mais hey, ça tombe bien, les séries ne sont pas bio-dégradables.
    Gloire, gloire au cagoulage !


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  • Wait, it’s exactly what you think !

    16 avril 2021 à 23:58 • Review vers le futur •

    Une belle et grande demeure près de la plage. Deux cambrioleurs. Une intrusion en pleine nuit.
    Malheureusement, la maison n’est pas sans défense ; alors que sa femme Rebecca et leur amie Angela sont endormie, Sam Hickey, lui, est encore debout, bien que passablement ivre et un peu drogué. Les bruits de l’intrusion le conduisent à tomber nez-à-nez avec l’un des deux cambrioleurs. Dans la panique qui s’en suit, Sam essaie d’empêcher le jeune homme de s’enfuir par une fenêtre, et au moment où Rebecca et Angela interviennent, plante un couteau dans le dos de l’intrus.

    Horrifiées, toutes les trois décident de maquiller les faits pour que cela ait l’air d’un acte banal de légitime défense.

    Spontanément, on se dit qu’avoir poignardé un cambrioleur n’est pas exactement l’acte le plus criminel au monde. Pourquoi donc essayer de faire paraître les faits sous un jour différent auprès de la police ? Ce n’est pas mentir que dire que l’intrusion a eu lieu, que le cambrioleur a été surpris, et que, bon, dans le feu de l’action… Rebecca personnifie ce point de vue dans ce premier épisode, alors qu’elle voit Sam essayer à tout prix de prendre le contrôle de ce qui se passe dans les minutes suivant la mort du cambrioleur.
    Mais ce qui fait l’étrangeté d’Intruder, c’est aussi sa force ; les nuances que son sujet explore ont beaucoup d’intérêt. D’abord, un cambriolage n’est pas une aggression physique ; poignarder quelqu’un n’est pas l’équivalent de subir une effraction. En fait, même dans le pire des cas, selon la loi britannique un cambriolage n’est tout simplement pas passible de la peine de mort. Par-dessus le marché, il y a le fait que le cambrioleur a été poignardé dans le dos, ce qui diminue encore plus l’effet de menace.
    Alors bien-sûr, il n’y a pas d’aspect intentionnel dans tout cela ; Sam n’a pas voulu tuer le cambrioleur, c’est juste arrivé, comme ça, dans le feu de l’action. La définition-même d’un homicide involontaire, et probablement avec des circonstances atténuantes. Sauf qu’après être passées par des événements aussi traumatiques en si peu de temps, les protagonistes d’Intruder n’arrivent pas à penser pragmatiquement à tout cela, ni à s’en remettre au système judiciaire pour faire la lumière équitablement sur ces faits. Alors elles trouvent plus normal d’essayer d’influencer l’enquête, en disant à la police que le cambrioleur a attaqué Sam et que c’est Rebecca qui, pour lui venir à l’aide, a poignardé l’intrus dans le dos. Totale légitime défense. Rien à se reprocher. Mains propres.
    Evidemment Sam, Rebecca, et dans une certaine mesure Angela, ont des choses à se reprocher : maintenant elles vivent avec l’angoisse que le mensonge soit découvert, pendant que l’enquête se déroule. Et puis essayer de faire en sorte que la police ne pose pas trop de questions, c’est une chose, mais ça n’empêche pas leur conscience de les travailler…

    Outre ces nuances très appréciables, et souvent absentes des séries policières, j’apprécie que Channel5 (une chaîne qui doit une grande partie de ses grilles au genre policier, importé aussi bien que local) tente quelque chose d’un peu original avec l’une de ses protagonistes centrales, Karen Bailey.
    Bien que travaillant au sein de la police, Bailey est avant tout une chargée de liaison dont la mission est de travailler auprès des familles de victimes. Comme elle l’indique d’elle-même, son travail n’est pas d’enquêter, et c’est très intéressant pour moi qu’un thriller policier accepte de présenter ce genre de personnage en 2021. Je m’attendais à vrai dire à voir beaucoup plus d’angles comme celui-ci dans les séries, après les événements de l’an dernier. Des manifestations massives ont eu lieu aux quatre coins de la planète pour dénoncer les violences policières, et des discussions ont pu se faire de façon plus mainstream sur la police, la façon dont on pourrait moins investir en elle et plus dans des rôles sociaux, ou encore les représentations de la police dans la fiction. Il y a moins d’un an, il semblait que tout cela allait aboutir à une remise en question de nos certitudes collectives. Et puis, et puis rien. On voit bien aujourd’hui que rien n’a changé, ni dans la réalité ni même dans la plupart des séries.
    Intruder semble avoir saisi le message, au moins en partie, en ne se focalisant pas sur le travail d’investigation, mais sur le travail social, à travers ce personnage. Bailey parle à Sam, Rebecca et Angela, mais aussi au père du cambrioleur, dont on découvre qu’il a un nom, Syed Khalil. Il n’est pas une menace sans visage dont on peut juste se dire « allez, bon débarras ». Il est une victime, lui aussi : il est mort, et sa mort a de la valeur.

    Il y a donc de vraies bonnes idées dans ce premier épisode, et je suis curieuse de regarder les épisodes suivants (la mini-série est déjà achevée sur Channel5 mais j’avoue n’avoir pas eu le temps de la finir encore). Je pense qu’Intruder aurait pu pousser sa réflexion plus loin, par exemple en prenant un couple de personnes racisées pour incarner Sam et Rebecca (cela aurait permis d’aller plus en détail dans leur méfiance envers les mécanismes de la Justice, par exemple). Mais même comme ça, c’est l’une des rares séries policières à parler de vies et de morts plutôt que faire de la police le point focal de l’intrigue. C’est, je suppose, un bon début.


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  • Le compte n’est pas bon

    11 avril 2021 à 22:26 • Review vers le futur •

    Devons-nous vraiment souffrir, quasiment à chaque saison, que les networks étasuniens nous sortent une comédie pénible qui tente laborieusement d’être pertinente ? Apparemment oui.

    S’il y a une raison de rire devant Home Economics, une comédie en single camera lancée cette semaine par ABC, c’est parce que ses efforts sont en grande partie risibles. Derrière son sujet, il y a un ton qui ne sonne pas comme authentique, mais au contraire profondément opportuniste. Et c’est bien dommage parce que ce sujet n’est pas sans mérite, mais son traitement laisse largement à désirer.

    Pour vous donner une idée de ce à quoi on a affaire, Home Economics est une comédie en single camera mettant en scène des adelphes, qui se retrouvent dans la situation inédite de vivre à nouveau dans la même ville pour la première fois depuis leur passage à l’âge adulte. Sauf que c’est désormais leur seul point commun : chacune a désormais une vie bien différente, et notamment, une situation financière unique. La série est pourvue d’une narration en voix-off, fournie par l’aîné, Tom (au prétexte qu’il est écrivain et que les tensions familiales sont la matière de son prochain bouquin).

    Le premier épisode permet d’exposer la situation de chacune : le dernier livre de Tom a fait un flop, il est marié à Marina, une avocate qui a arrêté de travailler pendant sa maternité, et il a trois enfants (dont des jumelles en bas âge). En temps normal il appartiendrait à la classe moyenne, mais ces événements récents ont complètement plombé ses finances, et désormais il est pris à la gorge par les difficultés financières. Malgré tout, cela le place dans une meilleure situation que sa sœur cadette, Sarah ; elle et son épouse Denise, une enseignante, ont toujours vécu avec peu. Elles élèvent leurs enfants Shamiah et Kelvin dans un appartement minuscule, et les choses ne sont pas en voie de s’améliorer étant donné que Sarah a perdu son job de psychologue pour enfants défavorisés il y a peu. Et puis, il y a le petit dernier de la famille Connor, qui jusque là vivait au loin avec son épouse Emily et leur fille Gretchen. Dans le premier épisode, il a récemment emménagé dans l’ancienne maison de Matt Damon, et fait visiter à toute la famille (hors les grands-parents, Muriel et Marshall, qui s’expriment uniquement par ordinateur interposé) son immense demeure, fier comme un coq de ce que sa fortune lui a permis d’acheter. L’exposition de tout ce petit monde est scolaire au possible : Tom est en train d’écrire les premières phrases de son prochain roman, et ce sont littéralement les descriptions de ces situations qui forment la page initiale. « Chapter 1 : This is the story of the Hayworth family« … même pas une accroche, rien ? Je comprends mieux les ventes du précédent ouvrage.
    C’est peu imaginatif mais bon, a beginning is a very delicate time, et on n’a qu’une vingtaine de minutes. Soit.

    Les problèmes commencent lorsque la visite de la nouvelle maison de Connor réunit la famille, alors que cela fait des mois, pandémie oblige, que tout ce petit monde ne s’est pas vu. Au passage, Home Economics est officiellement ma première série à évoquer COVID, j’arrive pas à croire que ça survienne aussi tard, comment j’ai fait mon compte ? Les ressentis qui jusque là n’avaient été échangés qu’avec des épouses ont donc trouvé là une occasion idéale de s’exprimer pour la toute première fois dans le cercle familial. Pour Tom mais aussi pour Sarah, cette visite est indécente ; dans cette maison (qui a appartenu à Matt Damon), le confort ne permet pas seulement de combler les besoins de Connor et sa famille, mais couvre aussi des luxes qui apparaissent comme superflus. Connor, lui, ne semble pas vraiment se rendre compte que faire partie du fameux « 1% » résonne comme une insulte à certains moments. L’épisode s’arrête pendant un moment sur les réactions de chacune face aux extravagances de cette maison (elle a appartenu à Matt Damon, l’ai-je mentionné ?), quand le véritable incident initiateur se produit : Connor a offert à Muriel et Marshall d’aller dans les îles Turques-et-Caïques pour Thanksgiving. POUR THANKSGIVING ! C’est quasiment une déclaration de guerre.

    Home Economics essaie de parler de différences socio-économiques, de toute évidence, mais échoue lamentablement pour plusieurs raisons.
    D’abord, c’est un peu étrange d’avoir choisi que les membres d’une même famille représentent 3 groupes très différents ; je me doute bien que ce ne soit pas irréaliste (d’ailleurs ma sœur est de la classe moyenne et je vis sous le seuil de pauvreté, donc je suis bien placée pour le savoir), et d’ailleurs cette famille est inspirée par celle de l’un des co-créateurs de la série, Michael Colton. Je le crois sur parole. Mais le premier épisode, s’il établit très bien les situations différentes, manque d’expliquer comment ces différences ont pu devenir si flagrantes en si peu de temps (les adelphes sont encore dans la trentaine).
    L’autre problème est que Home Economics, je le disais, essaie désespérément d’avoir l’air actuelle. Son emploi d’un vocabulaire militant à tous bouts de champ est lourd, et souvent méprisant. Par exemple quand la petite famille arrive pour la visite de la maison (…de Matt Damon), Gretchen accueille ses cousines avec excitation et leur annonce qu’elle veut leur présenter ses poupées ; réaction de Shamiah ? « Cool !!! what are their pronouns ?« … Cringe, comme disent les jeunes. Quant à Sarah, elle va passer la moitié de ses répliques à accuser son entourage « toxique »/ »problématique »/ »sexiste », et bien-sûr toujours un peu de façon ridicule, par exemple lorsqu’elle reproche à Tom que son dernier livre en date n’ait inclus aucune femme (il se déroulait dans une prison pour hommes au début du 19e siècle). Home Economics semble avoir compris, sur le papier, ce qui était socialement acceptable ou non pour son public ; comme quand Muriel se vante que deux de ses belles-filles sont ethnic, et que tout le monde grimace genre « oh non, ça ne se dit pas ». Mais c’est une conscience de surface, qui consiste uniquement à collecter les bons points, ce qui est d’autant plus odieux qu’il y a justement un dialogue sur le fait qu’il ne devrait même pas exister de bons points. Qu’importe, Home Economics n’en est pas à une hypocrisie près. L’essentiel c’est d’avoir l’air woke, pas d’être vraiment intéressé par ce qu’on raconte sur les différences socio-économiques.
    D’autant que le troisième problème de cet épisode inaugural, c’est son angle d’approche. En choisissant Tom pour narrateur et donc personnage central, une fois de plus c’est un homme blanc de la classe moyenne qui occupe l’espace, et raconte les choses de son point de vue. Un point de vue qu’on a déjà entendu dans à peu près toutes les comédies familiales de la création. Il y avait pourtant d’autres options : raconter les choses depuis le point de vue de Sarah (une psychologue, ça s’y prêtait pourtant), parce qu’elle est la plus pauvre de la fratrie ; du point de vue de Muriel et/ou Marshall, parce qu’elles ont élevé ces trois enfants dans une famille qui a l’air de la classe moyenne, et qu’il serait légitime qu’elles se demandent pourquoi leurs enfants ont connu un succès financier si variable ; voire même, et ça ce serait vraiment intelligent, du point de vue de n’importe laquelle les enfants de la famille, puisque non seulement Tom, Sarah et Connor ont désormais des destins différents, mais la prochaine génération va grandir avec un fossé encore plus grand. Peut-être que tout ou partie de ces choses est amené à se produire dans les épisodes suivants, mais je persiste à penser que cela aurait apporté beaucoup plus à la série de prendre d’emblée le partie d’embrasser ces points de vue.

    Sauf que, et dans le fond c’est l’évidence-même, Home Economics est destinée principalement à trouver une résonance auprès du public qui ressemble à Tom. C’est-à-dire qui ressemble aux créateurs de la série.
    Tout au long de ce premier épisode, il est clair qu’il représente la normalité (gesticulations physiques mises à part). Les autres, ce sont, dans le désordre, les riches, les pauvres, les lesbiennes, les latinas (outre l’épouse de Tom, Connor a une employée de maison, Lupe, qui a exactement trois répliques dans cet épisode), les vieux, les jeunes… j’oublie quelqu’un ? Ne vous inquiétez pas, si Home Economics a oublié de cocher une case, les épisodes à venir combleront sans nul doute cette erreur, en tout cas superficiellement.

    Si tout cela me met de mauvaise humeur, c’est parce que sur le papier, Home Economics avait le potentiel de raconter quelque chose d’intéressant, et d’encore rare. Peu de séries font se mélanger différentes classes sociales ; quand elles le font, c’est souvent en diabolisant les plus riches (j’ai dû en parler dans 712 reviews, mais les premiers exemples à me venir en tête sont sud-coréens, genre Sangsokjadeul), mais le contexte d’une série familiale rend ce genre de dynamiques compliquées voire impossibles. Gilmore Girls s’y était par exemple essayée et avait été obligée, sur le long terme, de réhabiliter ses personnages les plus riches. La plupart des séries familiales ont d’ailleurs élégamment évité le sujet (au risque de faire passer pour middle class des membres de la famille qui vivent déjà de façon très aisée, genre Modern Family).

    Il y avait donc quelque chose à faire… et le plantage est d’autant plus rageant. Je veux espérer, sans pouvoir réellement croire, que Home Economics va s’améliorer par la suite, mais le ton employé et l’angle adopté dans ce premier épisode me rendent très pessimiste.

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  • I didn’t choose the legal life…

    10 avril 2021 à 23:32 • Telephage-o-thèque •

    Ce soir je vous propose de parler d’une série de science-fiction brésilienne. Enfin… oui et non.

    On a déjà eu l’opportunité de discuter de séries comme 3% ou Onisciente, mais Pico da Neblina, dont il va être question ici, est un peu spéciale : elle est aussi un crime drama sur le trafic de drogue. Comme le prouve son très sympathique matériel promotionnel…

    Bon alors plus concrètement, de quoi on cause ? Eh bien d’une série qui imagine un Brésil dans lequel le cannabis a été entièrement légalisé : consommation, mais aussi vente et cultivation, deviennent quasiment du jour au lendemain parfaitement possibles au grand jour. C’est la partie science-fiction parce que, dans la réalité, la weed est décriminalisée au Brésil, mais avec Bolsonaro ça n’est pas près d’aller d’aller beaucoup plus loin.
    A ma connaissance aucune série n’a fait de cette question son sujet central (ce que j’ai vu de Disjointed était puissamment dépolitisé, mais j’admets bien volontiers n’être jamais venue à bout de cette fichue saison), mais Pico da Neblina ne recule pas devant le challenge. Le premier épisode démarre précisément alors que la loi légalisant la marijuana est votée (mais pas encore entrée en vigueur), en profitant au passage pour résumer les arguments pour et contre dans l’arrière-plan de l’intrigue. Pourquoi le cannabis est-il illégal, pour commencer ? Et quelles ont été les conséquences de son illégalité, en particulier sur les populations pauvres et/ou racisées ? Le premier épisode va glisser, un peu l’air de rien, de nombreuses observations sur la question.

    Le sujet principal de Pico da Neblina, un vingtenaire du nom de Biriba, est confronté aux changements induits par la légalisation. Le premier épisode le présente sous les traits d’un vendeur de beuh compétent, qui a réussi à se faire une clientèle fidèle et qui, à force d’efforts, a réussi à écouler des quantités impressionnantes. Il a un certain goût pour le travail bien fait, un bon sens du contact, et il tire une forme de fierté à l’idée qu’il ne fait de mal à personne. Jusqu’à cette histoire de légalisation, les choses allaient donc plutôt bien, en fait.
    Pour ses clients, le changement de législation va dans le bon sens, car ils n’ont plus besoin d’acheter sous le manteau ; pour lui (bien que Biriba reconnaisse que beaucoup de personnes racisées ont fini en prison à cause de la marijuana et que cette légalisation marque la fin d’une persécution qui ne dit pas son nom), c’est beaucoup moins positif. Avec son pote Salim, qui trafique toutes sortes de drogues et est également son fournisseur principal, ils se lamentent : que le cannabis soit désormais légal met du plomb dans l’aile de leur business (la scène pendant laquelle le gang de Salim regarde à la télévision les débats au parlement m’a un peu rappelé une scène similaire dans le premier épisode d’une autre série de HBO Latin America, O Negócio). Et comme la famille entière de Biriba compte sur l’argent qu’il ramène grâce à son business illégal, les choses sont vraiment compliquées pendant cette phase de transition.

    Eh bien justement, c’est cette transition que Pico da Neblina veut suivre. Deux voies s’ouvrent à Biriba à partir de là : soit continuer le trafic de stupéfiants, en suivant Salim dans le monde criminel (sauf que cette fois il s’agirait de vendre des drogues dures), soit essayer de profiter de la légalisation pour se ranger et tenir un commerce légal tout en cultivant son don pour vendre de l’herbe (chose qui serait peut-être envisageable avec l’un de ses riches clients, qui l’a à la bonne). Deux chemins très différents, et un choix à faire. Mais est-ce vraiment un choix ?
    Progressivement le premier épisode va nous expliquer d’où vient Biriba, dans quelle famille il a grandi, quelles sont ses circonstances… Et si les choix avaient été faits bien avant cette histoire de légalisation ? Quel est la dose de libre-arbitre quand les circonstances sont contre soi ?

    Je vous avoue que ça fait des années que je voulais voir la série, et tomber sur son premier épisode cette semaine a été un peu doux-amer. Avec le temps, à force d’anticiper le visionnage d’une série (a fortiori si elle est difficile d’accès), on finit un peu par l’idéaliser, et je craignais un peu d’être déçue. Ce n’est pas le cas, fort heureusement !
    Malgré sa réalisation parfois déroutante, Pico da Neblina essaie de s’attaquer au genre éculé du crime drama (surtout en Amérique du Sud) pour en dire quelque chose d’unique. On y retrouve certains poncifs, notamment vers la fin de l’épisode, mais également des problématiques abordées avec intelligence. La prohibition de cette drogue a une longue histoire, et des conséquences qui ne s’évaporent pas au moment où la légalisation intervient. Biriba, qui est un homme noir, a qui plus est une histoire familiale, une situation financière, et des amitiés qui conditionnent ses options pour la suite, que le statut du cannabis ne va pas miraculeusement changer…
    Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer.


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  • Murder on the dancefloor

    9 avril 2021 à 23:47 • Dorama Chick •

    Jusqu’à présent, dans ces colonnes, lorsque j’avais parlé d’industrie musicale asiatique, et en particulier du monde des idols, c’était surtout dans le cadre de séries japonaises (par exemple ici). Eh bien aujourd’hui pour changer, direction la Thaïlande, avec une série se déroulant dans le milieu des idols. Mais avec un intéressant twist.

    The Debut a démarré sur WeTV, l’app à vocation internationale de Tencent, à la mi-mars, et elle est toujours en cours de diffusion. Je ne vais donc vous parler aujourd’hui que de son premier épisode… je veux dire, bien-sûr, de son début.

    Si vous n’avez pas lu les articles précédents (pour une raison qui m’échappe !), alors récapitulons vite fait : dans plusieurs industries musicales asiatiques, on nomme idol une personne (j’ai tendance à parler d’idols féminines parce que c’est ce que je connais le mieux, mais tous les genres sont concernés), qui a commencé une carrière dans le divertissement très jeune, généralement à l’adolescence. Il y a une dimension musicale à leur carrière, avec la sortie régulière de chansons, des apparitions dans des music shows hebdomadaires, des concerts (quand les concerts existaient encore), mais aussi de personnalité au sens plus large. Les idols sont en effet souvent présentes dans des émissions télévisées, ou dans des publicités, ou dans des magazines, ou dans des fictions, même. En 2021 ça va même plus loin que cela : souvent elles enregistrent des vlogs et/ou tiennent des livestreams sur une plateforme ou une autre, répondant aux questions de leurs fans tout en vaquant à une quelconque activité anodine.
    Selon les pays, des choses différentes sont attendues des idols : en Corée du Sud, par exemple, où l’entraînement est rigoureux, une préparation professionnelle est essentielle et peut durer des années. Au Japon, on préfère recruter des ados sans expérience et aussi peu de formation artistique ou technique possible, l’idée étant qu’elles seront formées sur le tas, et que les voir progresser fait partie de l’attachement que les fans forment avec elles.

    Dans tous les cas, le lien parasocial créé avec elles est le fondement de leur carrière : tant qu’une idol a un public fidèle, elle peut continuer à multiplier les contrats en tous genres et ajouter des cordes à son arc. Aussi, plus que la formation, plus que le talent, plus que toute autre chose, c’est la personnalité (ou personnalité perçue) de l’idol qui fait sa carrière. Il lui faut une personnalité que les gens vont aimer. Du coup, se conformer à des attentes sociales très particulières est son véritable emploi.
    Pour ce qui concerne les idols féminines, une idol se doit d’être jolie, souriante, énergique mais pas impertinente, drôle mais pas trop intelligente, innocente (ce qui inclut la sexualité, mais n’est pas exhaustif)… En outre il lui est impératif d’aimer prendre soin de son apparence, d’aimer manger (mais sans jamais peser plus de 50kg toute mouillée, bien-sûr), d’aimer tout ce qui est « mignon ». Il lui sera demandé de chanter des chansons d’amour (alors qu’elle n’a [officiellement] pas le droit d’avoir de relations amoureuses tant qu’elle est sous contrat), et lorsqu’on lui demandera pourquoi elle a voulu devenir idol, il lui faudra répondre des clichés du style « je voulais apporter le bonheur aux gens » ou « je crois qu’on peut toujours réaliser ses rêves si on travaille dur » avec des étoiles dans les yeux.
    Bref plus la performance de la féminité est poussée, plus elle conquiert le public. Quelques exceptions d’idols réussissant hors de ces stéréotypes peuvent apparaître passagèrement, mais qu’on ne s’y trompe pas : ce sont des anomalies. Et le pire c’est qu’avec le succès de certains groupes d’idols qui se sont ensuite exportés dans toute l’Asie, ces caractéristiques sont loin d’être spécifiques à un pays.

    Dés lors, il y aurait des tas de choses à faire en termes de fiction sur le monde des idols, et a fortiori les idols féminines. Peu de séries s’y sont attelées avec sérieux, d’autant qu’en général, une série sur les idols… eh bien, compte des idols au générique. Et on va pas cracher dans la soupe.
    J’attire votre attention une fois de plus sur le fait que, sur un sous-genre très particulier, celui de la gravure idol japonaise, Taranai de Kudasai!! reste la référence indispensable en matière de série ayant osé craché dans la soupe malgré tout.
    The Debut a le potentiel de raconter certaines de ces choses, au vu de son premier épisode, à cause non seulement de son personnage central, mais aussi du fil rouge lancé pour les épisodes à venir.


    L’héroïne de The Debut s’appelle Fame, mais malgré ce surnom pourtant voué à la réussite, c’est sous le nom de MiuMiu qu’elle se présente à une audition pour un groupe d’idols du nom de Newtype.
    Le groupe s’apprête en effet à accueillir sa troisième « génération » (dans le monde des idols, la première génération représente les membres du groupe présentes au lancement, et chaque génération suivante symbolise l’arrivée de nouveaux membres ; je savais la pratique courante au Japon, apparemment c’est le cas en Thaïlande aussi). Leur compagnie a lancé une gigantesque campagne où toutes les jeunes filles peuvent tenter leur chance. Il n’y a pas spécialement de pré-requis, et du coup il y a beaucoup d’appelées mais peu d’élues. Ce jour-là Fame se réveille à côté de son petit ami, pas démaquillée, encore dans son jean de la veille, puis traine sa misère jusqu’à la salle-de-bains, avant de se transformer laborieusement en jeune fille jolie et mignonne pour aller à l’audition. Une fois bien réveillée, elle commence à paniquer : et si elle n’était pas prise ? La nervosité va dés lors ne plus la lâcher de la journée.

    On pressent toutefois que Fame/MiuMiu ne s’est pas présentée à l’audition juste par fascination pour le show business. Dés la première scène de cet épisode inaugural, The Debut insiste sur l’ambiguité qui règne.
    Les premiers plans présentent en effet les différentes membres de Newtype en train de se maquiller, pendant qu’en voix-off on les entend successivement lancer leurs catchphrases à leur public avant de commencer un concert. Mais dans ce montage en apparence innocent, viennent se glisser des plans inexpliqués pour le moment, dans lequel le corps d’une idol (on ne sait pas qui) se vide de son sang dans un couloir, encore dans sa tenue de scène pleine de rubans et de froufrous.
    Et ça, c’est pas très idol.

    Alors que s’est-il passé ? Eh bien c’est justement ce que veut savoir Fame. A l’origine elle n’était absolument pas destinée à devenir une idol (pire, son petit ami et ses amies ont formé un groupe de rock indé), et c’est sa jeune sœur Farn qui était fan de Newtype. Si elle connaît quoi que ce soit sur le comportement des idols, et en particulier sur la conduite à tenir lors de l’audition, c’est grâce à son ami Kla, qui est un fanboy invétéré.
    Le premier épisode nous apprend que par le passé, Farn a participé à l’audition de la deuxième génération de Newtype, et qu’elle a même fini par être acceptée dans le groupe. C’était inespéré. Bien que ne comprenant pas la passion de sa sœur pour ce groupe d’idols, Fame a tout fait pour l’aider à réaliser son rêve. Est-ce Farn qui gît dans le couloir au début de l’épisode ? Tout semble l’indiquer, mais peut-être les choses sont-elles plus complexes. En tout cas, il devient progressivement clair que Fame ne suit les traces de Farn que pour faire la lumière sur ce qui est arrivé à sa sœur ; il n’y a pas de rêve à réaliser ou quoi que ce soit ; le cauchemar a déjà eu lieu, même. D’où l’emprunt par Fame d’un nouveau nom, MiuMiu, pour ne pas attirer l’attention. Et de toute une identité empruntée autour : Fame doit apprendre cette fameuse performance de la féminité si spécifique du monde des idols. Cela compte moins que de savoir chanter ou danser.
    The Debut inclut des scènes vraiment solides pour faire ce travail d’exposition, et progressivement nous faire comprendre que cette audition n’est pas là pour vendre du rêve. En outre ce premier épisode montre bien qu’il s’agit d’un microcosme à part : à l’instar de la mère de Fame et Farn, qui vit à la campagne qui plus est, la plupart des gens vivent très bien sans savoir comment tout ce petit monde fonctionne. Même Fame n’y aurait jamais prêté attention si Farn n’avait pas été une telle fan. Une très longue scène dans laquelle elle lui a rapporté des objets collector nous montre bien à la fois l’enthousiasme adolescent de Farn pour l’objet de son affection, et l’incompréhension amusée de Fame. C’était le bon temps…
    A charge pour Fame maintenant d’essayer de rejoindre la troisième génération de Newtype. Vu le matériel promotionnel (et le fait qu’il n’y aurait pas de série sans ça), il est évident que Fame/MiuMiu va intégrer le groupe, et poursuivre son enquête de l’intérieur. Il est intéressant d’ailleurs de voir la jeune femme avoir du mal à en trouver le courage une fois au pied du mur, et faire preuve d’hésitation ; trop souvent des séries reposant sur ces infiltrations informelles semblent faire de leur enquêtrices en amateur des professionnelles au sang froid. Ici Fame passe une bonne partie de l’épisode à avoir des hésitations très compréhensibles, dues à l’anxieté.

    Une fois dans la place, cela devrait lui permettre de comprendre non pas ce que les idols ont de si extraordinaire, mais, sans nul doute, ce qu’elles ont d’ordinaire. D’humain, en fait. Et les humaines, je ne sais pas si vous avez remarqué, sont rarement parfaites, bien au contraire. Rendre humaines des idols ?! Vous n’y songez pas ! Pourtant, vu le ton adopté par la série, j’ai l’impression que The Debut veut précisément pointer les projecteurs sur les personnalités qui se cachent derrière les performances de la jeune fille parfaite. Qui sont, à n’en pas douter, des façades ; ironiquement, c’est Farn qui, instinctivement, répondait à tous les critères, et en particulier sur le point de l’innocence, sans qu’il ne s’agisse d’une performance. Nul doute que peu des autres membres de Newtype vont nous apparaître comme innocentes à mesure que se déroule l’intrigue.
    Démanteler les hypocrisies (qui, si on est honnêtes, ne sont pas tellement la faute des idols individuellement, mais du système dans son ensemble) et montrer que tout n’est pas rose dans le show business, même quand les tenues de scènes le sont : telle est la mission de The Debut.

    Alors certes je n’ai pas toujours été convaincue par certaines interprètes de la série, et The Debut n’a pas d’énormes moyens. En revanche, sur le fond, je la crois capable d’aller où peu de séries asiatiques ont osé aller sur le sujet, si elle continue sur sa lancée. Fighting !


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  • Kill it dead

    4 avril 2021 à 23:39 • Dorama Chick •

    Une fois de temps en temps (rarement, mais ça arrive quand même), je me promets d’essayer une série un peu effrayante. Je suis, de nature, plutôt une froussarde, mais parfois il m’est possible de prendre sur moi. Au moment où le mois dernier je me sentais pousser des ailes, une nouvelle série fantastique sud-coréenne s’apprêtait à démarrer. Timing impeccable pour l’arrivée de Joseon Gumasa, donc !

    Les plus avisées parmi vous ont déjà une petite idée de ce vers quoi cette review se dirige, ou au moins en partie. Les autres, installez-vous, vous allez adorer.

    Joseon Gumasa (ou Joseon Exorcist de son titre international) jongle entre plusieurs genres, mais vous pouvez en deviner au moins un. Il va effectivement être question d’exorcisme ici, mais aussi d’intrigues de palais et d’Histoire.
    La série se déroule au 15e siècle sous le règne du roi Taejong ; outre celui-ci, le premier épisode dépeint également le destin de ses 3 fils : l’aîné Yangnyeong, destiné à porter la couronne mais ne semblant jamais s’en montrer digne aux yeux de son père ; le cadet Chungnyeong, encore un peu naïf mais désireux de bien faire ; et le benjamin Kangnyeong, qui n’est encore qu’un enfant. Une décennie plus tôt, Taejong a dû faire face à la pire menace qu’ait connu son royaume : certains sujets vivant au fort de Hamju sont devenus d’atroces monstres, capables de transmettre leur condition par une simple morsure, et il a dû les exterminer tous pour s’en débarrasser. Plus encore, il a étendu le bain de sang au personnes non-contaminées vivant dans le fort. A priori l’épidémie aurait dû s’arrêter là, mais voilà donc que 10 années plus tard, de nouveaux monstres font leur apparition.
    Quand Kangnyeong lui-même est attaqué et égratigné par l’une de ces créatures, Taejong prend peur. Pas vraiment pour son fils, mais surtout pour son royaume…

    La première chose à savoir c’est que Joseon Gumasa est très sanglante ; quand bien même le sang des créatures (qui doivent beaucoup aux zombies, et un peu aux vampires) est bleu, des humains au sang parfaitement rouge sont sont aussi zigouillés dans tous les sens, si bien qu’on a l’impression que ce premier épisode pisse le sang en permanence (ça donne, cela dit, certains visuels symboliquement pas dénués d’intérêt). Non mais c’est bien, moi qui n’avais pas eu le courage de regarder Kingdom parce que je craignais que ce soit trop gore, je suis parée là.
    La seconde chose à savoir, c’est que Joseon Gumasa est très sanglante. Je sais, je l’ai déjà dit, mais croyez-moi l’avertissement est nécessaire.

    La troisième des choses, c’est l’ambition qui transparaît dans le premier épisode de Joseon Gumasa. Les costumes, les décors, les scènes d’action, le fait que la série se déroule en plusieurs langues aussi (des exorcistes catholiques sont de la partie, et s’expriment en latin)… l’ampleur dépasse pas mal de production historiques sud-coréennes. Et d’ailleurs, celles-ci sont rarement aussi explicites en matière de violence (je vous renvoie aux deux premiers de mes points), ce qui est une forme d’ambition également. Impossible de qualifier Joseon Gumasa de production parmi tant d’autres.

    La quatrième des choses tient moins à la série elle-même qu’au phénomène autour.
    La réaction devant le premier épisode de Joseon Gumasa, diffusé le 22 mars dernier, n’était pas exactement négative… du moins dans un premier temps. Mais en moins de 5 jours, le vent a totalement tourné. Les critiques ont fusé et les plaintes se sont faites si insistantes, que SBS a décidé d’annuler la série au bout de 2 épisodes diffusés seulement. Or, des annulations, à la télévision sud-coréenne, ça ne se produit quasiment pas. C’est pas la télévision US, ici.
    Alors à quoi tenaient ces critiques, pour qu’une telle chose soit arrivée ? Pour simplifier, cela venait du fait que la série utilisait des personnages historiques réels, comme le roi Taeyong, tout en déformant la réalité historique ; qui plus est, les spectatrices ont relevé de nombreux objets et plats utilisés dans la série qui n’étaient pas coréens, mais chinois. Et je sais ce que vous allez me dire : que si on commence à annuler toutes les séries historiques qui ne sont pas de rigoureux documentaires, on n’a pas fini. Qu’une série avec des zomb-ires à exorciser, ça n’avait pas vocation à être réaliste de toute façon. Et que bon, peut-être que la production aurait pu faire gaffe aux accessoires utilisés, mais de là à annuler une série qui était déjà tournée à 80%, et dont les droits avaient déjà été réglés par la chaîne SBS, faut pas pousser non plus.

    Je ne suis pas la personne la plus qualifiée pour vous parler de l’Histoire coréenne, et pas plus pour vous parler des relations entre la Corée du Sud et la Chine. En revanche je suis relativement bien placée pour vous parler d’industrie télévisuelle.
    Joseon Gumasa était (du coup je bascule sur un temps passé) une série certes tournées en coréen avec des acteurs coréens, mais produite par une société chinoise, Jiaping Pictures. En outre, le directeur de la branche coréenne de Jiaping, un certain Eun Joo Ahn, a la nationalité chinoise et se trouve être également le directeur du quotidien Renmin Ribao. Pour ne rien arranger, le scénariste de la série Gye Ok Park aurait signé un contrat d’écriture pour plusieurs séries avec Jiaping… et il venait d’écrire une autre série historique, Cheorinwanghu (alias Mr. Queen de son titre anglophone). Une adaptation d’une série chinoise de 2015, Tai Zi Fei Sheng Zhi Ji…
    Ce qui inquiétait donc, ce n’était pas que Joseon Gumasa ait pu inclure des erreurs dans sa reconstitution historique… mais que ces modifications de l’Histoire coréenne aient été faites tout-à-fait sciemment, avec un objectif politique. Cela explique que les sponsors de la série aient retirés leurs billes vite fait à mesure que la contestation prenait de l’ampleur, laissant Joseon Gumasa sans annonceur. Rien ne signe mieux l’arrêt de mort d’une série que couper les cordons de la bourse.

    En un sens, bien-sûr, c’est dommage. Annuler une série avant la fin, c’est toujours un peu dommage, quel qu’en soit le motif. Et puis là de toute évidence on était sur une série un peu hors du commun.
    Mais le tournage de la série étant très avancé, le financement largement engagé, les sponsors évaporés, et les délais courts impossibles à tenir (rappelons en outre que la diffusion typique d’une série sud-coréenne, c’est 2 épisodes par semaine), il était inimaginable de changer les paramètres de production de Joseon Gumasa pour finir la série dans des conditions qui auraient apaisé les esprits. En admettant qu’il y ait un moyen de les apaiser, ce qui n’est même pas garanti.

    Adieu, donc, Joseon Gumasa ; une série de deux épisodes qui aura vécu ce que vivent les roses, mais qui marquera les esprits. Moi en tout cas, je ne prévois pas de dormir dans les prochains jours…


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  • Panic in Berlin

    4 avril 2021 à 23:31 • Review vers le futur •

    Le nom de Christiane Felscherinow ne vous dit peut-être rien ; vous avez peut-être en revanche une idée de qui elle est, si je vous dis qu’on a essentiellement parlé d’elle sous le nom de « Christiane F. » depuis la fin des années 70.

    A l’époque, elle est une adolescente de 14 ans dont deux journalistes croisent le chemin ; ils offrent de l’interviewer pendant deux heures, mais le parcours de Christiane F. est si complexe que ces deux heures deviennent deux mois, et au lieu d’écrire un livre sur les jeunes SDF comme c’était initialement leur intention, Kai Hermann et Horst Rieck finissent par écrire un livre sur Christiane F., sous le titre de Wir Kinder vom Bahnhof Zoo. L’ouvrage, paru en 1978, est traduit chez nous sous le titre moins poétique de Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… trois ans plus tard.
    Amazon Prime Video a lancé une série évidemment intitulée Wir Kinder vom Bahnhof Zoo à l’attention de ses abonnés allemands, en février dernier. Ecrite par la scénariste Annette Hess, à laquelle on doit entre autres les séries Ku’damm 56, 59 et 63, la série a pour mission principale de rendre justice au livre d’origine ; à son goût, l’adaptation cinématographique sortie en 1981 n’avait pas tout-à-fait atteint ce but.

    Cette semaine, ce sera au tour de la France (et 18 autres pays) de découvrir la série. En voici la difficile review, dénuée de spoiler.

    Trigger warning : violences (dont domestiques), violS, pédophilie.

    Parce qu’il va être question de consommation de drogues et de prostitution, j’attire également votre attention sur ces sujets avant de commencer.

    S’il est vrai que pour le moment je vous parle surtout de Christiane, Wir Kinder vom Bahnhof Zoo relève en grande partie de l’ensemble drama, comme son titre le laissait suggérer (« nous les enfants de Bahnhof Zoo« ). Outre Christiane, qui vit avec ses parents dans un HLM et assiste à la lente décomposition de leur couple, le premier épisode nous présente aussi cinq autre personnages de son âge (ou environ, la série est très, très mauvaise pour nous donner la moindre timeline). Nous suivrons aussi leurs trajectoires au cours des années 70.

    Tout commence pour Christiane lorsqu’elle se lie avec sa camarade de classe Stella. Celle-ci est indubitablement plus mature (il faut dire qu’elle s’occupe de ses frère et sœur, et même dans une certaine mesure du bar familial, sa mère alcoolique n’en étant qu’à moitié capable), et qui plus est, elle est l’amie d’un dénommé Matze, un garçon pour lequel Christiane a le béguin. En cherchant à l’impressionner, c’est finalement à Stella qu’elle fait forte impression, et les deux adolescentes deviennent donc amies. Dans le même temps, à la gare, Christiane fait la rencontre fortuite d’un jeune garçon alors qu’elle récupère son titre de transport ; Axel et ses cheveux longs la fascinent, et ils sympathisent. Bientôt, tous commencent à fréquenter le nightclub Sound, et c’est l’occasion pour Axel de leur présenter ses deux amis et colocataires, Michi le blasé et Benno l’idéaliste. A cette petite équipe vient s’ajouter Babsi, une gamine riche à l’allure d’ange, mais dont la santé mentale est fragile.
    Il ne fait aucun doute qu’on ne regarde pas n’importe quelle histoire sur une bande de copains. Dans le premier épisode, Benno est en train de perdre son chien, et n’a pas l’argent pour payer l’opération qui pourrait lui sauver la vie. Désespéré, il s’en ouvre à Michi, qui fréquente les cercles homosexuels de Berlin (underground, forcément underground à cette époque) et sait auprès de qui se faire un peu d’argent facile. De son côté, Axel consomme régulièrement de l’héroïne, il a même l’air bien rôdé, et passe pour ce qu’on pourrait qualifier de fonctionnel ; au travail (il est apprenti dans une usine), il est même plutôt apprécié.
    Tout ça, c’est quand les choses vont bien… en tout cas bien dans l’univers de Wir Kinder vom Bahnhof Zoo. A partir de là, évidemment, on se dirige vers une descente aux Enfers.

    …Sur le papier, du moins. Parce que le truc qui m’a chiffonnée pendant une bonne partie du visionnage de Wir Kinder vom Bahnhof Zoo, c’est que la série est fascinée par ce qu’elle décrit. Il y a toujours une dimension glamour dans son approche. Même quand il s’agit de décrire quelque chose de passablement glauque, la série trouve le moyen de reprendre le cap aussi vite que possible pour esthétiser ce qui se passe, au minimum. Quand ce n’est pas pour le faire passer pour une expérience transcendant le temps et l’espace.
    Il y a en effet une réelle propension à raconter cette histoire… tout en y insufflant une forme de magie. Vous m’avez bien lue. C’était bien la dernière chose à laquelle je m’attendais. Par exemple, l’ouverture de la série et plusieurs scènes par la suite perpétuent l’idée que Christiane est immortelle : sa mère a été renversée par une voiture quant elle était enceinte, aurait dû perdre le bébé, mais Christiane s’en est sortie indemne ; elle survit à un tremblement de terre (en plein Berlin, donc) ; ou encore, Christiane fait une chute de 11 étages et s’en sort sans une égratignure. Tout le monde autour d’elle ne croit pas forcément en cette histoire de 11 étages, mais qu’importe : à force de présenter ces « signes » aux spectatrices, et laisser planer le doute sur leur réalité, on finit par un peu penser que quand même il ne peut rien se produire de vraiment grave.
    Wir Kinder vom Bahnhof Zoo est une étrange série qui veut nous raconter l’histoire de quelqu’un mais en même temps trouve le réalisme très embarrassant, et beaucoup de plans étranges, symboliques, pour ne pas dire impossibles, viennent s’ajouter à cela. Il y a même un personnage entièrement magique (et oh surprise, c’est le seul à être incarné par un acteur racisé… et il n’a quasiment pas de dialogues) qui apparaît à certains moments. C’est un peu l’hallu ; et justement on pourrait se dire que c’est l’effet des drogues, narratrice non-fiable ou je ne sais quoi… sauf que la série n’est pas racontée du point de vue de Christiane. C’est, on l’a dit, une série chorale. Et qui n’a pas de voix-off.
    Tout cela combiné donne plutôt le sentiment de vouloir gommer les aspects les plus sordides de l’intrigue, qui, rappelons-le pour la forme, implique des mineures de 13 à 15 ans environ, qui consomment des drogues dures et, pour plusieurs d’entre elles, se prostituent. Je.

    Wir Kinder vom Bahnhof Zoo, le livre, est sorti bien avant ma naissance, mais quand j’étais au lycée dans les années 90, on discutait encore du livre avec des airs pénétrés. Il y avait celles qui n’avaient pas lu le livre (moi), et celles qui l’avaient lu, qui avaient été frappées de plein fouet, et qui, maintenant, savaient. On n’était pas supposée ressortir indemne de ce témoignage.
    Dans le cas de la série Wir Kinder vom Bahnhof Zoo, ça n’est pas le cas. Une grande partie des choses présentées comme vécues (…on va y revenir) sont montrées comme des expériences certes marginales, mais pas nécessairement négatives. Quand les adolescents se droguent, on décrit longuement et artistiquement leur euphorie (et sans nul doute il y a dans Wir Kinder vom Bahnhof Zoo une jalousie d’Euphoria) ; loin de prêter autant de soin aux moments où les choses retombent voient partent en vrille, la série ponctue d’espoir les scènes où les personnages touchent le fond. On se promet qu’on ira mieux, on fait des plans pour quand on sera clean, et on repart pour un retour. Même quand Christiane et/ou d’autres personnages passent réellement par une désintoxication, la série n’a pas envie d’y consacrer trop de temps, et s’apesantit surtout sur les promesses d’amour éternel, ou que sais-je.
    Cela ne vaut pas que pour la drogue. Il y a un personnage adulte récurrent qui paie les filles en argent et en héroïne pour qu’elles vivent avec lui, lui fassent son ménage, et le branlent deux fois par jour… et qui est dépeint indirectement comme un type trop bon trop con, y compris explicitement dans une ligne de dialogue du dernier épisode. Bah oui le pauvre, il est juste pédophile (en même temps je commence à comprendre que c’est l’attitude qu’il faut attendre de Hess). A un moment, trois adolescentes décident de se lancer dans la prostitution à plein temps… chouette, girl power, on n’a pas besoin de garçons, ambiance girlboss. Je.


    Tout ça pour raconter quelle histoire, au final ? Quelles que soient nos positions sur la légalisation des drogues ou la prostitution, peut-on se mettre toutes d’accord a minima sur le fait que des gamines de 13 ans ne devraient connaître ni l’un ni l’autre ?
    C’est vraiment pas l’impression qui ressort du visionnage. Le fait d’avoir une distribution qui ait l’air ostensiblement plus âgée (seule Babsi peut éventuellement faire illusion), ou de se refuser à vraiment représenter la mort lorsqu’elle survient, ne font que renforcer ce sentiment que rien n’est si grave que ça. Au pire, Christiane et sa bande ont pris un détour avant de devenir les adultes que de toute façon elles seraient probablement devenues, et au passage, elles ont même gagné en assurance, nous dit-on. Je.

    Il faut aussi qu’on parle d’un gros problème (d’un énième problème, devrais-je dire) que j’ai personnellement eu quant à l’histoire de Christiane F. elle-même : ce n’est en fait pas totalement la sienne.
    Alors entendons-nous bien, je comprends qu’on prenne des libertés avec la réalité lorsqu’il s’agit de fiction. Mais ces libertés sont des choix. En matière de télévision, on l’a dit et redit, tout choix a un sens.

    Pour comprendre l’objet de ma colère, il faut remonter à la première adaptation de Wir Kinder vom Bahnhof Zoo, sous la forme d’un long-métrage sorti en Allemagne en 1981, sous le sobre titre de Christiane F. – Wir Kinder vom Bahnhof Zoo. On peut logiquement se demander ce que cela a pu représenter pour Christiane F. de voir une partie de sa vie portée à l’écran, et on trouve une réponse très intéressante dans cette interview de Vice réalisée en 2013 :
    Christiane Felscherinow serait-elle plus satisfaite de la version d’Amazon Prime Video ?

    Je pense que vous voyez où je veux en venir : une fois de plus, la maltraitance est complètement passée à la trappe. Dans Wir Kinder vom Bahnhof Zoo, la mère de Christiane est aimante, pour ne pas dire collante ; en fait elle a tout d’une sainte. Elle est dépeinte non pas comme ayant une liaison extra-conjugale, mais comme une femme qui a cédé aux avances de son patron pour pouvoir arrondir ses fins de mois (…ç’aurait été si intéressant que la série lie dramatiquement cela à la prostitution de sa fille, à un moment ou à un autre, mais ce sera dans une autre vie). Elle passe son temps à courir dans tous les sens pour trouver sa fille, l’aider à se désintoxiquer, la remettre sur les rails, peu importe le nombre de fois. Elle est une mère courage qui tente comme elle peut de donner le maximum à Christiane, tandis que le père de celle-ci persiste à se lancer dans des get rich quick schemes qui échouent lamentablement. Et il n’est pas violent, non ; les deux fois où son comportement l’est (uniquement avec la mère), la série l’excuse par un pétage de plomb et… un accident ! Lui aussi va sans cesse s’enquérir du bien-être de Christiane, quand bien même il n’est pas toujours très présent ; il a toujours les meilleures des intentions.
    Comme d’habitude nos vécus d’enfants maltraitées sont trop violents (même dans une série sur des prostituées junkies de 13 ans) pour être montrés à la télévision. Comme d’habitude nos parents sont indirectement déresponsabilisés par la fiction. Comme d’habitude nos errances sont nôtres, ou le fait de nos relations, ou dues à quelque mystérieux hasard, et jamais la conséquence des actions d’adultes. Environ deux-tiers d’entre nous finissent par souffrir d’addictions, mais c’est sûrement le hasard. Je.

    J’ai consacré 8 épisodes de ma vie à Wir Kinder vom Bahnhof Zoo, et je ne lui ai pas trouvé une seule qualité rédemptrice. Même la reconstitution des années 70 est peu convaincante (et le choix de n’employer presque que des musiques des décennies suivantes n’aide pas). Non mais oui effectivement, si, la réalisation est chouette, ya des gens qui se sont fait plaisir. Bah tant mieux pour eux.
    En attendant, si vous voulez voir un sujet traité aussi sérieusement qu’il le mérite, il faudra aller voir ailleurs. Moi j’en ai ma claque, je me barre.


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  • What Up with That?

    4 avril 2021 à 23:18 • Review vers le futur •

    Qui est le génie qui a décidé qu’une série avec Kenan Thompson en star serait une comédie en single camera ?!
    Je suis pourtant une grande fan de la comédie en single camera en général mais… dans le cas de Kenan, ça n’a pas beaucoup de sens, à plusieurs égards.

    D’abord, par principe : Kenan Thompson s’est fait connaître par un sitcom (Kenan and Kel), et il est le membre du cast de Saturday Night Live qui détient le record de longévité. Parfaitement, Saturday Night Live : une émission qui par définition est tournée en direct et devant un public, et reposant sur l’improvisation. Une comédie en single camera inspire tout l’inverse.

    Ensuite et surtout : ça ne fonctionne pas du tout. Le rythme de Kenan est simplement mauvais ; il y a (en particulier au début du pilote) des moments pendant lesquels on a l’impression qu’un silence a été ménagé pour insérer plus tard des rires enregistrés. Et honnêtement il aurait fallu les rajouter, c’est juste embarrassant d’assister à ces pauses. Mais les pauses, ce n’est rien comparé aux dialogues eux-mêmes, qui semblent n’avoir pas reçu la network note informant qu’on ne tournerait pas de sitcom multicam.
    Au juste je ne saurais pas décrire ce qui définit des dialogues de sitcoms ; peut-être un certain genre de répliques un peu too much ? Peut-être le fait qu’ils soient structurés pour susciter le rire à un moment précis ? Peut-être l’impression qu’on les connaisse par cœur avant qu’ils ne soient prononcés ? Un peu de tout cela sûrement. La façon dont les phrases sont délivrées joue aussi. Toujours est-il que Kenan, de bout en bout, sonne comme une série de multicam, c’est à s’y méprendre.

    Le résultat en est presque gênant. Pourtant j’aurais bien voulu ressentir de la tendresse pour ce père célibataire qui élève seul ses deux filles depuis que son épouse est décédée, avec, il est vrai, l’aide de son beau-père et son frère. Le premier épisode s’intéresse d’emblée à la question du deuil, d’autant que Kenan refuse de s’épancher sur son ressenti et que ce blocage commence à s’en ressentir dans son travail. C’aurait pu faire de jolies scènes dans d’autres circonstances. J’ai apprécié que Kenan apparaisse comme un père compétent, bien qu’imparfait bien-sûr, et que les deux autres rôles masculins tiennent aussi une place dans l’éducation des filles ; on n’est pas dans la configuration « des hommes apprennent à s’occupper d’enfants » ici, la paternité est tenue pour acquise et ce serait agréable à regarder si l’ambiance y était plus propice.
    Mais là où la comédie en single camera aurait pu permettre d’insérer des vraies notes d’émotion, le timing typique de multicam rend les choses caricaturales et prévisibles. C’est d’autant plus incompréhensible qu’il existe des comédies tournées en multi-camera avec de vraies notes d’émotion, et que ça ne relève donc pas de l’impossible, mais rien à faire, quand ça veut pas…

    La bonne nouvelle, c’est que ce n’est que le premier épisode. Kenan peut explorer ses options et expérimenter un peu, avant de trouver le ton qui lui sied. L’atout majeur dans son arsenal, c’est que Kenan Thompson ne surjoue pas, et a opté pour une interprétation plutôt neutre, qui peut évoluer dans n’importe quelle direction. Il y a peut-être aussi une piste à creuser dans l’aspect meta de la série, qui se déroule dans le milieu de la télévision.
    Avec un peu de temps, Kenan peut encore se rattraper et même se bonifier. Est-ce que ce sera avec moi devant l’écran, ma foi, c’est une autre question.


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  • The Not So Honorable Judge Altman

    2 avril 2021 à 23:13 • Zappeur, Zappeur n'aies pas peur ! •

    Ces derniers mois, ce sont pas moins de 3 adaptations de la série israélienne Kvodo (ou Your Honor de son titre international) qui ont fait leur apparition sur les télévisions du monde. Voilà qui fait beaucoup ! Personne ne les regardera toutes, et il y a, en dehors de l’étude de cas, peu de raisons de le faire. Alors comment choisir une version plutôt qu’une autre ? Je suis comme vous, je me suis posé la question, et pour y répondre j’ai décidé de vous livrer une review de chacune de ces adaptations… mais, histoire de lutter à armes égales, uniquement sur la base de leur premier épisode, puisque c’est tout ce que j’ai pu voir de la série originale. Et aussi parce que j’ai une réputation de pilotovore à tenir.


    Pourquoi ce choix est-il compliqué ? Parce que le cahier des charges de Kvodo (comme pour beaucoup d’adaptations basées sur une série israélienne ; c’est par exemple le cas de BeTipul) est particulièrement précis. L’histoire est rigoureusement la même, pour commencer : tout commence avec un accident entre une voiture et une moto, sans témoin, sur le périph. A bord de la voiture : le fils d’un juge. Au lieu d’avertir les secours quant à l’état de la victime qu’il a percutée, le jeune homme prend la fuite, et empire ainsi passablement la situation. Que fera son père, juge respecté et respectable, pour le sauver ?
    Dans aucune de ces séries, la juge ne va être une femme, ou la conductrice sa fille, par exemple. Dans un autre registre (a contrario de l’exercice similaire qui avait été le nôtre autour de Gran Hotel), aucune de ces séries ne va faire le choix de se dérouler à une époque différente, ce qui entrainerait un univers à la fois esthétique et juridique singulier. Ce serait trop facile de trouver des variations aussi visibles, mais superficielles. Non, les nuances sont plus subtiles que cela. Elles tiennent à des choix qui ne changent pas les enjeux de la série, mais plutôt la façon dont ceux-ci sont présentés et donc perçus par les spectatrices.

    La troisième et, à ce jour, dernière adaptation de Kvodo nous vient… eh bien, elle n’a pas fait beaucoup de kilométrage puisqu’elle est française ! Lancée le mois dernier sous le label « Création TF1 » (vous m’avez bien lue : la chaîne française avec le plus fort taux de remakes au kilomètre carré se vante de ses créations originales), la série s’intitule cette fois Un homme d’honneur, alors que Votre Honneur aurait parfaitement fonctionné, mais soit. Big up, Corinne Touzet. Avec 6 épisodes d’une cinquantaine de minutes grand maximum (à ma montre, le premier épisode ne dépasse même pas les 45 minutes), c’est la série la plus courte du lot.

    Alors forcément la question du rythme va être centrale, parce qu’il faut repackager la présentation des événements. Et bonne nouvelle, niveau rythme on n’est pas déçus : Un homme d’honneur présente rapidement l’accident (voiture – route – moto – boom! – pas de chien errant cette fois), et conduit le fils du juge Altman à avouer les faits à son père avant la 7e minute de ce premier épisode. Battant ainsi tous les records.
    Si certaines séries françaises peinent laborieusement sur l’exposition, ce n’est clairement pas le cas ici, et on ne perd pas un instant. En fait, les détails de l’accident ne vont commencer à nous être délivrés que plus tard dans l’épisode (mais dans l’épisode introductif quand même), non seulement après l’aveu, mais aussi après que le juge ait dû prendre la décision d’enfreindre la loi.
    C’est-à-dire qu’Un homme d’honneur a trouvé non seulement le tempo parfait… mais aussi un moyen d’avoir le beurre et l’argent du beurre sur un plan moral comme dramatique : l’accident nous est d’abord présenté comme une erreur irresponsable, puis, quand même (à la façon de la série américaine), comme un traumatisme. Et là je dis, Monsieur. C’était pas gagné d’avance.

    Du fait de la question du format, et de l’efficacité de la mise en place de ce premier épisode, j’ai presque eu l’impression d’être spoilée pendant la deuxième partie de cette introduction. C’est un peu idiot à dire, formulé comme ça, mais comme l’intrigue va vite, que l’émotion est limitée au strict minimum, et que la série est plus courte dans son ensemble, ce premier épisode couvre beaucoup plus de terrain.
    En particulier, Un homme d’honneur se fait une force de détailler les ramifications de l’affaire avant la fin de sa première heure. Les scènes au sein de la famille de la victime (une famille criminelle, donc) s’arrêtent brièvement sur le choc ressenti, avant de bifurquer vers le nerf de la guerre, c’est-à-dire la quête de vérité. Cette vérité, parce qu’elle menace le juge Altman et son fils, est évidemment dangereuse, mais l’enquête, officielle comme officieuse, avance rapidement, pour ne pas dire inexorablement. La toile qui se tisse des relations s’étend très rapidement, bien plus rapidement en fait que dans la version américaine (dont le premier épisode est pourtant plus long), et commence à détailler où se situent, dans l’affaire, les personnages introduits. Au point que l’aspect de série chorale prenne son sens beaucoup plus vite ici (et au passage, décidément, je suis fascinée par la présence à l’écran de Manon Azem).
    On rentre donc dans le cœur de l’intrigue, avec un accent mis non pas sur les conséquences dramatiques, mais surtout, sur l’aspect thriller. Qui va gagner la course ? Le juge Altman qui essaie de camoufler la responsabilité de son fils, le système judiciaire, ou les criminelles qui sans aucun doute seront bien moins clémentes ?

    Dans tout cela la question morale passe un peu à la trappe, mais pas du tout pour les mêmes raison que dans la version US.
    Le volte-face du juge Altman est rapide (il n’en faut vraiment pas beaucoup pour le convaincre de mentir à la police et commencer à maquiller les preuves), mais les difficultés se dressent aussi plus vite sur son chemin. En un seul épisode, on commence déjà à voir son plan vaciller, menacé par la probité des autres autour de lui. On pouvait s’y attendre dans les autres versions, mais ce n’était pas encore abordé : la façon dont il a géré la situation était imparfaite. Le piège s’apprête à se refermer sur lui, et la priorité, c’est de le voir se dépêtrer avec cette conséquence, pas l’abstraction morale derrière.
    D’ailleurs il n’est pas réellement présenté comme quelqu’un de particulièrement attaché à la Justice, en fait. C’est « intéressant », comme nuance, mais le procès par lequel le juge Altman est présenté, dans lequel il rend un jugement à la fois en faveur et à la défaveur des prévenues, semble vouloir verser plutôt dans le bothsiderism : les criminelles jugées ont tort, mais les policiers aussi. Et du coup on ne se mouille pas, hop, perché ! Traitement peu courageux pour une affaire prétendant parler de violences policières… mais bon, on est sur TFHein, je ne sais pas ce que j’espérais !
    D’ailleurs, curieusement, Un homme d’honneur est, de toutes ces séries, celle qui ne représente pas vraiment l' »autre ». Peu de cas est fait de l’affaire ouvrant la série, même sur un plan purement symbolique, je l’ai dit ; et par la suite, il n’y a pas vraiment de signifié au-delà de la course entre la famille Altman et la famille criminelle. Un homme d’honneur semble avoir totalement laissé tomber (au moins dans son épisode introductif, mais à un moment on ne peut pas non plus tout caser dans une exposition) tout ce qui pourrait dépasser l’individuel. On en déduira ce qu’on voudra.

    Et ainsi, Un homme d’honneur ne fait vraiment pas du vilain travail… au moins sur le papier. Car mon dernier bémol quant à cette version relève du jeu de certains membres de la distribution, et bon sang ! c’est dommage. En France, même quand on a une bonne base et des bonnes idées pour la traiter, on arrive quand même à foirer le coup. A un moment je vais me demander si c’est pas fait exprès…


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